Il aurait fallu quelques secondes pour que Julianne se remette de l’approche pour le moins dégradante et dégoutante du pauvre type à son égard. Mais elle était quand même allée se planquer comme une idiote derrière le petit Néro, qu’elle dépassait facilement d’une tête et demi, donc en fait, elle est pas cachée du tout, le Kuudere-kun est un peu comme l’arbre qui cacherait la forêt : sauf si on se laisse avoir facilement et qu’on est bon joueur, eh bien, on voit tout de suite la forêt. Elle n’attendait pas vraiment que le brun la protège du grand méchant masochiste, elle serait repartie la recadrer comme la bonne lunatique qu’elle peut-être, occasionnellement. Pour ne pas dire en permanence. La chose qu’elle attendait le moins, tout de même, c’est que Néro se mette d’un coup à péter un gros câble. S’ils avaient été sur un télésiège, la nacelle se serait certainement retrouvée par terre dans la neige. Ahaha. Noriko et Nero aux sports d’hivers, ça a quelque chose de vraiment hilarant, j’trouve ça chouette pas vous, ah bon? Bref, c’était pas un petit câble de rien du tout , et venant d’un être d’habitude silencieux et inexpressif, un tel niveau de décibel était pas franchement rassurant. Dans le dos du jeune homme, l’ingénieure sursauta et fit un pas en arrière, manquant au passage de se casser la gueule en passant par la fenêtre brisée, mais fut rattrapée in extremis par Bara qui commençait à peiner avec le générateur dans une main et cette de sa dresseuse dans l’autre.

Pendant ce temps là, le Kuudere avait fait ramper l’autre à terre. Oui, encore, le gars devait prendre son pied, mais Julianne préférait éviter d’imaginer la chose en détail trop longtemps… Et le fait de le voir presque lécher son propre pipi suffisait déjà largement. Sérieux, ce mec, même Dio-sama n’en voudrait pas dans son Bloc R2… Après moult insulte et menaces venant principalement des Kuudere-Beams qui sortaient des yeux de Nero dirigés sur sa pauvre victime. Julianne, elle ne bougeait plus et observait la scène en papillonna des yeux et en se frottant son iris unique, se pinçant pour être certaine de ne pas rêver debout. La surprise était telle que l’idée de filmer la scène pour l’immortaliser ne lui effleura même pas l’esprit à 10 kilomètres. En fait, sa mâchoire était un peu trop occupée à tenter d’aller rencontrer le sol pour qu’elle fasse quoique ce soit. C’est froid comme la glace qu’aidé par son Demolosse et son Gardevoir l’officier finit par subtiliser également l’Alakazam du terrible criminel, puis il revint à la normale, en gros, il remit sa derp face en place pour jeter un œil au générateur et à sa collègue, toujours clouée sur place. Il lui annonça qu’il était toujours parant pur leur partie, car oui, c’est à la base pour cela qu’ils étaient venus, après tout, et c’était toujours bien de boucler la boucle. Passant sur le fait que son supérieur était après tout totalement lunatique lui aussi, Julianne reprit finalement ses esprits.

« … Hein? »

Apparemment, la police allait bientôt se ramener pour emmener le type (qui s’appelait Gérard) dans un endroit qui lui serait plus favorable qu’ici, du genre, un asile, et Julianne pouvait tenter de réparer le générateur si elle en avait envie. Au final…. Si tout ça lui convenait? Encore sous le choc, Julianne ne répondit que par un petit hochement de tête en observant timidement le jeune homme.

« Moui, ok. »

Un peu désabusée, l’ingénieure se dirigea alors vers le générateur qu’elle s’était décidée à bricoler un peu. Elle sorti les différentes parties de son tournevis, le manque, la tige, ainsi que la boite d’embouts de toutes tailles qui pouvaient se fixer à la tige grâce à un petit aimant. Bara avait utilisé un pan déchiré du manteau de Gérard pour essuyer ce qui devait être essuyé sur le générateur. Normalement étanche de l’intérieur, les composants ne devaient normalement pas être endommagés. Normalement. Si l’urine n’étais pas passé à travers le ventilateur… Ah, Julianne pria une bonne vingtaine de fois Devilman pour que cela ne soit pas arrivé. Elle dévissa les quatre vis a l’arrière du générateur pour l’ouvrir et vérifier les branchements, sait-on jamais que l’autre andouille l’ait violenté et sectionné des fills, ou encore provoqué un court-circuit avec son branchement foireux. Enfin, bug ou pas, Julianne était émerveillée devant les composants électroniques de ce fameux générateur qu’elle conaissait de réputation mais qu’elle n’avait étrangement jamais pu approcher d’aussi près ou bricoler. Et pourtant, elle en avait bricolé, des trucs, dans sa vie.

« Cette…. Cette douille… Cette DEL… Tous ces trucs sont tellement bien organisés et placés dans cet ordre hiérarchique parfait sur ce circuit dérivéééééé! »

Et autres élucubrations ô combien intéressantes, mais uniquement pour elle, pour qui le temps en attendant l’arrivée des forces de l’ordre passa très vite, mais c’est pas certain que cela passe aussi vite pour Nero. Heureusement, pur une fois, pendant que ses mains démontaient et remontaient à 200 à l’heure le générateur, Julianne eut la présence d’esprit de lui adresser parfois la parole.

« Si tu deviens berserk aussi quand tu joues à Touhou, j’dois dire que j’suis pas sûre d’avoir une chance, tu sais! »

Puis, elle leva les yeux vers son supérieur, tout en revissant le couvercle en deux temps trois mouvements.

« Nan, faut pas rêver hein! J’vais pas m’ramollir. J’ai même pas eu peur tout à l’heure et… »

C’est de la mauvaise foi, mais voila la cavalerie qui arrive. Branle-bas de combat, les soldats blancs. Ca allait encore prendre des plombes, alors elle avait envie d’aller faire cette partie le plus rapidement possible. Son désir fut exaucé, car le Gardevoir les téléporta jusqu’au fameux stand du tournoi ou rien n’avait bougé, il y avait seulement un peu moins de monde, la lumière avait été remise en place depuis le temps et les gens s’étaient calmés. Julianne alla mettre en place sans plus tarder le générateur, le branchant à deux moniteurs qui restaient encore là et démarra le jeu. Tout marchait à merveille. Elle installa même les chaises face aux écran, et ils eurent quelques spectateurs en prime, leur performance dans la salle de contrôle faisait quelques emules dans l’assemblée, on dirait. L’ingénieure ne put pas s’empêcher de lancer des signes de main un peu embarrassée… Ah, spirale du succès, encore toi!

« Cette fois, mon grand… C’est la bonne. DANZAI! »

Dit-elle, malicieuse, à son collègue redevenu rival, adversaire. Elle eut un sourire en coin et se concentra sur l’écran, ou, après la sélection des personnages, la bataille allait commencer. Elle se crispa légèrement, sachant qu’elle avait un adversaire potentiellement à sa hauteur. Puis son doigt commença à tapoter la touche "w", a y rester appuyer pour envoyer quelques spellcards dans la tête de son adversaire… Le combat se présentait plutôt bien, pour le moment… Elle ne doutait pas de voir son adversaire revenir a un moment ou à un autre. Et cela ne n’étonnerait guère. Même le voir un câble à nouveau, ça ne pouvait plus la surprendre, à présent!

La partie a commencé et pas de BSOD ! Fuck yeaaaaaaah! Julianne aurait presque envie de danser la lambada juste pour le plaisir, et toute seule, aussi, même si c’est une danse de couple. Parce que danser ça avec le petit Nero huuuuuuh…. Bah, bref, on se concentre sur la match et Shiki-sama fait déjà des merveilles. Julianne ne peux s’empêcher de fangirliser sur un de ses personnages favoris, mais est désormais trop concentrée pour continuer de chanter sa chanson stupide pleine de « Danzai » a gogo. Oui, Julianne était dans son mode gameuse acharnée et rien ni personne ne pouvait la déranger à présent ? Quiconque essaierait se prendrait un coup de poing ou un coup de clavier ou il faut pas. Pire qu’il angry german kid, je vous jure. Vous voulez pas voir l’ingénieure partir en sucette quand on la prive d’une séance jeux vidéo, surtout dans un cas comme celui-là ou elle a décidé de gagner à n’importe quel prix. Même si le match est devenu plus amical qu’autre chose, bah, le but, c’est quand même la victoire, non? Dans sa vie de méchante madame prétentieuse et aussi douée en relations humaine et aimable que trois pieds de chaises -mais des chaises qui se transforment en super robot, attention-, cela fera toujours un achievement de plus. Bah oui, faut bien faire grimper ses skills, et pour ça, il faut toujours pratiquer, parce que c’est pas comme dans les jeux vidéos, on peut toujours faire plus, y’a pas de pallier! Oh, ce serait presque beau, son petit délire là, elle avait envie de le noter. Mais elle avait les mains prises alors elle se contenta de l’oublier aussitôt que le kuudere-kun parvint à lui prendre quand même une victoire sur les trois requises. Sourire un peu amer qui parvint un peu à s’adoucir après sa victoire définitive, et en voyant le mini-smiley de soin adversaire. Bon, ouais, peut-être elle avait été un peu dure dans sa tête, le jeune homme n’était pas aussi compétitif qu’elle , il la remercia même de la partie. Aussi, devant son supérieur et le voyant après-en comme un collègue gamer et régimeux sympathique, vu tout ce qui s’était passé cet aprem, fallait bien le dire, elle pouvait pas le détester, loiiiiin de là! Julianne décida d’être fair-play, pour une fois, dans un autre contexte, elle aurait certainement prit plaisir a rabaisser un peu son adversaire ? Tavuuuuuu j’suis la plus foooorteuh! Et si c’est un jeu ne ligne, ça se serait accompagné d’un trollface.

« Bah euh… C’était cool, ouais. Merci… Toi aussi. »

Puis, la question du jeune homme posée sur un ton totalement désinvolte de la fit tout d’abord pas réagir, puis elle l’observa curieusement. Bon, certes il y a d’un côté sa vanité qui fait des bonds « QUEUWAAAAAAA?! Il ne me connait paaaaaaas?! » et de l’autre une derp face un peu blasée. Enfin, Julianne était entre les deux et se contenta d’un expression de surprise, avec un « Eeeeeeeeeh? » caractéristique.

« Baaaaah… Noriko? L’ingénieure de génie! Ça te dit quelque chose? »

Elle avait dit ça en s’assurant que tout le monde n’écoutait pas, bien sur. Pas qu‘elle n’en soit pas fière mais… Le Régime est dans la place, vous voyez. Elle lança un sourire en coin à son collègue Régimeux et tandis qu’elle remettait son sac d’emplettes de la journée sur son dos, prête à partir, elle eut un déclic et fouilla dans son bardas.

« Ah, attends. »

Puis, elle sortit un porte-clé un peu moche avec une mini Utsuho qui pendait au bout. Elle en avait déjà trois mille, des comme ça, alors…

« Petit souvenir. »

Fit-elle en lui lançant le porte-clé. Puis, elle lui adressa un simple signe de main pour partir sans demander son reste.

« Salut, Nero le kuudere-kun! Fais gaffe à toi! »

Bah voila, c’est clair, c’est net, sans bavure, bien que ce soit un peu précipité, mais les adieux larmoyants c’est pas le style de la maison. Et puis, parlant de maison, c’est pas comme si ils allaient se recroiser prochainement dans la Grande, celle d’Amanil mais… Si, c’est très probable, même. C’est limite si Julianne n’avait pas pensé à lui proposer une autre partie, un des ces jours ou il passerait vers son bureau. Mais bon. Oublié. De toute façon, ouais… Ils se reverraient, c’est sur.