| Damien K. Ikeda Administratrice Fondatrice
| |
| Sujet: Y'a les mots Mar 25 Mar 2014 - 0:07 | |
| Y'A LES MOTS feat. Mercedes L. Blanchett & Booba«Vas-tu me montrer ce que tu as fait ou j’ai pris le temps de me déplacer aujourd’hui pour rien?»
Dans sa voix, une impatience que je comprends dans un sens. Mais pour autant, je ne détache pas plus la feuille blottie contre ma poitrine. Un nouveau claquement de langue impatient, suivi d’un soupir. Près d’elle, sa Kadabra soupire, quelque peu mal à l’aise par mon mutisme probablement ainsi que par la frustration de sa dresseuse. Je lui offre un petit regard suppliant. Elle ne m’en voudra pas d’avoir changé d’idée, n’est-ce pas? En fait, j’ai appelé Mercedes à la Pension pour obtenir ses conseils au sujet de… De l’hommage que je réserve, en secret, à mon épouse lors de notre mariage. Malheureusement, je n’ai pas le talent de la journaliste pour l’écriture, puis tant de mots s’entrechoquent sous mon crâne qu’il m’est difficile de choisir lesquels seront les bons. Le hic : maintenant qu’elle se trouve près de moi, son air insistant au visage, ses iris d’un bleu brillant de curiosité ne me laissant aucun répit, tel un vautour en quête de sa proie… Disons seulement que je n’ai plus tellement envie. J’ai lu tous ses articles depuis ma sortie de prison, puis pratiquement tous les autres avant aussi. Je sais que mes tentatives griffonnées ne m’attireront que son mépris pour le piètre écrivain que suis. Je commence à connaître la rose depuis ce temps. Si mes mots ne lui plaisent pas, je le saurai.
«Donne. Donne je te dis. Donne!»
Résigné, je lui tends le morceau de papier griffonné qui contient mon discours. Un énorme soupir m’échappe, attirant l’attention de Mesrine qui roupille sur mes genoux comme la grosse paresseuse qu’elle est. La jeune femme s’empare aussitôt de la feuille et l’enfonce presque son visage pour y lire les mots. Les mots. J’y ai mis tout mon cœur, mais est-ce suffisant? Je ne désire qu’une chose : que ce discours soit parfait, et représente de façon juste la puissance de mes sentiments pour elle. Des sentiments dont ma belle n’ignore pas la nature, bien sûr, mais que je souhaite partager avec ces gens que nous aimons en ce jour si particulier. Les minutes s’égrainent et je tente d’observer la réaction de la rose par-dessus mon texte, mais rien n’y fait. Elle a senti que je la scrute en quête de réponse et a redressé la feuille pour s’assurer de pouvoir lire en toute intimité. La Feunnec se réveille et m’observe d’un œil interrogateur, ce à quoi je réponds par une caresse dans ses poils courts. Rassurée, elle replonge dans le sommeil d’un soupir absolument pathétique. Un bruissement de papier attire mon attention et je relève la tête en direction de la meilleure amie de ma fiancée.
«C’est…»
Ses grands yeux ont pris une teinte turquoise que je ne lui ai jamais vu. Une larme, solitaire, coule sur sa joue. Elle la chasse rapidement, reprenant contenance sur ses émotions tandis que je la scrute, interdit. Est-ce possible que mes mots aient pu la toucher à ce point?
«Parfait. Ne changes rien surtout.»
Une nouvelle larme lui échappe et je l’entends grogner avant de porter un doigt délicat sous son œil pour cueillir la traitresse.
«Tu es sûre?»
«Si tu changes quoi que ce soit, je te trouve Damien Ikeda.»
Un sourire se dessine sur mes lèvres. J’adore ses réactions sincères comme celles-ci. Un silence s’installe, empreint de réflexions qui nous appartiennent. Je pense au mariage, je pense à Solène et à ces mots que j’ai couchés sur papier.
«Tu es certain que tu n’as pas de frère Damien?»
Je lève un regard interrogateur en sa direction. Un frère? Quoi? J’ai loupé un épisode moi.
«Euh… non pourquoi?»
«Pour rien.»
À ce moment, j’entends tout un bazar dans l’entrée. Mark et Luke sont revenus de leur tournée du terrain, et nous saluent avec chaleur. Je ne manque pas de remarquer le coup d’œil coquin que le rouquin offre à Mercedes, qui l’ignore royalement. En voilà une pour qui son charme ne fait aucun effet. Entre autres. Mes deux amis traînent avec eux une boîte de bois d’une bonne grosseur. Quelque chose à l’intérieur s’agite.
«Qu’est-ce que…»
«Un petit cadeau de m’sieur Image. Tu ne seras pas déçu, je pense.»
Luke approuve d’un geste du menton et je m’excuse auprès de Mercy avant de prendre le chemin de la boîte. Fidèle à sa nature curieuse, la jeune femme m’a suivi pour découvrir avec moi ce qui se trouve dans la caisse. Je retire le couvercle et un éclair bleu passe devant mes yeux avant d’atterrir sur mon torse. Quelque chose gluant et élastique, que je saisis d’une main, avant de sursauter quand deux yeux un peu stupides me scrutent. Qu’est-ce cette chose? On dirait un Metamorph, mais celui-ci est bleu. Un shiney, peut-être? S’annonçant d'une voix enjouée, la créature me salua d’un :
«Booba!»
«Booba?»
Moi qui croyais que les Pokémon ne pouvaient que prononcer le nom de leur espèce. J’ai donc devant moi un spécimen tout à fait unique de Metamorph, l’expert de la reproduction. Un cadeau inespéré de Maxwell qui l’a reçu je ne sais comment. Mon visage s’illumine d’un sourire tandis que le tas de gélatine envahit mon bras de câlins.
«D’accord. Bienvenue dans la famille, Booba.» (c)Golden |
|