Voila plusieurs jours que Richard n’est plus de ce monde. Cette histoire est terminée, la crémation a été faite, et Léo s’est débarrassé des cendre. Néanmoins, rien n’a vraiment changé. La chambre de Richard demeure toujours fermée et poussiéreuse, tout comme l’ancienne chambre de Cléo qui n’a pas bougé depuis des années. Léopold n’a toujours pas osé toucher a cet espèce de patrimoine étrange. Il sait bien qu’il faudra effectuer ces changements, et accepter de changer son mode de vie depuis la mort de son père. Ses journées lui paraissaient bien vides, depuis, il ne savait comment s’occuper, mais profitait aussi de sa  solitude pour prendre du recul vis-à-vis des évènements récents. Bien que le soleil fut haut en ce milieu d’après-midi, Léopold était resté à l’interieur, et ne faisait pas grand-chose. Ce n’était si mauvais de ne rien faire, parfois. Il se saisissait parfois de son portable lorsqu’une sonnerie l’avertissait d’un SMS d’Adélia. Il ne lui avait jamais rien dit de cette histoire, ni sur Richard. A vrai dire, à part lui, sa famille, et probablement Mikaël, au courant de sa situation familiale compliquée, personne ne savait. Léo n’avait jamais jugé nécessaire d’en parler.

Il fut tiré de son oisiveté quand la sonnette retentit. Doucement, il alla à la porte d’entrée pour tourner la clé, et ouvrir la porte… Sur un visage qu’il n’avait pas vu depuis fort longtemps. Un visage qu’il ne pensait pas vraiment voir ici avant des années.

« Cléo? Je.. euh… tu… Qu’est-ce que tu fais là? »
« Bonjour, Léo. Euhm.. Je dérange… ? »
« Non, non, je ne faisais rien, en fait… »

Léopold eut un regard furtif vers le jardin, pour s’assurer que Bellerophon ou Sisyphe n’y étaient pas. Après tout, Black Wyvern, et donc Cléoparte les avait vus durant leurs entrevues, et il ne tenait pas à faire tomber le masque.

« Je sais que c’est étrange de me voir ici mais… Je voulais te parler de… de tout ça. De notre famille, de la mort de… de sa mort. »
« Tu veux entrer? »
« En fait… J’aimerais mieux qu’on aille marcher. Je ne suis pas très à l’aise, ici… Enfin, c’est la maison, les souvenirs. Tu sais. »
« Je comprends. Luis? »

Le Gallame qui s’entrainait dans le jardin s’approcha des deux jeunes gens, et Léopold lui demanda de les emmener à l’orée de la forêt d’Anula. La nature s’avère toujours plus confortable que les milieux urbains. Thanatos rejoint bien entendu au pas de course son dresseur adoré, bien heureuse  de sortir un peu, depuis quelques jours que cela n’était pas arrivé. Cléo, quant à elle, était accompagnée par Lumen, son Aéromite. En quelques secondes, ils étaient arrivés près de la forêt, en entamèrent leur marche tranquille. Tout d’abord silencieuse, chacun cherchant ce qu’il pouvait bien commencer par dire à l’autre. Après tout, ils avaient bien des années à rattraper.

Les deux jeunes gens se frayèrent un chemin vers les sous-bois, arrivant dans une zone un peu plus marécageuse, ou Thanatos se hâta d’aller barboter un peu en poussant des petits cris réjouis. Malgré tout ce qui est arrivé récemment, la Solochi ne change pas, elle, et restait encore une enfant se réjouissant de tout ce qu’elle découvrait. Du moins, elle s’autorisait à profiter ainsi quand elle était entourée de gens qu’elle aimait bien et en qui elle avait pleinement confiance. Cette scène adorable et attendrissante eu pour effet de détendre un peu l’atmosphère et de refaire s’engager la conversation.

« Elle est adorable. Je ne me souvenais pas que tu étais si attentif envers tes Pokémon, Léo. »
« A rester bloqué souvent à la maison, j’ai pu prendre du temps pour eux, disons. »

A la réponse modeste de son grand frère, Cléopâtre eut un bref sourire. Léopold n’a jamais aimé se donner le beau rôle, même si ce dernier est entièrement sien. L’ainé regarda la cadette en arquant un sourcil, ne comprenant pas la raison de son expression amusée éphémère. Il faut dire que la dernière fois qu’il avait vu sourire Cléo… Eh bien, ce n’était surement pas quand il l’avait découverte derrière le masque de Black Wyvern.

« Tu n’es toujours pas doué pour accepter les compliments, hein. »
« Euhm... Tu m’as fait un compliment? »

Ce garçon peut-être véritablement simplet, des fois. Cléo ne se souvenant pas que cela en devenait presque amusant, à force. Elle ne répondit rien, préférant laisser son frère flancher tout seul sur ce qu’elle venait de dire. Et à ce rythme là, ils ne parleraient pas de ce qui les interesse avant des heures. Cléo prit une nouvelle fois l’initiative.

« Au fait, je voulais m’excuser, pour Sig… »
« Hein? Ah! »

Léo sursauta au beau milieu de la conversation redevenue sérieuse quand un Pomdepik lui rota tout bonnement au visage. Au vu de son regard dangereux, l’insecte remonta dans son arbre sans demander son reste.

« Pardon, je t’écoutes, tu disais? »
« Je voulais m’excuser pour l’attitude de Sig… Il a du être pénible avec toi, et il a voulu m’écarter de cette histoire, comme une enfant. Enfin… Tu le connais. Il a voulu fêter ça mais… Je n’ai pas réussi a m’en réjouir, moi. J’ai été soulagée, ça, oui, mais je crois que nous l’avons tous été. "Lui" compris. »
« Tu sais, ça fait longtemps que je ne comprends plus vraiment Sigismond. On s’est jamais vraiment compris, à vrai dire. Mais je ne lui en veux pas vraiment. C'est comme ça. »
« Je sais. Mais j’ai l’espoir que maintenant que tout cela est terminé, notre famille puisse se réunir... Pas toi? Je suis peut-être naïve, après tout. »

Une expression de tristesse passa sur le visage de la jeune femme qui passa une main le long d’une mèche de ses longs cheveux pour la replacer derrière son oreille. Elle lança un regard soucieux à Léopold, qui semblait s’être arrêté pour réfléchir à ses dires. Il eut à son tour un faible sourire. Probablement rempli d’espoir. Il ne pouvait pas s’empêcher d’espérer un repas de famille heureux ou tout le monde serait de nouveau réuni, Cesar compris. Là ou ils pourraient tirer un trait sur le passé.

« Moi aussi, Cléo, je l’espère.. Cette famille a besoin de temps. »

L’ambiance s’était quelque peu assombrie suite à ce début de discussion. Il est vrai que le sujet de la famille n’avait jamais été facile à aborder, mais il ne l’auraient pas évité très longtemps, à force. Ce n’était pas plus mal qu’ils puissent enfin parler à cœur ouvert, au calme. Cléo se mordit la lèvre en repensant aux évènements qui avaient précédé la venue de Cesar a Anula, et les évènements d’il y a quelques semaines ; elle avait très longuement repensé à la conversation qu’elle avait alors eu avec lui. Ce qu’elle craignait le plus, c’est qu’il ait du… Enfin, qu’il se soit rendu chez Richard malgré tout. La question lui brûle les lèvres depuis trop longtemps, bien qu’après avoir vu l’expression de son frère ainé le plus jeune, elle s’était douté qu’elle n’aurait rien pu faire pour l’arrêter.

« Léo? »

Le concerné se retourna vers sa sœur, et eut tout de suite l’air soucieux en la voyant regarder le sol d’un air grave et coupable.

« Est-ce que Cesar… »

Cesar. Léopold se mit à regarder ailleurs. Si Cléo se sentait coupable, eh bien, lui ressentait la même chose. Après tout, son jeune frère avait toutes les raisons de lui en vouloir. Surtout, il n’aurait pas du être là quand… Quand Richard s’est finalement mis une balle dans la tête. Le silence de Léo en disait long, et l’expression de la cadette s’assombrit encore davantage.

« C’est ma faute si… Si il a du être là quand… »
« Pourquoi dis-tu ça? »
« Je lui ait dit pour… Je lui ait dit de ne surtout pas aller à Anula, de ne pas essayer de retrouver Richard. Mais il n’arrêtait pas de poser des questions! Il voulait tellement savoir… Et moi, je… J’ai été faible. Je ne voulais pas Léo, je ne voulais pas qu’il sache ou qu’il assiste à ça! »
« Arrêtes de dire que c’est ta faute, bordel! Euhm... je veux dire.. Personne n’y est pour rien… Enfin, si, quelque part, nous sommes tous coupables de ne pas avoir aidé Cesar plus tôt. J’aurais du le faire au lieu de le poursuivre pour lui faire du mal. »
« On aurait tous du le faire. Mais malgré tout ça, Cesar avait l’air bien. Mais... »

Léopold se rapprocha de sa sœur pour la prendre doucement dans ses bras. Ils n’auraient pas du rester les bras croisés, c’est certain. Mais il est trop tard pour refaire le passé. Cléo s’en voulait tant qu’elle ne put retenir qu’avec peine ses larmes et se serra instinctivement plus fort contre son ainé. Ils n’avaient jamais du avoir ce genre de contact dans leur vie, mais cela semblait très naturel, désormais. Ce contact rappela étrangement à la jeune femme un autre contact… Non, c’est impossible. Ce soir là, elle était blessée, et elle délirait à moitié. Rien à voir. Confuse quand même, elle s’éloigna de son grand frère, les yeux rougis.

« P-Pardon. Merci. »
« Quand le temps aura passé, je compte retrouver Cesar pour mieux lui expliquer les choses. Tu pourras venir avec moi si tu veux et- »

Une Lixy venait d’atterrir aux pied de Léopold. Elle le fixa un instant avec ses grands yeux et repartit immédiatement gambader dans les bois.

« Euhm. Enfin voila. »

Léo pense sincèrement qu’il ne fallait pas trop s’inquiéter de l’etat de Cesar. Bien entendu, il ne l’avait pas vu dans son meilleur jour, mais en le voyant bien entouré par un Rhinoféros et capable de se défendre par lui-même, il avait déduit que son petite frère irait bien, qu’il était plein de ressources, et que depuis le temps, il avait certainement trouvé un endroit ou retourner dans ce genre de galère. Après tout, s’il a survécu jusqu’ç ce jour, c’est qu’il a appris à vivre par lui-même et s’est certainement trouvé des amis, des connaissances à qui se rattacher en cas de problèmes. C’est forcément un garçon débrouillard, du fait de sa soif de liberté et de son envie de voler de ses propres ailes après plusieurs années d’enfermement. Sa faculté à s’adapter était d’ailleurs assez incroyable. Enfin. Tout ça pour dire que Léo ne voyait pas tant la nécessité de trop s’inquiéter pour sont jeune frère. Actuellement, il était un peu plus inquiet du regard fixe de ce Vortente caché derrière un arbre. Visiblement le Pokémon plante ne bougerait ni n’attaquerait mais… Il avait une assez sale tête qui inspirait tout sauf la confiance. Thanatos sentit le danger et leva la tête, reniflant le danger. Elle se mis à grogner, sentant la présence du danger. La Solochi se mit à foncer très rapidement à l’aveugle dans la direction du Vortente, et Léo se lança à sa poursuite immédiatement en criant, pris de panique.

« Thanaaaaaa! Reviens, tu sais bien que tu vas te faire mal à foncer comme ça! »

Ah, si seulement elle pouvait mieux y voir… En se jetant à terre, le jeune homme réussit à récupérer sa Solochi à temps malgré tout, même si il tomba à moitié dans la boue. Puis, le Vortente était parti. La scène fit rire Cléo derrière le col de sa veste, et Thana continuait de grogner, puis se blottit finalement contre son dresseur qui retournait maintenant vers sa sœur. Celle-ci regarda un moment sa montre.

« Le temps est passé vite, je vais te laisser ici. Merci encore. »

Le brun hocha la tête pour toute réponse, et regarda Cléo monter sur le dos de sa fidèle Libegon.

« N’hésites pas à revenir! »

Et ainsi elle s’envola. Dans les bras de Léopold, Thana semblait demander à rentrer elle aussi. Les heures avaient filé dans le silence sans qu’ils ne s’en rendent compte. Luis les téléporta donc jusqu’au Manoir. Manoir que Léo devrait à l’avenir mieux entretenir… Des travaux ne feraient pas grand mal.