Différends familiaux II

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Penser à autre chose est difficile, mais l'arrivée soudaine de cette Pikachu à l'air blessé lui facilite légèrement la tâche : avec un certain égoïsme, il est presque content d'avoir au moins quelque chose à faire maintenant. Il ne demande pas dans l'immédiat à Kaito de lui expliquer la situation, et laisse ses yeux inspecter les différentes blessures de la souris pour comprendre à peu près à quoi il a affaire. Il n'a pas à regarder longtemps toutefois ; vu la façon dont la Pikachu titube et le fait que le Kadabra doit la maintenir, en plus de la trace bleutée tournant au violet au niveau de la jambe gauche de la souris, il n'y a pas à douter longtemps. Natsume grimaça, et s'approcha avec lenteur avant de s'accroupir pour se mettre à niveau des deux pokémon et obtenir la permission de la Pikachu pour la porter dans ses bras. La souris le dévisagea, l'air méfiante, mais Kaito la rassura d'un signe de la tête et l'éleveur pu enfin commencer son travail. Le lapin porta la Pikachu avec douceur et s'approcha d'une pierre allongée pour y coucher la souris. Il inspecta la plaie avec une grimace et manqua de soupirer en constatant qu'il y avait de nombreuses échardes implantées dans la peau, signe évident que la femelle avait dû percuter un arbre, ou du moins s'y griffer. Il jeta un regard interrogatif à Kaito qui lui montra mentalement une image où l'on pouvait voir la Pikachu rencontrer brutalement l'arbre à cause d'une attaque Rafale Psy à la puissance non maîtrisée.

En grommelant, il se rendit compte qu'il ne pourrait pas utiliser une pince à échardes en métal à cause de la possibilité d'un choc électrique, en plus du fait qu'il aurait besoin de gants en latex ; si la douleur du traitement provisoire faisait réagir la Pikachu, la réaction serait peut-être des plus désagréables pour lui. Mais Kaito comprit bien vite, et se téléporta rapidement dans la chambre de l'adolescent pour récupérer le plus discrètement possible des gants et le nécessaire. Natsume aurait pu rentrer maintenant ou aller voir Mina, mais cela aurait potentiellement inclus de se faire cramer quant au fait qu'il était dans un état émotionnel tout à fait discutable.
Du temps que le Kadabra parte, Natsume a sorti une ball de sa ceinture et en a libéré Freya, sa Rafflesia. Celle-ci s'étonne un peu de cette sortie inopinée, mais comprend bien vite en voyant la Pikachu ; sur le coup, elle ne fit que jeter un regard confus vers son dresseur en voyant ses yeux rougis, mais le lapin, d'un signe de la main, lui indiqua qu'il y avait plus pressé à l'heure actuelle.
Il remercia le Kadabra d'avoir ramené une trousse de secours, et l'ouvrit en tentant de calmer son cœur qui battait la chamade. C'est la première fois qu'il fait quelque chose de pareil en vrai, en réalité. Avant, il avait la théorie. Rien de bien concluant, mais là... C'était tout autre chose.
Il enfila ses gants et porta un regard doux vers la Pikachu.

« Il va falloir que Kadabra te maintienne. Ne panique pas, d'accord ? »

La souris hocha de la tête, donnant ainsi la permission à l'adolescent d'agir. Natsume expira légèrement et se mit alors au travail, en commençant par retirer toutes ces maudites échardes, parce que mine de rien, les infections sont tout aussi graves qu'une jambe cassée, voir plus. À son grand étonnement, ses mains ne tremblent pas. Si son rythme cardiaque l'alerterait presque, il se rend peu à peu compte qu'il s'agit en fait plus de l'adrénaline. Alors il fait son travail, non sans grimacer devant le sang qui coule des éraflures ; il nettoie les plaies, puis passe du désinfectant et quelques bandages. Freya l'assiste en lui donnant le matériel nécessaire ainsi qu'en faisant usage d'Aromathérapi et Doux Parfum pour apaiser la Pikachu. Ils avaient du boulot, en tous cas.

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Si Natsume est du genre nerveux, c’est une toute autre histoire quand il travaille ; un calme méthodique et froid remplace sa capacité à angoisser naturellement et il lui est alors impossible de craquer sur le moment. Bien sûr, une fois fini, le ‘réveil’ est un peu brusque, mais pour l’instant, il est plus concentré sur ce qu’il fait que sur ce qui pourrait arriver. Alors qu’il achève de passer les derniers bandages avoir après méticuleusement inspecté les plaies, il entendit des bruits de pas se rapprocher, et confia d’un regard à Kaito le soin de s’en occuper, que ce soit un ennemi ou non, et de réagir en conséquence. Natsume ne cautionnait pas la violence, n’allez pas vous méprendre, mais il savait que si une créature agressive pointait le bout de son nez, il n’aurait d’autre choix que d’ordonner à son compagnon de les défendre comme il le peut. Il n’y a pas que lui ici, et il s’étonne de constater avec quelle facilité il entrevoit même cette possibilité.
Il grimace devant l’os fracturé ; cela, il ne peut pas le traiter comme ça. Il faudra qu’il aille directement voir Mina, et il n’a pas vraiment le choix quant à ce qu’il doit faire. Après avoir poussé un soupir las, il sortit de son sac une rapide ball vide et la posa à deux ou trois centimètres du visage de la Pikachu, cherchant son autorisation. Ses lèvres bougent d’elles-mêmes, et les mots qu’il prononce lui apparaissent comme si inhabituels qu’il a du mal à croire qu’il est celui qui les a dit.

« Je connais quelqu’un qui pourra s’occuper de toi, mais je vais devoir t’emporter avec moi pour la voir. Tu veux bien me faire confiance ? »

Il y a alors un silence, que le lapin respecte. Puis, après quelques instants, la Pikachu souleva doucement une de ses mains et la posa sur la ball avant d’être aspirée à l’intérieur. L’éleveur poussa un long soupir et passa une main dans ses cheveux, avant de se relever et de s’épousseter. Toutefois, un bruit brusque attira son attention et il cligna des yeux, avant de les écarquiller en voyant qu’un Pikachu était en train de narguer Kaito, comme pour le provoquer. Natsume grommela dans sa barbe inexistante et se pinça l’arrête du nez. Bordel de merde, à croire qu’il attirait tous les rongeurs du monde.

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On va dire que le destin se fout royalement de la gueule de Natsume, et ce n’est pas un mensonge du tout. Les Pikachus sont supposés être des pokémon rares, mais voilà qu’il les croise comme il croiserait des Rattatas ou autre Keunotors. Il s’en fiche toutefois, mais il doit dire qu’il est étonné de constater qu’il a ‘la chance’ d’en voir autant. Il apprécie les pokémon de type électrique, mais sans plus. De toute façon, il n’a pas l’intention d’accorder la moindre importance à ce Pikachu, et compte bien passer ce chemin, car vu que cette souris paraissait prendre son pied en se moquant joyeusement de Kaito… Bref, Natsume doutait de plus en plus de sa capacité à ne pas s’en mêler. Pourtant, il n’a vraiment pas la tête à ça aujourd’hui. Du tout, même. Si soigner lui a permis de penser à autre chose et de garder sa conscience fixée sur un point en particulier, il ne va toutefois pas dire qu’il en mène large, maintenant, bien au contraire. Il sent ses mains trembler mais se contient en reprenant de grandes inspirations et contrôle son corps qui céderait bien à la panique, toutefois, aussi humiliant que ce soit à admettre.

De toute façon, il refuse de se laisser aller. Alors il serre les dents et pense à autre chose, même si c’est dur. Néanmoins, les mots empoisonnés et affreux de son père le font encore et toujours grimacer, même si il les a entendu tous les jours depuis qu’il était enfant, et qu’il ne connait la paix que depuis qu’il est arrivé sur l’île. Il ne devrait pas s’occuper de ce qu’il dit, il le sait, mais c’est plus compliqué que ça, et à chaque fois qu’il tente de se convaincre que tout va bien et que ce que son paternel dit n’est rien d’autre que du poison, une autre petite voix dans son esprit lui murmure qu’il ne mérite rien de plus que ce traitement. Natsume soupira. La douleur dans sa poitrine ne disparait pas, et il ne s’était pas attendu à ce qu’elle s’évapore ainsi ; même si il désire plus que tout que la plaie se referme, il mentirait s’il disait qu’il s’attendait à ce que cela se fasse rapidement. Il aimerait aussi ne plus le laisser le traiter ainsi, mais même si son esprit et sa fierté se rebellaient à chaque fois qu’il prenait ses insultes en plein nez, c’était comme si la paralysie et la terreur s’emparaient de lui pour couper court à toute idée de réplique qui pourrait germer dans son esprit.

Il jeta un regard mauvais vers le Pikachu qui les considérait avec arrogance et mépris, agacé par ce comportement des plus déplaisants. La souris sauta de son perchoir lorsque Kaito lui envoya une Rafale Psy, esquivant ainsi l’attaque, et se rattrapa sur l’épaule de Natsume… Avant de glisser et de toucher une rapide ball par inadvertance et d’y être aspiré. Viouuuuups.

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« BORDEL DE MERDE, C'EST QUOI CET ACHARNEMENT AUJOURD'HUI ?! »

L'explication très polie qui vient de résonner dans les environs est bel et bien sorti de la bouche de Natsume. Excédé, fatigué et mis sur les nerfs par sa peine qui titille encore trop sa sensibilité déjà bien développée, il a en réalité plus hurlé par besoin de se défouler que réelle frustration quant au fait que le Pikachu ait été malencontreusement aspiré dans une rapide ball vide. Certes, perdre une ball et se retrouver à devoir gérer un pokémon qu'il n'avait même pas souhaité capturer parce que celui-ci, en le faisant chier, avait malencontreusement causé cette situation que Natsume n'avait vraiment pas envie de gérer. Du tout. Il avait assez de soucis comme ça pour l'instant, merci bien ; il n'avait pas besoin d'un Pikachu arrogant et chiant à supporter, même lors d'un laps de temps assez court.
En réalisant qu'il s'énervait peut-être trop vu que Kaito le fixait dorénavant d'un air assez surpris, et Natsume ne se rendit compte qu'en relâchant l'inspiration qu'il ne s'était pas senti prendre qu'il avait tellement fortement serré les poings que des traces d'ongles étaient dorénavant visibles dans ses paumes. Il grimaça et poussa un soupir exaspéré avant de saisir la ball et de l'inspecter d'un air agacé. Puis, après grommelé des mots si peu polis que c'en serait presque un crime de les prononcer, il rangea rageusement la sphère bicolore dans son sac : il était sûr et certain qu'il était parti pour un véritable casse-tête. Mais pour l'instant, il n'y en avait plus rien à faire.

« Pardon, Kaito, je... Je t'expliquerai tout à l'heure. Là, j'ai besoin de penser à autre chose. S'il te plait. »

Bien que le Kadabra n'a pas vraiment l'air convaincu et serait plus du genre à se poser des questions, il respecte toutefois la volonté de son dresseur ; si il est certes très curieux et relativement inquiet, il ne se permet pas, comme il l'aurait fait avant son évolution et la petite discussion qu'il a eu avec Natsume, de fouiller dans son esprit. Ce serait très facile, mais aussi un manque de respect et qu'il avait promis de ne plus jamais reproduire, avec dans sa tête une clause sur les circonstances exceptionnelles. Fallait pas non plus pousser le bouchon trop loin. Kaito hoche de la tête, et il s'apprête à chercher une activité amusante pour l'éleveur, mais du bruit attira leur attention.
Le japonais constata avec surprise qu'un Ratentif était en train de... Parler dans le vide, sur une pierre, comme si quelqu'un l'écoutait. Il resta confus, avant de pousser un soupir et d'aller s'asseoir sur une pierre couchée plus éloignée, et de sortir un bouquin pour se mettre à le lire.

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Soupir. À croire qu'il n'est plus capable que d'en produire à ce niveau, et cela l'excède d'autant plus se se savoir aussi facilement touché par les mots de cette ordure que de les entendre. Même les lignes de son livre ne parviennent pas à l'attirer dans ce petit monde de lecture qui, même si il peut le fatiguer de par les efforts nécessaires pour comprendre quoi il en retourne. Il voit les mots, mais il n'a pas envie d'en saisir le sens, ni même de chercher à les relier pour donner un sens aux phrases. Il n'avait pas avancé d'une seule page depuis tout à l'heure, et avait l'impression de tourner en rond, chose qui avait le don de le frustrer au plus haut point. Mais en même temps, sur le moment, tout l'agaçait. Que ce soit le Pikachu de tout à l'heure ou le Nirondelle qui venait perturber le calme en produisant des sons étranges et excentriques, c'était le même résultat ; ses lèvres se tordaient en une sorte de grimace et ses traits se fronçaient, signe de frustration évidente. Il pesta et rangea son bouquin, ayant maintenant, amèrement certes mais tout de même, pris conscience qu'il ne servait à rien qu'il s'acharne quand son cerveau n'était visiblement pas d'humeur à lui obéir. Après s'être levé, il considéra ses possibilités, non sans se demander au passage ce qu'il foutait encore là, au fond.

Il était parti pour ne pas avoir à supporter sa conversation avec son paternel devant des gens qu'il connaissait, et ainsi éviter les questions et la pitié qu'elle risquait d'engendrer. Mais toutefois, c'est fini, et il sait très bien qu'en rentrant, il aura tout de même à gérer ces foutues questions, sauf que ce sera au sujet du fait qu'il a délibérément éteint son portable et s'était ainsi coupé de tous ceux qu'il connaissait. Son désir avait été au départ de ne pas avoir à supporter les appels répétés de son géniteur après avoir raccroché, parce qu'il était pleinement conscient qu'il se ferait à coup sûr harceler, mais maintenant qu'il y pensait, peut-être que cela avait surtout été une excuse pour ne pas voir à gérer l'inquiétude de Faust et des autres qui seraient peut-être tenté par le fait de se renseigner quant à son état, et il doutait très fortement de sa capacité à ne pas tout dire dans la minute, surtout vu l'état de faiblesse nauséabonde dans lequel il était.
Le nœud dans sa poitrine n'a pas disparu ou diminué en intensité, depuis tout à l'heure, bien au contraire. Il lui semble même qu'il n'y a plus qu'un creux froid, et qu'il n'a maintenant plus que la sensation d'être définitivement mal à l'aise. Il sait qu'il va bien devoir finir par revenir à la réalité, mais plus dur à dire qu'à faire, et même si il est tout à fait conscient qu'il risque de ne pas apprécier la suite de la journée, il sait aussi qu'il peut bien prendre encore un peu de temps. Kaito, en remarquant que son dresseur était en train de s'approcher des coins plus reculés des pierres sans le prévenir, le suivit sans plus attente, agacé mais tout de même compréhensif.