Silencieux est le Centre Pokémon de Baguin. À cette heure des plus tardives, ce n'est guère surprenant.. Hormis les pokémons de Maelys qui sont de garde cette nuit, tout le monde dort déjà. Même Eugène, épuisé d'une très longue journée, a fini par aller se coucher ; non sans que je l'ai pressé plusieurs fois à le faire, sinon il aurait veillé avec moi ce fou. J'ai également réussi à convaincre Flynn, mon Elekid, de monter dormir, mais impossible d'en convaincre Bambi qui refuse de me laisser seule. La raison de cette veille que je mène ainsi? Tout simplement le petit œuf gris confié par mon responsable de stage le jour où je suis repartie pour Enola. Depuis quelques heures, il s'illumine à intervalles réguliers, s'auréole d'une vive lumière blanche l'espace d'un instant avant de reprendre sa couleur normale ; & hop, rebelotte quelques secondes après. Cela dure, dure, le temps s'étire mais je ne m'inquiète pas trop. Ma grande sœur m'a prévenue au début, voyant que je commençais à m'agiter, que cela pouvait être long & que ce n'aurait rien d'anormal tant qu'il continuait de s'illuminer de cette façon. La lumière n'a pas changé. Alors je ne m'inquiète plus trop, car j'ai totale confiance en Maelys. Je me contente de rester au côté de l'œuf, avec mon Vivaldaim, dans la salle des naissances du Centre. Prête à veiller s'il le faut, pour que ce petit ne soit pas tout seul quand il naîtra. Pour l'accueillir comme il se doit.

Je ne compte plus les heures qui se sont écoulées depuis que je me suis installée là, dans un des fauteuils confortables de la pièce aux couveuses, l'œuf sur le point d'éclore blotti dans mes bras. La nuit est tombée depuis, en tout cas. Couché par terre à mes pieds, Bambi a fini par s'endormir, tel un bienheureux. Si mignon que je n'ai pas osé le secouer pour lui dire de monter dormir dans ma chambre. Il doit être deux heures du matin peut-être, ou dans ces eaux-là. Un regard par la fenêtre m'apprend tout du moins qu'il fait toujours nuit noire, que la seule source de lumière réelle dans la pièce éteinte reste l'œuf dont la coquille s'auréole régulièrement d'une vive lueur blanche, sans pour autant éclore tout de suite. Le temps passe, lentement & silencieusement, les secondes deviennent des minutes qui à leur tour se muent en heures. Je ne le compte toujours pas, ni ne cherche à le faire. J'attends seulement, simplement, avec une patience d'or que je ne me connaissais pas. Fredonnant parfois une petite berceuse à voix basse, pour le bébé pokémon ou mon starter endormi, je ne le sais pas vraiment moi-même. Puis, finalement l'épuisement a raison de moi aussi, sans même que je ne m'en aperçoive ; & ainsi blottie dans mon fauteuil, l'œuf s'illuminant toujours à intervalles réguliers serré précautionneusement contre moi, je rejoins le pays de Morphée.

C'est un gazouillement qui me tire du sommeil, après une durée que je ne saurai définir. En tous les cas dehors, le ciel blanchit ; l'aube doit être proche. Entre mes bras, l'œuf a totalement changé, sa coquille dure & lisse n'est plus, ne reste que la chaleur d'un petit corps blotti contre mon cœur. Un petit corps à l'origine du gazouillement mélodieux qui m'a éveillée, fort probablement. Assurément même, ainsi que je le découvre en ouvrant doucement les yeux. Tout contre moi, un adorable petit oisillon chantonne joliment, avant de se taire soudain en découvrant que je l'écoute, que je la regarde. Un petit sourire nait sur mon visage, & je lève la main doucement vers sa tête, caressant tendrement son plumage soyeux de bébé. N'aie pas peur, ma puce. Ce n'est que moi, & mon attitude envers toi ne changera pas sous prétexte que tu as enfin éclos. Mon sourire s'étire, affectueux, mon regard des plus sincères ne la quitte pas. Alors elle se détend bien vite, apaisée, pressant sa petite tête contre ma main en gazouillant de nouveau, en quête d'autres caresses. Adorable qu'elle est. Tout doucement, je la serre contre moi, déposant un léger baiser presque maternel sur son crâne, soufflant quelques mots qu'elle seule entendra.

- Bienvenue à toi, ma jolie Mélodie..