Les dents de la mer IV, le retour de la vengeance

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« Clive, sérieux, tu vas rester là toute la journée ?
- Je fais ce que je veux, maman. »

Faust leva les yeux au ciel en voyant son jumeau reposer son regard sur son carnet de sudoku, comme une mémé sous son parasol, avec ses lunettes de soleil plus noires que noires. Il était parvenu à convaincre Natsume et l'ancien officier de venir avec eux à cette sortie plage qui était supposée mettre tout le monde de bonne humeur. Néanmoins, c'était visiblement sous-estimer les capacités des deux nerds de service qui s'étaient vite éloignés et posés à l'ombre, bien loin de l'eau et de la partie du volley-ball qui se déroulait. En plus de ça, pour couronner le tout et ajouter une bonne dose de ridicule, ils refusaient de se débarrasser de leurs t-shirts, sûrement pour cacher leurs cicatrices récentes, ce que Faust avait deviné même si cela ne lui plaisait pas des masses. Lui, néanmoins, ne cherchait pas à les cacher, en dépit des regards interloqués qu'on lui offrait de temps à autre. Mais même si il avait, par un miracle qu'on pourrait qualifier de divin, réussi à persuader Nagisa de les accompagner (au prix d'un chèque, en fait, mais ça il ne l'avouerait pas) et que Alice s'amusait à la faire traîner partout sans qu'elle n'arrive à dire non, rien n'y faisait. Les deux congénères aux longs regards blasés préféraient lire dans leur coin. Et Faust ne s’appellerait pas Faust si il était du genre à accepter facilement ce genre de choses.

Malheureusement, il se doutait bien qu'il ne pourrait pas porter Natsume et Clive sur son dos comme deux sacs à patate. Si il pouvait le faire pour le premier il y a deux ans, il y a fort à parier qu'il échouerait maintenant... Et que ce serait lui qui réussirait, et ça, il préférait l'éviter pour ne pas briser le reste de sa fierté. Ses solutions étaient donc très limitées : mais une en particulier lui plaisait énormément.

« Don ? »

La créature positionnée derrière les deux infidèles poussa un long cri joyeux, avant de pointer ses canons dans la direction des mémés de service. Ils n'eurent que le temps de tourner leur tête vers la source du bruit avant qu'un énorme jet d'eau ne les fasse tomber de leur chaise et ne les trempe des pied à la tête, pendant que quelques 'blblblblbl' s'échappaient de leurs gorges pleines d'eau. Le Tortank ricana tranquillement, à l'instar de son dresseur qui fixait ses deux victimes avec un rictus presque démoniaque.

« J'ai gagné. »

Bien évidemment, tout cela n'allait sûrement pas se terminer comme ça.

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En toute honnêteté, il se doutait bien que son sale coup n'allait pas rester impuni, encore moins lorsqu'on considérait qu'il venait d'énerver les deux nerds les plus vicieux qu'il connaissait en matière de vengeance. Mais il s'en fichait pas mal, puisqu'il avait surtout envie de les pousser à se bouger, ce qui était une réussite. Oh, le fait de se faire poursuivre en courant comme un dératé était un bel exemple, même si voir Natsume traîner loin derrière lui et Clive en haletant comme un chien essoufflé était magnifique. Ce n'était pas la première fois qu'il était pris dans une course-poursuite avec son frère, et il aurait pu écrire un livre entier sur toutes les occasions où il avait vécu cela. Mais étrangement, entendre Clive jurer et l'insulter de tous les noms en le poursuivant avait quelque chose de nostalgique et de rassurant, car il était bien plus heureux depuis qu'il avait été libéré de sa prison et que ses os s'étaient réparé. Alors bon, même si il risquait la mort une fois rattrapé, il y avait au moins un petit truc positif dans le lot.
Il s'écrasa la tête la première sur le sol lorsque Clive finit par lui sauter dessus, les envoyant tous deux au sol alors que Natsume les rattrapait progressivement. Et au vu du regard très mauvais que lui offrait son jumeau, il était déjà mort.

« On peut s'arran-
- Non ! »

Au moins, il aurait essayé. Il se débattit comme un diable, mais ne put rien faire alors que son cousin et son frère l'attrapaient fermement de chaque côté de son corps pour le porter. Pourtant, malgré tous ses essais et ses geignements désespérés, la poigne des deux nerds était trop forte, et il fut balancé avant d'être assez brusquement envoyé dans l'eau pour y boire cinq ou six tasses. Tandis que les ricanements mesquins des deux zigotos résonnaient, le conseiller gigotait dans tous les sens en essayant de se sortir de sa panade. Il ne réussit que grâce à l'intervention d'Isaac, qui venait de le relever en l'observant d'un air vaguement amusé.

« Tu t'es fait rétamer, là.
- Je te merde, menu best of de monoprix. 
- Langage, papa ! »

Il termina de recracher l'eau salée dans sa bouche en soupirant un peu, quoique il se permit un grand sourire en voyant les coupables se précipiter pour aller récupérer leurs précieux sudokus en proie à l'appétit d'un Ramolosse vorace. Bien fait, tiens !

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Malheureusement, Alice étant Alice, il fut impossible de la retenir lorsqu'elle se précipita vers le Ramoloss. Clive et Natsume étaient déjà aux prises avec la créature qui refusait de lâcher sa précieuse nourriture du jour, en dépit de tous leurs efforts. Faust la regarda du coin de l’œil, amusé par l'enthousiasme dont elle faisait preuve en voyant le pokémon, et déjà certain qu'elle ne tarderait pas à le capturer, vu qu'elle était déjà en train de presser le japonais pour une rapide ball. Il la lui concéda après un échange de regards avec le conseiller, qui acquiesça d'un air légèrement blasé, vu la vitesse à laquelle la gamine accumulait les pokémon pour son âge. Il faudrait vraiment qu'il commence à mettre des limites, même si il avait du bien à y penser... Et puis après tout, il supervisait tout ça, alors tant qu'il avait le contrôle, il pourrait se débrouiller.
Son attention fut toutefois captée par le fait que la gamine, une fois qu'elle eut capturé son nouveau compagnon, tira ses oncles par la main pour les forcer à la suivre jusqu'au bord de la rive, moment qu'elle choisit pour ramener plusieurs sceaux vides.

« On va faire le plus grand château du monde ! »

L'idée ne plaisait qu'à Alice, mais peu importe, puisqu'ils ne se sentaient pas capables de refuser quelque chose à la fillette qui les menait par le bout du nez depuis toujours. Faust ne put retenir un rictus mesquin en voyant son fier jumeau obtempérer sans plus attendre ; rien d'étonnant, à vrai dire, vu la facilité de Clive avec les gosses, et son incapacité à leur refuser quoi que ce soit. Mais bon, la vision avait quelque chose de touchant, vu que l'ancien officier s'appliquait à la tâche, en faisant bien attention à ne rien briser et à que tout soit impeccable.

« Preums sur les douves ! »

Natsume grogna, tenant visiblement à le faire en premier, mais ne protesta pas. Alors qu'ils travaillaient tous d'arrache-pied pour que cette horreur architecturale tienne, le regard de Faust s'arrêta plusieurs secondes sur son meilleur ami. Celui-ci essayait de convaincre une Nagisa à l'air peu convaincue de les rejoindre ou de bouger un peu, et le conseiller haussa les sourcils en voyant qu'il réussissait. Bah voyons, et lui devait sortir le chéquier ? Bah, au moins la jeune femme bougeait un peu, au lieu de rester isolée de tout le monde comme elle avait l'habitude de le faire.

« 'Tention papa, tu vas... ! »

Et un faux mouvement plus tard, une pince de Krabby venait pincer son derrière dodu, lui faisant pousser un cri particulièrement aigu et peu viril, avant qu'il ne se mette à courir comme un dératé en essayant de s'en débarrasser. Sans succès, malheureusement.

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Se faire pincer son majestueux derrière par un Krabby n'était pas prévu au programme, mais voilà qu'il hurlait comme un dégénéré en essayant de se débarrasser de l'abomination qui lui collait littéralement au derche. Les autres essayaient bien de l'arrêter, mais sans succès, puisque le conseiller continuait sa course folle dans l'espoir naïf d'être libéré de sa douleur. Ce ne fut que lorsqu'il sentit des lianes se refermer autour de lui qu'il fut obligé de s'arrêter, et il constata avec agacement que Natsume avait libéré une de ses créatures pour le maintenir. La pression sur son popotin lui tira quelques larmichouilles pathétique, mais il pu se permettre un gros soupir satisfait lorsque le gêneur fut enlevé de là. Même en voyant que son cousin lui réservait le plus bel air blasé qu'il possédait, cela ne fit pas disparaître son gigantesque sourire satisfait.

« T'as tout foutu en l'air, en plus.
- Langage j'ai dit ! »

Et effectivement, il avait fait l'erreur de tout bousculer en s'enfuyant. Gêné et un peu honteux, Faust sourit bancalement. Il se racla la gorge lorsque les lianes de la Vortente le relâchèrent et que tous les regards se posèrent sur lui, sans vraiment savoir quoi dire pour se racheter. Non, vraiment, dans la liste de ceux qui s'étaient ramassé comme des merdes, il venait de voler la première place.

« Bon, euh... J'vous paie des crêpes, d'accord ? Et on sera quittes.
- Avec suppléments ?
- Oui oui, avec suppléments. »

Cela parut suffire. Même si il n'avait pas faim et qu'il laisserait les autres se repaître comme ils le voulaient, il aurait au moins la paix. Ce ne fut que lorsqu'il remarqua que Nagisa était restée ici qu'il hausse les sourcils, curieux et un peu perplexe de la voir.

« T'as pas faim ?
- Pas envie, nan.
- T'es sûre ? J'veux dire, elles sont super bonnes en plu-
- J'ai dit non ! »

Faust haussa les sourcils devant le ton plus impérieux et sec de la jeune femme, surpris mais pas si étonné que ça au vu de son caractère. Ce n'était pas la première fois qu'elle haussait le ton face à lui, mais la voir ainsi énervée par une simple histoire de crêpe était étrange. Néanmoins, après l'avoir observé pendant quelques secondes et remarqué son expression étrangement semblable à Natsume lorsque celui-ci cachait quelque chose, il comprit. Ses yeux s'écarquillèrent un peu et il gloussa sans honte, s'attirant un regard noir meurtrier.

« Quoi ?!
- Ça te gêne que je paie, c'est ça ?
- N-non ! »

Touché. Tel frère, telle sœur, et la gêne de Nagisa était palpable, encore plus depuis qu'elle serrait les dents et détournait les yeux. Le conseiller soupira d'un air exaspéré.

« Roh, ça va, ça va... C'est juste une crêpe, hein, j'suis blindé, ça va pas vraiment me faire battre l’œil.
- C'est pas ça. »

Et visiblement, vu le ton de la japonaise, il y avait effectivement quelque chose de plus derrière tout ça. Le sourire de Faust s'effaça petit à petit, et son visage se fit plus sombre.

« Me dis pas que...
- Ferme-la. »