C’est assez grandiose, ici. Ouais, c’est pas mal. Un peu sobre, quand même. Ça manque d’argent et de bleu roi, je dirais. Enfin, ça c’est mes couleurs, et je ne suis pas là pour donner des conseils aux décorateurs des lieux, l’ambiance solennelle de la ligue de Nuva Eja en impose déjà bien assez. Plus que je ne l’aurais imaginé, je dois bien le dire. J’étais déjà venu, mais venir en tant que compétiteur ici à ce niveau de la compétition rajoute tout un charme particulier. Tous ces bâtiments sentent la puissance. Après tous, c’est l’Elite que l’ont trouve en ces lieux. Bien entendu, certains champions sont forts, mais paraît-il que les Conseillers sont une toute autre histoire. Pour les vaincre, il faut être parmi les meilleurs. La crème de la crème, monsieur, si vous voyez c’que j’veux dire… Oh, ce ne sont pas les lieux qui me font penser de manière si dramatique, c’est ma façon d’être habituelle. Enfin, j’ai fini de ressentir la puissance qui semble envahir les lieux, et maintenant, je me rends aux loges. Les préparations ne prennent pas beaucoup de temps, bien que je sois arrivé avec mes alliés à l’avance. J’avais hâte, il faut dire, je suis comme ça. Je passe mon costume bleu nuit aux airs d’uniforme, et passe ma cape de la même couleur. Je ne résiste pas à m’amuser à la faire voler plusieurs fois, parce que c’est fabulous, voila pourquoi. Pendant que je joue tout seul avec un sourire de gamin, Irma est sortie de sa sphère bicolore et m’observe. Nous n’avons pas vraiment communiqué depuis hier. Je suis surpris qu’après ce qui s’est passé la veille, Irma ait accepté sans soucis de venir combattre à mes côtés aujourd’hui. A vrai dire, peut-être devrais-je lui redemander.

« Irma, après ce que je t’ai dit hier, tu ne te sens pas obligée de combattre, hein? »

La Lugulabre semble prise de court par ma question. Les flammes bleutées qui brûlent dans ses yeux crépitent d’un air perplexe. Vraiment, pour elle cela semble une évidence de se battre. Je ne sais si mes paroles ont fait mouche, ou si ce qu’elle a toujours voulu. Mais j’ai confiance en elle depuis un long moment déjà, bien assez pour lui confier en partie d’un match de ligue. Mais le feu bleu qui brûle dans les orbites vides du candélabre veut me signifier autre chose. Je crois qu’elle veut me demander… Ah.

« C’est pour Ginette, c’est ça? »

Elle confirme les dires d’un hochement de tête très solennel. Je vois. Elle va dédier son combat du jour à notre défunte alliée et amie, celle qu’elle considérait comme une fille ou une petite sœur. Puis-je vraiment lui refuser l’affrontement avec une telle motivation? Je ne me le permettrais pas. Je tire un peu sur mon col, tout en réfléchissant un moment. Je suis d’accord avec mon amie. Moi aussi, je me battrais à la mémoire de Ginette. C’est une meilleure motivation que me battre pour prouver la valeur à Helmut. Je me battrais toujours pour notre futur, bien évidemment, le mien, et celui de Ludwig et Riku. Bien entendu, que je gagne ou je perde aujourd’hui, je n’ai toujours aucune idée de ce que mon paternel me réserve comme programme ensuite. Profiter de ma faiblesse temporaire après le match serait bien son genre. Je m’attends à tout, mais pour le moment,  je dois gagner. Mon visage s’orne d’un sourire dirigé vers Irma, puis je hoche la tête. Nous nous battrons pour elle.

Le temps d’avance que j’avais pris est vite passé, et un type vient m’appeler pour m’accompagner jusqu’au stadium. Pour la première fois depuis le début de la compétition, le trac me prend à la gorge et au ventre. J’ai un moment d’arrêt et déglutit avec difficulté. La tête me tourne légèrement, et je ressens une légère nausée. C’est fort étrange, que ce soit sur un véritable champ de bataille, dans une arène, ou dans n’importe quel contexte ou ma vie est en jeu, je n’ai jamais ressenti ce genre de choses. Ce doit-être ce lieu, cette épée de Damoclès qui pèse toujours sur moi. Irma s’avance à mes côtés alors que je me suis arrêté au milieu du hall. Elle m’observe, ressentant mon malaise passager. Riku m’a souvent dit qu’elle avait un trac impossible avant d’aller combattre, mais je ne suis pas elle. Et d’autre part, si Ludwig me regarde certainement en ce moment… Est-ce que elle aussi me regarde? Pas Riku, non. Elle. Si elle n’en avait pas encore assez le cœur net, elle verra à quel point mon désir de vivre est fort. Solène Weber… Me regarde-t-elle? …Euhm. Mon regard empli de doute devient blasé en un instant. Puis j’arque un sourcil sans comprendre. A quoi je pense, moi? C’est quoi ces soliloques intérieurs à la con?! Je soupire longuement sur ma bêtise et passe une main dans mes cheveux pour me recoiffer bien que ce ne soit pas nécessaire. Tout de suite, ça va mieux. Franchement, c’était quoi, ça, là, ce putain de vertige?! Je me remets à avancer sans aucune hésitation, dépasse le type de la régie qui marchait devant moi et pousse furieusement les portes du Stadium pour y entrer avec grand fracas. Quelques regards à droite et à gauche, niveau public aussi, c’est vachement plus hype que les matchs d’Arène. Bon, pas que beaucoup de monde vienne voir mes match de toute manière (et les absents ont des milliards de fois tord, laissez-moi vous le dire tout net), les gens viennent plus volontiers fanboyiser sur leurs Elites favoris que les challengers, je suppose. Et je ne me rappelle pas avoir attiré beaucoup l’œil de fans, a part des tordus après mon délire Irina-ien, au quel j’ai pas très envie de repenser.  Ce qui compte, en ce moment, c’est mon adversaire.

Lady G. On peut dire que cette jeune femme n’a pas usurpé sa réputation concernant sa beauté. Mais ce n’est pas à son seul physique que je m’arrête, ce serait insultant envers ses capacités de guerrière, car il se dégage d’elle quelque chose de particulier. Il n’y a pas que l’aura que lui donne sa place de Conseillère, non, la rouquine flamboyante en face de moi respire la puissance. Elle est un être intéressant à part entière. Le genre d’adversaire qu’il me faut. Je n’ai pas de temps à perdre avec des êtres inférieurs qui seraient là uniquement par célébrité ou par piston. Ces lieux sont réservés aux combattants, et aux meilleurs d’entre eux. Quand j’ai fini de l’explorer de la tête au pied, gravant son visage et sa silhouette dans mon esprit, je réajuste de nouveau mon col et fais voler ma cape comme par réflexe, amenant Irma prés de moi par la même occasion.

« Lady G. Je suis ravi de t’affronter aujourd’hui. Mon nom est Alexander Nagel, et voici Irma, elle sera votre premier adversaire. »

Avec fierté, je laisse mon amie s’avancer sur le terrain avec son habituel calme olympien. Le combat va bientôt commencer, et j’ai grandement hâte. Je tente de ne pas trop trépigner sur place, et savoure également le calme avant la tempête. Nous gagnerons pour notre futur, et pour Ginette

Je ne sais pas vraiment à quoi je m’attendais en allant affronter la Conseillère Fée. Je m’étais surtout préparé au combat, mais avec les évènements des derniers jours, je ne me suis pas intéressé de plus près à la personnalité de ma future adversaire. Chose que je fais d’habitude, car après tout, la véritable nature des gens ressorts lors de leurs affrontements, et cela est fort efficace pour en savoir plus sur leur façon de mener leurs affrontements. Pour une fois, je ne savais pas vraiment qui j’allais affronter. Et maintenant que je suis ici, je dois bien avouer que le comportement de Lady G me surprend. En l’apercevant, en kimono, j’aurais cru m’attendre à un accueil plus solennel. Ma foi, il me plaît toujours plus d’être accueilli de manière plus familière comme la jeune femme le fait. Elle porte un sourire confiant sur le visage, et ses yeux brillent tout autant d'une lueur de défi que les miens à l’idée de combattre. J’ai affaire à une véritable guerrière, et ce n’est pas qu’une apparence qu’elle se donne, avec sa lance et son grand kimono. Au contraire, si cela colle si bien, c’est qu’elle est à fond dans son personnage. Et bien sûr, comment ne puis-je pas m’arrêter un moment sur sa Mysdibule, vu l’amour et le fanboyisme que je porte aux Pokémon de cette espèce?

« … Wow… Cette Mysdibule est magnifique. »

Oups, mes paroles ont dépassé ma pensée, je crois. Au lieu de répondre à sa phrase de défi, je commence à admirer le Pokémon acier. Je me racle la gorge quand Irma le lance un regard équivoque. Arhem. Bref. En même temps, c’est une réaction bien ordinaire : parmi les bestioles de type acier, Mysdibule est certainement mon favori. Ils sont pour moi la définition même des mots « badass » et  « mignon » en même temps. Ils possèdent en plus de cela des capacités de combat non négligeables et leur apparence étrange est indiscutablement unique. Je les trouve géniaux, tout bêtement. Je pense à Lorelei encore enfermé dans sa Pokéball pour le moment. Je suis fortement tenté de le faire sortir pour montrer ma fierté de l’avoir à mes côtés (et prouver mon appartenance a la secte pro-Mysdibule)! Mais, chaque chose en son temps. Si j’aime tant ces Pokémon, j’en connais donc plutôt bien les forces et les faiblesses, et cela car j’en possède moi-même un. Et grâce à Irma, je pars avec un avantage certain. On verra bien. Je ne fonctionne pas comme le dit le proverbe « prudence est mère de sûreté », bien au contraire. Je frappe avant de réfléchir, c’est tout aussi efficace. Mes observations rapides faites, je souris à nouveau pour répondre à la Conseillère.

« Je n’ai jamais été aussi prêt, "ma chère"! Et j’espère que tu es tout aussi parée que moi. Je sens qu’on va bien s’amuser, tu ne regretteras pas d’avoir accepté de m’affronter!»

Dis-je en lui envoyant une œillade complice, et en mimiquant ses paroles avec un ton humoristique. Nous sommes sur la même longueur d’onde, et cela ne peut que laisser présager une bataille mémorable. Cela n’a plus rien d’un match d’arène. Ceux-là étaient des matchs pendant lesquels je n’étais pas assez moi-même. C’est pour ce genre d’affrontement que je me prépare à avoir contre Lady G que je me suis lancé dans cette compétition. D’un geste réflexe, je fais voler ma cape à nouveau pour ensuite porter une main vers l’avant, et donner le signal à Irma aussitôt que le début du match retentit.

« Irma, nous ne devons pas décevoir nos adversaires! Montre-leur ce que tu fais de mieux! »

Je n’ai pas besoin de me répéter. La Lugulabre s’entoure déjà de centaines de grandes flammes bleutées su multipliant à chaque seconde. Le candélabre spectral tourne sur elle-même et rassemble toutes les flammes en un point, pour ensuite les projeter vers son adversaire en un seul jet de flamme immense, qui répandit d’autres flammes sur le reste du terrain. Irma ne peut pas s’empêcher de se mettre en scène lorsqu’elle combat, c’est tout elle. Je regrette parfois de ne pas lui avoir fait faire de coordination, de temps à autres. Mais tout cela ne l’empêche pas d’être une redoutable guerrière. Et j’ai hâte de voir nos adversaires répliquer!

Même si elle est d’habitude sage et mesurée, je n’ai jamais vu Irma si agressive et directe qu’aujourd’hui. Son adversaire n’est pas la cause de sa colère ni de sa tristesse de ces derniers jours, mais certainement qu’elle saute sur ce combat pour pouvoir se débarrasser de sa haine et prendre du recul. La voir dans cet état est étrange, et même pour moi qui suis de nature impulsive, ça m’inquiète un peu. Les flammes d’Irma n’ont pas démonté nos adversaires, et la Conseillères à totalement snobé mes paroles au profit de son alliée. Il faut être aveugle pour ne pas voir le puissant lien qui semble unir Lady G et Khaleesi. La conseillère déborde de confiance envers son alliée et cela se sent. Le lien de longue date qui me lie à Irma n’a rien à leur envier pour autant. Si elle est là en ce moment, la raison est évidente. Les mots ne sont que rarement nécessaires entre nous, ce n'est pas mon genre de faire de braves tirades encourageantes, mais je n'en pense pas moins. Maintenant que mon amie est concentrée sur ses attaques, je ne peux que la regarder avec fierté. Alors pourquoi est-ce que les choses devaient se retourner si vite? Fait chier. Les yeux rivés sur le terrain, j’ai bien vu notre adversaire prendre sa superbe forme méga-évoluée, et aussitôt partir au combat… Avec une vitesse dont je ne l’aurais jamais cru capable. La Mysdibule traverse les flammes sans aucune peur et évite les brûlures. En un clin d’œil, elle est déjà proche… trop proche.

« Irma, en bas! »

Bordel de fick! Il n’a pas fallu dix secondes à notre adversaire pour placer ce coup redoutable. Ma Lugulabre prend l’attaque ténébreuse de plein fouet et atterrit à mes pieds, le lustre lui servant d’enveloppe fissuré par endroits. Et merde, dites-moi que c'est pas vrai... Elle est déjà hors combat et dans un sale état. Je ne perds pas de temps pour la rappeler en évitant d’avoir l’air trop expressif devant tout ce public et devant mes adversaires. Elle a besoin de repos avant tout. Mon poing se referme sur la Pokéball, tremble de colère contre moi-même. Je connais bien l’espèce de notre adversaire, et je n’ai pas pu prévoir ça. Quelle ironie. Mes dents se mettent à grincer tandis que des chuchotements perplexes commencent à parcourir les gradins devenus silencieux. Oh, je sais bien qu'il doivent se dire : "encore un qui n'est pas à la hauteur!". Et c’est effectivement un sérieux avantage que vient de prendre la Conseillère sur moi. Et je ne parle même pas de la mine déçue que Ludwig doit faire après avoir vu ça. J’entends presque clairement la voix de mon paternel à mes oreilles me souffler à quel point je suis faible et incapable, car lui aussi doit avoir tout vu. Je n’ai pas perdu, mais la chute que je viens de faire est extrêmement douloureuse. Dans des temps aussi primordiaux, comment ai-je pu commettre une erreur si primaire? La voix d’Helmut raisonne encore et encore dans ma tête. Je vais perdre les pédales, je le sens bien.  Mon expression devenue glaciale change de nouveau, et un sourire sordide se peint sur mon visage, ne rendant aucunement mon expression plus chaleureuse. Si mon sourire a jamais été chaleureux ou sincère, toutefois. Car j’ignore si c’est arrivé un jour. J’émets un rire suave, narquois, un réflexe qui m'évite que j'ai toujours eu pour éviter de céder ma folie furieuse.  Et je ne dis rien. Les commentaires de mauvaise foi n’ont pas leur place ici. Mon poing ne cesse de trembler de rage. Ma voix intérieure me crie de ne pas réfléchir et de simplement tout détruire dans cet endroit, mais je ne dois pas sous-estimer le monstre d’acier capable de me refaire ce genre de coup feinteux. Je ne peux pas me permettre de perdre ce combat. Je passe ma main dans le col de ma veste et replace une nouvelle fois ma cape. Quand cette dernière vole, une nouvelle sphère bicolore s’ouvre et fait apparaitre mon second allié dans un éclair argenté.

« Et voici Stein. Mon ami, ne laisse aucune chance à ces adversaires, ils ont eu Irma. »

C’est sur le dos de mon fidèle Fermite que repose le dénouement de ce match. Il me faut lui faire entièrement confiance. Son regard termine de me convaincre de croire en lui. Nous gagnerons, j'en suis sûr.

Stein n’est pas du genre à laisser paraître la moindre gentillesse, que ce soit dans son comportement patibulaire habituel ou dans sa façon de se battre. Cette bestiole est une adorable machine à tuer. Mes standards du concept d'"adorable" son cependant très différents de ceux du commun des mortels. Bien entendu, l’adversaire face à nous promet d’être coriace, et je suis sûr que Khaleesi ne s’inclinera certainement pas au bout d’un seul coup. Le combat qui va suivre promet d’être intense. Stein se fiche bien du sort de ses camarades, et celui d’Irma ne fait pas vraiment exception à la règle. Néanmoins, depuis la bataille ayant eu lieu au château il y a une semaine, pendant laquelle il se retrouva fort mal en point et protégé par plusieurs de ses camarades, une sorte de respect envers ses alliés est née en lui. Il voit en ceux qui se battent des guerriers, y compris en Irma et en Ginette. Il n’est pas du genre, comme Irma, à se battre en mémoire d’un autre, c’est un égoïste assumé. Mais jamais il ne sous-estimera ou regardera avec mépris un Pokémon ou un humain qui avait d’en l’idée de se battre jusqu’à son dernier souffle. Sa réaction à propos du cas d’Irma est presque inexistante, le Fermite se contente de tourner la tête lentement vers moi et de hocher la tête. Une lueur que seul moi perçois pour bien le connaître est présente dans son regard, une lumière qui trahit une minuscule émotion, une petite idée de vengeance de son alliée. Ou du moins, un acharnement futur dans ce combat qu’il ne nous laissera pas perdre. Tout cela fait qu’il n’est pas un de quatre Généraux pour rien. La tête froide en permanence, il n’a peur de presque rien, si ce n’est à l’exception faite du feu, contre lequel il est tout bonnement ridiculement impuissant. Je le sais extrêmement calculateur, et l’habit ne fait pas le moine quand on en vient à l’intelligence muette de Stein. Je n’ai pas besoin de mots pour confirmer que mon ami a déjà calculé sa stratégie d’attaque. Nous sommes sur la même longueur d’onde quand il faut parler de guerre, et c’est ce qui nous a unis, après tout.

« C’est maintenant que les choses sérieuses commencent, hein? »

Fis-je en retrouvant mon sourire, cédant à l’adrénaline qui revient progressivement en moi après mon premier échec. Je n’ai plus le droit à l’erreur, désormais. Donc, oui, les choses sérieuses commencent, et je peux bien mieux cerner la force de nos adversaires désormais. Ce fut un mal pour un bien, comme on dit. Un mal qui me fait carrément grincer des dents, comme lorsque Sophie était tombée face à la Galifeu de Charlotte de Zazambes. Mais le moment n’est pas à l’apitoiement.

« Stein, à la charge! »

Fis-je d’une interjection vive et claire, en levant mon bras au loin, devant mon visage. Mon sourire s’élargit de plus belle. C’est ça qui est bon, la fièvre du combat dans toute sa splendeur.

Nous avons un sérieux retard à rattraper, mais je suis déjà passé par ce genre de situation. C’est comme si cette garce lunatique de destin (bien que je ne croie pas à son existence) adorait me faire tomber au plus bas pour ensuite remonter la pente. Finalement, ce genre de contexte est un lieu commun dans mon existence, et même si le coup est toujours dur, c’est exactement ce genre d’échecs qui me font devenir plus fort, font de moi ce que je suis aujourd’hui. Une pente comme celle qui m’est imposée depuis plusieurs mois maintenant ne me fait plus peur. Bien entendu, je crains la défaite, même si cette dernière n’est que la signification d’un futur recommencement. J’ai été patient, pendant presque un an, après qu’elle m’ait mis à bas. J’ai attendu plus de 10 mois pour l’affronter de nouveau, sur son propre terrain. Il n’y a pas qu’elle, il y avait aussi moi. Tout ce temps m’a servi a redevenir véritablement moi-même, et à me rendre compte de ce qui compte réellement pour moi, trouver ma place entre passé, présent et futur, et enfin, trouver ce que je veux vraiment. Je veux le champ de bataille, je ne veux jamais cesser de me battre.

Stein sur le terrain se démène contre la Mega-Mysdibule qui ne lui laisse pas un instant de répit. Encore cette attaque ténébreuse qui permet à notre adversaire de dépasser le Fermite en vitesse, lui qui ne manque pourtant pas d’être le premier à frapper d’habitude. Je vois bien que ses blessures de l’autre soir lui pèsent toujours, mais Stein tient bon, sa persévérance forcerait le respect de n’importe qui. Et ses efforts finissent par payer, car il parvient enfin, après une dernière charge rapide qui fit briller son armure argentée, à faire courber l’échine à son adversaire qui tombe finalement à terre. L’insecte de métal revient vers moi, les nerfs toujours à vif, se préparant à une récidive possible de la part de Khaleesi. Je n’ai presque pas bougé de ma position, mais cela ne m’a pas empêché de me donner corps et âme dans ce nouveau combat, en criant à mon allié des mots le forçant à persévérer, accompagnant mes mots de gestes vifs du bras et de la main. Je ne suis pas aussi exténué que Stein, bien entendu, mais je dois essuyer les gouttes de sœur qui perlent sur mes tempe d’un geste rapide de la main.

Enfin, le mot est donné par l’arbitre, et Khaleesi est déclarée hors combat pour le moment. Par réflexe, mon poing serré se lève pour revenir vers moi dans un geste de victoire. Je laisse passer un cri de victoire formulé dans ma langue maternelle entre mes dents. Et de un. Il en reste deux autres. Nous n’avons pas encore rattrapé notre retard, et je ne sais pas combien de temps Stein pourra encore tenir. Je le sais prêt pour le prochain adversaire.

« Au repos, Stein, c’était magnifique. »

Je l’autorise d’un hochement de tête de baisser sa garde un court moment pendant que la conseillère choisit son prochain allié. Bien que réticent, le Fermite loyal m’obéît et se secoue pour se détendre l’espace de quelques minutes. Je me prépare déjà à réfléchir à la prochaine stratégie à employer contre notre prochain adversaire. J’ai beau avoir étudié cette équipe sommairement, il est impossible de prévoir tant de facteurs, et je ne saurais pas non plus calculer quel sera le prochain adversaire de Stein. L’essentiel est de trouver la bonne chose à faire au bon moment. Je ne laisserait pas un erreur avoir raison de mes autres alliés comme cela a déjà eu raison d’Irma.