Patience et longueur de temps deviendront vite emmerdants

Feat Léopold Richter

Bon, d'accord, il aurait peut-être pu mieux choisir au niveau du lieu où ils iraient manger, c'était sûr et certain. Toutefois, 'Mikael' n'a jamais été synonyme de 'bonne idée' et du coup, ça lui avait paru une bonne idée que d'aller là-bas. Donc oui, le coin était un poil flippant et la décoration laissait sérieusement à désirer, mais ce n'était pas ça qui allait le décourager ; disons qu'il avait l'habitude de trancher des gorges et était médecin, alors bon, ce n'était pas un tout petit rien de glauque qui allait lui faire se faire dessus non plus, il ne fallait tout de même pousser mémé dans les orties. Il se contenta tout juste de hausser les sourcils en se demandant quel abruti en marketing pouvait bien avoir décidé que donner le job d'accueillir les clients à un Ludicolo édenté serait une bonne idée, d'autant plus que le médecin avait toujours vu ces bestioles comme malsaines. Nan mais sérieusement, on ne lui ferait pas croire que les Ludicolos n'étaient pas des suppôts de Satan d'une façon ou d'une autre. Excessif, lui ? Ouais, pas mal. Même la Solochi de Léopold paraissait apeurée, pour tout dire.
Une fois arrivés et leurs derrières posés sur des chaises, le menu leur fut donné par un Goupelin aux grands yeux globuleux bien fixes et assez flippants. Mikael se contenta de cligner des yeux bêtement, avant de décider que se taire serait bien mieux. Et commander une pizza, aussi. Après avoir choisi de prendre une pizza, la « Bite of '87 », un truc bourré de viande qui ne ferait sûrement pas du bien à ses artères, Léopold fit remarquer que l'endroit était 'un peu bizarre'. Un sourire un poil moqueur se dessina sur le visage de Mikael.

« Nan, tu crois ? »

Il n'avait pas pu s'empêcher d'être un peu sarcastique, ne serait-ce que par principe. En attendant, Léopold ne paraissait pas avoir compris que la pizzeria était un peu plus que bizarre, et ne parvenait pas à saisir le sens de la terreur qui habitait sa Solochi et qui, malgré la tentative du grumpy cat pour la détacher de lui, restait fermement accrochée à ses vêtements. La demande de Léopold de l'examiner l'aurait presque fait glousser si il avait été aussi peu empathique envers la peur des pokémon que celle des humains, mais ce n'était pas le cas. Ces petites bestioles arrivaient bien trop vite à l'attendrir, et il était à la limite de se dire qu'ils devraient peut-être partir, si la Solochi était si terrorisée. Sauf que voilà, bien évidemment, tout ne se passe jamais comme prévu, et quand le Goupelin surgit brusquement pour venir prendre leurs commandes, la Solochi partir en courant, terrorisée. Le bruit d'étagère qui dégringolait la suivit assez rapidement, et Mikael grimaça en pensant aux coûts de réparation. Mais maintenant qu'il y pensait, il n'avait pas vu un seul être humain, depuis qu'ils étaient arrivés... Il fronça les sourcils, curieux, et jeta un coup d’œil vers les caméras. Bon, au moins, cela voulait dire qu'il y avait un type qui observait. Si ils avaient un problème, ils sauraient où aller.
Léopold partir chercher la Solochi, et Mikael resta planté là, à se demander ce qu'il foutait ici et était supposé faire. Un moment de silence bien lourd se mit alors en place et le barbu se sentit un peu con, à attendre comme ça comme un idiot. Le regard fixe du Ludicolo et du Goupelin sur lui n'aidait sûrement pas, d'autant plus que la gueule du renard robotique était encore ouverte, laissant voir ses dents métalliques et quelques uns des fils de son corps. Visiblement, ces trucs avaient besoin d'un bon passage chez le réparateur. Ou bien tout simplement à la casse, ce qui aurait été à ses yeux cent fois plus censé.

Et alors qu'il commençait à se demander quel abruti pouvait bien se dire qu'un restaurant avec de pareils automates pourrait rapporter de l'argent, les lumières s'éteignirent toutes en même temps, laissant penser à Mikael qu'il s'agissait d'une coupure de courant. Les automates présents dans la pièce, c'est-à-dire le Goupelin, le Ludicolo et la Psykokwak, posèrent leurs yeux sur lui et pour le coup, le barbu se sentit un poil mal à l'aise. Nan parce que être courageux et sans peur c'est une chose, mais ne pas voir que ces immondices dégageaient une aura bizarre à quatre-cent mètres, c'était trop lui demander. Il décida donc d'aller rejoindre Léopold pour sortir, et alla par curiosité voir si ils pouvaient toujours sortir. Mais non. Les portes étaient comme verrouillées. Mikael soupira ; un souci dans le système informatique, à coup sûr. Ne restait plus qu'une solution, donc.
Il alla rejoindre Léopold, non sans grimacer en remarquant les regards des animatronics posés sur lui quand il passa devant eux. Une fois arrivés près du jeune médecin, il se massa la nuque et grimaça avant d'expliquer la situation.

« Bon, ben... Nous sommes coincés ici ; les portes sont verrouillées. Il va falloir passer voir le type de la sécurité, et par conséquent trouver son bureau. Sauf... Que j'ai aucune idée d'où il peut bien être. On va devoir fouiller le coin jusqu'à le trouver. Dans le noir total. »

Étaient-ils un peu dans la merde ? Oui, absolument.

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On ne va pas dire que Mikael n'est pas habitué aux situations loufoques et absolument débiles, ce serait un mensonge tellement éhonté que la joueuse devrait aller se faire nonne dans la minute pour récupérer un tout petit peu de conscience. Depuis qu'il était jeune de toute façon, il n'avait jamais cessé de se mettre dans des situations inexplicables et d'enchaîner plans foireux et idées stupides, ce qui l'avait au final amené à… Devenir médecin, père, et au final gérer un centre pokémon ainsi que des recherches et tout ça sans piston. Bon, l'exemple est mauvais, parce que ce con-là a quand même réussi dans sa vie, mais disons que ça avait souvent tendance à le faire s'enliser un peu plus dans des situations tout bonnement... Quasi surnaturelles de par leur excentricité, disons. Et là, on pouvait dire qu'ils étaient assez hauts dans l'échelle de la 'wtf-is-going-on-itude', et oui c'est un mot à partir de maintenant. Ainsi, le sarcasme de Léopold le fit juste glousser comme un abruti, étant donné que même si la situation actuelle le dérangeait parce qu'il fallait avouer que ce coin était tout de même bien creepy dans son genre, il n'était pas non plus en train de se faire dessus. La peur, c'est devenu un concept assez particulier pour Mikael, et disons que lui, même devant le danger, il a tendance à se contenter de se dire 'bah, on verra bien', et ici, c'était cent fois le cas. De toute façon, les histoires de robots qui devenaient fous et tuaient des humains, c'était tout juste bon pour les films de science-fiction assez prétentieux. En même temps, pourquoi penser à ce genre de scénario si la situation elle-même ne le lui rappelait pas ?

Bref. Restait que même si l'appel du ventre était assez fort, il fallait d'abord sortir. Priorités, hein : entre la sécurité et la bouffe, Mikael était de ceux qui préféraient la sécurité. D'ailleurs, il n'avait pas vraiment faim, il avait juste accepté d'aller manger parce que Léopold en avait envie, et donc au final ne pas se goinfrer l'arrangeait bien. Mais bon, d'un côté, l'odeur de l'endroit avait peut-être une influence sur son appétit. Peu importe au final, et il ne restait plus qu'à avancer et prier pour tomber rapidement sur le responsable de la sécurité. Ils arrivèrent finalement sur ce qui paraissait être une salle réservées aux événements importants, bourrée de décorations colorées qui dataient toutefois un peu, et vu l'état du sol... Ouais. Mikael grimaça devant la question du plus jeune, n'osant pas y répondre tout de suite. Avec un peu d'inventivité, il parvint à trouver une théorie quelconque.

« Ouais, ça doit être du jus de fraises. Les gamins adorent ça, le jus de fraises. »

Essayait-il plutôt de se convaincre lui-même ? Allez donc savoir...
Bref. Quelques secondes après, Léopold se retrouvait juste devant le Psykokwak du coin, qui était apparemment passé complètement inaperçu. Mikael aurait presque applaudi la discrétion de l'animatronic si il n'était pas occupé à essayer de voir par où ce bidule jaune flippant était passé. Les grognements qui s'échappèrent alors du Psykokwak suite à la question de Léopold lui firent faire un pas en avant, et il fronça les sourcils en attendant le moindre signe de risque, alerte. De là où il était, il lui faudrait deux secondes pour rapprocher Léopold et qu'ils s'enfuient. Tandis qu'il commençait à réfléchir à comment ils pourraient détaler comme des lapins et dans quelles directions sans se faire découper, écarteler ou écrabouiller, la gueule du canard s'ouvrit, laissant apparaître un éventail de dents et autres fils mécaniques qui, en les voyant comme ça, étaient tout à fait... Ouais, flippant, il fallait l'avouer.
Il manqua de lever les yeux au ciel devant les brillantes observations de Léopold, et se serait facepalmé si le machin qui les fixait avec un air hargneux ne le convainquait pas plutôt qu'ils devaient se casser. Le compte à rebours qu'il attendait sous la forme du déclic régulier accentua sa grimace, et le barbu saisit l'un des bras de Léopold pour le tirer loin d'ici, persuadé que c'était la meilleure des solutions.

« Les Psykokwaks n'ont pas de dents, à la base. Les canards oui mais... Peu importe ! »

Toutefois, alors qu'il se retournait et s'apprêtait à emporter l'étudiant avec lui, il eut cette fois le privilège de se retrouver face à face avec le Goupelin de tout à l'heure, qui poussa un cri strident et hautement désagréable pour ses oreilles. Mikael sursauta et retint de justesse un cri peu viril, et resta quelques secondes à observer les deux animatronics en attendant la mort. Sauf que ce ne fut pas la mort qui arriva, loin de là. Le déclic provenant du Psykokwak arriva à sa fin, et la surprise suivit de très près.
Un son de boîte à musique se mit alors à résonner, suivi de ce qui semblait être un morceau joyeux et digne d'un... D'un anniversaire. Les animatronics les poussèrent d'ailleurs vers des chaises, sur lesquelles ils durent s’asseoir tandis qu'un Ursaring robotisé venait leur amener des parts de gâteau qui n'avaient pas l'air très fraîches, les invitant sûrement à manger. Mikael força un sourire sur son visage, et jeta un coup d’œil à Léopold. Il eut même droit à un petit chapeau triangulaire multicolore débile. Sur le coup, il n'arriva plus à dire quoi que ce soit, hormis s'empêcher de faire la tronche et essayer de trouver un plan de secours pour s'enfuir. Plus facile à dire qu'à faire, faut dire.

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Il avait dû boire quelque chose. Forcément. Il n'y avait pas d'autre explication que celle-ci et il refusait catégoriquement d'admettre que quelque chose de pareil puisse exister en dehors de son imagination tordue ou bien de films et autres jeux vidéo de science-fiction. Sauf que même si il aimerait bien prétendre qu'il était tout simplement en train de cuver son alcool chez lui, il ne pouvait pas non plus nier la réalité trop longtemps et celle-ci a vite fait de se rappeler à lui, car l'odeur pestilentielle de l'endroit et la propreté très discutable ne pouvaient pas ne pas agresser ses sens de sorte qu'il était vite ramené à la raison. Il n'ose pas faire grand chose, et ne rit même pas devant la vision des chapeaux colorés mis sur les têtes de Léopold et de ses pokémon, alors qu'en temps normal une broutille pareille le ferait bien rire. Il fallait croire que le sentiment de danger, même chez Mikael, pouvait amener à diminuer le sens de l'humour ; étant donné qu'ils étaient coincés et n'avaient pour l'instant pas de moyen de s'en tirer, le médecin était bien plus réticent à faire des blagues de mauvais goût ou des commentaires sarcastiques. Bon, par contre, ça ne voulait pas dire qu'il ne les ferait pas, hein, ça voulait juste dire qu'il avait beaucoup de mal à s'amuser de la situation. Instinct de survie, tout ça ; il était sévèrement rouillé dans son cas, mais tout de même.
Devant les commentaires de Léopold, il ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel, à la fois amusé et exaspéré par la naïveté de l'autre qui ne comprend pas trop ce qui se passe, et ce à un niveau où Mikael est même admiratif. Cette ingénuité l'étonne autant qu'elle le fatigue.

« C'est pour la déco, en fait. »

Phrase évidemment sarcastique qu'il n'avait pas pu s'empêcher de prononcer, et qui n'a pas d'intérêt autre que de lui permettre de se défouler. Le médecin remarqua alors que Léopold avait l'air presque... Triste, oui. Le reniflement qui suivit cette pensée confirma sa théorie et, désarçonné, Mikael resta sans rien dire, interdit et tout à fait confus. Bon, d'accord, il n'était généralement empathique qu'avec les enfants et les pokémon, mais il ne parvenait pas à comprendre comment on pouvait prendre en pitié de pareilles créatures robotisées, surtout qu'elles n'avaient pas d'émotion à la base. Mais bon, il avait vite compris qu'il ne fallait pas chercher à comprendre, des fois, et maintenant faisait partie d'un des moments où c'était tout particulièrement important.
'Libérer' les animatronics, hein ? Mikael fronça les sourcils, n'aimant pas ce qu'il entendait car ce qu'il risquait d'entendre n'allait très certainement pas lui plaire, et il n'eut pas tort : voilà que Léopold, en plein trip de pseudo défenseur de la liberté des malheureux et dans un dramatisme qui lui faisait se demander si il n'était pas juste en train de blaguer, proposait de détruire le bâtiment, rien que ça. Le médecin fit une très belle derpface, en se demandant brièvement comment il était supposé réagir à ça, et le fixa alors comme si il avait dit la chose la plus incompréhensible au monde, mais en fait c'était surtout qu'une proposition aussi violente venant de Léopold, ça l'étonnait quelque peu.  Non mais il a encore dans sa tête l'image mentale du gentil petit Léo qui le suivait au pas, hein, comprenez donc qu'il ait encore cette illusion de plantée dans la tête. Il attendit quelques secondes, parce que de toute façon il n'avait pas de phrase préparée en tête, et finit par parler.

« Ouais, bon, euh... On va se contenter de se casser et de s'enfuir en courant, tu veux bien ? Enfin, en défonçant la porte je suppose que ce sera possib- »

Il n'eut pas le temps de finir, puisque l'animatronic Exacaverenne s'approcha alors d'eux, et... Les maquilla. Mikael n'osa pas bouger, étant donné que les dents métalliques aiguisées du robot étaient des arguments suffisants pour qu'il s'immobilise bien gentiment. Il se retrouva donc peinturluré avec un gros papillon rose pétasse à pois argentés sur le visage, et lorsque ce fut fini, lança un regard d'avertissement à Léopold pour qu'il ne se moque pas. De toute façon, sauf si il ne s'échappait pas maintenant, il était bien parti pour subir le même sort. Ou alors ils pouvaient commencer leur tentative de fuite de façon bien bourrine, au choix.

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Il est rare que Mikael soit la voix de la raison : c'est même un putain de miracle en or massif garni de pierres précieuses et autres bidules brillants et excessivement chers. Mais il avait encore conscience que tout péter n'était peut-être pas la meilleure idée au monde et désirait plutôt quitter les lieux sans que tout ne parte dans un feu destructeur et ne soit brisé en mille morceaux. Même le plus fous a ses limites, et il avait surtout envie de décamper, là, pas de sa la jouer libérateur des faibles et tueur en série spécialisé dans le meurtre d'animatronics qui n'avaient rien fait de mal hormis peinturlurer sa tête avec du maquillage pour enfants. Mais visiblement, Léopold n'avait pas envie de l'écouter et voulait absolument tout détruire. Il l'aurait bien arrêté, mais n'en eut ni le temps, ni la détermination ; non parce que comprenez, il aurait fallu faire des efforts, et il se sentait d'humeur horriblement flemmarde à l'instant. Il se contenta de pousser un gros soupir exaspéré devant le cri du plus jeune, et leva les yeux au ciel en voyant les pokémon du concerné se jeter sur les pauvres robots qui n'avaient rien de mal hormis vouloir partager la 'magie de la fête' avec eux. Bon, d'un côté le monde était injuste et la vie une pute, alors ça suivait en quelque sorte la logique des choses, avec une vision bien tordue.  
Tandis que le Feurisson et la Carmache du gumpy cat se chargeaient de faire un massacre qui aurait été digne d'un film d'horreur débile bien gore si les animatronics avaient été humains, Mika... Glanda. Magistralement, en plus de ça. Il observa toute la scène avec une sorte d'expression curieuse à moitié désintéressée, comme si tout était absolument normal et que ce à quoi il assistait ne sortait pas de l'ordinaire. Bon, il n'allait pas dire qu'il n'avait pas pitié des pauvres animatronics, mais qu'allait-il faire, hein ? Partir dans un long discours pour défendre leur droit à l'existence ? Ce serait d'une hypocrisie monstre, et même lui le savait. Enfin, pas qu'il s'en serait fichu hein, si il donnait de l'importance au fait d'être honnête ça se saurait, et ce n'était pas du tout le cas.

Il grimaça tout juste en voyant Léopold défoncer la tête du Psykokwkak avec une barre de fer, trouvant tout cela... Ouais, disons qu'il avait l'impression d'être devant un cartoon, ou du moins son cerveau tordu voyait toutes les scènes de violence de cette façon, donc ça n'avait rien d'étonnant. Bon, maintenant que Léonichou en avait fini et était revenu à ses côtés, il proposait qu'ils s'en aillent enfin. Mikael poussa un profond soupire exaspéré, agacé.

« Ouais ouais Zorro, j'ai capté. Mais on aurait pu sortir sans que tu ne la joues Robin des Bois aussi, remarque. »

Il attrapa une des balls à sa ceinture, et après avoir joué avec pendant quelques secondes, en fit sortir son Nidoking qui bailla profondément, fatigué d'avoir été tiré de sa sieste alors qu'il profitait de son temps de repos depuis sa dernière sortie. Pas que ça émeuvait son dresseur, après.

« On aurait pu faire ça, à la place. Regarde ! Clay, Mégacorne s'il te plaît. »

Le pokémon s'exécuta, et chargea sans ménagement la porte d'entrée pour la défoncer et la mettre en morceaux sans plus de difficultés que ça, quoique ce fut dans un fracas tonitruant. La poussière vola, les briques aussi, et la lumière du jour vint enfin à la rencontre de leurs visages. L'air très satisfait de son œuvre, Mikael se tourna vers son acolyte avec un grand sourire de trouduc sur son visage, très content de lui.

« Tu vois, c'est tout aussi efficace et ça nous épargne de faire de faire un film d'horreur pour robots ! Bon ça claque moins tu m'diras, mais ça marche aussi ! »

Tandis qu'il observait les dégâts causés par leur petite escapade, il grimaça assez fortement, se rendant compte de quelque chose qui nécessitait leur attention immédiate.

« Ouais, bon, euh... Faudrait p'têtre qu'on décampe. Et vite, parce que les autorités ne vont pas trop apprécier la détérioration de propriété privée, c'est pas particulièrement légal. Tu sais courir de façon peu suspecte, au moins ? »

Et c'est qu'il était sérieux, en plus.

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L'ego des autres l'amuse à point où c'en est presque ridicule, en fait. Mikael s'étant détaché de la grandiloquence et de la pédantrie depuis tout petit, dégoûté par celles-ci très tôt vu qu'il les avait côtoyé de tellement près et supporté pendant si longtemps qu'au final, il était étonnamment humble. Enfin, il avait bien ses petites prétentions, comme de nombreux êtres humains sur cette planète de toute façon, mais si il fait parfois semblant de se vanter, c'est tout le temps dans un but comique et c'est sans sérieux aucun ; de toute façon, Mikael ne connaît que rarement le sérieux, et l'évite même comme la peste, ne supportant pas l'ennui morne de la réalité 'mature', bien trop terne et ennuyeuse à son goût. Quel avantage y-a-t-il à vivre une vie sans rebondissements, sans amusement ? La paix, il l'aime quand il le veut et la déteste le reste du temps, de toute façon. Alors à cause de cela, il a développé une sorte de détachement de d'énervement que peut causer le fait de voir des personnes arrogantes au point de se croire génialissimes et ce en dépit de leur nature humaine, donc fatalement imparfaite ; le sourire hautain et le ton du cadet ne font que le faire glousser tant il s'amuse de cette démonstration d'ego des plus inhabituelles à témoigner aux yeux de Mikael. En fait, ça ne lui donnait que plus de matière pour le faire chier un jour, alors il était content ; il se poserait des questions quant à l'obsession de Léopold avec l'héroïsme un autre jour, car aujourd'hui il n'en avait ni l'envie, ni la patience. Enfin remarquez, il n'avait jamais de patience non plus, alors ça pourrait bien attendre longtemps.

Un grand sourire fier étira ses lèvres lorsqu'il mentionna le fait qu'il passait son temps à faire des conneries, ce qui était effectivement vrai et qui ne donnait absolument aucune honte à Mikael ; il ne regrettait jamais rien de ce qu'il faisait, et c'était sûrement pour ça qu'il était heureux dans sa folie, dans son petit monde où il n'y avait rien d'autre à regretter que de ne pas avoir fait quelque chose. Façon de vivre égoïste, mais l'égoïsme fait partie de ces défauts dont Mikael n'a aucune honte, qu'il avoue sans soucis alors que chez lui il est pourtant incroyablement développé. Il n'avait, après tout, pas eu la moindre pitié pour Léopold lors de cette journée, et ne retiendrait que l'amusement qu'il avait ressenti, et aussi un tout petit peu le fait que revoir ce gamin lui avait fait plaisir. Et vu que ça n'arrivait pas souvent depuis deux ans, il n'allait pas se plaindre.

« Roh tout de suite, les grands mots ! Tu me flattes, Léopoldinou ! »

Ils marchèrent ensuite jusqu'au centre, et Mikael ne pu décemment s'empêcher de ne pas agrémenter le trajet de blagues plus ou moins délicates, fines ou bien même pas du tout noires et glauques. Ouais, on va éviter d'en rajouter parce qu'à ce niveau déjà le sarcasmomètre prend cher et on aimerait éviter d'en racheter un, ça coûte cher ces trucs. Ah et oui, inutile de dire qu'il n'avait même pas pris la peine de se démaquiller, tout ça parce qu'il voulait voir les têtes éberluées des gens autour.
Il haussa les sourcils en le voyant tituber et se tenir au mur, comme si il venait tout juste de réaliser ce qu'il avait fait. Le médecin garda ses mains dans ses poches, hésitant entre être perplex, rire un bon coup ou juste faire comme si de rien n'était. Décidant qu'il n'avait rien d'utile à dire ou à faire pour lui, il préféra attendre que le cadet se remette de ses émotions avant de parler. Bon d'accord, qu'il ait l'air perturbé en disait long sur l'état discutable de sa santé mentale, mais si Mikael se mettait à réfléchir sur la santé mentale des gens qu'il connaissait, il n'en aurait jamais fini.
Devant la question de Léopold, il sourit comme un abruti, toutes dents visibles.

« J'ai besoin d'un café, parce que j'ai pas pu terminer le mien ! »

Ouais, ça avait été de sa faute, ça. Et il le savait très bien, l'enfoiré.

« Et... Tiens, un irish coffee ça ferait le deal. Et rendre mon maquillage encore plus fabulous à la limite. Ah, j'oubliais un truc ! »

Il se retourna complètement devant lui, un sourire aux lèvres.

« Bon, me frappe pas hein ! »

Et sans plus attente, il passa ses bras autour de Léopold pour lui offrir  un brohug rapide, très content de lui. Puis, une fois cela fait, il continua de sourire comme un abruti, salua le jeune médecin et rentra enfin dans le centre, jubilant presque de la tête qu'allait faire Adam en le voyant.