Une double filature

Feat. Nathan Lebreau

Les missions. Cela était devenu le quotidien de Sten. Quand il était enfant, il adorait tous ces films d'espionnage, avec ces agents secrets qui découvraient toutes sortes d'informations sans que l'on ne les remarquent le moins du monde. Il les avaient toujours en quelque sorte admirés. Cependant, il avait longtemps cru que tout cela n'était que des histoires, du divertissement. En entrant dans la Résistance, il s'était rendu compte que ce n'était pas tout à fait le cas. Bien évidemment, il n'était pas James Bond. Mais il était tout de même considéré comme espion. Il récoltait des informations, suivait certaines personnes, essayait de découvrir les secrets que renfermaient le Régime… un peu comme dans les films, mais en vrai. Alors, à chaque fois qu'il se glissait sous la peau de Sebastian Gordon, son nom sous la résistance, un frisson d'excitation le parcourait, comme s'il était un héros de cinéma. Sauf que, il le savait, il était loin d'être dans un film. Il n'y avait pas d'acteur, pas de scène prévues à l'avance. Il ne pouvait pas recommencer quelque chose qu'il avait raté. Et si quelqu'un mourrait, ce serait pour de bon.
Tout cela avait aussi un peu détruit le mythe de l'agent secret. Tout n'était pas si génial qu'on pouvait le penser. C'était extrêmement dangereux. Il prenait des risques à chacune des missions qu'on lui confiait. Chacune de ses actions devaient être calculées. Et surtout, il devait tout faire pour ne pas être remarqué. Sinon, c'était fichu. Et ce qu'il risquait si le Régime découvrait ce qu'il faisait… il préférait ne pas y penser.

S'il s'était rendu à Anula aujourd’hui, ce n'était sûrement pas pour admirer les luxueux bâtiments qui avaient fait la renommée de la ville. Non, il s'agissait plutôt d'en savoir plus sur un membre du Régime. Le rôle de Sten consistait à le suivre durant toute une journée pour observer ses moindres faits et gestes. Relever les choses suspectes, qui pourraient éventuellement donner lieu à une enquête plus tard. Cet homme avait été vu plusieurs fois un peu partout sur l'île, et c'était sans nulle doute à la botte du Régime qu'il faisaient toutes sortes de petites choses. Du relayage d'informations peut-être ? Si c'était le cas, le suédois devait tenter de les intercepter.

La rue dans laquelle il se trouvait été bondée. Il était habillé de façon décontractée afin de passer inaperçu. Il se trouvait un peu en recul de l'homme en question. Ce dernier semblait pressé et poussait quelques personnes sur son passage pour aller plus vite. Sten dû se résoudre à faire de même, suppliant Arceus qu'on ne trouve pas son comportement suspect.
L'homme finit par tourner au coin d'une rue, beaucoup plus vide celle-ci. Sten devait être vigilant. Il s'avança à pas de loup, se cachant derrière des poubelles, des voitures. L'homme avait sûrement sentit une présence et se retournait de temps à autre. A chaque fois, Sebastian avait tout juste le temps de se cacher. Il espérait que ces petites manigances n'allait pas durer trop longtemps.

C'est ainsi qu'il vit son homme s'arrêter devant la porte d'une maison, et frapper avec une façon bien distincte. Sten soupira. Il ne pourrait jamais le suivre là-dedans. De ce qu'il vit, l'entrée était protégée. S'il arrivait, même en reproduisant le code, il serait directement grillé. Bon, il allait devoir attendre. Ça l'énervait de ne pas savoir ce qu'il se passait en ce moment-même, mais il n'avait pas étudié les plans de la maison, ce serait donc trop dangereux de chercher un autre moyen d'accès.
Par chance, et face de la maison, il y avait un petit restaurant. Le jeune éleveur se prit dans l'idée qu'il pourrait attendre ici, guettant l'entrée. Alors qu'il se dirigeait vers la porte de l'établissement, un autre homme surgit de la rue pour se diriger vers la maison. Encore un régimeux ? Sten aperçu alors quelqu'un d'autre, en retrait, caché dans l'ombre. Un de ses collègues. Sebastian savait très bien reconnaître l'un des siens. Un résistant. L'autre parut le voir aussi car, une fois l'homme entré, il lui fit signe. Sten lui indiqua le restaurant, et y entra. Il était sûr que l'autre comprendrait.

Il prit une table pour deux, et n'attendit que quelques secondes avant que son collègue ne franchisse le seuil et ne s'installe directement en face de Sten. Ce dernier détaille celui qui lui faisait face. Il l'avait déjà vu mais ne se souvenait pas de son nom. Tout ce qu'il savait, c'est qu'ils étaient là pour la même chose.

« C'est pas de chance, hein ? »

Presque 2 ans que j'étais dans la résistance, et les filatures avait toujours été comme qui dirait mon péché mignon. Ma trop grande curiosité me poussait à toujours vouloir en savoir plus sur tout le monde. Alors, me demander de suivre une de ces saletés du Régime pour glaner des informations qui pourraient nous être utiles me ravissait.
Je m'étais rendu à Anula. Par obligation, puisque c'était ma cible qui avait décidé d'y venir, pour je ne sais quelle obscure raison que j'avais dans l'espoir de découvrir. Les rues étaient pleines. C'était toujours le cas ici. Anula avait toujours été très touristique. C'est vrai que c'était joli, entourée de cette forêt vierge et accolée aux montagnes.
J'étais ainsi, à la poursuite de cet homme dont je ne connaissais pas le nom, mais qui à coup sûr était un soldat de la dictature qui était en place. Ce qu'il venait faire ici, c'est ce que je devais découvrir. Je restais discret, marchant d'un pas posé, comme si je flânais dans Anula en tant que touriste, sans perdre de vue mon objectif. Et mon objectif, je le surnommais Crâne Rasé.
Il avait l'air énervé, je ne savais pas pourquoi. Cet imbécile devait être contrarié par quelque chose. Je dis imbécile car il avait vraiment pas l'air très fin. Bah ! C'était un régimeux, après tout. J'avais tendance à ne pas les trouver trop sains d'esprit.
Bref, passons. Crâne Rasé regarda l'heure sur sa montre avant d'accélérer le pas. J'en déduit qu'il avait un rendez-vous et qu'il était en retard. J'espérais de tout cœur qu'il s'agisse d'une réunion du Régime. De quoi j'aurais eu l'air si mon homme se rendait simplement à un rendez-vous galant ? Je l'aurais suivi pour rien et en serait ressortit gêné.
Mais non. L'amour attendrait pour aujourd'hui. Cupidon avait sûrement d'autres Chaglam a fouetter car il n'avais pas jeté son dévolu sur CR (oui, je sais me montrer poétique parfois).
Je soupirais quand je le voyais tourner au détour d'une ruelle moins bondée. C'était assez tranquille jusqu'à maintenant et j'avais un peu la flemme de trouver des techniques pour ne pas me faire repérer. Sauf que, bah voilà, je devais bien m'y résoudre. Soit. Plus vite ça sera fait, mieux ce sera. J'avais vraiment envie de savoir ce que ce gars cachait, et ne n'était sûrement pas joli-joli.
Je me plaçais dans un coin d'ombre et regardais Crâne Rasé faire quelques pas jusqu'à une porte, y frapper un code... avant d'y rentrer. Je tapais du pied en l'entendant se claquer. Ok, c'était foutu. Je n'allais pas me lancer à sa poursuite. Great. J'allais rester ici, à attendre qu'il ressorte. J'avais le temps. Et j'aurais pu rester là si je n'avais pas remarqué le jeune homme blond, que je reconnu tout de suite. Lui aussi devait être en filature, et il lui était arrivé la même chose qu'à moi. Il montra un restaurant, et je compris tout de suite où il voulait en venir. Je m'y dirigeais donc et le rejoins à la table où il s'était assis.

« Sans blague. J'ai quasiment l'impression d'avoir fait tout ça pour rien »

Je tournais la tête vers la vitre, guettant la porte qui risquerait de rester fermée comme ça longtemps. Autant rester ici, et manger un bout. Je ne m'étais pas rendu compte que j'avais si faim et mon ventre gargouilla. Je fit signe au serveur, et nous prîmes notre commande. Une fois qu'il fut repartit, je tournais la tête vers mon collègue.

« Ah, et je suis Whisper. »

Une double filature

Feat. Nathan Lebreau

Sten détestait quand ce genre d'imprévu arrivait. Il n'y pouvait rien, évidemment, mais se disait que s'il s'était plus renseigné, il aurait évité ce désagrément. Il espérait encore que l'homme qu'il suivait ne prendrait pas trop de temps à sortir, et qu'il sortirait par cet endroit. Parce que, imaginons qu'il y ait une autre sortie, ils auraient l'air bien bêtes à attendre ici pour rien !
Son collègue avait l'air tout aussi dépité que lui. Lui non plus ne s'attendait pas à ça. Il s’assit en face de Sten, regardant à son tour par la vitre. Il appela ensuite le serveur. Oui, pourquoi pas après tout. Se remplir la panse leur ferait patienter et leur éviterait de s'évanouir si la filature devait se poursuivre trop tard. Bon, ça ferait marrer la joueuse de faire tomber Sten d'inanition pendant sa poursuite, mais elle a mine de rien un peu de respect pour le blondinet.
Bref, le suédois commanda un plat de pâtes (ça aurait pu être une pizza hein, on s'en fout ça change pas grand chose) et reporta son attention sur celui qui lui faisait face. Ce dernier venait de se présenter, du moins, par son pseudonyme.

« Moi, c'est Sebastian, enchanté. »

Il eu un petit sourire. Pas un sourire gêné comme celui qu'il avait à chaque fois qu'il rencontrait quelqu'un en société, non. Ce sourire-là, c'est quand il était Sten, le jeune éleveur timide et limite agoraphobe. Le sourire qu'il arborait en ce moment était un simple sourire de politesse, de sympathie. Après tout, même s'il ne connaissait pas Whisper, ils étaient comme qui dirait du même côté, engagés dans la Résistance.

« J'espère qu'ils sortiront par là. Mais je vais essayer de demander les plans de cet endroit, au cas où »

Sten sortit son portable et prit une photo du bâtiment, avant de l'envoyer avec l'adresse à ses collègues. Avec un peu de chance, ils auraient les plans du bâtiment où en sauraient un peu plus sur cette maison qui avait tout l'air d'être un lieu de rendez-vous du Régime. D'ailleurs, il faudrait peut-être penser à surveiller cet endroit de près à l'avenir, ou essayer de l'infiltrer. Des choses intéressantes s'y passaient probablement et ce serait dommage de passer à côté.

Le serveur revint accompagné des plats des deux hommes. Il leur fit un sourire en coin et la joueuse est en train de se faire un délire bizarre dans sa tête mais CHUT. Sten, affamé, s'attaqua tout de suite à son plat. Il ne s'était pas rendu compte à quel point il avait faim, et son ventre gargouillait déjà de plaisir. Bon, celui qu'il poursuivait avait le droit de rester un peu finalement. Ce qui serait parfait, c'est qu'il sorte après que les résistants aient finis leur repas et qu'il ne parte pas trop vite afin qu'ils aient le temps de payer et de suivre l'autre en filature sans se faire remarquer.

« Dis-moi, tu as des infos sur celui que tu poursuis toi ? Ou des trucs sur cet endroit ? Parce que je suis totalement perdu... »