« Léo, mon cher Léo, mon fiston, tu dois cesser de nommer tes Pokémon avec des noms de héros païens. »
« Plaît-il? »
« Tu dois croire en Arceus tout puissant! Lui seul peut sauver ton âme du terrible cataclysme qui nous attend! »
« Quand a-t-il lieu ce cataclysme? Je me mettrais a jour quand le moment sera venu. »
« Tu n’es pas drôle! Méchant! Sors de ma chambre je te déteste! Je préfère rester avec mes scolopendres sous le tapis, parce que eux, au moins, ce sont mes amis! On va jouer a compter les araignées ensemble et puis après on ira tuer Jupiter, Pluton, Mercure et toute leur clique de divinités et de moitié de dieux-humain je sais pas quoi nuls païens que tu aimes tant! Et tu seras triste et ce sera bien fait pour ta gueule parce que de toute façon t’es qu’un petit connard de merde qui vit au pays des débiles moustachus! »
« Bonne nuit, Richard. »

Léo referma la porte de la chambre avant de se prendre les pantoufles de son géniteur en pleine face, et resta un moment immobile, en entendant les insultes de son paternel continuer de fuser à travers le bois. Il soupira un moment, fatigué comme de plus en plus souvent du comportement incontrôlable du fou qui ne daignait plus sortir de sa chambre. Aucun progrès n’a été fait depuis… Depuis toujours, l’état de Richard n’a fait qu’empirer, finalement. L’ainé fixa un long moment le parquet, même après toutes ses années, il ne parvient pas à taire cette douleur. Être impuissant, intelligent et bon élève mais trop stupide pour oser penser à lui-même. IL veut sauver Richard. Personne d’autre ne peut le faire à sa place. Si seulement il pouvait percevoir son père de simplement sortir une heure sur la terrasse. De lui montrer que le monde n’est pas si merdique. Bon, venant de Léo, c’est assez inespéré comme remarque, certes, car Richard n’est pas pour rien dans la paranoïa de son fils ou son absence de sociabilité. Au lieu de monter ruminer dans sa chambre, Léopold préféra descendre s’occuper du linge dans la buanderie, située au sous sol. Il grogna en constatant qu’il avait encore oublié d’ajouter la Soupline à la dernière lessive. Parce que oui, Richard y tient à sa Soupline, comme si il pouvait sentir une putain de différence entre un linge avec assouplissement et un linge sans assouplissement! Pourquoi une histoire de lessive le mettait dans un tel état de rage au point d’envoyer tout ce qui se trouvait dans la buanderie se ramasser sur le sol, et le boucan attira Sisyphe le Héricendre, qui se trouva préoccupé de voir son maître dans un état pareil. Il resta interdit sur les escaliers de la cave, en regardant Léo péter presque littéralement des câbles dans un sorte de crise pas franchement jolie à voir, et chose qu’il ne vaut mieux dire à personne, on voit tout à coup bien mieux la ressemblance avec Richard.

« Putain de vie de merde! »

Il marmonna a quel point il avait envie d’en finir. En finir avec les caprices de Richard, avec cette dépendance stupide, et ce fichu besoin éternel de reconnaissance. Il se redressa doucement puis jeta un regard vers son Héricendre, à quelques mètres de lui. Certes, quand il voit ses Pokémon, il comprend qu’il a peut-être réussi a accomplir quelque chose. Il intima a son allié de le suivre dans l’autre partie de la cave, celle cachée derrière le mur de la buanderie. Là, Léo passa son costume de White Dragon pour sortir en direction de la ville, ou la nuit était déjà tombée. Sisyphe lui avait emboité le pas de course, tandis qu’ils courraient ensemble dans les rues déjà dépeuplées de la ville du centre. Comme d’habitude, quelques passants avaient le temps de le dévisager, sans oser s’approcher de lui. Il faut dire que l’aura presque effrayante que le Dragon portait ce soir là se voulait suffisamment dangereuse pour ne pas laisser s’approcher n’importe qui. Léo sait. Il y a un moyen. Le seul moyen de sauver Richard et de le libérer une fois pour toute. Ce moyen comporte deux simples syllabes. Cesar. Qu’importe que les histoires de son père ne soient que pure calomnies. Il est le seul moyen. Le moyen de libérer son géniteur, et surtout, de se libérer lui-même. C’est alors qu’il était plongé dans ses pensées que Léopold entendit un cri parvenir à ses oreilles. Il progressa un peu plus  a travers les rues étroites et tomba sur un groupe en blanc, occupés à malmener  un jeune couple  a coups de poings et de matraque, menaçant de les emmener au QG pour les enfermer et leur faire passer un interrogatoire plus poussé. Le Régime. Léo eut un sourire dangereux sous son masque, il venait de trouver son attraction de la soirée. Sisyphe eut lui aussi le poil hérissé par la vue de la scène. Le justicier blanc tira deux autres Balls de sa ceinture avant de les envoyer vers l’air, libérant Médée et Luis aux côté du hérisson de feu. Les trois soldats blanc furent vite alertés par l’arrivée du Justiciers, et étaient accompagné respectivement par un Massko, un Ouvrifier et un Seracrawl. Ils ricanèrent et posèrent la question rituelle a White Dragon, à savoir, quel genre d’abruti il pouvait bien être à s’habiller comme ça. A cela, le justicier répondit à la suite d’un rire mauvais.

« Je suis celui qui va mettre fin a vos minables existences. Purger vos crimes. Je suis l’émissaire de la liberté. Des ordures comme vous qui bafouent une constante telle que la liberté n’ont pas le droit à un instant d’existence de plus. »

Les soldats ricanèrent de plus belle, sans pour autant parvenir à cacher un certain malaise, leurs Pokémon passèrent à l’action et se heurtèrent déjà à leurs adversaires tous choisis, tandis que le justicier blanc accélérait sa course pour se trouver devant ses adversaires. En quelques secondes, l’un d’eux se retrouva sur le sol en hurler car son épaule venant d’être entaillée profondément par la lame de  l’épée de l’homme en blanc. Les deux autres allèrent chercher leurs revolvers, mais furent moins rapide que l’épée, qui les frappa respectivement de nouveau à l’épaule et aux jambes. Une fois certain qu’ils s’étaient départis de leurs armes ; Léo se tourna pour voir ou en étaient ses Pokémon. Ce qu’il vit lui glaça un instant le sang, lui et plus particulièrement Médée montraient des signes de faiblesse face à l’énorme Seracrawl. Quand à Sisyphe, il était introuvable. Alors que le jeune homme allait s’élancer pour leur venir en aide, une colonne de feu descendant du ciel s’abattit sur le Pokémon glace, pour le mettre hors d’état de nuire. Un Feurisson au pelage brillant de braise sauta sur le corps du géant de glace et se secoua, semant une aura d’étincelle. C’est avec grande fierté que Léo contempla un instant son allié qui venait d’évoluer, et qui allait prêter main-forte à la Carmache .

En entendant que les blessés marmonnaient de s’enfuir illico, Léopold retourna vers en un éclair vers eux, pour leur barrer le chemin. Le couple n’avait pas bougé, et ils avaient observé toute la scène avec un regard à la fois effrayé et captivé. D’un geste de la tête, le justicier leur fit signe de déguerpir, ce qu’ils firent sans demander leur reste, quand il leur confia qu’ils ne souhaitaient peut-être pas voir la scène qui suivrait.

« T’es qui, putain? »
« Je suis l’émissaire de le liberté. White Dragon. »
« Encore un putain de Resistant de merde… Vous pigerez jamais, hein? »
« Faux, je n’appartiens nulle part. Je suis la liberté, et la liberté ne possède pas d’attache. Je libérerais ce pays, et ses habitants, je ferais de cette île un endroit ou chacun pourra vivre comme il lui plaira. Quelque soit mes opposants, ils disparaitront. »
« Espèce de taré… »

Léo avait tranché avec une précision presque médicale des vaisseaux sanguins importants, deux des trois soldats se videraient bientôt de leur sang si personne ne venait à leur secours. Quand ou troisième…. White Dragon appuya de son pied son torse, le forçant à lui faire face.

« Comme tu as plus de chance de vivre que tes copains, j’aimerais que tu transmettes un message pour moi. Je veux qu’on sache qui je suis. Je ne suis pas un simple excentrique qui s’amuse à aider les petites vieilles d’Anula. Et… Dépêche-toi d’appeler à l’aide, sinon tes camarades risquent de ne pas tenir longtemps. Cessez un peu d’être lâches et prenez cette chance de ne plus avoir à obéir qu’a vous-même. »

Sur ces mots, le Dragon Blanc fit volta face, et disparu en un éclair dans un nuage de fumée, un tour de passe-passe dont il gardera le secret. En une dizaine de minutes, il fut rentré chez lui, grâce à son passage par les égouts. Il se retrouva bientôt avec ses Pokémon dans sa cave, et se débarrassa de son masque pour donner des soins nécessaires à sa Carmache et à son Kirlia, et en profita pour féliciter Sisyphe, en l’invitant à aller manger quelques uns de ses croquettes  favorites, gardée pour ce genre d’occasions au gout bœuf et persil. Léo put ensuite rappeler ses alliés dans leurs capsules, et resta un long moment interdit, faisant face à son casque posé sur la table. Ce soir, il avait vu de quoi le perso qu’il avait crée était capable. Contrairement à lui, White Dragon est capable de tout. Peut-être même de devenir un véritable héros, une légende vivante. Chose qu’il avait rêvé, mais pas soupçonné d’arriver un jour pour de bon. Sans savoir si il est fier ou terrifié parce qu’il venait de faire, Léopold se consola bien vite en reléguant ses actes a celui qui dort en lui, peut-être un de ses côtés sombres. Cette soirée venait de lui faire comprendre qu’il était encore vivant, qu’il était capable d’accomplir bien des choses. Peut-être même de faire en sorte qu’il ne soit jamais oublié. A partir de maintenant… Oui, peut-être bien qu’il réussirait à trouver ce qu’il veut. Finalement.