De l'importance de la fuite dans la survie
Évolution de Tsubaki, partie 1
« … NATSUME SHIMOMURAAAA ! »À l'instant même où le cri rageur de Faust parvient à ses oreilles, l'éleveur sait qu'il est déjà mort. Il est foutu, tout simplement. Ses yeux s'écarquillent lentement tandis que sa main s’immobilise et qu'il cesse subitement de plancher sous ce maudit exercice théorique ; au diable ses cours par correspondance puisqu'il n'allait pas tarder à rendre l'âme. Il ne sait pas du tout ce qu'il a fait (pour une fois), mais il pressent qu'il a dû commettre quelque chose de tout particulièrement stupide pour que le conseiller se mette à l'appeler d'une façon aussi brutale, et ce en restant deux étages en dessous de lui. Il faut dire que lorsque Natsume entend son nom complet être prononcé comme ça, cela lui fait l'effet d'un électrochoc et il assume automatiquement qu'il est dans une merde noire. On pourrait presque voir ses oreilles de lapin, s'il en avait eu, se rabaisser sur son crâne à la manière d'un faible animal terrorisé se faisant tout petit pour ne pas être remarqué. C'est en quelque sorte un autre de ses points faibles ; faites ça et vous aurez alors son attention la plus complète. Bon, par contre, bon courage pour le persuader que vous n'allez pas le torturer avant de le découper et de jeter son cadavre dans une poubelle d'une allée sordide des environs. Un poil nerveux sur les bords, le lapin ? Ben oui, mai si l'on se met à énoncer des évidences, on en aura pour la soirée.
Le cœur battant soudainement plus vite dans sa poitrine, il lâcha son stylo et posa un regard hésitant, empli d'une certaine frayeur, vers la porte ouverte de sa chambre. Il déglutit fortement, sentant venir arriver sa fin, et jeta ensuite un coup d’œil vers la fenêtre en se demandant si fuir maintenant serait une bonne idée. Oui oui, il avait même en tête l'idée de faire sortir sa Tropius de sa ball pour fuir le courroux du conseiller par les airs, et ce malgré son vertige qui n'est décidément plus un secret.
« NATSUME, DESCENDS ! »Malheureusement, l'enfer n'aura plus jamais impitoyable que Faust et l'adolescent grince des dents avant de se lever, presque livide. Si cette réaction n'était pas si ridicule, elle serait presque inquiétante, et il ne remarque même pas que Tsubaki le suit alors qu'il descend les escaliers comme un condamné parcoure le couloir de la mort avec 'la marche funèbre' en fond musical. Sur le chemin, il croise Isaac qui grimace fortement en le voyant et marmonne un 'bon couraaaaage' avant de se diriger vers sa chambre, souhaitant probablement éviter Faust et sa colère. L'angoisse croissante en lui se fit plus intense, et son cœur rata un battement tandis qu'il tentait de comprendre ce qu'il avait pu bien faire de si horrible pour provoquer un tel énervement du plus âgé des hérissons.
Alors, même si il a plus envie de demander à Kaito de l'emmener trèèèèès loin d'ici plutôt que de descendre (et de toute façon, le Kadabra aurait refusé, chieur qu'il était), il serre les dents et se rend au rez-de-chaussée tout en faisant mentalement son testament.
C'est avec surprise qu'il constate que Faust ne l'attend ni au salon, ni dans la bibliothèque. Puis, alors qu'il jetait un regard circulaire dans le salon pour chercher son cousin, une odeur familière lui monta aux narines et il fronça les sourcils. Ce parfum de légumes et de sauce soja, il le connaissait, alors qu'est-ce qui... ?
... Oh. Oh oh. OH OH.Avec une précipitation presque comique, il coure vers la cuisine et s'immobilise devant le spectacle qui s'offre alors à lui une fois arrivé devant la porte ouverte. Nom de dieu d'Arceus de merde, Natsume n'en revient pas. Ses yeux, rendus aussi gros que des balles de ping-pong et son visage médusé lui donnent une apparence ridicule, en contraste avec le mélange de terreur totale et d'épouvante qu'il ressent actuellement. Son regard se pose sur le champ de bataille qu'est devenue la cuisine ; couverte d'eau, presque inondée, recouverte de bouillon et de légumes ainsi que de pâtes, c'est actuellement plus un stand de dégustation à même le sol qu'autre chose.
Natsume cherche à comprendre comment les pâtes ont pu finir éparpillées au sol et gorgées d'eau ainsi, sachant qu'il les avait laissé au sec dans une assiette à côté de l'évier en attendant que le bouillon ait fini de cuire.
Visiblement, il avait un peu oublié qu'il était en train de préparer des ramens, soit le seul plat chaud qu'il pouvait actuellement réussir à concocter sans provoquer d'intoxication alimentaire à ceux qui y goûtent, faire brûler ou exploser quelque chose. Il avait momentanément zappé ce léger détail, et du coup, ce qui devait arriver était arrivé ; l'eau était montée peu à peu jusqu'à déborder. Les pâtes, toutefois, attisaient sa curiosité. Elles auraient attisé son appétit si il n'avait pas lamentablement foiré son coup, se disait-il en se lamentant presque.
« Le robinet. Tu l'avais laissé ouvert au max. »La voix de Faust finit par le tirer de son observation et il grimaça fortement, reconnaissant cette intonation doucereuse qui ne laisse présager rien de bon pour l'éleveur. Il constate que oui, l'assiette dans laquelle il avait laissé les pattes est aussi tombée, vu les bouts de porcelaine éparpillés dans toute la pièce. Visiblement, l'eau était remontée jusqu'au bord de l'évier, qui avait été bouché bien évidemment parce que Natsume y avait laissé des pommes de terre (un de ses 'trucs' à ajouter en haut des ramens, juste pour la forme), et la gravité faisant, badaboum. Ouais, les descriptions de la narratrice sont achetées au Carrefour du coin.
L'éleveur avait encore du mal à croire à ce qu'il voyait. Même Tsubaki, en s'apercevant de ce désastre, grimaça et retourna derrière les jambes de son dresseur, bien qu'elle déplorait intérieurement le sort affreux de ces pauvres petits légumes. Bien des carottes, des poireaux et des pousses de bambou avaient péri pour un résultat aussi discutable. Ah, les pauvres veuves et orphelines que cette guerre cruelle et impitoyable avait fait !
« Doooonc ? Tu me donnes une raison de ne pas t'écorcher vif dans la MINUTE ?! »Et c'est comme ça qu'il va mourir, il le sait. Faust n'aurait qu'à saisir un couteau à deux mètres de lui, le lui planter dans la gorge et le laisser s'étouffer lentement avec son propre sang, pour qu'il s'écroule au sol aux côtés des légumes sacrifiés sur les autels de sa distraction et de sa bêtise. Oui, voilà, c'est là son sort, et son cadavre sera ensuite carbonisé par les flammes de Dalhia qui...
« Natsume Shimomura, je te PARLE ! »Bzzzt. Effet magique, qu'on vous dit. L'adolescent reporta son attention sur Faust et quitta ses rêveries stupides. Les rouages dans son cerveau se mirent à faire de la fumée à force de tourner aussi intensément, car il cherchait actuellement une solution à son problème. Et pourtant il ne lui vint qu'une phrase à l'esprit, et c'est celle-ci qui sort de sa bouche avant qu'il n'ait pu réfléchir deux secondes et se censurer.
« Parce que t'es pas cap ? »Viouuuups. C'est le genre de moment où Natsume se rend compte trop tard de ce qu'il vient de dire, et ses yeux s'écarquillent tout autant que les sourcils de Faust se froncent, ce qui est décidément mauvais signe. Un rictus mauvais finit par étirer les lèvres du conseiller, et celui-ci ouvrit alors la porte du frigo en gros avant de... Jeter un œuf dans la tronche du lapin. L'objet percuta le front du Shimomura et son contenu s'étala sur tout son visage, ce qui lui fit pousser un cri, mélange d'indignation et de surprise, avant qu'il ne s'essuie brièvement d'un coup de main. Il fixa le conseiller avec un air ébahi, mais reçut en réponse un sourire sadique et un regard brillant de malice pure. Oui, Faust était sérieux. Et vu qu'il venait de prendre le pack d’œufs dans ses mains, il avait bien l'intention de lui faire regretter son insolence et de lui mettre la raclée de sa vie.
Natsume, stupide comme il était, n'eut pas le réflexe de reculer et de prendre la fuite (pour une fois qu'il en a vraiment besoin, pourra-t-on dire avec un côté quelque peu langue de vipère), et resta donc planté là. Ainsi, il était évident qu'il allait se prendre les deux œufs qui arrivaient actuellement vers lui... Sauf que des feuilles aussi tranchantes et vives que des flèches vinrent trancher en plein vol les projectiles, et ceux-ci se répandirent au sol sans avoir touché le japonais. Natsume se retourna pour constater avec énormément de surprise qu'il n'y avait plus une Bulbizarre à ses côtés, mais une Herbizarre à l'air ravie. Tsubaki se frotta doucement contre sa jambe en un signe d'affection, que le lapin aurait rendu si la situation n'était pas si compliquée ; il grimaça en imaginant ce qui suivrait si il se faisait attraper.
« Tsuba, j'apprécie le geste et tout, mais ce n'est pas le moment de traîner ! COURS ! » beugla-t-il avant de se retourner et de prendre enfin la poudre d'escampette, suivi de ladite Tsubaki.
Faust, lui, crut bon de courir aussi, sauf qu'à cause de tout ce qui traînait au sol, il trébucha et se ramassa comme un étron. Sur le mélange d'eau, d’œufs, de bouillon, de légumes et de pâtes. Autant dire qu'à ce niveau, lorsqu'il releva la tête avant de s'essuyer le visage d'un mouvement rageur pour ensuite fixer la porte par où était sorti Natsume d'un air tout bonnement meurtrier et glaçant, cela voulait dire que la guerre avait été déclarée. Il se montrerait absolument impitoyable et tirerait la victoire de son ennemi en lui faisant implorer la défaite à ses pieds, par d'Arceus !
Natsume devait avouer qu'expliquer une heure plus tard à Katya pourquoi il y avait des traces d'oignon écrasé et d’œufs sur le mur fut compliqué.