Dans tout ça, je n’ai pas vraiment mon mot à dire, comme c’est surtout à Lizbeth, à sa jeune progéniture, et à Lia de décider quoi faire. Je pense que cette petite cérémonie doit être faite, et je laisse faire, donc, en observant d’un regard un peu attendrit, tout en prenant à terre un des bébés, le plus pleurnichard, qui ne retient pas ses larmes au départ de son grand frère. Au moins, lui, il restera encore un bout de temps avec ses parents. Toute la scène saurait presque m’émouvoir, ils sont touchants, tous les trois. J’ai confiance en Lia, elle fera certainement une très bonne dresseuse pour ce jeunot turbulent. Enfin, Lia et Lizbeth tombent d’accord, et tout s’est bien passé. Heureusement que Chris n’était pas dans les parages, en revanche… Et la jeune femme se prépare donc à partir, rassemblant ses affaires et rappelant son Drattak à elle, après avoir enfermé son nouvel allié dans une capsule bicolore. Ses paroles répondant a mes propos sur la famille me laissent un moment circonspect, cependant. Vraiment, les frères et sœurs se retrouvent toujours? Oui. Et parfois ils s’entretuent, aussi. Je ne sais pas si c’est car la folie s’empare toujours de moi quand je repense a ces évènements du passé que mon sourire s’élargit alors, approuvant les propos de Lia. Quelle belle innocence… mais si elle savait, pour moi, pour Irina!

« Bah, si il t’a choisi c’est que pour lui tu es digne de confiance. Ne le gâte pas trop, pas contre, il finirait par te bouffer un bras! »

Dis-je en ricanant un peu. Je m’approche pour saluer la jeune femme d’un baisemain (autant être un emmerdeur jusqu’au bout), et la regarde monter sur le dos de son destrier, accompagné des bébés qui se sont perchés sur mes épaules et ma tête, adressant en imitant leur mère des au revoir à leur frère et à Lia. J’adresse un signe de main sobre et un clin d’œil a la brunette sur le départ, alors qu’elle me fait promettre de prendre soin de moi et de me recroiser un autre jour.

« Enola est petite, alors j’en suis sûr. Salut! »

Et puis, elle s’est envolée. Quand l’ombre du Drattak disparut dans les cieux, Lizbeth vint réclamer son lot de caresse supplémentaire, et ses petits vinrent se blottir dans ses ailes et sa crinière. Je décide de les laisser un moment seuls pour se recueillir. De toute façon, avec le monstre qui vient de se pointer dans le ciel et qui fond a une vitesse impressionnante vers nous, je vais avoir du boulot. Dès son atterrissage, Chris sent que quelque chose n’est pas comme avant, et son premier réflexe est d’aller voir et compter ses petits. Il rugit de colère en voyant qu’il en manque un. Il s’apprête à s’envoler pour poursuivre ses « kdnappeurs », et c’est là que j’interviens pour le calmer. Je tente de lui expliquer la situation du mieux possible, si possible sans l’agacer plus encore. Déjà qu’il proteste bruyamment à chacune de mes phrases.

« T’en fait pas, c’est une jolie fille qui l’a emporté avec elle… Naaaaaan, me regardes pas comme ça, je lui ait pas donné parce qu’on a… Quoi?! Mais t’es con, toi, le Scorvol! … Hein ?! Répètes, pour voir?... C’est ça, va donc faire ton boudin autre part! »

Enfin, l’essentiel est qu’il soit prêt à accepter le départ de son ainé. Je sens bien la tristesse derrière sa colère, et le rejoins derrière la ferme pour m’asseoir à ses côtés, alors qu’il s’est roulé en boule dans un coin. Je crois que je me suis endormi en me servant de lui comme oreiller. La vue d’un mastodonte de deux mètres au réveil n’a pas été des plus charmantes, en revanche. Enfin. Je ne regrette rien de cet après-midi ? J’ai lavé ma voiture, et en plus, j’ai gâté une jolie fille (si vous avez pensé à ce que je pense vous me dégoutez)! Quelle journée bien remplie! Ahah. L'en faut peu pour être heureux!