This bank is our bank !

Feat Charlotte S. Laurens

Natsume est sensible. Ce n'est pas nouveau et il déteste cette réalité, mais il ne peut pas nier qu'il a un peu trop tendance à laisser ses émotions parler à sa place, d'autant plus que malheureusement pour lui, il est assez peu doué pour dissimuler ce qu'il pense, ou du moins pas sans que la situation ne soit extrême. En fait, qu'il n'ait pas craqué pourrait paraître étrange, mais non, pas du tout, c'est même un cheminement normal pour lui. Il ne se permettra pas de se laisser aller tant qu'il ne sera pas en sécurité, loin de tout ça et surtout, que personne ne le verra. Alors il garde un mur pour contenir ses véritables émotions et la panique qui n'a pas cessée de monter en lui depuis le tout début, ainsi la terreur et l'angoisse qui n'ont plus fait qu'un au bout d'un moment. On peut reprocher à Natsume d'être trop facilement touché et de pleurer facilement, mais il a tout de même un certain courage quand il s'agit de se montrer résistant et de tenir le coup lorsqu'il faut. Craquer maintenant, il se l'interdit. Surtout pas quand la jeune femme en face de lui est dans un pareil état. Si Natsume est faible lui-même, il est toutefois bien plus tenace et résistant quand il voit des autres souffrir et se pousse alors à garder une façade de calme et de maîtrise qui est pourtant très, très loin de la vérité et de ce qui lui passe véritablement par la tête.

En temps normal, Natsume aurait amorcé un geste en sa direction, rien que pour la réconforter un peu, mais il ne la connaissait pas suffisamment pour savoir si la moindre tentative d'aide serait bien acceptée ou pas ; d'ailleurs, il se demandait même si elle serait d'accord pour qu'il se rapproche, alors il se contenta de rester là. Entendre et voir pleurer les gens est toujours difficile, et son cœur se comprime un peu tandis qu'une lueur attristée passe dans ses yeux. Il aimerait bien dire quoi que ce soit, mais la douleur de la jeune femme fait écho à la sienne et il ne peut qu'inspirer et expirer, fatigué. Il a mal, mais la résistance qu'il s'est imposé l'empêche de laisser tout ce qu'il a de coincé dans la tête de s'exprimer. Tant mieux, de toute façon ; ils devaient sortir en priorité, et que Natsume se laisse aller n'aiderait sûrement pas. Il se gifla mentalement plusieurs fois pour rester en place et ne pas lui offrir un câlin malgré le fait que l'envie le démangeait, et répondit au regard inquiet de Toruru par une caresse brève sur sa tête afin de la rassurer sur le fait que tout allait bien. La Chapignon se remit aux côtés de son dresseur, tout de même confuse.

Il ne dit rien lorsqu'elle s'excuse de pleurer, et secoue un peu la tête avec un léger sourire aux lèvres pour lui assurer qu'il n'y avait aucun de mal à ça. Si il se voyait comme un pleurnichard et détester pleurer lui-même à cause de cette vision de faible que cela lui ramenait à son propre sujet, ce n'est toutefois pas la même chose quand il s'agit des autres. Elle n'a pas à s'excuser pour quelque chose qui est tout à fait naturel, ni pour se sentir triste. Personne ne devrait le faire. Bien évidemment, sa pensée est hypocrite mais ça, c'est une toute autre histoire qui serait bien trop longue à décrire pour être abordée ici.
Puis elle s'excuse de nouveau, mais cette fois-ci pour tout à l'heure, et Natsume se permet un sourire plus léger, franc et amical. Au moins, cet événement les aura réconcilié, ce qui satisfait l'adolescent qui n'aime jamais être en conflit avec quelqu'un, même quand il ne connaît pas particulièrement la personne en question. Si la joueuse était d'humeur à se foutre de lui, elle dirait que toute façon, c'est comme ça qu'il rencontre la majorité des gens qui sont les plus proches de lui. Ah, oups, c'est fait. Sa menace, l'amusa toutefois plus qu'autre chose, bien qu'il comprenait le sentiment. Non, ce n'était pas dans son intention de le dire, qu'elle se l'assure ; ça n'aurait jamais été le cas d'ailleurs. Il a beaucoup de défauts, mais se moquer des émotions des gens attristés, ce n'est pas lui. De toute façon, il ne se moque lui-même que lorsqu'il a le droit à ce genre de traitement, principalement par self-defense, si on veut.

Mais elle finit par se calmer et l'invite à ce qu'ils sortent, avant de faire remarquer au plus jeune qu'il ferait bien de se débarrasser de l'arme qu'il porte à sa ceinture, et elle n'a pas tort. Il grimace en imaginant ce qui se passerait si il sortait avec un flingue sur lui dans une pareille situation, et saisit l'arme avant d'effacer soigneusement toutes traces d'empreinte avec le tissu de sa manche. Les voleurs avaient des gants, alors bon, ça ne paraîtrait pas suspect qu'il n'y en ait pas. Parano vous me direz, mais il préférerait passer sous silence le fait qu'il l'ait prise sur lui. Il alla d'ailleurs la poser à quelques mètres d'un des voleurs assommés, sous un petit tas de sable ; prudent jusqu'au bout.
Ils sortent donc enfin, les mains en l'air, suivis par leurs pokémon respectifs. Ils sont accueillis assez peu chaleureusement par les policiers, et l'un d'eux passe derrière Natsume pour lui maintenir les poignets dans une prise assez désagréable et un poil douloureuse. L'adolescent grimace et incendie du regard le responsable, sans que cela ne change quoi que ce soit à la situation. Charlotte proteste vocalement pour sa part, et ce n'est que lorsqu'elle est reconnue comme la championne de Zazambes que la prise des policiers se relâche enfin un peu. L'adolescent poussa un soupir de soulagement, et se demanda par quel miracle Toruru n'avait pas bougé, d'autant plus qu'elle paraissait bouillir intérieurement. Du moins, il n'allait pas se plaindre : il n'avait vraiment besoin que la Chapignon joue à la surprotectrice à l'heure actuelle, étant donné que ça n'aurait rien arrangé et que cela l'agaçait déjà en temps normal.
La jeune femme explique alors ce qui s'est passé, et l'adolescent cligne bêtement des yeux avant d'ouvrir la bouche, ébahi d'avoir été qualifié de 'pote'. Le regard triomphant qu'elle lui accorde achève de confirmer ce qu'il a cru comprendre et un sourire bêtement stupide (oui oui, ça se dit à partir de maintenant) s'étire sur le visage de l'éleveur et il adresse celui-ci à la championne.

Il s'apprête à dire quelque chose, mais est pris de court lors qu'un bruit sec et un geignement de douleur arrivent à ses oreilles. Ses poignets sont dorénavant libres et il se retourne, surpris, avant de constater que... Que le policier qui le retenait venait de se prendre une cannette de soda dans la figure, et que visiblement vu la trace, ça n'avait pas été léger. Natsume grimaça, avant que son regard ne soit attiré par le responsable de cela, qui n'était autre que Kaito. L'Alakazam foudroyait du regard l'homme sur lequel il avait envoyé l'objet, et jeta des regards mauvais vers les autres policiers qui le considéraient avec sévérité. Immédiatement, Natsume eut l'impression qu'il allait mourir de honte. Soudainement, l'immobilisme de Toruru prenait tout son sens ; si il avait été plus observateur sur le coup, il aurait remarqué qu'elle était bloquée par les pouvoirs psychiques de Kaito, tout ça parce que celui-ci voulait avoir l'honneur de porter le coup. Quand il vit des flingues être dirigés vers l'Alakazam toutefois, il paniqua et réagit vite.

« P-pardon, toutes mes excuses, il cherchait juste à me protéger !  Je, e-euh, ne pas pouvoir vérifier de mon état a dû l'inquiéter, je... Vraiment, pardon ! »

Les regards mauvais ne diminuent pas en intensité, mais au moins ils baissent leurs armes, laissant ainsi champ libre à l'Alakazam pour se rapprocher. Kaito l'inspecta minutieusement, les traits du visage froncés, inquiet. Natsume le rassura comme il le put, et sursauta tout juste quand la Chapignon gifla le pokémon psy sur le crâne, enragée d'avoir été stoppée dans son désir de coller une baigne au malotru qui avait malmené leur dresseur. L'Alakazam n'en eut cure, et se contenta d'un air méprisant. L'adolescent leva les yeux au ciel.

« Kaito, Toruru, calmez-vous. Vous n'êtes pas tout seuls, il me semble. »

Sa voix est étrangement sèche, mais il est tellement tendu et sur les nerfs qu'un tout petit truc suffirait à l'amener à l'explosion. Il est rare, très rare, que Natsume fasse usage d'autorité, étant donné qu'il préférait généralement négocier ou être laxiste, mais là, il n'a pas la patience de supporter leurs enfantillages. Il n'a plus la patience de supporter grand chose aujourd'hui, de toute façon. Il retrouve ensuite un peu de confiance en lui, et trouve le courage de faire un sourire bancal aux forces de l'ordre.

« Nous répondrons à v-vos questions, pas de problème, mais, e-euh... On pourrait se reposer un peu avant ? »

Les policiers n'ont pas l'air très satisfaits, mais après leur avoir demandé ce qu'il reste à l'intérieur et qu'il leur ait expliqué, il les laisse se diriger vers un coin qui est toutefois bien surveillé. Là-bas, Natsume poussa un gros soupir et jeta un coup d’œil curieux à son portable, avant de constater en grimaçant qu'il y avait seize appels manqués de Faust. Il n'osait pas imaginer l'inquiétude du conseiller, mais se dit qu'il le rappellerait d'ici peu. Il voulait juste aller chercher de quoi dissimuler les traces sur son cou avant cela ; inutile de lui imposer cette vision d'entrée de jeu, même si il finirait forcément par la voir. Il reporta ensuite son attention sur Charlotte, un sourire plus léger aux lèvres.

« Hé, t'es cool, en fait. On se reverra, un jour ? »

Demande simple mais pourtant nécessaire. Ce n'était pas tous les jours qu'on rencontrait quelqu'un ainsi, après tout.

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Feat Charlotte S. Laurens

Rencontrer quelqu'un lors d'un braquage de banque, ça tient déjà de l’événement assez rare. Se battre et réussir à ne pas se prendre une balle dans la tête en plus de ça, ça tiendrait presque du miracle, sauf que c'était bel et bien arrivé. En récupérant peu à peu ses forces, il réalise lentement que le fait qu'il soit en vie est plus que remarquable, étant donné qu'il aurait eu plus de chances pour que son cerveau repeigne les murs qu'autre chose. Il n'allait pas se plaindre hein, il tenait tout de même à sa vie, mais disons que tout le côté loufoque de la situation était soudainement compris par son cerveau un peu lent à la détente. Au moins, cela ferait une histoire de plus à garder en tête, bien qu'il était très probable qu'il ne la raconterait pas souvent, étant donné que la partie où il s'était ridiculisé en s'énervant aussi grossièrement tout à l'heure l’embarrassait plus qu'un peu. Tout ça pour dire que maintenant, ils sont 'potes'. L'impression est étrange pour le lapinou qui n'y aurait jamais cru si on le lui avait dit il y a quelques heures, mais encore une fois il y a tellement de choses auxquelles il n'aurait pas cru si on l'avait prévenu avant, alors il est peut-être inutile de le préciser. Un sourire stupide, un peu bancal, se dessine sur son visage lorsqu'elle lui donne sa carte, qu'il ne perdra sûrement pas.
Il hoche alors légèrement de la tête devant ses paroles, confirmant que lui aussi pensait qu'ils formaient une excellente équipe. Il n'y avait pas beaucoup d'hésitation à avoir sur ce sujet de toute façon, et ce n'était sûrement pas de voir les voleurs (qu'ils soient assommés ou aient retrouvé conscience) être emmenés par les forces de l'ordre qui allait le faire douter du contraire. Il ne retint même pas un rictus satisfait ; si il s'en veut d'avoir fait usage de force envers les pokémon et d'avoir embarqué ses propres compagnons dans cette affaire, il est toutefois content de constater que pour une fois, il avait fait quelque chose qui avait servi à quelque chose. Pas sauver l'argent de la banque hein, ça il s'en fout comme pas possible, mais plutôt permettre aux otages d'être mis en sécurité. L'héroïsme, ce n'est pas et ce ne sera jamais son truc, mais donner un coup de main quand il le peut, alors oui. Toutefois, sa toux l'inquiète un peu ; visiblement, il était parti pour devoir faire bien plus attention à son asthme pendant deux ou trois jours, ce qui risquerait de s'avérer être problématique. Néanmoins, ce n'est qu'un minuscule désavantage qui n'est comparable en rien aux résultats des actions de Charlotte de lui-même aujourd'hui. Lorsque la jeune femme s'éloigna, appelée par un policier pour répondre à des questions, il se contenta d'un signe de la main et d'un léger sourire.

Maintenant, il était seul avec Kaito et Toruru. Il laissa sans broncher l'Alakazam fouiner dans son esprit pour qu'il découvre par lui-même tout ce qui s'était passé en son absence, et grimaça devant la colère qu'il voyait dans les yeux du pokémon psychique lorsque celui-ci ramena à la surface le souvenir en relation avec la marque sur son cou. Il caressa doucement la tête de Kaito, espérant l'apaiser. Ce n'était pas grand chose, mais c'était déjà ça. Il avait assez de l'agacement visible de Toruru à ce sujet, merci bien, et il n'était pas du genre à apprécier les élans de protection du genre. Il ne tarde pas à être appelé lui aussi pour être interrogé, et suit sans discuter, après avoir rappelé Toruru dans sa ball. Kaito le suivit comme une ombre, sans rien dire, jetant des coups d’œil méfiants aux environs, encore marqué par tout ce qui venait de se produire.
Le tout prend bien une heure, à peu près, le temps de faire une déposition. Étant donné qu'il est mineur, son responsable légal est prévenu, et Natsume grimace en imaginant ce qui doit être passé dans la tête du conseiller. Il n'a pas eu le temps d'aller acheter un foulard, mais l'infirmière qui s'est chargé de constater ce qui lui était arrivé et de le noter dans le rapport prend pitié de lui et lui donne une vieille écharpe noire qu'il enroule autour de son cou avec un sourire satisfait. Les quinze minutes d'attente sont longues, d'autant plus qu'il est maintenant seul et n'a plus que Kaito comme compagnie, mais l'Alakazam est tellement méfiant de tout pour l'instant qu'il lui est impossible de se détendre.
Lorsque Faust arrive, c'est dans un câlin qu'il emprisonne Natsume, qui lui fait tout de même remarquer qu'il va l'étouffer si il continue ainsi, et le conseiller desserra légèrement ses bras, sans toutefois lâcher le plus jeune. L'éleveur soupira, puis se dit que vu la frayeur auquel il avait eu le droit, il était normal qu'il s'inquiète et réagisse ainsi. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était le calmer. Bon, bien sûr, lorsqu'il apprit pour tout ce qui s'était passé, il avait continué à paniquer, mais c'était une toute autre histoire.