« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 

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 United we stand [OS]

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Clive G. Donovan
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Clive G. Donovan
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MessageSujet: United we stand [OS]   United we stand [OS] EmptyVen 24 Juil 2015 - 2:22



United we stand

VS Méphisto
Évolution de Sheba

Dernièrement, j'ai pensé à toi. Et à moi.
Ses pas résonnent lourdement dans le couloir. Ses chaussures claquent sur le sol alors qu'il avance lentement, tout aussi incertain que fébrile, les bras le long de son corps, le regard uniquement fixé sur ce qui se trouve devant lui. Il lui semble que sa respiration est plus lente et difficile, mais l'angoisse est telle que tout son corps n'est plus qu'à ses yeux qu'un lourd poids qu'il traîne. Ezekiel le suit sans rien faire, inspectant chacun de ses mouvements, comme si il allait s'écrouler d'un instant à l'autre. Mais non, ça n'arrivera pas. S'écrouler devant la ligne d'arrivée n'avait jamais été le genre de Clive.
Et ce qui va finir par nous arriver.
Inspiration. La lumière lui agresse les yeux malgré la protection opaque de son casque. Les applaudissements tonitruants et cris surexcités du public ne sont à ses oreillers qu'un immense brouhaha désordonné et chaotique.Voir son visage sur les écrans le perturbe, encore plus en constatant que son entrée suscite l'agitation des spectateurs, chose dont il n'a toujours pas l'habitude. Mais peu lui importent tous ces détails en fait, tous ces petits rien qui n'étaient que des anecdotes comparés à ce qui l'attend réellement. Ça y est.
Il est là, devant lui. Leurs regards se croisent. Pour ce match, Clive a fait une exception ; il a laissé ses yeux à l'air, même si son casque le couvre toujours. Car il ne pouvait pas venir sans cela.
Nous allons nous entre-tuer, pas vrai ?

Le nœud dans sa gorge pourrait paraître ne pas pouvoir grossir davantage, mais c'est faux. Il pourrait étouffer à l'instant, et il n'est plus que nervosité. Toute son assurance l'abandonne, toutes ses résolutions se dissipent peu à peu, chassées par la peur et l'incertitude. C'est au prix d'efforts considérables et aussi un peu d'un grand miracle qu'il parvient à s'empêcher de trembler.
C'est peut-être toi qui me tueras. Ou moi qui te tuerai. Tôt ou tard.
Méphisto le salue par une révérence brève, Dalhia à ses côtés, inhabituellement calme. Il ne peut que savoir, maintenant, ou alors ce n'est plus qu'une question de minute. Il est vrai qu'il n'a pas souvent vu Ezekiel sous sa forme évoluée, mais sa Démolosse n'est pas sotte au point d'omettre de divulguer d'une manière ou d'une autre cette information à son dresseur. L'angoisse de sa réaction se fait plus forte. Mais il faut continuer.
Alors je veux essayer d'en parler avec toi avant que ça n'arrive.

C'est étrange à quel point il lui paraît distant et proche tout à la fois. Seuls quelques mètres les séparent pour la première fois depuis longtemps, et pourtant avec cette apparence, son jumeau lui paraît plus loin que tout. Méphisto est cette politesse, ces manières et cette distance qu'il met entre lui et ses challengers tout autant que cette bienveillance qu'il cherche à créer. Et Clive se bute à un être qui n'a rien de personnel, qui n'est pas destiné à lui, qui est fermé sur de nombreux points, qui se cache. Il découvre son frère sur un angle qui le blesse ; jamais ils n'ont été aussi détachés l'un envers l'autre. Clive ne s'était pas attendu à ça, pour tout dire, et il se retrouve même déconcerté par le calme absolu et le contrôle parfait de soi-même de l'autre alors qu'il se comporte comme si tout était normal, comme si il s'agissait d'un match comme tous les autres. Il le connaissait comme ce volcan qui emportait tout sur son passage, et voilà qu'il le voyait froid et maîtrisé, comme une horloge bien réglée. La peur le prend ; et si il n'arrivait pas se faire comprendre à cause de ce mur que Faust pose entre eux ? Et si tout cela ne servait à rien, au final ?
Ezekiel gronde doucement. Calme, Clive, calme. Il se force à respirer plus régulièrement, et se répète mille et une fois la raison de sa présence ici. Il faut bien ça.
Parce que je ne veux pas de ton sang sur mes mains.
Beaucoup trop d'années se sont écoulées. Perdues, envolées, jamais récupérées. Des souvenirs jamais partagés. Au fond, peut-être ne le connaît-il plus si bien que ça. Faust est loin de savoir tout également. Peu importe, de toute façon. Et la pensée le ferait bien rire, parce que qu'est-ce qui importe vraiment dorénavant ? À force de vivre le meurtre comme un métier, il a fini par comprendre qu'à son niveau, cette considération était juste ridicule. Il fallait juste avancer, point final. Clive n'était pas là pour autre chose, et si c'était égoïste de sa part, eh bien tant pis. Sa main tient fermement une ball qu'il ouvre au signal donné par l'arbitre.
J'en ai déjà trop.

Am I free?
Or am I just lost in a thousand waves deep in the ocean, ocean, ocean?
Should I drown myself now?
Did you crash on me I know you’re over thinking things,
But I need this, need this, need this from you so bad now
I’m not giving up, I’m not giving in.

La silhouette gracieuse et agile de l'Amphinobi se dessine peu à peu, jusqu'à apparaître complètement. Clive retient son souffle. Alors il sait, hein ? Izumi n'est pas un choix qui, dans ce contexte, pourrait être dû au hasard. Quoi de plus typique de Faust que de lui faire comprendre qu'il sait qu'il il est qu'en agitant devant lui l'un des souvenirs les plus heureux de leur jeunesse ? Avec Izumi, ils avaient tout à fait à deux. La nourrir, l'entraîner, la voir évoluer et grandir. Et il y a un an et huit mois, il le lui avait envoyé, décidant qu'il n'avait plus le droit de le garder avec lui. Après avoir été promu, il avait été incapable de la regarder dans les yeux, et qu'elle soit blessée en mission avait achevé de le convaincre. Et maintenant, voilà qu'il se retrouvait face à elle, et ses yeux qui le dévisagent sans pitié, qui cherchent à voir derrière ce casque si précieux pour l'identité de Clive. Faust avait toujours eu un humour très mordant.

Castiel, quant à lui, expire profondément. Rien de plus évident que lui en premier choix, vraiment. Qui d'autre aurait pu s'imposer comme l'élan, dans son équipe ? Le Gardevoir n'a pas peur pour le moins du monde, mais n'est pas suffisamment arrogant pour croire qu'un avantage de type suffira, ici, d'autant plus que dans ce cas de figure, ils ont tous deux l'avantage sur l'autre. En plus de ça, Castiel connaît Izumi ; lorsqu'il n'était encore qu'un Tarsal, il l'admirait tant qu'il aimait parfois la regarder combattre et s'entraîner sans rien dire, juste pour avoir le plaisir de témoigner de la fluidité de ses mouvements, de la puissance de ses attaques, de la grâce fatale de ses gestes. Et il l'admire toujours. Toutefois, il a bien l'intention de montrer qu'en presque deux ans, les choses ont changé. Il ne se cache plus dans la capuche de son dresseur dorénavant. Il est bien loin, le Tarsal qui, effrayé par tout, se réfugiait derrière Clive. Maintenant, c'était son caractère capricieux et trop assuré qui agaçait l'officier.

« Six deux un trois, Castiel.
- C'est bien terne, tout cela... Mettons-y davantage d'enthousiasme, Izumi ! »


Le Gardevoir tend les bras, décidé à prendre son adversaire de vitesse, mais un éclair bleu se précipite vers lui et déjà la grenouille se retrouve derrière la fée, le visage neutre, impitoyable et vive. Elle ouvrit la gueule, et un torrent d'eau tonitruant et horriblement puissant déferle sur Castiel, qui est renvoyé en arrière sous la force du coup. Le Gardevoir grogne, agacé d'avoir été stoppé et blessé dans son ego, mais il même si il tremble un peu à cause du contrecoup, ses yeux rouges brûlent d'une lueur de rage. Et il tend enfin les bras, laissant exploser l'attaque Pouvoir Lunaire qu'il préparait avant d'être touché par l'Hydrocanon d'Izumi, et la lumière qui est relâchée par le Gardevoir affaibli est telle que les deux humains doivent se couvrir les yeux de peur d'être aveuglés. Le son qui gronde dans le stade est semblable à une explosion.
Quand Clive rouvre les yeux, Castiel frémit, tremble, peine à ne pas s'écrouler tant cette attaque lui a demandé une grande partie de ses forces, et c'est tout juste si il ne s'écroule pas. Mais une fois avoir fini de regarder son partenaire, le regard du compétiteur se pose sur l'Amphinobi. Écroulée, littéralement assommée par le coup qui l'a mise complètement hors d'état de combattre, elle ne peut plus rien faire contre le Gardevoir qui a...
… Nous avons gagné la première manche ?

Il peine à le comprendre. Il n'est pas le seul visiblement, vu la bouche légèrement ouverte de Méphisto et la crispation qui s'est emparée de lui. Durant un bref instant, la stupeur s'est emparée de son frère qui n'arrive pas à croire ce qu'il voit, mais qui doit pourtant l'admettre, tout comme lui. Tandis que l'arbitre annonce la défaite d'Izumi, Clive ressent un léger pincement au cœur, mal à l'aise d'avoir causé cette douleur à l'Amphinobi. Il n'avait pas d'autre choix pourtant, et il sait que même si Castiel a agi sous le coup de la colère et de l'envie de prouver sa force, il ne se sent pas nécessairement supérieur ou quoi que ce soit. Il est étrangement calme d'ailleurs, et se dirige vers la grenouille qu'il téléporte jusqu'à Méphisto, pour qu'elle soit emmenée et soignée. Le conseiller sursaute en croisant son regard, et paraît surpris durant un instant, mais ne dit rien. Clive plisse les sourcils.

Le Gardevoir revient à ses côtés, fatigué mais encore debout, et le regard de Faust rencontre le sien, dans un mutisme lourd mais qui en dit bien plus que tous les mots qu'il aurait pu prononcer. Clive le lui rend bien.
Tu vois ? Les choses ont changé.
Mais pas toi.
Il déglutit devant l'accusation qu'il retrouve dans ces yeux impitoyables qui le fusillent. Nul doute que voir Izumi tomber ne lui a pas plu, et qu'il prend ce match pour une provocation. Ce n'est pas Méphisto qui se bat aujourd'hui, loin de là. Il s'agit ni plus ni moins de Faust qui chercher à imiter Méphisto, avec plus ou moins de réussite, mais la contrefaçon est foncièrement évidente pour n'importe qui le connaissant bien. Le public, lui, ne peut se rendre compte de la supercherie.
Il ne peut pas se reposer sur ses lauriers toutefois, car si il a remporté cette première manche, Izumi était la plus inexpérimentée de l'équipe, même si la sous-estimer aurait pu lui coûter la victoire. Il attend le choix de son opposant, la gorge sèche, presque submergé par la nervosité. Les pensées rassurantes que lui transmet Castiel par télépathie l'apaisent un peu, au moins.
N'en fais pas trop, Cas. Tu vas t'épuiser si tu continues ; garde tes forces.
Le Gardevoir hoche négativement de la tête, et Clive glousse amèrement et discrètement sous son casque.
M'écouteras-tu seulement un jour, foutu fée... ?
Il n'a pas de réponse à ça, hormis le sourire mystérieux de son ami. Cela lui suffit. Et avec cette présence à ses côtés, il parvient à rencontrer une nouvelle fois le regard bleu de son jumeau qui, sans un mot, saisit une nouvelle ball. Clive ne vacille pas devant la colère dans son regard, inflexible.

Drown me out,
After all of this pain you won’t see me.
Drown me now,
Through the fire and the smoke you can breathe me
Drown me out

Il attend Nero. C'est le plus évident à envoyer face à Castiel, et même si beaucoup le sous-estime alors qu'il s'agit en réalité d'un des éléments les plus dévastateurs de l'équipe de son frère, avec sa vélocité, sa puissance et sa précision impitoyable. Clive n'est pas naïf : il sait ce qu'il va se passer. Il n'y a même pas une once de doute sur le choix d'attaque de son frère, et il n'est pas le seul à être au courant. Pourtant, devant le danger imminent, Castiel ne démord pas, et affronte le regard du conseiller sans crainte aucune. Clive expire profondément.
Et il avait tort. Ce n'est pas le Dimoret que Faust leur oppose, mais Hadès le Corboss, qui déploie ses ailes dans un croassement lugubre et menaçant, teinté d'une jovialité doucereuse. Les sourcils de Clive se froncent ; pourquoi prendre un tel risque ? Aurait-il par hasard perdu la raison ? Il cherche une réponse dans son regard, mais il ne retrouve rien, hormis une lueur amusée, et de la malice dans son sourire au coin. La provocation est plus qu'évidente.
Bah quoi, p'tit frère, surpris?

Mais peu lui importe. Il doit continuer, et ce en dépit des manigances de l'autre pour le déstabiliser et jouer avec ses nerfs comme il sait si bien le faire. Castiel lui transmet une pensée, et il accepte sans broncher. Tant pis si c'est répétitif, mais il semble que cela soit la seule solution devant ce cas de figure. En voyant le Gardevoir préparer son attaque, un rictus inhabituellement mauvais pour lui étire les lèvres de Méphisto.

« Pas tout de suite, Gabriel... Hadès, fonce ! »

Entendre ce faux prénom est comme un coup, surtout avec ce ton doucereux et presque moqueur. Castiel se tient près, formant dans ses mains un rayon de lumière blanche semblable à celui subis par Izumi, et Hadès émet un son rauque qui résonne autour d'eux, jusqu'à ce qu'il ne disparaisse. Clive écarquille les yeux, surpris, tout comme le Gardevoir, qui s'immobilise en sentant une présence juste derrière lui, presque collée.  Dans ses iris rouges passent une lueur de peur, et le Corboss pousse un croassement semblable à un ricanement, comme si il exprimait celui que son dresseur taisait. Un hoquet d'horreur échappa à Clive.
Castiel cherche à s'éloigner, mais trop tard : Hadès s'abat sur lui, faisant fi de son léger désavantage de vitesse avec Coup Bas. Il est repoussé violemment plus loin, faisant s'élever un nuage de poussière dans sa chute. Le brun se mord les lèvres, déstabilisé, attendant presque désespérément un message télépathique de son compagnon, mais seul le silence lui est adressé. Hadès reprend sa position près de son dresseur qui lui caresse machinalement les plumes, comme si il ne s'était rien passé, et fixe d'un regard dénué d'émotions ses deux adversaires.
Ne commence pas à croire que cela sera aussi simple.
Non, ça ne le sera pas. Et il le savait avant de venir aussi. Castiel aussi. En le voyant chercher à se relever avec ses bras tremblants, il soupira.
Laisse-nous prendre la relève. Elle veut se battre, elle aussi. Je ne vais pas lâcher l'affaire comme ça.
Le Gardevoir hésite, puis finit par admettre sa défaite, et se laisse être aspirée dans sa ball où il pourra se reposer en paix, l'esprit tranquille d'avoir combattu jusqu'au bout. Clive ne se laisse pas être provoqué par le très léger sourire condescendant de son jumeau, qui observe chacune de ses réactions en attendant impatiemment d'y voir de la frustration ou au moins qu'il se décompose. Mais il n'y arrivera pas.

Is it me
Or are you the same as the weather it makes me
Uneasy knowing, knowing
How unpredictable you can be
I’m not giving up, I’m not giving in.

Il expire lourdement. Il a encore l'avantage. Renverser les choses n'est pas entièrement hors de sa portée, quoiqu'il puisse en croire, et ce malgré ce que chuchote son complexe d'infériorité dans un coin de son esprit. Il serra la ball bicolore dans sa main, cherchant dans ce geste un peu de bravoure, et il ne sait pas si il l'a trouvé, mais il a au moins le courage de libérer son prochain pokémon.
La Galeking poussa un grondement. Ravie d'avoir été appelée, un sourire carnassier se dresse sur son visage. Faust ne bronche pas, pas impressionnée, tout comme Hadès qui se permet même une petite révérence arrogante. On sonne le début de la seconde manche.
Si il faut persister pour que tu le comprennes, alors ne crois pas que je vais abandonner maintenant.
Montre-le moi, alors.

Il voulait tant laisser à Abaddon cette occasion de faire ses preuves après son échec face à Robert Ydal et ce match avorté contre Maxime Warren. La frustration avait été telle que, en considérant ses choix, Clive avait refusé de ne pas emmener la Galeking avec lui, même si c'était extrêmement dangereux vu l'équipe de son jumeau. Abby avait tenté de refuser, adorable chose qu'elle était, voulant toujours faire passer l'objectif de son dresseur avant ses envies égoïstes, mais l'officier avait persisté jusqu'à ce qu'elle ne finisse par céder. Et maintenant, contre un oiseau redoutable qui avait déjà donné des migraines à tant de types de pokémon, même ceux avantagés face à lui, elle est impatiente d'en découdre, de voir si elle réussira enfin à se montrer utile. Et Clive ne doute pas.

« A, quatorze un trois.
- Rappelons un peu qui nous sommes, Hadès. »


Méphisto semble imperturbable. Une forteresse de sang-froid devant une situation plus que difficile pour lui, et pas un seul instant d'hésitation ou de crainte. Clive ne découvrait pas l'affinité et le talent de son frère avec les combats, mais il ne pouvait s'empêcher comme à chaque fois d'être un peu perdu, se demandant comment diable cela se faisait-il qu'il n'ait pas encore tout perdu. Mais les ordres sont lancés, et c'est trop tard.
Déjà le Corboss part à la rencontre de la Galeking, évidemment bien plus rapide qu'elle. Abaddon cherche pourtant à préparer son attaque Lame de Roc, en dépit de tout. Mais en voyant la démarche arrogante semblable à une danse de l'oiseau, Clive écarquille les yeux ; un élément vient de lui revenir en mémoire. La baie. Arceus, il avait oublié la baie Prine qu'il avait pourtant acheté dans le cas où il se retrouverait dans une pareille situation, et vu l'expression d'Abaddon, elle aussi se rendait compte de cet oubli qui pourrait leur être fatal. Et la Galeking ne peut rien : peu à peu, devant la Vantardise d'Hadès, elle sombre dans la confusion et, dans sa folie, retourne les roches acérées qu'elle avait modelé contre elle. Clive l'appelle, mais rien n'y fait, elle ne l'entend plus.

« Abby, concentre-toi, ne le laisse pas te contrôler, s'il te plaît...
- Tout le monde fait des erreurs sous le coup de la colère, allons... »


Cette provocation moqueuse lui fait serrer les poings et les dents, et il ravale la réplique incisive qu'il aimerait tant sortir. Il a très bien saisi le double-sens de cette phrase, mais ne le relèvera pas. Ne pas le laisser lui aussi jouer avec ses émotions est quelque chose qu'il doit absolument faire. Ou alors tout ce qu'il voulait lui faire comprendre n'aurait plus aucune fondation.

« On retente !
- Cette fois-ci, je crois qu'il est temps de réchauffer un peu l'atmosphère, Hadès. »


Ordres à peine voilés, voilà la preuve que Faust le sous-estime à ses yeux, et cela l'enrage encore plus. Pourtant, il se maîtrise, se retient d'exploser, pleinement conscient qu'il ne fait que jouer avec lui et que ce fourbe sait exactement quoi dire pour lui faire perdre son calme. Il a toujours su, et il en joue avec une cruauté sans pareille. Mais ce n'est pas la première fois.

Drown me out
After all of this pain you won’t see me.
Drown me now
Though the fire and the smoke you can breathe me
Drown me out
Drown me out, just drown me out
Drown me out

Abaddon recommence. De nouvelles pierres se soulèvent, plus tranchantes que les dernières, mais Hadès est encore et toujours plus rapide, plus sournois et malicieux, et glisse sans mal au dessus de la Galeking qui voit arriver sur elle un déferlement de flammes. Un cri de douleur lui échappe, et Clive grimace. Mais malgré la douleur, la femelle parvient à lancer son attaque, et à cette distance elle ne devrait pas échouer... Et pourtant. Les lames rocheuses passent à quelques centimètres seulement du Corboss qui esquive gracieusement, l'air très satisfait. Si près, et pourtant maintenant c'est trop tard. Le coup, elle l'a senti passer, et Clive comprend bien vite au vu des dégâts que pour en rajouter à leur malchance, cette attaque a eu un résultat critique, mais les coups critiques étaient après tout la spécificité d'Hadès. Le joker de Méphisto, comme lui-même l'avouait sans honte, n'avait après tout pas hérité de ce surnom pour rien.
La situation empire de plus en plus. Fatiguée, Abaddon peine à se battre, mais continue tout de même, et Hadès n'a encore suivi aucun dommage. Mais elle sait que le moindre coup, grâce à la rage que lui a inspiré Vantardise, sera décisif. Et elle compte bien en profiter.

« Allez, Hadès, finis-en ! »

Clive hésite. Trop longtemps. Quelques secondes additionnelles qui décideraient tout. Des instants rapides durant lesquels Abaddon, au bout du rouleau, doit prendre une décision. Le Corboss s'approche, près à relâcher une dernière attaque qui la mettra au tapis, et la Galeking tend les bras, un sourire fier et provocateur aux lèvres. Cette fois-ci toutefois, Hadès a opté pour Tranche-Nuit, au vu de l'aura ténébreuse qui entoure les serres du rapace. Peu importe. Elle doit esquiver, si ils veulent encore avoir une chance.

« Recule, vite ! »

Abaddon refuse. Et c'est seulement maintenant que Clive remarque ce qu'elle a fait. Ses yeux s'écarquillent sous la réalisation et la panique. Faust somme lui aussi à Hadès de fuir, mais c'est trop tard ; le Corboss met toute sa force dans ce coup sur la Galeking. Un hurlement bestial résonne dans le stade alors que l'oiseau relâche une nouvelle fois son attaque, prêt à remporter cette manche. Une seconde tout juste après, un fracas incroyable résonne alors que les lames de roc lévitant encore dans le ciel, suffisamment en hauteur pour ne pas être remarquées par le Corboss alors qu'il fonçait vers Abaddon, tombe sur les deux pokémon, sans distinction. Le terrain tremble sous le coup du choc. Clive ne bouge plus.
Lorsqu'il voit enfin la Galeking, celle-ci est au sol, couverte de roches et de blessures, fortement touchée. Un hoquet d'horreur le prend et il crie son nom, et cette réaction semble la tirer au moins un peu de son état. Dans un geignement faible, elle sourit tout de même doucement, presque tendrement alors que ses yeux bleus rencontrent ceux de son dresseur et qu'elle lui indique d'un mouvement de la tête le Corboss vaincu à côté d'elle. Alors que ses yeux s'humidifient, Clive doit se mordre les lèvres jusqu'au sang pour ne pas se mettre à pleurer, incroyablement ému et croulant sous la culpabilité tout à la fois, alors qu'il comprend pourquoi elle a fait quelque chose d'aussi fou.

«  Oui, tu as été géniale, ma grande. Repose-toi maintenant, s'il te plait. »

Il retient difficilement ses émotions alors que les deux pokémon sont rappelés et confiés à des infirmières. Le terrain est dans un état catastrophique ; les pierres jonchent le sol, les traces de cendre noircissent le sable à plusieurs endroits et de nombreux petits cratères restent comme preuves des attaques violentes qui ont été échangées. Et il n'y a plus qu'un seul round. Faust n'a pas l'air si troublé par la défaite d'Hadès, comme si il s'y attendait, et qu'il était en réalité juste en train  de patienter pour voir venir arriver ce dernier combat. Le choix est évident. La décision plus dure. Clive s'en rend compte plus que jamais. Il déglutit nerveusement, sentant soudainement ses mains trembler alors qu'il échange un nouveau regard avec son jumeau.
Si tu veux reculer, tu peux encore le faire.
Tu n'as toujours pas compris.

Am I willing to make it
Willing to make up my mind
This decision is everything, everything
Am I willing to fake it
Willing to fake my whole life,
This decision is everything, everything

Deux hurlements résonnent dans le stade en une symbiose parfaite. Les deux Démolosses s'avancent devant leurs dresseurs, se dévisageant solennellement sans toutefois montrer la moindre trace d'animosité l'un envers l'autre. Clive expire, Faust reste immobile. Dalhia et Ezekiel descendent lentement vers le terrain, sans précipitation, s'inspectant mutuellement dans un silence respectueux. Ils retiennent leur souffle, impatients sans vraiment l'être tout à la fois. Il y a plus d'un an qu'ils se sont battus. La dernière fois, Dalhia l'avait humilié et battu à plat de couture, et il s'en souvenait encore, ayant gardé pendant plusieurs jours la marque de ses crocs sur sa peau. Mais en fait, cette cicatrice n'avait fait que le motiver à s'améliorer, à s'entraîner pour accompagner son dresseur jusqu'à ce jour qui arriverait, il en était persuadé. Maintenant, il n'avait plus qu'à faire ce pour quoi il s'était acharné à progresser pendant plus d'un an.
Les deux pierres accrochées à leurs cous s'illuminent : leurs corps prennent en masse, leur puissance semble doubler rien qu'à vu d’œil. Les deux Démolosses méga évolués exhalent paisiblement.

L'arbitre sonne le début. Les deux chiens tournent dans le terrain, sautent, s'esquivent, évitent les coups de pattes, les morsures, les déferlantes de flammes et d'ondes ténébreuses qu'ils créent. Ils se battent dans une harmonie étrange, comme si ils dansaient, tandis que leurs dresseurs n'accordent plus vraiment d'importance au combat, et que, le regard sévère, Clive rencontre celui de son jumeau.
C'est un combat sans fin. Sans but. On tourne en rond, Faust. Comme eux. Que penses-tu qu'il va y arriver, à force, hein...?
Ezekiel se jette sur la Démolosse qui fait un pas sur le côté et l'attrape par la gorge, le plaquant au sol avec des crocs électrifiés qui le font geindre de douleur. Mais le plus jeune des chiens des enfers n'attendait en réalité que ça et diffuser autour d'eux un gaz opaque, violet et toxique. Reconnaissant Puredpois, Dalhia, cherche à s'échapper, mais deux coups de pattes bien placés la renverse et la force à inhaler le poison, l'empoisonnant pour de bon. Satisfait, Ezekiel s'éloigne alors que la femelle se relève, sa fierté blessée d'avoir été ainsi manipulée et trompée. Mais elle n'est pas battue, loin de là, et si l'autre Démolosse continue de sourire, il n'en reste pas moins qu'il a subi une attaque Crocs Éclairs en plein sur le cou.
Et ils recommencent. Morsures, flammes, ténèbres ; le cycle se répète inlassablement, sans que l'un ou l'autre ne tombe, et ils poursuivent sans pause, décidés à en découdre, alors que tout montre pourtant qu'ils ne peuvent pas vraiment prendre le dessus, tous les deux. Et Faust le réalise. Clive soupire.
Tu vois ? Ça ne nous mènera jamais à rien. Ça nous défoule peut-être, mais l'on ne résout rien. Et je ne veux pas que l'accident que je redoute arrive. Je ne veux pas te tuer, volontairement ou par accident. Tu ne peux pas me demander de risquer ça, Faust. Parce que tu me tues un peu plus à chaque fois, comme moi.
Une lueur de tristesse passe dans son regard.
Nous avons déjà commencé. Mais on peut encore arrêter, et trouver une solution, tous les deux. Si on essaie. Sinon...

Dalhia ne sourit même plus en touchant son adversaire. Les ondes de sa Vibroscur se dissipe, mais elle n'en ressent aucune satisfaction alors qu'Ezekiel revient à la charge.
On courra tout droit à notre perte.

You know, you know
This takes the life from me
Takes the life from me,
Life of me
You know, you know
This takes the life from me
Takes the life of me
Life from me

Ne nous pousse pas à bout, Faust. Je t'en prie.
Le conseiller ne dit rien. Pas un ordre n'est dirigé à Dalhia. Il les observe, elle et Ezekiel,dans une lutte acharnée où aucun d'entre eux ne gagne, et où pourtant les blessures s'accumulent, où ils s'évertuent à tenter de gagner, sans résultat, sans progression quelconque. Si il était provocateur et condescendant tout à l'heure, c'est une neutralité presque mélancolique qu'il ressent alors qu'il regarde les deux chiens combattre.
C'était ça, que tu voulais que je vois, Clive ? C'était ça, ton objectif ?
Mais pas un mot, encore une fois, entre eux. Faust soupire.
Dans ce cas...
Il ne rêve pas ; c'est bien un sourire triste sur les lèvres de son jumeau. Toute cette pseudo arrogance qu'il avait voulu montrer avant vient de disparaître en quelques secondes. Et rêve-t-il, où Faust est-il en train de lever sa main... ?
Non, tu ne vas quand même pas...

I’m not giving up, I’m not giving in.

Un sifflet retentit. Clive écarquille les yeux, éberlué et ébahi, et ce en dépit du sourire tranquille sur le visage de son frère. Ezekiel réagit pareillement, et Dalhia soupire doucement, comme si elle s'était attendue à cette conclusion. Clive est perdu.
Pourquoi... ?

« Félicitations, Gabriel. Le symbole ténèbres est à vous. »

Sa gorge se noue. Il peine même à avaler sa salive. Méphisto a déclaré forfait. Le conseiller si fier et si déterminé à toujours donner les matchs les plus ardus possibles a laissé échapper ce symbole sans un gramme d'hésitation, et cela même si il faut que ça lui coûte un peu de sa réputation. Un goût d'inachevé lui reste coincé au fond de la gorge, et l'amertume qu'il ressent revient en houles de déception. Il ne sait plus quoi penser, désarçonné par ce geste de son frère, et ce symbole qu'il ne mérite pas.
Faust ouvre la paume de sa main fermement, en le forçant un peu, avant de l'attirer dans une étreinte qu'il fait passer pour rien de plus que de la cordialité. Mais Clive connaît la réalité, et la voix qu'il entend chuchoter est mille fois plus honnête.

« Parce que si il faut se sacrifier pour briser le cycle, alors je n'hésiterai jamais une seule seconde, Clive. »

Et il se retourne, quitte à pas légers le stade, Dalhia boitant derrière lui, laissant Clive seul avec Ezekiel, plongé dans ses pensées. Il faut toute sa force à Clive pour ne pas fondre en larmes juste maintenant. Mais au dessus de lui vole gracieusement une Altaria qui atterrit doucement à côté de lui, chantant une berceuse douce et un peu triste pour le calmer. Le cœur lourd, il passa sa main sur le coton de Sheba, ignorant les tentatives d'Ezekiel d'attirer son attention en lui mordillant la main. Mais il n'a plus envie d'écouter.

Drown me out
After all of this pain you won’t see me.
Drown me now
Though the fire and the smoke you can breathe me
Drown me out
Drown me out (just drown me out)
Drown me now
Just drown me out
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