Profiter du calme

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Le désert. Drôle d'endroit pour se promener et emmener une enfant me direz-vous, mais Faust avait dû se soumettre à la demande de la fillette qui lui avait paru presque désespérée en faisant sa requête. Il n'avait pas vraiment compris pour ainsi dire, mais s'était douté, lorsqu'elle lui avait demandé si elle pouvait lui emprunter une rapide ball, qu'elle désirait capturer un pokémon. Il avait hésité, en fait ; cela ne faisait pas même une semaine qu'elle possédait Dinah la Girafarig, et elle souhaitait déjà en capturer un second. Faust ne savait pas si donner de si grandes responsabilités pouvaient être données en si peu de temps à une enfant encore marquée par un traumatisme plus qu'énorme. Ses cauchemars refluaient petit à petit, au fil des jours et des nuits, après de longues minutes et heures passées à la réconforter. Du temps passé à sécher ses larmes et à être là lorsque ses erreurs nocturnes étaient trop puissantes pour la force psychique de Thalie suffise à la garder dans un état de paix relative. Toutefois, la gentillesse de la gamine et son comportement envers Dinah avaient suffi à assurer à Faust qu'il ne risquait rien en acceptant de l'aider à réaliser son souhait, et s'était alors muni de quelques rapide balls au cas où.
Il avait alors rappelé à la petite fille qu'elle ne devait capturer un pokémon que si celui-ci était d'accord et apparemment, la notion avait été très rapidement comprise. Nul doute que vivre entourée par ces créatures avaient inculqué à Alice qu'elle devait les voir comme d'autres êtres humains tout aussi importants qu'elle et méritant considération ainsi qu'affection. Faust n'aurait pas dû être fier de quelque chose d'aussi simple que ça, mais il l'était tout de même, à son grand malheur ; il se mettait peu à peu à sombrer dans un gagatisme qui lui était assez étranger. Bon, d'accord, vrai qu'il bavait devant la majorité des pokémon de son type de prédilection, mais ça, c'était tout autre chose.

Alice avait vite appris à chevaucher Dinah ; étonnement, la Girafarig pourtant craintive n'avait mis que trois jours avant de se laisser être montée ainsi. Grâce à sa petite taille et à celle de la girafe, qui, rappelons-le, faisait la taille d'un poney, sa fille pouvait aisément se reposer alors qu'ils marchaient dans le désert. C'était la première fois que celle-ci mettait les pieds dans cette zone de l'île et ses petits yeux émerveillés inspectaient en détail chaque dune, et ce malgré la redondance du paysage qui ne changeait pas tellement d'un kilomètre à l'autre. Ils venaient à peine d'arriver, avec des vêtements adaptés évidemment. Des bouteilles d'eau de deux litres dans le sac de Faust, les pokéballs nécessaires pour partir immédiatement en cas de tempête, des casquettes et surtout, de quoi ne pas avoir la peau brûlée en quelques minutes à peine.

« Alice, doucement. Dinah peut aller vite certes, mais elle risque de fatiguer. »

La petite fille s'excusa auprès de la girafe qui lui répondit par un hennissement gai. Attendri, Faust se retint de sourire ; il avait l'impression de se revoir alors qu'enfant, il parcourait les rues de Vanawi avec Dalhia à ses côtés, encore une petite Malosse à l'époque. Bien sûr, le désert n'était pas comparable à sa ville natale, mais il y avait dans les iris bruns de la petite cette même joie abondante qui il y avait eu dans les siens, un jour. Avant tout ça. Enfin bref. Autant continuer à avancer et éviter de penser à tout ça : il avait une enfant à surveiller après tout. Aujourd'hui, Dalhia et Arthur avaient décidé de les accompagner, étant tous deux des grands amoureux de la chaleur. Faust aurait pu se reposer sur le dos de l'Arcanin, mais ce n'était pas son souhait et, de toute façon, il valait mieux que celui-ci profite et gambade dans les environs.

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Faust a le temps de penser. Enfin, du moins, c'est ce qu'il s'était dit avant de laisser l'existence d'Alice être révélée au grand jour, et ce en ayant pleinement conscience des résultats que cela amènerait. Winnie a tenu parole et rapidement, des dizaines de rumeurs ont commencé à se répandre sur une prétendue mère de la gamine, se contredisant ou se complétant parfois, tenant ainsi la vérité bien loin des journalistes avides de scoops et nouveautés. Il avait été ardu de supporter cette avalanche de rats prêts à beaucoup pour réussir à comprendre, mais Faust a tenu bon. Il n'avait pas eu d'autre choix de toute façon, et même si son agacement monte en flèche lorsqu'il entend le 'clic' d'un appareil photo, même si il retient difficilement Dalhia lorsque celle-ci veut mordre les fesses de l'impertinent qui a osé s'approcher d'aussi près (comme elle l'avait fait avec Arnaud Durand il y a de cela bientôt deux ans), il lui suffit de voir sa fille sourire pour savoir qu'il a eu raison de faire ça. Et en sens, cette sortie, c'était l'occasion pour lui de profiter du calme et de la sérénité qu'apportaient le désert, cette solitude qui faisait qu'il pouvait être seul avec sa fille et ses pokémon. Arthur et Dalhia se couraient après et se chamaillaient gentiment, sans trop s'occuper des deux humains qui les accompagnaient hormis en jetant des coups d’œil réguliers pour vérifier qu'ils allaient bien. Toutefois, pas besoin de s'inquiéter de ça ; la Girafarig les aurait alerté par un hennissement puissant si jamais un pokémon rustre venait leur chercher des noises.

« Et sinon, quel pokémon cherches-tu ? »

Il avait dit ça d'un ton joueur alors que les joues de la fillette s'empourpraient. Faust haussa les sourcils, ne s'attendant pas à cette réaction, mais dû se retenir de rire lorsqu'il constata qu'elle trouvait soudainement le sable très intéressant. Il ne fit pas trop de théories sur l'espèce du pokémon qu'elle désirait capturer et qui faisait qu'ils étaient ici aujourd'hui, mais pouvait au moins penser qu'il y avait des raisons de croire que c'était personnel. Il décida ne pas trop pousser la question étant donné qu'il verrait en temps voulu, mais soyons honnêtes, cela pourrait autant prendre des heures d'une vingtaine de minutes, en fonction des caprices du destin.

« Tu verras ! »

Réponse courte mais qui montrait clairement un désir d'épiloguer la question. Faust sourit et gloussa discrètement pour ne pas vexer la fillette. Celle-ci caressait le flanc de Dinah qui avançait doucement et gaiement, apparemment peu dérangée par le poids d'une enfant de six ans sur son dos.

« Si tu le dis, si tu le dis... » chantonna-t-il joyeusement.

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Il y a quelques petites règles chez les Donovans, dont une qui s'applique au dessus de tout, c'est-à-dire le fait que si l'un vient à être blessé, alors il doit immédiatement être aidé par un autre. En plus de ça, le coupable doit être sauvagement rappelé à la raison, de préférence de façon pacifique, bien que la violence soit plus utilisée par les aînés qu'il ne le faudrait véritablement. Ainsi, lorsque Alice vit que son père était la cible des actions très discutables d'un Kraknoix ayant visiblement mangé trop de brownies aux fines herbes, sa première réaction fut, bien évidemment, l'incompréhension la plus totale. Elle essayait désespérément de comprendre ce qui pouvait motiver un pokémon à agir ainsi, et il lui semblait que les cheveux de son père, et ce malgré leur taille impressionnante, n'étaient pas vivants et sûrement pas de la viande. Alors elle avait peut-être des lacunes trop grandes  en la matière, mais elle n'avait jamais entendu parler de pokémon dévorant les cheveux des humains ; après, elle pouvait se tromper, elle était loin d'être une experte en la matière ! Toutefois, les cris paniqués de son père, très respectables d'ailleurs, finirent par la convaincre que ce n'était pas une situation à prendre à la légère malgré les apparences. Et si jamais le pokémon venait à lui faire mal, hein ? Ce n'était pas quelque chose qu'Alice aurait pu accepter et ainsi, elle força Dinah à s'arrêter, celle-ci le fit d'ailleurs sans aucune protestation, et chuchota des ordres à la girafe.

« Dis, fais-lui bobo Dinah. »

Des mots aussi naïvement exprimés ne détenaient pourtant pas moins de colère, et les sourcils de la fillette étaient froncés. Elle fusillait littéralement du regard l’impertinent Kraknoix qui osait déranger ainsi son cher paternel. Dalhia et Arthur commençaient à se rapprocher, probablement alertés par les cris aigus de leur dresseur, mais ils n'eurent pas le temps d'agir. Dinah, bien qu'absolument pas entraînée au combat, eut la gentillesse d'offrir une bonne attaque Choc Mental au Kraknoix pour ainsi le faire tomber sans que le coup ne blesse également le hérisson. Le rayon violacé percuta tellement fortement le pokémon des sables qu'il tomba au sol, probablement sonné pour un long moment. La fillette caressa doucement le museau de la girafe pour la remercier et féliciter, portant toujours sur son visage ce gigantesque sourire lumineux puant tellement l'innocence que l'on aurait pu le prendre pour un sourire mielleux. Ce qu'il était probablement en fait, car Alice observa le Kraknoix au sol avec une expression très proche de la satisfaction sur son visage d'enfant.
Faust se releva alors, et grimaça en voyant que le pokémon des sables était parti pour faire un petit sommeil de quelques heures ; bah, il se réveillerait juste avec un mal de crâne phénoménal, et il n'allait pas mentir en disant que cela ne le satisfaisait pas de voir son agresseur ainsi puni.

Une fois revenus, Dalhia et Arthur tentèrent de comprendre, mais ce fut peine perdue la bizarrerie de la chose, d'autant plus que Faust tenta absolument tout pour éluder et ne pas avoir à expliquer ce qui venait de lui arriver. Il était déjà suffisamment humilié comme ça, merci bien, il n'avait pas besoin que les rictus moqueurs de Dalhia et d'Arthur viennent empirer cela.

« On peut continuer, papa ? » demanda Alice.

Il hocha de la tête et lorsqu'il voulut l'aider à remonter sur le dos de la Girafarig, la fillette refuse doucement.

« Non, j'veux marcher un peu avec toi.  »

Faust ouvrit et ferma sa bouche plusieurs fois, un peu confus, mais décida qu'il ne valait mieux pas chercher davantage. Ils avaient encore du temps à passer avant de trouver ce fameux pokémon, après tout.

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Un petit détail amusant au sujet de Faust ; il gagate sur les pokémon de son type de prédilection, à un niveau où cela devient limite humiliant pour ceux qui sont à côté de lui. Un hennissement brusque attira son attention et il constata que la Girafarig venait de s'arrêter brutalement, l'air effrayée. Elle n'avait pas fait de sursaut trop brusque, de sorte qu'Alice ne risquait absolument rien, mais quelque chose l'avait définitivement effrayée et Faust ne tarda pas à comprendre, d'autant plus que le responsable était dorénavant dans son champ de vision. Sa mâchoire manqua de se décrocher  et il dû déglutir pour se retenir de baver comme un enfant. Pour vous donner une idée, Faust désirait depuis tout petit être le détenteur d'un Drascore, pokémon qu'il avait toujours admiré et désiré capturer ; il n'aurait pas pensé en trouvant un ici toutefois, mais il n'allait vraiment pas se plaindre car c'était une très agréable surprise. Dalhia comprit bien vite ce qui avait arrêté son dresseur et un sourire amusé étira ses lèvres, ne sachant que trop bien à quel point le hérisson était tout simplement gaga des Rapions. Arthur fut lui plus confus, imitant en un sens les expressions de Dinah et Alice qui elles, ne comprenaient absolument rien à la situation mais qui se doutaient que le conseiller était en train de faire une crise cardiaque.

« Papa ? Tout va bien ? »

Rappelé à l'ordre par la voix inquiète de sa fille, il offrit un grand sourire à celle-ci et toute trace de peur disparu de son visage. Il se racla la gorge et s'avança doucement vers le Rapion, gardant toutefois ses distances pour ne pas être blessé, et prit la voix la plus claire qu'il ait jamais pu utiliser pour parler à cet individu.

« Dis-moi, Rapion... Est-ce que je peux te demander un combat ? J'aimerais bien te capturer je dois l'avouer, mais après, tu fais ce que tu veux. Enfin, si tu refuses, nous te laisserons tranquilles, ne t'inquiètes pas, ton choix sera respecté. »

Le scorpion hésita et considéra le conseiller, l'inspectant de toute part et cherchant en lui la moindre trace de malhonnêteté. Toutefois, lorsqu'il se dressa alors plus courageusement pour agiter ses pinces vivement, Faust en conclut qu'il avait accepté le deal et un immense sourire joueur étira ses lèvres. Ayant récupéré l'esprit d'un enfant, il recula et fit signe aux autres de faire de même, ce qu'ils firent sans plus de discussion. Devant l'étonnement d'Alice, il crû bon de s'expliquer.

« Je vais combattre ce Rapion, ma grande. Tu veux bien m'attendre ? »

Les yeux marrons de la fillette s'illuminèrent à l'entente de ces mots, ravie de témoigner à nouveau d'un combat de son père. Elle attira Dinah vers l'arrière, près de Dalhia qui se tenait prête à les défendre en cas d'imprévu. Le choix du combattant était tout bonnement évident ; Arthur devait être celui qui s'occuperait de cela. L'Arcanin vint se placer devant son maître et poussa un rugissement féroce. Pas apeuré pour un sou, le Rapion continuait de se dresser vaillamment, prêt à se défendre et surtout, à montrer qu'il n'était pas une pauvre créature faiblarde.
Courageux, hein ? Bien, j'adore ça.

« Crocs Eclair, Arthur. »

Il avait toujours l'intention de capturer cette créature, alors autant commencer doucement.

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L'Arcanin est sans nul doute le plus rapide et le plus puissance, mais cela n'empêche pas le Rapion de combattre bravement sans la moindre once de peur, surprenant plus qu'agréablement Faust qui a définitivement besoin de ce genre de force de la nature avec lui. Ce n'était pas qu'il manquait d'éléments courageux dans son équipe, bien au contraire ; seule Sasha, de part sa jeunesse et son innocence que les autres pokémon protégeaient en la gardant écartée de tout danger trop important, n'était pas mise face à des situations extrêmement dangereuses. Pourtant, Faust avait comme l'impression d'être un peu comme un gamin ayant gagné à la loterie, bien qu'un pokémon ne pouvait décemment pas être comparé à un objet pour des raisons tellement évidentes qu'elles ne devraient même pas avoir à être énoncées. Les crocs électrifiés d'Arthur n'étaient pas vraiment le meilleur choix possible pour véritablement affaiblir son ennemi, mais risquer une brûlure qui aurait pu être fatale était trop demander pour Faust qui désirait presque désespérément capturer ce scorpion. Celui-ci usa d'ailleurs d'une tactique tout à fait respectable, c'est-à-dire celle de tenter de percer les défenses de l'Arcanin, ce qui réussit d'ailleurs et lui permit donc de reprendre l'avantage qu'il avait perdu à cause du talent du chien de feu. Toutefois, ce n'était pas nécessaire, et Arthur se mit à jouer avec les nerfs du Rapion, se contentant d'esquiver ses attaques à répétition pour ainsi le fatiguer. Autant être honnêtes, entre un Arcanin entraîné par un conseiller et un Rapion sauvage, aussi courageux qu'il était... Eh bien il n'y avait pas d'hésitation quant au vainqueur de ce combat.

Hésitant, Faust tenait une rapide ball dans sa main, la retournant dans tous les sens sans oser la jeter, mais son regard rencontrer alors celui du Rapion et il comprit que le scorpion n'attendait que ça. Il brandissait ses pinces et poussait des cris afin d'intimider son adversaire, mais Faust pouvait trouver dans le creux de ses iris une étincelle de défi. Le défi de tenter de le capturer, et Arceus, il ne reculait jamais devant ce genre de cas. Toute hésitation perdue, il jeta la rapide ball, constatant que cela faisait un sacré bout de temps qu'il n'avait pas capturé de pokémon ainsi. Ou du moins, essayé. Il ne savait pas exactement si il allait réussir, bien que les yeux du scorpion lui avaient raconté une toute autre histoire. Il regarda la sphère tomber et déglutit profondément, calma sa respiration et attendit patiemment, ou du moins du mieux qu'il pu. Difficile de ne pas avoir l'impression que son cœur allait exploser quand il battait pourtant aussi vite, et Faust eu comme l'impression d'avoir à nouveau dix-huit ans, d'être perdu sur les routes... Une minute, est-ce qu'il rêvait ou est-ce que la rapide ball venait vraiment de s'immobiliser, ce qui signifierait... ?!
Il écarquilla les yeux et poussa un cri de joie en constatant que oui, la capture était réussie et qu'il était dorénavant en détention d'un splendide Rapion. Pour célébrer cela, il se mit à se trémousser un peu dans une caricature de danse de la joie qui aurait fait pleurer un clown professionnel tant elle était presque sublimement ridicule. Tout excité et sautillant quasiment littéralement sur place, il rangea la sphère bicolore dans son sac et son visage continua d'être orné d'un sourire gigantesque, presque effrayant.

Ayant comme momentanément oublié l'existence d'autres personnes, il fut rappelé à la réalité par le rire d'Alice et balbutia quelque chose qui devait probablement ressembler à 'on avance !'.