Où comment être ridicule

LIBRE

Dire que Faust avait tendance à être stupide ne serait pas vraiment un mensonge. En réalité, il s'agirait plutôt d'une certitude. Les ennuis et les problèmes semblaient le trouver particulièrement attirant pour des raisons qu'il ignorait totalement. Non, vraiment, ne cherchez pas.
Il avait été réveillé à l'aube par les rayons du soleil et, ayant été trop fainéant pour monter une tente la nuit d'avant, avait dû se lever. Il avait grommelé, juré, pesté et prononcé des injures qui auraient fait pâlir bon nombre de personnes, mais l'astre solaire montrait déjà toute sa splendeur. Toutefois, il avait dû se rendre à l'évidence qu'il ne pourrait décidément pas sombrer dans les bras de Morphée lorsque son Caninos décida que lui lécher le visage était une bonne idée. Vaincu par l’insistance de celui-ci à pourrir sa matinée, Faust quitta la chaleur de son sac de couchage et après un repas léger composé de sucreries,  il décida de partir sans attendre. Il était quelque peu impatient à l'idée de repartir sur les routes : vivre en appartement lui avait donné l'impression qu'il s'encrassait, et il détestait cela. Tenter d'enchaîner quelqu'un qui avait goûté à la liberté était une folie, bien que dans son cas il était le seul à s'être mis des chaînes. Des chaînes qui prenaient différentes apparences, différents noms, différents visages. Il ne savait plus où commençait Noctis, où commençait Méphisto et où terminait Faust, mais là n'était pas la question.
Il traîna un petit bout de temps, alternant entre tenter d'écrire la suite d'un roman qu'il devait envoyer d'ici deux mois et marcher. Il décida avec maturité de procrastiner, supposant que les pages finiraient bien par se remplir à un moment ou un autre. Ne brisez pas son rêve, et oui il s'agissait là d'un adulte responsable.
Le châtain observa silencieusement, si l'on oubliait les jappements heureux d'Arthur à ses côtés, la nature environnante. Les feuilles orangées et les branches craquaient, la brise légère remuait ses mèches indomptables tandis que l'odeur indéfinissable de la nature inondait ses narines. Le jeune chien de feu, encore peu habitué à se dégourdir ainsi les pattes et d'être à l'extérieur, paraissait déterminé à parcourir chaque centimètre carré de la zone. Faust ne tenta pas de le maîtriser : il ne l'avait jamais fait auparavant avec Dalhia. Il se souvenait même avoir passé énormément de temps à courir, avide de nouvelles expériences et de nouvelles découvertes, enthousiasmé par la beauté du paysage qui passait sous son regard. Maintenant qu'il avait eu le temps de découvrir, il pouvait enfin voir. Il savait que prendre son temps était la meilleure manière de profiter des merveilles visuelles qui parsemaient l'île, ce qu'il n'avait pas eu la conscience de faire lorsqu'il était plus jeune. Il lui arrivait parfois que la compagnie de Dalhia lui manque et, machinalement, il regardait à sa droite pour constater que celle-ci n'était pas à ses côtés. C'était étrange pour lui de constater que sa plus fidèle amie n'était pas avec lui, mais il avait préféré la laisser à Nuva Eja. C'était égoïste de sa part, mais il avait également besoin de revivre cette sensation indéfinissable, cette envie de progresser qui lui avait donné des ailes lorsqu'il était plus jeune. Il ne voulait vraiment pas perdre de vue ce qu'il avait pris tant de temps à comprendre.
Il ne fit pas vraiment attention à ce que faisait Arthur, à vrai dire. Il n'avait pas passé beaucoup de temps avec le jeune chien, et il n'était pas vraiment très attentif. Le conseiller, toutefois, finit par noter que le Caninos était en train de courir un peu trop loin pour son goût.

« Euh... Arthur ? » l'interpella-t-il maladroitement.

Il ne reçut pas de réponse, et la silhouette du petit chien s'éloignait de plus en plus. Il écarquilla les yeux et pesta. Il laissa Clive s'accrocher à ses épaules et lui courut après, ce qui était particulièrement ridicule. Il n'était pas inexpérimenté, pourtant, mais il avait oublié qu'un pokémon nouvellement obtenu avait tendance à ne pas obéir. Pas doué, le mec.
Il courut jusqu'à atteindre le pokémon, et nota que celui-ci sautillait devant quelqu'un, et Faust ne pu que se sentir gêné. Les pattes d'Arthur étaient au passage couvertes de boue et de fumier, et il trouvait apparemment amusant de s'appuyer sur les jambes de l'inconnu pour tenir sur deux pattes. Vraiment, il avait l'impression d'être un gosse sans contrôle sur son propre pokémon, et non un adulte responsable.
Ah, c'te blague. Lui, un adulte responsable ?

« C'est pas vrai... Arthur, arrête. » marmonna-t-il en passant une main sur son visage, excédé.

Le jeune chien de feu, en l'apercevant, baissa les oreilles et geignit. Il s'assit lentement, ne quittant pas des yeux son maître blasé. Faust se tourna vers la victime des pattes sales de son Caninos, un sourire bancal sur son visage.

« Ah. Merde. »

Littéralement, et là était tout le problème. Il supposait que peu de personnes appréciaient ce genre de contact.

« Euh, pardon, je voulais dire que je suis désolé. J'ai encore du mal à le contrôler, et il ne m'écoute pas vraiment. Si il faut vous rembourser, je le ferai. » dit-il en balbutiant légèrement.

Il passa une main dans ses cheveux, se sentant soudainement très petit. Bravo, Faust, on ira loin avec toi. Le Caninos alla se cacher derrière ses pattes, osant à peine rencontrer son regard. Faust lui jeta un coup d’œil agacé. Ils avaient encore du boulot à faire avant de pouvoir s'entendre.
Des fois, le châtain se demandait s'il était maudit, puis il se rappelait qu'il avait juste le cerveau d'un poisson rouge.

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Feat John Lewis Armstrong

Faust était un petit trou du cul. Un manipulateur qui connaissait son talent et qui savait l'utiliser pour s'amuser et obtenir ce qu'il voulait. Cela remontait tout simplement au fait que, ayant vécu dans une famille nombreuse, il avait fallu apprendre à perfectionner ses mensonges. Il était vraiment aidé par son visage de gamin innocent. Combien de personnes avaient tendance à le croire lorsqu'il montrait un sourire et affichait un air de naïveté ? Pour tout dire, c'était un peu une obligation dans son job. Avoir quatre identités, en plus d'être un espion et un voleur, demandait une maîtrise de soi et des apparences exceptionnelle. De plus, on avait tendance à lui pardonner beaucoup de choses, et Faust le savait très bien. Il en profitait sans honte.
Il ne corrigea pas l'autre lorsque celui-ci présuma qu'il débutait : en un sens, c'était juste, bien qu'il se gardait de préciser qu'il avait déjà voyagé auparavant, et que seule son équipe était différente. Il avait décidé de repartir à zéro de sa propre volonté, pour pouvoir découvrir ce qu'il n'avait pas eu le temps d'apprécier auparavant. De plus, il appréciait tous les conseils et n'était pas assez arrogant pour oser penser que le jeune dresseur ne pouvait pas lui apprendre quelque chose de nouveau. De plus, il n'avait vraiment pas fait preuve de maturité avec Arthur, qui au passage n'osait plus rencontrer son regard, en le laissant courir sans le surveiller. Clive, sur ses épaules, observait tout cela avec calme. C'était étrangement ridicule, de se trouver dans cette situation : il avait l'impression d'avoir soudainement rajeuni, d'être redevenu le jeune homme tout juste sorti de l'adolescence et qui découvrait le monde avec naïveté et émerveillement qu'il avait été. Cette idée, qui lui rappela encore une fois qu'il n'était plus ce qu'il avait été, lui fit effet d'une claque et il dû se retenir de soupirer. Bordel. L'idée même qu'il ne pourrait plus être aussi enthousiaste était déprimante et profondément blessante, mais là n'était pas le sujet.

« Ah, toi aussi tu veux participer à la compétition ? Personnellement, je ne pense pas être prêt... Arthur est encore trop jeune pour subir un tel stress. » dit-il d'une voix toutefois vide de toute anxiété et presque enjouée.

En effet, il ne mentait pas vraiment, même s'il déformait beaucoup la vérité. Le jeune Caninos n'avait même pas un an, et qui plus est, il avait passé trop de temps dans les rues pour que son corps ait eu le temps de s'habituer à un entraînement intensif. Il ne pouvait décidément pas le soumettre à l'entraînement qu'il effectuait pour Tyranocif, ou même pour son Dimoret. De toute façon, il n'allait pas participer à la compétition, ou en tout cas il ne ferait que combattre dans les arènes : il était loin de rechercher la victoire. Il avait trop longtemps sacrifié son temps sur l'autel de la Gloire, déesse qu'il avait renié lorsque celle-ci lui avait offert la prospérité, se rendant compte qu'il ne s'agissait que d'apparences et de jolies mensonges bien emballés dans des sourires ainsi que des titres. Les mensonges étaient maîtres à la court du roi, après tout. Il savait que le roi, ici, s'imposait d'une main de fer sur son trône de cadavres et de peur.

« Sinon, tu es dresseur depuis combien de temps ? Ton Malosse a l'air d'être bien entraîné : ses muscles ont l'air vigoureux et sa truffe brille. »

Il voulait presque aller caresser la tête du chien de feu, mais il s'en retint par simple principe. Arthur décida d'aller s'aventurer vers le Malosse, probablement parce qu'il était habitué au contact d'un pokémon de cette lignée évolutive. Le Caninos renifla le pokémon inconnu sans montrer d'animosité, curieux au possible. Faust observa silencieusement, habitué à ce genre de comportement de la part du jeune chien. Le conseiller avait appris à ne plus se poser de questions, bien qu'il n'avait pas été habitué à ce genre de comportement avec son équipe précédente. Les créatures des ténèbres étaient plus rigides, moins affectueuses et curieuses, cherchant toujours à se dissimuler dans l'ombre où elles étaient nées et où elles étaient destinées à rendre leur dernier souffle.
Le châtain se détendit un peu plus.

« Un match d'arène, hein ? Tu devrais faire attention, les dresseurs qui dirigent les arènes sont redoutables, vraiment. »

Il nota seulement quelques secondes après qu'il venait de faire une affirmation, et non une supposition basée sur des présomptions. Il espéra que l'autre ne le remarque pas, par simple désir de ne pas vouloir être sujet de questions. Il changea rapidement de sujet.

« Mais je ne m'inquiéterai pas pour toi : ton Malosse a l'air d'être en de bonnes mains. »

Il offrit un sourire plein de dents à l'inconnu dont il ne connaissait même pas encore le nom.
J'vous jure, Faust n'était vraiment pas un exemple à suivre.

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Faust n'était pas particulièrement arrogant, pour dire toute la vérité. Bien sûr, il avait tendance à sentir son amour propre se blesser lorsqu'il perdait un combat, mais avec le temps et l'expérience, cette sensation avait quasiment disparu. Il avait de nombreuses fois, lorsqu'il était encore un jeune adolescent, boufé puérilement son jumeau lorsque celui-ci le battait en combat, et passait souvent les heures d'après à grommeler dans sa barbe inexistante.Toutefois, de l'eau avait coulé sous les ponts avec le temps : voilà donc pourquoi il se demandait d'où venait cette étrange sensation qui nouait sa gorge. Cela ne pouvait pas être l'arrogance qui le laissait aussi nerveux.
La réponse qu'il trouva faillit faire jaillir un sourire sur son visage. Il était impatient et il avait de grandes chances de perdre, ce qui donnait donc à ce combat une toute autre dimension : l'adrénaline coulait dans ses veines, douce drogue dont l n'arrivait jamais à se passer, et dont la recherche guidait nombre de ses actions. Soudainement, sa décision de repartir à zéro lui sembla très gratifiante et il se congratula mentalement, bien qu'il nierait l'avoir fait. Néanmoins, bien que sa volonté aurait été d'accepter sans même réfléchir un seul instant, il dû laisser place à la réflexion et à son amie de toujours, la maturité. Réflexion qui, malheureusement, ne lui laissait qu'un seul choix véritablement raisonnable et acceptable, à son grand malheur.

« J'aimerais bien, mais... » commença-t-il d'un ton désolé.

Il sentit le bas de son pantalon être tiré et il baissa les yeux pour constater que son Caninos le mordait allègrement pour le tirer afin d'attirer son attention. Ses yeux bleus rencontrèrent ceux noirs du jeune chien de feu et il pu y lire une étincelle de défi, mêlée à de l'impatience. Après avoir vu cela, la décision la plus mure aurait été de refuser le défi, principalement parce qu'il savait qu'un combat avec un pokémon inexpérimenté avide de victoire était une mauvaise idée. Principalement parce que dans ce cas, les pokémon avaient tendance à ne pas réfléchir, à ignorer les ordres et à foncer dans le tas. Toutefois, peut-être était-ce là qu'était la réponse à ses problèmes. Si le Caninos perdait ce match, alors peut-être consentirait-il à l'écouter. Bien sûr, cela pouvait amener au cas contraire ou cela ne ferait que rendre leur relation plus conflictuelle encore. Le résultat était imprévisible et le pari était risqué, mais Faust aimait les paris : il était spécialiste du type ténèbres, après tout. Les astuces, les petits trucs vicieux et les paris risqués, il connaissait. Si l'on veut danser avec les fous, il faut être un peu fou aussi.
Il haussa les sourcils. Arthur insista un peu plus. Un sourire s'afficha sur le visage de Faust qui, après avoir poussé un soupir, décida d'accorder son vœu à son partenaire. Le châtain hocha la tête et Arthur jappa joyeusement. Le jeune chien vint se placer devant lui. Il prit toutefois le temps de sortir son pokédex pour que Galekid, Carabaffe, Riolu, Chovsourir et Wattouat y soient enregistrés. Il aimait bien pouvoir consulter son pokédex et observer tous les pokémon qu'il avait déjà rencontré lorsqu'il avait du temps libre. Il saisit Clive, son Larveyette et lui sourit.

« Désolé, mon grand. Il vaut mieux que tu restes dans ta pokéball pendant le combat. »

L'insecte parut vouloir protester, mais il accepta finalement en voyant que son maître ne comptait pas abandonner. Il se lova contre sa poitrine. Faust prit la boule bicolore dans sa main droite, et appuya sur le bouton central. Larveyette disparut dans la pokéball dans un rayon rouge. Il se tourna vers John, un sourire sur son visage.

« Ça me va. Je te laisse envoyer la première attaque. »

Le renard, bien qu'affaibli, n'en restait pas moins plein d'astuces : c'était quelque chose à ne jamais oublier. Arthur, devant lui, frétillait d'impatience. Faust ne savait pas trop à quoi s'attendre, mais il se promettait d'essayer au moins de donner du fil à retordre à son adversaire. Bien qu'il s'agirait là de son premier combat avec Arthur, Faust aimait les combats comme il aimait les glaces au chocolat, c'est-à-dire beaucoup.

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Faut savait reconnaître le talent quand il le voyait, mais son regard avait surtout tendance à se poser sur les gros défauts et les petits points noirs des stratégies des autres. Bien sûr, à un niveau aussi faible, l'éventail de capacités utilisables dans ce combat était très réduit, mais il y avait tout de même cette façon dont dresseur et pokémon se comprenaient ne serait-ce que par leurs conduites. John était trop enthousiaste, pas assez réfléchi quant à sa stratégie, ce qui était normal en sorte, mais qui ressortait énormément. C'était un défaut assez gros qui s'effacerait avec le temps, néanmoins, lorsque la force et l'expérience du dresseur et de son pokémon sublimeraient leurs attaques et leurs mouvements. Ce n'était qu'une histoire de temps. Il était curieux, pour dire la vérité. Observer le développement d'un dresseur était comme observer une fleur éclore, c'était une longue observation dont la beauté se tenait dans la simplicité.
Ainsi, lorsque le dresseur ordonna à sa Wattouat d'utiliser charge, la réaction de Faust fut rapide. Le Caninos tourna légèrement son regard vers lui et Faust hocha la tête, comprenant ce qu'il voulait faire en regardant ses pattes pliées et son corps prêt à bondir. Le mouton électrique le chargea et Arthur ne sauta qu'à la dernière seconde, laissant ainsi son ennemie percuter brutalement le sol et couiner de douleur.

« Allez, Morsure, vite ! »

Le jeune chien de feu ne se fit pas prier. Alors que la Wattouat peinait encore à se relever, Arthur en profita pour la mordre, ce qui fit reculer encore un peu plus son ennemie. La situation paraissait déjà se corser pour John, et le conseiller pu voir toute la panique qui venait de monter sur son visage. Un point déjà qui pourrait être arrangé avec le temps.

« Calme-toi, dit-il d'une voix posée à son adversaire. Si tu paniques, tu ne vas faire que stresser ta Wattouat. Pokémon et dresseur sont synchronisés, en combat. »

Durant ce laps de temps, ladite Wattouat s'était relevée et avait envoyé une attaque Éclair qu'Arthur ne pu esquiver. Le chien de feu jappa et serra les dents avant de pousser un grognement rauque. L'énervement se peignait sur son visage, causé par sa fierté et de son inexpérience en combat qui le poussait à s'énerver au moindre coup. Il y avait encore un long chemin à parcourir pour lui et Arthur, d'après ce qu'il voyait.
Il l'acceptait. On ne pouvait pas tenter de renaître sans brûler ses ailes.

« Au passage, je m’appelle Faust. Faust Donovan, pour les détails. Arthur, Morsure ! »

Il espérait juste au passage que le jeune homme ne connaissait pas son nom, raison pour laquelle il ne l'avait pas donné dès le début. En tous cas, il attendait avec impatience que la situation se renverse. Il pouvait presque sentir toute la détermination de la Wattouat à se battre jusqu'au bout et à vaincre son adversaire. Il y avait du potentiel qui brillait, ici, et Faust voulait le voir éclore, quitte à pousser John et sa Wattouat dans leurs derniers retranchements.
Il en était presque arrivé à espérer perdre le match.

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Eh bien, je ne peux pas dire que je n'avais pas vu ça venir. Dommage pour Arthur, tout de même.
Le jeune homme observa avec fascination la grande lumière blanche qui se mit à envelopper la Wattouat. Un sourire étira son visage. C'était toujours un aussi beau spectacle, même quand on en avait témoigné auparavant. Caninos, lui, qui ne savait pas ce qu'il se passait, ne pu que s'arrêter dans sa course et fixer son ennemie avec la confusion la plus totale. Faust ne pu s'empêcher de penser à la première évolution de Dalhia, puis à celle de Démeter, puis celle d'Hadès, puis celle de Nero. Il ne pouvait que laisser les souvenirs remonter à la surface, se rappelant encore de la fois où Démeter lui avait sauvé la vie en prenant des coups à sa place, pour ensuite évoluer en une puissante Tyranocif. Il aimait voir les autres grandir, et il ne pouvait pas dire que l'évolution de la petite Destiny ne le ravissait pas. S'il avait pu aider quelqu'un à s'améliorer, alors il était heureux. Bien que le fait de perdre lui serrait légèrement le cœur, ses pokémon étant blessés, il ne pouvait que se réjouir pour celui qui, grâce à ce combat, irait plus loin dans ses rêves.
La Lainergie envoya un coup d’œil vengeur à Arthur qui, perdu, jeta un regard désespéré à son dresseur.

« Esquive ! »

Toutefois, son ordre arriva trop tard et le Caninos n'eut pas le temps d'agir. L'électricité vint l'entourer et le paralyser. Faut poussa un juron. Il DÉTESTAIT les attaques de statut. C'était toujours une horreur pour s'en débarrasser et son équipe n'était pas constituée de pokémon capables d'y résister. Le jeune chien de feu poussa un jappement qui fendit le cœur de son dresseur, mais il ne pouvait pas se permettre d'abandonner maintenant, même si la défaite était inéluctable. Abandonner reviendrait à trahir la confiance que son pokémon avait placé en lui, à l'humilier. La défaite était parfois préférable à la victoire pour s'améliorer, ne serait-ce que pour en tirer des leçons.
Le châtain dû réfléchir rapidement, mais aucune des stratégies qu'il imaginait avait de grandes chances de fonctionner. La paralysie était un trop gros handicap, et la différence de force entre les deux pokémon était maintenant trop grande. Faust eut beau observer avec un œil aiguisé et un calme olympien, il ne pu que décider de combattre jusqu'au bout, même si cela le menait à une défaite écrasante. On abandonnait pas dans un combat de dresseurs. Point. C'était l'une des seules règles « d'honneur » que Faust respectait. Le reste, il s'en fichait pas mal.

« Morsure, vite ! »

Arthur voulut suivre son ordre, mais alors même qu'il posait un pied devant lui pour se mettre à courir, l’électricité dans l'air le maintint dans sa position, le laissant complètement sans défenses. La Lainergie n'attendit pas une seule seconde. Une attaque éclair bien envoyée toucha Arthur de plein fouet. Arthur couina et se releva difficilement, tenant à peine sur ses pattes tremblantes. Toutefois, il n'eut pas le temps d'attaquer : un attaque charge vint le faire valser et tomber en arrière, vaincu.
Faust hocha la tête pour signifier que la défaite avait été reconnue et alla courir vers son pokémon. Il prit Arthur dans ses bras et lui caressa la tête. Le Caninos gardait difficilement les yeux ouverts, mais il pu voir le sourire affectueux que son dresseur lui envoya et comprit immédiatement le message.
Ce n'est pas grave de perdre.
Il prit la pokéball d'Arthur et la lui montra. Celui-ci la toucha avec son museau et rentra dedans dans un faisceau rouge. Il s'avança avers John et sa Lainergie.

« Beau travail, vous deux ! Sincèrement, vous avez un bel avenir devant vous ! »

Le sourire radieux de Faust contrastait légèrement avec le fait qu'il venait de se faire écraser en beauté.

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Tu saisis la pokéball de Clive et le laissa sortir de l'orbe bicolore. L'insecte vint se poser contre son épaule et lui jeta un regard apeuré. Un sourire chaleureux se montra sur le visage de Faust, qui caressa la tête du jeune pokémon pour lui signifier qu'il n'y avait pas besoin d'être aussi paniqué. Certes, il allait devoir soigner Arthur, mais il avait encore un certain temps devant lui. Les blessures du jeune chien de feu n'étaient pas sévères et le prochain centre pokémon était à Baguin, à quelques kilomètres de là. Il y serait en trois heures de marche à peine, et encore, si il y allait lentement. Il avait vu les blessures d'Arthur d'assez près pour savoir qu'elles n'étaient que superficielles, comparées à celles que Dalhia avait pu recevoir lors de ses matchs les plus acharnés. Clive, malgré sa détresse, comprit et se contenta d'observer les autres avec une grande curiosité. Face aux remerciements de John, Faust ne put que sourire.

« Tu l'aurais compris, de toute façon, avec le temps. Au moins, tu ne l'as pas appris par une défaite. »

En effet, et là il parlait d'expérience. Il se souvenait d'un match horrible, durant sa première compétition, où, piégé par la stratégie perverse de son adversaire, il avait paniqué. Il avait paniqué et Dalhia, pauvre Dalhia, avait dû payer le prix de sa bêtise. Il se souvenait avoir passé des heures et des heures à ses côtés, la soignant en lui murmurant des excuses et de mots rassurants. La culpabilité n'était jamais vraiment partie, et il préférait savoir que son adversaire n'aurait pas été lui aussi victime de cette folie. Celui qui plante les graines du doutes chez son ennemi finit inévitablement par gagner, peu importe la différence de force. Il était sot de croire qu'il était possible de remporter un match avec un pokémon si l'on était incapable de contrôler soi-même. Faut l'avait appris à ses dépends, puisque personne n'avait été là pour le lui dire. La seule personne qui lui avait toujours témoigné son soutien était... Non, il ne valait mieux pas penser à ça. Il avait assez de soucis comme ça, alors autant ne pas mettre de sel sur la plaie.

« Et puis, tu sais, j'aurais fini par perdre, d'une façon ou d'une autre. Je ne connais Arthur que depuis peu, et on ne s'entend pas encore parfaitement. Cette victoire est d'abord la tienne. » insista-t-il en se tenant la nuque

Faust n'était pas assez arrogant pour penser que seul son conseil avait pu pousser John à agir correctement. De toute façon, bien que ce match avait été bref et assez peu intéressant au niveau stratégie (il fallait l'avouer), l'amusement avait été présent, et il avait eu sa dose d'adrénaline pour la journée. Il avait même une petite idée de scénario de nouvelle qui avait pointé le bout de son nez dans son petit cerveau tordu. Il n'allait pas lui dire, ça. Ce qu'il envoyait à son éditeur l'humiliait déjà suffisamment assez pour qu'il reste silencieux quant à cela.
Brr. Les trois premières lignes de son dernier roman l'effraient encore par leur nullité astronomique.

« Si tu continues ainsi dans la compétition, nous nous reverrons bientôt, crois-moi. »

Un petit sourire bourré de sous-entendus et dissimulant mal un certain amusement étira ses lèvres. Oui, il savait qui il avait de grandes chances de voir arriver en quart de finale devant lui. Il n'eut même pas besoin de lui proposer un match retour. Il savait que ce match arriverait, et il ne pouvait pas dire quel résultat il espérait. Il aimait les bons combats. Il se promit de lui offrir un match autrement plus complexe que celui qu'ils venaient de se disputer. Toutefois, il n'en dit rien. Il préférait réserver la surprise à plus tard. La patience était la qualité la plus gratifiante.
Patience, patience.