Nan, j'ai pas peur..

On m'avait dit de ne pas m'éloigner. Je ne me suis pas éloigné. Ou peut-être un peu. Et alors ? Je suis pas mort. Et je vais pas mourir. Et puis j'ai 15 ans, merde ! C'est pas comme si j'étais le premier gamin à partir seul dans un endroit loin de la civilisation ! J'étais pas seul, de toute façon. Joker et Morphée étaient avec moi. Dans leur pokéball... Bah oui, parce que le premier courrait partout en aboyant comme un débile, et le deuxième aurait trop peur pour avancer. Quelle belle équipe de bras cassés.

C'est d'ailleurs pour ça que j'ai voulu sortir aujourd'hui, pour les entraîner ! Un petit peu d'exercice ça ne fait de mal à personne. Et Joker doit vraiment faire des efforts pour espérer participer un jour à un concours (et le gagner, bien évidement). Un ruban, même gagné, ne serait pas beau sur l'espèce de bête dégoûtante qu'il est maintenant. Un jour, peut-être, aura-t-il un déclic et deviendra-t-il aussi beau et élégant que Morphée.
Non, je ne crois pas aux déclics. Ça n'existe pas. Il n'arrivera pas un matin, comme ça, calme, avec le pelage propre, brillant et brossé, les yeux doux et la voix mielleuse. Ce qu'il lui faut, c'est un bon dressage. Et un bon bain, accessoirement.

Mais peut-être ai-je mal choisis mon endroit. Au début, je voulais simplement rester dans le bois, le plus loin possible de la rivière et du lac. Et puis je me suis retrouvé là, dans cet endroit répugnant. Les marécages. Non mais, sérieusement... Est-ce vraiment un endroit pour entraîner ses pokémons en vue d'un concours ? Je ne pense pas, non. Ça pue, c'est sombre, c'est moche, c'est sale, boueux, et surtout ça pue.
A chaque pas que je faisais, je me promettais de ne jamais plus remettre les pieds ici. Un endroit supplémentaire à ajouter à ma liste de lieux à éviter.

Et ce n'est pas du tout comme si j'étais terrifié par cette espèce de décharge naturelle complètement moisie ! Non, absolument pas ! Moi ? Peur ? Pft ! N'importe quoi. Pas comme si j'avais horreur d'être seul. Ni comme si les marécages grouillaient de pokémons sales et aquatiques... Non non non ! On ne pense pas à ça maintenant ! Pour le moment, on se contente d'avancer et de chercher un endroit PROPRE pour s'entraîner. Voilà...

Modération:

J'avançais doucement, les bras croisés sur ma poitrine et la tête baissée, fixant mes pieds avec dégoût. Je marchais relativement vite, bien que faisant de petits pas, réfléchissant à chaque fois à l'endroit où poser mes pieds en évitant de salir mes chaussures le plus possible. Au moins une chose de sûre : mes baskets étaient bonnes pour la poubelle. Impossible de retrouver la toile bleu clair comme à l'origine après ça. Elle serait toujours tâchée par cette boue écœurante. Mais quelle idée aussi de sortir avec des baskets en toile !

Soudain, un son autre que celui de mes pas me fit sursauter. Je tourna vivement la tête vers la gauche. Un caillou ? Un buisson ? ... Tu as déjà vu un buisson qui as des yeux et qui bouge, toi ?  La surprise me fit sauter d'un pas sur le côté.
C'est juste parce que j'étais plongé dans mes pensées avec cette histoire de chaussures, hein ! J'ai été surpris, c'est tout. Je n'ai pas du tout été effrayé par ce petit Cheniti. Qui aurait peur d'un pokémon comme lui ?
... Le premier qui me rappelle la fois où je me suis enfui à la vue d'un Hypotrempe, je l'explose.

Ce pokémon était laid, couvert de boue et d'une substance étrange dont je ne souhaitais pas connaître l'origine.
Alors que je m'apprêtais à le repousser gentiment du bout de ma chaussure sale, une petite voix résonna dans ma tête. Un Cheniti mâle, s'il grandit bien, peut devenir un beau Papilord. Un Papilord. Quoi de mieux qu'un pokémon papillon pour commencer les concours ? Avec ces magnifiques attaques comme Puissance Cachée, Tornade, Vent Argenté... L'idée de pouvoir un jour utiliser cette dernière attaque me fit frisonner d'impatience. Et, à ce moment là, j'avais déjà décidé que je ferais de ce vilain Cheniti un splendide Papilord.

Je fis encore quelques pas sur le côté afin de m'éloigner de lui et libéra Joker.
Le pokémon sauvage ne semblait pas vraiment méchant. Il me fixait simplement de ses petits yeux jaunes. S'il avait eut le courage de s'approcher de moi, alors il n'était pas peureux. Nouveau point positif pour lui. Et si, en plus, il ne fuyait pas en voyant mon Medhyena apparaître... il me fallait ce Cheniti.

Heureux de combattre enfin, Joker ne tenait pas en place. Cependant, et comme à son habitude à chaque début de combat, il utilisa l'attaque Grondement.
Je serrais les dents. A chaque fois, il FALLAIT que cet imbécile utilise cette attaque. Ça le mettait davantage en confiance et lui permettait d'améliorer son attaque. Mais le but de ce combat n'était pas d'abattre le Cheniti, mais bien de le capturer ! J'avais beau lui répéter trente-six mille fois de ne PAS utiliser constamment cette maudite attaque, il le faisait quand même. Encore quelque chose que je devais travailler avec lui. L'obéissance.

Modération:

Il était fort. Ce Cheniti était fort.
Peuh ! Qu'est-ce que je raconte. Un pokémon sauvage ne peut pas être "fort". C'est simplement le dresseur en face qui est nul. Mais non ! Je ne suis pas nul ! Juste débutant... Très débutant.
Et puis je n'aime pas les combats comme ça. Si encore Joker pouvait effectuer de belles attaques, de belles combinaisons... Mais c'est pas avec Grondement et Charge qu'on va réussir à faire quelque chose de beau. Il faut VRAIMENT que j'entraîne mon pokémon.

Et puis c'est pas juste, il s'est protégé ! Si il n'avait pas utilisé cette attaque Abri, on aurait été avantagés.
Je réfléchissais. Si Cheniti chargeait encore pour deux tours, nous serions hors-jeu. Le seul moyen de gagner, ce serait d'être plus rapide que lui. Il faudrait que Joker arrive à l'atteindre avant qu'il ne puisse attaquer. De plus, utiliser une nouvelle fois Grondement permettrait de gagner un tour et de ne charger qu'une seule fois. En espérant bien sûr que l'autre ne se protège pas à ce moment là... RAH ! Je suis perdu de toute façon, quoi que je fasse ! Je hais ce genre de situation.

Joker grogne, impatient. Si je ne me décide pas rapidement, cette sale bête n'en fera qu'à sa tête et je perdrais forcément un des deux pokémons. Je n'ai pas vraiment peur. Je sais que Joker n'est pas du genre à se laisser faire et que, même en cas de défaite, ça ne fera que l'endurcir encore plus. Je le connais, c'est mon pokémon quand même ! Et je suis suffisamment proche de lui pour savoir que c'est un mauvais perdant à l’ego surdimensionné qui ferait n'importe quoi pour que je sois fier de lui.

Confiant, j'opte finalement pour la prise de risques. On n'a rien sans rien, comme on dit.

Modération:

Modération:

En poursuivant ma route, je remarque une masse en mouvement au loin. Je ne suis plus seul ? Enfin ! Enfin quelqu'un pour m'indiquer le chemin. Même si, je le répète, je ne suis pas perdu...
Je m'approche alors un peu plus rapidement. Et, au plus j'avançais, au plus cette personne me semble bizarre. Il cherche quelque chose au sol ? Dans la boue ? Il me semble assez gros... Je penche la tête sur le côté, essayant tant bien que mal de voir entre les quelques arbres qui me sépare de l'homme.

Trouvant sa silhouette de plus en plus étrange et... anormale, je me mets à ralentir. Ne le voyant que de dos, je ne pouvais pas vraiment savoir... Et je crois surtout que j'espérais au plus profond de moi que ce soit un être humain. Mais un homme ne possède pas une espèce de carapace bleue. Bon, après.. y'a peut-être des gens suffisamment dérangés pour se foutre un gros truc bleu sur le dos en cherchant vainement de la bouffe dans la boue des marécages d'Énola, hein ! Chacun ses hobbies, j'ai envie d'dire. Mais si une telle personne existe, je ne veux pas la connaître. Y'a suffisamment d'abrutis et de ramollis de la cervelle dans mon entourage.

Un Scarhino. Il fallait vraiment que je tombe sur un Scarhino ? C'est pas vraiment méchant ces bêtes là... mais je pense qu'il vaut mieux éviter de les déranger à cette période de la journée. Ils sont un peu comme moi ; quand ils ont la dalle, il faut pas les embêter. En parlant de nourriture, voilà mon estomac qui gronde. Je n'ai pas mangé depuis ce matin, et je commence vraiment à avoir faim. J'aurais dû prendre un sandwich ou quelque chose comme ça avant de partir... Si encore il y avait des fruits ou des baies. Mais non ! Nous sommes dans les marécages, voyons. Le peu de trucs comestibles que je pourrais trouver serait horriblement sale et plein de microbe qui donneraient des allergies ou la diarrhée.
C'est bon, je n'ai plus faim.

Le pokémon ne m'a pas encore vu, mais je ne suis cependant pas rassuré. La bête doit bien être aussi gros que moi... s'il se retourne et me fonce dessus, je suis mort. Deux solutions s'offrent alors à moi : Soit j'appelle un de mes pokémons au combat et je tente de le maîtriser, soit je lance une pokéball, ou je prends mes jambes à mon cou en espérant qu'il ne soit pas plus rapide que moi. Et, sincèrement, je n'ai pas DU TOUT envie de me lancer dans un combat pokémon avec ce gros machin qui pourrait faire fusionner Mimoï et la litière de l'endroit rien qu'en marchant dessus.

Je me décide alors à rebrousser chemin. Mais je ne cours pas. Pas tout de suite. J'essaie d'abord de m'éloigner doucement. Je me retourne et fait quelque pas, essayant d'être le plus silencieux.
Crack. Le bruit me fait sursauter et je me crispe, fixant mes pieds. Merde, une branche. Je croyais que ça n'arrivait que dans les films ou dans les mangas ce genre de choses ! C'est vraiment pas mon jour de chance, aujourd'hui. Crispé et la respiration coupée, je me tourne alors doucement pour regarder en direction du pokémon. Il a relevé la tête et il me fixe de ses grands yeux jaunes. Pour ce qui me semble être une éternité, on reste tous les deux là, immobiles, à se fixer droit dans les yeux comme si on attendant que l'autre bouge en premier. Un frisson me parcourt l'échine. J'ai envie de m'enfuir, là, maintenant ! Je veux partir, loin, très loin ! Mais mes jambes me semblent lourdes et tremblent comme si elles allaient lâcher.
J'arrive enfin à faire un pas en arrière, provoquant à nouveau un bruit de craquement qui fait se redresser le Scarhino.

Alors pris d'une grande montée d'adrénaline, je me retourne et pars en courant. Et oui, je l'avoue.. le long cri que j'ai poussé en m’enfuyant a dû alerter tout le monde à au moins 1km à la ronde (j'exagère à peine).
Ne cherchant même pas à savoir si le pokémon me suivait ou non, je cours droit devant moi, évitant les obstacles du mieux que je peux. A ce moment là, je me fiche totalement de la boue et de là où je pose mes pieds. Tout ce que je veux, c'est sortir de ces putains de marécages ! Et je vais éviter de raconter ce qu'il s'est passé, hein... ce qu'il se passe dans les marécages reste dans les marécages...
J'y tiens.

Modération: