Back in Black [PV Faust]

Back in Black

Faust M. Donovan

Samaël Enodril

Temps de réflexion : 6 ans. Depuis le début, cela lui avait paru comme une évidence. Plus de doute, plus d'erreur possible. Il prend rarement ses décisions à la légère, et est bien parfaitement conscient des risques qu'il encourt. S'il n'a pas rejoint la Résistance plus tôt, c'était avant tout parce qu'il n'avait pas l'âge requis, et parce qu'il ne voulait pas inquiéter son père jusqu'à ce qu'il soit libre. Mais il a failli. Il a lamentablement échoué et n'a pas pu ramener son paternel en vie. Il est rentré chez lui, mais seul, et a dû expliquer le drame à sa mère. Mais plus jamais il ne veut avoir à revivre ça. Plus jamais il ne veut laisser quelqu'un mourir sous ses yeux parce qu'il n'aura rien pu faire. Il a fait un choix, et il est hors de question de revenir en arrière. Assez d'être un poids pour ses proches qui doivent constamment le secourir; assez d'être un fardeau pour tous ces combattants qui mettent leur vie en jeu afin d'éradiquer le Régime; assez de ne pas pouvoir se rendre utile; assez de n'être qu'un spectateur devant les immondices de ces soldats meurtriers qui n'obéissent qu'à la loi du sang; assez de voir les autres mourir en s'enfuyant comme un lâche. Sam a décidé d'agir, et ne compte laisser personne se mettre en travers de son chemin. Il a pris une décision importante, mais il a eu tout le temps d'y réfléchir. Aujourd'hui, Sam a grandi; et il compte bien le prouver.

Il n'est pas loin. Il regarde une série sur la télévision. En mode détente, Sam se demande si c'est vraiment le bon moment pour lui parler de ça. Inspire. Expire. Au fond de lui, il a mal de savoir que, en tant normal, il se serait volontiers installé sur le canapé aux côtés de Faust pour se blottir dans les bras de son grand frère et s'endormir contre lui en profitant de sa chaleur rassurante. Mais au lieu de ça, il sait pertinemment qu'il va recevoir un sacré savon et se prépare à repartir non sans quelques séquelles.
Sa main se referme sur le collier de son père, comme pour puiser dans une force invisible qu'il lui aurait transmis à travers le pendentif. Son cœur bat la chamade et sa tête tambourine, mais qu'importe. Il sent venir l'explosion à des kilomètres alors qu'il se rapproche dangereusement du hérisson. Puis, d'un pas décidé, il y va franchement. L'adolescent s'empare de la télécommande et éteint brusquement l'écran. Enfin, il se place devant Faust et affiche son air le plus sérieux. Il ne veut plus jouer, ni rire.

- Faust...

Son ton est sec, presque cassant. Il est déterminé, et ça se voit dans son regard sombre. Il sait très bien que cela ne va pas plaire du tout à son aîné. Mais les événements du 13 avril ont été de trop et il n'hésitera pas à le rappeler au Donovan, même si cela inclut de poser du sel sur une plaie qui doit sans doute déjà avoir du mal à se refermer. Il ira jusqu'au bout de ses convictions, et son équipe entière a déjà compris que personne ne pourrait l'arrêter. Il a un but, il a un objectif, et il fera tout pour l'atteindre. Il a cru bon d'en parler à Faust auparavant, car il lui accorde une confiance aveugle et qu'il l'aime comme un grand frère. Parce que c'est le frangin qu'il n'a jamais eu; parce que c'est son ange gardien; parce qu'il a lui aussi envie de le protéger.

- Je veux rejoindre la Résistance.

Explosion dans 3... 2... 1...

Réalisé par BlueBerry pour Orange

Back in Black

Feat Samaël Enodril

Il n'y a pas grand chose qui énerve Faust, même si son comportement depuis janvier peut amener à penser le contraire. En fait, il y a trois grandes choses qui peuvent le mettre dans une colère noire ; la sécurité de ses proches, Clive et sa propre stupidité. Il se considère, avec arrogance peut-être, comme quelqu'un de calme malgré son côté impulsif et la très longue liste de ses défauts ainsi que le léger fait qu'une fois ses limites dépassées, il met un peu sa conscience au placard pour faire ce qu'il veut faire. On peut dire que oui, il a tendance à arranger sa façon de penser pour accomplir ce qu'il a à faire et basta. En fait, il n'est pas du genre à exploser, ou en tous cas pas comme la majorité des gens le fait. Il accumule, tout simplement, et lorsque la petite goutte d'eau fait déborder le vase, ce n'est qu'une colère froide et tranchante qui finit par se dégager de lui.
Clive externalise, Faust garde tout en lui. En parlant de lui, le sujet est encore brûlant dans son esprit et même s’il a réussi à engourdir ses émotions en se changeant les idées à l’aide de sucreries et de marathons télévisuels, le simple fait de penser à lui fait naître un nœud dans sa gorge et lui mine le moral pour au moins une ou deux heures. En fait, ces temps-ci, Faust est une allumette qui n’attend qu’une étincelle pour s’embraser. Il va mieux, oui. Il est définitivement sorti du tunnel de merde dans lequel il s’était entouré et maintenant, il arrive à mieux contrôler ses émotions. Revoir Clive l’a déchargé de certaines vieux démons, mais d’autres sont venus prendre leur place. C’est un cercle vicieux et pourtant, Faust a a fini par s’y habituer.

Alors oui, même s’il a un joli paquet de problèmes puants derrière lui et pourrissant au fond de son esprit, il peut honnêtement se dire heureux. Faust du genre à ne pas tanguer lorsqu’il retombe sur ses pattes et se relève ; une fois ses problèmes résolus, il a vite fait de passer au dessus de ce qui a pu le faire souffrir avant. Il a toujours dû faire comme ça après tout ; il serait devenu fou depuis longtemps si cela n’avait pas été le cas, et très honnêtement, l’idée ne le tente absolument pas et Arceus seul savait à quel point il n’était pas tenté par la chose. Il en avait vu assez, des tarés finis, pour savoir à quels extrêmes ils peuvent être poussés si les circonstances l’amènent sur ce chemin houleux. Trop houleux d’ailleurs ; il avait des centaines et des centaines de raisons pour ne pas céder à ses démons.
Ainsi, aujourd’hui est une journée réservée à la détente et au repos, parce que ça lui fait un bien fou qui devenait plus que nécessaire après tous ces événements. Notte dormait contre lui, le Noctali émettant de temps à autre des petits grognements sans aucun sens. Dalhia était trop occupée à emmerder Seth (ce qui était devenu une de ses activités favorites depuis le retour de l’autre), heureusement d’ailleurs. Il valait mieux que la chienne reste très loin, étant donné qu’elle aurait probablement mal réagi à ce qui allait arriver, bien que Faust ne le savait pas encore.
Le téléviseur devint brutalement noir. Faust fronça les sourcils et pesta, agacé par ce petit désagrément dans son marathon acharné de de la saison 5 de Supernatural, surtout que c’était le dernier épisode, bordel ! Grommelant, il releva son regard vers Sam, une moue agacée et boudeuse sur le visage, prêt à emmerder l’adolescent pour cet acte, mais s’immobilisa lorsque son regard rencontra celui de l’autre.
Immédiatement, l'angoisse endormie au fond de ses entrailles se réveilla et son instinct sonna l'alarme. Il y avait quelque chose dans le regard de son petit frère qui le dérangeait, qu'il n'aurait jamais voulu voir dans les yeux de Sam. Au fond de lui, au moment même où l'adolescent prononce son prénom avec ce ton-là, Faust a compris. Néanmoins, ce déni, ce refus de la réalité qu'il n'a pas dû affronter depuis longtemps se réveille et cache la vérité dans son ombre.

Lorsque l'autre finit par dire ce qu'il a à dire, Faust est immobile. Crispé. Muet.
En un sens, cela aurait été mentir que de dire qu'il ne s'était pas fortement douté que ce sujet arriverait un jour ou l'autre sur la table. Il savait. Naïf, non ; con et têtu, oui. Il s'était persuadé qu'en évitant le sujet comme la peste, il n 'y aurait pas de discussion à avoir, surtout pour un quelque chose qu'il redoutait depuis bien trop longtemps. Sa première réaction fut tout d'abord de poser la glace qu'il mangeait sur la table, dans une assiette, avec un calme presque olympien.
Le Noctali à ses côtés se réveille doucement et malgré à sa fatigue, jette un regard inquiet à son maître qui est soudainement devenu définitivement trop silencieux pour que cela soit bon signe. Faust est muet. Il ne porte à aucun moment son attention sur Sam, souhaitant garder le peu de contrôle qu'il a sur sa colère pendant encore au moins quelques secondes.
Il se lève, enfin, et passe à côté de l'adolescent comme s'il ne l'avait pas vu ou entendu, et se dirige vers la cuisine pour aller chercher quelque chose dont il va définitivement avoir besoin. Non, il ne va pas quitter les lieux en claquant la porte pour se cacher quelque part pendant quelques jours ; il n'est pas assez lâche, tout de même. Il remercia par ailleurs Arceus pour le fait que Katya et Isaac ne soient pas là.

Sans un mot, il revient avec un verre rempli aux trois quarts de sirop de pamplemousse pur, sans la moindre goutte d'eau, et le vida cul sec. Il retint difficilement la grimace qui étira ses traits alors que le sirop lui agressait les papilles gustatives et laissait un arrière goût tout bonnement dégueulasse dans sa gorge. Bien. Maintenant qu'il avait bu quelque chose, il pouvait essayer de calmer un peu ses pensées et, surtout, de retarder l'explosion imminente.

« Notte, sors. Va rejoindre les autres ; personne ne rentre tant que je ne donne pas mon feu vert. » ordonna-t-il d'une voix qui se voulait simplement ferme, mais qui ne pouvait pas dissimuler l'acidité qui s'y cachait.

Le Noctali s’exécuta sans protester, quoique il fut très hésitant jusqu'à ce qu'il soit sorti. Faust posa son verre sur la table, un peu brutalement certes, de sorte qu'un bruit retentit, et laissa enfin ses yeux se planter dans ceux de Sam. Orageux, grondants et presque tranchants ; mille messages implicites que l'autre n'aurait aucune peine à décoder et comprendre. Sa main était crispée sur le dos de la chaise, et chacun de ses muscles paraissait paralysé, comme touché par une onde, un choc dont il aurait été la seule victime. Un choc interne.
Il serra les dents.

« Explique-toi. Tout de suite. » gronda-t-il, sa voix se faisant bien plus rauque que d'habitude, menaçante et bourrée de rage contenue.

Il ne cache pas le venin de son ton. Qu'il parle, parce que Faust avait besoin d'entendre ses arguments pour confirmer ses craintes. Jamais il n'avait souhaité en arriver là, à lui montrer cet aspect si peu reluisant de sa personnalité, mais il connaissait assez l'autre pour savoir qu'il ne lui laisserait pas le choix.

Back in Black

Faust M. Donovan

Samaël Enodril

Zéro. Ah, non; pas d'explosion de la part du hérisson. Mais, peut-être qu'au fond, Sam aurait largement préféré que le hérisson explose. Mais non. Faust ne bouge pas, ne dit rien, et fait comme s'il n'existait pas. Son grand frère est énervé; pas besoin d'être un génie pour le deviner. Sam est peut-être stupide, mais il reconnait sans mal une colère silencieuse lorsqu'il en ressent la pesanteur. Il ne le montre pas, mais le mutisme de Faust et son comportement le glace de l'intérieur.
Samaël ne dit rien lorsqu'il voit le Donovan s'enfiler un verre de sirop mais il aurait bien voulu grimacer si la situation n'était pas aussi grave. A chaque moment où l'adulte ne prête pas attention à son cadet, c'est comme si ce dernier entend un nouveau coup de canon qui résonne dans sa tête et pèse un peu plus sur son cœur. Faust ordonne à ses Pokémons de sortir, et ils s'exécutent; mais ils savent eux aussi que quelque chose de pas très plaisant va arriver et c'est comme si l'appartement entier détenait une alarme qui alertait d'un danger imminent. Alarme symbolisée sans doute par le bruit du verre contre la table que Faust a volontairement fait claquer exprès.

A aucun moment Sam ne prend peur. Pas même lorsqu'il croise le regard ténébreux et foudroyant de son aîné. Ooooh, ces yeux, il les connaît. Il peut clairement distinguer dans les iris orageuses de son frère les messages qu'il tente de lui faire passer. Mais cela ne l'intimide pas. Cela ne l'intimide plus.
S'il y a bien une chose dont Sam a horreur, c'est de se disputer avec ses proches. Et sachant qu'il aime Faust comme son grand frère, autant dire que chaque échange entre eux enfoncera un nouveau poignard dans sa poitrine; mais qu'il aura besoin de survivre à ces coups de couteaux s'il veut que son ami accepte enfin son choix.

"Explique-toi". Haha... Si Faust ne lui avait pas donné cet ordre avec une voix aussi grave, menaçante et pleine de rage, le petit ours brun aurait ri. En effet, il aurait cru à une blague. Pourtant, le hérisson est sérieux. Il lui demande de s'expliquer. Mais Sam trouve cela stupide, après qu'il se soit remémoré ce qui s'était passé depuis le début de l'année. Si Faust commence par là, alors l'âme de l'adolescent se déchire au fur et à mesure qu'il comprend qu'il va d'abord devoir affronter l'une des personnes qu'il admire le plus au monde avant de se frotter au Régime. Et il sait maintenant que le pire des combats est celui qu'on doit mener contre sa propre famille. Faust n'est pas son ennemi; et c'est pour cela que s'opposer à lui est aussi douloureux, mais qu'il doit quand même le faire s'il veut parvenir à ses fins.
Alors il soutient l'ombre menaçante de son frangin avant pousser un léger soupire.

- Non, Faust. Je ne devrais même pas avoir à m'expliquer. Cette décision ne date pas d'hier; tu savais que j'allai entrer dans la Résistance un jour ou l'autre; tu savais que je ne pourrais pas rester éternellement les bras croisés alors le Régime assouvit Enola un peu plus chaque année. C'était pourtant évident, et je sais que tu peux me comprendre.

Son ton n'a jamais été aussi froid devant Faust. C'est la première fois qu'il est aussi sec et cassant quand il parle. Mais s'il veut vraiment s'expliquer face au Donovan, il sait qu'il n'a pas tellement le choix et qu'il doit se forcer à être aussi sombre que lui. Mais c'est loin d'être aussi facile qu'avec Aloïs, car il le déteste, mais le hérisson, c'est une autre histoire... Il se rend compte à quel point c'est dur de le contredire, surtout qu'il est bien plus fort que lui à tous les niveaux, mais la réussite ne viendra pas tout seul et il en est conscient. Depuis le début il savait que Faust ne serait pas d'accord avec lui et l'empêcherait par tous les moyens d'aboutir à son projet, mais c'est bien plus difficile qu'il n'y parait, en fin de compte. Pourtant, il a beau chercher, il ne voit aucun arguments qui lui ferait changer d'avis.

- Tu es passé sur la Grande Place d'Amanil, dernièrement ?... Ils ont dressé une stèle commémorative en l'honneur des disparus. Aujourd'hui, qu'on soit habitant ou Résistant, on court le même danger. Si des civils sont morts lors de la rafle, c'est parce qu'ils ne savaient pas se défendre. J'ai eu la "chance" de survivre ce jour-là, mais qu'est-ce qui serait passé, si on m'avait tué là-bas, moi aussi ? Tu serais venu pleurer sur ma tombe ?...

Il commence déjà à élever la voix. Mais chaque mot est une véritable torture et le blesse davantage.

- Tu m'as dit que tu ne voulais plus être un fardeau; mais moi non plus ! Je ne veux plus causer d'ennuis à qui que ce soit ! Je ne veux plus être la personne qu'on doit constamment protéger. Je veux me rendre utile et je veux me battre pour préserver les valeurs que mon père défendait !

Une toute petite partie de lui veut abandonner. Une voix lui intime de s'arrêter, avant que cela tourne au vinaigre. Mais il a déjà lâché la bombe et attend juste l'étincelle qui provoquera l'explosion.

- La rafle, la prison, la libération, le kidnapping... Je peux plus continuer à vivre comme si de rien n'était et laisser le Régime errer sur l'île de cette façon sans rien faire.

Il reprend une respiration contrôlée et essaye de garder son calme. Mais penser au Régime le met dans une colère monstre qu'il peine à maîtriser, tant le moment est déjà mal choisi pour s'emporter davantage. Il souffle de nouveau et le volume de sa voix commence à baisser.

- Faust, tu ne pourras pas constamment me surveiller. Tu ne pourras pas toujours être là.

Il baisse un peu les yeux; non pas parce qu'il ne peut plus soutenir le regard de son frère, mais parce qu'il pense alors à tous les ennuis qu'il lui a causé il y a même pas deux semaines.

- Tu n'étais pas là, le 13 avril, lorsque je me suis fait kidnapper... Et c'était pas plus mal, d'ailleurs; j'ai appris certaines choses, au moins...

Oui, il est devenu sarcastique, et, depuis tout à l'heure, insolent. Il devrait peut-être penser à investir bientôt dans une usine de posage de sel sur plaie...

Réalisé par BlueBerry pour Orange

Back in Black

Feat Samaël Enodril

Voilà un petit détail : Faust se fiche complètement des raisons de autres quant à leurs actions. C'est peut-être un truc qui vous paraît abject, mais il faut comprendre que ce que Faust considère avant tout, ce sont les actions en elles-mêmes et non ce qui les ont amenées. C'était pour cela que le petit geste du champion coordinateur, aussi 'bien' intentionné qu'il était, n'était pas excusable à ses yeux. Il n'a jamais cherché à se pardonner ses plus grands crimes ou ses erreurs les plus dégueulasses, alors pourquoi est-ce que les autres auraient le droit de se cacher de leurs fautes en professant un nombre incalculable d'excuses toutes plus vaines les unes que les autres ? Un résistant qui tue n'est pas un héros parce qu'il a tué un régimeux ; c'est un meurtrier, voilà tout. Le principe s'appliquait aussi à Clive et à sa charmante idée de kidnapping qu'à Sam dorénavant. Oh bien sûr me direz-vous, rien à voir avec un meurtre, de la torture ou un petit enlèvement, mais le point est que peu importe les raisons de Sam, il sera toujours contre son entrée dans la résistance. Il pourrait proclamer savoir exactement ce que désire le régime ou même avoir un moyen de faire goûter une balle de revolver par le crâne à Sydney Adams qu'il serait tout de même le premier à s'opposer catégoriquement à l'idée qu'il les rejoigne.
Entendre les raisons de Sam ne fait que renforcer ses craintes et convictions quant à ce qu'il a déjà compris depuis longtemps. Le ton froid de l'autre, même s'il le déconcerte au début, n'est plus qu'une anecdote à ses yeux aux bout de quelques secondes. Il s'est disputé avec tellement de personnes qu'au final pour lui, celle-ci n'est rien de plus qu'un énième affrontement à ajouter à sa liste. Alors bien sûr, il n'aurait jamais souhaité y inscrire le nom de Sam, mais Faust n'avait jamais été du genre à reculer devant une dispute, oh non. Bien souvent, il est le premier à la faire éclater parce qu'il déteste les silences passifs agressifs qu'il sait futiles vu qu'ils ne mèneront qu'à une opposition plus ou moins violente. Il ne répond pas tout de suite ; ce n'est pas son genre. Il attend que le flot de paroles se tarisse, il inscrit ces mots dans son esprit pour mieux les utiliser à sa façon, il se prépare à contre-attaquer, mais il le fait en silence.
Il se doute que son regard ne doit pas être très sympathique maintenant, parce qu'il détaille son petit frère comme il détaillerait une cible à abattre, un ennemi de plus qu'il devrait dégager de sa route, alors qu'il est loin d'être comme ça. En un sens, oui, il veut le dégager de sa route. Le dégager de cette voie qu'il a même lui-même déjà choisi et qu'il connaît comme sa poche pour s'y être noyé au bout du compte, parce qu'il sait ce qui attend l'autre à la fin. Il se demande si c'est la naïveté, la stupidité ou un courage benêt qui anime le cadet, parce que Arceus, il a l'impression de s'entendre parler alors qu'il était plus jeune. Il a l'impression de voir son reflet qui décriait haut et fort à Isaac, qui lorsqu'il avait découvert son entrée dans la résistance lui avait collé un tel savon qu'il s'en souvenait encore, ce qui l'avait persuadé de se plonger les mains dans la merde. Parce que c'est ça, la résistance. C'est un puits à merde dans lequel on s'enfonce et on se noie pour pouvoir déboucher le passage aux autres.

Quand il était jeune, en plus de la rancune dévorante qui lui pourrissait le cœur depuis la mort de son propre père, il avait dit la même chose, sous des termes différents évidemment. Chaque mot que Sam prononce, c'est un nouveau rappel de ses propres erreurs. De la naïveté qui l'a poussé à croire, plus jeune, que ce qu'il ferait serait juste. Maintenant, il dispose d'une liste d'erreurs assez grande pour qu'elle le dépasse en taille. De la naïveté qui l'a emmené au fond du gouffre, qui a réveillé en lui ses instincts primaires les plus cruels et qui à chaque fois qu'il y repense, lui donne la nausée.
Il ne dit rien, encore. Il écoute. Il accumule, laisse les informations être analysées par son cerveau, son regard ne faiblissant pas un seul instant. Si Sam croit qu'entendre ces mots acides et ces reproches dissimulés vont atténuer sa volonté ou le faire pleurer comme un chiard devant un parent qui le dispute, il a bien tort. Alors peut-être que oui, le ton de l'autre l'agace parce qu'il y discerne, ou plutôt y trouve, un côté moralisateur qui lui déplaît plus que fortement.
Faust n'aime pas les leçons de morale. Il les haït, même. Lui en faire une, c'est comme s'acheter une dispute gratuite dans les trente secondes qui suivent.

Néanmoins, intérieurement, il prend des coups. Évidemment, il ne montre rien et son visage devient une peinture même de la neutralité, ce qui est pour tous ceux qui le connaissent un très mauvais signe. Il dissimule tout, laisse la peine que lui infligent les mots de Sam rejoindre celle des reproches qu'il se fait tous les jours, parce que ces mots-là, il les a entendu plus d'une fois, mais avec sa propre voix. Oui, Faust a pensé à la mort de l'adolescent. Il y a pensé plus d'une fois, et tout comme la possibilité du décès des autres, cette idée l'a hanté et a causé un nombre incroyable d'insomnies chez lui. En fait, cette remarque ne fait que lui faire légèrement froncer les sourcils, mais étant donné qu'il ne montre aucune émotion autre qu'une neutralité glaciale depuis tout à l'heure, c'est déjà ça. En fait, son silence et son comportement auraient pu faire penser à une forme de dédain, et pour être honnête, peut-être y avait-il un peu de ça. Il est en colère, oui. Néanmoins, il se contrôle suffisamment pour ne pas exploser. C'est là tout l'art d'un spécialiste de l'ombre ; maîtriser ses propres ténèbres pour ne les utiliser qu'au moment opportun, ou se dissimuler et attendre le bon moment pour frapper. Car oui, à ses yeux, cette dispute n'est rien d'autre qu'un combat. Un combat qui laissera probablement des cicatrices, mais Faust en a bien assez, disséminées sur tout son corps, pour ne pas s'en formaliser.

Pour l'instant, Faust peut encore arriver à se calmer. Il est furieux, oui, mais il n'est pas si en colère que ça. C'est personnel certes, mais il n'y a rien qui lui hérisse juste le poil juste à l'entendre et...
Et la ligne blanche avait été franchie. Bravo au nounours en tous cas pour sa témérité, ou son côté suicidaire, parce que aborder ce sujet, c'était comme jongler avec un kilos de TNT et des torches. Même Isaac n'osait pas aborder le sujet de peur de provoquer un conflit qui durerait au moins une bonne semaine, et encore, seulement si le hérisson était de bonne humeur.
Parce que oui, le sujet est encore brûlant et Faust a l'impression que l'adolescent vient de plaquer une lame chauffée à blanc et trempée dans le sel sur la plaie. Ses lèvres se tordent en une grimace et son regard se détourne un instant, un seul instant où son courage faiblit parce que Clive est l'ultime argument pour le faire flancher, mais il se contente de serrer un peu plus le dossier de la chaise dans sa main, de sorte que ses jointures en devinrent presque blanches.
Il ne manque pas de comprendre le reproche implicite dans les paroles de l'autre. Non, il n'a pas loupé un seul mot. Il a presque bu son discours, en silence et sans broncher, sans même penser à l'interrompre un seul instant parce que ce n'est pas dans son caractère, et surtout parce qu'il avait besoin de ce temps pour répliquer. Non, soyons plus honnêtes, pour contre-attaquer. Clive joue aux échecs lors d'une dispute, Faust attaque. C'est une similitude étonnante que je ne peux m'empêcher de notifier tant elle est adaptée à la situation.

Lorsqu'il est sûr que l'autre a fini de parler, il le considère un instant. Calme, serein. Pas pour autant moins sûr de lui, plein de confiance en lui, dans une position telle qu'il ne montre aucune angoisse, aucune crainte. Presque une sorte d'arrogance. Ses joutes avec Isaac l'ont formé à supporter ce genre d'affrontements. Il offre alors un sourire des plus mielleux et faussement innocents à l'autre, un de ceux qu'il ne sort que dans ce genre de cas. Un de ceux qu'il n'aurait jamais cru avoir à lui donner.

« Si tu veux tout savoir, j'avais même prévu de m'occuper de ta tombe moi-même. J'avais une bonne liste de noms que j'avais prévu d'inscrire. Au bout de quinze jours, je commençais même à me dire que j'allais finir par y rajouter le mien. »

Non, il ne cache pas l'acidité dans sa voix. Il n'a plus rien à cacher aujourd'hui, et il refuse de s'arrêter maintenant qu'ils en sont à ce stade-là. Qu'a-t-il vraiment à perdre ? Il sait très bien que ce qu'il a dit à la fin est un aveu terrible, mais il s'en contrefout.

« J'ai enterré assez de gens pour ne plus pleurer sur les tombes depuis longtemps. J'ai pas chialé sur la tombe de quelqu'un depuis la mort de mon père, et je n'ai pas l'intention de recommencer. Si c'était le cas, je serais déjà devenu complètement fou, si je ne le suis pas déjà. »

Un petit rire caustique lui échappe, plus réservé à lui-même, une moquerie vers sa propre stupidité, en quelque sorte.

« Que veux-tu que je te dise ? Que je me mette à agiter le drapeau d'Enola en chantant une version très larmoyante de l'hymne national et te dise joyeusement d'aller te faire massacrer ? Que je t'encourage à aller te faire transformer en passoire ? »

Il s'arrête soudainement alors qu'il sent sa voix monter en intensité. Non, il doit garder un calme relatif pour ne pas perdre la boule. Son regard s'aiguise un peu alors qu'un rictus étire ses lèvres.

« Mais dis-moi, tu fais ça pour ton père ou par revanche ? Soyons un peu honnêtes, je suis curieux. »

Alors oui, il est provocateur. Oui, il cherche à faire sortir l'autre de ses gonds, parce qu'il se doit de vérifier que la motivation que l'adolescent lui a présenté est bien véridique ou si elle n'est qu'un mensonge utilisé pour dissimuler un insidieux désir de vengeance qu'il ne connaît que trop bien. Il s'arrête un instant et s'assied sur la table.

« Non, je ne serais pas toujours là, mais j'aimerais ne pas avoir à t'enterrer. J'en ai plus rien à foutre de crever à ce niveau, mais je refuse de te laisser mourir. Je ne peux pas. » rétorqua-t-il enfin, plus fortement cette fois-ci.

Parce qu'il a enterré bien trop de personnes en six ans. Trop de visages, trop de noms qui ne sont plus que des souvenirs. Des gens qu'il a pleuré en silence, des gens qu'il a aimé, des gens qu'il a vu mourir.
Il serre le bord de la table dans sa main ; il a définitivement besoin de quelque chose pour se défouler les nerfs.
Toutefois, maintenant, il ne peut pas se permettre un tact ou une douceur qui sont inutiles ici. On ne fait pas de gentillesse à son adversaire.

« Oh, tu es content d'avoir appris tout ça ? Et si je te parlais de ce que ça fait, d'éclater le crâne de quelqu'un contre un mur et de sentir ses os se fracturer sous ses mains alors que le sang coule ? Si je te parlais d'un gamin de dix-huit ans à peine qui, croyant bien faire dans un délire d'héroïsme et de témérité naïve, a fini par devenir quelque chose qui n'est rien de plus qu'une ombre, une pourriture de ce qu'il a été ? »

Sa voix est acide, tranchante et venimeuse, mais il ne crie pas. Jamais. Crier signifie perdre et c'est un combat qu'il a bien l'intention de mener jusqu'au bout.

« Mais oui, bien sûr, je n'étais pas là. Si tu veux, j'ai une liste entière de reproches que tu pourrais me faire, et je te laisse la liberté absolue, ça me donnerait des idées après tout. »

Pause. Cette fois-ci, il ricane un peu.

« Bien sûr que je savais que tu allais vouloir rejoindre la résistance, j'ai encore un tant soit peu de réflexion, merci bien. Ce n'est pas parce que je le savais que j'ai à l'accepter, parce que laisse-moi te dire un truc ; la seule chose qui t'attend, c'est la mort. La mort, la culpabilité et une odeur de sang qui s'enfoncera jusqu'au plus profond de tes entrailles, qui ne quittera jamais ta peau et qui te poursuivra durant tout le reste de ta vie. »

Il plante encore une fois son regard dans le sien, une moue moqueuse sur le visage.

« Et maintenant, tu vas me dire que tu acceptes tout ça, je suppose. Avec un grand sourire en disant que tu n'as pas peur et que tu te doutes des conséquences. »

Il secoua un peu la tête et rit. Un rire cassé et jaune, laissant pour la première fois apparaître des traces de tristesse.

« Ils disent tous ça... Tous autant qu'ils sont. Je l'ai dit aussi. »

Il ne sait plus vraiment s'il est désabusé ou juste furieux. Un peu des deux, peut-être.

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Faust M. Donovan

Samaël Enodril

Il écoute en silence tout ce que le cadet a à dire. Mais ce dernier ne quitte pas l'aîné des yeux. Quoiqu'il arrive, quoiqu'il dise, il sait que Faust trouvera toujours quelque chose pour le contredire d'une façon ou d'une autre. Alors pendant qu'il parle, en même, il détaille les traits du Donovan pour voir une quelconque réaction de sa part. Mais même si le hérisson ne montre aucun signe, le petit ours brun sent une lourde tension l'envahir. C'est comme s'il voit les réponses de son grand frère se préparer petit à petit dans son esprit. Il ne va pas dire que la panique s'empare de lui, mais il constate, trop tard, qu'il a peut-être déjà perdu cette manche. Il continue néanmoins sur sa lancée et va jusqu'au bout, quitte à savoir qu'il va se faire probablement ridiculiser. A-t-il déjà été aussi enflammé dans ses propos ? Non, sûrement pas. Jamais il n'avait été aussi sûr de ce qu'il voulait de cette façon. Mais c'est comme s'il tombait dans un précipice alors qu'il finit de parler. Il va chuter, et il le sait. Il n'abandonnera pas, mais la contre-attaque va désintégrer ce qui reste de sa fierté.

Puis, comme il s'y attendait, l'effondrement. La calme de Faust ne lui dit rien qui vaille, et encore, il n'est pas au bout de ses surprises. Ce n'est pas la même sérénité que tout à l'heure, cependant. Là, C'est comme si un froid le mord tout entier. Il regrette amèrement l'explosion. Quitte à ce que Faust s'énerve, plutôt la colère rouge que noir, au final. Mais dès qu'il voit cet étrange sourire faussement innocent sur son visage, c'est comme si un trou se formait en-dessous de lui. Et, dès lors, chaque phrase prononcée par son aîné l'enterre un peu plus. Il avait prédis que la confrontation avec son grand frère ne lui plairait pas du tout. Mais il n'avait pas vraiment pu imaginer; jamais il ne s'était disputé comme ça avec un de ses proches. Habituellement, il n'aime déjà pas le sarcasme malsain, mais venant de lui, et avec cette intonation, il déteste. Cela le peine et l'agresse en même temps. Il aime bien transformer ce qu'il ressent en images, ceci dit. Alors là, disons qu'il s'imagine comme s'entourant progressivement de flammes noires, prêtes à le dévorer, alors que Faust n'a pas fini de le dissuader. Le pire, c'est que Faust n'a pas tort. Ce que l'Enodril a oublié pendant un instant, c'est que Faust a bien plus d'expériences que lui, et qu'il sait mieux que quiconque les dangers présents sur un champ de bataille. La voix du hérisson est acide, mais elle crache à l'adolescent toutes les affreuses vérités de ce monde impitoyable. Et il encaisse; encore et encore. C'est sans doute de ça, dont il avait besoin. De quelqu'un pour le confronter à ce qui l'attend s'il désire vraiment emprunter un chemin aussi sinueux que celui-là. Tout ce que le Donovan dit, le dresseur le sait parfaitement. Jamais il n'aurait pris une pareille décision s'il n'avait pas su au préalable ce qu'il l'attend. Mais c'est toujours avec une vive douleur et une certaine tristesse qu'il écoute les dires de son aîné.

Jusqu'à un point, où la colère reprend brusquement le dessus. Un rictus, une question; et il se sent bouillir de l'intérieur. Serrant ses poings pour se contrôler, il encore du mal à croire à l'interrogation du hérisson et reste choqué. Il est furieux que Faust puisse penser un seul instant qu'il fait ça par vengeance. Mais cela l'énerve autant que cela le blesse. Faust est bien l'un des seuls qui arrive à mélanger la colère et le chagrin de l'ourson. Sam ne sait pas comment il fait, mais il n'aime pas ça. C'est injuste; car pas un seul instant, le jeune garçon a pensé à une quelconque revanche. Il s'est juste rendu compte de la souffrance de l'île et a décidé d'agir pour abattre la désolation qui y règne depuis l'apparition du Régime. Comment son grand frère peut-il oser dire ça ?... Il comprend qu'il veuille simplement l'éloigner de la Résistance pour ne pas qu'il se mette en danger, mais Sam estime qu'il n'a pas le droit de le juger ainsi. Il n'est pas comme lui; c'est un fait qu'il regrette et qu'il plaint en même temps.

Le nez du jeune garçon commence à picoter. Tout ce que dit Faust, il est en parfaitement conscient. Mais là, à l'instant, il veut juste qu'il se taise. Croit-il qu'il l'ignore, tout ça ? Croit-il toujours qu'il vit dans un monde bercé d'illusions, après qu'il ait été enfermé dans une prison du Régime où il a clairement pu voir un avant-goût de la vie des prisonniers qui y séjournent ?
Le prendre par le col, le frapper pour qu'il daigne enfin ne plus parler; Sam en est bien incapable, mais c'est ce qu'il voudrait pourtant faire. Il a raison, il a raison, il a raison. Encore et toujours, il lui énonce des vérités tranchantes. Il n'aura jamais aussi mal que Faust, il ne pourra sans doute jamais comprendre tout ce qu'il a enduré et jamais il ne pourra se plaindre d'avoir souffert; mais alors pourquoi a-t-il si mal, maintenant ?... Est-ce à cause de ce qu'il dit ? Est-ce à cause de ce qui risque bien d'arriver s'il va jusqu'au bout ? Non, il s'en fout. Ces temps-ci, il est souvent paumé, perdu. Tout ce dont il est sûr, c'est que c'est pareil à un supplice, d'entendre son frère de cœur lui parler ainsi de ce dont il s'est déjà préparé mentalement. Pourquoi serait-il si différent de tous les hommes qui se sont déjà servis d'une arme auparavant ? Il veut pouvoir être libre de choisir son destin, même si cela implique que ses proches soient inquiets pour lui; car au fond, cela reste réciproque.

Mais le comportement de Faust ne cesse quand même de l'irriter. Il a l'impression qu'il se moque de lui. Il aurait bien voulu voir le hérisson lorsqu'il est entré dans la Résistance, tiens. Il est sûr -par Isaac notamment- que Faust n'était pas franchement mieux. Lorsqu'il est sur la fin de son discours, il est clair que le Donovan parle de lui-même, et ne cache plus l'acidité qui se dégage de ses propos. Comment l'attitude de cet homme qu'il a appris à connaître peut-il autant... le froisser ? Il savait que cette part peu reluisante de son frangin existait vraiment, mais il n'a jamais pensé le rencontrer un jour dans cet état.
Toutefois, il garde son affliction au fond de lui et attend quelques secondes, le temps de comprendre qu'enfin, Faust avait terminé.
Refoulant sa mélancolie du mieux qu'il peut, ses yeux n'ont pas changé, et se posent toujours avec autant d'amertume dans ceux du plus âgé.

- C'est bon ? T'as fini ? Ou tu crois encore que je vis dans une chimère ? Peu importe ce que tu diras, Faust; je m'en fous. A partir du moment où j'ai pris cette décision, j'ai su les risques que j'encourrais. Si la mort me faisait peur, cela fait bien longtemps que j'aurais quitté l'île.

Faust va-t-il l'écouter pour ensuite retourner une nouvelle fois ses mots contre lui ? Ou arrivera-t-il, cette fois-ci, à le persuader ?...

- Et si tu penses que j'essaye de me venger en faisant ça, tu te trompes lourdement. Je ne suis pas comme toi. Cela fait longtemps que je veux devenir Résistant. Mais tu sais pourquoi je n'en suis pas devenu un plus tôt ?...

A son tour de terminer sa phrase par un rictus amusé et de partir sur un petit rire jaune. Il fait vraiment peine à voir, mais le désespoir, faut croire, l'a rattrapé plus tôt qu'il ne le pensait.

- Parce que je suis le gars le plus naïf et stupide de tout Enola et que j'ai préféré entraîner mes Pokémons dans l'espoir d'avoir une infime petite chance de libérer un membre de ma famille qui, au final, a crevé sous mes yeux.

Sa colère peut se sentir, mais c'est sur un ton plutôt porté vers le sarcasme, et peut-être un peu d'ironie, qu'il décide de s'exprimer.

- "Fais ce que je dis, mais fais pas ce que je fais", hein, Faust ?... Tu me demandes des explications mais je sais pertinemment que c'est, en réalité, pour mieux les retourner contre moi, nan ? La prochaine fois que j'use ma salive pour rien, tu me préviens !

Il pourrait s'arrêter ici, car même s'il ne le montre pas, s'acharner ainsi le fatigue, à force de sentir des épines imperceptibles le traverser de toutes parts au fur et à mesure de leurs échanges qui n'a plus rien à voir avec ceux d'antan, mais que le nounours pleure sans arrêt et continue de déplorer.

- Ne crois pas que ta vie est moins importante que la mienne, Faust. Tu es peut-être plus fort, mais je continuerais de m'inquiéter pour toi malgré tout.

Il a arrêté -heureusement pour lui- le sarcasme dont il a essayé de faire preuve. La mesquinerie, peut-être que ce n'est pas pour lui. Il laisse volontiers ce talent à d'autres, même si cela lui aurait peut-être été utile dans ce cas-là.
Ça y est, il a repris son calme. Mais maintenant qu'il semble de nouveau redevenu "normal", il laisse involontairement son regard exprimer sa peine quelques secondes avant de se reprendre et de dissimuler encore cette tristesse durement contenue.
Geste rare, Samaël se pince l'arête du nez et ferme les paupières pour voiler ses yeux rougis. *Ravale tes larmes, ravale tes larmes, ravales tes larmes !...*

- Laisse tomber. J'aurais pu ne rien te dire, après tout. Mais si je t'en ai parlé, c'est pas parce que j'aime me disputer avec toi, mais parce que je t'aime.

"C'est pas parce que j'aime me disputer avec toi"... Il a horreur de ça, plutôt ! Mais il s'autorise un petit moment de faiblesse pour enfin s'avouer à son grand frère. Quitter la pièce est la seule chose qui l'importe, désormais. Mais il n'arrive plus à soutenir le regard de son aîné. Il l'a peut-être plus déçu qu'autre chose, mais qu'importe. Si c'est la première personne à qui il en a parlé, peut-être que le Donovan se rend-il compte de l'importance qu'il joue dans la vie du Enodril. Car que ferait l'ourson sans l'hérisson ?...

Réalisé par BlueBerry pour Orange

Back in Black

Feat Samaël Enodril

Oui, Faust pense que Sam n'a pas la moindre idée de ce qui l'attend. C'est sûrement stupide de sa part étant donné ce qu'a vécu l'adolescent au bloc R2, mais il faut comprendre que lui ne parle pas de la douleur et de l'horreur en elle-même mais de la culpabilité. Du fait de tuer quelqu'un et de devoir vivre le reste de ses jours avec ça, puis de se rendre compte que ce ne sera sûrement pas le dernier et Arceus, combien de résistants devenaient fous à cause de ça ? Non, il se doute bien que l'adolescent ne vit pas dans une bulle, mais Faust a vu suffisamment de malheur, douleur et de misère pour pouvoir dire sans la moindre condescendance qu'il sait que Sam sera choqué par ce qu'il va voir et devoir faire. Comment réagirait-il le jour où il aurait à buter quelqu'un, hein ? Il était plus facile de le faire et de le dire que de vivre après l'acte en lui-même, qui sauf pour quelques exceptions qui étaient eux de parfaits psychopathes qui auraient fait le bonheur du régime, était pire qu'horrible en tant que poids sur la conscience.
La colère qu'il entend dans la voix de Sam le perturbe, certes, mais elle n'est que le résultat de ses provocations et il ne s'en formalise donc pas. Même si c'est douloureux de l'entendre lui répondre ainsi et même si sa poitrine se comprime à chaque mot, il n'a nullement l'intention de reculer sur ce qu'il pense et est sûr de savoir. Il ne s'énerve même plus, en fait, même si entendre Sam parler de sa mort lui fait serrer le bout de la table dans sa main et grincer des dents. Ça par contre, c'est idéal s'il veut continuer de le garder dans un état de colère latente.

Un rictus étire ses lèvres alors que Sam continue de parler. Oui, il n'est pas comme lui, et il ne manque pas de prendre ces mots comme l'insulte qu'ils forment, mais en un sens, cela ne le choque même pas. Il sait que son désir de vengeance envers le Régime était et est toujours méprisable, mais que peut-il dire d'autre que le fait qu'il le sait très bien ? Il est suffisamment lucide sur ce point pour ne pas se chercher d'excuse.
D'un côté, il est rassuré de voir que ce n'est pas uniquement la colère envers ceux qui lui ont enlevé son père qui anime le désir de rejoindre la résistance de Sam. Oh de toute façon, cela n'aurait rien changé à son avis sur la chose, mais au moins, savoir qu'il ne se laisse pas aveugler par un désir puéril et pourtant si humain de revanche lui fait un bien fou. Parce que oui, de son côté, il n'était pas rentré dans la résistance immédiatement. Il y est rentré à peu près deux ans après le décès de son paternel, et même à ce moment-là, c'était encore cette rancœur qui lui permettait de continuer à se battre et à supporter l'entraînement ardu qu'il avait subi pour devenir Noctis. D'un autre côté, il se demande si Sam arrivera véritablement à supporter l'épreuve que sera sa formation, et une idée commence à germer dans la tête de Faust. Idée qu'il chasse un peu, autant par curiosité que par peur. Peur d'accepter l'inévitable.
Le rire jaune et le rictus de Sam se contentent de lui faire un peu froncer les sourcils, confus par de telles expressions venant de son petit frère qui, six mois auparavant, aurait été bien incapable de même comprendre comment faire ça. Il peste intérieurement, parce que bordel, la seule chose qu'il avait jamais souhaité pour lui, c'était de ne jamais, oh grand jamais, avoir à suivre le même chemin.

Et voilà que l'autre se met à se dévaloriser de nouveau. Il grince des dents et cette fois-ci, son regard se fait de nouveau orageux ; bordel, quand comprendrait-il que sa naïveté d'avant n'avait rien à voir avec de la stupidité ?! Il se tait toutefois. Plus parce qu'il réfléchit à comment répondre, mais surtout parce qu'il observe. Il observe chacun des gestes du cadet, écoute chaque mot, les analyse et essaye de comprendre, même s'il souhaiterait tant arriver à le persuader de rebrousser chemin, et pense. Pense malgré le fait que tout son être se débat contre la vérité qui commence à s'imposer à lui, parce qu'il est complètement impuissant et Faust déteste ça. Le rappel de la mort du père de Sam lui fait serrer un peu plus sa main ; trop de mauvais souvenirs et de vieux regrets qu'il croyait avoir entouré et qui pourtant sont toujours aussi douloureux lorsqu'ils sont évoqués.
Il sait pour son hypocrisie. Bien sûr que oui. Néanmoins, il se fout complètement de l'être si cela peut l'aider à arrêter Sam et à le raisonner, même si au final, c'est peine perdue. Faust s'est toujours battu bec et ongles contre ce qu'il ne pouvait pas vaincre, mais maintenant, que peut-il faire d'autre ? S'il continue ainsi, il le perdra. Ça, c'est peut-être ce qu'il y a de pire dans son esprit à l'instant car oui, il a peur. Autant pour le sort de Sam que de l'idée que l'autre finisse par se rendre compte des mille fautes de Faust et le rejette.
Il détourne le regard lorsque Sam lui fait remarquer qu'il ne fait qu'utiliser ses mots contre lui. Est-ce... Est-ce de la honte qu'il ressent ? Oui, vu la sensation de chaleur dans ses joues, c'est définitivement de la honte. Il a vite fait de reprendre le contrôle, et ne peut pas nier le fait que ces mots sont plus qu'exacts. Il essaye de chasser au loin ses pensées pour ne pas craquer. Il n'en a tout simplement pas le droit, pas après tout ça.

Néanmoins, un gloussement s'échappe de sa gorge lorsque l'adolescent se met à lui dire que sa vie n'a pas plus de valeur que la sienne. Oh que non. Arceus, il sait plus que tous qu'il ne mérite pas une telle considération, et soyons honnêtes... Faust n'accorde absolument aucune importance à sa vie. Pas la moindre, en vérité. Oui, il se bat pour survivre et oui, il est le premier à refuser d'abandonner, mais il se fout complètement de ce qui peut lui arriver si cela aide les autre. Ce n'est rien de nouveau ce ne sont pas des mots qui vont changer cela, aussi doux soient-ils à entendre.
Les dernières phrases de l'adolescent ont comme effet de le sonner. Son visage ne montre toujours rien et il fait taire ces émotions qui jusqu'au fond de ses entrailles le poussent à abandonner tout masque et toute neutralité. Que peut-il dire face à ça, hein ? Faust ne prend pas grand chose au sérieux, mais il est bien incapable de rester de marbre face à ces paroles. Il doit alors reprendre le contrôle de son corps et surtout de sa gorge qui s'est serrée à l'entente de pareils mots s'il veut arriver à parler.

C'est dans ce genre de moments qu'il crève d'envie de monter sur sa moto et d'aller faire un tour pour se changer les idées, pour arriver à surmonter la pression incommensurable qu'il sent sur ses épaules, mais il ne peut plus fuir maintenant. Pas encore.
Il relève un peu le regard, de sorte qu'il regarde le plafond. Silencieux, immobile, comme un pantin sans fils et terriblement, terriblement fatigué.
Fatigué parce qu'il a déjà perdu, il le sait. Ses lèvres se tordent en un sourire triste alors qu'un rire jaune, brisé et bancal, puant la fatigue et la tristesse, s'échappe de sa gorge. Il laissa alors son masque tomber, révélant toute la lassitude, toute la peur et toute la fatigue qu'il tentait de dissimuler du mieux qu'il le pouvait.

« Oui, je suis un connard hypocrite et égoïste dont le seul objectif est de t'empêcher de t'enfoncer dans une merde qui va te hanter jusqu'à la dernière seconde de vie. Pense et méprise-moi comme tu le veux. Mais tu sais quoi ? Je ne regrette absolument rien, et ce pour une seule raison. »

Il prit une grande inspiration et laissa enfin ses yeux rencontrer ceux du cadet, son sourire ne perdant pas de ce côté défait et perdu.

« Je ne veux pas que tu meures. T'es l'une des personnes les plus chères à mes yeux, mais je t'en supplie, ne me demande pas de t'envoyer à la mort avec un grand sourire. » finit-il par avouer, la voix claire, se terminant en une supplique vers la fin.

Parce que oui, pour lui, donner son accord, c'est l'envoyer se faire tuer, purement et simplement. Est-il supposé accepter que son petit frère se plonge dans l'horreur et le sang, qu'il ait à témoigner à effectuer des atrocités sans noms qui même avec l'expérience donne la nausée à Faust ? Est-ce cela, son rôle dans cette histoire ?
Il soupira.

« T'es pas comme moi, et heureusement. Mais le truc, c'est que tu vas devenir quelqu'un d'autre, que tu le veuilles ou non. La corruption, une fois qu'elle t'a attrapé, elle ne te lâche plus. C'est un poison qui va te changer à jamais, même si tu le combats. C'est un chemin à sens unique tu veux... Vas prendre. »

Oui, le changement de conjugaison est volontaire. Il a bien compris que l'adolescent ne va pas changer d'avis à cause de sa réaction, même s'il aurait bien préféré que cela ne soit pas le cas.

« Je ne prétends pas avoir le monopole de la morale ou même d'être un exemple à suivre, bien au contraire. Crois ce que tu veux mais je sais très bien que j'ai fait plus d'une connerie et je n'ai pas envie que tu en fasses à ton tour ; les aboutissants sont suffisamment douloureux comme ça pour que je ne les souhaite à personne. »

Sa voix s'est faite plus calme, dénuée de toute méchanceté ou de la moindre trace de sarcasme. Il a cessé de serrer la table dans ses mains et maintenant, il n'a que la vérité à affronter, aussi impitoyable et terrible soit-elle et, honnêtement ?
Il est terrorisé.

« Mais je... » balbutia-t-il avant que sa phrase ne meure dans un soupir.

Il passa une main dans ses cheveux, tic habituel signifiant que son humeur était mauvaise, ou qu'il était quelque peu angoissé. Car oui, la tension est descendue, brutalement même. Maintenant, il a juste envie d'aller vider une bouteille par lui-même pour s'engourdir les esprits et par conséquent se changer les idées.

« Je suppose que de toute façon, ça ne sert à rien que je perde mon temps à essayer de te dire d'arrêter. » finit-il par conclure d'un ton amer, sa voix sonnant comme un constat qui ne lui plaît toujours pas.

Et il rit. Un rire jaune, brisé, fatigué et puant de lassitude. Le rire d'un animal blessé qui n'a plus rien à perdre et qui pourtant ne cesse de découvrir le contraire. Le rire d'un aîné qui doit laissé son cadet suivre un chemin qui ne le mènerait qu'à un malheur certain, malheur contre lequel il ne pourrait pas longtemps le protéger.

« Qu'est-ce que tu veux que je fasse, Sam ? »

Et au final, il posait la question pour eux deux. Parce que Faust, lui, ne sait pas non plus ce qu'il veut faire, et il ne sait pas s'il arrivera à en être certain un jour.

Back in Black

Faust M. Donovan

Samaël Enodril

♪

On se demande ce qui a pu se passer dans la tête du Enodril au moment où il a décidé de rejoindre la Résistance. C'était il y a quelques années, maintenant; et il voyait à ce moment-là les Résistants comme des héros. Après tout, n'était-ce pas eux qui se battaient contre le Régime pour sauver l'île ? N'était-ce pas eux qui mettaient leur vie en jeu pour sauver celle des autres, celle de leurs êtres chers ? Quand il était plus jeune, il s'était douté que la vie que menait son père n'était pas des plus simples, mais ce dernier revenait toujours avec l'espoir qu'Enola serait de nouveau libre, bientôt. Ikaël ne faisait pas tout le temps des choses qui lui plaisait. Combien de fois avait-il dû éclater le crâne avec son simple revolver ? Combien de fois avait-il dû affronter le regard de son fils en pensant à toutes les horreurs qu'il avait commises ?... Même s'il avait tué des soldats, même s'il avait plonger sans mains dans du sang ennemi, il n'avait jamais aucun regret quand il voyait sa famille, car il savait qu'il l'avait protégé d'une potentielle menace. Il avait prié Arceus pour que son enfant soit tenu loin des conflits et n'ait jamais l'envie de devenir comme lui; même s'il avait toujours su qu'il finirait par aller sur le champ de bataille, lui aussi.
Alors qu'est-ce qui motive Sam, exactement ? Le désir de défendre l'île où il a grandit, premièrement. Il est né dans un univers prospère mais a dû évoluer par la suite dans un environnement qui est peu à peu devenu hostile et dangereux. Tuer ou se faire tuer. Il veut, comme beaucoup d'autres, offrir un monde meilleur pour les générations à venir. Il veut aider à mettre fin à cette guerre. Il le fait pour ses proches, pour les innocents qui meurent chaque jour à cause du Régime, pour les Pokémons qui subissent involontairement la barbarie des humains, pour arrêter le flot de sang qui continue de couler. Depuis toujours, il le sait; sa place est parmi les combattants, parmi les rebelles qui ne peuvent plus continuer à vivre ainsi. Son destin a été tracé depuis le début et l'a mené jusqu'à choisir la voie la plus difficile. Tous les éléments s'étaient réunis un par un pour qu'il prenne cette décision et il ne veut plus reculer devant qui que ce soit. C'est pour tout ça, qu'il veut intégrer la Résistance.
Depuis quelques temps, néanmoins, une autre raison le pousse à s'enrôler et à faire cette expérience. Mais cette raison-là est bien plus égoïste et hypocrite. Il n'a pas honte de le dire, mais jamais il n'osera l'avouer. Il pourra citer toutes les motivations précédentes, car elles sont légitimes, mais celle-là, il préfère la garder pour lui et n'en parler à personne. C'est un but qu'il s'est découvert récemment, mais qui ne le quitte plus, et aurait tendance à prendre le dessus sur les autres, quelques fois. Une raison qui concerne directement son interlocuteur, mais dont il ne fera jamais l'aveu à ce dernier.

En parlant de son interlocuteur justement, voilà que Sam se surprend à observer de nouveau sa réaction face à ses propos. Il se rend compte que ses mots font plus d'effets que tout à l'heure, et est soulagé quelque part de savoir qu'il ne parle pas à un mur. Ce n'est pas qu'il ne pensait pas être écouté, mais il était inutile de dire que, quoiqu'il dise, il était évident que Faust aurait continuellement trouvé des mots tranchants pour le contredire. Il sent bien que l'autre se crispe quand il ressort ses tendances de dévalorisation dont il croyait lui-même pourtant s'être débarrassé; mais, pour une fois, il n'en tient pas rigueur. Il maintient le fait qu'il a été con de croire qu'il pourrait secourir son paternel, alors qu'il était jeune, faible et naïf; même s'il aurait gagné la compétition, cela n'aurait rien changé au fait qu'il était, en réalité, impuissant, et qu'au fond, il le savait. Seulement, il avait voulu le croire, car c'est ce qui l'avait maintenu si confiant et optimiste. Il n'avait pas perdu espoir, mais cela avait fini par se retourner contre lui.
Il se retient de soupirer quand son comparse glousse. Il est courant, maintenant, des pensées du hérisson sur sa propre vie. Faust lui fait souvent la morale, mais son cadet voudrait également qu'il pense à son propre bien. Si son aîné venait à mourir, Sam deviendrait fou. Cela fait partie des raisons qu'il s'était trouvé pour devenir Résistant; mais on est loin de la raison égoïste qui concerne également le Donovan. Sam ne veut pas se dire qu'il n'aura rien fait si un de ses proches venait à perdre la vie. Il serait abattu, il n'y a pas de doute là-dessus; mais en tant que simple habitant, il se serait senti bien pire. Ce serait un massacre si quelqu'un d'autre venait à mourir de la sorte, mais entre se dire qu'il aura été inutile et penser qu'au moins il aura essayé, le choix est vite fait.

D'une manière ou d'une autre, la tension est redescendu. L'atmosphère semble moins pesante, mais un poids repose constamment sur son cœur malgré tout. C'est dur, terriblement dur de se dire qu'il doit se battre contre son grand frère pour pouvoir atteindre son objectif; mais viendra un moment où Faust devra capituler face à la détermination de son cadet. Qu'il le veuille ou non, Sam deviendra un Résistant. Ce dernier est d'ailleurs convaincu qu'il va devoir tout donner pour prouver à son frangin qu'il n'a pas fait une erreur. Bon. Il fait sans doute une erreur, mais il devait de toute façon la faire tôt ou tard et il aurait probablement fait son gros chieur avant d'obtenir gain de cause; mais il était comme ça. Son entrée dans la Résistance s'était vue à milles kilomètres mais peut-être que Faust avait espéré au fond de lui que le gamin abandonne cette idée, ou du moins, la repousse suffisamment longtemps pour ne plus trop réellement s'inquiéter. Mais pas de chance, le chemin qu'on lui a destiné s'est considérablement raccourci malgré lui et il doit aller de l'avant, quoiqu'il arrive.

Samaël avait déjà remarqué que le Donovan était lassé et fatigué de devoir se battre contre ce dont qu'il ne pouvait réchapper. Le sourire triste qu'il affiche le fend en deux et le rire la seconde d'après n'arrange rien. Mais il supporte tout de même et attend ce que l'autre a à lui dire. A son tour de froncer les sourcils aux premières phrases à peine prononcées par le hérisson. Il a toujours détester le côté pessimiste du châtain. Mais quand son regard doré plonge de nouveau dans les iris bleues de l'autre, il se retient de ne pas se griffer pour encaisser toute la peine qu'il peut sentir au travers de leur échange. Il aurait envie s'arracher un membre, tant c'est un supplice que d'entendre son aîné évoquer l'affection qu'il lui porte. Il sent pourtant une douce chaleur l'envahir, en même temps qu'il subit. Il n'avait aucun doute quant aux sentiments que Faust lui porte mais écouter prononcer et penser chacune de ses paroles lui porte un nouveau coup au cœur. Il n'a jamais voulu lui faire de la peine; au contraire. Cela peut paraître étrange et dérisoire, mais son grand frère est, en quelque sorte, l'un des motifs qui a conduit Sam à faire ce qu'il conteste pourtant depuis le début.
L'adolescent découvre, par la même occasion, que quelque soit le ton qu'aura pris Faust, au final, la douleur est resté insupportable tout du long. Il écoute la suite, il apprend, il retient. L'un de ses objectif est également de prouver à l'adulte qu'il ne laissera personne changer qui il est. Samaël se promet de tout faire pour rester le même, malgré tous les regrets qu'il pourra avoir lors de ses agissements futurs. Il veut également combattre le poison dont parle Faust, car son entêtement le pousse à croire qu'il existe un remède et qu'il trouverait ça intolérable que son recrutement dans la Résistance le pousse à devenir quelqu'un d'autre. Va-t-il y arriver, ça, c'est une question qu'il ne devra pas arrêter de se poser; mais si cela l'aide à ne pas oublier sa véritable nature, alors il se le posera.

Pas besoin d'être un génie pour comprendre que Faust s'inquiète juste pour son petit frère, et que son angoisse est parfaitement légitime. L'Enodril est au courant des tourments qu'il lui inflige indirectement mais voilà encore un argument qu'il aurait pu sortir. Pour Sam, il vaut mieux que son frère puisse le surveiller une fois sur les lieux plutôt que quelque part où il ne pourra pas le protéger.
Finalement, le petit ours brun voit une sorte de lueur se dessiner devant lui alors qu'il comprend que Faust avoue enfin qu'il ne pourra pas le faire changer d'avis et qu'il vaut mieux qu'il accepte sa volonté, aussi insensée soit-elle.
Nouveau rire jaune dont Sam finit par être intérieurement dégoûté. Il n'aurait jamais voulu voir son frère comme ça, et il est bien conscient que c'est de sa faute. Mais un jour ou l'autre, de toute façon, il aurait dû affronter ce Faust-là. Alors... pourquoi pas aujourd'hui ?...
Ce qu'il dit en dernier est en fait une interrogation. Il lui demande ce qu'il veut qu'il fasse. Samaël le regarde pendant quelques instants, muet, se demandant s'il s'agit là d'une question rhétorique.
Puis, c'est alors qu'un léger sourire, à le fois triste et reconnaissant, à la fois plein de douleur et d'espoir, se dessine cette fois-ci sur le visage de l'ourson.

- Des tas de choses, Faust...

Il aurait rit de sa propre stupidité, s'il se l'était permis. Est-ce parce qu'il vient d'être mentalement torturé suite à une dispute avec son frère qu'il commence à déblatérer n'importe quoi ?... Arceus même ne le sait peut-être pas; mais son sourire est bien sincère. Terminer les masques et les faux-semblants.
L'adolescent s'autorise à poser ses deux mains sur les épaules de l'autre. Il ressent encore des picotements au nez, mais il n'y prête plus attention. Il fait de son mieux, en revanche, pour faire disparaître la couleur rouge qui orne ses yeux.

- Je veux que tu me fasses confiance. Je veux que tu te dises que ça aurait été pire si j'étais resté ainsi, même si tu penses le contraire. Je veux que tu arrêtes de croire que je serais plus en sécurité si je n'agissais pas. Je veux que tu arrêtes de croire que tu ne vaux rien. Je veux que tu arrêtes d'avoir des ennuis à cause de moi. Je veux que tu me laisses t'aider quand tu en as besoin. Je veux que tu m'appelles quand tu te sens mal. Je veux que tu me laisses me battre à tes côtés, même si c'est dangereux...

Sa voix finit malgré lui par se briser, et il ne peut retenir une ou deux larmes lui échapper. Il n'a pas réussi a contenir ses sanglots, mais qu'importe. Il voulait se montrer fort devant son aîné, mais il arrive constamment à briser ses barrières.
Sam a fait de nombreuses erreurs dans sa vie. Mais c'est bien la première fois qu'il est aussi sûr de lui concernant l'une d'elle et qu'il ne compte pas la lâcher.

- Et... je veux que tu saches que tu comptes énormément pour moi; sans doute bien plus que tu ne pourras jamais l'imaginer... Mais surtout Faust, surtout...

Il fait une pause pour reprendre son calme et arrêter de pleurer de la sorte. Il se mord les lèvres mais ne regrette aucune de ses paroles. *Je veux que tu me laisses te protéger...* a-t-il failli dire. Mais il se retient et passe directement à sa dernière demande.

- Si je compte tant que ça pour toi, alors aide-moi à devenir plus fort et à survivre.

Réalisé par BlueBerry pour Orange

Back in Black

Feat Samaël Enodril

Dis, dis Faust, tu m'apprendras comment ça marche hein, les combats de pokémon !

Il ne se pose pas de questions quant à la raison qui fait qu'il entend la voix d'Eliott résonner dans son esprit, ou peut-être est-ce celle de Felix, il ne sait plus. Tout ce qu'il comprend, c'est que la sensation de perdre est en train de raviver des vieilles blessures et autres douleurs qu'il aurait tant aimé ne jamais avoir à affronter de nouveau, surtout à cause d'une dispute avec un de ses petits frères. Ce n'est pas qu'il a toujours été terrifié par la possibilité de les voir impliqués dans le conflit qui bouleverse l'île, mais si. C'est une de ses plus grandes peurs, une de celles qui peut le tenir éveillé à chaque heure de la journée, une de celles qui lui glace le sang et lui donne envie de vomir tant il se haït de ne pas les retenir. De ne pas les arrêter, de ne pas les stopper dans leurs ambitions folles qui ont été et sont encore les siennes, parce qu'il sait plus que bien ce qui les attend à l'autre bout de ce tunnel, et ce n'est pas une lumière blanche et pure, mais un océan d'ombre. Un océan d'ombre que Faust ne sait pas si ils seront capables ou non d'affronter, et il est terrifié parce que lui-même peine à ne pas se noyer. Après toutes ces années passées dans cette merde et à supporter la cruauté impitoyable de ce monde, il est encore parfois submergé. Même Isaac, qui est si fort mentalement et dont il admire le courage inflexible malgré la torture qu'il a subi, doute de temps en temps.
Le sourire triste qu'affiche Sam est un coup qui l'atteint en plein cœur, et tous ses muscles se crispent lorsque l'autre pose ses mains sur ses épaules. Ce n'est pas que le contact de l'adolescent le dégoûte ou l'effraie, mais plutôt qu'à l'instant, ses barrières sont encore présentes. Il y a encore ce mur qu'il met entre lui et le monde, et il réalise lentement qu'il a peut-être puisé sa force en Noctis pour se battre avec son petit frère. Lorsque Faust s'éloigne de tout, le moindre contact le déstabilise, pour la simple raison qu'il tente alors de se couper de tous liens pour se montrer plus fort et moins sensible, et donc la preuve de ces liens le fait flancher. C'est difficile, de ne pas enserrer Sam contre lui, que ce soit pour le faire taire ou parce qu'il en a plus que besoin, aujourd'hui. Ce n'est pas habituel pour lui d'aller chercher de l'aide ou même d'en quémander, alors il se retient. En partie parce qu'il a sa fierté, oui, mais majoritairement parce qu'il n'a jamais eu l'occasion, ou plutôt le droit de le faire. Il avait toujours dû être fort, une ancre à laquelle les autres devaient s'accrocher pour ne pas couler, quelqu'un qui tenait le coup pour pouvoir remonter les gens qu'il aime à la force seule de ses bras et de sa volonté pourtant sans cesse bousculée.
Les paroles de Sam ne manquent pas de lui faire perdre pied. Il peine à ne pas s'écrouler, mais il se contente de se raccrocher à un petit bout de combativité pour ne pas flancher. Non, il ne dit rien. Il a baissé les yeux et observe maintenant le sol avec un acharnement qui en aurait été presque admirable s'il n'était pas causé uniquement par un désir égoïste de ne pas se montrer encore plus faible devant quelqu'un qu'il est supposé garder sous son aile. Alors oui, il ne dit rien. Il ne dit rien parce que s'il il parle, il va cracher toute sa peine et c'est bien la dernière chose qu'il veut se permettre de faire, aussi stupide que cela soit.

La dernière phrase de l'adolescent bloqua tout simplement la respiration de Faust dans sa gorge. Il eut comme l'impression d'avoir été frappé et assommé. Des nœuds s'étaient formés jusqu'au fond de ses entrailles et Arceus, combien aurait-il donné pour ne pas avoir à comprendre ce que l'autre venait de dire... Les yeux toujours baissés, de sorte qu'il était évident qu'il aurait tout préféré plutôt que d'avoir à répondre à cette demande et même à y penser, son cerveau se mit en action bien malgré lui.
Alors oui, à l'instant, il a l'impression de voir Eliott, alors âgé de sept ans, qui lui demandait de lui apprendre à se battre. Bien évidemment, le contexte était totalement différent, et ce genre de combat-là a beaucoup moins de rapport avec les pokémon, mais il a comme une impression de déjà-vu qui, en temps normal, l'aurait fait sourire si Sam n'était pas en train de lui demander à le former et à faire de lui un résistant. Faire de lui un tueur, un voleur et tout ce qui faisait que Faust se haïssait, c'était peut-être l'une des pires attaques que Sam pouvait porter contre lui, bien que le conseiller se doutait qu'il n'avait nullement cette volonté. Il déglutit et tenta de couper de son esprit les sons que produisaient les pleurs de l'adolescent et de s'empêcher de le saisir par les épaules pour l'emporter dans une étreinte dont ils avaient tous deux besoin. Alors non, il ne sait pas quoi répondre. Il ne sait même pas comment exprimer ce qu'il ressent alors qu'il désirerait tant lui refuser cette demande, mais pourtant il ne peut pas.
Il ne peut pas parce qu'il est vaincu, défait, au sol et à la merci de volonté de son petit frère, aussi affreux que cela soit à supporter pour son ego qui aimerait tant avoir remporté cette bataille. Il ne peut pas parce que cela ne servirait strictement à rien de se débattre maintenant contre l'inévitable, même si sa fierté en aurait apprécié l'effort.

Il pense. Il pense parce que c'est tout ce qu'il peut faire maintenant, et qu'en un sens, il n'a pas d'autre choix que d'accepter de faire ce que Sam lui demande, même si une partie de lui préférait mourir plutôt que faire de son petit frère un tueur. Parce que s'il devient le formateur de l'adolescent, alors il pourra observer son évolution et l'arrêter si le besoin arrive un jour. Il pourra être là dans les pires moments, le jour où, Arceus qu'il aurait aimé ne pas avoir à réfléchir à cette hypothèse, même si l'autre ne le souhaitait pas, en viendrait à tuer quelqu'un. Il en avait presque la nausée maintenant que cette prédiction dépassait l'état d'hypothèse pour devenir une certitude haïssable.
Il a sûrement dû passer une vingtaine de secondes à réfléchir en silence, sans prononcer le moindre mot. Il sait qu'il doit parler, mais il essaye encore et encore de retarder ce qu'il ne peut pas arrêter. Alors, finalement, au bout du compte, il prend tout le courage qui l'anime depuis sa plus tendre enfance et parle, même s'il sait qu'il regrettera à jamais sa décision.

« Tu me demandes beaucoup, Sam. » finit-il par dire, mais son ton implique qu'il s'agit surtout d'une moquerie envers lui-même et de son incapacité à dire non.

Il poussa un long soupir fatigué, le regard toujours baissé.

« Il faut aussi que tu comprennes que tu n'as jamais été un fardeau. C'est mon choix de t'aider, et il a été pris en toutes connaissances de cause, sans la moindre hésitation de ma part. Mais je ne peux pas ... »

Je ne peux te laisser me voir m'enfoncer dans ma misère. Je ne peux pas te laisser me voir dans mon état le plus naturel et pitoyable, je ne veux pas que tu me voies ainsi, comme le gamin stupide que je suis, je ne veux pas avoir à poser une partie de ma douleur sur tes épaules déjà trop lourdes, je ne veux pas te voir avoir de la peine pour moi car je sais que t'en cause beaucoup, beaucoup trop et Arceus petit frère, je ne mérite pas tant de peine.
Tout ça, il aimerait le dire, mais il y a quelque chose en lui qui l'arrête et le stoppe, parce qu'il avoue tout ça, alors il se retrouvera véritablement sans secrets, sans barrières et s'il fait cela, alors il sait qu'il va pleurer. Il ne veut plus pleurer. Il n'a que trop versé de larmes pour sa propre stupidité qu'il ne peut pas se laisser aller à un tel état.
Il relève enfin les yeux, sa voix se faisant plus ferme.

« … Mais si tu le souhaites, j'accepte. J'accepte à une seule condition. »

Il prit une grande inspiration. C'était bien la seule part de combativité qui restait en lui et qui lui permettait de ne pas craquer, cette idée qui avait germé dans son cerveau tout à l'heure et qui avait fleuri, appâté par le fait que Faust n'avait plus aucun espoir de persuader Sam de renoncer à son idée. C'est un essai désespéré et il le sait, mais il n'est plus à ça près.
Il laisse enfin ses yeux rencontrer ceux de Sam et fait tout pour ne pas flancher, parce que le voir pleurer, c'est une des pires tortures qu'on peut lui infliger.

« Je te laisse un mois. Un mois d’entraînement au bout duquel tu devras être capable de me désarmer et de m'immobiliser, ou en tous cas de faire en sorte que je sois incapable de t'arrêter. Si ce n'est pas le cas, alors je ferais tout ce qu'il y en mon pouvoir pour t'empêcher de rejoindre la résistance. »

Il inspire et expira un peu, histoire de se calmer. C'était vraiment son dernier essai, et Arceus, il refusait de se laisser être vaincu sans une ultime tentative.

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Faust M. Donovan

Samaël Enodril

Vaut mieux pas qu'il lui dise, hein ?... Que Faust est en réalité une des causes qui ont amené Sam à prendre une telle décision. Vous pensiez que le hérisson qui essaye de le ramener à la raison depuis tout à l'heure était en dehors du conflit intérieur qui avait opposé l'adolescent à sa propre conscience ? Conflit qui n'avait pas duré longtemps, d'ailleurs; à chaque fois qu'il se remémorait les motivations qui le poussaient à faire ça, il était toujours gagnant contre lui-même. Mais il voit bien aussi que son grand frère abandonne également. Il a remporté une bataille au prix de milles sacrifices, mais malgré tout ce que l'autre a dit, il ne regrette rien. On le croit trop jeune pour plonger sa main dans l'horreur, et il prouverait à tout le monde le contraire.

Au regard baissé de Faust, et même sans ça, l'adolescent devine qu'il n'en a pas envie. Il n'a pas envie qu'il partage ses troubles, et sans doute qu'il ne veut pas non plus que sa vie soit semblable à la sienne. Mais peut-être qu'il est destiné à prendre involontairement exemple sur lui, en fin de compte. Faust ne se considère pas comme un modèle, mais il a de nombreuses qualités qui feraient presque croire l'opposé à son frangin. Mais cela ne dérange pas ce dernier d'emprunter la voie de son aîné si jamais il n'a pas d'autres choix. Au contraire; le suivre et arriver à le comprendre pour lui venir en aide pourrait être considéré comme l'un de ses désirs égoïstes. C'est très stupide, mais il est convaincu d'une certaine manière qu'il pourrait se rapprocher du hérisson s'il entrait dans l'univers qu'il tente désespéramment de lui cacher; car il est évident que le Donovan essayait le plus possible d'éloigner son cadet à l'affreuse vérité quant à son apparence et ses actions sous Noctis. Sam comprend qu'il ait voulu ne pas le mêler à ses histoires en tant que Résistant; mais malgré tout le temps qu'ils ont passé ensembles, le jeune dresseur a bien remarqué qu'il y avait encore et toujours un fossé entre son univers et celui du Donovan. Une distance qu'il ne peut plus supporter, tant il a parfois l'impression d'en souffrir; car ce n'est certainement pas en l'écartant de ses activités liées contre le Régime qu'il le mettra en sécurité. Ils ne se connaissent pas depuis des années, mais c'est un peu comme si leur rencontre datait d'il y a longtemps. Samaël veut pouvoir briser ces barrières qui les séparent toujours d'une certaine façon. Il veut soutenir celui qui l'a constamment protégé; il veut aider Faust à supporter cette douleur qui le déchire intérieurement; il veut devenir plus fort pour lui, car même si pour l'instant il n'est pas aussi puissant, ni aussi audacieux, et même s'il n'a que de frêles épaules à lui donner, il se battra du mieux qu'il pourra et rassemblera son courage à deux mains afin de ne plus être un fardeau pour personne.

Il se retient de rire à la remarque de son frère lorsqu'il se remet à parler, tant cela rendrait l'ourson encore plus triste et pathétique. Il ne sait pas si cela se voulait ironique, mais le soupire fatiguée de son aîné résonne à ses oreilles comme une lamentation qui le fend en deux. Il serre un peu plus ses épaules pour faire taire cet irrésistible envie de l'étreindre, car après cette dispute, ils en auraient sûrement grand besoin tous les deux.
L'entendre lui dire qu'il n'a jamais été un fardeau lui fait un bien fou, même s'il pense encore qu'il le sera jusqu'à ce qu'il soit devenu assez solide pour se défendre seul. Sa résolution aussi il l'a pris en connaissance de cause. Même si Faust ne termine pas sa phrase, il croit deviner ce qu'il n'ose pas lui avouer. Les sentiments de Faust sont tellement compréhensibles qu'il ne peut tout simplement pas lui en vouloir.

Enfin, ses yeux se plongent de nouveau dans les siens et il se retient de hoqueter de surprise en entendant la réponse du hérisson. Il savait que lui demander de l'entraîner n'était peut-être pas gagné, étant donné sa ferme opposition quant à sa décision. Mais au final, pour la plus grande joie de Sam, qu'il ne montre bien évidemment pas, il accepte de le former. Et il est plus que reconnaissant à Faust pour cela, alors qu'il sait à quel point cela doit faire mal à son frère de le faire devenir quelqu'un qu'il aurait souhaité ne jamais voir en lui.
Puis, il bloque sa respiration. Un mois. Il lui laisse un mois pour prouver qu'il mérite vraiment d'entrer dans la Résistance et pour voir jusqu'où va sa détermination. S'il échoue, il n'aura plus jamais l'occasion de devenir un combattant. S'il échoue, rien ne changera et il devra laisser les autres risquer leur vie sans qu'il puisse faire quoique ce soit. Mais il ne veut pas; il ne veut plus. Alors il est bien décidé à se donner à fond et à montrer au Donovan qu'il mérite la place qu'il convoite tant dans les rangs des Résistants. Ils vont s'en doute se donner du fil à retordre mutuellement, mais Sam touche au but, il le sent.
Enfin, pour la première fois depuis le début, il affiche un véritable sourire exprimant la gratitude qu'il a envers Faust pour le remercier de lui avoir donné une seconde chance. Il aimerait lui déclarer sa reconnaissance, car il lui demande déjà énormément et qu'il accepte malgré tout de le prendre sous son aile. Parce qu'il lui doit déjà beaucoup, et qu'il continue à veiller sur lui, Sam aimerait de tout son cœur pouvoir l'aider un jour, d'une façon d'une autre.
Il aimerait parler, mais ses mots stagnent et ne veulent pas sortir. Aucun son ne parvient à s'échapper. Ses larmes ne coulent plus, cependant. Il se sent heureux de savoir que sa vie va changer et qu'il va pouvoir enfin se rendre utile. Peut-être qu'il tuera, peut-être qu'il sera encore torturé, peut-être qu'il souffrira, peut-être qu'il sera en danger; mais malgré tout, il se sent comme comblé. Il a vraiment l'impression de donner un sens à sa vie. S'il peut comprendre la peine de Faust et lui apporter son appui, alors il fera le nécessaire; même si cela doit lui coûter des troubles mentaux. Il a trouvé, au fond, une nouvelle raison de se battre.
Alors comme il n'arrive pas à parler, il prend deux secondes d'hésitation avant de jurer intérieurement et finit par entourer le hérisson avec ses bras pour l'enlacer. Par Arceus... qu'il en avait besoin ! Se contenir de le serrer contre lui alors que son cœur s'était brisé en supportant l'acidité de Faust avait été un véritable supplice. C'est en se blottissant contre lui qu'il trouve enfin le courage de prononcer quelques mots.

- D'accord... Tout ce que tu voudras...

Apaisé, il profite de la chaleur de l'autre pour recoller peu à peu les morceaux de son âme fendu. Il sait que ce ne sera pas de tout repos; mais pour lui, le plus dur est derrière. Il ne peut qu'avancer, désormais.

Réalisé par BlueBerry pour Orange

Back in Black

Feat Samaël Enodril

Faust n'est pas un prof facile, autant être honnête.
Ce n'est pas qu'il ne s'inquiète pas pour ses élèves, bien au contraire, mais disons qu'il pourrait être qualifié d'absolument terrifiant en tant que maître. Il est préférable de ne pas mentir : c'est un monstre impitoyable qui fait connaître à ceux qui se retrouvent sous sa tutelle le véritable sens du mot 'épuisement'. Il faut dire qu'il n'allait pas avec le dos de la cuillère et qu'il ne faisait pas dans la dentelle question mesures et entraînement, principalement parce que Faust s'infligeait déjà à lui-même ces exercices. En tous cas, lorsqu'il avait annoncé la nouvelle à Isaac, celui-ci avait grimacé en disant prier pour la santé mentale de l'adolescent. Il avait par ailleurs dit à Sam qu'il était ravi de l'avoir connu tiens, idiot de nugget qu'il était. Même Faith, la dernière résistante qu'il avait formé, n'avait pas manqué d'avoir pitié de la pauvre âme qui allait prendre sa place et s'était même demandée comment on pouvait être fou au point d'accepter d'être entraîné par un sadique pareil. Enfin, 'sadique' n'était pas le bon terme à employer étant donné qu'il ne trouvait aucun plaisir à épuiser ses élèves au point de leur faire maudire son prénom, mais disons qu'il paraissait tant déterminé à les pousser jusqu'à leurs limites qu'il était possible d'avoir un doute à ce sujet.
Bref. Là n'est pas uniquement concentré le sujet. Il faut dire que, depuis qu'il a donné rendez-vous à Sam la dernière fois, il s'est écoulé quelques jours, tout au plus. Quelques jours passés à réfléchir, à tenter de se changer les idées et surtout, à se faire l'idée qu'il va devoir préparer Sam à une vie faite de malheur, d'angoisse et de peur. Une vie de sang et de violence qui ne s'arrête que grâce à la mort, une vie qui fera de son petit frère quelqu'un que Faust n'aurait jamais souhaité le voir devenir. Mais il n'y a plus rien à faire, et le conseiller doit faire avec, comme tant d'autres choses avant, comme avec tant d'autres personnes auparavant. Il n'a pas cessé de se battre et pourtant, c'est comme s'il était toujours aussi impuissant et démuni que lorsqu'il avait dix-huit ans.
Il ne manque pas de se préparer à renfort de beaucoup de réflexion et de patience, de calme et de sang-froid qui lui sont plus que nécessaires. Il va en avoir besoin, surtout qu'il va être la source d'énormément de fatigue et d'angoisse chez le cadet. C'est difficile de se dire qu'il va devoir traiter Sam comme un de ses élèves, et surtout de penser qu'il ne lui fera aucun cadeau, bien au contraire.

Un mois. C'est le temps que Faust a donné à Sam, et intérieurement, le hérisson est incapable de deviner si l'autre réussira ou pas. Après tout, la différence de force et d'expériences entre eux étaient telle qu'en temps normal... Enfin, inutile d'y penser. Il ne devait pas douter de lui, même si une partie égoïste de lui-même souhaitait ardemment le voir échouer. Il allait faire son travail, de toute façon, et les résultats seraient là, qu'ils soient bons ou mauvais.
Le jour venu, il avait invité Sam à venir le rejoindre dans un des petits bois de Nuva Eja. Pour l'occasion, la Mentali d'Isaac l'avait accompagné pour s'occuper de surveiller les environs grâce à ses pouvoirs psychiques. S'entraîner dans la maison aurait été trop compliqué et surtout, plus que risqué.
Son casque est aujourd'hui sa plus belle défense. Voix rauque, vêtements sombres et adaptés à son corps. C'est bel et bien Noctis qui va agir maintenant, et Faust se reposera dans un fond de son esprit. Il avait précisé à l'adolescent qu'aujourd'hui, il attendait quelqu'un d'autre. Quelqu'un d'autre qui se trouverait être le résistant que son petit frère voulait devenir.
En fait, la raison est avant tout qu'il faut que le cadet apprenne à se battre avec son déguisement. Toutefois, il mentirait s'il disait qu'il n'est pas plus facile pour le conseiller de former quelqu'un de masqué, de ne pas voir son visage. C'est bien plus simple et Arceus, Faust n'est pas contre une facilité supplémentaire dans tout ce qu'il va devoir faire.
Il n'a pas peur de ce qu'il va devoir faire aujourd'hui, non. Ni demain. Ni tous les jours jusqu'à la fin du mois, bien au contraire, mais il a peur car le temps s'écoule lentement mais sûrement, et qu'à la fin, le verdict sera incontestable.

Il n'y a pas que Dolce qui l'accompagne aujourd'hui. Dalhia se porte à ses côtés, fidèle et immobile, tout autant préparée, voir plus, à ce qui va se dérouler. Sa présence n'a pas d'autre but que de rassurer Faust, même si son odorat pourrait se montrer utile. Il faudrait qu'il pense à apprendre à Sam à brouiller les odeurs tiens, mais ce serait la leçon d'un autre jour. Pour l'instant, ils n'en étaient même pas aux bases. Le travail se promettait considérable, même bien plus grand que celui qu'il avait accompli avec Faith étant donné que elle possédait déjà des capacités plus que développées en matière de self-defense.
Une fois l'adolescent arrivé néanmoins, il reprit sa contenance. Il le salua d'un bref mouvement de la tête.

« J'espère que ta volonté n'a pas faibli. »

Il n'attend aucune réponse, mais il laisse au cadet le loisir de répondre s'il le souhaite ; néanmoins, Faust n'a pas tellement que ça besoin d'entendre la réponse vu qu'il la connaît déjà. Il n'a pas nécessairement besoin de la réentendre non plus ; il a eu plus que l'occasion d'y repenser ces derniers jours.
Il détailla le déguisement du jeune homme, cherchant des moyens de l'améliorer et de le rendre plus pratique, et nota chaque petit détail inutile dans un coin de son esprit. L'endroit où il se trouvait était une sorte de petite clairière, et il avait déposé sur un tronc un ensemble d'objets qui seraient nécessaire aujourd'hui. Rien de bien folichon ou de compliqué en fait ; deux flingues qui ne comportaient en réalité que des balles de peinture inoffensives et des dagues en plastiques. En fait, cet entraînement-là n'aurait que comme unique but de voir ce que valait son nouvel élève et surtout, de le tester pour détecter au plus tôt les défauts pour ainsi les corriger. Ils aborderaient plus tard, lorsque l'autre en serait capable, le sujet du vol. D'abord, il fallait qu'ils s'assurent que l'adolescent ne serait pas tué dès sa première mission, ce qui aurait été ma foi problématique et l'aurait empêché de voler quoi que ce soit.
Il fit signe au cadet de le suivre et prit dans sa main une des armes à feu et, pour prouver le côté inoffensif de celles-ci, tira une fois au sol, l'éclaboussant par ailleurs de peinture.

« D'abord, nous allons essayer de voir ce que tu vaux en matière de vitesse et d'agilité. Je vais te tirer dessus, et ton travail va être, figurativement, de rester en vie. Comme tu l'as remarqué, ce ne sont pas de vraies balles. »

Calme et posée. C'est ainsi que résonne sa voix. Il semble que le Noctis que Sam a rencontré une nuit de novembre est revenu, comme étrangement professionnel.
Il fit signe à l'autre de reculer un peu, silencieusement.

« Tu dois tenir cinq minutes au moins. L'aide de tes pokémon est strictement interdite ; tu vas devoir te débrouiller par tes propres moyens et tu n'as que cinq 'vies'. Bon courage. »

Un rictus étira ses lèvres sous son casque.

« Maintenant, esquive les balles ! ♪ » ordonna-t-il, sa voix ne manquant pas de prendre une teinte amusée sous l'effet de ses propos.

Il chantonnait presque.
Un peu d'humour noir, ça ne faisait jamais de mal. Et puis, quitte à ne pas se permettre d'en pleurer, autant en rire.
C'était bien tout ce qui lui restait.

It's been too long
(Y'a bien trop longtemps que je suis parti)
I'm glad to be back
(J'suis content d'être de retour)
Yes, I'm let loose
(Oui, je me suis défait)
From the noose
(Du nœud coulant)
That's kept me hanging about
(Qui me retenait pendu)

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Faust M. Donovan

Samaël Enodril

Un mois. Il lui laisse un mois pour prouver qu'il mérite sa place dans la Résistance. Un mois pour décider de son avenir et sa prochaine vie. Un mois pour le laisser se rendre compte dans quelle folie il s'est embarqué. Un mois pour apprendre à survivre comme son aîné. Un mois pour le forcer à abandonner. Un mois pour le tester. Un mois pour le faire changer.
Sam n'a rien dit, mais il sait d'avance que ce délai est inutile. Il y a quelques temps, il en aurait eu peur, il en aurait eu des frissons et aurait probablement été angoissé. Mais le garçon qu'il est devenu s'est considérablement endurci. Il ne s'attend pas à ce que Faust lui fasse de cadeaux. Il sait que son grand frère sera rude, et il en est soulagé. Il n'aurait pas supporté un mentor qui l'aurait ménagé. S'il a demandé au hérisson de l'entraîner, ce n'est pas pour rien. Il serait prêt à affronter n'importe quoi. Il a de l'énergie à revendre et n'abandonne jamais; à moins qu'il n'y soit vraiment contraint. Il sait que de dures épreuves l'attendent et le forceront à dépasser ses limites. Mais c'est exactement ça, qu'il veut. Un entraînement difficile mais efficace; voilà, ce qu'il veut. Il est fier de mettre autant de vivacité si c'est pour ressembler un tant soit peu à son grand frère; même si ce dernier n'aurait voulu le voir devenir ainsi pour rien au monde. Par ailleurs, les "encouragements" d'Isaac lui ont fait plus rire qu'autre chose.
Alors oui, Sam a honte de faire autant de peine à son frangin pour une décision égoïste qu'il a décidé de prendre. Mais il ne regrette pour rien au monde son choix et ne compte pas rebrousser chemin. Il a tant à parcourir qu'abandonner serait une perte de temps et qu'il en serait frustré s'il devait s'arrêter tout de suite. Il veut aller jusqu'au bout, peu importe le prix que cela vaudra. S'il n'a plus d'armes, il combattra avec les mains. S'il n'a plus de bras, il combattra avec les pieds. S'il n'a plus de jambes, il combattra avec sa tête. S'il n'a plus de tête... ba cela donnerait une image assez dégueulasse et il serait mort. Mais cela n'arrivera pas. Pour son frère, pour sa famille, pour ses proches, il fera tout ce qui est son pouvoir pour rester en vie. Mais s'il faut qu'il meurt, alors il mourra avec les honneurs.

Aujourd'hui, il ne vient plus en tant que petit frère, mais en tant que Résistant qui doit apprendre à se battre. Une autre partie de lui va donc agir. Quelqu'un dont il a toujours su l'existence, mais qu'il a préféré refouler dans un coin de son esprit pour ne pas être tenté. Depuis la première fois où il a voulu entrer dans la Résistance, il s'était forcé à se trouver un surnom, comme pour s'assurer plus tard qu'il en ferait bel et bien partie. Il avait mis du temps à se trouver un pseudonyme. Il s'était demandé quel serait le nom le plus approprié pour lui. Il voulait quelque chose qui le définisse d'une certaine manière, comme Faust et Nctis, ou le deuxième est la face sombre du premier et est vêtu de noir, d'où peut-être son nom. Sam s'est questionné à propos de ses particularités, qui auraient pu lui permettre de trouver une appellation appropriée. Mais il n'a trouvé de particulier chez lui que sa tendance à s'attirer des ennuis et la belle couleur rare de ses yeux, héritage de son père, avec la plume aux reflets arc-en-ciel attachée en pendentif qu'il a récupéré sur son cadavre en prison puis oublié chez Aloïs. C'est en le reprenant chez lui récemment qu'il avait eu une illumination et avait enfin découvert sa marque, son pseudonyme.

Noctis a une tenue noire et inquiétante. Sam a voulu, pour sa "moitié", choisir quelque chose qui lui conviendrait mieux qu'un simple déguisement sombre, comme il a déjà vu des Résistants en porter. Assez simple, mais efficace, il n'a laissé aucun détail au hasard sur sa tenue. Pour commencer, le haut. Il a juste recouvert sur sa peau nue un t-shirt moulant capable de garder la température du corps et de ne pas laisser le froid s'infiltrer par dessus lequel il a placé une mince cotte de mailles car il a lu quelque part que les samouraïs en mettait contre les lances ou toute autre sorte de lames. Pour être sûr d'être bien protégé au cœur si jamais il se reçoit une balle, il s'est pourvu d'une légère mais solide plaque de métal au niveau de sa poitrine dont la forme triangulaire est semblable à l'armure d'un de ses héros d'animé japonais. Il a recouvert ensuite le tout d'un sweat zippé réversible dont un côté est de couleur noire, pour les missions de nuit, et dont l'autre côté s'apparente au MultiCam pour se camoufler le jour. Ainsi, il retourne sa veste suivant le temps qu'il fait mais n'a jamais d'inquiétudes sur son apparence qu'il sait appropriée aux différents moments de la journée. Il a également une capuche associée à son sweat, constamment relevée pour camoufler ses cheveux bruns.
Pour le bas, en revanche, il n'a pas cherché à faire plus compliqué. Un simple pantalon flexible -pour faciliter ses déplacements- d'une couleur se rapprochant du vert kaki; et il a, aux pieds, des chaussures marrons, ressemblants à des bottes, très pratiques pour courir et grimper aux arbres, notamment par les sortes de petites griffes tranchantes qui composent le bout -idéales pour se défendre s'il utilise ses jambes et les planter dans ses ennemis, mais également pour l'aider à monter aux troncs des arbres lorsqu'il a besoin de s'y réfugier- et possèdent des semelles plutôt résistantes. Pour finir, il a décidé de cacher son remarquable regard par des lunettes noires, semblables aux lunettes de ski, mais dont l'intérieur lui permet une vision comme s'il n'en avait pas, pour lui permettre de masquer ses yeux dorés et de s'en servir pour se protéger du vent lorsqu'il est en plein vol. Il a également pensé à s'affubler de gants foncés et collants, comme une seconde peau, afin de ne laisser aucune empreinte. Enfin, il a toujours bien évidemment sa ceinture où sont accrochés ses Pokéballs.
Il espère juste maintenant que sa tenue sera aux goûts de son instituteur.

En parlant de lui, le voilà qui se dessine devant son champs de vision alors que Sam se téléporte juste devant lui à l'aide son Gardevoir qu'il rappelle tout de suite après être arrivé. Il déglutit lorsqu'il voit que son professeur se trouve en la personne de Noctis et qu'il a de nouveau ce casque ténébreux et cette voix rauque qui l'avaient tant intimidés la dernière fois. Il était convaincu d'une certaine manière que son grand frère ne laisserait pas Faust prendre le dessus pour son entraînement mais cela lui fait quand même bizarre de le revoir ainsi. Mais aujourd'hui, Sam ne doit plus avoir peur de ce casque. Il le connaît, maintenant. Il connaît Faust, et il a appris à connaître Noctis. Il prend une grande inspiration avant de s'approcher de son aîné, lui répondant de la même façon par une voix neutre qui l'étonne lui-même.

- Jamais.

Non; jamais sa volonté ne faiblira. Jamais il ne laissera son passé le tourmenter. Il est tourné vers l'avenir, vers ce qui l'attend, vers le destin qu'il a choisi, vers le destin qu'on lui a tracé. Bien sûr, Dalhia est présente, elle aussi. Il aperçoit également une Mentali près du Résistant mais ne se pose aucune question sur son origine. Ce n'est pas de Pokémons dont les deux frangins vont parler. Enfin, parler... Ce sera surtout du combat; mais Sam est prêt, il le sait.
Ils se trouvent dans une banale clairière, à l'abri des regards indiscrets et des Pokémons sauvages nuisibles. Il détourne le regard quelques secondes pour le poser sur les fausses armes installés un peu plus loin. Il suit l'autre jusqu'aux armes en question et ce dernier s'empare d'un des flingues pour tirer au sol et lui montrer qu'il s'agit, en réalité, de ce dont on se sert pour le paintball.
Vitesse et agilité. Samaël n'ose pas sourire, se contentant d'hocher brièvement la tête, mais le cœur y est. Son opposant risque peut-être d'être bien surpris...
Comme le lui indique Noctis, il recule de quelques pas. Comme il s'y attendait, il n'a pas le droit d'appeler ses Pokémons à l'aide. En même temps, c'était prévisible. C'est lui qu'on entraîne, pas son équipe. Pour le dressage, de toute façon, il a déjà un maître.

Sincèrement, il aurait ri à la dernière remarque de son frère, s'il avait osé. Mais pendant que l'autre s'arme, le cerveau du Enodril, pour une fois, se met en marche. Essayer de le désarmer est bien trop risqué; il est, de toute évidence, bien trop peu expérimenté et il perdrait direct ses cinq vies. Il ne peut pas toutes les garder, c'est impossible, à son niveau actuel. Mais il doit se donner à fond et essayer d'en garder le plus possible. Alors, la seule et meilleure solution qui lui reste, c'est la fuite. Et c'est là que Sam remercie intérieurement son talent pour attirer les problèmes comme un aimant. Il ne s'en est pas rendu compte, mais à force de courir pour échapper à ses poursuivants, que ce soit des monstres ou des adultes, il a réussi à devenir extrêmement rapide, et c'est bien l'un de ses principaux atouts, avec sa vue perçante. Il a donc hâte de montrer à son aîné sa capacité à se déplacer.

Il décide avant tout de tester quelque chose et se met à déplacer légèrement sa jambe gauche vers l'extérieur et de la plier un peu. Noctis ne peut pas voir ses yeux, mais peut analyser les mouvements qu'il fait avec sa jambes et ainsi anticiper la suite.
Sam lâche un sourire en coin avant de compter jusqu'à trois et de partir à toute allure vers la forêt. Mais au lieu de détaler vers la gauche, comme il avait pensé le suggérer dans le déplacement de son pied, il s'enfuit dans la direction inverse. A l'orée des arbres, le regard de Sam parcourt chaque arbre où il pourrait se cacher. Il décide de choisir celui avec le plus de feuilles pour le dissimuler -car il n'avait pas choisi la couleur kaki pour rien- et y grimpe aussi vite qu'il le peut par la seule force de ses bras et de ses jambes. Il arrive rapidement au sommet et se colle contre le tronc en retenant sa respiration, tout en apercevant avec soulagement un moyen simple pour redescendre avec agilité. Son cœur bat à toute vitesse mais il se retient de pousser un hoquet de surprise lorsqu'il voit une tâche de peinture sur son gilet.
La chasse est ouverte; l'entraînement a commencé.

Réalisé par BlueBerry pour Orange

Back in Black

Feat Samaël Enodril

Le meilleur remède pour Faust contre ses problèmes est le rire, purement et simplement. Alors bien sûr, il n'éclate pas de rire comme un parfait dégénéré et ne se met pas à partir dans des délires qui pourraient faire penser que la drogue a été légalisée récemment, mais disons que la seule arme dont il dispose contre la nausée que crée l'idée de former Sam dans son esprit fait naître est son humeur. Ce n'est pas grand chose et il n'est pas vraiment idéal mais on fait avec ce qu'on a, et ici, le conseiller ne disposait de pas grand chose d'autre. Ainsi, la seule façon qu'il a de ne pas trop réfléchir, c'est de se dire que la personne qu'il chasse comme un loup après sa proie, n'est pas son frère. C'est un résistant comme un autre, un élève sans plus qu'il ne doit pas voir comme plus ou moins important, un inconnu même. Il est peut-être pathétique, en un sens, mais au moins il arrive à se vider suffisamment l'esprit pour ne pas craquer et de toute façon, Faust ne peut pas changer le monde ni le destin. Il a toujours dû supporter et s'adapter ; le futur ne serait aucunement différent, il aurait peut-être été temps qu'il s'y adapte, tiens. Néanmoins, cela ne l'empêchait pas d'être plus qu'amer au sujet de la situation ; fallait pas pousser mémé dans les orties non plus.
Alors oui, son élève est rapide. Malin comme un singe aussi, mais son inexpérience se montre comme un bouton d'acné en plein milieu de la figure d'un ado pré-pubère, c'est-à-dire qu'elle est évidente. Des gestes certes bien pensés mais qui laissaient transparaître une certaine maladresse tout à fait normale pour quelqu'un d'aussi peu entraîné. Alors oui, il y avait des éléments prometteurs, mais il y avait aussi également énormément beaucoup de mauvaises habitudes et de petits défauts qui pouvaient tout faire dans une vraie situation. Bien sûr, Faust n'a pas d'opinion particulière sur les capacités du cadet, pour la simple raison qu'en grande partie, il va falloir repartir de zéro. Car oui, un entraînement, cela requiert aussi de partir avec de nouvelles bases ; après tout, la meilleure façon de faire mieux grandir une plante, c'était de changer la terre, pas de rajouter plus d'eau et d'engrais en espérant que ça finira bien.
Un indice : ça ne se finit pas bien.

Enfin bref. Un sourire naquit au coin de ses lèvres lorsqu'il vit le petit stratagème employé par Sam, mais il ne se lança pas à sa poursuite tout de suite. En réalité, il se contenta de l'observer partir en tirant un peu, sans trop se soucier du résultat. Son objectif principal était avant tout de regarder comment l'autre réagissait, pas de lui courir après comme un demeuré en riant. Il n'était pas non plus dans une rediffusion des Looney Toons, sérieusement.
Il se pencha alors un peu vers Dalhia ; celle-ci portait aussi une expression amusée sur son visage.

« Tu penses que j'aurais dû lui préciser que moi par contre, j'ai le droit aux pokémon ? » demanda le conseiller à la Démolosse qui, si elle avait pu, se serait mise à ricaner.

Car oui évidemment, la chienne n'était pas là pour faire joli-joli. Son odorat était ce qui avait fait qu'elle serait capitale ici, et lui permettait de retrouver Sam malgré toutes ses tentatives de se cacher. Alors oui, c'était un peu malhonnête de sa part, mais il n'avait jamais vraiment précisé si l'interdiction quant aux pokémon se portait sur lui aussi et du coup, eh bien il était parfaitement dans les règles. Ouais, Faust modifie et élargit les règles pour qu'elles soient à sa convenance, et ce n'était pas une nouveauté, ça non.
Il est rapide, en tous cas. Bien sûr, il a vu mieux sur ce côté mais surtout, il a vu bien pire. Noctis est avant tout un excellent tireur ; on ne devient pas voleur avec une agilité et une précision de phoque après tout. Alors bien sûr, vu qu'ils courent dans une forêt qu'il lui faut tirer dans cette optique, il est un peu plus imprécis et vu le nombre d'arbres, il est facile de s'y perdre. Essayez voir déjà de tirer sur une cible mouvante pour vous faire une idée de la difficulté de la chose. Après, il ne peut évidemment pas mentir sur le fait que lorsqu'il touche sa cible, il ne trouve pas ça amusant. Ouais ben faut bien trouver son fun quelque part, messieurs dames.

En tous cas, au bout des cinq minutes, Faust avait une liste longue comme le bras de petits détails remarqués. Liste dont il ne ferait pas part à son élève pour la simple et bonne raison qu'il devrait en être le seul connaisseur pendant quelques temps ; lui dire ce qui n'allait pas, s'était s'assurer que l'autre allait tenter de corriger les erreurs par lui-même et donc, inévitablement, d'en commettre d'autres. N'allez pas voir ça comme méprisant de sa part, bien au contraire, mais c'était surtout qu'il avait déjà fait l'expérience de la chose avec Faith et Arceus, combien de temps ils avaient gâché pour rattraper tout ça !
Ainsi, au bout de l'exercice, il signe l'arrêt grâce à un hurlement relativement important de Dalhia. Le signal était plus que clair. Il retourna en silence vers la clairière et alla s'installer le temps que l'autre revienne.

« Bon boulot. En tous cas, il y a des problèmes à corriger, ouais, mais on a le temps. Pour l'instant, on va s'en tenir aux bases des bases, inutile de tout bousculer. »

Le compliment était sobre, neutre. En somme, c'était un peu comme s'il n'en était pas un ; et en sens, ce n'était pas entièrement faux. Il ne donnait quasiment jamais de compliments en fait, sauf à la fin.
Il prit cette fois son arme qu'il remplit une nouvelle fois, montrant ainsi à son élève comment charger une arme (bien qu'il ne savait pas qu'il était déjà au courant) et tirer. Rien de bien particulier, mais l'arme qui était réservée au cadet était vide, et l'autre allait devoir la remplir.

« Rien de bien sorcier sur cet exercice-là. Ici, ton boulot va être de tout simplement viser juste. Ce n'est vraiment pas compliqué et très honnêtement, tu devrais t'en sortir sans aucun problème. » expliqua-t-il d'une voix calme et posée.

Il alla poser sur un arbre quelques canettes à dégommer et se rapprocha ensuite de l'adolescent pour guider son poignet pour le premier tir.

« Surtout, ne serre pas ton arme trop fort, tu perdrais de ta flexibilité. Pense avant tout à ce que tu veux toucher et non à ce qui se trouve dans ta main, tu te mènerais en erreur dans le cas inverse. Surtout, garde le centre de ta canette légèrement en dessous de ton arme dans ton champ de vision. Bonne chance. »

Un rictus s'esquissa sur ses lèvres.

« Ah et oui, après ça, tu me feras trente minutes de course à pied. Il va falloir voir ce que tu vaux en endurance. »

Il fit un court arrêt.

« Sans pause, évidemment. »

Ben ouais mesdames et messieurs, vous vous attendiez à quoi ?

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Faust M. Donovan

Samaël Enodril

N'allez pas croire qu'il n'a pas pensé à camoufler son odeur. Mais il n'a pas trouvé sève à son goût et il fallait dire que les senteurs de la saison ne sont pas encore assez fortes pour le dissimuler de l'odorat d'un quelconque animal. Il s'est demandé quelques instants si la présence de Dalhia était vraiment pas hasard puis il s'est rappelé qu'il n'y avait que lui seul qui ne pouvait pas utiliser de Pokémons. Il n'avait rien dit à propos de lui, après tout. Mais bon, comme c'était un entraînement martial d'homme à homme, Sam a encore des doutes quant à la chienne enflammée qui ne quitte pas son maître d'une semelle. Mais il se doute bien que les soldats du Régime ont eux aussi des Pokémons et que peut-être son mentor veut voir comment il se débrouille en présence donc de potentielles créatures dangereuses. Il n'a pas perdu toutes ses vies, mais il sait qu'il a été touché au minimum deux fois.
A son grand étonnement, le temps est déjà écoulé et il entend de sa position le hurlement provenant de la femelle ténébreuse de son frangin. Il pousse un soupir avant de redescendre. Peu à peu se forme dans son estomac une boule d'angoisse qui ne cesse de grandir au fur et à mesure qu'il se rapproche de la clairière. Qu'est-ce que Noctis a pensé de lui ?... L'a-t-il déçu ?... A-t-il fait autant d'erreurs que ça ?...
Le Résistant qui prend possession du corps de Sam attend patiemment le verdict en marchant d'un pas mesuré vers le point de rassemblement; mais le petit frère de Faust, lui, est nerveux comme pas possible et commence à paniquer un petit peu.

Enfin, il arrive sur le lieu de rendez-vous. Il n'apprécie pas tellement le fait de se cacher sous un déguisement, car il a toujours voulu prouver au monde entier ce qu'il valait et le fait qu'on retienne son nom lui avait semblé comme une sorte de fierté. Aujourd'hui, c'est juste dangereux. De plus, son déguisement contient des spécificités très pratiques qu'il a choisi minutieusement et sait d'avance que cela lui sera sûrement utile pour plus tard. Mais malgré tout, le fait de se couvrir ainsi devant Faust, même s'il s'agit de Noctis, le met un peu mal à l'aise. Masquer son apparence à son frère ne manque pas de le gêner mais il se dit que devant lui ne se trouve plus le hérisson qu'il a l'habitude de côtoyer, mais bien son entraîneur qui ne lui laissera aucun moment de répit; chose que Sam approuve grandement, même s'il sait que la tâche sera ardue.

Son ton est neutre, mais rien que le sens des mots en eux-mêmes lui suffit à ressentir un petit peu de chaleur au fond de lui. Certes, c'est un compliment sobre et limite terne, qui n'est pas forcément comme un encouragement, mais cela satisfait déjà l'ourson qui ne réagit pas mais qui se contente d'un simple mouvement de la tête. Il comprend enfin que c'est le fait de dissimuler son regard à l'autre qui le trouble tant. Mais ses yeux dorés peu commun pourraient le trahir à tout moment si jamais quelqu'un découvre son identité. Pour la plupart des gens qu'il a rencontré au cours de son voyage, il serait méconnaissable, tant il a changé. Quelques mois à peine, un parcours semé d'embûches et un profond traumatisme a réussi à le changer plus qu'il ne le croyait. Si c'est ce qu'on appelle grandir, alors cela convient parfaitement à l'Enodril, qui ne peut plus faire que ça, désormais.

Les iris de Sam se mettent tout à coup à briller lorsqu'il voit son aîné charger un faux revolver; toujours avec de la peinture, évidemment. Il lui montre comment réapprovisionner l'arme et tirer. Le nounours se retient de sourire sournoisement. C'est bien le seul domaine dans lequel il a un minimum de connaissance. Charger, viser, tirer, il l'a déjà fait. Mais bien sûr, Noctis ne le sait pas. Le cadet s'était dit qu'il valait mieux garder ça pour lui et faire comme s'il n'y connaissait rien. Pour être sûr de l'impressionner, néanmoins, il ne va pas faire semblant : il va utiliser son talent.
C'est donc avec une réelle facilité qu'il charge son arme. Comme l'a dit l'autre, ce n'est pas vraiment compliqué. Il laisse l'adulte disposer des canettes à dégommer et pointe déjà l'objet dans la direction de ses cibles. Mais il retient sa respiration lorsque son grand frère se rapproche pour lui donner des conseils. Il a son casque, cette voix calme et neutre, ce tempérament froid et sévère, mais malgré tout, Samaël est aussitôt apaisé alors qu'il écoute attentivement ce qu'il lui dit. Il ne sait pas totalement pas ce qui se passe, mais il se sent comme soulagé. Derrière cette apparence ténébreuse, Noctis garde peut-être un peu de Faust en lui, qui sait...

Samaël peut se considérer comme chanceux, aujourd'hui. Il n'est ni très fort, ni très agile, mais s'il y a bien deux choses pour lesquels il est particulièrement doué, c'est bien tout ce qui concerne la course, que ce soit vitesse ou endurance, et le tir. Le premier don lui vient naturellement de son pouvoir particulier baptisé "aimant à problèmes" et il explique l'autre par ses yeux extrêmement précis. Son regard doré n'est pas seulement captivant; il peut aussi représenter une potentielle menace. Sam n'a jamais eu de difficulté pour voir; pas besoin de lunettes, ou même de lentilles. Il a toujours eu une vue impeccable, sans doute héritée de son père. Mais il n'aurait jamais cru pouvoir se servir d'une telle acuité visuelle pour des intérêts comme ceux-là. Il ne s'est rendu compte de son incroyable talent pour le tir qu'au moment où il s'entraînait pour viser, un jour où il avait retrouvé l'un des flingues de son géniteur. Il avait juste tirer un coup, pour voir la sensation que ça faisait. Il avait désiré toucher au moins une fois la cible qu'il avait lui-même peinte sur le mur extérieur de chez lui, mais même s'il avait intérieurement voulu le centre du cercle, il n'aurait jamais cru le frapper vraiment. Il avait alors eu un hoquet de surprise en s'apercevant qu'il avait réellement fait un trou parfait en plein milieu, alors qu'il avait juste souhaité l'atteindre mais n'avait pas fait plus d'efforts que cela. Cette habileté qu'il avait en présence des armes à feu lui avait semblé juste être de la chance. Mais progressivement, il s'était fait à l'idée qu'il possédait véritablement une adresse remarquable en ce qui concernait le pointage.

Il obéit donc au plus âgé mais son cerveau bug quelques secondes lorsqu'il réalise qu'il était déjà en position avant même que son mentor n'intervienne. Il cligne plusieurs fois les yeux avant de commencer à se préparer. Cependant, la voix de Noctis retentit à nouveau pour lui donner ses instructions futures et il hoche encore la tête. Mais à la dernière phrase de son professeur, Samaël, toujours muet, laisse échapper un petit rire discret. Quand il a dit "tout ce que tu voudras", c'était vraiment tout ce qu'il voudrait.
Alors, enfin, le petit brun se met en place et se concentre. Il vise la première canette, retient son souffle, et tire. Touché. Aussitôt, plus rapidement, il ne manque pas une seule canette et les fait toutes tomber les unes après les autres. Dès qu'il atteint la dernière, il se relève, pas peu fier de son coup, pour une fois, et repose calmement l'arme sur le tronc.

Puis, il fait quelques brefs étirements avant de se mettre à courser, comme ordonné par l'autre quelques instants plus tôt. Il voit trente minutes comme un temps plutôt raisonnable, pour le moment. Il ne prend pas en compte la motivation qui le pousse à dépasser ses limites, mais il croit avoir assez d'endurance propre pour lui permettre de tenir au moins ce laps de temps sans s'évanouir tout de suite après.
Ses chaussures ne glissent pas sur l'herbe, sa respiration est régulière, ses bras sont guidés par le mouvement de ses jambes et sa température commence petit à petit à grimper sous l'effort. Les minutes passent, mais lui ne fait rien d'autre que courir. Il vaut mieux qu'il se vide l'esprit, d'ailleurs. Sentir le regard de Noctis sur lui l'embarrasse un petit peu mais il essaye de ne plus y penser. Sous le coup de cette soudaine réflexion, il s'est mis à accélérer un peu. Non, il ne faut pas. Ce n'est pas un sprint, mais juste un exercice d'endurance. Exercice fatiguant et loin d'être simple, mais exercice. Heureusement, Sam tient bon. Il n'est pas au bord de l'épuisement et il sent même qu'une pause n'aurait pas été nécessaire, de toute façon. Courir comme un dératé dans les bois pour échapper à des animaux dangereux, ça vous muscle les jambes ! Il n'aurait jamais pensé devoir remercier les dizaines de Pokémons sauvages dont il a dû s'échapper mais ces courses-poursuites lui sont bien utiles, maintenant.
Étrangement, il ressent bien moins de fatigue qu'il ne l'aurait pensé au départ. Il fait des dérapages contrôlés, fait attention à ne pas glisser, modère sa vitesse pour ne pas s'épuiser trop rapidement, et se passe dans la tête des musiques pour oublier l'effort actuel. Cette première journée n'est que la première des nombreuses autres qui l'attend, mais il est prêt à montrer ce dont il est capable, même si cela le conduit à l'épuisement.
Alors les jours passent, sans qu'il ne s'en rende compte vraiment compte, en fait. Faust a fini par lui donner les clés de son vieil appartement. Mais même s'il écoute attentivement chaque leçon donnée par son instituteur, il ne manque pas de s'endurcir un peu lorsque l'entraînement de la journée s'achève. Au moment où il quitte Noctis le matin, il donne plusieurs coups dans un tronc pour évaluer sa force et rendre ses mouvements plus brutaux. Conscient que ses bras doivent aussi être davantage musclés, il n'oublie jamais de faire quelques exercices suppléments -mais jamais sans trop forcer- pour espérer palier ses faiblesses dues à sa physionomie. Les courses matinales ne manquent pas; mais Sam se réhabitue peu à peu et ressent moins rapidement la fatigue. Il se connaît néanmoins suffisamment bien pour savoir qu'il ne renoncera jamais et qu'il serait bien capable de continuer sa course en rampant si ses jambes ne peuvent plus le soutenir.
La date fatidique approche, et s'il échoue, il devra renoncer à la Résistance. Mais heureusement, il possède une détermination infaillible, à l'épreuve du sadisme que Noctis déploie dans son entraînement.
Pourtant, lorsque la nuit tombe et qu'il se retrouve à réfléchir dans son lit, il doit avouer que, malgré sa décision et les conséquences que cela a engendré chez le hérisson, le grand frère souriant qu'il a connu autrefois lui manque cruellement.

Réalisé par BlueBerry pour Orange

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Feat Samaël Enodril

Trois heures chaque matin, à partir de sept heures moins le quart. Autant dire que oui, il fallait adopter une hygiène de vie plus qu'irréprochable niveau sommeil pour supporter ce rythme. Pour Faust, c'était certes agaçant car il avait tendance à aller se coucher à des horaires assez divers, mais il faisait avec. Ce n'était pas comme s'il pouvait faire autrement non plus, et de toute façon, se dépenser lui faisait un bien fou. En un sens, peut-être qu'il pouvait aussi tirer quelque chose de cet entraînement autre que de l'amertume et un profond sentiment d'impuissance ainsi que de solitude. Bien évidemment, tout ce joyeux bordel le mettait d'humeur exécrable, de sorte que même Isaac avait insisté pour l'éviter un peu vu qu'il avait ces temps-ci tendance à s'agacer de tout et rien, mais surtout de rien en fait. C'était sûrement une conséquence du fait que la date fatidique se rapprochait peu à peu, même si Faust aurait désiré que cela ne soit pas le cas ; il n'existait malheureusement pas de moyen de ralentir le temps, ou même de le remonter. Alors oui, il se montre plus ferme, froid et distant qu'avant. Ce n'est qu'un réflexe de défense de plus, un mur qu'il met entre lui et le monde pour ne pas avoir à l'affronter véritablement. Clive et lui partagent cette habitude plus que discutable, et ce depuis leur plus tendre l'enfance. Toutefois, il sait qu'au final, tout ça ne servira à rien.
Son élève est doué mais incroyablement inexpérimenté. Ce fut quasiment, sauf pour le tir et l'endurance, comme repartir de zéro. Il avait fait taire toutes les questions qu'avaient bien pu provoquer chez lui le fait que l'adolescent savait déjà tirer en les enfermant dans un coin de son subconscient qu'il n'irait pas explorer d'ici peu. Il ne voulait vraiment pas connaître la réponse, à un point où il s'était carrément retenu de faire tout commentaire lorsqu'il l'avait vu tirer pour la première fois. Certes, il avait été impressionné, mais il n'avait montré qu'une neutralité à la limite de la froideur, tentant bien malgré lui de dissimuler l'inquiétude et la colère que fit naître cette petite démonstration en lui. En somme, le former au vol n'était pas facile car oui, un mois ne suffirait pas à faire de lui quelqu'un de capable de s'infiltrer dans un bâtiment seul. Il en faudrait bien au moins six, mais d'ici là, le pari serait terminé depuis longtemps et il se gifla mentalement de penser qu'il était déjà perdu de ce côté. Car oui, Faust est avant tout un réaliste et même si sa capacité à se mentir à lui-même est tout fait remarquable, il n'en reste pas moins qu'il voit les progrès que l'autre réalise et peut donc estimer, même subjectivement, les chances qu'il a de réussir. Mais il ne dit rien, il ne montre quasiment jamais aucune trace de fierté envers son élève, car il ne peut pas se permettre de laisser Faust ressurgir.

Alors il tente de lui apprendre tout ce qu'il sait, bien qu'il n'a pas le temps de tout faire en un mois, et c'est bien normal. Le tir au fusil, au cas où si l'occasion se présentait, pour éviter qu'il ne se déboîte une épaule à cause du recul que beaucoup de novices ne prennent même pas en compte. La création de petites bombes fumigènes simples mais diablement efficaces, l'utilisation d'armes blanches, plus spécifiquement les dagues et les couteaux, la vitesse, le corps à corps, gérer le centre de gravité du corps, l'agilité, la dissimulation, le crochetage de serrure, l'utilisation du matériel de voleur et ainsi de suite. Un programme plus que chargé, en toute somme. Et intensif en plus de ça parce que oui, il n'était pas devenu plus conciliant avec le temps, bien au contraire. Il n'avait revu Faith que deux fois, et lorsqu'elle avait appris qu'il avait pris un nouvel élève sous son aile, elle s'était contentée de rire pour la pauvre âme qui se retrouvait sous ses griffes. Pauvre âme volontaire d'ailleurs, mais le masochisme était quelque chose de quasiment inné chez les résistants.
Et question exercices, il avait été créatif au niveau du sadisme. Laisser Dalhia lui courir après, l'utiliser comme cible mouvante pendant parfois près d'une heure sans la moindre pause, lui faire faire de la course en marche arrière (car oui, ça rentrait dans le fait de réussir à ne pas se ramasser la tronche par terre, aussi ridicule que ça paraisse), de l'escalade à gogo, de l'endurance à en faire pleurer un sportif endurci, du corps à corps épuisant où Faust prenait un malin plaisir, les premiers jours, à se contenter d'esquiver, de longues heures utilisées à tout simplement épuiser le jeune adolescent. Bien évidemment, il s'arrêtait lorsqu'il voyait que le corps de l'autre ne pouvait plus supporter un tel rythme. Le fait que son élève ne sache pas dire 'non' lorsque son organisme était poussé à bout l'inquiétait un peu d'ailleurs. Ce n'était pas quelque chose qu'il respectait d'ailleurs, il aurait même dit que c'était de l'obstination stupide qui ne mènerait tout simplement à rien et leur ferait perdre un temps plus que précieux. En tous cas, s'il s'écroulait, Faust n'avait plus qu'à le ramener dans l'appartement qu'il lui avait prêté en le portant sur son dos sur tout le chemin (et Arceus merci qu'il avait suffisamment de muscles pour le faire).

Car oui, le temps passe. Faust se sait intransigeant, froid et certains jours carrément désagréable. Pourtant, il a peur. Il peut bien ignorer l'angoisse qui le brûle du fond même de ses entrailles, mais elle est toujours là, cette terreur de le voir devenir résistant et elle ne fait que s'amplifier. La seule manière qu'il a de ne pas craquer, c'est de se montrer tout simplement glacial. Noctis est un homme de silence, de fermeté et de froideur professionnelle qui est bel et bien le meilleur déguisement qu'il a jamais inventé.
Toutefois, il essaye de se dire qu'au fond, tout au fond de son esprit fatigué, il y a une petite voix qui lui chuchote que peut-être ce n'est pas une mauvaise chose. La réponse du reste de son cerveau ? Du ciment au pied et plouf, au fond de la mer de ses doutes. Ouais ; une autruche, j'vous dis.

C'est la première fois qu'il apprend à voler à quelqu'un. Même Faith n'avait pas eu le droit à cet apprentissage, qu'il avait volontairement mis de côté. Et pourtant, en un sens, c'est diablement et foutrement ironique qu'il en donne les secrets à l'adolescent qui, sous son identité de résistant, est en fait son petit frère. Il y a peut-être une petite partie de lui, même infime et rendue minuscule, un reste de Faust qu'il ne peut chasser, qui le poussa à vouloir partager son 'art' avec son élève. Il ne manque pas de chasser les questions que cela fait naître à l'intérieur de lui en se montrant plus intransigeant envers celui qu'il forme. Bien sûr, il ne se montre pas de mauvaise foi non plus. Il le traite comme un professeur traite un élève, voilà tout. Pas plus de gentillesse et pas moins. Il n'aurait pas supporté l'un ou l'autre, de toute façon.
Il ne lui fait qu'une faveur, et ce au bout de vingt-huit jours.

« Oh, pour demain... Ne viens pas. Je te laisse une journée pour te préparer à après-demain. Tu auras besoin de toutes tes forces, alors repose-toi ; c'est un ordre. »

Il ne donnait pas souvent d'ordres, mais il avait espéré que l'autre lui obéirait, pour le coup. Il en aurait plus que besoin.
Après-demain, c'est la date finale. La fin de ce mois éprouvant, physiquement ou moralement, choisissez votre poison. En effet, vu ce que Faust lui réserve, il avait intérêt à être en pleine forme et à ne pas avoir de muscles fatigués s'il voulait avoir une chance. Car oui, ce serait l'occasion pour Faust de mettre le cadet à l'épreuve, et ce en ne retenant aucun coup. Il avait bien l'intention de se montrer des plus féroces.
Lorsque l'autre se présenta le jour venu, Faust attendait patiemment, assis sur le tronc. Il se releva, s'épousseta et lui accorda un bref salut.

« Étant donné qu'il s'agit de notre dernier jour, je vais te donner le défi pour lequel je t'ai entraîné durant tout ce temps. Tu sais déjà ce qui aboutira de la défaite ou de la victoire, je ne te ferai donc pas l'affront de tout expliquer à nouveau. »

Il sortir une clé de sa poche qu'il montra à l'autre avant de s'expliquer.

« Ton job va être de récupérer cette clé, que je vais garder... »

Il la rangea alors dans une poche située au niveau de la partie supérieure de sa veste de cuir, à gauche.Il ferma la poche en la serrant à l'aide d'un nœud solidement fait.

« … Ici. Pour ça, il va falloir que tu arrives à m'immobiliser au corps et à corps. Aucune arme autorisée, tu vas devoir te débrouiller avec tes propres moyens. Évidemment, pas de pokémon et ces règles s'appliquent aux deux côtés. »

Il s'étira et poussa un profond soupir.

« Je te laisse vingt minutes d'échauffement ; après ça, ce sera la dernière ligne droite. »

Un rictus étira ses lèvres.

« Ah et oui, pas de seconde chance. Tu ne sauras ce qu'ouvre la clé qu'en gagnant. »

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Faust M. Donovan

Samaël Enodril

Il était clair depuis le début que la vie de Sam n'allait pas être sans surprises. Au cours de son voyage, il a progressé un peu plus à chaque rencontre. Il a découvert des choses, a crée des liens, s'est fait des amis comme des ennemis et n'a pas cessé d'évoluer depuis. Aujourd'hui, il n'a plus rien à voir avec le jeune garçon qu'il était lorsqu'il est parti pour sa quête des badges. Son âge est le même, mais il a grandi dans son corps et dans sa tête. Il a toujours un peu de sa naïveté, mais une grande part a été remplacé par de la répartie. Il est devenu plus insolent, plus résistant, plus fort mentalement et plus exigeant envers lui-même. Il est devenu plus stupide, aussi; à force de prendre des décisions par forcément très intelligentes, il ne lui arrive pas que des choses appréciables. Il ne parle pas de son apprentissage auprès de Faust, bien sûr. Non; ça, il aime. C'est d'ailleurs bien lui qui a demandé à son grand frère de l'entraîner, et celui-ci a fini par céder, à contre-cœur. S'il le pouvait, il s'excuserait d'ailleurs auprès de son aîné pour lui faire subir tout ça. Il comprend que ça doit pas être évident pour lui de former quelqu'un qu'on considère comme son petit frère. Il ne peut pas vivre cette situation lui-même, mais il se rend bien compte à quel point ça doit être dur. Il s'en est aperçu dans l'attitude de Faust lors de leur dispute à ce sujet; dispute qu'il préférerait oublier, d'ailleurs, tant cela lui fait encore mal d'y penser.

Plus le temps passe, plus l'Enodril devient nerveux. Heureusement qu'il peut compter sur la présence de ses Pokémons le reste de la journée pour se détendre. Enfin, quand il dit se détendre, cela veut surtout dire continuer de s'entraîner un peu mais avec une assistance relativement paisible. Il ne dit pas que Noctis le gêne, loin de là; c'est même le contraire. Mais il est plus à l'aise ces temps-ci lorsqu'il est avec son équipe. Ses Pokémons s'entraînent en même temps que lui pour le motiver et l'encouragent tout au long de son instruction. Cela fait d'ailleurs quelques temps maintenant qu'il a bien remarqué le regard brillant que Kame porte sur lui chaque fois que Sam se donne à fond pour devenir plus fort et que ses coups partent sur les arbres qui lui font office de punching-ball. Il sait depuis toujours que son meilleur ami rêve de devenir plus puissant et d'évoluer, lui aussi. C'est le premier Pokémon qui est entré dans ma team, mais il met plus de temps que les autres à se transformer. Le jeune dresseur s'est demandé si c'était de sa faute, mais son Carabaffe lui a tout de suite assuré que non et que seul le temps pourra déterminer le moment où son compagnon passera dans son mode d'évolution finale.

L'entraînement de Noctis est rude et rigoureux, mais il porte agréablement bien ses fruits. Même si l'élève fait preuve d'un entêtement parfois démesuré, il suit chaque conseil donné par son grand frère et fait de son mieux tous les matins pour ne pas le décevoir. Il a parfois tendance à aller au-delà de ses limites, mais cette volonté de bien faire finit par l'épuiser plus qu'autre chose et il a finalement compris que s'acharner ne servirait à rien. Alors il enchaîne escalade, course, combat au corps à corps, séance de tirs et tout le reste sans chigner, ni se plaindre. Pas un instant de répit ne lui ait accordé, mais heureusement, sa motivation est largement assez grande pour supporter cette accumulation. Plus le jour fatidique se rapproche, plus il se sent moins fatigué à la fin de ses entraînements et peut-être un peu moins stressé par la fin du mois. L'ultime épreuve sera sans doute la plus dur mais elle déterminera s'il peut oui ou non entrer dans la Résistance. Il sera déçu s'il perd, bien évidement. Mais un jour ou l'autre, il finira par devenir Pierre, lui aussi. Il se battra aux côtés de ses aînés, de ceux qu'il a toujours admiré. Ce sera dangereux, oui, mais pour l'une des premières fois de sa vie, Sam ne regrettera rien.

Bien qu'il aurait encore voulu s'entraîner, il s'est quand même reposé lorsque son professeur le lui a ordonné. Il n'a touché à aucune potentielle cible et a profité du calme de la forêt pour se reposer un peu. Mais au milieu de sa sieste, il a eu comme une sorte d'éclair et s'est téléporté à Baguin. A sa dernière visite de l'Amphithéâtre, alors qu'il avait attendu le maître des lieux, il avait découvert une boîte portant son nom. Il n'avait pas eu le temps de l'ouvrir, cependant, et avait décidé d'y retourner plus tard. L'autre débile blond n'étant pas là, il a récupéré le paquet censé lui appartenir et l'a ouvert une fois de retour dans l'ancien appartement de Faust. Ce qu'il a découvert l'a surpris tout d'abord. Il n'a pas compris pas pourquoi ni comment ce crétin de cuistot s'était procuré de tels flacons, mais nul doute qu'ils lui revenaient de droit. Il a eu alors une idée et s'est emparé de quelques petites ampoules (celles qu'on utilise pour les médicament) qu'il a soigneusement gardé sur lui en cas de besoin. Il ne sait pas si son idée marchera, mais il n'a rien à perdre à essayer. Il s'est ensuite recouché pour être en forme le lendemain. Mais il a bien failli ne pas fermer l'œil de la nuit. Sans l'intervention de son Carabaffe et de sa Doudouvet, il n'aurait peut-être pas pu trouver le sommeil. Fort heureusement, il n'a pas eu de nuit agitée et l'angoisse de la dernière épreuve s'est vite envolé.

Le matin il se réveille sans trop de difficulté et prend de grandes inspirations avant de se téléporter jusqu'au point de rendez-vous pour le dernier défi auquel il sera confronté. Aucune trace de fatigue quelconque ne le pourchasse et il se sent empli d'énergie. Il n'abandonnera pas tant qu'il n'aura pas fait son maximum. Peu importe l'épreuve, il se promet de tout donner.
Le test final : une clé. Une clé qu'il doit récupérer en empêchant l'autre de faire tout mouvement. Le principe est simple et les règles aussi, mais encore une fois, ce n'est qu'une apparence et il sait pertinemment que ça va être tout sauf facile. Néanmoins, il continue de garder espoir et de se dire qu'il a encore une chance pour prouver sa valeur. C'est le moment où jamais de vérifier s'il a bien appris tout ce que Noctis lui a enseigné. Pour lui, la réponse est évidente, cependant. Il a assimilé chaque indication de son frère; il devrait donc réussir au bout d'un effort acharné. Mais il est bien intrigué par savoir ce que cette clé peut bien ouvrir. Toutefois, il ne le découvrira que s'il gagne. A l'inverse, il sait déjà ce qui l'attend.

C'est donc avec un calme olympien qu'il s'éloigne un peu afin de s'étirer pour son échauffement. Il étire bien chaque muscle pour éviter le plus possible les courbatures par la suite et prend nouvelles inspirations. Il doit se vider la tête de toutes pensées négatives; et Arceus sait combien y'en a ! Face à son aîné, il ne devra penser à rien d'autre qu'à la victoire qui pourrait bien changer son destin, et à cette clé qui l'intrigue tant. En même temps qu'il fait travailler ses articulations, il pense soudainement aux petites ampoules qu'il a récupéré. Peut-être qu'elles pourraient lui être bien utiles, en fin de compte...
Il revient bientôt vers Noctis avec un sourire confiant.

- Prêt.

Le combat est lancé. Mais les yeux de Samaël ne quittent pas la poche de l'autre et compte bien sortir l'objet de ses convoitises. Il lui faut cette clé coûte que coûte; sa curiosité l'a piqué à vif et il se demande bien ce qu'elle peut ouvrir. D'abord, immobiliser Noctis. Sam est un peu plus grand que le hérisson; mais il va devoir recourir à l'intelligence et au peu de muscle qu'il a s'il veut vraiment y arriver. En position de combat, le petit brun place à l'instant son poing devant sa gorge et le coude un peu replié vers l'intérieur.
Comme l'autre ne commence pas et que ses bras semblent donner des coups tous seuls tant son impatience est grande, il ouvre le jeu. Il a bien une stratégie pour démarrer mais cela bloque dans son esprit au bout d'un moment et il comprend qu'il va devoir faire avec s'il veut remporter cette manche. Il analyse son opposant et se remémore la leçon sur les quelques points vitaux.

Tout à coup, il prend de l'élan et s'élance vers Noctis pour lui donner un coup. Mais, comme attendu par l'adolescent, celui-ci esquive facilement.
Au moment où Sam s'apprête à chuter pour son trop plein d'énergie, il se rattrape et prend appui sur son pied pour donner un coup de coude puissant dans le plexus solaire de son aîné, censé lui bloquer temporairement la respiration et provoquer chez lui une forte douleur que Sam se serait bien passé d'infliger.
Il arrive toutefois, à la dernière seconde, à parer des coups avec ses avants-bras et esquive encore in-extremis une attaque de Noctis. Il encaisse coup sur coup et manque de tomber mais se retient et garde sa position défensive, jusqu'à ce qu'il trouve une ouverture. Sam prend alors subitement un des bras de Noctis. Il retourne ensuite le bras en question, l'abaisse en entraînant le buste et la tête de l'autre et se place en quatrième vitesse sous le corps de son adversaire pour l'empoigner par le col et le retourner sur le dos en le plaquant au sol de tout son poids. Il sent bientôt la contre-attaque arriver, mais vise alors la poche où se tient la clé et a tout juste le temps de tirer sur le nœud pour le défaire.

Réalisé par BlueBerry pour Orange

Back in Black

Feat Samaël Enodril

Bordel Faust, contrôle-toi !
Il aurait dû se douter qu'il n'allait pas être capable de garder Faust endormi bien longtemps et qu'au bout d'un moment, la fragile barrière qu'il a passé un mois à mettre entre lui et Noctis allait finir par céder. Parce que c'était ça, son entraînement à lui ; un moyen d'oublier ce qu'il allait devoir faire et ce qui pourtant le dégoûtait de toute son âme. Il a eu du temps, mais pourtant il a l'impression que même avec plusieurs mois, même avec des années, il aurait été incapable d'engourdir la peine et le regret qui lui déchirent le cœur en pensant qu'il va devoir se battre contre Sam. Car oui, même s'il s'acharne à se rappeler que celui qu'il affronte est un résistant et non le petit frère qu'il s'est juré de protéger, il ne peut pas se mentir autant et inévitablement, il sent une partie de lui-même protester à chaque fois qu'ils débutent un nouvel entraînement. C'est inévitable et malgré toutes les années qu'il a passé à construire cette frontière, à perfectionner ce mur pour être sûr que les sentiments de Faust n'agissent pas sur les actions de Noctis, il sait plus que bien qu'il n'a jamais réussi à combler toutes les failles qui sont d'ailleurs en grande partie responsables du fait qu'il ait retiré son casque devant l'adolescent. Il aurait cru, peut-être naïvement ou à cause de son obstination, qu'il réussirait cette fois. Que ne pas voir les yeux de l'autre rendrait son travail plus rapide, qu'il n'aurait aucun mal à le traiter comme n'importe quel autre élève et même à le traiter comme un parfait étranger.
Mais il ne peut pas.

Il ne peut pas parce que dans un coin de son esprit, Faust crie. Il hurle, s’époumone, sanglote, pleure, tambourine sur la porte qui le tient enfermé, gémit, supplie puis se tait. Il se tait jusqu'au moment où Noctis doit frapper son adversaire et là, le cercle reprend son cours. Pourtant il doit le faire taire, cet instinct protecteur. Il doit l'enterrer au fin fond de sa conscience mais... La vérité, c'est qu'il ne peut pas et qu'il en a toujours été parfaitement incapable. Parce que à un moment, les émotions de Faust finissent par ressurgir et à mettre à terre Noctis. Pourtant il ne peut pas, parce qu'il se laisse aller, s'il en vient à craquer et à oublier ce qui fait de lui un résistant pour ne pas avoir à s'opposer à son petit frère, alors il perdra. Il perdra parce qu'il ne sera pas capable de frapper s'il sait que cela provoquera une douleur quelconque, il se refusera la victoire pour ne pas blesser et en quelque sorte, il abandonnera. Et ça, il ne peut pas. Il y a beaucoup de choses qu'il ne peut pas faire en somme, mais il n'avait jamais été un grand adorateur des règles ; la preuve, il était devenu voleur ! Pourtant, aujourd'hui, quelque chose lui interdit de tricher.

Chaque coup que l'autre lui donne, même s'il est douloureux (surtout celui dans le plexus bordel, ça faisait un mal de chien ces conneries), fait naître en lui une certaine fierté qu'il ne cesse de tenter d'étouffer. Il fait taire les voix dans sa tête qui lui hurlent d'arrêter toute cette folie amenée par son orgueil tant qu'il en est encore temps, mais il y a bien longtemps qu'il n'écoute plus. Il peste lorsque l'autre réussit à le maintenir et à dénouer le nœud ; immédiatement, il se concentre et utilise son coude pour frapper l'autre et se dégager à l'instant même où il sent la prise sur lui faiblir.
Il recule alors brutalement et impose quelques mètres entre eux. Il analyse la situation calmement et ne peut s'empêcher de se maudire de s'être laissé ainsi avoir par quelque chose d'aussi simple. Les gestes de son élève sont bons, parfois maladroits mais seule l'expérience pourrait corriger cela. Il est difficile d'enterrer la partie de lui-même qui rayonne de fierté, mais il le fait en considérant qu'il n'a pas de temps à perdre en sentimentalisme puéril et complètement inutile ici.

La petite particularité de Noctis, c'est qu'il a une agilité qui fait de lui un voleur aguerri. Il n'est pas le plus fort et surtout pas le plus endurant, mais il est capable de s'enfuir de n'importe quelle situation compliquée. Il considère un instant l'idée de poursuivre ce combat dans le bois pour mettre son adversaire mal à l'aise, mais ce ne serait qu'une perte de temps et surtout, lui aussi aurait peut-être été désavantagé. Il était plus habitué aux champs de vision des caméras à esquiver et aux rayons infrarouges qu'aux arbres. L'esquive, c'est son truc. Il n'est peut-être pas le plus doué pour donner des coups décisifs, mais au moins il sait comment s'en sortir et toujours retomber sur ses pattes, comme un chat. Sa respiration est quelque peu erratique et il ne cesse de chercher à retrouver une respiration correcte. Il sait que de la sueur doit couler sur son front et il n'a que son cerveau et ses neurones pour tenter de tourner la situation à son avantage. Mais ça ne suffit pas, pourtant

Il est en train de perdre lentement le contrôle de la situation, il le sait, surtout que la bataille qui se déroule dans son esprit n'arrange absolument rien à sa concentration déjà bancale aujourd'hui. Contre quelqu'un d'autre, il aurait été bien plus calme et maîtrisé mais là, son esprit chavire et tangue, perturbé. Il a peur, oui. Il a peur de perdre parce que dans ce cas-là, il va devoir faire une croix sur son désir d'épargner à son petit frère de devenir une autre de ces ombres qui témoignent des pires atrocités de l'espèce humaine. Il a peur parce que s'il perd, c'est qu'il lui est devenu inutile et peut-être est-ce égoïste de sa part mais bordel, il ne veut pas le voir devenir pierre. Il a peur des conséquences, chose complètement inconnue à Noctis qui agit sans la moindre crainte pour ce que peuvent amener ses actions. Il est déstabilisé, perdu et surtout, confus.

Il frappe quand il le faut pourtant, mais parfois, il sent sa volonté faiblir. Lorsqu'il sait que le coup va toucher, inconsciemment, il affaiblit son geste pour ne pas qu'il soit trop brutal. Lorsqu'il prend un coup, même s'il est violent et douloureux, il fait taire les exclamations de douleur qui naissent dans sa gorge pour ne pas avoir à soumettre son frère à cette litanie de sons qui doivent être des plus désagréables à entendre. Il se contente de pester et de grogner ; ses lèvres doivent probablement saigner vu qu'il les mord à chaque fois qu'il se sent incapable de réprimer un bruit de douleur.
La situation est à son désavantage, mais pourtant, à force de patience et surtout parce qu'il ne fait que chercher ça, il arrive à trouver une faille dans la défense de son cadet et saisit son poignet avant de lui faire une clé de bras. Un rictus étire ses lèvres et quelque part, maintenant, c'est Faust qui a pris les commandes. C'est Faust qui fait preuve d'une pareille arrogance et qui cherche avant tout à ne pas blesser le cadet. Noctis lui, sent le piège des émotions se retourner sur lui et l'immobiliser.

« Si tu ne peux renverser la situation, alors ce sera échecs et mat. » le nargua-t-il avec acidité.

Peut-être que s'il avait eu plus de calme et surtout s'il avait laissé Faust de côté, alors son arrogance ne lui aurait pas fait oublier le léger fait qu'il suffisait d'un simple coup de coude à l'adolescent pour se débarrasser de lui.
C'était déjà un game over, en un sens, et ça, Noctis le savait. Faust, lui, croyait naïvement avoir réussi.

» There and Back Again |Faust|
» I'll come back for you.. [OS]
» Going Back and Forth [OS]
» Back in the Days [OS]
» Get up on the hydra's back [Capture]

Back in Black [PV Faust]

Back in Black [PV Faust]

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