Le temps était incertain. L’air était lourd et sentait l’ozone. Les nuages sombres qui gonflaient le ciel semblaient sur le point d’éclater à tout instant. Les vivants s’étaient terrés chez eux et avaient sortis jeux et livres pour faire passer le temps. D’autres, plus jeunes, attendaient l’orage qui menaçait le nez écrasait contre les baies vitrées. La plupart des pokémons des forêts avaient trouvaient un abri sous une souche ou dans le terrier d’un voisin porté disparu. Observant tout cela, le volcan. Immense, énigmatique et majestueux, il défiait l’île entière. Il les avait vu, les hommes en mal d’aventures, assoiffés par le pouvoir ou simplement attiré par son flan irrégulier. Lui, Limar, le géant de pierre et feu dont la roche brûlante témoignait encore des colères passées. On l’avait craint, on frémissait en murmurant son nom, cela pendant des années, où ivre de rage il vomissait haine et dégoût. Mais le temps avait œuvré et un jour ça colère était devenu trop lourde à porter, épuisé et vidé de ses forces, le colosse s’était endormi. Parfois ses yeux s’entrouvraient et il regardait le vaste monde, hagard. Il était si faible… Il n’avait même plus la force de se révolter contre les hommes qui le piétiner avant de lui arracher les pokémons qu’il avait vu naître. Soupirant parfois dans un nuage de fumée grisâtre. Mais ce jour-là, il n’attendait personne. Il savait les bipèdes trop craintif et lâche pour explorer les cavités qu’il cachait, alors que l’orage s’abattrait d’ici quelques heures. Mais il y en eu un, ou plutôt une.

Sur les sentiers balisés elle avançait d’un pas ferme, pestant parfois contre le chemin accidenté qui l’empêchait d’avancer plus vite. Elle n’avait pas l’air préparé, avec son blazer bleu marine et son pantalon qui devait sortir du dressing. Le pire restait probablement ses chaussures : des ballerines presque neuves avec de petits talons. Elle n’avait pas l’habitude « d’explorer », en tout cas pas des contrées sauvages où on avait laissait à la nature une place définitivement démesurée. En quoi des cailloux pointus qui lacérer ses jolies pieds au moins autant que ses pompes représentait-il un patrimoine à préserver ?! Ce n’était pas vraiment le nombre de chiffre avant la virgule sur la facture de sa tenue qui la gênait, elle avait grandi dans le luxe et les vêtements réduits en lambeaux par ses jeux d’enfants étaient aussitôt remplacés par d’autres, plus beaux et plus chers. Non, plutôt le fait que sa tenue « élégante » ne soit pas compatible avec ses recherches. Indifférente au ciel chargé et peu avenant, elle poursuivait néanmoins sa route. Son carré court lui tombait dans les yeux lui masquant partiellement le paysage et une petite vicieuse qui avait tôt fait de la faire tomber. Les efforts fournis pour atteindre le pied du volcan l’avait mis en sueur et elle bénissait Arceus que personne ne soit témoin de cette scène. Entre sa tenue poussiéreuse et son visage couvert de petite griffures, elle devait ressemblait à une sauvageonne. En parlant de sauvageonne, Elise n’avait jamais vu Eleanor aussi joyeuse. Elle s’attendait à ce que la petite se mette dans tous ses états en voyant le volcan à l’horizon, mais avait eu la surprise de constater que non. On aurait pu croire, après tout c’était un pokémon plante et la Pampelune avait bien compris que son truc dans la vie c’était de tourner autour des arbres. Mais là, c’était presque l’inverse. Le pokémon à la silhouette nuageuse se servait du vent pour prendre les devants de la petite troupe, enchaînant les galipettes dans les airs ce qu’Elise prenait comme une provocation pure et simple.

Des fois la silhouette d’Eleanor disparaissait et la benjamine la hélait. Elle ne s’inquiétait pas du tout. Il aurait fallu être bien sot pour croire pareil absurdité. Non, elle aurait juste était agacé de devoir faire demi-tour parce que l’imprudente s’était fait cramé par un pokémon du volcan. Un pokémon du volcan… C’était son véritable objectif. Elise venait ici avec la ferme intention de repartir en compagnie d’un nouvel allié. Elle le voulait majestueux ou du moins agréable à l’œil. Ça lui changerait de Leborgne, elle glissa un regard dédaigneux au malosse qui eut la chance de ne pas le voir. Il n’y a pas si longtemps de cela, la Pampelune s’était interrogée sur ceux qui motivaient son manque flagrant d’affection ou de douceur pour le pokémon. Les raisons s’était accumulés avec une telle rapidité qu’elle était ressorti le cœur léger de cette interrogation culpabilisante. Leborgne ne mettait pas d’être traité avec tendresse, le chien, lui-même, devait avoir conscience de cet état des choses. L’était juste là pour obéir être efficace dans la mesure où il pouvait l’être. La seule chose ou la malosse avait fait ses preuves, c’était le combat,  bien qu’Elise nourrisse toujours des doutes à ce sujet : adversaire trop faible, terrain avantageux, coup de chance… Après avoir cernés ses capacités, il ne restait à la jeune femme plus qu’une seule chose à faire : les exploiter. Avec son physique de tueur à gage, il serait celui qui liquiderait les témoins gênant et imposerait le silence dans les salles où elle auditerait. Elle les voyait déjà… Pas elle et Leborgne bien sûr. Les foules. Les foules immenses, denses et captivées par son propos, elle rendrait ses prestations uniques et ferait de son image un emblème pour tous. Elle ferma les yeux histoire de mieux savourés, les applaudissements et le bruit des pierres qui tombent avec fracas… Une minute ?! Elise eut juste le temps de se dégager pour éviter un éboulis rude qui l’aurait probablement emporté dans une chute fatale vu la hauteur à laquelle elle était parvenue.

Son cœur avait battu fort. Il avait tambouriné dans sa poitrine comme un lion en cage après l’éboulis. Ses pupilles s’étaient étrécis révélant un peu plus l’ocre sauvage de son regard, elle était restée là. Revivant le presque drame durant plusieurs minutes. C’était une spirale douce et mauvaise,  elle ne pouvait s’empêchait d’imaginer son corps empalé sur l’une des pierres longues et aiguisées en contrebas. Elle se voyait, ses membres tordus dans des angles impossibles, son teint livide jurant avec l’écarlate qui s’échapperait de ses plaies. Et ces visions de cauchemars faisaient revivre la petite fille qui se terrait au plus profond d’elle-même. Cette terreur négligée qu’elle enfouissait sous un masque de bienséance. Cette léthargie où sa gorge sembla s’asséchait et où raide comme un piquet elle crut voir cent fois une mort atroce se dissipa pourtant. Un « Douuu ! » jovial et candide l’en tira, son cœur loupa un battement, la brune battit frénétiquement des paupières et dans un réflexe guerrier réceptionna l’adorable nuage qui se venait de se jeter sur elle. Eleanor dans son inconscience habituelle ne s’aperçut même pas que sa dresseuse avait pâlie. Elle babillait dans son langage des petits sons impatients et aigues, s’extirpant rapidement de l’étreinte de sa jeune maîtresse. Elle prenait un malin plaisir à tourner autour de la tête de Leborgne en évitant les crocs de ce dernier qui se refermait dans le vide. Elise reprit doucement mais surement ses esprits. Elle balaya sa peur d’un sourire doux et se fit la promesse de ne plus se laisser distraire.

Elle ne s’en apercevait que maintenant, mais elle était montée très haut. Elle n’était plus qu’à quelques minutes du sommet désormais. Son frère lui en avait vaguement parlé, une croute suffisamment dur pour qu’on y pose les pieds, mais c’était rare que les touristes s’y risquent. Même endormi depuis plus de cent ans, l’idée de se retrouvé brulé vif dans de la lave en fusion dissuadait la majorité. Confiante, elle analysa rapidement le paysage qui l’entourait. Sur la pierre dure, rien ne poussait, l’air était poussiéreux et chaud, presque brûlant. Tant mieux, elle accueillerait l’orage comme une bénédiction à ce rythme-là. La Pampelune jeta un œil au ciel assombris, c’était curieux qu’une pluie salvatrice et parsemée d’éclairs n’est pas encore fait son apparition. Tant pis. Elle n’allait tout de même pas s’en plaindre, vu le piteux état de ses fringues autant ne pas empirer le retour. Leborgne lâche un grognement sourd qui irrita Elise au plus haut point, elle qui faisait face au vide depuis quelques minutes se retourna violement. Ses yeux jetés des éclairs et il ne fallut pas plus de quelques secondes au malosse pour qu’il tente de tête basse et oreilles couchées.

« Ferme ta gueule tu veux, je me concentre. »

Et sans lui accorder plus d’attention, la brunette opéra une rotation vers le sentier qui se transformait en une sorte d’étrange escalier dont elle ne parvint à définir s’il était naturel ou taillé par l’homme. Eleanor passa près d’elle avec empressement. La dresseuse roula des yeux, cette imbécile allait finir par avoir un accident. Elise ne fit cependant aucune remarque à la doudouvet qui avait quand même réussie à pousser la calme Leborgne à bout. Indulgence qui rendit le chien amer lorsqu’il emboîta le pas à sa dresseuse qui marchait avec assurance et prudence sur le sol poussiéreux et couvert de scories. Tout semblait si serein dans le chaos autour d’eux. Plus ils avançaient plus l’air semblait s’épaissir et la jeune fille fut prise d’une violente quinte de toux qui lui brûla  la gorge à deux reprises. Si seulement elle avait était un peu plus prévoyante, elle soupira. C’était bien la première fois qu’elle regrettait cette glue de  Gulia. Sa nourrice dont les cheveux grisonnaient depuis quelques années, se souvenaient toujours de ce genre de détails. Grâce à elle, Elise avait toujours connu le luxe d’oublier son imperméable un jour pluvieux, sans être mouillée ou encore de recevoir une assiette de cookies bien chauds, alors qu’elle était privée de repas. La brune avait toujours rabroué cette femme dévouée et courageuse qui avait vu ses deux enfants mourir avant de s’installer chez les Pampelune, sous l’aile protectrice de la mère. Quelle vieille chouette celle-là. Le mépris naturel d’Elise effaça le souvenir de la bonne en quelques secondes. Elle n’avait pas de temps à perdre, elle cherchait de nouveaux alliés.

Les escaliers étaient plus escarpés qu’elle ne l’aurait cru. A cet instant précis, le sac pesait plus d’une tonne aux yeux de la dresseuse qui choisit de le délaisser. Se contentant d’une pokéball et de sa bouteille. Ses mains furent vite écorchées et sa voix parfois plaintive, parfois hargneuse fendit l’air plus d’une fois. Au sommet de la bute, sagement installée, Eleanor attendait en baillant. Le premier pokémon d’Elise avait, quant à lui, évaluait l’escalade et en avait déduit que ce serait un montée surement éprouvante, mais aisée. Pour ne pas brusquer l’ego de sa maîtresse, il avait choisi d’attendre qu’elle soit parvenue au sommet pour la rejoindre. Il voyait bien qu’elle devait brider ses nerfs pour ne pas engueuler la doudouvet dont l’inconscience frôlait la stupidité. Lorsqu’enfin posa le pied sur l’immense croûte dont lui avait parlé son frère, elle se sentit incroyablement libre. Sa tenue était foutue, ses talons explosés, elle était trempée de sueur, mais quel soulagement. Voir les quelques bonds qui suffirent à Leborgne pour être à nouveau collé à sa jambe furent un coup direct portés à son orgueil. Mais la brune ravala l’offense, décidée à ne pas se laisser gâcher le plaisir.

C’est là qu’elle le vit. A moitié effondrée sur un rocher émergé, ses traits étaient paisibles, il dormait. Le mirage ne dura pas bien longtemps, ses paupières s’entrouvrirent et une paire d’yeux interrogateurs et vifs se posèrent sur la dresseuse. Cette dernière était bien trop captivé pour se soucié au-delà de cette question tacite. Le pokémon était petit, mais il se dégageait de lui comme une force vivante et bien réel. Son regard avait beau être ensommeillé et ses mouvements lents et patauds, il semblait à la benjamine qu’il résidait en lui intelligence et habilité. C’était un petit singe. Un petit singe enflammé qui ravivait de nombreux souvenirs chez la brune. C’est lui qu’elle voulait. Lui et pas un autre.

« Ouisticram. Je suis Elise Alessia Pampelune. Je ne te demanderais qu’une chose de me rejoindre. A mes côtés, je te promets la gloire et l’abondance. Acceptes-tu ? »

Il y eut un blanc, l’un de c’est silence pesant qui alourdissait n’importe qu’elle situation. Le jeune singe prêta un attention plus que limitée à la jeune femme. Il la regarda de ses grands yeux hagards avant de s’étirer doucement. Ses petites mains se levèrent vers le ciel noir pendant qu’il dérouiller ses muscles. Face à lui, Elise était debout et perplexe. Elle hésitait à se sentir froissé par ce comportement indifférent à son égard. Elle aurait préféré que le bestiau la défie ouvertement, elle se serait sentie moins bête et moins minable. Etre snobée était un sentiment qu’elle expérimentait rarement et l’être par un pokémon était deux fois plus humiliant. Le désir qu’elle avait de voir la jeune créature dans son équipe surpassait heureusement la colère noire qui menaçait de prendre le contrôle de son corps. Elle trop grande pour faire un pareil caprice. Le brune posa son regard sur Leborgne, le chien attendait apparemment lui aussi s’impatientait à l’idée que ce pokémon entrave trop longtemps leur route. Elle pensa à ses qualités de guerrier, à son façon de bondir d’un bout à l’autre du terrain en enflammant le terrain. Récemment l’animal s’était mis à se faire les crocs, exaspérant les nerfs de son impatiente maîtresse. Plusieurs fois, elle l’avait enfermé dans les toilettes de la suite en lui crachant les pires jurons qu’elle connaissait en découvrant en pied de table salement amoché. Et puis, elle avait compris. Ça avait été très vite en fait, un soir elle avait surpris Leborgne sur le fait. Ces dents scintillaient étrangement, alors qu’il laminait son écuelle. Morsure. Elle avait failli le féliciter d’avoir appris une nouvelle attaque qui, aux vus des différents dommages sur le mobilier, allait faire des ravages chez leurs adversaires, puis c’était ravisée. Le malosse méritait un traitement sec et ce serait l’encourageait à faire des conneries. Elle lui avait donc à nouveau hurlait dessus et avait poussé le sadisme jusqu’à le faire dormir dehors. Elise ne savait pas vraiment pourquoi dehors, mais cette punition l’avait toujours terrifié. Lorsqu’elle était gamine, son père s’amusait parfois à proférer ce genre de menace et bien qu’il dise cela d’un ton badin avec un sourire moqueur sa fille couinait et tremblait sur sa chaise. En punissant le malosse, elle avait presqu’eut peur d’être atteindre d’un forme de culpabilité, mais non. Son repos avait été paisible et sans rêve. Elle avait retrouvé le clébard le lendemain matin et ce dernier c’était montré exemplaire à la suite de cet épisode.

Elise songea à ses talents naturels pour le dressage. Eleanor était encore un peu frivole et ne semblait pas se soucier le moins du monde de ce qui se produisait autour d’elle, mais un petit resserrage de vis et elle aurait tôt fait de retrouver le droit chemin. La Pampelune examina quelques instants de plus le Ouisticram. L’animal était orgueilleusement dressé sur le rocher où il avait trouvé refuge pour dormir un peu plus tôt. Il la toisait de son regard malicieux, la défiant muettement. Souhaitait-il la rejoindre ? Ou tout cela était un jeu ? Le pokémon lui rappelait les singes du zoo en Italie, cette même moquerie cachée au fond des pupilles. Elle ne savait pas trop qu’elle était la réaction adaptée face à un tel comportement. Après tout la bête semblait animée par une douce joie, une bonne humeur tranquille. Lasse de réfléchir à ce que le chimpanzé pouvait bien attendre d’elle, elle fit ce que lui criait son instinct : elle lança les hostilités.

« Leborgne, morsure maintenant, débrouille-toi pour frapper le premier. »

Comme s’il attendait ce moment depuis le début de la rencontre, le chien bondit droit sur l’adversaire de feu. Sa course était agréable à l’œil, les foulées larges et puissantes lui permirent de gagner le rocher en quelques secondes. Sa mâchoire brillante se referma violement sur le bras de la créature qui lâcha un cri de détresse. La peur défila dans les yeux de l’ennemi, mêlée d’incompréhension et d’étonnement. Il était clair que le petit mammifère les avait sous-estimés. Tant mieux, la victoire ne serait que plus facile. Ce fut la brune qui laissa échapper un hoquet de surprise en voyant l’agilité du pokémon qui sortit son bras blessé de l’emprise du malosse à une vitesse stupéfiante. Bien que déjà sérieusement désavantagé, par le premier assaut du chien des enfers. Il prit le parti de garder son sourire insolent et bondit avec souplesse sur le dos de Leborgne. De ses griffes aiguisées il lacéra l’échine du canidé qui glapit de douleur. La dresseuse qui observait d’un œil attentif et froid le combat, fit la moue en constatant que son imbécile de pokémon s’était à nouveau laisser prendre au dépourvu. Il lui manquait cette capacité d’adaptation pour mieux frapper l’ennemie. Il était grand temps de reprendre les choses en main, le singe ne tarderait plus à être en position de faiblesse de toute façon.

« Attention ! Il faut que tu sois plus malin, anticipe ses attaques et reste à une certaine distance. Morsure encore une fois. »

Probablement vexé de s’être laissé prendre aussi facilement, le malosse fit tomber son adversaire d’une secousse énergique. Il lui tomba presqu’immédiatement dessus et referma l’étau de sa mâchoire sur l’une des pattes du Ouisticram qui gémit douloureusement. Immédiatement il fit quelques pas en arrière, en position de bondir pour esquiver une autre attaque griffe. Le singe se releva avec quelques difficultés, ce qui tira un sourire victorieux à Elise : Il était cuit. Les cendres qui voletaient autour d’eux réduisait son champ de vision et rougissait ses yeux irrités, mais elle ressemblait à c’est généraux de guerre à deux doigts la victoire : triomphante et inébranlable. Voyant qu’il ne pourrait atteindre le malosse frontalement cette fois, le chimpanzé cracha un torrent de flammes que Leborgne reçu sans broncher. Un sourire carnassier étira ses babines, alors que son regard se teinté d’une prétention familière. Elise remarqua à peine que son pokémon lui avait piqué l’une de ses moues favorites, son esprit était en ébullition. La brunette voyait bien que son adversaire était à bout de force, le moment idéal pour frapper. Elle tenait son sort entre ses doigts et cette idée la ravissait. Elle pouvait l’abattre ou lui donner une chance de rejoindre l’équipe.  Le pouvoir, toujours ce pouvoir insidieux qui faisait palpiter ses veines et la confirmait chaque fois un peu plus dans ses ambitions. Elle posa la bouteille d’eau maintenant tiède au sol pour mieux viser. Elle remercia silencieusement son père de l’avoir encouragé à prendre des cours de lancer de couteaux et dans un geste expert, projeta la sphère rouge. Le missile ne manqua pas sa cible, il était si rapide qu’il siffla au-dessus de la tête de Leborgne qui eut un reniflement dépité en voyant que sa dresseuse voulait encore ajouter un pokémon foncièrement enfantin dans son équipe.

L’éclair rouge absorba le singe et la benjamine s’apprêtait à  faire une remarque sur l’emprise qu’elle avait sur le mental des pokémons qu’elle rencontré quand un claquement sonore se fit entendre. Bien plus bruyant que celui que la pokéball d’Eleanor avait fait en se refermant, celui-là fut synonyme d’éjection. Le ouisticram en ressortit apparemment surprise de voir avec qu’elle facilité elle s’était défaite de l’objet. En voyant le visage de la dresseuse déconfite et éberlué, la bête hésita, mais fini par se jeter au visage du chien ennemi avec une attaque griffe bien placée.

Elise resta pantoise. On ne l’avait pas habitué à ce type d’hostilités. Elle était toujours restée cantonnée au rôle d’intouchable. Il était navrant de constater qu’un pokémon aussi chétif et affaiblis que celui qui lui faisait face pouvait se rebeller. Perché sur son caillou, il toisait d’un œil orageux la gamine qui s’était cru permise de lui retirer sa liberté. La brune n’essaya même pas de nier l’évidence, ce pokémon refusait net sa proposition. Elle serra les dents et sentie une rage incertaine monté en elle. Un caprice puéril menaçait de l’emportait sur ses bonnes résolutions. Alors elle resta campée sur ses pieds à attendre que l’orage passe. Des gouttes qui s’écrasaient sur son visage en traçant des sillons la firent sursautées. Durant un cours laps de temps, la brune crut qu’elle pleurait. Cette idée la rebuta tellement qu’elle faillit verser de vraies larmes. Heureusement leur débit précipité et le bruit d’un orage qui zébrait le ciel la ramena à la réalité. Incertaine elle prit une seconde pokéball. Celle de secours. Celle qui ne fallait utiliser que si l’ennemi en valait la peine. Deux voix criaient dans la jeune femme. L’une était démente et fourbue, elle pleurait en riant et chantait la défaite prochaine. L’autre couinait comme une gamine et exigeait le singe de feu. Elise brandit la pokéball balayant de ce geste spontané les deux voix. En face d’elle le ouisticram souriait révélant un sourire dentu. Il ne se laisserait pas prendre, jamais.

Touchée dans son orgueil, Elise n’attendit pas un seconde de plus. Elle fit claquer sa langue avec agacement et à nouveau elle projeta la sphère, droit sur le chimpanzé. Celui encaissa le coup sans broncher. La ball vacilla sur le sol quelques instants, un semblant d’espoir naquit dans le cœur de la riche héritière. Un éclair blanc mit fin à ses illusions libérant l’animal qui furieux se jeta sur  Leborgne. La brune faillit céder à un élan de désespoir, elle n’avait plus une seule pokéball, la pluie trempait ses vêtements et la marche l’avait exténuée. Elle refusa. Sa mâchoire se contracta, ses yeux rougis par la fumée se plissèrent, alors qu’elle tentait deux rester concentrée sur les deux silhouettes qui s’affrontaient. Le ouisticram n’avait pas hésité et tout juste sorti de l’outil de capture il s’était jeté sur le malosse. Ce denier avait encaissé le coup comme il avait pu, mais on voyait bien que les multiples plaies qui suintaient commencé à se faire ressentir douloureusement pour lui aussi. Sa maîtresse s’obligea à inspirer calmement et en rouvrant ses yeux ambre, elle était de nouveau apte à avancer, droite.

« Leborgne, tu avances doucement d’abord. Je veux que tu le coinces au moment même où il tentera un assaut. Morsure. »

Tout se déroula selon ses dires. Le pokémon ténèbres obéissait avec une ferveur déstabilisante, et ça marchait. Lentement d’abord, l’ennemi du croire à une ouverture dans laquelle il s’engouffra sans l’ombre d’une hésitation probablement trop fatigué pour réfléchir à la stratégie de la peste qui l’avait tiré de son sommeil pour un combat houleux. Il bondit. Un saut long et gracieux qui s’éternisa. Leborgne le cueillit au vol, il ne lui laissa aucune chance fracassant son corps de macaque par terre. Ses yeux brûlèrent de colère, un vieil instinct de chasseur sans doute. Le pokémon étendu au sol Elise ne put s’empêcher de soupirer de soulagement. Ses paupières étaient si lourdes, même le chaos du volcan et la pluie violente et impitoyable ne suffisait plus à la maintenir éveillé. Il fallait qu’elle dorme. Alors qu’elle menaçait de tomber, elle eut un éclair.

« Eleanor ? Où est Eleanor ? »

Elle marcha, hésita, tangua, tituba, avant d’être rattrapée près du gouffre par les crocs de Leborgne et un petit nuage qui la repoussa tant bien que mal du bon côté. Elle se coucha à même le sol, trop fatiguée pour réfléchir. La certitude que ses deux pokémons étaient près d’elle la rassurait. Elle avait les idées tellement floues qu’il lui aurait paru stupides de chercher une raison à cet apaisement. Elle était tellement fatiguée… Doucement le noir referma son étau autour d’elle.