« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

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 Averse II (OS, Evolution)

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Léopold Richter
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Léopold Richter
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Âge du personnage : 26 ans, né un 5 mai
Métier / Études : Etudes de Medecine, en stage chez un medecin généraliste a Anula et quelques fois à la clinique Connors d'Amanil
Pseudonyme(s) : White Dragon, identité de justicier

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MessageSujet: Averse II (OS, Evolution)   Averse II (OS, Evolution) EmptyMer 13 Mai 2015 - 18:19


Averse - Partie II

Ses yeux fixaient la blancheur glaciale des murs qui l’entouraient. Aussi froid que son cœur en ce moment. Léopold cligne des yeux pour la première fois depuis plusieurs heures. Il se rappelle progressivement ce qui l’a amené ici. Oh, il n’a pas oublié. Chacun des geste qu’il a exécuté à la suite de la découverte du corps inerte de son père, il s’en souviendra certainement toute sa vie. Il se souviendra avec quelle précaution, avec quelle gestes mécaniques il avait descendu les marches sans un bruit. La façon dont il avait attrapé le téléphone et composé le numéro. Qu’il était remonté dans la chambre, comme pour vérifié qu’il n’avait pas rêvé. Il s’était assis à même le parquet, dans l’entrebâillement de la porte, pour attendre que les gens de la morgue, la police, que tout ce monde vienne envahit cet espace dont il était certain, quelques heures plus tôt, que personne n’y entrerait plus. Ses yeux avaient fixé le cadavre dans la mare de sang une éternité encore. Toujours sans un bruit. Puis la sonnette avait retenti. Encore. Il ne sursauta même pas, il ne ressenti rien quand il du indiquer le chemin.

« Premier étage. Première chambre à droite  en haut des escaliers. »

Ensuite. Les questions. Rien qui ne le terrifia ou le mis hors de lui, ou encore, qui put le rendre triste. Ses yeux cernés étaient déjà la preuve de sa détresse. Tout autant que son regard vide et inexpressif. Comme il s’y attendait, on ne s’intéressa pas vraiment au cas de Richard. Le suicide était une explication très suffisante. Et les preuves accablantes. Rien a redire. Tout le monde fit son métier, avec calcul et précaution. Et Léopold les suivi machinalement jusqu’à la morgue, ses silences uniquement ponctués de « oui » ou de « non ». Il n’eut pas la force de retenir Médée de le suivre jusque dans la camionnette qui les emmenait à la morgue. Passer encore quelques minutes avec Richard. Du moins, ce qu’il en reste, sous ce linceul blanc. Ce sera bientôt fini.  Puis, il a fallu attendre encore. Léopol se foutait éperdument, de l’attente. A vrai dire, qu’est-ce que quelques heures à côté de toutes les années qu’il a perdu? Il était même allé composer le numéro de Sigismond sur son portable. Tombant sans surprise sur le répondeur, il lui annonça d’une voix glaciale et distante la nouvelle de la soirée. Il n’était pas dupe. Sig allait sauter de joie en apprenant pour Richard, du moins, intérieurement. Encore attendre. Léo n’avait personne d’autre à appeler. Personne qu’il ne voulait mêler à cela. Après tout, aucun des amis qu’il avait rencontré récemment ne savait pour Richard, pourquoi les importuner, alors. Alors, on l’appela à nouveau, pour reconnaître le corps une dernière fois et remplir les dernières formalités. C’est le moment que choisit Sigismond pour passer les portes de la morgue.

« Léo? »
« Sigismond. Je vois que tu écoutes mes messages, finalement. »


Le silence se fit entre les deux ainés de la famille Richter. D’un regard, ils descendirent tous les deux dans la chambre blanche éblouissante ou étaient disposés les corps en attente d’inhumation ou de crémation. Alors qu’on lui expliquait les procédures à suivre pour les obsèques, le regard du brun se fixa au mur. Clignement d’yeux. Il revint au présent lorsque les employés décidèrent de laisser aux deux frères un moment pour se concerter. Eux qui ne se sont pas adressés la parole depuis une bonne année.

« Bon… alors? »
« Alors, quoi? »
« C’était comment? »
« Comment… Quoi? »
« Léopold, c’est pas la peine de me la faire à moi. Tu sais que je peux savoir ce que tu ressens. C’est toi qui l’a fait, pas vrai? »
« Pardon? »
« Arrêtes ton char… J’y crois pas, qu’il ait eu le courage d’en finir tout seul. Tu l’y as… "aidé", non? »
« Je sais à quel point tu mourrais d’envie de le faire Sigismond, mais je ne suis pas comme toi. Je n’ai pas tué Richard. Il reste mon père, et je n’aurais pas pu. Même si j’en ai rêvé, plusieurs fois, je ne l’aurais pas fait. Je ne suis pas aussi froid que toi. »
« Vraiment… C’est tout ce qu’il aurait mérité, cet enfoiré! Tu aurais du nous venger. Je comptais sur toi…»
« Si tu y tenait tant, pourquoi tu ne l’as pas, fait toi-même, hein? Non, Sig, ce n’est pas pour toi, hein? C’est tellement plus facile de se chier dessus comme tu l’as fait et de t’enfuir avec ta pauvre sœur, en laissant ce bon vieux Léo tout seul. C’est tellement mieux de laisser son frère gâcher sa vie, pour aller vivre la sienne! Tu comptais sur moi hein… C’est bien la seule chose que tu ait attendu de moi… C’est glorieux. »

Léo qui remplissait un formulaire sentit son poing se crisper sur le stylo qu’il tenait. En forçant un peu plus, il finira par le briser. Son regard océan se mit à fixer intensément le rouquin dont le regard venait de changer. Sig avait remis son vrai visage : son air hautain et supérieur de toujours. Comme si il ne se sentait pas concerné. Il a toujours fait ça. Le brun secoua la tête en direction de sa Carmache quand cette dernière s’avança vers le cadet, fulminante.

« Ne fais pas la victime, Léopold. Tu ne sais pas quel calvaire j’ai vécu… Et tu ne sais pas non plus ce que Cléo a pu ressentir! »
« Jamais tu ne m’as proposé de partir avec vous! Jamais ça ne t’as traversé l’esprit. Car tu savais qu’il en fallait un de nous qui soit assez stupide et pas assez égoïste pour ruiner sa vie avec notre père. »
« Qu’est-ce que tu veux, hein? Tu veux des acclamations? Tu veux être canonisé pour tes actes, Saint Léopold?! Oh, c’est formidable pour toi, bravo! Ta scène de martyr me fait pitié! »
« Je suis martyr, moi? »


Le jeune médecin eu un rire mauvais, puis se retourna vers son frère cadet, posant violemment une main contre le mur blanc derrière lui.

« Écoute moi bien, petit con. Cela fait 4 ans que tu t’es barré la queue entre les jambes avec Cléo. Tu sais ce qu’on été ces années pour moi? Tous les jours, le même putain de manège. Faire suivre son propre frère à contrecœur, être obligé de croire a des tissus de connerie. Et devoir l’aimer quand même. Me dire que je joue au martyr… Regardes-toi, avant ça. Entends toi te plaindre de ton sort et de déplorer celui de ta pauvre sœur que tu ne veux même pas voir grandir à force de la couvrir, cesses de te vanter comme un bienfaiteur. Enfin… Nous sommes en effet deux égoïstes. Tu voulais la liberté, et je voulais de la reconnaissance. Cela s’arrête ici. Alors arrêtes de me prendre de haut et de tenter de tirer encore une fois ton bénéfice de la situation. Réponds plutôt à ma seule question, car c’est tout ce qui m’intéresse, finalement, dans ce que tu as pu venir m’apporter ce soir : on le fait enterrer ou on le fait incinérer? »
« Léo, tu sais, quand je suis parti avec Cléo, j’ai pensé à toi… Je me suis dit que contrairement à moi qui suis si faible, tu serais assez fort pour… »
« Réponds à ma question. Je me branle de tes excuses, tu arrives trop tard. »
« Mais je… Qu’est-ce que ça change, de toute façon? Je veux juste qu’il disparaisse une bonne fois pour toute, alors, que ce soit par les flammes ou la terre… »
« Tu n’aides pas. Ce sera l’incinération. »
« Et pour… »
« Je garderais les cendres. Je trouverais un endroit ou les disperser. »
« Tu crois à ce genre de choses, toi, maintenant? »
« …Quoiqu’il en soit, je m’en charge. »
« ...Léopold? »
« Non, Sig, vous ne serez pas obligés de venir au crématorium. Mais ne laisses Cléo, Alice et Ferdi dans l’ignorance. Ils l’ont aussi connu et ils doivent  savoir. Ça ira, comme responsabilité? »
« Et… Cesar? Est-ce que tu l’as… »
« Cesar a le droit de profiter de sa liberté. Je ne veux pas qu’il entende parler de nouveau de Richard. »
« Comment peux-tu rester aussi calme, Léopold? »
« J’ai l’air calme? Vraiment? »


Fit-il d’un air mauvais, en reprenant les papiers en main et cocher les cases pour la demande d’incinération. Sigismond déglutit pour lui-même, pâle et l’air nauséeux. L’air lourd chargé d’une odeur de naphtaline lui faisait tourner la tête. Il lança un regard à Léo concentré sur les papiers.

« Je euh… Je vais y aller. Je… ne pourrais pas venir, au crématorium, j’ai un… »
« La date n’est pas fixée, mais je ne m’attendais pas à te voir de toute manière. »
« M-Merci, Léo… »


Sigismond s’en alla sans vraiment demander son reste. Léo ne sut pas trop comment interpréter le "merci" de son frère. En fait, il oublia bien vite, car il avait d'autres chats à fouetter. Leur entrevue était de loin la conversation la plus longue qu’ils devaient avoir eu depuis quinze ans. Mais ce fut une fois de plus un dialogue de sourds. Tout ça pour en arriver là. Bien que ça se soit mieux terminé que les autres fois.

La suite des choses se passa très vite. En  quelques jours, Léo assista seul à la réunion funéraire. Ce n’est pas comme si Richard avait de nombreux proches. Puis il se retrouva avec une petite boite noire remplie de cendres. C’est fou, en fait, Richard ne prenant pas tant de place. Léo aurait presque ri jaune à cette dernière affirmation. Pas qu’il n’en ai pas le cœur, non, il voulait simplement en finir. Enfin. Ce qui lui prit le plus de temps, au final, c’est de trouver un endroit ou disperser les cendres. Il ne croit en effet pas à ces conneries, comme l’a dit Sigismond . Mais il n’aimait autant pas avoir cette espèce de « présence » sous le toit du manoir devenu le sien. Et finalement, comme c’est Léopold et que Léopold n’aime pas le superflu et n’est pas encore assez romantique ou rêveur pour jeter tout ça du haut d’une falaise, eh bien…. C’est finalement dans un champ que Richard s’éparpilla. Léo pensa  que les cendres dans un champ, ça ne peut pas nuire aux récoltes, et puis, au moins son père aura fait quelque chose d’utile au final. Oui, oui, si des cendres peuvent être bien quelque part, elles seront certainement bien ici.

Complètement détaché des évènements, Léo regarda les cendres s’envoler sans rien dire. Médée ne l’avait jamais lâché depuis ces quelques jours et regarda avec lui le ballet aérien des cendres, silencieuse et complice de toujours. Le brun se sentait obligé d’observer tout cela jusqu’au bout, à vrai dire, même si il s’ennuya vite. Et après, que ferait-il? Il voulait avancer, mais n’était pas certain de savoir comment s’y prendre, maintenant que sa routine se voyait bouleversée. Quel avenir aura-t-il, maintenant, et quel avenir pour le reste de sa famille, aussi. Par rapport à ses habitudes d’angoissé, il se trouvait extrêmement calme. Certainement que cela ne durerait pas. A force de penser, il n’y avait plus une cendre dans les airs. Léo fit donc volte-face, et se retrouva face à Médée. Il put deviner au regard de la Carmache qu’il n’était pas dans on état normal. Il ne parvint pas à sourire, ou à faire comme si tout allait bien. Il se contenta d’échanger ce regard, avant de la dépasser pour retourner vers sa voiture garée sur un chemin de terre, à l’entrée su champ.

« Médée, tu viens? »


Quand il se retourna à nouveau, ce fut pour voir la peau écailleuse de sa plus ancienne allée se mettre à briller, et assister en spectateur privilégié à l’évolution finale de la Carmache… Non, la Carchacrok. Plus grande encore que tantôt, Léo fut pris d’un élan de fierté incroyable en regardant la belle dragonne qu’il regardait grandir depuis ses 10 ans, lui arranchant son premier minuscule sourire depuis plusieurs jours. Un chemin de 16 ans qu’il avaient parcouru ensemble. 16 ans, et non pas 15 comme il l’avait cru à première vue. Son 26ème anniversaire, il l’avait oublié, comme tous ceux des années précédentes depuis un bout de temps à vrai dire. Au final, Léo pense pouvoir dire que sa vie commence maintenant. C’est probablement ça le plus effrayant. La dragonne bleue s’approcha de son maitre, et posa ses bras imposants sur ce derniers, pour l’enlacer à sa façon, restant distance cependant, fière qu’elle a toujours été. Il ne sut pas si c’était le côté exceptionnel de ce geste qui lui déclencha de nouvelles larmes ou le fait de voir son amie se laisser aller qui entraina son propre lâcher-prise, mais le jeune homme ne put contenir une nouvelle crise de larmes contre son amie. Elle patienta en silence, comme Sachi l’avait fait quelques jours avant.

« Merci, Médée. »


Ceci mit fin à leur contact et Léopold fut le premier à s’éloigner. Sans renifler, il avait déjà séché ses larmes et ne semblait pas être prêt à pleurer de nouveau d’ici des années. C’est reparti pour un tour, comme on dit. Ce tour serait simplement le sien, pour une fois.

Morgue d'Anula, entre autres
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