Cette fille au Sapereau |Weston|

CETTE FILLEau Sapereau

«Vas-tu te tenir tranquille?»
«Je crois que je vais vomir, Carla...»
«T'as pas intérêt, j'ai mis des heures à faire de ton fouillis de cheveux un truc potable.»

Par réflexe, je lève les mains vers mes cheveux. Raidis avec le plus grand soin de mon aînée, avec deux mèches de part et d'autre de ma tête tressés pour se rassembler à l'arrière... Un vrai travail de maître. Ma soeur a même réussi à me faire accepter une petite touche maquillage. J'ai protesté longuement, sur ma chaise, les deux mains enfoncés dans le coussin à profaner des insultes à son égard, mais le résultat est saisissant. J'ai eu beaucoup de mal à me reconnaître dans le miroir. Cette robe que m'a déniché ma soeur, me va à ravir. Je rougis à l'idée qu'on me verra ainsi affublée et je regrette l'idée que j'ai eu de me présenter en kimono. Tout ceci, cette fête mondaine donnée en mon honneur pour couronner mon entrée presque sacrée dans le cercle intime de la Ligue en tant que Championne de Zazambes me trouble énormément. Je n'ai pas l'habitude de tous ces flaflas, de cette présentation, des robes... de tous les regards tournés en ma direction... Bon sang, je dois arrêter d'y penser où je vais tout rendre le peu que j'ai réussi à avaler aujourd'hui. Je tente de respirer, et le mouvement frénétique de ma poitrine attire l'attention de ma soeur, qui soupire longuement. Elle peut bien lever les yeux au ciel, elle. Elle est magnifique dans sa robe noire. Elle a des formes elle. Elle a l'air d'une femme. Pas comme moi qui ne suis qu'une pauvre gamine.

«Tout va bien se passer, arrête de faire la mauviette. Puis Ned est là.»

Ned que je tiens dans mes bras. J'ai réussi à convaincre le maire de l'emporter, au détriment d'Akemi. Mes Pokémon n'ont pas leur place ce soir, m'a-t-on dit, je dois être celle qui brille. Cette idée me dégoûte complètement. Je me souviens aisément du peu d'enthousiasme que mon maître Sky Vassily entretenait pour ce genre de soirée. Je le comprends parfaitement à présent. Je glisse un baiser contre le front du Sapereau, qui se tient bien tranquille en sentant mon angoisse. Sage créature. Ce petit lièvre abandonné a un caractère bien à lui, mais avec moi il est un ange et je ne pourrais espérer meilleur compagnon pour moi ce soir que lui qui fut là lorsque j'ai appris mon nouveau titre. Titre qui doit être révélé au monde entier. De l'autre côté du rideau, j'entends la voix du maire qui parle de moi et le déclic incessant des photographes telle une marée d'insectes. Mon estomac fait des soubresauts dans mon abdomen et je dois me concentrer vivement pour garder mon sang froid. Finalement on me nomme d'un ton plus insistant et Carla me pousse de l'avant, devant le rideau. J'aimerais vous dire que je me souviens de quelque chose de ce moment. Mais non. Je me souviens seulement d'une voix, des photographes puis... Non, rien d'autre. Le noir.

«Charlie? Cha' je t'en prie, réveille-toi!»

Hein? Pourquoi me réveiller moi, je suis bien moi. La tête contre ses genoux, bien allongée sur le sol, Ned posé contre mon ventre... Tout va bien. Je suis bien, j'ai perdu toute mon angoisse... Pourquoi étais-je stressée moi, encore? J'ouvre les yeux brusquement. Je viens juste de m'évanouir ou je rêve? La pièce tourne encore mais le vacarme des caméras a cessé. À l'intérieur un nouveau brouhaha s'élève.

«Je me suis évanouie devant tous ces gens?»

Le regard de ma soeur en dit long. Elle passe une main tendre dans mes cheveux, presque maternelle.

«C'est pas grave ma belle... Tu vas bien?»
«Ouais... En tout cas, tout sauf mon orgueil.»

Ravie de voir que j'ai repris une part de mon humour, Carla m'aide à me relever avec beaucoup de précautions. Je titube un moment, avant de retrouver mon équilibre. Je prends Ned dans mes bras, toujours aussi honteuse. Le maire en profite alors pour pénétrer dans la salle de repos où nous nous trouvons et de s'enquérir de mon état de santé. Rassuré, il s'empare de mon bras et me tire dans la salle où les invités attendent. Qui sont-ils? Des représentants de la Ligue, des politiciens et autres personnalités d'Enola, ainsi que quelques journalistes. Parmi le lot, j'aperçois Arnold Durand, le journaliste qui a pris cette photo de Maxwell Young, alias Monsieur Image, et qui l'a publiée de la façon la plus horrible qui soit.

«Carla, tu veux bien tenir celui-là à distance ce soir?»
«Sans problème ma chère.»

Ma soeur s'éloigne aussitôt en direction du journaliste, tandis que je suis le maire qui me présente les invités. Je serre les mains, je réponds aux questions taquines sur mon malaise d'un instant plus tôt. Tous des gens dont j'oublie aussitôt le nom jusqu'à ce qu'il apparaisse.

«Miss Laurens, voici Phantom, le Cham...»
«Champion d'Anula de type Insecte dont l'équipe comprend un Crabaraque, un Papillusion, un Statitik et sans oublier la plus magnifique Scarhino que j'ai vu de toute mon existence...»

Je porte une main à ma bouche aussitôt. Oui, je connais à peu près tout de l'Élite de cette île, dont je fais désormais partie. Le Champion d'Anula ne fait pas exception, surtout pas quand il a comme compagnon un Pokémon comme Scarhino.

(c)Golden

• Cette fille au Sapereau •feat. Charlotte S. Laurens

Où est la bière? Où les le champagne? Mais où diable est l’alcool gratuit qu’on m’a promis? La raison même de ma présence ici? Ne m’a-t-on pas attiré ici avec cette jolie petite promesse? Et pourtant, j’ai beau promener mon regard à travers toute la salle, mes radars à alcool ne s’activent pas, ce qui m’indique l’absence de l’appât. Eh bien, je me suis déplacé pour rien, dans ce cas. Je décide tout de même de m’avancer à travers ces invités qui me fixent d’un drôle d’air. Ou plutôt, ils fixent ce petit être, attaché à mon torse par un porte-bébé, qui se décrotte les narines avec énergie avant d’avaler le morceau plutôt douteux. N’avait-on pas prohibé les Pokémon en cette soirée? Oui, je m’en souviens, à présent. Peut-être un peu trop tard, d’ailleurs. Gêné, je souris légèrement à toutes ces personnalités, tentant de cacher le petit monstre à l’aide de mon bras. Mais mes efforts sont vains, car le Pandespiègle se met aussitôt à protester bruyamment, attirant ainsi encore plus d’attention. Découragé, je m’empresse de partir à la recherche de quelconque garçon de service, avec l’espoir de m’emparer d’une ou deux bouchées, mais surtout, un bon petit verre. Je n’ai toutefois jamais la chance de trouver, car bientôt, mon attention, tout comme celle des autres invités, est attirée vers la scène, où se tient le maire. L’homme se met à parler d’une voix forte, nous préparant à accueillir la toute nouvelle championne de Zazambes. Curieux de voir la tête de la petite nouvelle, je reste attentif, malgré le petit panda qui gesticule avec force dans mes bras, cherchant à attirer mon attention. Le pauvre n’a pourtant aucune chance de gagner, car bientôt, une jeune femme s’avance aux côtés du maire avant de… s’effondrer comme une brique. Je ne bronche d’abord pas, m’attendant à la voir se relever de manière triomphante. Ça fait parti du spectacle, non? Elle va se relever, faire deux ou trois culbutes, et on va l’acclamer. Non? Non. Elle ne se relève pas. Pire encore, l’homme politique s’élance vers elle pour tenter de lui porter secours. Eh bien, quelle entrée, décidément. Nous ne sommes pas prêt de l’oublier, en tout cas.

-Bon, tu veux manger, toi?

Haussant les épaules, bien indifférent à ce qui vient de se passer, je baisse mon regard vers Dimitri qui s’agite suite à mes paroles. Amusé par sa réaction, je m’avance dans la salle bondée, à la recherche de quelconque nourriture. Il me faut bien quelques minutes, à tourner en rond, mais je finis par tomber sur un jeune serveur, portant sur un plateau quelques coupes ainsi que de petits canapés. Satisfait de ma trouvaille, je m’élance vers lui, à la manière d’un fauve affamé, pour m’emparer des gratuités sans ménagement. Impatient de goûter au champagne, je porte la coupe à mes lèvres, mais je n’ai toutefois pas le temps de toucher au liquide, car à ce même moment, je sens une main se poser sur mon épaule. Il s’agit du maire, accompagné de cette même jeune femme qui s’est écroulée sur la scène, quelques instants plus tôt. Miss Laurens, hein? Eh bien, je ne risque pas d’oublier ce nom, je crois. Entre son entrée plus que théâtrale et à présent sa manière de me présenter, moi et mon équipe… Plutôt mémorable, cette gamine.

-On dirait que t’as bien fait tes devoirs, malgré ta petite chute de tout à l’heure.

Un grand sourire mesquin sur les lèvres, je glisse à la jeune championne un petit clin d’œil. Ce serait trop bête de ne pas la taquiner, alors que c’est si facile. Enfin, il ne faudrait tout de même pas l’offusquer plus qu’il ne le faut. Ne désirant pas causer une véritable scène, je lui tends la main, avec cette fois-ci un sourire sincère.

-Tu peux m’appeler Weston. Enchanté de faire ta connaissance. Si jamais t’as des questions ou des doutes, n’hésite surtout pas, ça me fera plaisir d’aider un camarade, surtout quand il s’agit d’une jolie jeune femme.

Je lui glisse un nouveau clin d’œil avant de vider ma coupe en une gorgée avant de reposer le verre vide et de m’emparer d’une pleine. Ah voilà pourquoi je suis venu, moi!

(c)Golden

CETTE FILLEau Sapereau

J'ai vu plusieurs combats de la part de Phantom et en toute sincérité, je doute qu'il aille vraiment saisit ce qu'implique être un Champion d'Enola. Toutes ces rumeurs qui courent à son sujet, je ne pourrais m'en moquer d'avantage. Ces murmures sarcastiques du bout des lèvres, ces commérages enfantins me passent six pieds par-dessus la tête. J'ai remarqué cependant, et avec une déception grandissante, que le jeune homme ne se trouve pas toujours au summum de sa forme et que la puissance même de son équipe lui suffit souvent pour se présenter sur le terrain. Je ne juge pas les choix du blondin devant moi, au contraire. Il fait bien ce qu'il veut de son temps libre, même si cela implique de s'exploser les neurones de substances illicites. Mais le vrai Phantom, celui que j'adore regarder, est tout simplement spectaculaire. Je ne peux faire autrement que me pencher de l'avant pour scruter le moindre de ses gestes, qui transmettent un amour profond pour ses Pokémon. Je le vois, encore maintenant, alors qu'il est le seul qui a osé briser la règle qui interdit les Pokémon, en transportant contre sa poitrine un jeune Pandespiègle adorable vers qui je tends une main, avant de la laisser tomber à la blague profanée par son maître. Oh oui, c'est bon, je le sais. Malgré tout, je n'arrive pas à me sentir insultée de sa pique. De tous les gens dans cette pièce, j'ai l'impression qu'il est celui qui pourrait me comprendre le mieux.

«Disons que faire mes devoirs au sujet de ce qui m'intéresse vraiment n'est pas très difficile. Les combats, les Champions... Aucun problème. Mais faire la greluche en robe, c'est un peu trop me demander.»

Un sourire amer se dessine sur mes lèvres et je foudroie le maire du regard, qui heureusement pour moi, a entamé une conversation avec un autre invité à quelques pas de là. Je lève le regard vers Phantom, pleine d'espoir de le voir partager mes sentiments. J'aimerais tellement me sentir comprise et soutenue, surtout à un moment aussi déroutant pour moi. Comme si je réalisais enfin ce que je vis, ce qui m'attends. Un frisson me parcoure et je sens mes yeux s'humidifier, un détail qui passera inaperçu je l'espère. Loin de moi l'idée de m'humilier d'avantage ce soir. De tout mon coeur j'espère qu'il ne se moquera pas. Il me tend la main et je m'empresse de la saisir alors que Ned grimpe sur mon épaule. Il se présente sous son véritable nom, ce qui me met aussitôt en confiance. Il me propose son aide aussitôt, si j'ai des questions ou des doutes... Avant de tout gâcher par un compliment mal mâché au sujet du fait que je suis soit disant jolie. Résultat? Je me change en vraie pivoine, serrant mes poings d'embarras, fuyant son regard comme s'il portait la peste. Je ne suis pas jolie, et rien au monde ne m'en convaincra. J'apprécie assez peu les compliments, ou l'attention masculine... ou l'attention tout court. Je préfère largement les insultes, auxquelles je sais répondre.

«Je ne suis PAS jolie, mais merci euh... Merci pour l'aide proposée, ça me touche sincèrement.»

J'ignore comment il se fait que je me montre si ouverte et honnête en sa présence, alors que tout en lui devrait me rendre mal à l'aise. Il est un des cinq Champions, il s'agit d'un séducteur, il tente de me complimenter et de me taquiner tout à la fois. Pourtant je me sens heureuse qu'il prenne ce temps pour me parler, qu'il me manifeste cet intérêt. S'il me parle c'est que je suis moindrement intéressante, n'est-ce pas?

«J'ai bien une question pour vous, Weston. Comment vous faites pour supporter... ça?»

D'un geste large, je désigne la pièce grouillante de vie. Ces rires faux, ces belles robes, ces sourires éclatants et malhonnêtes, ces poignées de main vides... Tout ceci me rend malade.

Robe de Charlie

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• Cette fille au Sapereau •feat. Charlotte S. Laurens

Moi qui m’attendais à me retrouver face à une vilaine petite peste un peu trop fière de son nouveau post, je découvre en fait une adolescente à laquelle je risque de m’attacher, malgré la différence qui nous sépare. Je n’ai jamais été bien doué avec les jeunes, et pour être honnête, je ne peux pas vraiment dire que j’aime beaucoup ce qui n’a pas atteint les dix-huit ans, mais étrangement, cette jeune femme me plait bien. Certes, sa réaction est plutôt enfantine, à rejeter mes compliments sans même prendre le temps de les assimiler. Oh lala, elle pense véritablement que je tente de la draguer? J’échappe un petit soupir en pensant à ce que la jeune championne a bien pu s’imaginer. Avec toutes les rumeurs qui courent à propos de Victoria et moi, elle devrait se douter que les maîtresses ne m’intéressent pas le moindre du monde. Et puis, de toute manière, les petites adolescentes en pleine puberté ne m’attirent pas le moindre du monde. Mais malgré tout, elle me semble plutôt mature, et bien loin de ces gens hautains. Elle me le confirme d’ailleurs avec un petit commentaire qui me fait bien rigoler. Décidément, je risque de bien m’entendre avec la petite dernière de la famille.

-C’est plutôt simple, en fait. J’appelle ça…

Je marque une petite pause, le temps de caler ma seconde coupe de champagne. Un sourire radieux au visage, je repose mon regard sur la jeune femme avant de continuer.

-L’alcool! C’est fabuleux les miracles que cette potion peut faire!

J’éclate de rire devant la réaction de surprise de Dimitri, qui a sursauté lorsque j’ai haussé la voix. Le petit panda m’observe avec de grands yeux, cherchant sans doute la cause de mon expression soudaine. Je ne prends toutefois pas la peine de lui expliquer, jugeant cela un peu inutile. De toute manière, l’attention du Pandespiègle est bientôt attirée par une chevelure un peu excentrique, au loin. Ne lui portant pas plus attention, je repose une nouvelle fois mon regard sur l’adolescente avant de la tirer discrètement vers une petite table remplie de petites bouchées qui a été installée à notre insu. S’il y a bien un élément que j’apprécie à propos de ces superbes soirées, hormis l’alcool gratuit en profusion industrielle, il y a bien évidemment ces petits hors d’œuvre, offerts dans une variété impressionnante. Les petits rouleaux au fromage, le tartare, le calmar frit… Un véritable délice. Et je ne semble pas être le seul à trouver cela. Le petit Dimitri ne cesse de s’empiffrer, comme si son estomac n’avait pas de fin. C’est bien mignon en ce moment, mais je n’ai pas hâte au moment où nous irons nous coucher, et qu’il se mettra à avoir des gazes… Heureusement, Victoria ne dort pas chez moi ce soir… Ça risquerait de manquer de romantisme, disons…

-En passant, je crois qu’on peut laisser tomber le vouvoiement. Le jour où je serai grand-père, je te laisserai me vouvoyer.

De nouveau, je me mets à rigoler silencieusement, suite à ma propre blague. Le jour où je serai grand-père… Et puis quoi encore. Encore faudrait-il que je devienne père, et oh… ce n’est sans doute pas près d’arriver. Enfin, je doute que ce genre de questionnement soit approprié dans cette situation. Chassant ces idées, j’engouffre une nouvelle bouchée avant de continuer.

-Et sinon? C’est quoi ton histoire? Comment t’es arrivée là? Je doute que monsieur Sky ait choisi sa descendance au hasard…

Je n’ai jamais été bien proche de l’ex champion de type combat, mais je connais son amour pour les combats. Jamais cet homme n’aurait abandonné le sort de son arène au premier venu, ou dans notre cas, à la première venue. Alors malgré son jeune âge, je suis certain que la jeune championne cache de fabuleux atouts dans son sac.

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CETTE FILLEau Sapereau

Ma question a tout de sérieuse, et me servira à juger de mon interlocuteur. Si tout depuis le début de la conversation me place en confiance en sa compagnie, je lui tends ici un véritable test. Fait-il partie de ce monde que je rejette, cet envers de la médaille qui me déplaît grandement? Ou est-il un allié ce soir sur lequel je saurai compter? Peut-on vraiment être aussi tranchée dans ses jugements que moi ce soir? Vrai que je laisse une chance à Weston, et agirai en conséquence une fois qu'il aura répondu. On saura me pardonner ma dureté après cette chute sur la scène. Elle doit m'avoir abîmé passablement le cerveau. Je considère donc le jeune homme avec un intérêt croissant, retenant presque mon souffle alors qu'il est sur le point de me confier son secret. Finalement, j'affiche une moue mi-amusée, mi-irritée lorsqu'il désigne l'alcool comme son arme secrète contre ces soirées. Plusieurs arguments me liguent contre l'utilisation de ces boissons pour faire de ma soirée un meilleur moment. Premièrement, je n'ai pas l'âge. Même si on n'hésitera pas à m'en servir, je préférais éviter les scandales du genre «Charlotte Laurens, votre Championne, est une soûlonne!». Vous voyez le genre quoi. Sinon, je préfère tenir mon corps sain, loin de l'alcool et de ses effets néfastes. Enfin, le goût est absolument infecte et je ne supporte pas la sensation d'engourdissement qui s'en suit. Malgré tout, je sers une toute autre explication au Champion d'Anula.

«Je crois que vous l'aurez remarqué, monsieur, que j'ai quelques soucis d'équilibre déjà... L'alcool ne servirait pas très bien ma cause, j'ai l'impression!»

Sur ce, je lui offre un regard complice. Eh bien oui, il faut bien rire de soi-même un peu. Je fais bien sûr référence ici à ma super chute tout à l'heure, bien que l'équilibre n'y a été pour rien. J'ai en fait une équilibre exemplaire, qui me permet de me hisser souvent au-dessus de mes adversaires en combat corps à corps. La petite puce n'est ni très loure, ni très grande, mais elle sait rester là où elle est. Je me laisse mener à une petite table remplie de victuailles. Ces canapés en petites bouchées ont l'air appétissantes, mais j'ai toujours l'estomac retourné de mon évanouissement et je préfère m'abstenir pour le moment. Nos rapports tous récents se trouveraient un peu compromis si je devais lui vomir dessus. J'observe cependant son petit Pandespiègle s'empiffrer sans retenue. Il me rappelle sans mal Quentin, la Pandabare de ma soeur, lorsqu'il était sous cette forme. Deux véritables goinfres effrénés. Je ris un peu lorsque Weston rejette mon vouvoiement en disant que je pourrai le faire lorsqu'il sera grand-père. Je réalise alors à quel point il est jeune. Il ne doit pas avoir plus de vingt-cinq ans. Il est empreint de jeunesse, avec ce côté un peu rebelle, d'un garçon qui aime s'amuser et qui s'assume pleinement. Je l'aime bien, au fond.

«D'accord, d'accord, mais le jour où tu deviendras papy, je te jure que je te vouvoierai!»

Je me fige soudainement lorsqu'il me demande quelle est mon histoire. Comment j'en suis rendue là, à ce poste, à un si jeune âge. La question se pose, évidemment. Je baisse les yeux vers la table, à la recherche d'une réponse. Je doute qu'il ne soit intéressé à ce que je lui raconte ma vie, et que lui dirais-je? La vérité vraie n'est pas envisageable. Surtout que je risque de m'effondrer si j'ose la formuler de vive-voix.

«Mes parents étaient des Champions eux-mêmes au Japon d'où je viens et j'ai toujours entretenu le rêve de poursuivre ce qu'ils avaient commencé. J'ai rencontré Sky il y a un peu plus d'un an... J'ai réussi à le convaincre de me prendre comme apprentie en lui montrant ce dont j'étais capable. J'ai étudié avec lui, et j'ai rapidement surpassé tous ses autres élèves au point où nous sommes devenus proches.»

Je m'arrête un moment, regardant au loin ma soeur qui s'entretient avec le journaliste Arnold Durand, en ayant l'air de s'ennuyer dur. Pendant ce temps, ce dernier plonge son regard dans son décolleté de façon assez peu subtile.

«Je crois qu'il a vu en moi un grand potentiel. J'ai encore beaucoup à apprendre. D'une façon ou d'une autre, sa confiance me touche profondément. Il est quelqu'un que j'estime énormément.»

Je souris doucement. Mon maître me manque déjà.

«Et toi, redoutable Phantom, comment es-tu devenu Champion?»

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• Cette fille au Sapereau •feat. Charlotte S. Laurens

Une mou accrochée au visage, j’observe le petit Dimitri répandre ses miettes sur mon veston fraîchement lavé, impuissant. Il s’essuie sans ménagement ses petits doigts collants contre cette jolie petite cravate noire que je viens à peine de me procurer, en l’occasion du mariage encore récent de Solène et Damien. À présent, le morceau de tissu autrefois sombre comme la nuit ne manque pas d’afficher quelques traces de graisse et de sauces à toutes les saveurs. Au moins, à présent, elle doit avoir bon goût… En tout cas, meilleur goût que mes jeux de mots, je l’espère. N’éprouvant aucunement l’envie de me battre contre ces taches qui, de toute manière, ne risquent pas de partir ce soir, j’abandonne rapidement l’idée de les nettoyer. Après tout, je n’ai que faire de ce que penseront les autres invités. Ils peuvent bien me prendre pour un cochon s’ils le veulent. De toute manière, je crois déjà posséder une assez forte réputation dans cette salle, alors je doute que ces nouvelles informations puissent vraiment me faire tomber plus bas.

Je pose de nouveau mon regard sur la jeune Laurens, qui n’a encore rien mangé de la soirée. Peut-être suit-elle un régime très sévère? C’est chose courante, chez les adolescentes, après tout… Et pourtant, celle-ci ne semble pas attacher une bien grande importance à son apparence physique. Je n’ai toutefois pas le temps de me questionner bien longtemps sur son comportement, car bientôt, elle se met à parler, se lançant dans un court monologue pour me raconter sa montée au pouvoir. Des parents champions, un potentiel évident, des études avec le maître en la matière… L’histoire prévisible, quoi. Sans doute s’agit-il du même récit que plus de la moitié des maîtres d’arènes. Ne s’agit-il pas d’ailleurs de ma propre histoire, à quelques exceptions près? N’ais-je pas moi-même attiré l’œil de l’ancien champion? L’ancien maître d’Anula et dresseur de Rodley? N’a-t-il pas lui-même vu en moi un grand potentiel? Difficile à dire. L’ancien maître est parti si vite, après ma propre montée, que jamais je n’ai eu l’occasion de connaître le fond de sa pensée. Alors ce qui peut véritablement expliquer mon titre, à ce jour, je ne saurai l’expliquer avec une grande précision. Je me dois toutefois de trouver une explication, et la rendre à la jeune femme qui m’a relancé la question. Je m’arrête donc, quelques secondes, travaillant mes neurones à la recherche d’une réponse quelconque.

-En fait, j’ai acheté mon titre. Mes parents à moi étaient de riches marchands, et lorsqu’ils sont morts, j’ai utilisé leur fortune pour acheter l’arène ainsi que mes Pokémon.

Mon regard fixé sur l’adolescente, je me retiens de tout mon être pour ne pas exploser de rire, mais il n’y a rien à faire. Je ne suis pas un excellant menteur, et encore moins suis-je capable de garder mon sérieux longtemps en ce genre de situation. Attirant les regards de ceux nous entourant, je libère mes rires sans retenue, essuyant même une petite larme s’étant frayé un chemin au coin de mon œil. Je regrette aussitôt de ne pas avoir gardé le suspense encore quelques secondes, simplement pour profiter de son expression, mais je me console rapidement par un nouveau petit canapé. Je tente après quoi de reprendre mon sérieux, et offrir à la jeune championne une réponse un peu plus digne de la sienne.

-Non, sérieusement, je te dirais qu’on a à peu près tous la même histoire bien banale. C’était une histoire de pari, et comme je l’ai gagné, eh bah me voilà champion. J’aurais bien aimé te raconter un truc extraordinaire, du genre j’ai remporté la ligue à plusieurs reprises simplement à l’aide de Pokémon insectes, mais dans les faits, c’est un peu moins intéressant.

Je marque une nouvelle pause, le temps de réfléchir à mes propos. À la banalité de la chose. Au manque d’intérêt de mon histoire personnelle. À mon manque d’accomplissement. Moi que tant de jeunes dresseurs observent chaque jours avec tant d’admiration, je n’ai en fin de compte pas grands accomplissements pour me venter. Je n’ai jamais remporté tous les badges, je n’ai jamais affronté la ligue. En fait, je n’ai même pas mon diplôme. Voilà à quel point je n’ai absolument aucune raison de me venter. Déscolarisé et ex junky, voilà ma véritable histoire, celle qui me colle à la peau.

-Tu sais, y a personne dans cette salle qui a véritablement une histoire hors du commun. On a beau être admirés de bien des gens, on est en fin de compte pas mieux qu’eux. On a eu de la chance, c’est tout. On a des alliés exceptionnels, mais nous, on est pas exceptionnels. La preuve, regarde comme on remplace facilement un ancien champion. Je suis pas plus redoutable que n’importe qui. C’est triste à dire, et crois moi, je suis le premier à le regretter, mais c’est comme ca.

Eh bien, félicitation, Weston. Voilà une excellente manière de souhaiter bonne chance à cette jeune championne qui vient faire ses débuts…

(c)Golden

CETTE FILLEau Sapereau

Nous avons tous une histoire, un chemin tout tracé, une épopée à raconter. La mienne est simplement un peu plus sombre que la plupart des gens. Je ne la raconte à personne, pas même à mon psychologue qui, par l'intervention de Carla, en a obtenu plus de bribes que je ne le voudrais bien. Mes parents... Ils seraient là ce soir, avec mon petit frère. Tomnen. Il aurait 15 ans ou presque aujourd'hui. Simplement la vue de ses boucles blondes suffirait à apaiser mes émotions contradictoires, toute cette masse de sentiments que je dois trier et mettre de côté pour faire face à cette nouvelle vie. Maman aurait paradé en compagnie de Soren, indifférente à la règle qui bloque l'accès aux Pokémon ce soir. Un peu comme moi et Weston finalement. Ce qui nous unit, lui et moi, malgré nos énormes différentes, c'est ce titre auquel nous nous raccrochons, tant bien que mal. Cet amour pour les Pokémon qui caractérise à la fois les Champions de ce monde, ainsi que la culture même d'Enola. L'histoire de Weston m'intéresse, tout simplement parce qu'elle en dira certainement beaucoup sur lui, sur son parcours personnel, sur ses motivations aussi. Je lui en ai beaucoup révélé déjà, mais il ne relève pas le moindre commentaire ou question qui souvent, me gênent. Les gens sont trop curieux de nature, mais pas lui. Ou peut-être respecte-t-il simplement le silence qui s'en suit.

Il tente une histoire d'achat de titre et là-dessus je lui offre un regard peu convaincu. La Ligue est une organisation qui engendre beaucoup d'argent, mais d'acheter un titre de Champion, je ne peux pas y croire. Je lui offre donc une expression peu convaincue, et comme il a tendance à la taquinerie le reste ne me surprend guère. Il éclate de rire, et je me joins à lui, tout simplement car sa présence est rafraîchissante par une soirée aussi ennuyante et stressante pour moi. Il s'explique alors, et je découvre chez lui une personne amère, fatiguée. Je ne comprends pas vraiment son intervention suivante, cette façon qu'il a de tous nous rabaisser. Ça merci, j'y arrive parfaitement moi-même. Pour ce qui est de lui... Il a tort. Les Champions n'offrent pas ces places au premier venu. Il y a eu beaucoup de changements dans la dernière année, des postes comblés ainsi, mais cela n'a rien à voir avec la qualité des gens qui les occupent à présent. Eux n'y sont pour rien du tout, et ont la chance de prouver leur valeur.

«Ne regrette rien, Weston. Ton parcours, le mien... Au final on s'en fiche. Tout ce qui compte c'est le moment présent. Et au sujet d'être exceptionnel ou non... Ça aussi, on s'en fiche. Je veux dire... Si tu veux dire ou faire quelque chose, si tu veux laisser ta marque, il faut simplement que tu t'accordes ce moment. Personne ne vaut mieux qu'un autre, mais nous, les Champions, nous avons quelque chose que d'autres non pas, et c'est la passion du combat. Tu l'as n'est-ce pas?»

Je l'espère du moins. J'espère que ce j'ai vu chez lui n'est pas qu'une simple illusion, et que ce qui l'intéresse en fait c'est réellement l'alcool qu'on sert à ces soirées.

«Tes compagnons sont exceptionnels parce que tu les aime et que tu les entraîne de tout ton coeur et ton âme. C'est ce que mes parents et Sky m'ont appris. Dans la victoire ou la défaite, il reste toujours cette force, ce désir de se battre et moi je trouve que ça nous rends plutôt uniques.»

Je lui offre un petit sourire.

«Weston... Ça te dirait de me combattre là tout de suite?»

Mon coeur palpite. Depuis que je l'ai vu entrer dans la salle que je meurs d'envie de lui faire cette proposition.

(c)Golden

• Cette fille au Sapereau •feat. Charlotte S. Laurens

Une fois encore, je me retrouve à être le pessimiste de la soirée, celui qui brise les rêves. Arceus qu’on doit m’aimer… J’ai toujours ce don pour faire sombrer l’humeur de mes congénères à l’aide d’un simple petit monologue. Disons simplement que j’ai la parole facile, en ce qui concerne ce type de déclarations. Et pourtant, ma petite intervention ne semble pas avoir cet effet sur la jeune championne de type combat, qui se contente de me répondre par de sages paroles. Des paroles que l’on attribue généralement à de vieux sages travaillés par la vie, et non à une adolescente qui n’a encore rien goûté. Qui n’a encore rien vu des difficultés que ce monde a à offrir. Qui n’a sans doute pas encore expérimenté les souffrances de la vie. Mais encore, je pourrais me tromper. Car le pessimisme n’est pas la seule résultante des difficultés de la vie. La maturité en est aussi un signe, et cette jeune demoiselle semble en déborder. Sa manière de me faire voir son point de vue, de s’exprimer, de réfléchir sur notre existence. Des sujets qui ne sortent généralement pas de la bouche des enfants. Et bien que j’ai de la difficulté à me l’admettre moi-même, cette jeune femme n’a pas complètement tord. Certes, elle semble encore un peu naïve dans ses propos, à croire qu’il nous est entièrement possible de laisser notre marque. Elle est naïve, et sans doute un peu trop en confiance en ses capacités pour affirmer de telles paroles, mais elle n’a pas entièrement tord. On peut, si on veut. Si on veut… Si on le désir fortement. Et peut-être est-ce ici même que nous bloquons.

Je me laisse charmer par la jeune femme, malgré ces idées noires qui continue à me hanter à propos de tout et de rien. Je les laisse ainsi tourner en rond dans mon esprit, préférant les ignorer plutôt que de les affronter. Elle est naïve, oui, mais bien charmante. Son sourire ainsi que ses affirmations si positives ne manquent pas de me rendre le sourire à mon tour. De toute manière, elle découvrira bien un jour où l’autre de quoi est faite la vie, sans que j’ai besoin de briser ses rêves. Et dans le cas contraire, eh bien ce sera tant mieux pour elle. Tout le monde n’a pas besoin de vivre la misère. Après tout, il y en a bien qui s’en tirent, alors pourquoi ne pas lui souhaiter ce parcours. Seul l’avenir pourra nous en dire plus. Mais pour l’instant, autre chose importe plus. Autre chose qui s’appelle « un combat, là, tout de suite ». Une idée qui m’enchante au plus haut point, et ça, je ne manque pas de l’afficher. Je sais me montrer pessimiste, mais je sais aussi apprécier les petites choses comme celle-ci qui rendent mon existence bien plus agréable. Avec un large sourire, j’entoure les épaules de la jeune championne à l’aide de mon bras tout en scrutant la pièce des yeux, avant d’arrêter mon regard sur un endroit bien spécifique. Un endroit qui, on aurait presque pu le croire, vu suffisamment d’action pour ce soir. Et pourtant, c’est ce même endroit que j’ai choisi pour l’occasion.

-Eh bien, là, tout de suite, ça me plairait bien. Et comme tu veux combattre « là, tout de suite », c’est ce qu’on va faire.

Gardant une touche de mystère, je conduis la jeune femme jusqu’à la scène qui l’a pourtant bien ridiculisé ce soir. Et malgré tout, c’est ici que j’ai envie de lui offrir cette initiation. Devant cette charmante foule qui s’est déplacé jusqu’ici simplement pour la rencontré (et sans doute aussi pour le simple plaisir de se pavaner en belle tenue). Après tout, se donner en public est un pré requis pour devenir champion d’arène. Ainsi, sans véritablement lui demander son approbation, je me hisse sur la scène, lui tendant la main pour la faire grimper à son tour. Je sens qu’on risque de s’amuser…

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CETTE FILLEau Sapereau

Cette demande, lancée de façon un peu hors sujet, ne surprendra jamais quelqu'un qui me connaît intimement. Pour peu qu'il y aille des Pokémon et l'intérêt de combattre, les mots surgissent d'eux-mêmes de ma bouche pour atteindre mon interlocuteur de plein fouet. Une demande presque signature avec moi, et qui aurait probablement amusé Carla si elle n'était pas occupée à distraire le pire journaliste de tout Enola afin d'éviter un faux scoop au sujet de ma vie. Oh, rien à redire sur son cliché du Maître Coordinateur, mais sincèrement, je n'ai pu m'empêcher de ricaner en voyant tout l'émoi provoqué par cette photographie. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser «et alors?». Je me fiche bien de l'orientation sexuelle de cet homme, qui il fréquente, de la veste qu'il a porté à telle soirée. Tout ce qui m'intéresse, ce sont ses performances, comme celles des autres élites. Je remercie encore intérieurement ma grande soeur qui se sacrifie pour moi. Je lui en devrai une, une fois cette soirée terminée. Enfin... Comme je disais, Carla et moi avons tendance à échanger des combats au moins une fois par semaine, si ce n'est d'avantage. Elle connaît mon amour des batailles, et se propose d'elle-même comme partenaire d'entraînement. Au fil des années, nos combats sont devenus de plus en plus intenses et complexes, comme nous connaissons très bien notre adversaire. Mon aînée a encore la main sur moi, mais plus pour très longtemps. Je compte bien devenir une meilleure dresseuse qu'elle et ce très bientôt.

J'aurai l'occasion de le faire d'ailleurs, maintenant que j'ai terminé ma scolarité et que je pourrai passer tout mon temps à étudier ce qui m'intéresse vraiment. L'art de combattre, que ce soit avec ou sans Pokémon. Voilà déjà une chance qui se présente à moi en affrontant un autre Champion. Cette année, j'ai bien l'intention de tous les rencontrer, de prouver ma valeur contre eux et peut-être d'être désignée comme la plus forte d'entre eux? Qui sait. J'ai encore beaucoup de préparation à faire pour y arriver, des Pokémon à capturer aussi pour espérer avoir une chance contre l'équipe parfaitement hermétique et dépourvue de véritable faiblesse de Weston. Aujourd'hui eh bien... je n'ai que quelques Pokémon sur moi, glissés dans leur Poké Ball sous forme réduite au fond du minuscule sac à main dont on m'a affublée. Ce ne sera peut-être pas assez, mais je me fiche bien. Je veux vivre cette expérience et j'accepte de suivre Weston avec joie, rougissant de plaisir à l'idée qu'il accepte ma proposition avec autant d'enthousiasme. Je ne remarque pas tout de suite qu'il me mène en direction de la scène. J'y jette une moue désemparée. Déjà il me teste à savoir si je tiendrai le coup sous les feux de la rampe alors que la première fois j'ai échoué lamentablement. Ce Weston est un homme intelligent, et je devrai me méfier de lui. Je n'ai pas vraiment le choix d'accepter sa main tendue, mais je me désole de ce terrain improvisé. Aucune terre sur laquelle je pourrai appuyer mes attaques Sol. En montant près de lui, je lui glisse:

«Belle tentative pour me déstabiliser, mais ce terrain est moche de chez moche. J'imagine que ça fera.»

Me tournant vers le micro resté en plan sur la scène, je m'y dirige, les mains soudainement très moites et la gorge nouée.

«Hum... Bonjour les gens... Enfin... Bonsoir...»

Les gens se retournent vers moi, attirés par le son de ma voix. Je rougis aussitôt, même à l'intérieur des narines. Ce que je déteste être le centre de l'attention...

«Monsieur Phantom et moi avons décidé de pimenter un peu cette soirée en vous présentant un petit match amical. Nous utiliserons chacun deux Pokémon dans un match simple. Celui qui réussira à mettre K.O. les deux Pokémon de l'autre sera déclaré vainqueur. J'aurais besoin d'un arbitre, un volontaire?»

Carla se porte aussitôt volontaire, tandis que le maire tente de la convaincre de faire arrêter ce petit match. Un sourire éclatant se peint sur mon visage quand je vois la lueur rebelle au creux du regard de mon aînée. Elle va se placer entre nous deux, à notre droite. Si j'ignore totalement qui choisira le blondinet, j'ai déjà mon choix en tête depuis un bon moment.

«Ned, à toi de jouer!»

Ce dernier saute tout juste devant moi avec une agilité surprenante. Décidément, ce combat promet.

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Un simple sourire en la direction de la jeune championne suffit à traduire mes pensées. Elle n’a pas peur. Bien que cette scène l’ait humilié une première fois dans la soirée, elle y grimpe sans hésitation, et en profite même pour me glisser un petit commentaire. Certes, ce terrain est bien moche, mais comme je n’ai aucunement l’envie d’aller combattre à la noirceur de l’extérieur, elle fera l’affaire. Et puis, comme je l’ai déjà indiqué, il s’agit plutôt d’une initiation plus que d’un véritable combat. Je n’ai d’ailleurs à mes côtés aucun membre de mon équipe d’élite. Et puis de toute manière, même s’ils étaient à mes côtés, ils ne combattraient pas. La période de la compétition est pour eux une période de vacances, et je n’ai aucunement l’intention de leur enlever ce privilège. Ainsi, je me dirige vers mon bord de la scène, observant du coin de l’œil l’adolescente attirer l’attention des invités, et annonçant, au grand désespoir du maire, notre petit combat amical. Bientôt, tous sont tournés vers nous, nous observant avec intérêt, chuchotant entre eux. Sans doute sont-ils en train de commenter leur prédictions quant à l’issu du match. D’autres, plus silencieux, se contentent d’observer, sans doute curieux de voir de quoi est capable la jeune élève de l’ancien maître de Zazambes.

Bientôt, une arbitre est nommée, et la jeune championne vient se positionner de son bord de notre arène improvisée. De mon bord, je me contente de l’observer silencieusement, patientant jusqu’à ce que son choix de Pokémon se pose sur le petit lapin qui s’agite alors que sa dresseuse prononce son nom. Plutôt prévisible, mais intéressant. Un sourire aux lèvres, et sans quitter du regard la jeune femme, je pose une main sur la tête du petit Dimitri, comme pour l’interpeller.

-Dis, petit diable, ça te dirais de disputer ton premier combat?

Intrigué par l’absence de réponse de la part du Pandespiègle, je baisse mon regard, pour réaliser que celui-ci s’est endormi. La tête pendante, les membres mous, il ronfle silencieusement dans la pochette le rattachant à mon corps. À la fois découragé et, avouons-le, un peu amusé, j’échappe un petit soupir avant de détacher le porte-bébé avec une grande délicatesse pour aller le porter à quelques pas de mon emplacement. Ce petit est une véritable patate, et je doute que mes mouvements durant le combat soit suffisants pour le réveiller, mais je préfère ne pas tenter ma chance. Une fois libéré, et cent fois plus à l’aise, je retourne dans mon coin pour agripper une balle bicolore camouflée sous mon veston. Sans dire un mot, j’envoie la Pokéball au terrain pour libérer Mélodie, la petite Mimitoss, qui se met à sautiller dans tous les sens, visiblement bien contente de devoir se donner en spectacle devant cette foule de gens importants.

-Je suis certain que tu aurais préféré te mesurer à ma Scarhino, mais tu vas devoir te contenter de ma petite mélodie.

Se contenter? On ne se contente pas de Mélodie! Me lançant un regard noir, le petit insecte ne manque pas de me le faire remarquer. On combat mélodie. On l’affronte. On tente de résister à ses attaques. Mais Arceus, on ne se contente pas d’elle. Je tâcherai de m’en rappeler. Heureusement pour moi, la petite en question n’est pas rancunière, et bientôt, elle se retourne de nouveau vers son adversaire pour le scruter avec intérêt. Il s’agit d’une espèce qu’elle n’a jamais croisée, il semble. Il faut dire que ce type de Pokémon ne doit pas fréquenter les marais bien souvent. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à ne jamais avoir croisé de Pokémon de ce genre. À mon tour, je pose mon regard sur le petit être gris avant de sortir mon Pokédex et le scanner. Un Sapereau. Jamais entendu parler. Il y a donc deux possibilités pouvant expliquer cela. Soit il s’agit d’un Pokémon bien rare que personne ne possède, ou alors, l’explication plus plausible : il s’agit d’un spécimen bien trop inintéressant qu’aucun dresseur ne désir posséder. Et comme le Pokédex n’indique aucune information à propos de la rareté, je conclus qu’il s’agit sans doute de l’option numéro deux. Enfin, nous le découvrirons bien tôt ou tard.

-C’est quand tu veux, chérie. Les dames d’abord, après tout.

Je glisse un nouveau petit clin d’œil à l’adolescente, tout en lui désignant le terrain pour l’inciter à ordonner la première attaque. Après tout, aimer combattre ne signifie pas qu’il faut cesser d’être galant. Et puis, je suis curieux de voir de quoi est capable cette petite.

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CETTE FILLEau Sapereau

Ned et moi avons une certaine réputation dans le coin. Beaucoup se méprennent à son sujet, et je peux comprendre pourquoi, dans un certain sens. Sapereau est un Pokémon banal, peu prisé, et décrit comme avec des capacités restreintes. Un être faible, au même titre que Rattata et Retentif, comme s'il appartenait à une classe moindre que tous les autres. À ce sujet, les gens ont tort. Totalement tort. Ils le constatent rapidement lorsque le petit lapin leur démontre sa force véritable et qu'il se hisse en tant que vainqueur du combat. Un jour, Ned sera un fabuleux type Sol, l'obtenant par évolution. À ce moment-la nous formerons une paire absolument imbattable. Ce qui fait notre force, surtout, est la puissance du lien qui nous unit. Rien au monde ne pourrait nous séparer. Je partage avec lui une relation unique, plus profonde qu'avec la plupart de mes alliés. J'ignore ce qui s'est produit lors de notre première rencontre, mais notre vie s'est retrouvée reliée, l'existence de l'un impossible sans celle de l'autre. Les murmures se font dans la salle et je sais qu'il ne s'agit pas de doutes envers mon choix, mais plutôt d'une excitation à l'idée de voir ce fameux Sapereau à l'oeuvre dans un combat amical. Je n'ai aucun doute vis-à-vis mon choix et me prépare à affronter qui que ce soit, même Stella la terrible Scarhino qui a pourtant clairement l'avantage contre le lièvre de type Normal.

Weston tente de désigne le petit Pandespiègle comme mon adversaire, mais celui-ci s'est endormi contre lui. Adorable ce petit. Ce geste me tire cependant une expression boudeuse. Ainsi le Champion d'expérience tente de me ménager en choisissant un pauvre bébé pour m'affronter? Tandis qu'il s'éloigne pour s'alléger en posant le petit un peu plus loin, j'échange un regard irrité avec ma soeur, qui elle, se contente d'hausser les épaules. Elle regarde déjà le jeune homme avec un regard un peu gourmand, luisant d'intérêt, mais trop fière pour laisser quoi que ce soit paraître, détourne le regard alors qu'il revient vers nous. Pfff, elle se laisse impressionner par son côté «papa de Pandespiègle». Je crois rêver! Oh, oui, j'aimerais bien recevoir quelques conseils de la part du blondin, mais le marier à ma soeur, pas question. Elle doit encore épouser Sky, de toute façon. Une fois que j'aurai déterminé mon plan très élaboré pour les mettre ensemble... Si seulement je connaissais quoi que ce soit à l'amour. Me secouant, je l'écoute alors qu'il me dit que je n'affronterai pas Stella, mais plutôt une certaine Mélodie. Comme je ne connais pas celle-ci, je reste aux aguets tandis qu'une Mimitoss apparaît sur le terrain. Un type insecte, génial. Je pourrai admirer toute l'expertise de Weston à l'oeuvre ainsi!

Mimitoss est un Pokémon intéressant. Ses grands yeux aux multiples facettes agissent tels des radars. Il aident à sa précision. Si je veux gagner, je dois nuire à ceux-ci, l'empêcher de travailler correctement... Et surtout frapper directement dans son type poison qui est faible contre les attaques Sol de mon ami. Il nous faudra éviter les poudres de Mélodie pour ce faire, mais j'ai quelques idées déjà. Prenant une grande inspiration, j'esquisse déjà ma stratégie afin de permettre à mon allié de l'emporter. Alors que Weston me propose d'entamer ce combat avec une galanterie à la con, je lève les yeux au ciel.

«Je ne suis pas ta chérie.»

Que ce soit clair au moins. Il n'a pas à agir comme un paumeur de coeurs avec moi, je ne tomberai pas dans le panneau. Je préfère qu'il me traite en égal qu'en tant que jeune fille. Ned se retourne un instant vers moi et nous échangeons un regard soutenu.

«Tu l'apprendras bien assez vite. Ned, laisse s'échapper ton impatience!»

Quelques mots soufflés, camouflés de sens, et le Sapereau s'avance à toute vitesse vers Mélodie avec Hâte. Plus il avance, plus sa vitesse se fait grande, surpassant de loin celle du Mimitoss. Profitant de notre vitesse, Ned attaque aussitôt avec Coud'Boue, petite bombes de boue qui partent en sifflant en direction de l'insecte dans le but de réduire sa précision, absolument utile dans le cas d'utilisation des poudres dangereuses du Pokémon.

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• Cette fille au Sapereau •feat. Charlotte S. Laurens

À quel point ce combat est-il sérieux? À quel point suis-je sensé me montrer sans pitié? Ne s’agit-il pas d’une initiation? Bien entendu, je n’ai pas l’intention de la ménager, mais je doute qu’il soit vraiment nécessaire d’agir sans aucune pitié. Je ne crois pas que l’humilier publiquement soit véritablement la chose à faire. Ce ne serait ni bon pour son orgueil, ni bon pour la réputation de son arène. Et comme j’éprouve un grand respect pour les Pokémon de type combat, je n’ai aucun intérêt à tenter de discréditer la nouvelle championne de ce type. Par contre, la laisser gagner n’est pas non plus envisageable. Eh oui, moi aussi j’ai une réputation à tenir. Bien qu’elle se soit déjà bien forgée avec les années, une réputation est quelque chose qui s’entretient tous les jours. Alors peu importe ce qu’à ce petit lapin dans le ventre, je suis prêt à encaisser les coups les uns après les autres, et les rendre en double. Mélodie n’en a peut-être pas l’air, mais elle est farouche. Étant de type insecte, la petite Mimitoss ne se sauve aucunement de nos entraînements quotidiens, à l’arène. Peu importe qu’elle ne soit pas aussi menaçante que Rodley ou encore Stella, elle n’est pas pour autant une faible, et j’ai bien l’intention de le montrer à cette fille au Sapereau.

Un sourire confiant aux lèvres, j’observe le petit lapin s’élancer vers mon Pokémon avec une rapidité impressionnante. Voilà qui pourrait être problématique. Je lance aussitôt un regard à Mélodie afin de lui communiquer des ordres qu’elle comprend aussitôt. Si nous ne pouvons pas le dépasser en ce qui concerne la vitesse, alors nous l’immobiliseront. Toutefois, avant que la Mimitoss ne puisse réagir, un violent jet de boue vient terminer sa trajectoire directement dans les yeux de l’insecte, qui recule brusquement suite à l’attaque. Prise de panique, Mélodie se met à se secouer dans tous les sens, cherchant à se débarrasser de cette substance boueuse contre son visage. Elle pourrait bien offrir une ouverture parfaite à son adversaire, mais j’interviens au bon moment, fendant l’air d’une voix imposante. Prononçant fermement le nom de mon alliée, je la ramène à l’ordre. Si la jeune fille pense s’en sortir ainsi, elle se trompe royalement.

-Il n’y a pas que les yeux d’un Mimitoss qui peuvent lui servir à détecter sa proie. Si tu veux lui couper de ses sens, il faudra plus que ça.

J’adresse un nouveau sourire à la dresseuse du Sapereau. Elle comprendra sans doute que je ne réfère pas simplement aux antennes de Mélodie, mais aussi d’un sens beaucoup plus développé. Un qui ne la laisse jamais. Un qui se tient en permanence derrière elle, à lui dicter les commandes à suivre. Je parle de son dresseur. Elle devra se débarrasser de moi si elle veut parvenir à remporter ce combat. Et ça, elle n’y parviendra pas.

-Mélodie, repends tes spores!

Même si la petite insecte n’est pas en mesure de repérer sa proie, notre tactique n’en sera pas affecter. Me faisant pleinement confiance, Mélodie s’exécute sans aucune hésitation. Se secouant avec énergie, l’insecte libère de grandes quantités de spores paralysantes qui vont se répandre sur le sol. Et malgré leurs aires innocentes, ces spores pourraient être bien dangereuses pour notre adversaire. Un pas mal placé et le Sapereau pourrait bien se retrouver paralysé, à notre merci. Mais pour l’instant, le petit lapin est loin, ce qui est aussi à notre avantage.

-Tu peux y aller, à présent.

Ces mots, prononcés avec un calme déconcertant, suffisent pour que mon Pokémon ne s’active, et envoie à l’aveuglette un attaque Rafale psy qui pourrait bien tourner ce combat à notre avantage.

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Je prends un moment pour réaliser ce qui est en train de se passer. Weston et moi échangeons un combat, en tant qu'égaux. À présent, je fais partie de l'Élite de cette île, et même si je peine à le réaliser, le blondin d'Anula et moi nous trouvons sur un même niveau. Bien sûr, les années d'expérience l'avantagent. Il est plus âgé, plus mûr, et surtout très puissant. Il ne s'agit que d'arguments supplémentaires à ma détermination à vaincre. J'ignore ce qui va se produire, mais j'oublie très rapidement cette foule qui me mettait si mal à l'aise un instant plus tôt. Je retrouve ce terrain sur lequel je suis parfaitement à l'aise, ce mode de communication qui ne m'a jamais échappée. La plupart du temps, je propose des combats aux autres pour compenser toutes mes faiblesses au niveau social. Il n'existe aucune timidité dans un combat, simplement une concentration infinie de ce qui se passe. Aussitôt, mes prunelles noisette repèrent la position des adversaires sur le terrain, l'attaque prise directement dans les yeux de la Mimitoss, exactement comme je l'avais voulu. Une bonne part de menace est écartée, avec la précision réduite de l'insecte, mais son dresseur ne semble pas plus impressionné. Il respire le calme et l'assurance et je me surprends à soupirer dans l'espoir de dégager autant de calme un jour dans mon Arène.

Il s'explique alors, expliquant que sa Mélodie peut se repérer de d'autres façons. Certes, ces antennes pourront la situer dans l'espace, mais avec la rapidité accrue de mon allié, elle n'arrivera pas à le toucher. Je souris de bonne grâce, avant de réaliser que le jeune homme ne fait peut-être pas référence aux antennes, mais plutôt à sa présence à lui, qui peut lui servir de guide. Or, la langue est un muscle qui se déplace bien plus lentement que les pattes de mon fidèle Sapereau. Il faudra à notre adversaire bien plus que quelques ordres lancés pour espérer nous toucher. La suite ne me surprend guère, mais son application me fait grincer des dents. Ned n'a qu'à s'éloigner d'un bond pour éviter les spores qui flottent dans l'air, se posant au sol dans une poudre dorée. Mince... Moi qui croyais que nous pourrions les éviter, voilà qu'elles couvrent toute la région entourant la Mimitoss, dans une protection très originale. Pour nous approcher, il nous faudra mettre les pattes dans les spores et risquer la paralysie... Je me gratte le nez un moment, tandis que le Sapereau évite sans mal le Rafale Psy volant en sa direction.

«Attaque à distance, Ned, ne touche pas aux spores!»

Mon allié bondit avec toujours ce même talent, projetant des petites bombes de boue en direction de la Mimitoss, qui réplique aussitôt avec des Rafale Psy, éliminant nos chances de la toucher. Pendant ce temps, mon ami doit éviter les rayons qui viennent en sa direction et qui, mine de rien, le mènent de plus en plus vers la zone de spores... Finalement, après deux minutes très intenses de bataille de Rafale Psy et de Coup d'Boue, le Sapereau reçoit un rayon en plein coeur et tombe... directement dans les spores! Aussitôt courent de petits éclairs contre son pelage, indiquant le nouveau statut qui l'enquiquine. Serrant les dents, je lui indique aussitôt de changer de stratégie, vers une valeur sûre, une attaque plus distante mais qui pourrait ne pas fonctionner compte tenu du type de terrain sur lequel nous nous trouvons.

«Faisons trembler la terre, Ned! Vite!»

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• Cette fille au Sapereau •feat. Charlotte S. Laurens

Il n’y a pas un jour ou je regrette la capture de Mélodie. Pas un jour où je souhaiterais l’avoir laissé dans la forêt. Et aujourd’hui ne fait que le confirmer une nouvelle fois. Aujourd’hui, comme à chaque combat qu’elle mène, elle est merveilleuse. Elle n’a rien d’inférieur à ses camarades insectes. Elle comme tout autre Pokémon de type insecte possède un pouvoir qui est souvent sous-estimé par les autres combattants. Je n’ai jamais compris cette réticence, d’ailleurs, à utiliser les Pokémon de ce type. Combien de jeunes dresseurs mettent les pieds dans mon arène, avec en leur possession un ou deux Pokémon de type feu ou vol, avec une idée très claire en tête. Et combien de ceux-ci repartent les mains vides. Parfois, la jeunesse me désespère. Ces gosses ne réfléchissent pas. Aurais-je vraiment choisi d’élever un type de Pokémon inférieur? Non, jamais. Aucun type n’est inférieur. Et ça, j’espère que la jeune championne l’aura compris. Dans le cas contraire, elle n’a pas sa place parmi les élites. Qu’elle dresse les Pokémon de type combat, vol, eau, feu… Tous ont des faiblesses et des forces. Nos Pokémon n’y font pas exception. Le Sapereau a l’avantage de la vitesse, mais il ne fait pas le poids contre les spores paralysantes. Et Mélodie, elle, a l’avantages des spores, mais…

La petite Mimitoss se démène sur le terrain, mais de toute évidence, nous ne possédons pas grand avantage. Hormis les poudres répandues sur le sol, nous n’avons rien. Sans la vue de la petite insecte, nous ne vallons pas grand-chose, malgré ce que j’ai pu affirmer quelques instants plus tôt. Nos attaques psy ne cessent de manquer l’adversaire, qui se déplace avec toujours cette même rapidité. Cette maudite rapidité face à laquelle Mélodie ne fait pas le poids. Si seulement nous pouvions toucher le lapin et l’envoyer en plein dans les spores… Gardant mon calme malgré la situation, j’ordonne à mon alliée de continuer ses attaques, ce qu’elle fait sans contester mes consignes, malgré la déception qui augmente en elle à force de rater sa cible. Nous ne pouvons pas encore baisser les bras. Encore quelques attaques. Ce Sapereau ne peut pas fuir éternellement. Éventuellement, il s’épuisera, et alors, il sera à notre merci.

-Maintenant, Mélodie! À ta droite!

C’est maintenant ou jamais. Il n’y a aucun doute. Après deux longues minutes de combat intense, je peux enfin voir une ouverture. Sans plus attendre, la Mimitoss obéit, et envoi vers son adversaire sa plus puissante attaque Rafale Psy, qui percute le lapin en plein cœur. Parfait. Exactement où nous voulions l’envoyer. Directement dans les spores. Un sourire satisfait se dessine sur mon visage, l’espace d’un instant, avant d’adopter un air sérieux. Il est temps d’en finir. Mélodie comprend aussitôt, et s’élance en direction de son adversaire, une lueur bleue sur a tête. Psykoud’Boul. L’attaque la plus puissante que Mélodie ne connaisse. Et à présent, avec la paralysie, nous avons de grandes chances de réussir notre attaque. À moins… À moins que notre adversaire n’attaque en premier. Non, ça n’arrivera pas. Pas avec la poudre paralysante recouvrant le Sapereau.

-Mélodie! Attaque! Maintenant!

La suite des choses semble se passer au ralenti. Les deux Pokémon s’élancent l’un vers l’autre, cherchant tous deux à appliquer leurs ordres. Mais un seul y parviendra. À moins que… À moins qu’ils n’attaquent en même temps… Alors que la Mimitoss entre enfin en contact avec son adversaire, la terre se met à trembler, me faisant basculer au passage. Je tente de me rattraper, mais avant même que je ne le réalise, je me retrouve les fesses contre la scène, perdant les combattants du regard. Je me relève juste à temps pour éviter une poutre tombant en ma direction, et repose de nouveau les yeux sur ce qui était notre terrain. Au centre gisent deux Pokémon KO. Il a réussit. Le lapin… il a réussit. Il a placé son attaque juste à temps. Et à présent, nous avons tous deux perdu nos alliés. Étrangement, je ne m’en sens pas frustré. Bien au contraire. Disputer un combat aussi intense me prouve que miss Laurens a bel et bien sa place parmi les élites de l’île. Toutefois, je n’ai pas l’intention de la laisser remporter ce combat.

-Très beau combat, Mélodie, tu peux revenir te reposer.

Un sourire aux lèvres, je rappelle mon alliée à sa balle, avant de libérer mon prochain Pokémon. Contre toute attente, il ne s’agit cette fois pas d’un insecte. Je sens une certaine appréhension dans la foule alors qu’apparait devant leurs yeux Diego le Lixi, ce petit Pokémon électrique que personne n’a jamais vu combattre. Et pourtant, moi, je ne doute aucunement de lui.

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CETTE FILLEau Sapereau

Le temps nous est compté. La paralysie est une condition très difficile à faire disparaître, et avec l'énergie de Weston et de son alliée, je ne doute pas un seul instant qu'elle pourra nous mener dans un mauvais pas à l'avenir si nous n'intervenons pas de façon rapide. Or, mon ami est presque immobilisé par l'effet nocif des spores. Nous n'avons plus beaucoup d'options. Risquer un autre Coup d'Boue pourrait fonctionner, mais puisque l'insecte prépare une attaque plus puissante encore que la nôtre, nul doute qu'elle finira par l'emporter. Je me reporte donc sur mon attaque préférée d'entre toutes, que mon cher Sapereau maîtrise très bien même s'il ne porte pas encore le type Sol. Ned a très bien compris mon commandement, il comprend aussi qu'il s'agit de sa dernière chance de l'emporter. Il attend donc le meilleur moment, combattant la paralysie, avant de laisser exploser la puissance de son Séisme qui vient secouer la salle. J'entends des cris d'indignation à ma gauche, plusieurs invités sont tombés sous l'impact, tout comme Weston. Et moi qui craignais que le tremblement de terre échoue vu l'absence de sol adéquat pour ce faire! Je reste bien campée sur mes pieds, droite et agile... et surtout grandement habituée à cette technique, constatant le résultat de ce combat qui fut épuisant, autant pour mon ami que pour moi.

Un double K.O. Au centre de notre terrain improvisé, les deux créatures reposent sur le ventre, mis hors combat par ces deux attaques simultanés. Mon premier réflexe est de laisser m'échapper un cri et je cours sur la surface de la scène en direction de mon allié, que je récupère dans mes bras. Il est très mal en point, ayant subit d'innombrables dommages, en plus de la paralysie qui immobilise ses pattes dans des positions étranges. Je le serre contre moi et lui passe un bref bisou entre les oreilles, avant de le rappeler à sa balle et de me reculer jusqu'à mon cercle invisible. L'inquiétude m'enserre le coeur, mais aussi une certaine fierté. Nous avons réussi à nous imposer, et même si la première ronde de ce combat se termine avec une égalité, je sais maintenant que je n'ai pas à craindre le Champion d'Anula. Nous avons une force très semblable. Les invités sont déjà fortement impressionnés, et certains d'entre eux scandent mon nom pour m'encourager. Pue importe ce qui se produira ensuite, je sais que j'aurai réussi à en impressionner quelques uns. Au final l'important est surtout de s'amuser, et je dois m'avouer très heureuse de participer à un tel duel.

Weston n'hésite pas un seul instant à choisir son compagnon et je lance la Poké Ball du mien sur le terrain pour libérer Edwin l'Hariyama, au même moment qu'un Lixy apparaît. Cette fois, je fronce un sourcil. J'ignorais que l'expert en insectes formait aussi des Pokémon d'un autre type. Le lionceau qui se tient devant nous a l'air plutôt jeune, mais certainement sûr de lui. Je ne crois pas qu'il soit vraiment une menace pour mon cher guerrier préféré, mais je m'en méfie tout de même. Je ne ferai pas l'erreur idiote de sous-estimer mon adversaire, surtout après cette première ronde haute en rebondissements. Je porte mon regard vers Edwin et lui sourit. Je le choisis pour tellement de raisons évidente... Premièrement parce qu'il est celui qui m'a portée sur tout le chemin de retour ainsi que dans la ville de Vanawi lors de ma dernière excursion au volcan il y a quelques jours. Un Darumacho sauvage m'avait brûlée et l'Hariyama est venu à ma rescousse. Aussi, si jamais les photos ou vidéos de ce combat sont prises, j'aimerais que le jeune homme qui m'a offert son allié puisse voir à quel point il est heureux à présent avec moi. L'Hariyama se frotte le ventre comme il en a l'habitude avant chaque combat, avant de se placer d'un mouvement gracile en position d'attaque.

«Ce n'est pas très bien de mentir, Edwin.»

Mon allié saute sur son adversaire avec un puissant Bluff qui l'apeure aussitôt. J'hoche la tête, lançant un regard en direction du Lixy. Voyons voir comment il répliquera. Pour le moment nous avons l'intention d'en profiter.

«Casse tout!»

Edwin charge sa main d'énergie avant de foncer à nouveau sur son adversaire, cette fois avec Casse-Brique!

(c)Golden

• Cette fille au Sapereau •feat. Charlotte S. Laurens

Ça fait longtemps que j’ai cessé de porter attention aux jugements de la foule. Ces gens parlent et critiquent sans savoir quoi que ce soit. Ils jugent, ils émettent des commentaires, mais tout cela me passe par-dessus la tête. Après tout, aucun d’eux ne connait la véritable force de mes alliés. Ce ne sont pas eux qui passent des heures en entraînement. Ce ne sont pas eux qui ont forgé un lien de confiance avec mes Pokémon. Ils peuvent bien penser ce qu’ils veulent, ça ne vaut rien. Ils ne savent rien. Certes, certains de ces invités sont d’excellents dresseurs. Ça, je n’en doute pas. Mais cela n’a aucune importance. Ils pourraient tous être des Conseillers, et il n’y aurait pas de différence. Je sais que Diego possède des talents que tous sous-estiment. Et je peux les comprendre, en même temps, de le sous-estimer. Lixy est un petit Pokémon sans grands attraits. Enfin, c’est ce qu’on peut penser aux premiers abords. Mais lorsqu’on apprend à le connaitre, on découvre chez le petit lion électrique des aptitudes qu’on ne lui attribuerait pas. On découvre un petit être déterminé et prêt à tout pour remporter la victoire. Et c’est justement ce que j’ai l’intention de faire. Peu importe que l’adversaire pèse au moins cent fois le poids de Diego, et peu importe qu’il possède au moins dix tonnes de muscles. Peu importe, car cette fois, c’est nous qui possédons l’avantage de la vitesse.

-Fonce, Diego! Fonce!

Je ne prends même pas le temps de commenter le choix de mon adversaire que déjà j’adresse des ordres à mon allié, qui s’élance de toute vitesse vers l’Hariyama. Mais malgré la grande vitesse du petit lionceau, c’est le Pokémon de type combat qui attaque le premier avec une attaque bluff qui effarait aussitôt Diego. Je serre les poings en apercevant mon allié reculer d’un bond, créant ainsi une ouverture pour la prochaine attaque de l’adversaire. Une attaque qui vient d’ailleurs rapidement. Un Casse-Brique puissant qui termine sa trajectoire directement sur le corps du Lixy, qui revole à quelques mètres de là. Affaibli, Diego tente de se relever, avec difficulté, mais à peine est-il debout qu’un nouveau coup du Hariyama le remet à terre. Le lionceau encaisse les coups les uns après les autres, tout simplement incapable de placer ne serait-ce qu’une seule attaque. Je le vois s’affaiblir un peu plus à chaque nouveau coup. Si ça continue ainsi, nous perdrons ce combat. Il faut agir, et vite. Je dois donner une chance à Diego d’attaquer. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre. Ce combat a pris trop d’importance à mes yeux. Je ne peux plus me permettre de céder la victoire à cette fillette.

-N’abandonnes pas! Relèves-toi!

Les quatre pattes sur le sol, le Lixy fait face au Hariyama qui s’avance une nouvelle fois vers lui pour lui infliger une nouvelle attaque Casse-Brique. Son poing lumineux s’élève dans les aires avant de s’écraser avec force sur la tête du lionceau, mais cette fois, celui-ci ne bronche pas. Le poing du Pokémon combat ne semble pas l’avoir affecté. Son visage affiche un air déterminé. Ses yeux sont rivés sur son adversaire, et bientôt, il se met à briller avec intensité, m’aveuglant au passage. Je dois détourner le regard tant la lumière et vive, et lorsqu’enfin elle se dissipe, je découvre un Pokémon au pelage scintillant. Un Pokémon à l’allure fière. Un Luxio. La forme évoluée de Lixy. Un sourire se dessine sur nos visages. Voilà notre chance.

-Diego! Envoi leur toute ton énergie!

Le Luxio s’élance vers son adversaire, se chargeant d’une attaque Chargeur, avant de libérer une puissante attaque Étincelle heurtant directement l’Hariyama de plein fouet. Le colosse, frappé de plein fouet, revole de quelques mètres avant de terminer sa chute aux côtés de sa dresseuse. Un silence s’installe, alors que tous se demandent si le Pokémon se relèvera. Mais je sais déjà la réponse à cela.

(c)Golden

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