They definitely are cuter than puppies

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« Hé, April... ? »

La jeune fille se retourna, rendue curieuse par le ton calme mais interrogateur du plus âgé, qui paraissait étrangement calme et silencieux, un peu distant aussi, alors qu'il laissait son regard vaguer dans les hautes herbes qu'ils surplombaient de par leur position sur cette espèce de colline un peu plus surélevée que les autres. Ils avaient décidé de prendre une pause durant leur recherche d'Abo, et tandis qu'elle se reposait contre Hayato dont elle se servait comme coussin, le japonais n'avait pas bougé, jetant de temps à autre des regards envers son Séviper qui, à quelques mètres de là, avalait goulûment un rat qu'il avait attrapé et saisi entre ses crocs quelques secondes auparavant.

« Je t'ai peut-être un peu menti, en fait. »

Le ton de l'éleveur, décontracté et presque désinvolte, attisa davantage la curiosité de la cadette des Kenway qui fronça les sourcils, attendant que son aîné continue de parler. Et il ne se fit pas prier, bien qu'il prit quelques secondes pour glousser un peu de son air interrogatif. Bah oui, une adolescente de quinze ans qui le regarde avec de grands yeux attentifs, ça l'amuse. Faut pas chercher à comprendre, la narratrice a laissé tomber depuis un bon bout de temps.

« Je dois t'avouer un truc, j'aime bien les serpents. Je crois que c'est aussi en partie pour ça que j'ai autant envie de t'aider. Ca peut paraître bizarre, mais je...
- J'aime les pokémon qui sentent mauvais, je crois que je suis du genre à passer au dessus de la bizarrerie.
- ... Tu as un point. »

Une once de sourire se dessina sur son visage, et au même moment, par le plus graaaaaaaaaaand des hasards, les joues d'April se firent un peu plus rouges, mais il serait de mauvaise foi de mettre les eux en relations, hein, ce serait une supposition tout à fait hasardeuse et vraiment tirée par les cheveux (et vu ceux du lapin, c'était pas mal, comme estimation). Il se gratta l'arrière de la nuque, gênée pendant quelques secondes par la vague d'enthousiasme et le sourire un peu con qu'il n'arrivait pas à retenir.

« Les serpents sont à mes yeux un peu particuliers, je crois. Enfin, il y  a plusieurs choses chez eux qui me plaît plus que d'autres animaux. Je dois avouer que ma mère n'a jamais été trop de mon vie, et que le jour où j'ai essayé d'en ramener un à la maison... Disons qu'elle m'avait passé le sermon de ma vie. À bien à réfléchir maintenant, vrai que la douche n'était pas un très bon endroit pour le garder, même si il y  avait l'humidité nécessaire. »

Même si il n'avait pas fait le malin à ce moment-là et qu'il se souvenait encore s'être caché du regard assassin de sa génitrice pendant plusieurs jours après cela, il voyait maintenant ce souvenir avec plus de tendresse. Réalisant qu'il était en quelque sorte en train de divuguer quelque chose de personnel, qu'il s'en rende compte ou pas, même partiellement, April resta muette, le laissant par conséquent continuer si il en avait le désir.

« Tu sais pourquoi il est si difficile de leur trouver un prédateur naturel majeur, April ? »

Elle ne répondit pas. Il avait l'air de savoir que ce serait le cas.

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« C'est assez simple. »

Et, comme si cela servait d'explication, il s'approcha sans crainte de Byakuran qui, alors qu'il terminait de croquer le rongeur qui était descendait maintenant dans sa gorge pour être dissout au fond de son estomac, leva un regard suspicieux vers son dresseur. Sans crainte, l'éleveur présenta sa main au Séviper. Lorsque celui-ci tenta de le mordre immédiatement, l'adolescent ne parut pas surpris ou même inquiété, esquissant plutôt un léger sourire à cause du fait qu'il avait remarqué un léger temps d'hésitation, rien que quelques petits secondes durant lesquelles Byakuran avait hésité, ce qui était déjà beaucoup. Il ne devenait pas non plus arrogant, mais il prenait plaisir à remarquer que même si il y avait de fortes chances pour que le serpent reste distant et désagréable, il parvenait tout de même petit à petit à se faire accepter. C'était étrange, mais il avait comme l'impression de se revoir après que...
Ça ira pour aujourd’hui, les interprétations foireuses.

« Les serpents ne se nourrissent que de ce qu'ils ont besoin. Ils ne sont ni cruels, ni cupides. Ils font ce qu'ils ont à faire, tout simplement. On les pense souvent mauvais, mais on leur préfère les chats, alors que ceux qui tuent en s'amusant... »

Il laissa sa phrase en suspens durant quelques instants, et gloussa comme si il était en train de dire quelque chose de très drôle.

« Enfin. Disons qu'ils sont bien heureux de vivre dans leur coin, ce qui fait que de nombreux animaux voient en eux de potentielles proies faciles, mais... Le plus souvent, ça se retourne contre eux. Je trouve ça assez fascinant. C'est pour ça qu'ils n'ont pas de vrai prédateur naturel : les félins, les oiseaux et les autres reptiles peuvent le voir comme un repas facile, mais c'est loin d'être aussi simple. C'est juste... Imprévisible, en fait. Ils ont à la fois toujours une carte de côté mais prennent des risques pour pouvoir la jouer. C'est intéressant. »

Ne réalisant pas qu'il s'était mis à blablater sans s'arrêter, il ne le remarqua que lorsqu'il vit le léger sourire amusé d'April, et il se surprit à rougir un peu, se demandant d'où cette espèce d'élan lui était venu. Inutile de chercher toutefois, étant donné qu'il n'aurait pas de réponse à sa question même si il le désirait très fortement. Il détourna le regard, et la blonde répondit plus rapidement que prévu.

« Je vois. Vous les admirez, donc.
- J'apprécie leur mode de vie, disons. »

Ouais, parler de fanboyisme serait plus honnête.

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« Désolé, maintenant que je m'en rends compte, c'est vraiment sorti de nulle part...
- Non, non, ça reste intéressant, hein ! C'est juste surprenant. »

L'adolescent sourit maladroitement, un peu gêné, comme un rictus à la fois jaune et moqueur sur son visage. Toutefois, alors qu'il s'apprêtait à reprendre la parole, il remarqua l'air intrigué de Byakuran dont le regard rubis s'était fixé sur quelque chose plus loin, sans que le japonais n'arrive toutefois à distinguer ce dont il s'agissait. Pour ainsi dire, il commençait même à s'en inquiéter, surtout que le serpent était un peu trop impulsif et réactif pour le bien des autres, la plupart du temps. En suivant les yeux du Séviper, il remarqua enfin une crête blanche, illuminée par quelques étincelles d’électricité : à peine eut-il temps d'essayer de mieux le voir que le serpent avait déjà craché une flaque de poison près de là. Natsume sursauta, et ses yeux s'écarquillèrent un peu lorsqu'il entendit un hennissement retentir. April se releva et parut vouloir s'approcher, mais Hayato la retint en attrapant un de ses bras avec sa bouche, en faisant bien attention à ne pas planter ses crocs. La créature qui se cachait dans les herbes sortir alors de sa cachette en esquivant, se révélant être un Zébibron à l'air craintif.
Alors même que, terrifié, le pokémon s'apprêtait à s'enfuir, le Séviper glissa rapidement devant lui, lui barrant la route, un rictus mauvais sur son visage reptilien, l'air presque amusé. Le Zébibron recula, et alors que des éclairs commençaient à gronder autour de lui, le lapin se précipita vers le serpent.

« Byakuran, qu'est-ce que tu fais ?! »

Le pokémon poison lui répondit par un sifflement désapprobateur et un regard assassin qui ne pouvaient pas être plus explicites sur le fait d'exprimer qu'il désirait le voir partir, mais Natsume n'y fit pas attention, pas intimidé pour un rond. En même, il était plus agacé et énervé que vraiment menacé. Derrière eux, le Zébibron qui aurait sûrement dû s'enfuir en courant les observait, pourtant.

« Non, je ne vais pas bouger. Tu vas te calmer. »

Nouvelle protestation, plus virulente cette fois : le Séviper s'avança un peu, menaçant presque son dresseur si il ne reculait pas, mais l'éleveur ne fit pas même un pas sur le côté. À la place, il fronça les sourcils et pesta. Une lueur sévère passa dans ses yeux, et son ton devint plus sec et mordant, sans perdre toutefois de sa froideur.

« Bien. Tu veux faire le plus fort ? C'est la ball pour toi jusqu'à ce soir. On en reparlera une autre fois. »

Dès que ce fut dit, ce fut fait. Byakuran fut rappelé dans sa balle sans plus de sommation. Ce fut une fois qu'il fut disparu, aspiré dans le rayon rouge, que Natsume releva enfin son regard vers le Zébibron qui l'observait d'un air mitigé, à la fois curieux et craintif.

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Situation awkward, en tous cas, à laquelle Natsume était dorénavant confronté. Le Zébibron le fixait sans rien dire, portant toujours ce mélange étrange sur son visage de crainte et de respect, que le japonais ne parvenait pas à décrypter, trop concentré sur le fait de gagner la confiance du pokémon bicolore pour éviter qu'il ne l'électrocute d'une seconde à l'autre à cause de sa frayeur incontrôlée. Hayato se tenait prêt à réagir en cas de problème, mais gardait toujours April coincée pour l'empêcher de se mettre en danger.
Natsume n'est pas doué en délicatesse et en subtilité. À vrai dire, quand il veut ou veut dire quelque chose, il ne se formalise pas en prenant de longs moments pour amener son idée mais la partage clairement, sans trop se soucier de ce qu'on en dira ou de ce qu'on pourra en penser. Bien sûr, cela n'arrive que dans les cas où il est sûr qu'il s'agisse d'une méthode adaptée qui ne se retournera pas contre lui. On pourrait donc qu'il s'agit davantage de désintérêt et de mépris que d'incompétence, car cette sale bestiole sait bien calculer tout pour retourner la situation en son avantage quand il en a l'envie, mais là était le problème : il fallait qu'il en ait l'envie. Et surtout, qu'il fasse des efforts. Dans ce cas-là, il n'avait pas vraiment d'autre choix que prendre des pincettes avec le Zébibron.

« Tout va bien ? Si Byakuran t'as blessé et si tu le veux, je pourrais te soigner, en rétribution... Je suis vraiment désolé, c'est la moindre des choses que je pourrais faire. »

L'air désolé, il inspecta le jeune zèbre avec attention, ne remarquant pas la particularité de la robe de celui-ci, au contraire d'April qui avait écarquillé les yeux et, bien qu'elle restait silencieuse, n'en revenait toujours pas. Étant donné qu'il ne répondait pas et paraissait même ne pas avoir l'intention de le faire, l'adolescent fit un pas sur le côté pour inspecter le pokémon et vérifier si il avait été touché ou non par la dose de poison crachée par Byakuran. Il ne comprenait d'ailleurs toujours pas pourquoi le Séviper avait attaqué. Le serpent était tordu, mesquin et rusé, certes, mais certainement pas du genre à attaquer la première créature venue, ce qui laissait penser à Natsume qu'il y avait peut-être quelque chose d'autre...
Mais à peine pensait-il cela que le Zébibron, timidement, s'avança vers lui et frotta doucement sa tête contre lui, comme pour réclamer des caresses. Sa bouche s'ouvrit légèrement sur le coup de la surprise et il haussa les sourcils, un peu déconcerté. Hayato, s'y étant attendu, esquissa un sourire amusé, en retenant comme il le pouvait l'éclat de jalousie et de possessivité qu'il ressentait actuellement. Dans ces cas-là, il pouvait accepter de ne pas être le premier dans le centre de vision de son dresseur : il était plus gentil avec les petits zèbres qu'avec les oursons, disons.
En parlant de ça, d'ailleurs, la raison pour laquelle il persévérait à l'accompagner dans ses sorties dans le coin était en quelque sorte lié à ça. Après tout, ils arrivaient à la moitié du mois de mai, et dans quelques jours... Même après avoir tenté de le faire changer d'avis avec l'aide du reste de l'équipe, Natsume n'avait pas démordu. Ce qui devrait arriver arriverait.

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« T'es vraiment adorable... »

Trop tard, c'était sorti. Natsume n'avait pas pu s'arrêter avant de parler, et il avait exprimé honnêtement sa pensée sans chercher à la contrôler, ce qu'il faisait d'ordinaire par pseudo fierté mal placée digne d'un ado de quatorze ans en pleine puberté qui veut prétendre garder sa virilité en crachant sur tout ce qui est plus ou moins mignon. Ou du moins, ce qu'il faisait il y a un an avant d'avoir grandi un peu dans sa tête, et de s'être rendu compte qu'il n'y avait aucun mal à admettre l'adorabilité de quelque chose, bien qu'il lui arrivait parfois d'avoir des résurgences et de désirer garder ce qu'il pensait bien caché au fond de sa tête. Ça fait partie de lui, de toute façon, de ne pas se montrer si expressif que ça, et encore plus depuis qu'il avait commencé à apprendre à se contenir.  Il ne s'en rendait peut-être pas totalement compte lui-même, mais depuis Nagisa, il était plus calme. Plus contenu, plus serein, moins impulsif, brutal ou bien même sauvage par moments.  L'évolution était progressive mais visible, ou du moins très facilement remarquables par ceux qui le côtoyaient régulièrement. Sa nervosité avait diminué aussi, avec le temps. Si il était encore bien timide et incertain devant les personnes qu'il admirait beaucoup comme Mina ou Esther, c'était maintenant loin d'être le cas avec les pokémon ou bien même les autres. Sûrement que de vivre quelques événements plus ou moins marquants l'avait forcé à se prendre en main par lui-même et à gagner en assurance, car si il ne le faisait pas, alors il serait avalé tout cru. C'était tout. Il avait bien fallu se forcer, et après tout, les plus grands progrès sont faits dans l'urgence. Sûrement avait-ce été le cas avec lui.

Le Zébibron poussa un hennissement gêné, mais continua de venir rencontra sa main et ainsi réclamer d'autres caresses que Natsume lui donna sans la moindre attente, un sourire attendri aux lèvres. Il s'accroupit pour se mettre à sa hauteur et ainsi diminuer davantage la peur qu'il pouvait ressentir, ne pouvant pas s'empêcher de sourire comme un abruti en l'observant. Visiblement, ce petit zèbre timide et craintif l'avait conquit, et bien qu'il le ne le réalisait pas autant qu'il aurait dû, cela paraissait réciproque. Il était  stupide quand il s'agissait de comprendre les comportements des autres lorsque cela dépassait le cadre de l'évidence, c'est-à-dire de ses conclusions logiques basées sur des fondements qui l'étaient tout autant. Ce qui pouvait par ailleurs se révéler à double tranchant car bien que cela permettait souvent de préméditer les actions des autres, c'était également le cause de son inaptitude quelquefois ; comment réagir face aux personnes imprévisibles, chez lui qui ne pouvait par définition par les comprendre ? Ainsi donc, lorsque le Zébibron se frotta un peu sur son côté, la tête juste en dessous de la rapide ball vide à sa ceinture, il resta déconcerté quelques secondes, n'ayant pas entrevu cette possibilité auparavant, jusqu'à ce qu'il se rende compte que peu importe, au fond. Il n'avait pas envie de dire non et n'allait très certainement pas le faire. En deux temps trois mouvements, le Zébibron était capturé. Hayato, remarquant que les choses s'étaient arrangées, profita de ce moment de répit pour aller combattre une Ecremeuh, plus loin.