Save Our Souls. [PV Maxwell]

Save Our Souls.
PV Maxwell Young, PDV Tomy, 13 juillet.

Il ne sait pas vraiment comment il est parvenu à s'enfuir ; un peu par hasard sans doute, un peu parce que sa geôlière a relâché légèrement son attention depuis qu'ils sont sur l'île aussi. Le fait est que depuis, il court, & court encore, se cache puis court de nouveau. Terrifié à l'idée qu'elle le retrouve une fois encore, comme à chaque fois. Terrifié à l'idée de ne pas réussir à saisir cette chance inouïe qui ne se représentera jamais plus. Il a toujours été quelqu'un de courageux, mais pour cette fois il est le gamin qu'il semble être, terrorisé par son bourreau, souhaitant par dessus tout retrouver sa mère ; il sait qu'elle est sur cette île, car sa geôlière y est venue pour la trouver.

Alors il court. Au hasard, car il ne connaît pas du tout ces lieux, ces paysages. Il court comme si sa vie en dépendait car tel est le cas, précédé de peu par son Pyroli aux couleurs peu communes, guidé par sa Noarfang & son Braisillon qui se repèrent tant bien que mal des cieux & guettent pour lui que la femme qui le poursuit & ses propres pokémons sont encore loin. Il a peur de l'échec. Peur de ne jamais revoir celle qui lui a donné le jour, car il sait que là est sa seule chance. Amaigri & fatigué par quatre années de traitements hasardeux, il est au bord de l'épuisement ; mais il continue quand même, comme s'il avait le diable aux trousses.

Arceus sait que cette île est grande. Mais il doit trouver un refuge. Une aide, un protecteur, n'importe quoi ; pourvu qu'il parvienne à échapper à l'autre folle, pourvu que ça lui donne une chance de retrouver sa seule famille. Il est au bord de l'épuisement, mais l'espoir semble lui donner des ailes, l'énergie insoupçonnée de continuer à repousser ses limites encore & encore. Il sait que ses pokémons ne sont pas en meilleur état, qu'il ne devrait pas tant leur en demander.. Mais ils font cela pour leur vie eux aussi, après tout. Ils sont encore plus en danger que lui, là-bas. & pourtant ils restent à veiller sur lui.

Revenant tous les trois en arrière avec la même exclamation inquiète, lorsque comme d'un mauvais coup du sort, le garçon trébuche sur une racine un peu trop affleurante. Un cri de douleur alors qu'il chute, & un vif élancement dans sa cheville. Merde. Ses trois compagnons sont autour de lui & il essaie de les chasser, des larmes dans les yeux, après avoir trois fois tenté en vain de se lever. Le désespoir le guette, mais aucun de ses trois alliés n'accepte de partir, même lorsqu'il leur confie ses deux autres pokéballs comme une mission. Ils restent à ses côtés, décidés à le protéger jusqu'au bout. Les larmes lui montent aux yeux.

Derrière, il entend déjà le pas lourd du Rhinoféros de sa geôlière, les cris de guerre de sa Darumacho, les feulements lointains de son Persian ; mais rien à faire. Incapable de se lever sans chuter de nouveau, incapable de convaincre ses compagnons de l'abandonner, il ne peut qu'attendre qu'elle arrive avec sa douloureuse sensation d'échec. Bien plus douloureuse que sa cheville blessée. Que peut-il faire, hormis espérer pour un miracle en lequel il peine à croire? Bientôt elle sera là, & les larmes coulent désormais, alors qu'il rampe tant bien que mal vers la forêt avec la vaine idée qu'il trouvera peut-être une cachette ; sachant que rien ne suffira à tromper le flair des pokémons de la femme en colère. C'est fini.

Renonçant finalement, il s'assoit, s'adossant au tronc le plus proche, serrant contre lui le Pyroli venu se caler sur ses cuisses comme pour le rassurer ; alors que lui-même tremble de tous ses membres. Lequel, songe-t-il. Lequel perdra-t-il? Il n'a aucun doute quant au fait que la rage de son bourreau sera mortelle pour au moins l'un d'eux. & pourtant ils restent. Enfouissant son visage dans la fourrure dorée de son plus vieil allié, il tente de ne pas penser à ce qui les attend, de repousser la culpabilité pour profiter des derniers instants avec ses compagnons, les deux oiseaux s'étant blottis contre ses épaules. Il a peur. Il a mal. C'est fini.

- Tu croyais vraiment que tu pourrais m'échapper si facilement?

Il sait qu'elle est juste devant lui, mais ne bouge pas pour autant, serrant de toutes ses forces le Pyroli qui se raccroche à lui, ses griffes plantées dans sa veste abîmée ; ni lui ni ses pokémons ne lèvent le regard vers elle & ses monstres, comme tous aussi désireux d'oublier qu'elle les a rattrapés, que l'un d'entre eux au moins va partir. La présence contre son épaule gauche s'écarte, & Kendra lâche un hululement de douleur. Un sanglot le secoue, un cri étouffé lui échappe alors qu'il porte par réflexe le regard vers elle, maintenue au sol par ce maudit Persian, son aile tordue de manière improbable.
Un miracle, par pitié!

fiche by Nighty Jaegan, alias Rayquaza.

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La fatigue et toujours aucune trace de sommeil. Je me retournais sans cesse dans mon lit, brisé de fatigue, les membres tremblant de faiblesse. Et toujours rien. La tête vidée, les yeux humides à force d'appeler à moi un repos pourtant bien mérité. Même si je faisais souvent appel aux pouvoirs de Tarek pour m'endormir, je me réveillais aux premières lueurs du jour, toujours aussi exténué. Un malaise se créait de plus en plus en moi, secret que je gardais jalousement à mes proches, dont je ne dupais pas la moitié. Je prétendais toujours la même chose. Ces finales m'avaient laissé épuisé. Je m'étais surmené pendant ma période active, et à présent j'en subissais les conséquences. Je croyais cette excuse la plupart du temps, cependant je commençais à ressentir un doute, grandissant. Je tentais donc de reprendre mes forces de tous les moyens possibles et de me ménager. Mes coéquipiers m'apportaient une aide précieuse à cet effet, tout comme mes employés. Antonio s'inquiétait particulièrement de mon cas, si bien que je n'avais reçu aucune nouvelle de lui depuis quelques jours. Il me laissait tranquille, me laissait récupérer, et je soupçonnais aussi qu'il ne s'avait pas très bien comment gérer tout ceci sans s'attirer mes foudres. Un peu trop fier peut-être, je repoussais sans cesse mon examen chez le médecin, que plusieurs me conseillais. Je n'en avais pas besoin, pensais-je. Je retrouverais progressivement ma forme, un point final.

Je me sentais même très bien à mon lever, malgré la courte nuit. Je me tirais du lit et me dirigeais vers les douches de bonne humeur. L'eau fraîche acheva de me rendre énergique, et je sortis sur la terrasse pour avaler un petit déjeuner en compagnie de mes alliés. Pandora se montra tout aussi joyeuse qu'à son habitude, et les autres furent bientôt contaminés par notre bonne humeur commune. Bonne humeur qui ne fit qu'augmenter lorsque j'annonçai que je partais en balade. Plusieurs furent volontaires, mais certains préfèrent rester à la maison afin de s'entraîner, comme Mystie qui, ces derniers temps, se montrait de plus en plus acharnée à l'entraînement. Je prenais ces progrès d'un oeil encourageant. Après tout, la petite fantôme avait toujours démontré énormément de potentiel, bien qu'elle prenait beaucoup plus de temps que les autres à se développer. Je rejetais la faute sur sa grande timidité, qui lentement s'estompait. Les jumeaux décidèrent de rester eux aussi, probablement pour aider la Feuforêve. J'emmenai donc Pandora et le reste de mon équipe à mon lieu de promenade favori: la forêt d'Erode. Je retrouvais avec joie ces sentiers que je commençais à connaître très bien, mais qui restaient toujours pour moi un tel mystère...

Je ressentais un fort appel de la nature. Mes amis s'éparpillèrent autour de moi, Turbo et Tarek m'escortaient, fidèles à eux-mêmes. Pandora volait au-dessus de nos têtes, et Artémis ouvrait la marche. Le canidé de type ténèbres me semblait un peu distraite, attentive aux alentours, comme si elle percevait un lointain bruit. Je la surveillais d'un oeil attentif, mais bientôt, je fus absorbé par les papotages du Mustéflott et du Gallame. Ces deux-là semblaient bien s'amuser, décidément. En levant les yeux vers le ciel, je remarquai rapidement l'absence de ma starter. Elle devait s'être baladée plus loin, je pensai. Théorie qui s'avéra vite erronée quand elle revint en quatrième vitesse, le visage déformé par l'inquiétude. Artémis se mit aussitôt à grogner, comme si on venait de confirmer ses doutes. Lorsque la chienne se lança à la poursuite de Pandora dans la forêt, je soupirai avant de m'élancer à leur suite. La course se révéla tout aussi souffrante que la dernière fois que je m'y étais essayé. Sitôt parti que mes poumons se mirent à brûler, mais je continuai. Je percevais finalement une voix, menaçante et froide, et puis un cri, un cri de Pokémon.

J'arrivai en plein carnage. Un Persian avait sauté sur un Noarfang à l'aile à présent tordue, tandis qu'un garçon aux cheveux sombres se tenait sur le sol, mal en point, et entouré de deux autres créatures. Menacé par une présence féminine ressemblant énormément à Mina. La ressemblance me frappa tout de suite, comme la ressemblance du garçon devant elle. J'eus là un doute. Il semblait trop âgé pour être le garçon de la photographie. Cependant Tarek vient bientôt confirmer mes doutes en se plaçant devant le jeunot, décrivant un arc de ses bras-lames avant de les abattre férocement contre le Rhinoféros de l'agresseur. D'un même mouvement, Turbo jetait une puissante attaque contre le Darumacho, sa fidèle Cascade. Artémis s'occupait de la Persian, mordant férocement le chat au point de lui déchiqueter l'épaule. Elle rejetait le Pokémon plus loin, entourant la Noarfang blessée de ses pattes, les crocs enflammés, menaçant le félin pour éviter qu'il se s'approche à nouveau. Je rejoignis rapidement Pandora, qui se dressait désormais devant le garçon.

«Oh non, il n'ira nulle part, et certainement pas avec vous.»

J'ignorais qui elle était. Mais ce jeune homme était terrorisé. Et s'il était vraiment le fils de Mina comme je le soupçonnais fortement... Je me devais de le protéger. Il était de la famille. Je devenais très mauvais lorsqu'on s'attaquait à ma famille.

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PV Maxwell Young, PDV Tomy, 13 juillet.

Les halètements douloureux de son alliée lui déchirent le cœur. & bientôt, il ne peut plus supporter de la voir souffrir ainsi, tenter d'échapper à la prise de son agresseur. Il sait que ce comportement lui faudra la mort. Il a vu le félin se pencher lentement vers sa gorge, avec son habituel air fou, se délectant d'avance de ses souffrances, de voir la vie s'éteindre. Il ne peut pas voir ça. Même s'il voulait lui donner le courage, il ne peut pas voir sa sœur mourir une fois encore. Ses yeux se ferment d'eux-mêmes, il ne prend même pas la peine de répondre à la question de la femme. De toute manière, aucune réponse ne conviendrait. Aucune ne rendrait sa rage, ni sa haine. Ni même son impuissance.

Faible. Il est affaibli & fragile. Blessé, physiquement comme moralement. Incapable même de se lever, de tenter quelque chose pour venir en aide à la Noarfang au supplice. Dans un frêle murmure inaudible, il appelle son nom, & l'entend répondre d'un frêle hululement qui se veut apaisant, mais ne fait que le tourmenter un peu plus. Son Pyroli se presse un peu plus contre lui, alors que les serres de son Braisillon s'enfoncent dans son épaule. L'oiseau de feu aussi aimerait voler au secours de la chouette, & le garçon sent qu'il n'est qu'à deux plumes de le faire. Mais ce serait suicide.. Il y perdrait un deuxième compagnon. Il perdrait encore son frère. Comment saurait-il le supporter une fois encore?

& soudain, le miracle. Un grondement féroce retentit, & d'abord il croit que c'est la fin. Serrant plus fort son allié de toujours contre lui, il attend le son qui annoncera la fin ; quel qu'il soit, il est certain de le reconnaître. Mais rien ne vient, sinon un feulement de rage se mêlant à ces grondements, le surprenant. Figé il reste, en entendant la voix du Persian se joindre à ce qu'il avait d'abord cru être ses propres grognements. D'autres bruits suivent, affrontements. Le chaos règne tout autour de lui, & la seule chose qui lui permet d'en deviner le bénéfique, sont les serres du Braisillon sur son épaule, qui se détendent soudain. Alors, prudemment, il finit par ouvrir ses yeux bruns.

Sa vision est troublée, rendue difficile par des larmes impuissantes qui ont coulé sans qu'il s'en aperçoive, par sa faiblesse physique. Mais il devine des formes, qu'il identifie finalement. Un Gallame frappe avec puissance le Rhinocéros, lui causant des dégâts impressionnants pour un coup unique, le fragilisant lourdement. Un pokémon roux, un Mustéflott sans doute, lance un déluge d'eaux qui jette à terre la Darumacho, lui ôtant toute possibilité de se battre encore.. & un Démolosse. Une Démolosse, cela il n'a aucun mal à l'identifier. La responsable des grondements, entourant désormais la Noarfang du jeune homme de ses pattes. Les crocs enflammés, elle semble fixer le Persian avec défi. Un Persian boitant bas à cause d'une épaule déchiquetée.

& soudain une voix. La dernière de ces présences nouvelles, celle qu'il n'avait pas identifiée ni même repérée. Un homme aux cheveux d'argent, devine-t-il même s'il lui apparaît flouté. Un dresseur aux puissants alliés, assez pour mettre à mal ceux de sa grand-mère, & qui s'en vient la défier pour.. Pour le protéger oui, très clairement. & la même colère que celle de ses pokémons vibre dans son ton. Il n'ira nulle part. Certainement pas avec elle. Le soulagement s'immisce enfin en lui, & ses muscles se détendent enfin, alors qu'il s'affaisse contre le tronc de l'arbre qui le retient encore plus ou moins. Le calvaire est enfin achevé. Quoiqu'elle puisse dire.. Il a une chance, si cet homme peut à lui seul jeter à terre la moitié de l'équipe de son bourreau. Il a enfin une vraie chance. Un miracle.

- Comment oses-tu, insolent! Ce gamin est mon sang, tu n'as aucun droit de t'interposer!

La rage dans son ton l'inquiète un peu, car sans la voir, il devine la folie qui brûle dans ses prunelles d'acier. Meurtrière implacable, pyromane, il sait ce dont elle est capable si elle décide vraiment de renchérir après avoir jaugé la situation ; ce qu'il suppose qu'elle est en train de faire. Cependant la Darumacho est à terre, & sa geôlière si elle est entourée de bourrins, ne fait vraiment confiance qu'à son alliée de feu & son Persian. Si l'une est incapable de continuer, & l'autre trop mal en point, les chances qu'elle s'entête sont minces. Elle pourrait faire appel à Moyade, Ohmassacre, Bouldeneu, gêner les pokémons de l'homme auquel elle s'adresse si familièrement. Mais elle est à forces égales, au niveau du nombre du moins. & les vipères sont plutôt réputées pour les coups bas.

Les yeux clos de nouveau, il attend. Pour lui c'est éternité, en réalité ce n'est qu'une fraction de seconde. Il prie presque, pour qu'elle s'en aille, qu'elle le laisse en paix ; mais il sait en même temps que si elle part, il ne sera jamais en paix, craignant toujours qu'elle revienne. Car elle reviendra forcément, il le sait. Elle ne le laissera pas lui, sa proie, l'héritier de celui qu'elle adulait, lui échapper si aisément. Son regard quand elle l'a rattrapé dans cette tentative de fuite le lui a prouvé. Elle ne lâchera pas l'affaire, elle restera son bourreau. Jusqu'à ce qu'on l'empêche définitivement de nuire. Mais lorsqu'elle rouvre la bouche, après un instant de réflexion à jauger la situation, il sait aussitôt que cette bataille est gagnée.

Elle n'est que flot d'insanités, menaces, haine, rancœur. Folie. & il peine à ne pas trembler, lorsqu'il enfouit son visage dans la fourrure de son Pyroli. Probablement doit-il perdre connaissance quelques instants, car quand ses yeux se rouvrent, il est véritablement à terre cette fois. Sa vue est plus trouble encore, mais il devine la forme dorée de son camarade de toujours, inquiet. Mais ce qui le surprend surtout, c'est le silence. Lorsqu'il rouvre les yeux, la voix de son bourreau n'est plus audible. Ni insultes ni menaces mortelles, ni promesse de le récupérer. Juste le silence de la forêt. Le soulagement l'envahit un instant. Libre. Enfin libre, quatre ans plus tard.

Puis lui revient, l'instant d'après, le souvenir de sa chère Noarfang. Son aile brisée, la mort qu'elle a frôlée. Aussitôt revient la tension, la panique. Surtout que son Braisillon n'est plus à ses côtés, qu'il ne l'entend pas non plus. Juste le silence de la forêt, dont les sons lui reviennent peu à peu. Mais seule l'intéresse son amie, sa petite sœur, qui a presque perdu la vie. Panique l'envahit, & il tente vainement de se redresser ; trop faible, il ne parvient à rien. Alors il l'appelle. Sans relâche. Car il ne saura s'apaiser qu'en sachant qu'elle vit. Que le miracle dont il croit se souvenir.. En est vraiment un. Qu'il n'a pas rêvé l'intervention de cet homme, ni la Démolosse défendant sa sœur, ni le départ de sa geôlière. Qu'il ne rêve pas sa liberté. Que son alliée est en vie, pour en profiter aussi.

- K.. Kendra.. Kendra.. Où est-elle?.. Kendra..

fiche by Nighty Jaegan, alias Rayquaza.

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Je ne devais pas paraître bien menaçant en moi-même. Une grande asperge amaigrie, les cheveux parsemés de branches, tremblant. Le souffle coupé de ma course dans la forêt à la poursuite de mes compagnons. Silhouette fine, presque brisée d'un si petit effort physique, le front ruisselant de sueur. Et pourtant, le regard que je lui lançais parlait pour tout ce que mon corps ne pouvait communiquer comme menace. Je n'avais pas souvent eu l'occasion de défendre les miens, et cette fois je n'allais pas laisser cette occasion passer. Je devais bien tout ceci à Mina, l'une des seules personnes au monde qui voulait bien me comprendre sans me juger, dans toute mon étrangeté et ma singularité. De toute façon, tout garçon ne méritait pas ce traitement, ni aucun être humain. Je pouvais ressentir sa peur, si intense qu'elle me contaminait presque. Cependant je ne me laissais pas faire, malgré son ton menaçant envers moi. Oh, j'étais plus occupé à surveiller ma respiration que de prêter attention à ses innombrables insultes. Je fus même surpris de l'imagination dont cette femme faisait preuve, et se peignait progressivement un rictus de dédain sur mon visage. Pandora elle-même semblait plus affectée que moi par toutes ces bêtises, plus sensible que moi la plupart du temps. Cependant je gardais sur elle un regard rassurant. Si elle agissait ainsi, c'est qu'elle se savait vaincue.

En voyant du coin de l'oeil s'évanouir, je me précipitai vers lui pour l'aider, mais me relevai rapidement en constatant que l'assaillante avait disparu. Je soupirai de soulagement, tout en indiquant d'un regard à Tarek de continuer à surveiller les environs. Qui sait, peut-être prévoyait-elle de nous attaquer à nouveau. Je ne me permettrais pas une chose pareille. Ce garçon était sous ma supervision jusqu'à nouvel ordre. Je scrutais nerveusement les environs, y cherchant quelque menace, pour me buter simplement à l'obscurité de la forêt, illuminée simplement de quelques rayons dorés filtrant dans l'épaisse végétation. La voix paniquée du garçon m'arracha à ma contemplation des arbres. Pandora était déjà à ses côtés, se penchant vers lui avec un air inquiet. Pour sa part, Artémis s'était penchée vers la Noarfang, probablement cette «Kendra» que mentionnait le jeune homme, et la lèchait avec douceur dans une tentative de l'encourager. Le Pokémon était mal en point et nécessitait des soins au plus vite... tout comme son dresseur. J'allai vers lui avec un petit sourire fatigué, toute cette histoire m'avait laissé encore plus épuisé. Je soupirai en le scrutant. Sa jambe semblait être dans un sale état, mais je soupçonnais qu'il avait surtout souffert moralement.

«Kendra est tout près. Ma Démolosse, Artémis, veille sur elle, seulement elle aura besoin de soins immédiats. Tout comme toi.»

Je plongeai la main dans mon sac et en retirai une bouteille d'eau que je n'avais pas encore touché. J'avais prévu la boire aux premiers signes de déshydratation. J'en avais grandement besoin à présent, mais je croyais sincèrement que le petit était prioritaire sur mon cas. Je lui tendis, avec un sourire qui se voulait avenant, mais qui probablement me donnait cinq ou dix ans de plus. Je me sentais si fatigué... Ma tête tournait légèrement et seule l'urgence de la situation me gardait en alerte.

«Je m'appelle Maxwell, je suis un ami. Je ne laisserai pas cette femme s'approcher de toi à nouveau. Ma Togékiss, Pandora, est très inquiète pour toi. Elle aimerait t'aider à marcher si tu le veux bien. Je pourrai nous mener chez une amie précieuse à moi, quelqu'un de confiance. Quelqu'un qui pourra vous soigner tous les deux. Mon Gallame nous y transportera, si tu es d'accord. Je ne ferai rien cependant qui t'indispose jeune homme.»

J'espérais qu'il accepte de me faire confiance, mais j'aurais compris qu'il ne le fasse pas. Qui sait ce qu'il avait vécu ces dernières années passées loin de sa mère?

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PV Maxwell Young, PDV Tomy, 13 juillet.

Oui, il a peur. Véritablement. La terreur qu'il avait face à sa geôlière est de retour, car ce n'est en aucun cas pour lui-même qu'il craignait ; c'était pour ses pokémons. De perdre encore ceux qu'il aime. Panique de ne voir que des formes floues, d'être incapable de la distinguer, d'autant plus qu'il ne parvient pas à se redresser pour chercher réellement. Panique que ce silence soit finalement mauvais présage.

Il devine plus qu'il ne voit la silhouette de l'homme qui les a sauvés se diriger vers lui, tout comme il n'a pu que deviner la forme floue d'un pokémon blanc déjà penché sur lui. Sa propre faiblesse est trop grande, ses yeux encore brouillés, sans compter son esprit égaré. Il tremble bien malgré lui, se sent devenir fou à force de s'inquiéter, & ne doit véritablement de garder un fond de calme qu'à la présence de son Pyroli doré venu se blottir contre son torse sitôt qu'il a ouvert les yeux. Arceus, que les premiers mots prononcés par leur sauveur à son intention sont un soulagement.. & un nouveau poids à la fois.

Kendra est proche, la Démolosse qui l'a arrachée aux griffes du Persian s'occupe d'elle. Mais ce silence est l'œuvre de ses blessures, qui nécessitent des soins urgents. Vacillant entre inquiétude oppressante & grand soulagement, le jeune homme cligne des yeux quelques fois pour tenter d'en chasser le trouble. Ce n'est qu'à moitié efficace, sa vue ne lui revient pas vraiment ; & il renonce bien vite. Elle est en vie. Blessée, mal en point, sans doute bien plus mal en point que lui d'ailleurs, mais en vie. & il ne sait qu'en penser, au fond. Doit-il se montrer rassurer ou paniquer d'autant plus? Pour elle, ce pourrait bien n'être qu'un sursis.

& cette idée lui serre le cœur. Brutale, violente. La voir survivre pour sombrer peu après, alors qu'ils sont enfin libres, si proches de leur but? La perdre elle alors qu'ils ont enfin vaincu? Qu'elle ne connaisse jamais la liberté pour laquelle ils ont tant lutté? Cette seule idée lui donne la nausée. Il ne supporterait pas de perdre encore sa petite sœur, impossible. Parvenant enfin à se redresser plus ou moins en position assise, il trouve la silhouette obscure de la Démolosse, penchée sur une forme brune qui ne peut être que Kendra. & auprès d'elles, le Braisillon veille, aussi inquiet pour la femelle que peuvent l'être le garçon & son Pyroli.

Il n'est pas très stable, éreinté, & l'homme doit bien le voir, car rapidement il lui tend une bouteille d'eau. Cela part d'une bonne intention, aussi le jeune homme ne dit rien & se contente d'accepter, sans préciser que la fatigue le tourmente bien plus ; pour autant, il ne dira pas qu'un peu d'eau ne lui fait pas de bien. Disons qu'il est du genre chameau, buvant peu ou en tout cas moins que les autres. Là où la plupart des enfants dans son cas aurait vidé la bouteille, il n'en absorbe que la moitié, avant de la rendre à son sauveur avec une mimique qui se serait voulue sourire de remerciement. Pas très réussi. Tant pis.

Au moins l'eau a-t-elle eu l'effet d'éclaircir un peu sa vision, il lui semble distinguer mieux ce qui l'entoure. Ce n'est que là qu'il identifie la forme blanche à l'air inquiet comme une superbe Togekiss, qu'il parvient à deviner que l'homme doit avoir la trentaine ou encore qu'il a des yeux d'une couleur unique, gris presque violets. Des détails auxquels il ne prête bien vite plus aucune attention, car l'état de sa Noarfang continue de le tourmenter, & car l'homme -Maxwell- reprend la parole pour se présenter & lui donner quelques informations.

Oh que sa geôlière ne l'approche plus, il n'y croit guère. Non pas par manque de bonne volonté, mais.. Il en sait assez pour savoir qu'elle ne lâchera pas l'affaire. Pour autant, il prend l'affirmation pour ce qu'elle est, sans en rajouter. Il n'est pas en état de le faire sans doute. Pas en état d'autre chose qu'espérer maintenant qu'il est libre, pas en état d'autre chose que s'inquiéter pour sa sœur blessée ; bien plus que pour lui-même. L'inquiétude de la Togékiss, il la reçoit avec un frêle sourire, un peu plus réussi que précédemment, levant juste une main vers le doux plumage de ses ailes pour la rassurer. Il n'est pas spécialiste des volants pour rien, & en voir un peiné ne le met jamais à l'aise.

Ce qui suit par contre, le plonge dans une profonde réflexion. Aller chez une amie de Maxwell pour les soigner? Une part de lui rejette cette idée avec violence, car il n'a confiance qu'en une personne pour se pencher sur la blessure de Kendra, une seule & unique personne.. Sa mère, nulle autre que sa mère, il n'a vraiment confiance qu'en elle. Mais a-t-il le choix? La Noarfang supporterait-elle d'attendre qu'il la retrouve, si seulement elle est vraiment sur cette île? Non, elle ne pourra tenir un voyage de plus sans subir quelques soins. & imaginer la perdre.. Est si terrible déjà qu'il ne peut prendre le risque que cela se réalise. C'est résigné, qu'il finit par souffler sa réponse. Pas le choix. C'est l'option la plus sage, même s'il lui faudra une grande maîtrise pour laisser quelqu'un d'autre que sa mère approcher la Noarfang blessée.

- .. D'accord.. M.. Mais c'est juste pour elle..

Kendra avant tout. Lui aurait pu attendre, un peu, le temps d'au moins poser des questions & chercher à apprendre un peu sur sa mère.. Mais pas la Noarfang. Le silence du Braisillon lui est bien trop explicite sur son état pour qu'il prenne ce temps, la blessure est trop urgente. Chaque instant est précieux. Chaque seconde perdue la met en danger plus grand que la précédente. Même s'il n'aurait vraiment confiance qu'en sa mère, il n'a pas le choix, & il le sait. Il doit prendre son mal en patience, même si Kendra le houspillera d'avoir choisi de s'occuper d'elle en priorité. C'est un non-choix, & pourtant il faut faire avec. Plus qu'à espérer que l'amie dont parle Maxwell soit vraiment digne de confiance.. Même si personne ne saura vraiment convaincre le garçon sur des capacités quelconques à soigner sa sœur.

- Je m'appelle Tomy.. Tomy Black.. &.. Merci.

Car il ne réalise que maintenant qu'il ne s'était pas présenté, & que l'homme a peut-être droit de savoir qui il a sauvé. Autant qu'à ce remerciement, signe d'une reconnaissance bien présente. Concentré, il tente de se lever, s'appuyant à l'arbre & uniquement sur sa jambe droite, celle qui n'a rien. Tout son corps tremble de sa faiblesse physique, & il ne parvient pas à grand chose ; si ce n'est à s'attirer un grognement inquiet du Pyroli chromatique qui, dressé sur ses pattes arrières pour poser ses pattes avant sur son dos, tente de l'empêcher de retomber. Va savoir pourquoi il tient tant à se lever d'ailleurs, puisque le Gallame peut apparemment les mener au lieu-dit par Téléport. Foutue fierté des Jaegan-Black.

fiche by Nighty Jaegan, alias Rayquaza.

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Je préférais ne pas m'imaginer de pareilles horreurs. Je me contentais de penser à lui, dans le moment présent, et aussi dans le futur. Les blessures morales et physiques que lui avaient infligé cette femme horrible, j'aimais mieux ne rien en connaître. Ce genre de détails n'auraient servi qu'à attiser la rage qui m'étreignait déjà le coeur en voyant une personne souffrir ainsi. Je continuais à me demander comment je réagirais dans le cas où il refuserait de me suivre. Je n'avais encore aucune preuve de ce que j'avançais en pensée comme théorie, qu'il soit véritablement le fils de Mina ma chère amie. Quelque part à l'intérieur de moi, j'espérais que ce ne soit pas le cas. Qu'on épargne à mon amie une souffrance supplémentaire de voir son propre fils dans un tel état. Et quelque part, je priais pour qu'il s'agisse de lui, enfin. Celui que j'avais juré de retrouver et qui me tombait dessus de façon miraculeuse. Yasmina méritait de renouer avec son fils, d'aspirer au bonheur avec lui. Déchiré, je lui laissais tout le temps de réfléchir à ma proposition, sans m'offenser de la méfiance dont il faisait preuve à mon égard. Je pouvais la comprendre de mille façons, et puis ce répit me permettait de remettre un peu d'ordre dans mes idées confuses. Pendant ce temps, Tarek continuait à me jeter des regards à la dérobée, excédé de cette façon dont je préférais m'assurer de sa véritable identité avant de dire quoi que ce soit.

Le garçon finit par accepter, de façon presque farouche. Il prit le temps de spécifier qu'il n'agissait ainsi que par l'urgence de la blessure de sa Noarfang. Il se souciait véritablement de la santé des siens, et j'en étais particulièrement touché. Son inquiétude transpirait par chaque pore de sa peau, et je me doutais qu'il n'aurait pu la cacher même s'il l'avait voulu. Pas besoin d'un Pokémon empathe pour le deviner. Finalement, le garçon se présenta, et je sursautai en manquant de tomber à la renverse. Même si je m'y attendais, l'entendre le dire confirmait tout ce qui me torturait depuis que j'avais posé le regard sur lui pour la première fois. Je restai silencieux tandis qu'il tentait de se relever, même si cela n'était pas vraiment nécessaire. Pandora fut sur lui en quelques fractions de seconde, lui proposant son aile afin qu'il y prenne appui. Il ne s'agissait pas d'une suggestion, mais bien d'un ordre. Elle ne le laisserait pas se relever tout seul. La Togékiss me lançait un regard pressant, presque agressif. Oui, je devais me sortir de ma torpeur et me concentrer sur mon objectif. Sauver la vie de ce jeune homme.

«Je connais... Je connais... Gallame, tu sais où aller.»

Bien sûr qu'il le savait. Près de celle que je n'avais osé nommer. Celle que je connaissais. Mon coeur se mit à battre à tout rompre alors que je rappelais Artémis, Pandora et Turbo à leurs balles pour faciliter le voyage à Tarek. Ce dernier toucha délicatement la Noarfang, puis me prit la main. Je touchai le garçon à son tour, et nous disparûmes. Tarek nous mena dans la grange, un lieu qu'il savait sécuritaire pour notre arrivée. Je me précipitai aussitôt vers la porte grande ouverte en jetant un dernier regard au garçon, comme pour le supplier de ne pas disparaître. Le Gallame veillait sur lui de toute façon. Courir à nouveau me fut presque insupportable, et crier le nom de l'Hôte de Pension le fut encore plus, si bien que lorsque je la dénichai, j'étais entièrement couvert de sueur, pâle comme neige et tremblant. Faisant un effort surhumain pour m'adresser à elle, je posai mes mains sur ses épaules.

«Mina... Je l'ai trouvé.»

Save Our Souls.
PV Maxwell Young, PDV Mina, 13 juillet.

Trois jours se sont écoulés depuis que Vanawi a frôlé la catastrophe, trois jours comme je les hais ; convalescente. Une commotion heureusement inoffensive me donne toujours un bel hématome sombre à la tempe, & ma peau est toujours rouge-vif au front, au bas du visage & sur la gorge. Maudit soleil. Deux faits qui me gardent obligée d'appliquer régulièrement une crème hydratante bourrée de corticoïdes sur mes brûlures, shootée aux anti-douleurs pour le reste ; enfin, au moins ai-je pu arrêter la morphine au bout de 36 heures. Mais je reste plus faible qu'habituellement, & bordel que ça m'agace, pour le dire poliment. J'ai dû fermer la Pension au public le temps de ma convalescence, les brûlures désignant un peu trop les contours de mon masque de résistante pour laisser n'importe qui me voir avant qu'elles ne s'estompent. Rassurer Natsume sur la gravité de ces blessures, malgré le regard lourd de reproches de mes pokémons en me voyant minimiser autant que possible. Limiter mon travail à la gestion & la surveillance de la Pouponnière jusqu'à ce que j'aille vraiment mieux, mon équipe m'empêchant de toute manière de faire quoi que ce soit d'autre pour le moment. Au fond, je leur suis reconnaissante, à mes pokémons & à mon élève qui vient régulièrement me porter son aide en assumant une partie du travail sur l'élevage, de leurs attention & de leur soutien. Je pense qu'ils doivent le savoir, même si je ne le montre pas beaucoup, trop fière pour cela, passant plus de temps à râler & marmonner dans ma barbe qu'à exprimer une gratitude étouffante ; cette frustration me met clairement de mauvaise humeur, surprenant n'est-ce pas. Pour le moment je suis juste lourdement agacée de me sentir si limitée, entravée ; indépendante & fière que je suis, j'ai toujours aimé faire les choses par moi-même autant que possible, ou du moins agir comme je le souhaite sans entraves. Alors évidemment, je déteste cette maudite convalescence qui me prive de ma liberté de mouvements.

Puisque la Pouponnière est donc mon seul & unique refuge depuis Sulfura, j'y passe un temps considérable, à veiller sur les œufs & accueillir des petits pokémons venant enrichir la Pension. Malgré les regards réprobateurs de mes alliés qui pensent que je devrais prendre plus de temps pour me reposer ; je déteste trop l'inaction pour accepter de rester dans mon lit, & ils le savent. Aussi n'insistent-ils pas, même si je sais qu'ils le voudraient. Ils se contentent de rester toujours présents, prêts à intervenir au besoin. Sakura & Minuit ne me quittent pas d'une semelle d'ailleurs, ni l'une ni l'autre, parfois rejointes par un des autres. Ce jour-là, elles sont seules avec moi, le reste de l'équipe étant éparpillé sur les terres de la Pension pour gérer les travaux quotidiens. & pas plus que moi, elles ne se doutent que tout va basculer d'un coup, que tout va changer pour le mieux. Ce n'était qu'une journée comme les autres, aussi agaçante pour moi que les deux précédentes car je savais d'avance que ce ne serait pas ma dernière de cette convalescence pesante. J'ignorais encore cependant que le poids que m'imposait cette faiblesse en me privant de ma liberté de mouvements pleine & entière allait bientôt s'alléger grandement.

J'étais penchée sur un œuf de Sepiatop parvenu à la Pension à mon intention précise, non pas pour les rangs de l'élevage mais bien pour ceux de mon équipe, lorsqu'une voix bien connue s'est élevée dans le silence. Vive & pressante, bien qu'inexplicablement frêle, appelant mon nom. Par anticipation, mon cœur se met à battre la chamade, alors que je me détourne de l'œuf. Évidemment j'ai identifié le propriétaire de cette voix sans la moindre hésitation, & je n'ai nul besoin d'un regard à ma Kirlia sentant la présence de son père pour le confirmer. Interpelée par l'urgence de ce ton m'appelant, je ne prends pas le temps de la réflexion avant de m'élancer vers l'entrée de la Pouponnière, ne rabattant le capuchon de ma cape que par pur réflexe. Trébuchant, les jambes encore un peu flageolantes de ma propre faiblesse physique, je m'arrête à la porte de la bâtisse en me raccrochant à son encadrement, cherchant du regard Maxwell. Lorsque je l'aperçois, lui m'a déjà vue & se dirige vers moi, courant. & le voir courir m'est largement suffisant à comprendre que j'ai bien deviné en parlant de situation urgente ; car j'en sais assez sur ses problèmes de santé pour savoir qu'il n'aurait pas couru sinon. Entre un cœur que j'ai depuis longtemps deviné fragilisé, & une fatigue évidente qui se développe ces derniers temps & me laisse craindre beaucoup, j'ai de quoi penser qu'il est en droit d'éviter de courir autant que possible.. & pourtant aujourd'hui, il ne s'en retient pas. C'est en courant qu'il vient se planter devant moi, épuisé & peinant à respirer, couvert de sueur. Ses mains tremblantes se posent sur mes épaules, alors qu'il prononce quelques mots d'une voix altérée par l'effort. Quelques mots qui vont tout bouleverser.
Je l'ai trouvé.

Si je comprends ce que cela signifie? Immédiatement, oui. Il n'est qu'une seule chose qui pourrait mettre Maxwell dans un tel état d'agitation pour me trouver, & le faire prononcer ces mots précis dès qu'il se trouve face à moi. Une seule chose qui lui donnerait un tel regard m'interdisant de détourner le mien pendant qu'il parle, qui le rendrait si solennel &.. & je ne saurais dire quoi exactement, & sincèrement peu m'importe. Oh, serait-ce possible qu'enfin le cauchemar soit achevé? Tommen.. En vie. Sauf. De retour. Le seul son qui m'échappe en réaction est prononcé par Minuit, un cri de joie & de soulagement écho de nos sentiments communs. Une étincelle brûlante d'un espoir presque insupportable s'allume en mon cœur & le sien, alors que sans le moindre mot, d'un seul regard, je cherche confirmation dans les prunelles améthystes du seul homme à qui j'ai confié le fait que mon aîné vivait peut-être encore. Une confirmation que je trouve vite ; le peut-être est désormais certitude. & cet espoir a droit de vivre. Mon fils vit. Oh Arceus, il vit, Maxwell l'a retrouvé & il est en vie! Tétanisée, je ne sens même pas une larme soulagée glisser sur ma joue. Je réalise à peine le Téléport lorsque Sakura, ayant compris par notre lien psychique ce qu'il se passe, nous amène dans la Grange. Probablement guidée en cette direction par la présence de son père, qu'elle rejoint aussitôt. Guidée par là à raison. Mon regard enfin détaché de Maxwell tombe sur quatre présences blotties ensemble dans la paille, deux oiseaux que je n'avais jamais vus, & deux autres bien connus. Le temps a passé, plus de quatre ans.. Ils ont grandi, mais ni Minuit ni moi-même n'avons la moindre hésitation. & eux non plus.

- .. Maman..

C'est un frêle murmure qui lui échappe. Frêle & tremblant. Douloureux, épuisé. Mais il ne m'en faut pas plus. C'est la preuve de cette réalité, que je ne rêve pas, que ce n'est pas qu'illusion. C'est un appel que je ne peux ignorer. Me dégageant doucement de l'emprise de Max, veillant juste à ne pas le déséquilibrer, je m'élance vers l'enfant pour tomber à genoux à ses côtés, l'attirant contre moi, murmurant encore & encore son prénom d'une voix serrée par l'émotion.
J'ai rarement vraiment fondu en larmes, depuis ce premier avril destructeur. Mais les pleurs qui m'échappent là sont salvateurs. Serrant mon fils contre moi, à l'instar de la Noctali qui, je le sais, a dû se précipiter en même temps que moi pour étreindre son petit. Quatre ans se sont écoulés, & pour une mère c'est éternité. Quatre ans où Minuit & moi avons dû faire semblant d'admettre que nous avions tout perdu, avant de découvrir il y a peu que ce n'était peut-être pas le cas ; & aujourd'hui.. Nos fils aînés nous sont revenus. Ils sont en vie. Peut-être pas en parfait état, ils ont sans doute beaucoup souffert aussi, mais.. Ils vivent, & c'est déjà tellement plus que ce que nous aurions osé rêver, l'une comme l'autre.

Il me faut quelques instants pour revenir à moi, & il lui en faut probablement autant. J'ai bien remarqué que l'un des oiseaux a une aile étrangement tordue, mais le surplus émotionnel du retour de Tommen m'aurait empêchée de quoi que ce soit si j'avais tenté de me pencher d'abord sur la Noarfang ; & il doit s'en douter, sans quoi le connaissant il m'aurait rappelée immédiatement à l'ordre. Hors il s'est contenté de se laisser aller à cette étreinte maternelle, échappant quelques pleurs lui aussi, silencieux mais ému. Désormais muette à mon tour, je l'écarte doucement de moi pour prendre son visage dans mes mains, le regarder dans les yeux, m'assurer qu'il est vraiment réel & en un seul morceau. Un fin sourire en coin m'échappe, ignorant ses yeux qui s'égarent sur mes brûlures & l'hématome de mon front. Il est épuisé, blessé, mais vivant. & même si je devine des questions dans ses yeux, je ne peux que sourire. Immensément soulagée. Sans un mot, je me penche pour déposer un baiser sur son front, avant de me pencher sur la Noarfang, vite rejointe par Minuit, examinant son aile ; chacun de mes gestes sont suivis de près par le regard de mon fils, mais je ne m'en offusque pas pour le moment, fronçant juste les sourcils face à ce que je découvre. Des griffures, une morsure, accompagnent cette torsion anormale qui ne peut signifier que fracture. & chacun de ces trois types de blessures, vu comment elles sont placées, ne peut avoir été qu'infligé. De la torture pure.

- Comment?.
- Pierz.. C'est son Persian..

Évidemment. Ma très chère mère n'a pas été une tutrice très attentionnée pour mon fils & ses pokémons ; mais je m'en doutais un peu, n'est-ce pas? Cela n'empêche pas pour autant mon visage de se crisper de fureur & d'une haine difficilement contenue, l'espace d'un instant. Car pour me concentrer sur ma tache & rassurer la jeune femelle à peine consciente, il me faut bien vite maîtriser & masquer ces ressentiments, tout en m'affairant pour offrir les premiers soins à la chouette blessée. Une chance que j'ai toujours sur moi une trousse de secours, y compris sur mes propres terres.
Aha, & dire que mes camarades d'équipe veillaient à me tenir loin de toute activité fatigante ces derniers jours.. Je suis convaincue qu'ils adoreraient me voir revenir à mon désormais lointain passé de médecin. Parce qu'évidemment, tout cela est sans compter sur cette maudite faiblesse qui me force à faire appel à toute ma concentration pour empêcher mes mains de trembler.

fiche by Nighty Jaegan, alias Rayquaza.

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Je l'avais retrouvé. J'avais réussi cette tâche pourtant impossible, cette promesse lorsque je l'avais trouvé dans un si mauvais état il y avait quelques semaines déjà. J'avais réussi alors que tout me retenait au lit ces derniers temps. Cette remontée presque spectaculaire de mon bien-être et de ma santé était-elle due à ce que l'on appelle «la destinée»? Je devais nécessairement me trouver sur le passage de ce garçon, alors qu'il avait réussi à échapper à sa geôlière, au moment où cet atroce Persian s'apprêtait à mettre à mort sa chère Noarfang, auquel il était visiblement attaché. Je ne pouvais plus désigner cette situation comme le fruit du hasard. Non, on m'avait autorisé ce répit spécifiquement pour que je puisse profiter d'une journée ensoleillée comme celle-ci dans la forêt d'Érode, moi probablement un des seuls qui aurait pu reconnaître le garçon malgré mes doutes, porteur du secret, bien qu'en fragments, de la mystérieuse Éleveuse. Je vibrais d'espoir à cette pensée, que j'avais joué un rôle dans la réunion qui se préparait, d'espoir et de satisfaction. Cette satisfaction que seuls les bienfaiteurs peuvent ressentir, beaucoup plus grand que celle amenée par le pouvoir, l'argent ou la violence. Une sorte de bien-être, de plaisir intense, qui éloignait pour le moment l'évanouissement pur et dur après tant d'efforts et d'émotions mêlés qui lentement, et je le sentais, provoquait chez moi une faiblesse qui aurait tôt fait de me rattraper.

L'écho de la joie et du soulagement qui se peignirent sur les visages de Yasmina et de sa fidèle Noctali se prit en moi et je me surpris à sourire malgré toutes mes tentatives de retrouver contenance sur ma respiration. Je levai même une main vers sa joue pour chasser la larme solitaire qui lui échappa, mais titubai violemment lorsque nous fûmes transportés par les capacités psychiques de la Kirlia, fille de mon cher Tarek, jusqu'à la grange. Je fus relâché par Mina, un peu trop tôt peut-être, et je dus être assisté par mon allié encore présent pour ne pas m'affaler de tout mon long sur le sol. Le souffle qui s'échappe de Tomy confirma finalement tout ce que je venais d'entreprendre en le menant ici, et je sentis un nouveau sourire envahir mon visage malgré les douleurs cuisantes que je ressentais à présent dans mes muscles de jambes... Comme quoi je n'avais pas trouvé le temps de faire de l'exercice avec ces foutues faiblesses, et voilà que je payais le prix de mes nombreuses courses aujourd'hui. Courses qui en valaient pleinement la peine, même si je devais rendre l'âme sur le champ. Au moins j'aurais fait une bonne vie en rassemblant mère et fils.

Je restai en retrait, me forçant même à regarder ailleurs et me maudissant de ne pas être en mesure de me déplacer pour leur laisser ce moment de réunion. Je jugeais que celui-ci leur appartenait, qu'ils avaient droit à leur intimité, et que je n'avais aucun droit d'assister à celle-ci. Cependant je venais tout juste de trouver refuge sur une boîte où je m'étais installé, les jambes trop tremblantes à présent pour espérer me remettre debout et demander à Tarek de me téléporter. D'ailleurs ce dernier était pris dans sa contemplation de cette paire réunie, et jetait constamment des regards à sa fille, probablement car il ressentait tout ce que ces deux-là pouvaient vivre dans un moment pareil, car il s'imaginait probablement être séparée de la jeune Kirlia pendant autant d'années en la pensant morte. Pour lui apporter un peu de courage, je serrais sa main en tâchant de ne pas me laisser contaminer aussi par toutes les émotions contenues ici. Finalement, Mina demanda comment Kendra avait-elle pu être blessée à ce point, et à cette mention, je grimaçai. J'aurais bien aimé arriver avant que la pauvre Noarfang subisse tout ceci, mais je n'y étais pour rien.

«Si je peux être de quelconque assistance...» je me proposai.

Je devais bien avoir l'air d'un mort vivant avec mon visage pâle, mon regard hagard, mes cheveux en bataille et ma peau couverte de sueur. Cependant je tenais quand même à aider si je le pouvais encore.

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PV Maxwell Young, PDV Mina, 13 juillet.

Toute à mon ouvrage, concentrée sur les plaies à désinfecter & panser avant de pouvoir m'intéresser à l'aile brisée, je manque de sursauter en entendant la voix de Maxwell. Manque seulement, & si l'on me pose la question je nierai tout en bloc, évidemment. Non pas que j'ai oublié sa présence, bien au contraire, loin de là même ; mais les mots qu'il prononce sont si inattendus & saugrenus.. Cela a de quoi surprendre. Certes, nous formons là une belle réunion de bras cassés, tous plus abîmés les uns que les autres, mais il n'y a quand même qu'à jeter un regard vers lui pour lui décerner la palme. Pâle comme neige, tremblant de tous ses membres, visiblement épuisé voire carrément hagard, ne tenant même plus sur ses jambes.. & il propose encore son assistance? En un sens, je suis impressionnée de tant de volonté. En un autre, je le comprends, puisque j'agirai sans doute de la même manière dans son cas. & une petite partie de moi, hypocrite à souhait, le traite de fou furieux inconscient. Mais évidemment, je ne lui en dirai rien, je n'en montrerai rien ; seule mon inquiétude est brièvement visible, à l'idée qu'il puisse venir nous assister & aussitôt s'effondrer. Mon esprit vif analyse rapidement la situation, bien plus vite que mes émotions. Minuit est là, assistante accomplie, mon égale en toutes circonstances, soutien précieux & inestimable pour ces soins. Au besoin, Sakura peut intervenir, ou appeler d'autres membres de l'équipe parmi ceux qui m'assistaient lorsque j'étais médecin Pokémon. Tommen, du haut de ses six ans à l'époque, m'a souvent aidée un peu à soigner les pokémons de l'élevage de son père, & connait certains gestes de base, tout comme son Pyroli, en plus d'être là pour rassurer la chouette blessée, stressée & visiblement au bord de l'inconscience.
Ai-je besoin d'aide supplémentaire? Il ne me faut pas plus de quelques instants pour décider que cela ne m'est pas nécessaire à ce point, qu'ainsi entourée je peux largement me débrouiller sans que le Maître Coordinateur ne compromette un peu plus sa propre santé ; l'air de rien, cela fait un moment qu'il m'inquiète, & je ne vais pas en rajouter alors que je peux faire autrement. Mon visage garde exactement la même expression à la fois neutre & concentrée, lorsque joignant un hochement de tête négatif à la parole, je déclinais cette offre avec un calme tranquille.

- Non, merci mais ça ira. Repose-toi, Max.

Confiante. C'était mon métier après tout, il y a quelques éternités. Pas si longtemps en réalité. Ces gestes ne s'oublient jamais. Lorsqu'on a été médecin, on le reste à vie ; on peut être "vieux jeu" si l'on cesse de suivre les actualités & avancées du milieu, mais jamais, jamais oublier comment faire. C'est plus ancré encore que le vélo, car on nous apprend dès l'école à faire de ces gestes qui sauvent de véritables réflexes. Des mouvements naturels, qu'on ne réfléchit pas, des mécanismes presque automatiques ancrés en nous. Qui restent à jamais & s'effectuent avec la plus grande aisance. C'est ainsi qu'agit un bon médecin. Ainsi que je me suis toujours efforcée d'agir, & que j'ai réussi à accomplir visiblement. Mes mains, mes doigts, retrouvent d'eux-mêmes les bons placements, les bons gestes. Automatismes. Assurance.

- Minuit, s'il-te-plait. je ne prends même pas le temps de la regarder, car elle non plus n'a pas oublié, ses pattes se posent déjà sur le thorax de la Noarfang pour la maintenir alors que je me penche vers elle avec douceur. Il va falloir remettre rapidement cette aile en place, ma belle. Je suis désolée, je n'ai aucun anesthésiant sous la main, ça va être douloureux..
- Je suis là Ken', & Dan & Desmond aussi. Courage petite sœur, ça va aller, bientôt ce ne sera plus qu'un sale souvenir..

Ken. Dan. Petite sœur. Autant de mots qui me jettent des coups au cœur, à entendre mon fils les prononcer dans un doux murmure pour apaiser la Noarfang. Oh je ne suis pas stupide, j'ai bien compris que les deux premiers n'étaient que diminutifs, & deviner les noms complets m'est plus qu'aisé, l'hommage ne pouvait que me frapper. En aucun cas je n'aurais pu le manquer, d'ailleurs, vu la place immense ou plutôt le vide insupportable que ces deux noms laissent parmi les miettes de mon cœur. Ainsi, c'est de cette manière qu'il tente de supporter leur perte.. En un sens, je comprends, je comprends même parfaitement. En un sens, les voir continuer à vivre par le souvenir m'apaise également, d'une certaine manière. Inspirant profondément, je rassemble mes forces, repousse ces souvenirs douloureux, ignorant le regard mi inquiet mi troublé de la même souffrance que me porte Minuit. Il y a plus urgent. Extrêmement plus urgent. & puisque cette Noarfang n'est pas seulement le pokémon de mon unique fils en vie, puisqu'elle est également celle qui porte en hommage le nom de ma fille.. Il est d'autant plus important que je fasse tout pour sauver toutes ses facultés. Je ne supporterai pas qu'elle perde quoi que ce soit.

- Oui, comme ça. Respire à fond, Kendra, & ferme les yeux s'il le faut. Ça ne durera qu'un instant.

Un hululement de douleur strident retentit à l'instant où j'effectue le mouvement sec qui replace son aile, sans la prévenir précisément du moment où je le fais ; cela l'aurait stressée d'être prévenue, & la tension qui en aurait résulté aurait été dangereuse. Je crois que quelques larmes m'échappent, mais je ne les laisse pas brouiller ma vue, les chassant immédiatement pour bander l'aile, l'immobiliser. Au moins, maintenant la chouette semble plus détendue. Revenue à une position normale, son membre la fait moins souffrir, même s'il est toujours brisé. Cela devient plus supportable. Fort heureusement, pour elle.
Un soupir, & je me détourne, laissant Minuit finir de la rassurer désormais que j'en ai fini de ses plaies, pour me pencher sur la cheville de mon fils. À cet instant, alertés par le cri de la Noarfang, paraissent dans l'entrée de la Grange Brasier & Spirit. & si je laisse le premier, ému & soulagé, se précipiter vers Tommen qui manque de fondre en larmes en le voyant, le second n'eut pas le temps d'avancer ; captant par notre lien mon besoin de matériel de soins plus appliqués aux humains, il s'éloigne sans poser de questions, agréant au fait que la blessure est suffisamment urgente pour qu'il repousse un peu les retrouvailles. Une chance que le géant de fer ait toujours eu l'esprit pratique, je n'aurais moi-même jamais pu prendre assez sur moi pour aller chercher une trousse de soins avant d'aller vers mon fils miraculé.
Décidant, pendant que le Metalosse était parti chercher le nécessaire, de laisser à Tommen & Brasier l'espace de retrouvailles touchantes, je me levais pour faire quelques pas en direction de Maxwell, m'assoir à ses côtés pour regarder la scène. Aucun mot ne saurait exprimer ce que je ressentais en cet instant, ni ce que j'avais pu ressentir depuis l'instant où il était arrivé pour me dire qu'il avait trouvé mon enfant disparu. Mais l'émotion que je laisse envahir mon regard en posant une main sur son épaule & levant les yeux vers lui doit bien parler mille fois pour moi. Je ne crois pas avoir jamais éprouvé autant de gratitude envers une seule personne.
Une gratitude mêlée, malgré moi, d'inquiétude face à sa faiblesse visible.

fiche by Nighty Jaegan, alias Rayquaza.

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J'avais vécu bien pire. Que mon corps souffre, je pouvais encore le supporter. Aider faisait partie de moi. Même lorsque je n'avais que la peau et les os, j'offrais tout de même ma part à ma mère ou à Clarissa. Les autres avant moi. Je dédiais ma vie à cette idée. Je faisais de la Coordination pour les autres, je vivais pour faire plaisir, pour répandre le rêve. Faire du bien au autres me permettait de vivre, ou plutôt de survivre à cette existence difficile que je subissais depuis ma naissance. À présent que je me tenais assis sur une mine d'or, glorieux et aimé, je n'allais pas laisser toutes ces ressources se prendre de la poussière alors que d'autres vivaient tout aussi misérables que je le fus à une époque. Les offrir me faisait profondément plaisir, je crois même qu'il s'agissait d'un besoin chez moi, et ce besoin faisait sentir à nouveau ici. Tant que je ne me trouvais pas cloué au sol, incapable de bouger, j'aiderais. N'avais-je pas bravé bien pire après la mort de mon cher Pasqual? Alors que je n'avançais que pour la forme, que pour aider? Alors oui, je ne me sentais pas bien, mais rien ne se mesurait à ce que j'avais pu endurer au premiers tâtons de la Résistance alors que je m'y étais greffé. Je n'avais aucune intention de laisser mon amie sans moyens à un moment pareil.

Je m'y attendais cependant. Elle refusa mon assistance, probablement dans le but de me protéger. Néanmoins, je faisais assez confiance en son avis professionnel pour ne pas la contredire. Si elle avait véritablement eu besoin de moi, elle l'aurait fait pour sauver la Noarfang qui souffrait. Animé d'une certaine irritation tout de même, je ne pus réprimée une moue de se ficher dans mon visage. Même si je commençais à en avoir l'habitude à présent, je n'aimais toujours pas être limité par ma santé, surtout dans des moments comme aujourd'hui. Malgré moi, quelque part, je m'en inquiétais moi aussi. Je savais qu'il n'y avait rien de très naturel à ma fatigue, et en moi grandissait l'idée que je devais peut-être en parler à ma médecin préférée, ma chère amie Melinda. Cependant je n'aimais jamais la rencontrer au sujet de ma santé, si bien que je m'attirais souvent ses foudres. J'avais l'impression de l'inquiéter à chacune de mes visites chez elle, ainsi je préférais vraiment ravaler mes douleurs ou autres maux et attendre que le mauvais moment passe. Cependant cette fois, la faiblesse ne me laissait aucun répit.

Je regardai ailleurs lorsque l'Hôte de Pension replaça l'aile de la pauvre Kendra. Je pouvais presque ressentir sa douleur, et cela me fit grimacer. Peu de temps après, Spirit et Brasier faisaient leur entrée, me rappelant que je devais absolument remercier toute mon équipe ayant participé au sauvetage de Tomy lorsque j'en aurais l'occasion. Pour le moment, je laissais tout son espace à Mina afin de ne pas l'entraver dans son intervention. Lorsque ce fut terminé, elle vint vers moi, s'asseyant tout près. Nous regardions ensemble, dans un parfait silence, la beauté de ce moment qui s'offrait à nous, l'entraide de son équipe qui portait secours à la petite chouette et les retrouvailles du Démolosse et du garçon. Je sursautai à son contact lorsque sa main se posa contre mon épaule. Le regard qu'elle m'offrait était l'essence même de la gratitude. Je pouvais le sentir dans chaque fibre de mon corps, aussi bien que si elle avait prononcé un discours entier à ce sujet. Un faible sourire apparu contre mes lèvres tandis que j'étirais le bras dans un geste rarissime pour la cueillir et la mener contre moi. Je n'étais pas grand fanatique des contacts physiques, elle devait le savoir à présent. Je ne m'étendais jamais dans des câlins à ne plus finir, même avec mes proches. Cependant cette fois, je me passais de mots pour simplement le tenir contre moi avec délicatesse, avant de glisser un baiser fraternel dans sa chevelure de jais. Je ne trouvais que dire de plus que ce geste. Qui valait bien tous les mots du monde.

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PV Maxwell Young, PDV Mina, 13 juillet.

Surprise me prend lorsque ses bras m'attirent dans une étreinte fraternelle, étant assez peu tactile de manière générale, mais pour autant je ne résiste ni ne me défile pas. Au contraire, ce geste affectueux, je le lui rends sans hésiter, malgré un bref instant de flottement ; car hormis les enfants, il est là aussi l'un des rares à avoir droit à ce genre de démonstration de ma part, ou de la part de qui je puisse les accepter sans rechigner. Sans compter que dans ces circonstances qui se passent totalement de mots, tel élan coule totalement de source. Les brûlures de mon visage posé contre son épaule me gênent grandement, mais peu importe. Peu importe, car ma gratitude vaut bien de passer outre la douleur physique ainsi que j'ai si bien appris à le faire, depuis le temps. Peu importe, car Maxwell est aussi peu tactile que moi & que même si nous sommes proches, les étreintes amicales restent rares ; hors en cet instant, cela se justifie amplement. Si une ou deux larmes m'échappent encore, dissimulées dans l'ombre? Probablement, je ne saurais le dire moi-même. Elles aussi seraient justifiées, mais si elles ont existé elles resteront secrètes ; je ne saurais avouer ce dont je n'ai moi-même aucune certitude, après tout. & peu importe, de toute manière. L'émotion de cet instant si particulier, si longtemps espéré sans oser trop y croire, se passe de toute explication. Tant pis si, pour un regard extérieur, quelqu'un qui ignorerait nos histoires ou nos liens pour ne savoir que les apparences, cela parait tout sauf logique.

Si discret qu'il se montre pour ne pas briser cet instant, le retour de Spirit est ce qui me rappelle à la réalité. & malgré sa désapprobation visible, je me détache doucement des bras de Maxwell pour le suivre, partant m'agenouiller auprès de mon fils pour me pencher de nouveau vers sa cheville. Il faut tout de même un regard appuyé en direction du Métalosse pour que celui-ci daigne me donner le matériel qu'il a été me chercher, non sans râler longuement dans mon esprit sur mon inconscience ; mais je n'y prête pas attention, car malgré tout je sais qu'il ne m'aurait jamais vraiment empêchée de m'occuper de Tommen. Il sait qu'il ne peut en être autrement, après tout. Après tout, il fait partie des quatre pokémons qui l'ont connu, qui m'ont connue comme mère. Lui, Ziggy, Brasier, & évidemment ma belle Minuit. Quoiqu'on puisse désormais ajouter à cette liste la jeune Sakura, connaissant les moindres de mes souvenirs depuis qu'elle & moi avons forgé un lien mental aussi puissant que celui que je partage avec le Métalosse. Je n'ai pas pour deuxième spécialité les pokémons psychiques pour rien après tout, mon esprit y est très sensible & réceptif, & pour le coup elle & moi formons vraiment ce qu'on nomme un "match parfait". Enfin, là n'est pas le sujet, bien entendu. Sans un mot, ignorant les protestations vaines de Spirit qui n'y croit pas lui-même, je m'applique à masser la cheville de mon fils à l'aide d'une crème adaptée, tâchant de passer outre sa douleur visible.

Car il a beau rester aussi silencieux que possible, digne fils de ses parents qu'il est, la fatigue l'empêche tout de même de l'être réellement, il n'en est pas non plus moins crispé de douleur, & même le soutien silencieux de Brasier, Desmond & Daniel le Braisillon ne sont pas suffisants. La blessure n'est pas anodine après tout, & il a forcé dessus, pour fuir Pierz sans doute. Cela n'a pas aidé ; bien au contraire, même. Sa cheville n'en est que plus enflée, & ne mettra que plus longtemps à guérir. Mais il n'avait pas le choix, & je le sais parfaitement. Je n'irai pas émettre la moindre critique ni le moindre commentaire, & croyez-moi que le premier qui s'aviserait de le faire aura aussitôt à faire à moi. Ce serait que cette personne ne saurait rien de ce qu'est le fait de devoir échapper à un danger plus grand, de devoir sauver sa vie quitte à en souffrir. Ce serait que cette personne ne sait pas ce qu'est la vraie Vie ; une lutte de chaque instant. Tommen se détend visiblement lorsque la crème commencé à agir, & surtout que je cesse de masser sa cheville pour l'entourer précautionneusement d'un bandage appliqué. Un geste familier & presque automatique, pourtant j'y mets toute ma concentration, car il a bien assez souffert, car je ne veux pas en rajouter. Si je vois son regard noisette, enfin plus paisible, se poser sur Maxwell? Absolument. J'ai déjà décelé sa curiosité à plusieurs reprises depuis tout à l'heure, & je sais que l'avoir deviné aussi proche de moi l'intrigue grandement. Qu'il se doute que, distante & secrète que je peux être, je n'aurai pas parlé de ma famille perdue à n'importe qui, ni laissé le premier venu m'approcher assez pour gagner mon amitié après ce drame qui ne peut que m'avoir brisée. Je ne suis donc pas surprise le moins du monde lorsqu'il prend la parole, quelques brèves secondes après que je me sois emparée de la bande. La faiblesse & l'épuisement font cependant encore hésiter sa voix, tout comme cette douleur que je ne peux malheureusement toujours pas lui épargner totalement.

- Excusez-moi Maxwell.. Puis-je savoir qui vous êtes.. Vraiment?

J'imagine que ça doit vouloir dire "hormis votre prénom", qu'il est au moins aussi curieux de savoir pourquoi Max l'a mené directement ici.

fiche by Nighty Jaegan, alias Rayquaza.

SAVE OUR SOULS

Ce geste était empreint de douceur, et bientôt la chaleur de mon amie m'enveloppait, venait s'ajouter à la lourdeur créée par la fatigue. Je pouvais sentir que ma mission ici était terminée, que j'avais dépassé de loin mes limites, et qu'à présent je devais penser à moi maintenant que je savais tous mes proches en sécurité. J'ignore si elle se rendit compte de la pesanteur de mon corps, soudain, ou de mes quelques tremblements qui venaient me surprendre au niveau des mains. Tout l'énergie que je possédais s'échappait lentement de moi. Je surpris le regard inquiet de Tarek, qui lorsque l'Hôte de Pension se leva, prit place près de moi. Sitôt sa présence contre moi que je ressentis avec insistance le poids de son angoisse. Il prunelles rouge sang me scrutaient avec tant d'intensité que je peinais à soutenir son regard. Je le fuis rapidement pour reporter mon attention sur Yasmina, qui dus combattre un peu son Métalosse afin que celui-ci accepte sa collaboration aux soins envers son fils. Une scène qui m'amusa quelque peu, mais sur laquelle je n'émis aucun commentaire, souhaitant simplement voir le garçon se remettre vite de cette blessure. Je me doutais bien que bien d'autres, invisibles, prendraient beaucoup plus de temps à guérir, et peut-être ne s'estomperaient-elles jamais véritablement. Pour mon amie, ma confidente, il s'agissait peut-être d'un répit dans ses ténèbres, dont je n'avais entrevu qu'une seule partie, et qui pourtant me terrorisaient.

Je sursautai lorsqu'une voix, encore peu familière, vint briser le cours de mes pensées dénudées de sens. J'avais perdu toute notion du temps, pris dans un état lunatique qui ne me correspondait guère. M'étais-je assoupi? Je n'aurais su le dire, mais je réintégrais ma réalité avec fatalisme. Je ne pouvais plus continuer ainsi. J'avais besoin de boire et de m'allonger au frais, de me reposer. Mes pauvres jambes me brûlaient et je sentis mes mâchoires se crisper alors que me levais, tant bien que mal, pour m'approcher du garçon en lui tendant la main de façon officielle. Nous n'avions été présentés que dans l'ardeur du moment, et je me doutais aisément que mon nom ne devait pas lui en apprendre beaucoup sur ce que je pouvais bien représenter aux yeux de sa mère. Je n'aimais pas bien me définir, pas avec des mots du moins. La Coordination exprimait mieux que ce j'étais que quelques paroles insignifiantes, et je cherchai longuement quoi lui dire. Intimidé peut-être par ce qu'il était lui, c'est-à-dire le fils d'une proche amie. Il ne fallait pas oublier que sous mes airs distingués se cachait une étonnante timidité.

«Maxwell Young, maître Coordinateur et éternel rêveur. Ami de ta mère, et pas conséquent le tien aussi.»

Je lui offris un sourire qui, dans les circonstances, m'apparaissait très courageux. Je me touchai le front, toujours perlé de sueur. Bouillant. Ma bouche était sèche si bien que je soupçonnais l'installation prochaine d'un désert artificielle en cette région de mon anatomie. Comme je n'avais pas tendance à faire de l'humour, je m'inquiétais de plus en plus de mon état qui, dans les dernières semaines, n'avait jamais atteint un tel niveau de malaise. Je me retournai vers Mina, soupirant un peu. Dire que je me sentais si bien ce matin, prêt à parcourir la forêt d'Érode en compagnie de mes Pokémon. Alors qu'à présent je doutais même de savoir me faire à manger. Tarek me rejoignait. Son regard était rivé sur l'Hôte de Pension, comme s'il tentait de lui faire comprendre quelque chose, quelque chose dont je n'arrivais pas à percevoir le sens. Refusant de m'en soucier, j'hochai simplement la tête en direction de Mina, avant de lâcher:

«Je vais vous laisser, vous tous. Je fatigue, et puis vous aurez beaucoup de choses à vous dire, j'ai l'impression.»

Save Our Souls.
PV Maxwell Young, PDV Mina, 13 juillet.

Tournant le dos à Maxwell alors que Tommen formule cette question, je l'entends seulement se lever, mais ne vois pas sa vague crispation ; seule une brève étincelle dans le regard de mon fils, qui a toujours été observateur, m'en alerte sans que je ne sois capable de deviner ce qui a pu être à l'origine de cela. Minuit, depuis quelques instants revenue se percher à sa place habituelle sur mon épaule, n'en a rien vu non plus. Ainsi nous ne pouvons que rester toutes deux concentrées sur mes gestes précautionneux autour de la cheville du garçon dont j'achève bientôt le bandage, & attendre. Au fond, elle comme moi nous doutons bien de ce qui a pu provoquer cette étincelle, n'est-ce pas? La faiblesse de Max, nous ne l'avons pas manquée, ni l'une ni l'autre. Qui plus est même si, ayant le sang relativement froid, les autres me paraissent souvent brûlants, il m'a semblé bouillonnant de fièvre.. Mais là je ne pouvais avoir de certitudes, justement à cause de la froideur de ma peau comparée à la majorité des gens. Plus cela va, & plus mon inquiétude pour lui grimpe, venant se mêler à la joie de retrouver mon fils ; sans l'atténuer, heureusement, mais restant tout de même bien présente & insistante. La main qu'il tend à Tommen en nous rejoignant me semble tremblante, & si j'esquisse un léger sourire en coin devant la manière dont il se présente, une part de moi est plus sombre & troublée, mais ce n'est guère le moment n'est-ce pas?

- Un ami précieux, alors..

Trop épuisé malgré lui pour répondre plus que cela, mon fils se contente donc sur ces mots d'accepter la poignée de main offerte par Maxwell, esquissant une réplique de mon emblématique sourire en coin dont il a hérité. Ce sur quoi le Maître Coordinateur, dont je vois cette fois clairement l'air éreinté & faible, annonce son intention de partir, pour nous laisser l'espace de nous retrouver & pour aller se reposer ; au moins admet-il de lui-même que cela lui est nécessite, c'est toujours ça.. Si j'avais été du genre optimiste, cette pensée m'aurait sans doute suffit, mais je ne le suis pas & ne l'ai jamais vraiment été, ayant toujours eu plus tendance à voir le négatif qu'à me gorger vraiment d'Espoir. L'Espoir me fait peur, en un sens, car le voir déçu est souvent dévastateur. & les rares espoirs que je me suis vraiment autorisée ont fini par me briser lorsqu'ils sont partis en cendres ; mon quasi pessimisme, ma neutralité froide, sont autant de barrière de protections pour envisager le pire. Même si parfois, comme lorsque je savais avoir finalement une chance de retrouver un de mes enfants en vie, ou maintenant face à la fragilité claire de mon ami, envisager le pire est juste.. Inenvisageable, justement. Impossible, car trop destructeur. Le soulagement que cela soit peut-être évité au final ne serait pas suffisant à m'en relever. Pourtant..

Pourtant même en refusant de formuler clairement ces possibilités en tête, j'ai peur en cet instant, véritablement peur ; & c'est cela qui me fait dire qu'envisager le pire serait cette fois comme quelques rares autres plus dévastateur que salvateur. La dernière fois que j'ai vu un humain présenter pareils symptômes après tout, c'était maman il y a six ans.. & l'explication n'en était guère plaisante. Inquiétante, même. & pour m'inquiéter, je n'ai guère besoin du regard insistant de Tarek, même s'il est certain que cela n'arrange rien ; il en sait plus que moi sur l'état intérieur de son dresseur, après tout. Mais malgré cela, les souvenirs de la maladie de ma mère, de notre crainte de la perte, de sa longue lutte & la convalescence infinie.. Sont amplement suffisants pour que les seuls symptômes que je discerne soient déjà fort angoissants. Ce pourrait n'être rien, mais mon "optimisme" naturel ne m'aide pas vraiment à m'en convaincre, surtout lorsque mon réalisme s'en mêle pour ajouter que ce serait tout de même une incroyable coïncidence. Pourvu que je sois paranoïaque! Arceus, je souhaite réellement me tromper, avoir fait les mauvais liens ou mal vu. Mais comme je le disais, le regard insistant de Tarek n'arrange rien. Là où j'étais déjà inquiète par mes simples observations & déductions, j'ai la certitude désormais de n'être pas seule à être alarmée ; & que l'autre soit un Gallame n'est pas anodin, soit dit en passant. Cela donne quelque chose de fondé à mes impressions, & ce n'est guère encourageant.

- Commence par aller voir Melinda.

C'est en accrochant le regard d'améthyste de mon ami que je prononce ces mots, pas vraiment un ordre même si mon ton n'est pas de ceux qui laissent vraiment le choix, mais plutôt une requête. Une requête emplie d'une inquiétude sincère, d'une quasi supplique transmise uniquement par mon regard plus expressif qu'à l'accoutumée ; je ne mentionne pas le s'il-te-plait qui aurait brisé ma voix, mais il est implicite, presque criant dans le silence. Les regards sont plus parlants, plus discrets également puisque lorsqu'on se connaît assez bien on peut en faire tout un langage muet que les autres ne comprennent pas. Mais c'est aussi pour garder un ton ferme que je me contente d'œillades aujourd'hui, pour rester forte, le pilier si nécessaire. Qu'il sache que je suis là quoiqu'il arrive, parce qu'il m'est réellement un ami très cher.

fiche by Nighty Jaegan, alias Rayquaza.

SAVE OUR SOULS

Je détestais ce changement d'air que je perçus aussitôt sitôt ces quelques paroles prononcées. L'air était saturé d'une sorte d'émotion, une inquiétude palpable que je pouvais presque tenir entre mes doigts tellement elle prenait vie autour de moi. Émanant en grande partie du Gallame à mes côtés, dont le filtre à émotions semblait brisé depuis quelques minutes. Je pouvais tout sentir de son angoisse, de sa colère, une colère bien réelle envers moi que je ne sus d'abord interpréter, et qui vint simplement ajouter à mon agacement. Car il n'était pas le seul à s'en faire. Mina et son fils me regardaient à présent, et je pouvais sentir leur tension, surtout chez l'Hôte de Pension. J'ignorais ce qui se tramait sous son crâne, quelle hypothèse macabre elle formulait pour elle-même. Il y avait dans sa voix une dureté qui s'approche presque de l'ordre. Une insistance puissante qui, malheureusement, ne provoqua chez moi que d'avantage de colère. Contaminé peut-être par le ressentiment de Tarek à mon endroit, je me sentais excédé et sur le point de hurler. Je détestais qu'on s'inquiète pour moi, surtout au sujet de ma santé. Je n'étais pas au bout de mes peines de côté et j'avais déjà subit bien des maux. Mes proches devaient s'habituer à cette idée. J'avais vécu l'extrême pauvreté, et avec elle toutes ces carences. Il était un miracle déjà que je tienne debout encore à vingt-neuf ans, mais à cet effet j'avais eu de la chance, beaucoup de chance.

Cette chance s'appelait Pasqual, et sans lui je serais mort il a longtemps. Les maux de la chair m'indifféraient presque à présent, même si je haïssais profondément me sentir faible et impuissant, de devoir demander de l'aide. Une sorte de fierté, j'imagine, la fierté de celui qui s'est battu toute sa vie sans rien espérer pour lui. J'étais un homme bien différent de celui que parti jadis d'Amanil en quête de lui-même, mais je portais encore le fardeau des abus dont il avait été victime. Et en croisant le regard de mon ami je m'hérissai, incapable de la voir s'inquiéter à mon sujet. C'était une idée insupportable qui me fit presque regretter d'être au monde. Je refusais de voir les autres souffrir par ma faute, même si je n'y pouvais rien. Le silence se fit dans la grange tandis que je tentais de reprendre le dessus sur moi, pour finalement soupirer, las et fatigué. Trop fatigué pour protester dans un combat perdu d'avance. J'étais en forte infériorité numérique, ici, et nul doute que le seul à m'appuyer parmi mon équipe aurait peut-être Turbo qui, dans sa grande loyauté, n'aurait pas supporté que l'ont se ligue contre moi ainsi. Je reconnaissais sans mal qu'il ne s'agissait en rien d'une mutinerie, que le choix m'appartenait toujours, et que les paroles de mon amie provenait d'une inquiétude et d'une affection sincère. Et pourtant, je rageais.

«Demain, promis.»

La douceur présente dans ma voix me surprit moi-même. Je reportais au lendemain car je ne me sentais pas la force d'affronter ma bonne amie pour aujourd'hui. Je n'avais qu'une seule envie, c'était de me coucher et de me reposer. Une intervention de ma médecin pouvait bien attendre au lendemain.

«Ce fut un plaisir de faire ta connaissance, Tomy. Nous nous reverrons sous peu.»

Sur ce, je fus transporté à la maison. Tarek m'avait mené dans le petit salon, celui où j'aimais beaucoup lire. Je me posai contre le premier sofa, sentant le mal-être m'envahir de plus en plus. Maintenant que je n'étais plus distrait de mes symptômes, je les retrouvais en grinçant des dents. J'allais appeler une de mes domestiques, quand Gloria elle-même entra dans la pièce.

«Monsieur? Vous allez bien?»

Elle portait dans ses mains un Oeuf, offert par Damien. J'ignorais pourquoi il avait pensé à moi ainsi, mais j'attendais impatiemment de découvrir ce qui s'y cachait. L'Oeuf brillait de façon régulière, ce qui me laissait penser que le bébé naîtrait dans les minutes à suivre. Me redressant avec difficulté, je lui pris l'Oeuf des mains.

«Je vous en prie, Gloria, pourriez-vous m'apporter des serviettes et de l'eau? Oh, et un peu de lait pour le bébé.»

Elle quitta aussitôt, non pas sans m'avoir adressé un regard inquiet. Lorsque je fus seul en compagnie de l'Oeuf et de Tarek, il se mit à briller pour de bon, avant de prendre la forme d'une pouliche. Un jeune Ponyta reposait sur mes genoux, hennissant avec énergie. En voilà un qui était en parfaite santé. Il le serait pour nous deux.

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