« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

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 Mille et une raisons de rager [OS]

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Natsume Shimomura
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MessageSujet: Mille et une raisons de rager [OS]   Mille et une raisons de rager [OS] EmptyDim 23 Nov 2014 - 0:43



Mille et une raisons de rager

Obtention de Sora

Les hôpitaux, ça craint. Vraiment. Natsume a tendance à râler souvent, mais si il y a une chose qui le met de mauvaise humeur, c'est de savoir qu'il a l'immense plaisir (notez le sarcasme) de devoir aller à l'hôpital pour son check-up habituel. À cause de son asthme, il doit régulièrement prendre rendez-vous avec un pneumologue afin de faire les tests habituels qui permettent  de vérifier que tout va bien. Ainsi dit, ça a l'air simple, voir même anodin. Ça l'est, de toute façon, mais évidemment, ça, c'est sur papier. Parce qu'en réalité, c'est une des corvées les plus ennuyantes que Natsume connaisse, et il grommelle toujours lorsqu'il se rappelle qu'il a un rendez-vous qui arrive. Il sait que c'est puéril et que ce n'est pas si important, que de toute façon il faut bien le faire, mais pour lui qui déteste perdre son temps, il s'agit de la meilleure façon de le mettre de mauvaise humeur. Il en sort généralement toujours à cran, et il y a fort à parier que cela sera aussi le cas aujourd'hui. Son pessimisme n'aide en rien à lui faire se dire que ce ne sera peut-être pas aussi chiant que d'ordinaire, aujourd'hui. Non, ça, c'est un espoir naïf qu'il a vite abandonné, et avec toutes les années d'expérience qu'il avait, il savait déjà qu'il aurait besoin de se défouler après, ou de prendre un peu de temps seul pour se détendre et ainsi éviter d'être désagréable avec les autres à cause de sa frustration. Il sait que la santé est importante, et que vu que son asthme n'est pas intermittent mais persistant, bien qu'il soit assez léger, il ne peut pas échapper à ces visites régulières. Ce n'est pas tous les jours, évidemment, mais ça l'agace quand même beaucoup.  

Déjà, une chose à savoir : il FAUT prendre rendez-vous tôt le matin. Non non, soyons plus clairs : si vous ne parvenez pas à choper un rendez-vous dès le matin, voir carrément vers le début des visites, dites adieu au reste de votre journée car après ça, le retard va rapidement pointer le bout de son nez. D'ordinaire, Natsume faisait toujours attention à y aller assez tôt, mais cette fois-ci, son rendez-vous avait été déplacé, bien sûr, à seize heures. En apprenant ça, il avait passé deux bonnes heures à grogner dans sa barbe inexistante, puisque une fois décodé, 'seize heures' veut dire 'dix-huit heures'. Bien évidemment, le lapin SAIT qu'il y a des urgences et que donc les médecins sont souvent en retard, mais ça ne l'empêche pas de rager à chaque fois.
Lorsqu'il fait ses premiers pas dans l'hôpital, il pousse un long soupir las. Il en a déjà marre. Mais pourtant, il s'avance vers les guichets de l'accueil et soupira en constatant qu'évidemment, la file d'attente était horriblement longue. En retenant comme il le pouvait ses grognements, il alla la rejoindre.
Et bien sûr, parce que ce n'est pas drôle sinon, il avait la joie de se retrouver entre deux personnes dont la définition d'espace personnelle était sérieusement à revoir. La femme derrière lui parlait fortement au téléphone, et Natsume apprit en outre que Ludivine allait très bien, que même que ses gamins ils avaient bien commencé l'année, que Jonathan allait reprendre les cours après s'être fait expulsé et que les hémorroïdes de Bastien seraient bientôt soignées, que Justine avait une coupe de cheveux a-bo-mi-nable non sérieusement elle aurait dû mettre son coiffeur au tribunal mais honnêtement elle se laissait aller et même que... Bref, vous l'aurez compris, toutes ces futilités déballées sur la scène publique avec un ton des plus agaçants emmerderaient n'importe qui, et là Natsume y avait le droit avec une voix criarde et insupportable en prime. L'adolescent serra les dents et se retint de dire quoi que ce soit, puisque de toute façon il ne servirait à rien de s'agacer étant donné que cela ne ramènerait probablement que davantage d'emmerdement et plus vite ce serait fini, plus vite il serait libéré.
Si il avait le droit à une plaie phénoménale devant lui, il avait également le privilège d'être presque compressé entre la femme de devant et le type de derrière, à qui il aurait bien dit de reculer un peu parce que au bout d'un moment vingt centimètres d'espace personnel ce n'est pas trop demander, bordel de merde. En expirant et inspirant régulièrement pour calmer ses nerfs qui commençaient à s'user, il patienta comme il le put, non sans commettre quelques meurtres particulièrement violents et gores dans sa tête.

Au bout de quinze bonnes minutes passées à calculer combien d'années en dehors de la prison son avocat pourrait lui faire gagner si il se faisait juger pour meurtre, ce fut enfin son tour de passer au guichet. Et bien évidemment, vu que la secrétaire avait la gentillesse, la courtoisie et la politesse d'un mur de béton, ce ne fut que plus énervant. Natsume se mit à penser à des bébés pokémon, à des glaces et à des trucs relaxants pour se calmer, ce qui marcha assez moyennement.
Après avoir reçu l'aval de la guichetière qui lui permit de se rendre vers le coin de l'hôpital réservé à la pneumologie, il marcha jusqu'à là-bas en passant par les multiples couloirs tortueux qui donnaient l'impression d'être dans un labyrinthe, et alla ensuite au secrétariat pour faire part de sa présence. En jetant un coup d’œil sur sa montre, il constata qu'il avait dix minutes de retard. Erf. C'était ennuyeux, mais il n'y était pour pas grand chose vu que ce temps avait été perdu dans la file d'attente.
Il eut alors le bonheur de voir que la secrétaire n'était pas là, mais entendit des voix dans la pièce d'à côté, ce qui signifiait qu'elle n'était juste pas à son poste. Alors qu'il piétinait du pied devant le guichet en entendant des gloussements et autres rires aigus de celles qui auraient du être à leurs postes au lieu de glandouiller et de glousser comme des dindes, il avança d'un peu pour jeter un coup d’œil discret vers la pièce où elles se trouvaient... Et constata qu'elles étaient en train de boire un café et de manger du gâteau en parlant de tout et n'importe quoi. L'adolescent grogna et pesta avant de marmonner une injure le plus discrètement possible, et retourna attendre comme un abruti.
Et bien sûr, il passa dix bonnes minutes ainsi. Une fois que la secrétaire finit par revenir et qu'il lui donna les papiers demandés, il manqua de justesse la crise de nerfs.

« Vous pourriez arriver à l'heure, quand même ! Vous êtes jeune, vous avez le temps ! Bon sang, les gamins de nos jours... Allez en salle d'attente. »

Pour une fois, donnons-lui une médaille de self-control pour s'être retenu de lui sauter dessus et de l'étrangler. Il fit comme ordonné et alla poser son derrière sur des chaises de la salle d'attente, non sans pousser un très long soupir en constatant qu'elle était pleine à craquer. Il manque de pousser un geignement plaintif après quelques minutes ; entre ceux qui parlaient à voix haute sans se soucier des autres, les gosses intenables et hyperactifs qui couraient partout et faisaient un bruit monstre, ceux qui passaient leur temps à renifler ou ceux qui sentaient aussi bon qu'un Tadmorv, il devait dire qu'il était gâté.
Et là, il eut le droit à une heure à un peu près une heure et demie d'attente. Une looooongue heure et demie passée à prendre son mal en patience, jouer à Geometry Dash sur son portable, en arriver (à sa plus grande honte) à lire des magazines cons et dénués de tout intérêt laissés sur une table et surtout, serrer les dents pour se retenir de gueuler et de dire aux autres de fermer leurs grandes gueules. Mais vu que ça aurait été malpoli, ou plutôt qu'il ne voulait pas s'attirer de problèmes à criser inutilement, il se contenta de se taire. Et bon sang, ça devenait de plus en plus difficile.
Une infirmière vint (enfin) le chercher pour aller passer les tests, et il passa vingt autres minutes à attendre dans un couloir, à considérer tout et rien, en passant par le fait que tiens, il avait mis des chaussettes dépareillées. Une fois qu'elle eut fini, elle l'appela pour qu'il rentre et passe son EFR (Exploration Fonctionnelle Respiratoire, pour les curieux). Comme d'habitude, l'examen est chiant, usant et bien qu'il ne dure pas plus d'une demie-heure, Natsume meure déjà d'envie d'être de retour chez lui.
… Mais vu qu'il a bougé à un petit moment, il va devoir tout recommencer. Alors du coup, l'examen dure bien plus que trente minutes ; il est déjà dix-huit heures vingt, et il a l'impression qu'il va rester ici jusqu'à vingt-heures si ça continue.

L'infirmière lui fit ensuite signe de retourner en salle d'attente... Où il passa une autre heure entière. Après avoir envoyé un message à Faust pour indiquer qu'il ne serait pas de retour pour le dîner, il vit (enfin) son pneumologue attitré arriver. Bon, même si le personnel était assez peu agréable, Natsume l'aimait bien, le docteur Choserot. Il était un peu excentrique, certes, mais il passait souvent à la pension pour y laisser sa Blindépique, Adja, que le lapin appréciait tout particulièrement et qui était, même si il ne l'avouerait jamais, peut-être une de ses favorites. Et la créature, aussi grande, imposante et puissante qu'elle était, ne l'avait jamais blessé et le laissait même monter sur son dos de temps en temps. Le médecin lui fit signe de le suivre, et Natsume s'exécuta. Une fois assis dans le bureau, l'éleveur écouta en silence.

« Donc les résultats ne donnent rien d'alarmant... Vous prenez toujours votre médicament de façon régulière, monsieur Shimomura ?
- Bien sûr. »


Ouh le vilain menteur. C'est maaaaaaal de mentir, surtout quand il oublie une fois sur deux et ne s'en rappelle que lorsque ses poumons commencent à se venger en le rappelant à l'ordre par un pincement des plus désagréables et une sensation de constriction semblable à celle de l'étouffement. Mais en tous cas, sur le coup, il s'était dit qu'il valait mieux dire ça.

« Au niveau des crises, vous n'en faites toujours pas plus d'une par jour ?
- Hn-hn.
- Niveau sommeil, vous vous en sortez aussi ? Pas de réveils à cause de difficultés respiratoires ? Est-ce que vous fumez ou vivez avec des gens qui fument ?
- Non, tout va bien. Et non aussi.
- Parfait, donc. Nous allons continuer le traitement de fond, comme d'habitude. Vous avez des questions... ?
- Pas que je sache, non.
- Bien, alors maintenant, je peux vous parler de quelque chose qui n'est pas lié au travail. »


Le japonais cligna des yeux, surpris. Il resta silencieux, confus, alors qu'il inspectait le médecin à la recherche d'un indice quelconque sur le sujet qu'il voulait aborder. Celui-ci se pencha d'ailleurs pour récupérer quelque chose, que Natsume ne vit que lorsqu'il fut à quelques centimètres de ses yeux, et il le reconnut bien vite, parce qu'il était celui qui l'avait donné au pneumologue. Cet œuf de Marisson, il l'avait assez observé comme ça pour le reconnaître entre mille.

« Voyez-vous, aussi gentille que soit mon Adja, elle n'est pas très maternelle et n'a pas tellement envie de s'occuper d'un enfant que ça... Elle n'est pas très mature, même si elle est adorable. Alors je me suis dit qu'il faudrait trouver un dresseur pour ce petit, et je me suis rappelé que vous appréciez le type plante, et que vu qu'Adja vous aime bien, ça passerait auprès d'elle. Avec son autorisation, j'aimerais vous le confier. »

Silence. Oui, vous la voyez venir, la comparaison avec l'erreur 404, mais elle n'a jamais été aussi vrai qu'aujourd'hui. Son regard passe du médecin à l’œuf, dans un aller-retour presque comique, digne d'un cartoon, jusqu'à ce que sa bouche se ferme et ne s'ouvre comme celle d'un poisson.

« Enfin, si vous êtes d'accord, bien évi-
- Absolument ! »


Son exclamation était un peu brusque ; du coup, ses joues se mirent à rosir et il détourna le regard, gêné par cette réaction un peu excessive mais pourtant très honnête quand à ce qu'il pensait. Le médecin rit un peu, amusé.

« Bon, eh bien... Je ne vous raccompagne pas, j'ai des papiers à signer. Bonne journée ! »

Après avoir remercié à profusion le pneumologue, il prit l’œuf dans ses mains et se dirigea vers la sortie, sans oublier de prendre son rendez-vous pour la prochaine fois. Et en sortant, même si il était vingt heures et qu'il avait quasiment perdu quatre heures de sa vie, il avait tout de même passé une très, très bonne journée.
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