Finalement, la plage est devenu un lieu de prédilection pour l’ingénieure, qui se trouve plutôt très à l’aise sur cette plage pour y dessiner ses plans. Bien entendu, il y a le risque que la mer vienne tout gâcher, mais cette fois, Julianne s’était assuré que la marée fut descendante pour ses notes. C’était le début de la soirée et les passants se faisaient rare, et les derniers promeneurs passaient plus de temps dans les rocher a chercher des crustacés et autres fruits de mec avec leur gosses qu’à s’intéresser à une madame en bouse occupée à dessiner des plan et des formules mathématiques un peu obscurs pour quelqu’un qui n’est pas initié a ces choses-là. C’est vrai qu’être mieux ici que dans son nouveau labo pour faire naitre ses idées serait un peu étrange, mais si Julianne vient là, c’est un peu car cet endroit lui permet de vider son esprit plus facilement que sur son lieu de travail, ou elle est bien plus concentrée, et aussi tout le temps sollicitée par ses subordonnés. Et en plus, ses Pokémon aiment beaucoup s’ébattre sur le sable et dans la mer. Elle n’avait jamais eu autant d’anecdotes à raconter depuis juste une semaine, ce qui lui donnait l’impression qu’elle avait déjà passé deux mois dans cette ruche pleine de bras cassés… Certes ils ne sont pas méchants, mais il faut dire ce que c’est parfois, on se demande d’où ils sortent. Il faut croire que les ingénieurs sont des gens étranges et un peu stupides. Bien entendu, cette description ne s’applique pas à Julianne, voyons, autant assumer sa mauvaise foi jusqu’au bout.

« Bonsoiiiiiir ma très chère Noriko… Je t’ai manqué? »

Cette voix… Juju grinça des dents en l’entendant. Bon sang elle était tranquille  il y a encore trois secondes. Elle leva son œil unique vers le ciel et se tourna vers le blond au sourire victorieux qui se tenait là…

« T’étais pas mort, toi? »
« Quel accueil, j'ai pas disparu si longtemps que ça! Sérieux, c’est ce qu’ils racontent sur moi?! Quel bande de cons. »
« Bah, oui, t'as manqué à personne, tout le monde te déteste. »
« Oh, je suis sûr que à toi, je t’ai manqué... »
« BORDEL DE MERDE DIO ARRÊTES DE MARCHER SUR MES PLANS! »

Après un « heiiiiin » surprise, le blond s’aperçut qu’il pétinait allègrement les dessins de l’ingénieur et prit un malin plaisir a continuer son petit manège.

« Ah ben, c’est con, il étaient jolis tes dessins! »
« DIOOOOOOOOOO! »

L’ingénieur partit à la poursuite du tortionnaire sans discuter plus longtemps, et une joyeuse poursuite commença sur le sable de la plage. Que le Getter Emperor tout là-haut l’entende… Si ce type avait pu crever et disparaître pour de vrai,  ça aurait été une bénédiction d’Arceus tout puissant.

Julianne n'aime pas trop comment Dio se dirige vers l'océan... Il serait bien du genre à la mettre à l'eau sans crier gare. Enfin, c'est sans compter sur ce Magicarpe qui saute de l'eau, visiblement un peu coincé, pour atterrir dans les bras de l'ingénieure qui stoppa nette sa course pour l'envoyer dans la figure du tortionnaire blond. Le poids du vieux poisson assez puant qui chantonnait une chanson agaçante eut pour effet de le mettre à terre sous le coup de la surprise. On dirait que le Magicarpe ne bougeait plus du tout... Surement qu'il était mort, maintenant. Enfin, la scène faisait plus rire Julianne qu'autre chose.

"Mouahahahahaaaa! Le grand Dio-sama mis à bas par une vieille poiscaille qui pue! C'est trop bon, ça!"
"ESPÈCE DE SALE CONNASSE BORGNE, TU VAS CREVER!"
"J'ai encore ta vidéo, au fait!"
"QUEUWA?! Tu va vraiment prendre cher!"

Alors que le sale gosse se remettait habilement sur ses pieds pour se jeter sur l'ingénieure, les deux colosses de Julianne arrivèrent à la rescousse pour se dresser de part et d'autre de leur maitresse, bien décidé à envoyer l’énergumène se faire voir chez les grecs, littéralement (peut-être bien que si Buster le lance assez fort il pourrait atterrir a Corinthe, chez Sisyphe, qui sait? ça lui donnerait une leçon d'humilité.). Et Juju fut surprise de voir son ennemi s'arrêter presque net et observer les Pokémon et leur dresseur d'un regard presque posé, rien a voir avec la rage qu'il affichait il n'y a pas quelques secondes. Puis, un sourire narquois orna son visage.

"Tu veux pas te battre toute seule comme une grande?"
"Venant d'une andouille resté au stade de bébé, c'est tellement drôle."
"Oh, je sais, je suis devenu impressionnant depuis un mois, faut bien le dire."
"Alex, pourquoi tu laisses pas les passants tranquilles, tu es vraiment insortable."
"Roooooh, fais pas chier, toi!"
"Rapelles-moi pourquoi tu m'as demandé de t'accompagner a la plage, je suis pas une garderie, bordel!"
"Soltan, pètes un coup, va jouer avec Riku dans l'eau, plutôt."
"Sans façon. Tu n'as qu'à y aller, toi."

I ship it.

Fut la seule pensée qui passa dans l'esprit de Julianne en voyant apparaitre un type d'au moins deux têtes de plus qu'elle qui semblait être le... grand frère? Le père spirituel de Dio? Comme il s'exprimait c'était possible mais ils ne se ressemblaient absolument pas. Donc... c'est une bromance. Et c'est bien les bromance. Après une débat animé entre les deux hommes qui semble décidément s'aaaaaaadorer, Dio partit de lui-même jouer plus loin a agresser des Krabby qui ne lui ont rien fait, pour se détendre les nerfs probablement. Par contre, l'autre, lui resta a fixer Julianne.

"...Euh.... Vous voulez voir la vidéo de l'autre andouille qui danse, M'sieur?"

"J'ai assez de ses conneries en une journée, ça ira, merci."
"Bah, de rien."

Un silence plutôt gêné s'installa, pendant lequel Julianne eut le temps de s'interroger un certain nombre de fois sur une chose, c’est à dire pourquoi ce type lui disait fortement quelque chose. Mais impossible de dire pourquoi il lui est si familier. Bah, y'a des gens comme ça, faut croire... De toute façon, il s'en allait, car l'autre andouille l’appelle pour "se barrer de cette plage mal fréquentée" comme il dit, et Julianne lui envoya un "Norikofuck" comme toute appréciation de ses propos. Peu importe. Mais finalement, Julianne ne pu s'en empêcher.

"Mais vous z'êtes qui en fait?"

L'homme se retourna, visiblement pris de court par cette question. Il jaugea une nouvelle fois Julianne et soupira avant de partir pour de bon.

"En fait je suis ton... Enfin, ça n'a pas vraiment d'importance."
"Heiiiiiin? Tu pourrais répondre, c’est quoi cette blague? Mon quoi?"
"Et arrêtes de dire "hein", z'êtes chiants dans cette famille à tous dire "hein"!"
"..... Hein?!"

Bon, c'est trop tard, il venait de s'envoler sur un Rapasdepic. Mais c'était qui cet imbécile? C'est lui le malpoli dans l'histoire... Si il savait les doutes que Julianne endure ces derniers temps a propos d'histoires de famille, il aurait dû s'en passer. Comment il l'avait appelé, l'autre andouille, déjà? Machintruc-tan? Oh, bah mince... Tan. Comme dans Zlatan? Mais non, c'est débile... Ahaha. Complètement débile...?

"OH MEEEEEEEERDE!"

Eh bien là, Julianne tombait de très haut. Est-ce que ce type serait son... Père? Bonsoir l'embrouille. La brunette prit sa tête entre ses mains et commença a grogner des injures en japonais. Buster et Daisaku se regardèrent, inquiets, et posèrent chacun une main sur une épaule de leur dresseuse. Qui releva le visage vers eux et força un sourire. Si lui c'est son père, alors il a quelques soucis a assumer sa paternité, Reine avait peut-être raison, après tout. L'ingénieure lâcha un soupir lassé, un peu calmée de sa folle envie d'en savoir plus sur son géniteur, après ça. Et puis, elle devrait vraiment cesser d'y penser avec sa promotion, il fallait mieux penser a remettre sur pied ses agaçants employés du PDT... Et leur apprendre que les tournevis cruciformes ne sont pas des cure-dents... Bon, non, quand même, ils ne sont pas bêtes à ce point, mais elle les avait quand même surpris en train de voir si ça marcherait pas comme ça aussi, même si c'était pour rire, c'est inquiétant.

L'avantage d'être lunatique, c'est qu'au moins les doutes peuvent s'envoler d'un coup, surtout quand un Stari se la joue Sonic sur le bord de mer. Julianne ne se cache plus son affinité avec les Pokémon de ce type, désormais, surtout pour cette étoile aux airs un peu mécaniques. Heureusement, sa chère Zeruel est déjà sur le coup.

"Hééééé attends-là, toi! Te barres pas comme ça!"

Ce fut pour le moins épique, et Zeruel fut le poulpe de la situation pour rattraper le Stari qui roule, a côté de tous les autres qui étaient pas mal à la traine. En même temps, c'est par parce que Blindépique et Golemastoc sont des Pokémon gros et balèzes qu'ils courent vite, leur vitesse est même assez dérisoire. Enfin, c'était épique et spectaculaire, car un peu à la manière d'un match de rugby, avant que Julianne ait pu demander à ses Pokémon d'y aller doucement avec cette petite étoile qui devait être complètement terrifiée de se voir poursuivie par de pareils monstres et avait accéléré la cadence ; bref, les Pokémon s'étaient tous jetés en même temps sur le Pokémon eau, qui jugea alors plus prudent de retourner dans l'eau, et c'est ainsi que Zeruel l'attrapa. Bien sur, Julianna avait sauté aussi sur le Stari, et s'était retrouvé a plat sur le tas de ce que furent autrefois un Blindépique et un Golemastoc. Quand ce joyeux bordel fut régularisé, Zeruel se manifesta, elle tenait le Stari tout tremblotant entre ses tentacules, et tentait de le rassurer en lui racontant des blagues foireuses dans sa langue.

Julianne descendit du tas et de rapprocha du Stari que lui tendait l'Octillery, et qui s'empressa de se cacher quand l'ingénieure se rapprocha.

"Eh, j'vais pas t'faire de mal! Allez, tu viens avec nous!"

Comme vous voyez les enfants, quand on veut un Pokémon, c'est même pas la peine de lui demander son avis. Enfin, non, en fait, c'est pas bien. Ne faites pas ça chez vous. Enfin, de toute manière le Stari était déjà dans la Rapide Ball. Zeruel lança un regard de reproche à sa maitresse qui semblait toute fière d'elle. Pauvre Kittan, comme elle venait de le surnommer. Buster aussi semblait un peu apitoyé du sort du Stari.

"Mais... Me... Me regardez pas comme ça! J'suis pas un monstre! Si vous voulez je jure, je crache et tout le bordel que je serais gentille avec lui!"

Enfin, visiblement, ils s'en fichaient. Ou alors, ils savaient que oui, l'ingénieure était capable de se faire pardonner. Qu'importe. Il serait bientôt l'heure de rentrer, tiens.

Pas étonnant que le voisinage commence a se plaindre après cette mêlée de rugby pour un pauvre Stari. Surtout qu’apparemment c'est l'heure du souper. C'est totalement compréhensible, donc, la colère de cette rombière est assez justifiée, n'empêche que...

"C'EST TRÈS MAL POLI DE CRACHER A LA GUEULE DES GENS, MADAME!"

L'ingénieur grogna en passant un revers de manche sur son visage trempé par le jet d'eau et se planta devant l'idiote d'Hypotrempe qui la jaugeait d'un œil mauvais. Les mains sur les hanches, elle ne tarda pas à être appuyée par ses colosses qui firent même craquer leurs poings, se voulant menaçant, alors qu'une flamme éternelle de gentillesse et de compassion brûle ardemment dans leur regard. La vieille les houspilla encore dans sa langue de canasson des mers et plongea rejoindre le repas du dimanche avec sa smala sous les vagues. Ils devaient être en train de faire le bénédicité d'Arceus et de ses plaques couleurs honteusement rainbow.

"Tonikaku... On rentre, les gars!"

Ouaip, quoi qu'il en soit, il commençait à faire frais et Juju avait encore quelques travaux a finir, et juste parce qu'elle aime beaucoup son nouveau labo, aussi, elle y passerait bien la nuit à travailler sur des projets plus ou moins primordiaux et officieux. Enfin, au moins, Juju aura pu l'avoir, sa scène badass de rentrer au bercail devant le soleil couchant. Il manque plus que le générique avec des voix de boy's band japonais et des paroles parlant de l'amitié de l'amour et du ciel bleu. Oui, c'est beau.