« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

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 Un ange à la mer [OS d'évolution]

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Samaël Enodril
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MessageSujet: Un ange à la mer [OS d'évolution]   Un ange à la mer [OS d'évolution] EmptyMer 6 Jan 2016 - 20:50



Un ange à la mer


Evolution de Cream

Sammy et Titi (et un special guest, bande de chanceux)



- Départ imminent ! Tous les passagers sont priés de monter à bord !

Dans un soupir, sans grande conviction, Tristan fait les cents pas sur la poupe du bateau, en continuant de se maudire, désespérant de son comportement a sans doute dû lui valoir les représailles de sa famille. La gorge noué, il s'accroche aux barres en fer qui entoure le convoi maritime et les serre le plus fort possible dans ses paumes, en se mordant les lèvres si fort qu'il manque de les faire saigner. Il laisserait bien éclater sa rage et s'insulter dans toutes les langues du monde en le clamant, mais même s'il n'y a personne à l'arrière du bateau et qu'il n'a quelques caisses et trois tonneaux comme seule compagnie, les voyageurs à l'avant pourraient l'entendre et il ne tient pas à se faire remarquer alors qu'il ignore combien de temps durera la traversée. Il doit déjà se faire détesté par son foyer, inutile de lui donner plus d'ennemis.

Ce barbecue aurait dû être parfait. Et il l'était, jusqu'à ce qu'il vienne tout gâcher à cause de son tempérament instable et sa possessivité. Comment a-t-il osé frapper Eugène ? Plus les événements repassent dans son esprit, plus il peine à croire qu'il est bien celui qui a porté un coup aussi rude au petit ami de sa sœur cadette. Le pire étant qu'il adore Eugène et qu'il le considère presque comme un frère ; ils se parlaient même souvent lorsque Tristan venait rendre visite à Maelys. C'est un garçon qu'il apprécie beaucoup car il est doux, généreux, très patient, et qu'il fait le bonheur de Judith. Pourtant, si Weston était également présent et que le Weber lui reprochait sa brutalité, c'est bien lui-même qui a fait preuve de violence envers un proche, quelqu'un qui fait partie de leur famille et que chacun a accepté, même lui. Mais il n'a pas pu s'en empêcher. Dès lors qu'il a appris la grossesse de sa petite sœur, alors qu'il considère qu'elle est encore trop jeune pour avoir un enfant, le coup était parti tout seul, et sa rage avec. La véritable raison qui le poussait à craindre l'arrivée de cet enfant était bien sûr un peu plus profonde qu'une simple question d'âge, cependant c'est un sujet que le brun n'a jamais abordé avec quiconque, pas même sa jumelle avec qui il est pourtant si fusionnel. Aucune raison ne justifiait vraiment son acte, toutefois, et il le savait. Il n'aurait pas dû agir ainsi, mais plutôt être heureux pour le jeune couple, et se réjouir de cette future naissance comme les autres. Au lieu de ça, il s'est comporté comme un vulgaire déchet, et a rejeté par la même occasion ce fœtus qu'il devrait plutôt aimer et chérir. Son futur neveu ou sa future nièce... Quel oncle pitoyable il fait.

Ne pouvant supporter son acte impardonnable, et persuadé que sa famille lui en voulait, le Weber avait donc décidé de prendre un bateau pour partir il-ne-savait-où. Il n'a pas pris le temps de regarder la destination, mais tout le monde serait mieux sans lui et son égoïsme de toute façon, c'est ce qu'il pensait. Il abandonnait son rôle d'Hôte, mais son père était après tout le plus qualifié d'eux deux et saurait se débrouiller avec l'aide sa mère pour l'entretenir au mieux. Tristan déplore ses agissements, et il culpabilise d'abandonner la tâche que Jackson lui a confié, plaçant toute sa confiance en son fils, mais il ne mérite plus de s'occuper de la Pension familiale, ni le respect de ses géniteurs. Peut-être un jour reviendra-t-il chez lui, pour supplier à genoux sa sœur de lui pardonner, et pour expier sa faute. Un jour peut-être se sentira-t-il de nouveau prêt à se regarder dans le miroir sans sentir au fond de lui une honte et un déshonneur immenses qui l'achèvent de l'intérieur, lui qui a toujours considéré sa famille comme ce qu'il faisait passer en priorité et également son bien le plus précieux ; voilà qu'il l'a perdu en un seul mouvement de son bras droit. Dans ces moments-là, il aimerait retourner en prison. Enfermé, il est sûr qu'il ne ferait plus de mal à personne, à part son propre mental, car s'il se faisait prendre une nouvelle fois, il n'est pas sûr d'avoir autant de chance et d'en ressortir un jour vivant. Il se tuerait sans doute tout seul, de toute façon, car savoir qu'il ne pourra plus revoir ni sa famille, ni ses amis, et ni Adélia, le fait souffrir davantage que toutes les tortures qu'il a déjà pu subir au Bloc R.

- J'espère qu'un jour vous pourrez me pardonner.

L'éleveur ferme les yeux, se retenant de pleurer. Furieux contre lui-même de tout ce qu'il a engendré, il se tape à répétition le front contre les barreaux de la poupe en s'insultant de 'crétin', comme lorsqu'il était en colère contre ses geôliers de taule et qu'il ne pouvait se défouler sur autre chose que sa cellule. Il se fichait bien d'avoir des bosses à ce moment-là, car l'enfermement l'avait transformé en adolescent hargneux et obstiné qui avait de plus en plus de mal à réfléchir avant d'agir et que la liberté et le fait de devenir adulte avait remis sage et pacifique, mais sans perdre en mémoire toute la maltraitance qu'il avait subi. Il avait pourtant pourtant promis à Arceus que, s'il sortait de la prison vivant, il serait un exemple à suivre et arrêterait de se comporter comme l'imbécile jaloux qu'il était chaque fois qu'il avait l'impression que ses sœurs s'éloignaient de lui pour aller dans les bras de garçons dont il se méfiait comme la peste. Connaissant les sentiments profonds que son aînée avait pour Damien, alors qu'il déplaisait à Tristan, il avait passé outre ce qu'il ressentait autrefois pour le Ikeda et avait été ravi d'apprendre leur mariage, ainsi que de connaître l'existence de Crystal, bien qu'il ait été un oncle absent depuis sa naissance et qu'elle ne savait de lui que ce que lui avait dit sa mère, ses tantes, ou ses grands-parents. Pauvre Crystal... Elle doit le penser bien sot, maintenant, et le détester. Elle parlera sans doute de lui comme tel à Céleste, après tout, il l'aura cherché, même s'il connaît suffisamment la fille la plus âgé de Solène pour affirmer cependant qu'elle n'est pas du genre à cracher sur les gens, ce qui allège un peu le cœur de Tristan, même s'il continue d'être morne et de regarder le paysage marin d'un air las et triste, terriblement blessé et l'esprit lourd de regrets.

De nouveau, il soupire, avant de s'écarter d'un mouvement brusque du rebord. Les mains dans les poches, il en sort son portable alors qu'il avait oublié qu'il l'avait sur lui, puis se met l'air de rien à scruter la liste de ses contacts. Lorsque le numéro d'Eugène apparaît, ses doigts se mettent faiblement à trembler. Puis, dans un moment d'exaspération où les images mentales de ce qu'il a fait lui reviennent brutalement en mémoire, il jette son téléphone au sol et se prend la tête entre ses deux mains, essayant de s'arracher les cheveux. Enfin, il donne au hasard un coup de pied dans un tonneau, dans l'espoir de se défouler, mais rien n'y fait, et il baisse le regard, désespérant.
Tout à coup, le tonneau dans lequel il a frappé se met à bouger de gauche à droite, comme s'il contenait quelque chose à l'intérieur. Surpris et curieux, le Weber soulève le couvercle, avant qu'il ne pousse un cri de fillette lorsqu'un éclair brun vient lui sauter dessus. Son assaillant surprise encercle sa taille en repliant ses jambes entoure, tandis que, maintenant en équilibre contre l'éleveur, la 'masse' à l'apparence humaine vient frapper contre la tête de l'Hôte de Pension avec vigueur et force.
Mais... c'est... Sam ?!

- FAUST !
- ... Hein ?
- T'ES ENCORE PLUS STUPIDE QUE FAUST ! PERSONNE N'EST PLUS STUPIDE QUE FAUST !.. SAUF MOI !
- Aïïïeuuh ! Mais arrête ! On va finir par tomb-WAAAAAH !

Trop tard. L'Enodril, à cause de son poids et parce que Tristan reculait, vient de faire basculer son ami et lui-même par-dessus la rambarde de la poupe, les entraînant tous deux à la mer. Pendant un instant, Tristan n'arrive pas à croire que l'autre veuille le noyer, et il ne comprend pas davantage pourquoi il est autant furieux après lui. Le cadet a arrêté de le frapper, et s'est immobilisé d'un coup, alors que le Weber panique en sentant qu'il coule au fond de l'océan. Le plus jeune est conscient, mais ne fait plus un geste. Se demandant ce qui est en train de lui arriver, il ne comprend que lorsqu'il sent une sorte de plate-forme qui apparaît en-dessous d'eux pour les faire remonter jusqu'à la surface, l'air venant à manquer. Une fois qu'ils sont enfin à l'extérieur et qu'ils peuvent respirer, l'éleveur tousse et tente de reprendre contenance, remarquant qu'ils sont en fait assis sur l'énorme carapace de Kame, qui continue d'avancer en même temps que le bateau. Ce dernier le salue d'un mouvement de la patte avant, tandis que l'Hôte reporte son attention sur son dresseur, qui n'arrive pas à expliquer le comportement de l'ourson.

- Mais enfin, qu'est-ce qui te prend ?!
- Toi, qu'est-ce qui te prend !
- Tu as failli me noyer !
- Eh ba j'aurais vraiment dû le faire !
- Et j'ai fait quoi, pour mériter de subir le même sort que le Titanic ?
- T'étais en train de t'enfuir !

Le Zazambais pousse un hoquet, avant de détourner le regard, n'osant pas avouer que c'est pourtant la stricte vérité. S'enfuir loin de sa famille, loin de ses origines, loin de ce à quoi il a pourtant tout appartenu, mais qu'il ne peut plus affronter à présent. Il serait bien trop gêné de rentrer chez lui.
Il est sûrement là pour me ramener de force auprès de mes parents. Mais il ne peut pas comprendre pourquoi je suis parti.

- Et-Et alors ? Je fais ce que je veux de ma vie, t'es pas ma conscience !
- On dirait, pourtant. Tu n'as jamais remarqué ?

L'aîné serre les poings, incapable de le contredire tout à fait. C'est lui, après tout, qui l'a ramené vers sa famille alors qu'il doutait encore de sa place parmi eux, étant parti si longtemps qu'il pensait à tort qu'elle l'aurait oublié, alors que ses proches n'attendaient que son retour. C'est vrai, Sam le conseille la plupart du temps quand il ne trouve de réponses nulle part, car il est plus spontané que lui et que Tristan a tendance à perdre de vue le droit chemin. Le Weber apprend à faire ses propres pas de plus en plus depuis sa sortie de prison, et l'Enodril souhaite qu'il continue ainsi, car il est censé être le plus sage des deux, et surtout le plus âgé. Toutefois, il peut comprendre que c'est difficile de ne plus retrouver ses repères quand on reste enfermé pendant plus de cinq ans, et alors qu'on est encore un adolescent, même si le compétiteur se demande toujours pourquoi il s'est fait enfermé sans raison apparente ; ou du moins, s'il y en avait une, Tristan refuse de la dire à qui que ce soit, et c'est entièrement légitime.

- Je sais ce qui s'est passé, pour le barbecue.
- Pourquoi veux-tu m'empêcher de partir, alors ? Tu ne penses pas que je me suis assez ridiculisé comme ça ? Tu es venu pour me faire la morale et me dire que je suis le pire frère de l'univers, c'est ça ?!

Le chiot aboie et jappe. Il fronce les sourcils. Son ton monte, et avec elle monte la colère, autant que de peine, qui prend finalement le dessus sur sa fureur et l'envie de tout envoyer balader qu'il ressentait sur la poupe. Son regard, ancré dans celui du plus jeune, finit par se baisser, et vient se porter sur les dérives de l'eau, et l'écume que laisse derrière lui le bateau. L'Enodril peut voir dans ses yeux non seulement de la fatigue, mais aussi une certaine blessure. Le dresseur se rapproche légèrement de l'autre. Sa voix est calme, posée. Il n'est plus en colère contre son ami car le raisonner ainsi n'est pas ce pourquoi il est venu jusqu'à lui.

- Je suis venu te comprendre, Tristan.

Le concerné hésite un moment, avant de braquer de nouveau son attention sur le challenger. Il replie cependant ses jambes sur sa poitrine et entoure ses genoux de ses bras, comme pour se protéger.

- Tu n'avais jamais frappé qui que ce soit auparavant. Tu es de nature pacifique, et tu détestes la violence. Pourtant tu as donné un coup à quelqu'un que tu considères comme de ta famille. Tu apprécies beaucoup Eugène, je le sais, c'est toi qui me l'as dit. Alors pourquoi est-ce que tu n'acceptes pas la grossesse de Judith ?
- On ne t'a pas rapporté mes paroles égoïstes ? J'aurais cru.
- Tu es le seul que je veux entendre.

Tristan le scrute quelques secondes, laissant un blanc s'installer, avant qu'il ne pousse un soupire las, et presque exaspéré. Il ne voulait plus entendre parler de ses propres mots, car ils ont engendré toute la culpabilité qu'il ressent, et accessoirement le défrichement de ce lien qu'il entretenait avec sa famille. Cela lui rappelle, en outre, de mauvais souvenirs d'une journée qu'il avait gâché à lui seul et qu'il ne se pardonnerait sans doute jamais. Ce jour-là, cependant, il avait ses idées, ses raisons d'être en colère, mais il les pense de moins en moins acceptables, et regrette de les avoir prononcées depuis. Désormais il les déclare presque sans grande conviction et les juge de plus en plus sottes.

- Tss... Je trouvais que Judith était beaucoup trop jeune pour avoir un enfant. Elle n'a que dix-neuf ans, et même si Solène était enceinte à dix-sept, je... c'est pas pareil, c'est tout. Puis c'est ma cadette, et tu sais, il y a le conflit... Son bébé ne serait pas en sécurité. Elle et Eugène disaient eux-mêmes vouloir attendre la fin de la guerre pour être parents. Mais évidemment ça se passe jamais comme prévu... Et puis... Et puis...

Ses yeux marrons s'agrandissent inconsciemment pendant qu'il s'arrête en plein milieu de sa phrase, alors qu'il se rend peu à peu compte de ce qu'il s'apprêtait à dire ensuite, une petite lueur de tristesse passant dans son regard noisette. Il s'est calmé, bien que sa respiration se fasse étrange tout à coup, s'ébroue pour refaire encore un sifflement agacé (tu sais le truc qui te fait avoir l'air méprisant en 5 secondes chrono genre le 'Tss' ou 'Pff' enfin bref), avant de grimacer et de prendre son air de chiot exaspéré, espérant que le cadet ne s'attarderait pas sur la fin de ses paroles.

- Et puis il y a autre chose, n'est-ce pas ?

Mais c'était espérer en vain que de croire que Sam allait lâcher l'affaire, car il avait bien vu pendant un instant l'expression meurtrie et absent qu'il avait arboré en se replongeant dans des souvenirs qu'il aurait voulu oublier à tout jamais, tant elles sont marquées au fer dans son esprit et qu'il lui arrive d'en faire encore des cauchemars quand Darkrai est d'humeur à jouer et que la question d'une grossesse s'impose. Le comportement quelque peu brutal qu'il a fait subir au fiancé de sa petite sœur a en effet surpris tout le monde, et Sam n'était pas en reste ; car il connaît Tristan comme un garçon doux et gentil, un chiot inoffensif qui a été plusieurs fois blessé par tout ce qui lui est arrivé, mais qui s'est constamment relevé malgré les difficultés et grâce aux personnes qui lui sont le plus cher. Avant même de le rencontrer, l'Enodril avait entendu bien des choses sur Eugène par le jumeau de Maelys. Les deux hommes se sont tout de suite entendus dès le début et chaque fois que le Weber allait voir Maelys, il lui arrivait d'aider Eugène pour certaines tâches ou même parler avec lui de tout et de rien. Apprendre donc que Tristan avait donné un coup à son beau-frère lui avait fait un choc et il voulait à tout prix entendre les explications du coupable. Il était d'abord venu à la Pension, mais ayant appris par ses parents qu'il avait disparu depuis quelques jours après l'incident, il l'avait finalement trouvé sur ce bateau qui partait on-ne-savait-où, et Sam était sûr qu'il allait s'en vouloir et qu'il voudrait partir pour un jour expier ses fautes, connaissant son ami. Mais il trouve que les mots du Weber ne lui correspondent pas, et il devine derrière ses agissements un profond trouble qui aura eu raison de son sang-froid ce jour-là. Car, effectivement, Tristan a eu un flash-back d'un événement pas spécialement joyeux le jour du barbecue qui l'a fait devenir incontrôlable par la suite, maudissant même le Watson alors que sa sœur était dans les faits aussi fautive que lui et que, en temps normal, il n'oserait jamais leur parler comme ça. Ce n'était pas lui, il ne s'était pas reconnu.

- Ce qui arrive en prison reste en prison. C'est ce que je me suis toujours dit.

Subitement, l'éleveur reprend une expression plus douce, mais profondément chagriné, sans toutefois relever son regard vers le cadet, le gardant rivé sur les vaguelettes que le Tortank du jeune dresseur produit en nageant.

- Je voulais t'éviter cette anecdote. Cependant, vu comment je me suis conduis, je crois que je dois te la raconter.

* * *

5 ans plus tôt


Au Bloc R, il n'y avait véritablement de silence que la nuit, lorsque tout le monde dormait. Mis à part les prisonniers agonisants, peu de gens osaient le rompre, pas même les gardiens de nuit qui, aussi fatigués que les prisonniers, ne se permettaient pas d'être trop bruyant au risque de plaintes venant de leurs congénères pour qu'ils soient en forme quand viendrait leur tour de surveiller les détenus. Quelques fois, pour en amadouer certains, les geôliers n'hésitaient pas à faire abattre leurs armes aux barreaux des cellules, profitant de l'autorité et de l'emprise qu'ils avaient sur eux pour exercer leur pouvoir qui se limitaient seulement à cet étage de la prison. Quand cela les ennuyait ferme de devoir travailler de nuit, ils se plaignaient auprès des captifs d'être responsables de leur insomnie et abusaient de cet argument pour en maltraiter quelques uns.

Heureusement, Tristan Weber, un jeune adolescent âgé de seize ans, faisait toujours attention pour se tenir à carreaux et ne pas être la cible des soldats qui s'occupaient d'eux, bien qu'il était l'un de leurs punching-balls préférés, seulement parce qu'on disait de lui qu'il avait une tête d'ange, et parce que c'était l'un des prisonniers les plus candides, et qu'il était donc autant plus appréciable de l'amocher que de le laisser tel qu'il était, d'après ses tortionnaires. La prison se remplissant de plus en plus, des prisonniers avaient été obligé de faire chambres communes. C'était le cas pour Tristan et un autre homme, un certain Ikaël, mais qui disait vouloir se faire appeler 'Gold'. Le Weber s'estimait chanceux sur ce coup-là, car Gold était un homme très gentil qui essayait toujours de lui faire penser à autre chose. Il avait déjà trop entendu d'histoires à propos de viols entre les prisonniers qui lui foutaient les chocottes, alors savoir que son compagnon d'infortune ne lui voulait aucun mal l'avait grandement soulagé.

Mais ce jour-là, au Bloc R, au milieu de la nuit, des cris déchiraient le repos nocturne qui s'était installé. Depuis quelques minutes, une jeune femme hurlait de douleur et semblait appeler à l'aide entre ses hurlements et sa toux dû à une maladie qu'elle avait attrapé à force d'être retenue ici pendant plusieurs mois. Dans la cellule qu'ils partageaient misérablement avec Gold, Tristan essayait de s'endormir, mais en vain. Sa famille lui manquait toujours autant, et il ne pouvait s'empêcher de pleurer chaque fois qu'il pensait à elle. Dans le but de l'apaiser et de l'aider à trouver le sommeil, Gold l'avait installé sur le lit pauvrement installé, qui était très inconfortable, et avait enlever son haut pour essayer de lui faire un oreiller afin qu'il ait moins mal à la tête, avant de s'installer à son chevet et de lui caresser doucement les cheveux, ayant lui-même pratiqué maintes fois ce geste pour que son fils s'endorme lorsqu'il n'avait pas sommeil.
Néanmoins, au moment où le cri de la condamnée retentit aux oreilles du jeune Weber, celui-ci ne put tomber dans les bras de Morphée et se relever d'un bond, surpris, avant de se coller à la porte de leur cellule, la tête entre les barreaux de la fenêtre.

- Cette voix, c'est... C'est Maria !

Au bout d'un an ici, Tristan avait fini par connaître quelques prisonniers. Cela faisait environ huit mois qu'une Résistante, Maria Brief, avait capturée puis enfermée au Bloc R. C'était une femme plutôt gentille et surtout très courageuse et coriace qui, s'il était bornée, n'avait cependant jamais essayé d'aller trop loin. Elle avait eu du mal à s'ouvrir aux autres détenus au début, mais le Weber avait réussi à s'en approcher, et Gold avait fini par sympathiser avec elle.

- Pourquoi elle n'arrête pas de crier ? Qu'est-ce qu'ils sont en train de lui faire ?!

Le jeune garçon paniquait intensément, secouant les barreaux de la fenêtre pour avoir les réponses d'un quelconque garde. Mais les geôliers déjà présents semblaient tout aussi étonnés, et l'un d'eux finit par hausser les épaules en se disant qu'un tortionnaire avait sûrement du mal à fermer l'œil et que c'était là un moyen de faire passer le temps.

- Le travail a commencé un mois en avance...
- Qu-quel travail ?

Assis contre le mur, l'homme aux cheveux d'or contemplait la porte, sans rien dire, ses yeux jaunes perdus dans le vague, comme s'il fixait un point qu'il était le seul à voir. Puis, ses pupilles se tournèrent avec un sérieux inhabituel vers l'adolescent.
Tristan l'observa par dessus son épaule, sa respiration s'accélérant, rendu soudain mal à l'aise.

- Maria est enceinte. Tu ne le savais pas ?

Stupéfait, le cadet secoua doucement la tête, sa mauvaise impression grandissant de plus en plus.

- Tu n'as jamais fait attention à son ventre ? Lorsqu'elle a été capturé, ça ne se voyait pas, mais elle n'a pas pu l'empêcher de grossir. Craignant pour la vie de son bébé, elle a essayé de cacher son existence autant qu'elle a pu. Néanmoins je ne crois pas que les soldats soient dupes, et il fallait bien un jour ou l'autre que sa grossesse arrive à terme.
- Je... Je ne l'avais pas remarqué. Elle est si maigre... C'est ce qui m'a toujours le plus frappé chez elle.

En effet, inutile de préciser qu'on ne leur servait pas ce qu'il y avait de meilleur en terme de nourriture, et seulement à de rares fois on leur permettait de prendre les restes des soldats, ce qui était déjà énorme, car leur cantine disposait à ce moment-là d'un chef qui savait s'y faire et faisait d'excellents plats. On leur donnait juste de quoi survivre pour laisser ensuite le soin aux Régimeux les plus sadiques de « s'occuper » d'eux à leur manière. Malgré les nombreux bleus de Brief et le fait que ses os saillaient sous ses côtes, Weber avait admiré sa bravoure et sa détermination à ne pas se laisser impressionner, car elle était réputée pour être tenace.
Cependant, cette nuit était différente. Ses gémissements, qu'elle faisait d'habitude taire au maximum, étaient plus forts que les autres, survenus au cours de la semaine. Ce n'était que maintenant que Tristan comprenait que les autres jours cela avait été dû à de douloureuses contractions, mais que, comme le disait Gold, sa grossesse arrivait à terme.

- Maria ! Maria !
- Personne, pas même elle, ne peut t'entendre, et cela m'étonnerait qu'un soldat t'écoute.
- Qu'est-ce qu'on peut faire, alors ?

Son allié ne répondit pas, mais partagea son air peiné. Devant les plaintes silencieuses du plus jeune qui était sur le point de craquer et qui semblait lui supplier quelque chose du regard, comme s'il s'attendait à ce que l'aîné produise un miracle et vienne en aide à la future mère, il était sur le point de le consoler lorsqu'il s'immobilisa brusquement après avoir avoir entendu un bruit sourd.
Les lamentations de la femme s'étaient faites moins bruyantes, et le visage de Tristan parut s'éclairer quand il aperçut des soldats ouvrir la cellule de son amie pour la faire sortir en douceur et traverser le couloir à ses côtés. Au moment où ils passèrent devant la cellule de Tristan, la femme échangea un regard avec ce dernier, et il se sentit aussi soulagé qu'elle qu'on vienne enfin lui porter secours. La prisonnière, accompagnée de deux gardes, disparut derrière une porte, et on n'entendit plus sa voix.
La respiration de l'éleveur se calma, et il poussa un soupire, rasséréné.

- Ils vont s'occuper d'elle, n'est-ce pas, Gold ? Gold ?..

Le concerné, une fois de plus, ne pipa mot. Il admirait en silence la pleine lune et le ciel étoilé, ou du moins ce qu'il pouvait en voir par leur fenêtre. L'air pensif, il était impossible de savoir à quoi il pensait exactement. Se sentant un peu abandonné, Tristan baissa la tête et attendit, soucieux de connaître le sort que le destin réservait à la jeune femme.
Pendant plusieurs heures, Maria recommença à s'époumoner ; et plus elle criait, plus le brun stressait, incapable de deviner si les soldats l'aidaient à accoucher, ou s'ils avaient profité de cet instant de grande faiblesse pour l'achever. Mais tant qu'il l'entendait hurler, alors cela le détendait légèrement, car cela voulait dire qu'elle était encore vivante. Restait à savoir si un autre cri allait finir par l'accompagner, ou si elle demeurerait seule.

Quand on n'entendit plus un bruit et que le calme retomba, l'éleveur redressa la tête, le cœur battant. Plusieurs minutes s'écoulèrent sans qu'on ne revit de trace de la captive et des soldats. Pendant un instant, l'adolescent crut que c'en était fini et qu'elle avait fini par succomber, d'une manière ou d'une autre. Mais une part de lui voulait malgré tout continuer à croire, à espérer que soit la mère, soit l'enfant, s'en était sorti vivant. Alors, il pria Arceus intérieurement, et parla comme si son vœu s'était réalisé et que ses espérances étaient fondées.

- Naître et vivre dans une prison... c'est affreux.
- Vivre ?.. Il aura de la chance, s'il vit. Je ne sais même pas s'ils le laisseront voir la lumière du jour.

Comme si Gold s'était détaché de sa transe, sa voix trahissait son manque d'optimisme et son accablement. Il lisait dans ses prunelles dorées un abattement qu'il n'avait jamais vu chez lui. Ce devait être la première qu'il vivait quelque chose pareil, lui aussi, mais il ignorait que cela le toucherait autant, alors que Tristan a bien du mal à cerner les véritables émotions de son camarade de cellule.

- Que voulez-vous dire ?..

Mais avant même que l'autre n'ait eu le temps de répondre, la porte derrière laquelle Maria avait disparue s'ouvrit de nouveau, enfin, pour laisser apparaître dans l'encadrement un homme d'une trentaine d'année, qui s'avança, avec un peu de difficulté, à travers le couloir, suivi d'un bruit étrange, comme s'il traînait quelque chose derrière lui. Tristan se plaqua aussitôt contre la grille de sa cellule, le cœur empli d'espoir. Le soldat qui venait de s'introduire dans le couloir était plutôt grand, avec des cheveux lisses et courts, aussi blanc que la neige, et possédant des yeux rouges qui sortaient de l'ordinaire. Sa voix était glacée, comme si chacun de ses souffles pouvait provoquer la mort.

- Ma... Ma... Maria... Où est Maria ?
- Morte.
- Mais... Mais le bébé, il...
- Mort.
- Non... C'est impossible ! Maria ! Mar-...

Brusquement, il s'écarta de la porte en poussant un hoquet d'horreur, pâle comme un linge, les traits de son visage déformés par la terreur et l'effroi de ce qu'il venait de voir. Tremblant de tout son être, ses mains moites s'agrippèrent à sa petite fenêtre, pour être sûr qu'il ne rêvait pas le cauchemar qu'il vivait.
Derrière le Régimeux tenait un corps sans vie par le col, qui glissait sur le sol froid de la prison, et qui appartenait à s'y méprendre à celui de son amie. Si Tristan refusait de le voir et de l'admettre complètement, il s'agissait pourtant du sien, on ne pouvait s'y tromper. Couverte de sang, une traînée écarlate la suivait là où son cadavre passait, et dans ses bras était accroché un drap blanc tâché de rouge, qui emmaillotait quelque chose, sûrement la progéniture défunte, mais le Weber, trop choqué, n'osa pas regarder, et frappa sa tête contre la porte avec violence en se mettant enfin à laisser échapper ses larmes, avant de se laisser tomber jusqu'au sol et de continuer à donner des coups contre l'issu, pleurant la mort de son amie et laissant ses lamentations briser le calme qui s'était installé.

- Tu n'aurais rien pu faire, de toute façon. Arrête de te fatiguer pour rien.

La respiration saccadée du cadet se fit plus forte, et il se frictionna les bras machinalement, regrettant son impuissance. Encore un innocent qui perdait la vie, et il ne pouvait rien contre ça.
Tristan finit par se tourner vers Gold. L'adolescent paraissait encore plus frêle que d'habitude, et il ressemblait juste à un chiot apeuré, avec ses grands yeux marrons qui reflétaient son désespoir et son cœur meurtri. En reniflant piteusement, comme un enfant, il se rapprocha de l'aîné et se colla contre son torse pour rechercher un peu de réconfort.

- Maria... Maria est... Elle est...
- Libre, désormais. Et elle ne retournera plus jamais dans cet horrible endroit.

C'est une chose sur laquelle il pouvait légèrement se consoler : se dire que la Résistante ne souffrira plus, et qu'elle est en paix, à présent, aux côtés d'Angela qui saura l'accueillir. Si seulement son bébé avait survécu... Cela aurait mis un peu de baume au cœur au jeune Weber. Affaibli et fatigué, l'odeur de la Mort ne lui avait jamais parue si proche.

- La lune est belle, ce soir.


* * *

- La lune ?..
- J'ignore pourquoi il a dit ça. Ton père a toujours eu un côté mystérieux que je n'ai jamais su déchiffrer.

Abasourdi, l'ourson avait écouté toute l'histoire de l'Hôte sans l'interrompre, même s'il le remercie de ne pas être rentré dans certains détails. L'Enodril pouvait aisément deviner que l'aîné n'avait pas vécu des choses faciles, surtout lorsqu'il était au Bloc R. Cependant, même s'il y a lui-même été en prison, deux semaines n'avaient pas suffi pour palier l'expérience du Weber qui y était resté pendant presque cinq ans sans voir ni sa famille si ses amis. Il n'avait même pas pu connaître sa propre nièce. Toutefois, le jeune dresseur avait bien vu, lorsqu'il commençait à connaître Solène, l'espoir qui habitait les Weber quant au retour de leur fils, même s'il gardait leur chagrin, car ignorants où il se trouvait, mais se doutant que le Régime n'était pas innocent. Quand on reste si longtemps enfermé dans un même endroit, ce n'est jamais simple de revenir à une vie normale. Tristan a cependant réussi à s'y faire, et il a bien changé par rapport au garçon gelé qu'il a trouvé dans les montagnes du Nord.
Tristan soupire.

- Je sais que cette histoire ne justifie en rien mes actes, mais... Quand Judith m'a appris qu'elle attendait un enfant, et sachant qu'elle a l'esprit aussi combatif que Solène, j'ai imaginé ce qui se passerait si elle se faisait capturé un jour, elle aussi. J'ai eu tellement peur pour elle que... Raaah, je sais plus quoi penser, maintenant.

Il cache sa tête entre ses bras, l'air aussi fatigué que ce qu'il lui avait décrit dans son récit. Il lui semble pourtant que l'éleveur bataille avec lui-même pour savoir quelle est la meilleure chose à faire, et ce qu'il est censé croire, à présent.
L'Enodril le regarde sans rien dire, comme s'il n'analysait.

- L'enfant dont tu regrettais la mort en prison aurait pu être celui de Judith et d'Eugène.

Brusquement, Tristan relève la tête, les yeux brillants. Il se retient de chouiner, le manque de sommeil l'empêchant de réfléchir et de se contrôler.

- Tu m'as dit un jour que le bonheur de ta famille était ta priorité. C'est ce qui t'as consolé lorsque Judith est partie faire ses études au Japon. Tu étais triste qu'elle s'en aille, mais tu savais qu'elle serait heureuse là-bas, et cette pensé t'a permis de te relever après son départ.

L'autre brun cligne des yeux, avant de les ouvrir en grand, car le cadet a raison, et il s'en souvient, à présent. Même s'ils pouvaient communiquer avec Judtih, l'absence de la plus jeune de ses sœurs avait fait comme un vide les premiers mois. Mais lorsqu'il voyait son sourire sur les photos qu'elle leur envoyait, cela le rassurait tout de suite, car il savait qu'elle n'était pas malheureuse.

- Et puis tu t'en veux d'avoir frappé Eugène. Je sais que tu l'aimes beaucoup. Ce serait dommage que tu quittes tout d'un coup.

Plus Sam parle, et plus Tristan arbore sa tête de chiot battu, en sachant qu'il n'a pas vraiment tort et que ça le fait grimacer de se rendre compte qu'il a été assez stupide pour laisser de vieux souvenirs prendre le dessus. Pourtant, des hésitations persistent néanmoins.

- Mais... Mais si jamais ell-...
- C'est aussi pour ça que tu dois rester : pour la protéger. C'est ce que font les grands frères, après tout.
- Drôle d'entendre ça de la part d'un fils unique.

Son ton soudain devenu acerbe le surprend lui-même, et il baisse la tête en voyant l'expression confuse et un peu blessé de l'autre, alors que Tristan sait pertinemment qu'il arrive au dresseur de souffrir de ce manque, bien que comblé heureusement, mais qui continue de rendre Sam coupable pour la place qu'il occupe, honte de profiter d'un bonheur que d'autres n'ont pas. Il a par ailleurs envié son ami de faire partie d'une famille nombreuse, et il lui a déjà dit à maintes reprises de profiter de la chance qu'il avait d'avoir grandi autant entouré.

- Excuse-moi. Je deviens vraiment exaspérant en ce moment. Tu comprends pourquoi je voulais m'échapper ?
- Non, toujours pas. Je ne trouve pas vraiment ça logique, un mec qui fuit une famille aimante et une fille aussi douce et gentille.
- Hein ? Quelle fille ?..

Un ange passe. Quelques secondes de silence s'écoulent durant lesquelles Sam regarde Tristan en sifflotant avec faux air innocent. Puis, d'un coup, lorsque l'information arrive au cerveau du Weber, ce dernier pousse un cri et rougit instantanément. Une mine toute déconfite apparaît aussitôt sur son visage.

- Adélia... Elle a tout vu. Oh, elle doit tellement me détester !..
- Mais non, mais non, allez, ressaisie-toi, Titi.
- ... 'Titi' ?
- Je suis passé à la Pension. Ils s'inquiètent tous pour toi, Adélia y compris. Je suis persuadé qu'ils accepteront tes excuses.

Tristan tourne son regard marron vers celui doré de son ami, agréablement surpris de retrouver cette même assurance et cette même bienveillance qu'il pouvait lire dans celui de Gold. Enfin, le Weber esquissa un léger sourire et finit par hocher doucement la tête. Il était vraiment stupide de penser qu'il pourrait partir comme un lâche en abandonnant non seulement ses proches mais également la belle médecin qui occupe ses pensées.

- Remontons, maintenant.

Les deux amis se relèvent finalement, et le cadet demande à l'aîné de jeter une de ses Poké Balls sur la poupe du bateau, ce qu'il fait. Synkro en sort, apparaissant aussitôt à l'arrière du transport, et fait planer l'éleveur et le compétiteur pour qu'ils atteignent à leur tour la poupe en les déposant un peu brutalement, en voulant un peu à son dresseur de l'avoir tiré de sa sieste. D'un geste de la main, il remercie son Pokémon sans toutefois le rappeler dans sa boule, mais en ramenant son Tortank dans la sienne.

- Plus qu'à espérer que ton ticket soit remboursable, déclare Sam en se relevant, pour ajouter un peu de légèreté à cette journée.
- Eh bien... En fait, je suis monté clandestinement.
- Vous m'en direz tant...

L'ourson et le chiot sursautent en entendant une grosse voix derrière eux. Un homme plutôt grand et assez costaud vient d'apparaître derrière eux comme par magie. Un peu barbu, en uniforme de marin, il arborait sur son visage un sourire fier et joueur et les scrutait, une lueur étrange dans les yeux.

- Et vous êtes...?
- Le vice-capitaine de ce rafiot.
- ... Vioups.

En même pas une seconde, de ses grosses mains, le bonhomme prend Tristan et Sam par l'arrière du col, les soulevant même afin qu'ils ne touchent plus le sol. Alors que le premier prie déjà pour une mort douce, le second remarque tout à coup qu'une lumière vient détourner l'attention du marin. L'éclat étincelant révèle une belle Cochignon de couleur jaune que l'adolescent reconnaît aussitôt.

- Cream !

Répondant à l'appel de son dresseur, la Cochignon nouvellement évolué pousse un grognement joyeux et, voyant le pétrin dans lequel l'Enodril se trouve, utilise les deux cornes qui viennent de lui pousser pour donner un petit coup dans le dos de leur assaillant, qui lâche ses deux prises dans un geignement de douleur. En vitesse, Sam prend la main de Tristan et se rapproche de son Gardevoir de sa Cochignon pour que Synkro puisse les téléporter tous ensemble.

- On se casse, on se casse, on se caaaasse !

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Un ange à la mer [OS d'évolution]

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