That was then and this is now |Weston|

♦ THAT WAS THEN AND THIS IS NOW ♦feat. Weston Elric

Passer du temps ensemble. On dirait qu'il s'agit du fruit interdit ces derniers temps. Toujours quelque chose à faire, toujours quelqu'un pour envahir ces moments si précieux que j'aime partager avec lui. Il en a eu besoin, de ces visites, de ces moments chez le médecin. Je crois que tout cela lui a fait du bien. Et moi, j'ai enfin l'impression de respirer depuis que sa période de sevrage semble passée. Parfois, je me couche près de lui et je le regarde dormir, pendant de longues minutes, voire des heures. J'aime la façon dans les ombres dessinent des formes sur son visage si paisible. Je guette le danger, je le surveille, j'attends, comme si on devait me l'arracher à nouveau, mais il est toujours là. Une fois que je réalise cela, je me blottis contre lui et je m'endors finalement, abandonnée, reposée, rassurée. Contre son torse qui s'anime toujours. Vivant. Toujours tout près, j'en suis encore à me demander ce que j'aurais fait s'il y était passé. Depuis son overdose tout a changé. Je suis... différente. Avec lui surtout, je veux dire. Nerveuse, agitée, toujours à l'imaginer disparaître d'un moment à l'autre. Je m'accroche à lui, je l'attends, je l'espèce. J'espère quoi? Au fond de mon être je ressens quelque chose de si profond que je n'arrive pas à l'identifier. Lorsqu'il me touche tout mon être frémit. À présent que nous sommes enfin seuls tous les deux, je me ferme quelque peu, sursautant à chaque bruissement dans les branches et rougissant dès qu'il pose son regard sur moi.

Autant le dire, je me sens comme une idiote. J'espère qu'il n'aura pas remarqué ma nervosité près de lui ces derniers temps. Je lui jette un regard à la volée, profitant d'un moment de distraction de sa part pour détailler son profil. Une douce sensation revient hanter mon bas-ventre si bien que je pose une main contre mon abdomen en me demandant d'où proviennent ces chatouillis. Alors que son regard trouve le mien, je détourne les yeux, soudain affolée, et m'avance un peu plus sur le sentier, le dépassant pour faire mon chemin entre les hauts arbres dont les branches pointent en notre direction. Les arbres ont revêtu leur manteau de printemps. À leurs cimes, des fleurs colorées s'exposent, toutes ouvertes en direction du soleil. Il s'en échappe un doux parfum dont je me délecte. Leur présence me fait presque oublier la sienne. Presque. Mais lui je n'ai pas envie de l'oublier. Je me retourne vers lui et marche de reculons, le détaillant cette fois entièrement et sans aucune retenu. Un fin sourire étire mes lèvres, mes prunelles ardentes de désir et de quelque chose de plus profond encore qui toujours, m'échappe et d'un léger rire, je me mets à courir le long du sentier, ma robe d'été volant à ma suite tandis que je détale en direction de l'aventure.

Le fuir? Peut-être que oui, en quelque sorte. La course aide à me remettre un peu de mes émotions confuses. Je me retrouve bientôt seule, dans la grande forêt d'Anula où nous avons décidé de nous balader un peu juste nous deux. Bien sûr, nous promener en forêt sans nos Poké Ball serait stupide et cette fois nous n'avons pas manqué de penser à ces créatures qui forment aussi notre protection, mais ils sont restés sagement dans leurs maisons histoire de nous laisser un peu d'intimité. Intimité pourquoi? Nous nous vus tous les jours depuis deux semaine pourtant. Pourquoi me manque-t-il tant alors? Lui, juste lui. Je n'y comprends plus rien. J'entends ses pas dans mon dos et je me retourne pour lui faire face, un petit sourire amusé au visage.

«Trop lent!»

Je m'approche de lui en tout vitesse et passe mes bras autour de son cou tandis que lui vole un baiser. Un baiser qui s'allonge, me fait frissonner, forme des bulles sous mon crâne. Je titube et passe tout près de tomber mais je me rattrape en riant nerveusement, aussi rouge qu'une tomate. Je reprends ma route comme si de rien n'était en me traitant de toutes sortes de noms pour avoir l'air aussi étrange près de lui aujourd'hui.

«Tu te rends compte que ça fait presque six mois que nous nous sommes rencontrés?»

Je viens de le réaliser. Six moi que nous nous fréquentons, en quelque sorte, peu importe comment nous nommons notre relation un peu plus qu'amicale.

(c)Golden

• THAT WAS THEN AND THIS IS NOW •feat. Mercedes Blanchett

Je respire une aire nouvelle. Les odeurs, les couleurs, la brise contre ma peau… Jamais je ne me suis senti aussi vivant. Jamais la vie ne m’a semblé aussi belle, aussi simple, aussi vraie. Je porte attention aux petits détails, comme si jamais je ne les avais remarqués auparavant. Après ces trois semaines passées dans l’incapacité de ressentir la joie, je dévore cette sensation. Je m’accorde enfin ce droit de profiter des petits bonheurs de la vie. Ces trois semaines ont été les plus éprouvantes de ma vie. Des nuits entières passées à ne pas dormir. Ces journées entières passées à crier. À supplier Victoria de me laisser consommer. À manger sans jamais cesser d’avoir faim. Trois semaines passées à souffrir comme jamais je n’avais souffert. Trois semaines à ne plus être capable de voir de l’avant. De souhaiter mourir pour ne pas vivre dans un monde aussi pénible. Trois foutu semaines à désirer consommer. Trois semaines qui ont finis par passer, apaisant lentement les symptômes responsables de mon malaise, pour finalement me rendre l’envie de vivre. Me rendre confiance en la vie. Et aujourd’hui, après avoir enduré cette torture, j’ose de nouveau sourire. Sourire comme je n’ai jamais souris. Je peux enfin éprouver un bonheur profond. Un bonheur sincère. Un bonheur dont je suis la seule source. Dont je suis le seul responsable. Plus question de passer par l’intermédiaire d’une poudre toxique, qui pourrait du jour au lendemain m’enlever tout ce que j’ai de précieux. À présent, je peux voir de l’avant. Je peux imaginer un futur où la mort et la maladie ne sont pas les seules fins possibles. Je peux enfin rêver d’un avenir stable, et heureux.

Sans vraiment réfléchir à une destination en particulier, je laisse mes pas me mener où bon leur semble, suivant un petit sentier traversant la forêt. Avancer. Peu importe où cela me mènera, c’est tout ce que je désire. Je ne souhaite que profiter de cette journée de mai plutôt ensoleillée, avec à mes côté une compagnie que je n’échangerais pour rien au monde. De temps en temps, je lance de petits regards à la jeune femme qui me suit d’un pas presque enfantin. Elle finit par me dépasser au pas de course, souhaitant sans doute me voir la poursuivre. Je ne me presse toutefois pas, et la laisse prendre les devants. À quoi bon se presser? Après tout, elle ne s’enfuira pas. Je me contente donc de marcher à mon rythme, ne désirant pas gâcher cette quiétude enrobant mon corps. Lentement mais sûrement, mes pas me conduisent jusqu’à la rose, qui a finit pas s’arrêter pour m’attendre. Ne l’avais-je pas dit? Un sourire amusé aux lèvres, je tends les bras pour l’accueillir alors qu’elle me saute au cou pour unir nos lèvres dans un baisé que je savoure jusqu’à la dernière goutte. Ce contact m’a manqué. Trop. Ne pas pouvoir profiter pleinement de ces contacts m’enrageait au plus haut point. Ne plus ressentir l’étincelle alors que nos corps entraient en contact. Ne plus la désirer. Ne plus ressentir cette passion envers elle. Tout ceci m’était invivable. Mais à présent, c’est plutôt son absence qui m’est inconcevable.

-Wah, six mois…

Six mois, et déjà je suis incapable de me défaire d’elle. Six mois pour devenir accro. Mais aussi, six mois pour le réaliser. Six longs mois à tourner autour sans oser ouvrir les yeux. Six mois à être bête, à le nier, à le rationnaliser. À simplement profiter des moments comme ils se présentent, sans jamais espérer plus. Mais combien de temps cela durera-t-il? Encore un autre six mois? Peut-être plus, peut-être moins. Peu importe. Pour l’instant, je ne veux que profiter de cette journée me rappelant celles qui m’ont tant manqué. Je m’embêterai avec ce genre de questions philosophique un autre jour. Je passe mes mains autour de la taille de la rose pour lui glisser à mon tour un baisé digne de ce nom.

-Six mois c’est une étape, non?

Ne réalisant qu’à ce moment mes paroles, je me mets à rougir. Je l’ai laissé échapper sans même le réaliser…

(c)Golden

♦ THAT WAS THEN AND THIS IS NOW ♦feat. Weston Elric

Comme ses caresses, son contact, ses lèvres contre les miennes me font du bien. Pas seulement par l'onde de plaisir qui me traverse à chacun de nos contacts. Le bien-être est bien plus profond qu'un simple cas d'hédonisme. J'ai dépassé ce stade depuis longtemps avec lui. Quand je le touche, j'ai l'impression que la caresse se fait aussi à l'intérieur de moi. Là où je suis la plus vulnérable, la plus sensible. Alors que je m'éloigne, un sourire immense et un peu coupable envahit mon visage que ne peut pas voir Weston. Des baisers comme celui-ci, je voudrais bien lui en voler des milliers. Même que je sens que je ne pourrais jamais m'en lasser. Mes pas sont dansants, fragiles, comme retenus par l'arrière par sa seule présence. Six mois. Six mois de rebondissements, de bons et de mauvais jours, mais surtout des épisodes de petits bonheur qui ont rendu mon séjour ici un peu moins pénible. Six mois pendant lesquels j'ai connu mes nuits mes plus torrides, mes meilleurs baisers... mes plus douces caresses, mes plus chauds câlins. Et tous ces regards... Je n'ai qu'à y penser et je frissonne. Combien ces yeux bleus me fascinent, m'absorbent, me bercent. M'offrent le courage de continuer aussi. Le temps file si vite en bonne compagnie et ce fut le cas pendant toute cette période que je recommencerais n'importe quand... Du moins les parties où je me trouvais en sa compagnie. C'est drôle, moi qui était terrifiée à l'idée de m'attacher à quelqu'un.

Il est trop tard pour moi. Je crois qu'à quelque part, il le sait. Je suis attachée à lui d'une façon unique, que je n'avais jamais expérimentée auparavant. Avec lui c'est facile et impossible tout à la fois. Ces défis que je dois surmonter tous les jours pour continuer à partager son existence, cette peur atroce qui m'empêche parfois même de le voir pendant des jours et des jours. Et facile... Car avec lui je suis moi-même, parfaite dans mon imperfection. Authentique, véritable. Ça aussi, je crois qu'il le sait. Que je me sens bien à ses côtés et je sais ce sentiment partagé. Dire que j'ai cru... J'ai cru qu'il allait m'oublier. Mais non, je sais aujourd'hui que c'est impossible. J'ai été présente pour lui à son pire moment, tout comme il l'a été pour le mien. N'y a-t-il pas une meilleure preuve d'affection? Affection que je cherche bien malgré moi, dont je me nourris pour puiser ma force. Comment nous en sommes arrivés là, je l'ignore et où nous allons je préfère ne pas savoir non plus. Je ne fais que... profiter.

Je sens ses mains s'emparer de moi et je me retourne pour recevoir son baiser qui m'arrache un sourire. Oh Arceus, j'en veux encore, encore plus. Ces petits moments me comblent tellement. Sa voix revient bourdonner à mes oreilles et pendant un moment, je ne suis pas certaine d'avoir bien compris ce qu'il a dit pendant un instant, jusqu'à ce que le sens s'imprègne en moi. Une...

«... Étape?»

Je me détache un peu de lui, mais pas trop, simplement pour le regarder alors qu'il rougit. Weston... rougir? Je ne comprends plus rien décidément. Une chose est certaine, mes propres joues le sont tout autant et je cherche mes mots en scrutant consciencieusement mes pieds qui soudain, me paraissent tellement intéressant. N'y tenant plus, je me blottis contre lui et je glisse un baiser contre son cou. Mon coeur s'est emballé de façon étrange, inégale et très rapide.

«Qu'est-ce que... tu veux dire par là?»

Je me recule pour pouvoir le regarder, mais dès que mes prunelles rencontrent les siennes, le rouge me revient, encore plus vif. Pourquoi je stresse comme une dingue tout à coup moi?

(c)Golden

• THAT WAS THEN AND THIS IS NOW •feat. Mercedes Blanchett

Étape. Étape… ÉTAPE?!? Mais qu’est-ce que je viens de lancer là, moi! Ne pouvais-je pas me contenter du moment présent? Ne pouvais-je donc pas simplement apprécier ce moment? Semble-t-il que non. Et à présent, je me retrouve rouge tomate, ne sachant trop comment me sortir de ceci. Étape… Mon crâne est aussitôt submergé ce qui semble vouloir être des excuses. Je n’arrive toutefois pas à les démêler, et reste silencieux, rougissant à vue d’œil. Weston rougissant, c’est mauvais signe. Ça ne m’est pas familier, et je ne sais trop comment y réagir. Je n’ai de toute manière pas le temps de réfléchir comme il faut que la jeune femme se détache de mon corps, réclamant des explications. Explications que, bien entendu, je n’ai pas. Stress, je crois que c’est le bon mot. Je stress, je panique. Même ce nouveau câlin et ce baiser tendre de la part de Victoria ne suffit pas à me ramener à moi. Il n’y a que ces mots qui flottent toujours dans ma tête. Ces mots que j’ai moi-même prononcé, et que pourtant je ne comprends pas.

Victoria se détache de moi une seconde fois, quêtant cette fois clairement une explication. Je ne vois aucune issue. Aucune manière de m’en sortir indemne. J’ai beau chercher une porte de sortie du regard, je ne vois rien dans cette forêt capable de voler à mon secours. Des arbres, des fleurs, des pierres… Je sens la chaleur montrer en moi, accompagnant la panique. Il me faut sortir de ce trou. Fuir. Oui, fuir. Relâchant un petit rire nerveux, je me mets à trotter vers la première destination qui me s’offre à moi. Partant en ligne droite, je laisse la jeune femme en plan, fuyant ces explications qu’elle me demande.

-C’est qui qui est trop lent, maintenant!

Lâche? Peut-être. Probablement, même. Mais j’aime mieux être lâche que de me perdre dans des explications qui pourraient en avouer plus que je suis prêt à relâcher. Comme expliquer? Comment tout avouer sans tout gâcher? Parce que même si elle était prête à l’entendre, moi, suis-je prêt à le verbaliser? Moi qui n’arrive même pas à visualiser ce mot qui m’hante depuis maintenant quelques temps. Qui me faisait encore douté il n’y a encore pas trop longtemps, mais qui maintenant ne fait plus aucun doute. Mais comment le verbaliser? Comment lui avouer. Je cesse ma course à travers les arbres, m’arrêtant sous une petite ouverture lumineuse. Essoufflé, je me retourne pour apercevoir la jeune femme à ma poursuite, un peu plus loin. Je me doute bien que cette petite course ne m’a pas réellement sortie d’affaire. La seconde où elle arrivera, je devrai reprendre où nous nous sommes laissés. Et malgré ma crainte, je sais que je n’aurai pas le choix. Que je devrai trouver une manière d’expliquer ces paroles qui ont glissés d’elles-mêmes hors de ma bouche. Peut-être est-ce une sorte de signe? Un genre d’inconscient impatient de me voir faire face à mes sentiments, pour la première fois de ma vie. Impatient de me voir affronter cette qui m’effraie depuis trop longtemps. Ce dont j’ai longtemps cru ne pas avoir droit. Ce dont je me suis passé durant toutes ces années, me contentant de collectionner les relations d’un soir, sans jamais désirer plus à la fin de la nuit. Jamais, avant maintenant. Avant elle. Maintenant, je n’ai plus le choix. Alors qu’elle arrive enfin à mes côtés, je m’empare de la jeune femme pour lui glisser un baiser tendre. Un baiser passionné. Un baiser… amoureux. Un baiser qui pourrait presque parler pour moi. Presque.

(c)Golden

♦ THAT WAS THEN AND THIS IS NOW ♦feat. Weston Elric

Nous nous trouvons ici. À cet instant. Les pieds se balançant dans le vide, le corps prêt à suivre à tout moment. Voguant à la limite infime qui nous sépare d'un monde inconnu de l'un comme de l'autre. Dans ma gorge, une veine palpite, trahissant mon appréhension. Cette étape, je l'ai ressentie moi aussi. Quelque part je la cherche. Ailleurs, je la fuis. Incapable de me décider, pas tant que ces mots interdits n'auront pas été prononcés. Inconsciente, l'observant dans un silence tend, de ce qui se produira ensuite, ne réalisant pas un instant ce que je soupçonne au fond de moi-même et que je cherche peut-être à lui arracher par mes incessantes questions. Questions qui se forment partout dans mon regard qui considère mon vis-à-vis avec une insistance grandissante. Le sien forme une sphère autour de moi, un contour invisible comme pour éviter le contenu qui se dresse devant lui pour le piéger. Son bras se détache le premier et comme une sotte, je l'observe partir, s'éloigner. Trottiner au loin avant de courir franchement dans un éclat enfantin qui n'a rien à voir avec le prétendu défi de vitesse qu'il me propose. Je reste ici, en plan, seule. Grisée par ces espoirs qui lentement s'étendent dans mon estomac. Me propulsant de l'avant. Vers lui. Toujours vers lui. J'ai besoin de savoir. Malgré l'air désinvolte qui se peint sur mon visage, une panique sans nom m'a saisie.

«Oh tu ne t'en tiras pas à si bon compte!»

Mes pas dégringolent la piste. Mes bras se perdent dans l'air chaud de la forêt, effleurent la végétation dense, se tendent vers lui. Ma course fait voler quelques petites roches sur mon passage, tandis que mes cheveux dansent autour de ma tête. Je sais. Je sais qu'il ne fuit pas pour rien. Je sais que j'ai touché une corde sensible. Je le connais. Il est franc. Mais cette fois, il n'a pas été en mesure de m'avouer ce qu'il désire et je ne sais pas pourquoi. Je ne comprends pas ce qui vient de se passer ou le réalisme saisissant qu'a pris la scène que nous sommes en train de vivre à l'instant. Comme si tous mes sens s'étaient aiguisés et que je pouvais saisir chaque brise de vent contre ma peau, chaque son de la forêt, que chaque détail des arbres me paraissait aussi clair que si je me trouvais très près. Même les couleurs ont pris des teintes plus vives, plus souples, festives à se balancer dans la brise dans un chahut chaleureux. Lui au devant s'arrête, me réceptionne alors que je le rattrapais presque dans ma course effrénée et légère en sa direction. Il s'empare de moi et m'offre un baiser dont je me rappellerai longtemps, un baiser auquel je réponds de façon avide. Les jambes toujours affolées dans ma course, elles me poussent contre lui avec impatience, mais je ne calcule pas ma force et nous nous retrouvons à reculer en direction de l'herbe qui borde le sentier. J'ignore lequel d'entre nous s'emmêlent les pieds le premier mais nous tombons à la renverse dans un cri mêlé de rires et je me retrouve couchée sur sa poitrine, un large sourire au visage.

Et je l'admire. Dans un silence sympathique pendant lequel je me permets de détailler dans les moindres détails ce visage que je connais déjà par coeur mais dont je ne saurais me lasser. Je glisse un doigt contre sa joue, remontant l'arête du nez, décrivant le contour de ses yeux d'un bleu saisissant... Toujours en moi quelque chose frémit, mais la question, brûlante, revient me hanter. D'un regard malicieux, je m'empare de ses bras que m'immobilise au-dessus de sa tête avec mes deux mains. Pour le reste, je fais pression sur lui avec tout mon corps.

«Te voilà mon prisonnier, il va falloir me dire ce pour quoi tu t'es enfui... Tu aurais pu t'en tirer mais là, Weston Elric qui s'enfuit comme ça...»

Oh je sais bien qu'un simple mouvement lui serait nécessaire pour renverser la vapeur pour lui. Je ne suis pas bien forte et surtout je ne fais pas le poids contre lui.

«Alors West... tu pensais à quoi quand tu as parlé... d'étape? Qu'est-ce que tu complotes?»

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• THAT WAS THEN AND THIS IS NOW •feat. Mercedes Blanchett

Douces, chaudes, envoutantes… Ses lèvres contre les miennes me font un effet que je n’aurais jamais soupçonné. Un effet qui se fait ressentir jusque dans mes extrémités. De mes oreilles à mes orteils, un picotement qui n’est pas désagréable m’a envahi. Le désir me prend. Le besoin d’elle. L’envie de la sentir contre moi, sans aucun tissu pour nous séparer. Et semble-t-il qu’elle doit partager avec moi cette envie, car quelques secondes plus tard, nous nous trouvons tous deux au sol dans une position qui pourrait amener à bien des conclusions. Ainsi, je la laisse me contempler. Son simple regard sur moi me fait frémir, me procure une sensation des plus douces, des plus envoutantes. Une sensation que je n’échangerais pas pour tout l’or du monde. Une que seul elle peut me procurer. Une que je ne pourrai jamais me lasser. Jamais. Je laisse mes yeux se refermer alors qu’elle passe un doigt contre mon visage. Un doigt qui me fait frémir à son contact. Je veux la toucher à mon tour. Je veux lui rendre cette sensation qui me fait flotter depuis plus longtemps que je n’ose l’avouer. Je veux lui faire comprendre tout ce qu’elle me procure. Je veux qu’elle réalise ce que c’est. Et pourtant, je reste là, les yeux clos, immobile, à simplement profiter de son doux contact contre moi. Malgré toutes ces idées qui me flottent dans le crâne, je ne fais rien, jusqu’à ce qu’elle revienne à la charge avec ses questions.

Me retrouvant prisonnier de la belle, je rouvre les yeux pour de nouveau apercevoir son visage d’ange. Il me serait tant facile de la chasser, mais je n’en ai pas envie. Malgré moi, une petite partie de moi se retrouve bien heureuse de voir la rose me questionner ainsi. Une partie sadique de moi qui n’a qu’une envie. Tout avouer. Tout relâcher. Exprimer ce qui se passe secrètement en moi depuis trop longtemps. Tout balancer. Sans gêne, sans crainte des conséquences. Mais ce n’est qu’une partie de moi. Le reste du Weston se retient, et cherche à nouveau des excuses. De nouvelles manières de s’en sortir indemne. Mais… m’en sortirai-je vraiment indemne? Est-ce que garder tout ceci pour moi est vraiment ce qu’il y a de mieux? Plus le temps passera, et plus je peinerai à ne pas le dire. À ne pas prononcer ces mots qui restent en permanence sur le bout de ma langue. Ces mots qui me terrifient, et pourtant que je désir tant libérer. Ces mots qui ne peuvent pas être confinés à tout jamais. Parce qu’un jour, ils ne seront plus prononçables. Un jour, il sera trop tard. Elle en trouvera un autre. Elle m’oubliera. Elle se sauvera avec un plus brave qui aura osé lui dire. Mais ça, je ne pourrai jamais l’accepter.

Sans même y mettre beaucoup de force, je fais glisser la jeune femme sur le côté pour venir me placer sur elle, et en faire à mon tour ma prisonnière. J’accepte. J’accepte de me livrer à cette partie de moi qui veut tout libérer. Je lui laisse place. Sans retenue, sans conséquences. Les yeux plongés dans les siens, je cherche mes mots.

-Je veux plus, Victoria. Être amis, ça ne me suffit plus. Je veux plus.

Avant même qu’elle ne puisse comprendre leur sens, je scelle mes paroles à l’aide d’un baiser qui vient confirmer mes dires. Un baiser qui n’a rien de ceux que s’offrent les amis. Un baiser qui s’apparente plus à ceux… des couples.

(c)Golden

♦ THAT WAS THEN AND THIS IS NOW ♦feat. Weston Elric

Suspendue à ses lèvres. Suspendue entre deux mondes. Déception amère ou peur chronique. Encore à me demander comment je ferai pour me sortir de celle-ci. Fuir est ma signature, il n'y a pas plus lâche que moi. Lâche ou survivante? J'ignore comment nommer ce que je suis devenue après Jonas. Une épave à la dérive, quelques morceaux de casse-tête éparpillés sur le sol. Certaines pièces n'ont jamais été retrouvées, certaines manquent cruellement. Pour échapper à ce que je n'ai pas pu accomplir, j'ai fui. Fuir s'avère plus facile qu'affronter toutes mes faiblesses et mes blessures encore béantes du passé. La peur. J'ai peur, même après qu'il m'aille fait pivoter pour se hisser au-dessus de moi. Même après que son regard eu cherché le mien dans une assurance nouvellement gagnée. Même après que mes questions incessantes aillent finalement porté leurs fruits. Je les attendais ces confidences, n'est-ce pas? Quelque part au fond de moi je n'attendais qu'il exhume la puissance de ses sentiments pour moi... Sentiments dûment partagés. Je ne suis pas sotte. Je ne suis pas sotte... Je le sais. Ces regards en obliques, ces insinuations de mes proches, vous croyez vraiment que je ne les ai pas saisies? Que si j'ai joué l'idiote pour tenter de les mettre de côté? Vous voulez la vérité? La vraie de vraie?

Je suis tombée amoureuse de Weston Elric. Je suis amoureuse de Weston. Je l'aime, pour de vrai de vrai. Je rêve à lui, je l'attends. Je veux être avec lui, de tout mon coeur, de tout mon corps. Je le désire à tout moment. Je ne me fatigue pas une seule seconde du pire de lui. Personne ne me fait sourire et rire comme lui. Personne ne m'arrache autant de plaisir. Personne ne me fait sentir comme une fillette idiote et une femme tout à la fois comme il le fait. Je suis tombée amoureuse de Weston Elric probablement le premier jour où je l'ai rencontré. Parce que de par ce jeu j'ai du me montrer honnête, j'ai du creuser dans mes bobos et y faire face et j'ai vu les siens aussi. J'ai du m'exposer à lui, bien plus qu'à un autre, lui faire confiance car lui seul pouvait comprendre. Comprendre. Il m'a comprise. Il m'a tenue dans ses bras, il m'a offert un toit, une maison même. Quand j'entre chez lui, je me sens comme chez-moi car il est présent. Tout ceci, c'est vraiment idiot. Je n'ai jamais voulu que ça se passe ainsi. Mais c'est trop tard pour moi depuis beaucoup trop longtemps et chaque moment de panique lors du processus s'est vu écarté par ses sourires, ses baisers tendres, l'éclat brumeux au creux de son regard et la sensation dévorante qui n'a fait qu'accroître au fil des mois. La panique est toujours présente, fuite désirée au fond de moi.

Je dois me protéger. J'ai toujours du me protéger. Le jour où je ne l'ai pas fait, je me suis haït pour toujours. Le jour où j'ai ouvert mon coeur, je me suis retrouvée en morceaux balancés aux quatre vents. Pourtant avec lui, j'ai enfin l'impression d'être complète. Comme si deux parts brisées pouvaient former un seul être, plus fort, uni. Que dire maintenant? Que faire? Maintenant que ces paroles que j'ai toujours attendu ont brisé toutes les barrières entre nous, je ne puis retourner en arrière. Plus prétendre que nous sommes autre chose que ce que nous faisons mine d'être depuis si longtemps déjà. Il l'a compris lui aussi, peut-être même avant moi. Il veut que nous soyons plus que des amis. Il porte pour moi une affection qui dépasse celle que me voue Faust ou Solène. Il veut être avec moi. Je ferme les yeux, laisse un sourire presque imperceptible étirer mes lèvres. Comme il me fait du bien de me sentir appréciée... aimée? Il n'a pas prononcé ces mots encore, mais j'ai aussi envie de les entendre. Même si je suis terrorisée au-delà de l'imaginable.

«Nous sommes déjà plus que des amis, non?»

Je joue l'idiote et je m'en veux aussitôt. Je pourrais réduire mes chances à néant et une part de moi le souhaite. Briser son étreinte, partir loin de lui qui me brisera probablement le coeur. Rester seule, ne dépendre de rien ni personne, et certainement pas de lui.

«Weston es-tu en train de dire que tu veux que nous soyons un couple? Du genre ne plus que baiser avec l'un et l'autre? Passer toutes nos soirées ensemble? S'appeler régulièrement? Vivre ensemble? Se promettre fidélité et engagement? C'est vraiment ce que tu souhaites avec moi? Moi qui est terrorisée de ce genre de choses qui... Qui... Qui ne sait pas être en couple ou dire «je t'aime» même si c'est ce que je pense? Qui... panique quand elle se sent coincée? Qui...»

Je me redresse un peu de sous lui, m'éloignant d'un pas pour me permettre de m'asseoir. Je pose mes bras contre mes genoux, complètement perdue.

«West... je ne sais pas comment faire...»

(c)Golden

• THAT WAS THEN AND THIS IS NOW •feat. Mercedes Blanchett

Quand elle me touche. Quand elle me regarde. Quand elle prononce mon nom. Sa simple présence. Je l’aime. Il n’y a pas de doute. Il n’y en a jamais eu. Il n’y a eu que des excuses pour tenter d’éviter cette réalité pourtant si présente. Mais aujourd’hui, aucun de nous ne peut le nier. Aucun de nous ne veut le nier. Je peux le voir dans sa manière de me regarder. Mes mots l’ont touchée. Ils ont fait ressortir en elle ce qui se passe chez moi. Ces sentiments qui me hantent depuis trop longtemps, ils sont partagés. Ils sont réels. Ici, au beau milieu de cette jungle déserte, nous vivons pour la première fois un amour partagé. Nous laissons libre court à ce sentiment que nous refusons depuis que nous nous sommes rencontré. Ce même sentiment qui nous a d’abord rapprochés, dans ce bar. Celui qui m’a poussé à lui offrir ce verre, à lui proposer ce jeu qui se voulait totalement innocent. Celui qui proposait en surface une simple baise, mais qui, en profondeur, en désirait plus. Parce que la seconde où j’ai croisé son regard, tout était terminé. Cette seconde, bien précisément, ma vie comme je la connaissais se terminait. Au revoir les rendez-vous sans lendemain. Au revoir la vie sans soucis. Au revoir. Mais je m’en suis fichu. La preuve? Je suis ici aujourd’hui. Je suis là, recouvrant son corps, attendant une réponse qui se fait attendre. Une réponse qui changera mon existence. Qui me propulsera hors du passé, et me tournera vers l’avenir. Je suis ici. La voilà, la preuve. Preuve que je suis prêt à tout oublier pour elle. Que je suis prêt à changer. Que je suis prêt à tout pour être avec elle. Parce qu’il n’y a rien d’autre au monde que je désire plus. Jamais un corps ne sera plus attirant que le sien. Jamais un sourire ne sera plus beau que celui qu’elle a à m’offrir. Jamais on ne pourra me faire rire comme elle le fait. Jamais. Jamais une femme ne pourra la remplacer. Elle est unique. Elle est elle. Elle est Victoria. Et c’est elle que je veux. Peu importe si elle joue les innocentes. Peu importe si elle retarde la vérité. Peu importe. J’ai fait mon choix.

-Oui c’est ce que je veux. Oui c’est ce que j’ai toujours voulu. Je veux de cette fille qui ne sait pas dire «je t’aime», je veux de cette fille qui panique quand elle est coincée. Mais surtout, je veux de cette fille avec qui je ris. Je veux de cette fille qui sait me réchauffer peu importe les circonstances. Je veux de cette fille qui peut s’affirmer. Je veux… je veux toi, Victoria Hills. Toi et personne d’autre.

Je marque une pause, le temps de calmer ma respiration qui s’est accélérée sans même que je ne réalise. Je me redresse à mon tour, laissant à la rose l’espace qu’elle semble chercher. Je lui laisse de l’air, et j’en profite pour en chercher à mon tour. Le regard toujours plongé dans le sien, je me penche légèrement vers elle pour agripper sa main toujours aussi chaude.

-Moi non plus je sais pas comment on fait, mais je veux apprendre avec toi. Je veux le faire à tes côtés. Avec toi, et personne d’autre. Je veux me réveiller à tes côtés, je veux te parler tous les jours, je veux te promettre fidélité et toutes les conneries que tu me demanderas. Je sais, Weston Elric promettre fidélité à quelqu’un… Mais je suis sincère, Victoria… Parce que je…

Parce que quoi? Je le sais très bien. Et elle aussi. Nous le savons tous, et pourtant, ces mots restent coincés dans le fond de ma gorge, refusant toujours de sortir. Mais cette fois, je n’ai pas l’intention de les laisser gagner. Resserrant légèrement la main de la rose dans la mienne, je prends une grande respiration avant de libérer ces mots qui je refoule depuis tout ce temps.

-Parce que je t’aime.

(c)Golden

♦ THAT WAS THEN AND THIS IS NOW ♦feat. Weston Elric

Trop fière souvent pour avouer. Pour admettre mes faiblesses pourtant énormes. Trop secrète pour m'ouvrir, pour admettre que le passé m'a laissée complètement vidée, épuisée, perdue. Pourtant cette fois, je ne peux plus reculer. J'ai laissé derrière moi cette image de la jeune fille frivole et sûre d'elle, que rien ne peut ébranler pour prononcer ces paroles que je me refuse depuis longtemps. Je ne sais pas comment faire pour être heureuse avec un homme. À chaque fois que je me trouve en leur présence, je crains qu'on me refasse le même coup. Des violeurs à tout coup? Comment pourrais-je le savoir? Préférer m'en tenir loin et éviter les malheurs, voilà ce qui a constitué ma philosophie jusqu'à présent. J'ai rejeté les amoureux, les insistants, les romantiques. Je n'avais rien à craindre de lui et voilà que je suis tombée, gravement. Amoureuse. Je ne peux que contempler le résultat à présent de façon résignée. L'accepter pleinement. Maintenant que je lui ai exposé la puissance de mes doutes, je me sens quelque peu soulagée, comme si je lui confiais une part très intime et très fragile de moi-même. À lui en qui j'ai confiance, bien malgré moi. Je sais qu'il l'emporte avec lui avec le sourire, avec la promesse de la garder précieusement, tout près.

Pour le reste... Il sait choisir les bons mots. Lui maladroit, lui qui se met toujours les pieds dans les plats de par sa spontanéité. Les a-t-il sélectionnés à l'avance? Les a-t-il préparés en toute connaissance de cause, en sachant que je tenterais de me désister sous l'effet de la lâcheté? S'est-il pratiquer à les répéter devant son miroir pour déterminer la meilleure combinaison? Je ne l'ai jamais connu ainsi. Aussi convaincu et sincère qu'à ce moment. Il a secoué mes arguments pour les réduire en poussière. Il se tient là, un peu à bout de souffle, taraudé par ses émotions mais sûr de ce qu'il entreprend et de ses sentiments. Il m'inspire. Je ne peux que le regarder avec un sentiment tendre au creux de l'estomac. Il continue son discours, prenant ma main au passage que je lui lègue sans protester. Weston me confie ses propres faiblesses et me propose d'apprendre en ma compagnie, et même me jurer fidélité. Je sens mes yeux s'humidifier et je serre un peu plus sa main. Comment lui dire non maintenant qu'il a su calmer toutes mes angoisses, du moins celles qui peuvent être réparées? Je passe une main contre son bras avec douceur, me concentrant sur ses mains plutôt que sur ses prunelles qui attendent probablement ma réponse.

Je t'aime. Il l'a dit. Il l'a vraiment dit. Je n'en attendais pas autant. Je croyais déjà en la force de ses sentiments. Je le connais après tout. Simplement d'envisager de former un couple avec moi relève de l'impossible, alors de m'offrir ces mots sacrés? Je les savoure en fermant les yeux. Il m'aime. Weston m'aime. À l'intérieur de moi, un printemps fleurit. Je l'observe avec surprise et émotion, levant les yeux vers lui enfin avant de l'attirer vers mon visage. Posant mes lèvres contre les siennes. Je lance mes bras autour de lui, me blottit contre son torse. Je ne le laisserai pas partir. Je ne me laisserai pas partir. Je l'embrasse, longtemps, sans me détacher, au point de manquer de souffle. Je recule doucement la tête, affolée de devoir parler alors que mes mots me fuient.

«Je...»

Je me racle la gorge, m'éloignant de lui, détachant ma poigne presque désespérée sur son pauvre t-shirt.

«Je veux aussi... Je veux dire... Tout ça euh... être euh... Ensemble... Enfin... On est toujours ensemble, mais cette fois ce serait... Ensemble différemment... Ne me regarde pas comme ça j'essaie de le dire bon! Un...»

Je respire un bon coup. Respire Mercy. Respire.

«Un couple. Je veux être ta petite amie, ta fiancée, ta blonde, peu importe comment vous le nommez ici.»

Je me sens vidée tout à coup, mais le pire reste à venir.

«Et je... bah tu sais... Euh... Moi aussi...»

Je ne l'ai pas dit mais c'est tout comme n'est-ce pas?

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• THAT WAS THEN AND THIS IS NOW •feat. Mercedes Blanchett

Je t’aime… Je t’aime, je t’aime, je t’aime… J’éprouve un plaisir coupable à prononcer ces mots. Ces mots que m’avaient pendant longtemps parus interdits, imprononçables. Ces mots que j’avais cru ne jamais libérer. Ces mots que je ne croyais jamais offrir à qui que ce soit. Moi, aimer. Moi, amoureux. Moi, partager ce sentiment étrange avec quelqu’un. Combien de temps me le suis-je interdit. À combien de femmes superbes ais-je brisé le cœur avant de la rencontrer? À combien ais-j’interdis l’accès jusqu’à mon cœur? Tant que je ne peux pas compter. Mais à présent, ces femmes, je les oublis. Elles n’existent plus. À présent, il n’y a plus qu’elle. Elle pour qui je ferais tout. Elle pour qui j’avouerais tout. Elle que j’aime. Elle à qui j’ose enfin le dire. Elle. Je l’aime. Et aussi égoïste que cela puisse paraitre, je veux qu’elle m’aime aussi. Je veux qu’elle partage ce sentiment avec moi. Je veux qu’elle me le dise. Qu’elle me le répète jours et nuit. Après tout ce qui s’est passé entre nous, après tout ce que nous avons vécu, tout ce que nous avons partagé… Jamais je ne pourrai la laisser partir. Je me suis ouvert à elle comme jamais je ne m’étais ouvert. Elle m’a vu dans mes moments les plus sombres comme les plus heureux. Elle y a participé, et à présent, elle ne peut plus s’en retirer.

Le cœur battant, je l’observe, silencieux, attendant sa réponse. Une tonne d’idées entremêlées flottent dans ma tête. Je m’imagine tous les scénarios imaginables en un temps record. Et si elle disait non? Et si elle décidait de partir, de me laisser en plan et de s’enfuir? Je chasse rapidement ces pensées qui ne font aucun sens, et me concentre plutôt sur sa douce main qui s’est posée sur mon bras. Elle ne dira pas non. Elle ne peut pas. Ou alors… ou alors je n’y survivrai pas. Je ne pourrais simplement pas vivre une nouvelle déception. Je ne peux pas laisser l’amour me filer entre les doigts une nouvelle fois. Un amour qui cette fois est légitime, acceptable, compensable. Un amour qui pourrait fonctionner. Un amour qui n’est pas synonyme de vice. Un amour dont j’ai besoin. Plus que jamais. Plus que quiconque. Après toutes ces années, je crois avoir suffisamment payé. Je crois avoir de nouveau le droit d’offrir mon cœur. Et cette fois, c’est à la bonne. Ça ne pourrait pas être autrement. Ça ne pourrait pas, et elle me le prouve une énième fois à l’aide d’un baiser qui provoque en moi des réactions puissantes. Des étincelles, des gargouillis, des flammes… Un nouveau baiser comme elle sait mes les offrir et comme moi, je ne saurais me passer. Un baiser qui pourrait me suffire en guise de réponse. Qui aurait très bien pu parler pour elle. Et pourtant, la voilà qui se met à me déballer quelques phrases un peu incompréhensibles. Avec très peu d’assurances, elle développe ses pensées dans un balbutiement que j’écoute attentivement, n’en manquant pas la moindre syllabe. Ensemble. C’est le mot qui me frappe le plus. Elle veut que nous soyons ensemble. Tous les deux. Un… couple. Un vrai couple. Pas deux amis qui baisent de temps en temps. Pas un homme et une femme partageant de nombreux centres d’intérêts. Pas une relation à sens unique. Non, un vrai couple. Un homme et une femme s’aimant. Un amour partagé, affirmé. Un vrai… couple.

Envahi d’un bonheur nouveau, je bondis presque sur la jeune femme afin d’en faire une nouvelle fois ma prisonnière. Les bras formant une cage autour d’elle, et un sourire étincelant étampé sur le visage, je lui offre un petit regard amusé, mesquin. Je ne peux contrôler cette joie qui vient de m’envahir. Je lui glisse un nouveau baiser, un baiser signifiant pour moi la fin d’une étape dans ma vie, mais surtout, le début d’une nouvelle. Le début d’une vie de couple. D’une relation d’égal à égal avec l’élue de mon cœur. Avec celle qui me fait tant de bien. Celle qui m’a sortie de tant de difficultés. Celle qui est petit à petit devenue ma drogue. Délicatement, je délaisse ses lèvres pour de nouveau plonger mon regard dans le sien. Je veux l’entendre le dire. Je veux qu’elle prononce ces mots qu’elle refuse de libérer. Ceux qui m’ont moi-même demandé énormément de courage. Je veux qu’elle le dise, qu’elle le réalise pour de bon. Je veux entendre « je t’aime ».

-Toi aussi quoi…? Exprimes-toi, Victoria.

Vilain Weston. Oh, mais je le mérite, non?

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♦ THAT WAS THEN AND THIS IS NOW ♦feat. Weston Elric

Je l'ai bien assez répété à quel point les mots sont les extensions de mon âme, mes armes personnelles. Je sais les manier, les ajuster à mes besoins. Aujourd'hui, ils me fuient. S'échappent de ma langue de façon non concise et désordonnée. J'aimerais pouvoir y mettre un semblant de vigueur, mais une boule d'émotions s'est formée au niveau de ma gorge et semble retenir l'engrenage de la parole, me laissant complètement à la merci du regard étincelant du jeune homme qui attend avec ferveur que je profane les mots qu'il attend. J'essaie, vraiment, de sortir ce que je ressens depuis un bon moment déjà, de lui exprimer la puissance de mon affection. En moi, ces mots coulent si aisément. Je les ressens au plus profond de moi, dans chaque fibre de mon corps alors que je lève le regard en sa direction, tentant désespérément de chasser la peur qui me tenaille le bas du ventre. Je n'ai dit «je t'aime» qu'à un seul garçon. Un garçon qui l'a pris entre ses paumes avant de le détruire d'un coup sec, et une part de moi avec. J'avais cru en un avenir avec lui. J'avais cru que nous étions un couple. J'avais été déçue. Rien au monde ne peut me promettre que cette fois si sera différente, rien sauf ma conviction profonde que le garçon qui se trouve devant moi est le bon.

Homme de ma vie? Seul l'avenir me le dira. Mais en ce moment présent, je sais que j'ai besoin de lui dans ma vie, j'ai besoin de ces «je t'aime» qui m'effraient autant. J'ai besoin de me reconstruire, du moins de ce côté, de passer à autre chose et d'oublier. D'oublier pour de bon cette fois et non me cacher sous ces épaisses couches de mensonges. Sa réaction à cet accord un peu brouillon de ma part à sa proposition inattendue est tout simplement... magique. Il me saute au cou pour m'embrasser, m'entourant de ses bras pour me retenir un peu comme moi un instant auparavant. On dirait qu'il craint que je change d'idée et je ne m'enfuie, ce qui venant de ma part ne serait pas tellement surprenant. Je le laisse donc faire, me calant dans la chaleur de ses bras avec un soupir de soulagement. Voilà qui est fait, voilà que nous appartenons l'un à l'autre. What now? Je ne sais pas. Peut-être que nous vivrons ensemble. Peut-être que nous ouvrirons un compte de banque tous les deux. Peut-être que... Non... Là mon imagination va vraiment trop loin. Nous allons commencer par apprendre à nous connaître pleinement, dans ce nouveau rôle. Weston défait notre baiser en restant tout près. Ses lèvres si près des miennes m'attirent et je les frôle dans une invitation à poursuivre, mais je décèle bientôt une lueur malicieuse au creux de ses prunelles. Oh oh.

Je m'y attendais un peu, même si j'espérais qu'il n'insiste pas. Surtout après que je vienne tout juste de lui avouer que je peine à prononcer ces mots. C'est stupide, mais j'ai l'impression que s'ils quittent ma bouche, qu'il se transformera en le monstre qu'est mon cousin. Un voile de tristesse passe sur mon visage, rapidement éclipsé par ma gêne. Je me remets de debout, m'entourant de mes bras en me mordillant la lèvre.

«Tu sais très bien... Je t'en prie c'est difficile pour moi de le dire... J'ai...»

Peur que tu te moques de moi. Peut que tu m'abandonnes. Peur de ce que ça représente pour moi de t'aimer. Toutes ces options. Je lui présente ma main pour l'aider à se lever et je vais me placer dans ses bras.

«Je sais dire que je te veux. Je sais dire que j'ai besoin de toi. Je sais dire que je m'ennuie de toi. Mais...»

Je me recule un peu, sur son torse comme pour lever ma tête vers lui, mais je n'en fais rien, je reste fixée contre son torse.

«Tu sais Weston je suis vraiment une fille compliquée. L'amour... c'est compliqué pour moi. J'ai eu très mal et je suis encore à craindre que... Non laisse tomber c'est vraiment vraiment idiot. Je dois arrêter d'avoir peur bon sang, j'en ai marre.»

Je place mes mains contre mon front, sentant les larmes affluer. Je suis tellement heureuse mais lui, il continuera toujours de me hanter.

«Weston je suis tellement heureuse d'être avec toi... Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi sur cette île. Je... Je t'aime.»

Sur ce, mes genoux me lâchent et je m'écroule comme une poupée de chiffon. Bravo Mercy. Bravo.

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• THAT WAS THEN AND THIS IS NOW •feat. Mercedes Blanchett

Je flotte. Je veux jouer, je veux rire, je veux laisser libre court à cette joie de vivre qui m’a envahie en entendant la rose me confirmer ses sentiments, à sa manière. Je me trouve dans un sentiment d’extase que même la cocaïne n’a jamais pu me fournir. Un sentiment qu’aucune drogue n’a jamais pu égalée. Extasie, speed, acide… Nommez-les, je les ai testées. Et jamais, jamais je n’ai même effleuré une telle sensation. Jamais. C’est quelque chose d’unique. Quelque chose que j’aurais tant aimé posséder avant aujourd’hui. Quelque chose que j’aimerais partager avec la jeune femme responsable de toute cette énergie positive. Et pourtant… Pourtant, au lieu d’afficher un sourire radieux comme elle aurait dû, elle se laisse aspirer par une ombre qui recouvre à présent son visage. Au lieu de se laisser contaminer par ma joie d vivre, elle se renferme. Elle quitte le confort de mes bras pour s’éloigner, pour tenter de s’isoler. Pour me fuir. Mais pourquoi fuir? Pourquoi fuir alors que nous venons tous deux d’avouer la force de nos sentiments? Alors que nous savons tous deux la chose réciproque. Pourquoi fuir ce bonheur qui nous tend pourtant la main? Je peine à comprendre sa réaction, mais je ne pose pas plus de question, et me contente de l’observer, à la fois intrigué et craintif de la suite des choses. Je ne veux pas la voir prendre la fuite. Je ne veux pas la voir m’abandonner. Je ne veux pas la perdre, à présent que je la tiens.

Toujours en silence, j’attrape la main qu’elle me tend pour me positionner à ses côtés, prêt à partir à sa poursuite s’il le faut. Mais pour l’instant, je me contente de lui offrir un air compatissant, désolé d’avoir forcé des paroles qu’elle n’était peut-être pas encore prête à prononcer. Des paroles qui lui semblent encore plus douloureuses à prononcer qu’à moi. Nous avons tous les deux nos démons. Tous les deux, nous avons ces personnes qui ont brouillées notre vision de l’amour. Qui nous ont fait douter de nous. Qui nous ont arraché ce droit au bonheur. Je sais ce que c’est. Je le sais, je le comprends, et pourtant, elle s’éloigne de moi. Elle refuse ma compassion en refusant de libérer le poids de ses sentiments. Je me suis ouvert à elle. Je lui ai tout avoué. Elle connait mes vices, mes fardeaux, mes faiblesses… Mais elle, peut-être n’est-elle pas prête à tout avouer. Et je le respecte. Peu importe ce qu’a pu endurer la rose dans son passé… Peu importe ce qu’a pu lui faire subir cette ordure. Je l’aime comme elle est. Si le lot vient avec un passé aussi ténébreux qu’elle le laisse croire, alors je le prendrai comme il est. Peu importe qu’il soit imparfait. La jeune femme m’a prise comme j’étais. Elle ne s’est pas arrêté à mes imperfections, alors je dois en faire de même.

-C’est pas grave, t’en fais pas. T’es pas obligé de le dire si t’es pas capable. Excuses-moi je voulais pas te pousser. C’était juste pour jouer, c’était pas méchant…

Elle ne semble même pas entendre mes paroles et continue à parler, la voix tremblante. S’en est à briser le cœur, de l’entendre ainsi. J’en viens presque à regretter ces aveux. Presque. Presque, mais pas tout à fait. Parce jamais je ne pourrais regretter ce « je t’aime », jamais je ne pourrais regretter ces aveux. Jamais je ne pourrais regretter d’être à ses côtés. Parce que parfois la vie ne va pas comme on l’aurait souhaité. Je le sais, je suis rendu expert en la matière. Quand ça arrive, il faut simplement l’accepter, et l’affronter. Et c’est ce que j’ai à faire, encore aujourd’hui. Je ne peux qu’accepter cette réticence de la part de la jeune femme, et l’affronter. L’aider à se relever. L’aider à guérir, exactement comme elle m’a aidé lors que j’en avais besoin. Peut-être que pour elle, il ne s’agit pas simplement de se passer d’une petite poudre quelques semaines. Peut-être que le processus sera plus long. Peut-être qu’oublier ce salopard ne sera pas chose facile. Mais je suis prêt à l’affronter à ses côtés. À lui montrer que je ne suis pas cet homme, que je ne le serai jamais. Que jamais je ne lui ferai du mal comme il a pu lui faire. Jamais… Jamais je n’oserais briser une chose aussi magnifique. Jamais je ne la blesserais. Elle qui m’aime. Elle qui affronte ses plus grandes peurs pour me l’avouer. Pour me faire savourer cette petite phrase qui pourrait sembler si anodine pour certains. Pour sceller cette union à notre manière. Moi aussi je t’aime, Victoria. Je la rattrape dans sa chute pour lui offrir un atterrissage plus en douceur, la glissant sur mes genoux, la serrant dans mes bras.

-Hey, ça va aller, t’en fais pas… Tout va bien. Personne ne te fera du mal. Je suis là… Je suis là et je t’aime.

Jamais je ne le dirai assez. À présent qu’on me l’autorise, je suis prêt à le répéter autant de fois que possible. Autant de fois que nécessaire pour lui prouver ma sincérité.

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♦ THAT WAS THEN AND THIS IS NOW ♦feat. Weston Elric

Tout en moi s'écroule. La tête roule, cherche à se recentrer. Des points dansent devant mes yeux. Je tente de m'agripper mais mes doigts glissent dans le vide. J'ai perdu tout tonus, toute force. Ces trois mots m'ont pris tout ce que j'avais. Alors que Weston me rattrape, me pose sur ses genoux, je me sens aussi molle qu'une poupée de chiffon. Il me serre contre lui et mon regard se précise quelque peu, même si tout tangue autour de moi. Tout tangue. Mon monde vient de se retrouver en miettes à ses pieds. Comment j'ai pu? Comment j'ai pu laisser tout ceci arriver? Maintenant que ces mots sont dits, maintenant que notre destinée est scellée, je veux fuir plus que jamais. J'ai si peur, si peur que je tremble au point de m'en fendre l'âme dans ses bras. Que va-t-il penser de moi à présent quand je suis torturée ainsi à l'idée de former un couple avec lui? Alors que c'est tout ce que je souhaite. De tout mon être. Ses mots tentent de m'apaiser, trouvent leur chemin jusqu'à moi malgré le tournis qui me donne la nausée. Ma main glisse sous son torse, cherchant quelque chose pour me retenir. Alors je me brise. Les larmes affluent sur mes joues. Je le revois, lui, penché sur moi. À me dire qu'il m'aimait de ce ton moqueur. Il me disait... Il me disait...

«Oh oui je t'aime ma petite Mercy. Viens là, sur mes genoux.»

J'y allais. Je l'aimais plus que moi même. Même si je ne pouvais pas supporter un seul instant ses caresses. Il était mon copain secret, celui qui me faisait rêver. Celui qui brisait mes ailes. Je l'observais dans un rire, obtempérant pour rejoindre ses genoux et déjà, il envahissait mes cuisses de ses mains et je me crispais de l'inconfort. J'étais encore jeune. Un peu frivole, pas une sainte. J'avais seize ans. J'avais seize ans. Il n'avait pas le droit de m'imposer ceci. Je vibrais de mal à aise. Il souriait de façon un peu démontée, anormale. Il avait consommé. Je pouvais le sentir. Je le connaissais. Mais pas assez bien.

Je tremble tellement que je me sens presque convulser. J'appelle son nom et il est toujours là. Et moi je me retrouve sur ses genoux. Encore une fois. À pleurer comme une idiote. Weston n'est pas Jonas. Je le sais. Je le sens dans tout mon être. Pourquoi je le revois maintenant? Un sanglot déchirant me transperce et je pose mes mains contre mon crâne. Que va-t-il penser? Je veux lui dire que je vais bien. Je veux enfermer cette fillette terrorisée loin, très loin. Je veux la laisser aller et continuer ma vie. M'offrir du bonheur auprès de lui. Laisse-la partir. Laisse-la partir.

«Weston... Weston... Ne me fais pas mal... Je t'en prie...»

J'ai passé les sept dernières années à ne pas m'attacher. À garder la tête haute. À ne jamais m'approcher. À suivre des codes stricts. À me taire. À mentir. À faire semblant. Sept ans à tenter d'oublier le 24 février 2007, cet après-midi où Jonas Blanchett m'a demandé de s'asseoir sur ses genoux avec la ferme intention de se réchauffer. Pour ce faire, il a tout pris de ma chaleur. Ne laissant qu'une enveloppe vide, un hématome vivant. Une petite chose frêle qu'un coup de vent peut détruire. À supplier l'homme qu'elle aime de ne pas lui faire de mal parce qu'un autre lui en a trop fait. Je lève les yeux vers lui.

«Weston je ne t'ai pas tout dit. L'homme que j'aimais et qui m'a brisé le coeur... Il ne m'a pas seulement fait ça. Il m'a violée.»

Je veux... Qu'il sache. Il doit savoir. Non pas pour lui implorer de la pitié. Je veux qu'il sache que j'aurai besoin de lui pour en guérir, si un jour j'y arrive. Je me lève, tremblante, hésitante, menaçant de s'écrouler à chaque moment.

«C'est injuste. Je ne veux plus avoir peur. Je ne veux pas être comme ça devant toi... Weston je ne l'ai dit à personne. À personne. Je... Je veux oublier. Et être heureuse avec toi... S'il te plaît ne prend pas peur... Je vais arrêter de pleurer, promis...»

Je passe une main contre mon visage. Retenant les larmes. Elles finissent par s'estomper. Je reste un long moment en silence. À tout remettre en place. À enfouir tout ceci à nouveau.

«Je t'aime Weston. Pardon d'être aussi... compliquée.»

Spoiler:

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• THAT WAS THEN AND THIS IS NOW •feat. Mercedes Blanchett

Mes paroles, mes caresses, ma présence… Rien ne semble suffire à calmer ce qui a soudainement envahi la jeune femme. J’ai beau la serrer, j’ai beau lui chuchoter toutes ces petites paroles qui font habituellement l’affaire, cette fois, rien n’y fait. Rien ne peut apaiser cette douleur qui s’est éveillée en elle. Cette douleur qui l’amène à douter de moi. Je ne sais pas ce qu’elle a vécu, mais jamais cela ne se reproduira à mes côtés. Jamais je n’oserais blesser un être qui m’apporte tant de bien. Jamais je ne voudrais même risquer de lui faire du mal. Jamais. Et je n’ose pas imaginer qu’un homme ait déjà pu le faire. Qu’un être soit assez ignoble pour lui infliger tant de peine, tant de douleur. Je la serre avec plus de vigueur, comme pour essayer de la ramener à moi. Mais rien n’y fait. Elle pleure. Les larmes s’échappent d’elle, et moi, je n’y comprends rien. Moi qui croyais que ces aveux ne pouvaient qu’apporter du bonheur… Ils ont plutôt réveillé en Victoria des souvenirs qui auraient sans doute dû restés enfouis. Ils se sont échappés, et à présent, ils viennent nous voler ce moment que nous aurions dû partager dans le sourire. Ce moment qui devrait être magique. Mémorable. Parfait. Ce moment dont je rêve depuis trop longtemps. Que j’ai imaginé durant mes nuits sans sommeil. Mais il est loin de tout ça. Il est loin de la scène des films américains. Des romains d’amour. Des comédies romantiques. Il est tout le contraire, et moi, je n’y comprends rien. Je ne comprends pas pourquoi elle pleure, je ne comprends pas pourquoi elle me demande de ne pas lui faire de mal. Je ne comprends rien, mais qu’importe. Tout ce qui compte, pour moi, à cet instant précis, c’est d’apaiser son malheur. Je ne veux pas la voir ainsi, torturée. Je veux lui arracher ces pensées noires, les prendre sur moi, lui rendre le sourire. Je veux, mais je ne peux pas. Pas avec ce qu’elle ajoute. Pas avec ces paroles.

Son message pénètre en moi, tel un coup de couteau. Ses paroles résonnent dans mon crane, sans que je ne puisse vraiment les comprendre. Violé. Il l’a… violé. Mon corps se détache du sien, le temps de réaliser ce qu’elle me dit. Non, ce n’est pas possible. Ce n’est tout simplement pas possible. Le regard dans le vide, secouant la tête, je tente de comprendre. Comment. Comment… Comment quelqu’un peut-il arriver à infliger tant de souffrance à une jeune femme qui n’a rien demandé. Qui n’a rien fait de mal. Comment. Je ne veux même pas l’imaginer. Aucune raison n’est valable. Aucune excuse ne peut justifier un acte aussi disgracieux. Aussi vicieux. Aussi infâme. Un acte impardonnable. Qui l’affectera toute sa vie. Salopard. Aucun mot ne peut décrire le dégout que je ressens soudainement. Je sens la rage monter en moi. Une rage intense que je tente de contrôler pour ne pas effrayer la rose qui est déjà suffisamment troublé. Je veux crier, mordre, frapper. Mais je n’en fais rien. Au lieu de ça, je reviens vers Victoria pour lui offrir mes bras, pour la serrer avec encore plus de force. Pour lui offrir cette chaleur dont elle a tant besoin. Je referme mes bras autour d’elle une nouvelle fois, déterminé à ne plus jamais lâcher prise.

-Excuses-moi, je savais pas… Je savais pas du tout. Je te jure… Je te jure que plus jamais il ne te touchera. Je t’en fais la promesse. Plus jamais il ne s’approchera de toi. Je te le promets.

Parce que s’il ose revenir… Oh, s’il ose… Jamais je ne pourrai le tolérer. L’instant où ce salopard mettra les pieds sur cette île, il verra… Il le regrettera, ça, c’est à moi-même que j’en fais la promesse. Il goûtera à ma rage. Il goûtera à mes poings. Poings qui s’écraseront sur son visage sans retenue. S’il ose mettre les pieds sur Enola, je jure que je le tuerai. Oh, non, ce serait trop facile. Je ne lui ferai pas ce cadeau. Je lui offrirai la souffrance qu’il a fait subir à celle qui l’aimait. Celle à qui il a volé l’innocence. Je m’assurerai de le garder en vie, simplement pour qu’il endure sa souffrance. Même si jamais je ne pourrai le faire souffrir suffisamment pour qu’il ressente ce qu’il a fait subir à Victoria. Même si jamais aucune lacération, aucun bleu, aucune douleur physique ne pourra compenser. Même si… Je le ferai tout de même. Alors il est mieux de ne jamais, oh, jamais tenter de l’approcher de nouveau. Sinon, je m’occuperai de son cas. Mais pour l’instant, c’est de Victoria dont je dois m’occuper. C’est à elle que je dois me consacrer. Même si ce n’est que pour atténuer, ne serait-ce qu’un petit peu, sa douleur, alors je veux tenter de le faire. Être présent. La soutenir. Comme elle l’a fait pour moi. C’est mon tour, à présent. C’est mon tour de la bercer, de lui sourire, de lui chuchoter que tout ira bien. Que je suis là, à ses côtés. Que je l’aime.

-T’as pas à t’excuser. Jamais t’auras à le faire. Je sais que je me répète, mais je t’aime, et je t’aimerai toujours, peu importe ce qui a pu t’arriver, okay? Pas question de prendre peur, pas question de fuir. Et pas question de t’en vouloir. C’est pas ta faute, okay? C’est pas ta faute.

Sur ces paroles, j’utilise toute ma force pour lui offrir ce maigre sourire, avant d’essuyer ces larmes qui n’ont pas leur place sur ce joli visage.

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♦ THAT WAS THEN AND THIS IS NOW ♦feat. Weston Elric

Je ne suis jamais allée si loin. J'ai tout refusé. Les regards insistants, les psychologues. J'ai refusé d'en parler. Parler c'était d'admettre même que ce moment s'est produit. Que Jonas est ce monstre que j'ai tenté d'éviter pendant tant d'années. Que je ne suis pas la jeune femme forte et déterminée que je prétends être. À présent que Weston sait tout, je doute qu'il n'accepte de jouer avec un jouet cassé comme moi. Un vieux détritus enfoui sous des couches et des couches de mensonges, de mini-jupes et de beaux sourires. La peur dévorante de ce qui m'attend a fait tout sortir et malgré ma fatigue, malgré mes tremblements, malgré l'immense douleur présente dans ma poitrine et cette migraine qui me mitraille les tempes, un poids m'a quittée. Je me sens un peu mieux maintenant que j'ai tout avoué, maintenant que Weston est en mesure de comprendre mes réactions, parfois brutales à son endroit quand je me sens emprisonnée par lui. En me déclarant son amour, je sais qu'il ne cherche pas à me nuire ou à m'étouffer, à me contrôler ou me faire du mal. J'ai vu assez de menteurs pour les reconnaître et il est parfaitement sincère en m'exposant la profondeur de ses sentiments. Je reste un moment ainsi à calmer le flot de mes émotions, jusqu'à ressentir une certaine paix. Je devais m'écrouler, je crois, pour arriver à surmonter une vie de couple avec Weston à présent. Je continuerai toujours de craindre, mais au moins il saura pourquoi et pourra me rassurer. Je ne me sens plus seule dans cette bataille impossible contre mes démons intérieurs.

Et lui... Il luit de colère, de sentiments partagés. Les mots sont difficiles à avaler, je peux comprendre pourquoi. Il vient vers moi pour me serrer avec force et je soupire de soulagement. Il n'a pas l'intention de m'abandonner, me signifie-t-il à sa façon, la seule façon dont je veux l'entendre. Je me laisse bercer par ses bras si doux, si chauds, et forts aussi. Je garde le silence un bon moment, passant mes mains dans son dos dans un geste tendre, glissant un baiser dans son cou avant de me détacher doucement avec un sourire quelque peu forcé moi aussi, mais au moins, nous faisons tous les deux l'effort de nous relever, pour mieux nous battre. Nous battre pour être ensemble, pour notre couple. Oui, je mettrai un bon moment à m'habituer à ce terme si étrange pour moi et mon sourire se mute en petit geste timide. Je mêle mes doigts aux siens, le scrutant avec une certaine solennité.

«D'accord. Ça suffit. Oublions ça. Je veux juste être heureuse avec toi et arrêter de faire mon gros bébé terrorisé dès qu'on parle de s'investir dans une relation. S'il te plaît, ne laisse pas ma peur nous détruire.»

Je viens chercher ses lèvres, sentant un calme olympien m'envahir. Je prends doucement sa main et l'entraîne sur le chemin, en lui jetant un regard affectueux. Nous n'avons pas fait un pas cependant que je m'arrête, fouillant dans mon sac qui soudainement, s'est mis à briller. Je le pose sur le sol et en retire l'Oeuf de Teigon. Dans mes mains, le bébé prend forme, devant un petit Zorua... Ou plutôt une comme m'indique le Pokédex. Je la regarde avec surprise, me demandant un peu ce que j'en ferai. Mon équipe est déjà bien remplie, et quelle utilité aurais-je de deux membres de la famille des Zoruas? Surtout que son Oeuf jumeau n'a pas encore éclos... Tout à coup, la petite s'agite et saute de mes bras pour rejoindre ceux de Weston, frottant sa petite tête contre son torse. Je soupire à cette vue.

«Tiens, on dirait que j'ai déjà de la compétition!»

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• THAT WAS THEN AND THIS IS NOW •feat. Mercedes Blanchett

Elle est forte. Plus qu’elle ne le laisse paraître. Plus que moi. Car malgré ce qu’elle a pu vivre, elle sourit. C’est diablement forcé, je le vois, mais elle sourit. Elle ne se laisse pas abattre. Durant toutes ces années, elle a gardé le silence. Elle a contenu cette atrocité en elle, sans la laisser l’engloutir de l’intérieur. Peut-être ne s’en est-elle pas complètement remise, mais aujourd’hui elle parvient à marcher vers l’avant. Et ce, sans drogue, sans abus, sans aide extérieur. Sans rien. Je l’admire. Tout ce chemin, elle l’a parcouru seule. C’est quelque chose que je n’ai jamais su faire, et pourtant, son chemin était encore plus bourré d’embuches que le mien. Jamais elle ne pourra me faire avaler qu’elle n’est pas forte sans que j’explose de rire. Parce que si elle était aussi faible qu’elle le prétend, jamais elle ne se serait relevée. Jamais elle n’aurait étiré ses lèvres ainsi, et jamais elle n’aurait séché ses lèvres. Si ce n’avait pas été de cette force qu’elle possède, sans doute serait-elle morte à l’heure qu’il est. Pendu dans un garage, ou même attachée à une pierre dans le fond d’une rivière canadienne. Un peu comme je l’ai moi-même rêvé à quelques reprises. Dans tous les cas, elle ne serait pas ici.

La sentant se détendre, je m’apaise moi-même, et la laisse joindre ses lèvres aux miennes avant de me laisser entrainer sur ce chemin que j’avais presque oublié. Avec toute cette action, je ne peux pas vraiment m’en vouloir. Mais visiblement, je ne suis pas au bout de mes peines. Après seulement un demi-pas, la jeune femme cesse de nouveau d’avancer. Un peu découragé de découvrir la suite, je me retourne vers elle pour découvrir avec surprise une lueur émergeant de son sac. Intrigué, je me penche au sol à ses côtés pour découvrir un petit œuf brillant avec intensité. Honnêtement, que diable fiche-t-elle à se balader avec un œuf… Je ne pose toutefois aucune question, trop aspiré par ce qui me semble bien une naissance. Mon hypothèse est bientôt validée par un petit être se formant dans les mains de Victoria. Un petit Pokémon au pelage sombre et aux airs un peu bêta. Aussi née, elle se met à m’observer avec de grands yeux, la langue pendante, et me saute brusquement dans les bras, me faisant tomber à la renverse. Ne sachant trop comment réagir, je la laisse se frotter avec affection contre mon torse, jetant des regards à tours de rôle à Victoria et à la petite Zorua qui semble m’avoir adopté. Oh non… Pas ça… Elle n’a quand-même pas l’intention… de me la… confier…? Horrifié par cette idée, je me redresse d’un bond et agrippe la petite femelle pour la tendre au bout de mes bras, un air de dédain au visage. Pas un autre bébé! Oh non, oh non! J’ai déjà assez de travail avec cette patate de Dimitri! Ce gros bébé réclame bien trop d’attention pour que je puisse me permettre un nouvel ajout à ma famille.

-Tu va la reprendre hein? Regarde, je crois qu’elle veut que tu la prennes, là. Sa manière de vouloir me sauter dessus, je crois qu’elle veut me signifier qu’elle me déteste et qu’elle t’adore.

J’adresse un sourire désespéré à la jeune femme, et pourtant, je me sais pris au piège. Comment en suis-je arrivé là, déjà? Moi, Weston Elric, l’homme des femmes, l’homme des substance, l’homme viril… Je suis à présent le papa qui donne les bains, le miam-miam et qui ramasse les pipi… Seigneur…

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