Je crois que descendre de l’avion ne m’avait jamais autant soulagé. La première chose que je fis fut de m’étirer comme je le pus (je suis sûr d’avoir entendu plusieurs craquement au passage). Pouvoir enfin respirer de l’air frais était vraiment apaisant. En parlant de ça… Je massais avec un petit grognement mes joues endoloris par la joyeuse grand-mère qui se trouvait à côté de moi. Plus jamais une grand-mère qui n’a pas vu son petit-fils depuis des lustres. Je ne tenterai plus l’expérience. Surtout lorsque je vois le manque de soutien de la part de Sata qui me lance des regards moqueurs. Je lui lance un regard noir, et il détourne la tête en se léchant les babines. Traître va. Il avait assisté à toute la scène. Depuis mes genoux, il m’avait lâchement abandonné en faisant semblant de dormir. D’ailleurs c’est à cause de lui qu’elle m’avait abordé. Autant dire que la petite sieste que je voulais faire avait été largement compromise.

« La prochaine fois tu m’aides ou c’est pokéball direct, compris ? »

Le regard qui me répondit était un flagrant « fais-le, si tu l’oses ». Ce pauvre pokémon me connait trop bien. Il sait très bien que je ne peux rien lui refuser. Saleté. Bon nouveau problème. Comment je me repère là ou je ne connais absolument rien ? Déjà ce serait pas mal que je sorte de l’aéroport. Et puis au pire, je laisse Sata décider pour moi. Avec son instinct, on trouvera bien un endroit. Ou je sors la carte que j’ai achetée au préalable… Oui ça c’est une bonne idée. J’allais m’assoir sur un banc et Sata s’allongea devant mes pieds. C’est ça, profite pendant que je galère. Déjà trouver la carte dans mon sac et sans le vider si possible. Bon. Je crois que je vais devoir le vider. Regardant discrètement si personne n’est autour, je retourne le sac et le secoue violemment au-dessus du banc. Je n’ai pas envie d’y passer la journée dans cet aéroport. Tout s’écroule sur le banc. Note à moi-même : n’emporter que le nécessaire. Je ne suis pas certain que le rumicube l’était. Finalement à force de fouiller un peu partout, je mets la main sur cette carte tant attendue. Puis je remets tout mon bazar dans le sac. Cette fois je n’ai pas le temps de ranger. Alors sous l’œil amusé du Malosse, je déplie enfin cette carte.

« Voyons… Alors, on est… là et on veut aller… Attends c’est où les inscriptions pour la compét’ ? Je reçois un regard désespéré. Ah si c’est à Amanil… Ah bah on y est alors ! Allez c’est parti ! »

Sortir de l’aéroport est plutôt simple, il suffit de suivre les panneaux. Et ça c’est encore dans mes capacités. Encore heureux d’ailleurs. Trouver le centre d’inscription a été plus difficile mais Sata a finalement choisi d’aller chercher un passant. Croyez moi quand vous avec une bête avec ce genre de crocs en face, vous n’hésitez pas à filer un coup de main si on vous le demande. Du coup, on nous a bien gentiment indiqué où nous devions aller et c’était vite plier. C’est bien ce que je disais. S’il m’aidait plus souvent ce serait beaucoup plus simple mais bon, cette tête de mule n’entendra jamais raison alors… Une fois dans le bâtiment, je repère vite le comptoir et à ma tête d’étranger ainsi qu’à la vue de Sata, la réceptionniste a tout de suite compris pourquoi je venais la voir. J’aime bien ce genre de gens qui réagissent vite. Je suis content de ne pas être tombé sur une cruche pas capable d’aligner deux mots et qui mets deux plombes à faire ce que l’on attend d’elle. Suivant ses consignes, je remplis son formulaire sans rechigner bien que je le trouve bien long à remplir. Sata renifle le papier avec dégout avant de s’en détourner.

« Hé je te signale que c’est pour t’aider à progresser ! Donc si tu n’es pas content, on rentre ? »

Je n’en ai aucune envie, mais je parle à Sata. Un malosse pur souche qui bien qu’ayant une grande affection pour moi, aime bien faire ce qu’il veut quand il veut. Il me regarda puis posa sa tête sur mes genoux en signe de soumission. Je le tiens quand je lui parle de devenir plus fort. Il n’est pas forcément égoïste de vouloir ça, c’est aussi pour moi qu’il veut avancer. Je continue de noter tout ce que l’on me demande. Une fois fini, je retourne donner le formulaire à la femme derrière le comptoir. Elle le prend avec un sourire et le parcours rapidement des yeux avant de s’arrêter devant une certaine partie. Elle se prend elle-même une feuille ou elle coche certaine case, puis finalement me lance un petit « je reviens » avant de passer une porte.

« - Dis tu crois qu’elle va faire quoi ? On n’est pas recherché dans le pays quand même ? On vient d’arriver ! »

Sata non plus ne sait pas mais n’a pas l’air paniqué. Je me fis donc à ses instincts. Finalement, après quelques minutes qui se sont lentement écoulé (en même temps on a vite fait le tour du comptoir), la réceptionniste revient avec un œuf qu’elle me tend. Je le prends en fronçant les sourcils puis la regarde avec incompréhension.

« - Votre inscription a bien été prise en compte. Vous recevez donc cet œuf pour pouvoir juger de vos capacités à élever un pokémon qui n’était pas prévu dans votre équipe. Ce pokémon a été choisi en fonction de vos informations. Voilà, c’est tout je crois. Bonne chance ! »

Hébété, je pars à reculons. C’est quoi leur problème aux gens ? Je ne suis pas une poubelle à pokémon ! D’abord le psychologue, maintenant la réceptionniste… J’ai une tête à sauver des pokémons ? Bon si j’ai bien compris, ici, c’est obligatoire mais tout de même. Maintenant je me retrouve avec deux pokémons inconnus. Génial. Comme si je n’en avais pas assez. Le seul point positif, c’est que maintenant j’étais enfin inscris. Ce qui signifiait donc pas de retour en arrière. Sata sur les talons, je me dirige vers le centre pokémon d’Amanil qui se trouve être, par chance, au même endroit que les inscriptions. Même si j’étais ravie de quitter ma terre natale, d’un autre côté, me retrouver ici, dans l’inconnu ne me rassurait pas énormément.

Mais bon, voilà, la compétition était lancée. Même si je le souhaitais, je ne pourrais pas revenir en arrière.