« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Au sujet d'hier soir... [OS]

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Natsume Shimomura
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Natsume Shimomura
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MessageSujet: Au sujet d'hier soir... [OS]   Au sujet d'hier soir... [OS] EmptyMar 28 Juil 2015 - 3:07



Au sujet d'hier soir...

Évolution de Sora, partie 2

Dire 'oui' à Faust et Isaac pour une sortie, c'est un peu comme signer son propre arrêt de mort. Natsume le sait plus que bien, c'est d'ailleurs pour ça qu'il évite le plus souvent possibles les brillantes idées de son cousin et son meilleur ami. En fait, c'était surtout une question de survie, et bien souvent il avait raison de refuser obstinément, puisque l'une des activités favorites de Faust était de l'emmerder jusqu'à l'épuisement (voir la mort par excès de gêne, ou les deux). Mais aujourd'hui, vraiment, quelque chose avait craqué. Sûrement un des neurones qui lui permettait de rester en vie, en fait, parce qu'il n'y avait pas d'autre explication au fait que ce soir, quand Faust lui avait proposé, comme bien souvent, de sortir avec lui et Isaac ce soir, il avait accepté sans la moindre crainte. Même le conseiller s'était immobilisé, lui demandant de répéter pour voir si il n'avait tout simplement pas mal compris, mais non, Natsume avait saisi son téléphone et ses clés pour les ranger dans sa sacoche et confirmer que oui, il allait venir.

« Euh, Natsu, je dis pas que tu devrais peut-être pas mais...
- Isaac, y'a deux semaines il a fallu te chercher parce qu'une fille avec qui tu flirtais voulait te kidnapper et t’emmener avec elle pour te marier à son oncle de cinquante-deux ans et que tu t'étais réfugié dans les toilettes, plus soul que soul. Tu n'es pas bien placé pour me conseiller sur ce que je devrais faire ou ne pas faire.
- ... Je te concède ce point. »


Natsume leva les yeux au ciel. En vérité, il savait très bien pourquoi Isaac avait hésité, principalement parce qu'il était le seul au courant (ou du moins Faust n'en savait strictement rien, encore heureux) de ce que le lapin avait fait, récemment. Autant dire qu'après avoir subi une modification de ses souvenirs, ce qui avait d'ailleurs été un très, très, très mauvais moment que l'adolescent ne souhaiterait jamais revivre tant cela avait été désagréable, en plus du fait que même cinq jours après, il était encore fatigué et susceptible, voir même carrément imbuvable quand des migraines horriblement puissantes revenaient le hanter et lui pourrir sa journée.
Car oui, faire joujou avec un esprit, ce n'est pas une partie de plaisir, même quand le principal sujet est consentant, et cela le japonais l'avait retenu, aussi douloureuse qu'avait été cette constatation. Au final, sa décision avait de modifier un souvenir en particulier : cette fois où il avait vu son petit-ami dans son (ou un, il n'en savait rien et ne voulait rien savoir) habit de résistant, pour s'assurer que même si il était au courant de son activité non officielle, il ne pourrait jamais le lier à une quelconque idée sur son apparence ou un nom. Un compromis à peu près correct, en ce sens qu'il permettait à la fois de ne pas trop endommager sa santé et également de ne pas non plus effacer complètement ses souvenirs, seulement les déformer. Et même si on lui avait dit que c'était peut-être une mauvaise idée, Natsume n'en avait pas démordu ; que pouvait-il faire, sinon ? Faire des grands sourires, des gâteaux ratés et attendre toujours, en devenant par la même occasion un poids lourd, en risquant d'un jour faire une erreur grave qui aurait eu des conséquences terribles ? Non, ça, l'éleveur s'y refuse catégoriquement. Il arrive déjà avec du mal à accepter son inutilité et sa faiblesse, alors lui demander d'accepter qu'il ne puisse absolument rien faire, c'est au dessus de ses forces. Tout son être le niera à jamais : il est dans sa nature de se débattre jusqu'au bout, quitte à se blesser par la même occasion, rien que pour la satisfaction d'être libre.

« Dis-moi l'lapinou, tes spores ont fini par t'agresser les neurones ou alors tu t'es soudainement retiré le bâton qui te chatouille l'arrière-train pour avoir soudainement l'envie de venir avec nous ?
- Voir ta tronche se ramasser dans ton propre vomi au retour est une motivation suffisante. »


Le conseiller gloussa et fit signe aux deux autres de le suivre, jusqu'à ce que Daryl les téléporte devant un immeuble d'Amanil, apparemment bien connu par Faust qui salua les locataires de l'appartement où ils allaient avec un grand sourire plein de dents comme il savait si bien le faire. Ils allèrent s'asseoir dans un coin et parlèrent de tout et de rien, sans trop se fixer sur un sujet en particulier, jusqu'à ce que le sujet de la boisson n'arrive sur la table.

« Tu vas vraiment te contenter d'un sirop de fraise ?
- Quoi, j'suis pas venu pour boire et je bois pas, de toute façon, alors...
- Nan mais j'sais pas, ç'juste que...
- Vais faire une folie ouais. Demande de la limonade avec ça. »


Faust leva les yeux au ciel tout en gloussant un peu.

« Sérieux morveux, j't'aime bien tu le sais, mais c'est à se demander quand est-ce que tu finiras par être moins coincé. T'as dix-sept et tu vis sur une île tropicale mon vieux, vis un peu !
- Je vis. Je m'amuse, je te signale.
- Quoi, en calculant l'angle de l'ombre de ta chaise avec la réciproque de Pythagore ?
- Ça n'a aucun sens, de toute façon.
- Hé, tu t'attendais à quoi, j'ai pas fait maths sup moi !
- Tu m'étonnes... »
dit-il en sirotant sa limonade avec sa paille, un rictus moqueur au coin des lèvres.

Le plus âgé, pour se venger, lui pinça les narines, le forçant donc par la même occasion à quasiment  s'étouffer avec sa boisson. Isaac pouffa sans retenue, et même si l'éleveur assassina du regard son cousin, il ne put s'empêcher lui aussi de glousser au moins un peu. Bon, peut-être qu'il allait s'amuser, en fait, et qu'il était juste de mauvaise foi quand il pensait que toutes les sorties avec Faust résultaient juste par des conséquences complètement loufoques et stupides.

« Écoute Natsu, aujourd'hui, c'est moi qui paye, alors profite !
- Nan mais ça c'était prévu depuis le début.
- Hein ?
- J'ai pas pris de porte feuille et t'es mon responsable légal. Fais le calcul. »


Parfois, vraiment, le conseiller avait envie d'étrangler ce gamin, surtout quand il gardait sur son visage cette espèce de sourire à la con qui puait l'insolence et la satisfaction. Mais non, il allait garder son calme, agir en adulte responsable et ne pas lui sautait au cou pour ensuite le tuer de sang froid.
De son côté, le Shimomura se mit à jouer presque mécaniquement avec l'agitateur dans son verre, trouvant presque le son régulier du choc avec la paroi apaisant. La musique (insupportable à ses oreilles, quoique sa joueuse dira qu'il ne pouvait vraiment pas parler vu ses goûts) et l'impossibilité d'avoir ne serait-ce qu'une seconde sans un vacarme incessant, ce n'est vraiment pas son truc. Il préfère de loin le calme de ses livres ou passer son temps en jardinant ; ce genre de truc, ce n'est tout simplement pas sa tasse de thé. Mais aujourd'hui, il avait dit oui.
Oh, ce n'était pas un simple caprice ou une envie du moment, loin de là, mais plutôt qu'il était seul ce soir là, de mauvaise humeur à cause des maux de crâne et nausées qui l'assaillaient depuis sa 'visite' chez la connaissance d'Isaac, et qu'il avait tout simplement envie de penser à autre chose. D'aérer ses pensées, de se concentrer sur quelque chose qui ne soit pas son pathétisme. Mais pour l'instant, sa tentative avait échoué. Drastiquement. Ce n'était très certainement pas d'aller suivre Faust et Isaac où que ce soit qui allait lui occuper l'esprit et lui faire oublier tout le reste, il en avait conscient même en partant. Mais il avait espéré, naïvement.
Alors il réfléchit. Le regard vague, l'air concentré mais sans véritablement se fixer sur quelque chose, il prit quelques instants pour prendre une décision.
Puis, sans attendre davantage, il saisit le verre de Faust, et sans la moindre attente, en dépit des regards éberlués de ses compagnons pour la soirée, le vide cul sec sans la moindre peur. Il ne savait pas vraiment ce que contenait ce cocktail, et pour être tout à fait honnête il n'avait même pas fait attention à la couleur, mais il était déjà passé dans œsophage, laissant derrière lui une intense sensation de chaleur dans sa gorge. Le conseiller et Isaac continuaient de le regarder avec de grands yeux ronds tandis que lui, l'air de rien, s'essuya la bouche.

« Natsu....
- Bah quoi, t'as bien dit qu'il fallait que je me décoince, non ? Ou c'était que des paroles en l'air ? »


En toute honnêteté, c'était une mauvaise idée. Ils le savaient tous les trois. Mais ils n'étaient pas connus pour leur brillante intelligence non plus.

« Alors accroche-toi à ton cul et ne viens pas pleurer demain, Shimomura.
- J'ai passé seize ans de ma vie au Japon. Si tu crois que c'est moi qui vais craquer en premier... »


Un grand rictus s'étala sur le visage du plus âgé.

« Tu es très, très naïf.
- T'es pas le premier à me le dire. Maintenant arrête de gagner du temps. »

Natsume prend beaucoup de décisions stupides dans sa vie, ou alors réagit de manière si brusque qu'il en oublie tout bon sens, c'est malheureusement un de ses plus gros défauts. Et aujourd'hui, il aurait dû se rendre compte de la grandeur de sa bêtise, mais rien n'y faisait : il était trop concentré sur l'idée de penser à autre chose qu'il en oubliait toute retenue.
Au bout de trois verres, l'adolescent tangue en se relevant, provoquant l'hilarité de Faust et d'Isaac qui malgré leurs joues un peu rougies et leurs yeux brillants ne paraissent pas dans le même état.

« Un mètre soixante, cinquante-deux kilos et tu croyais que t’allait tenir longtemps ?
- C'est un mètre SOIXANTE-TROIS, déjà ! Et cinquante-cinq kilos !
- Oui oui, la crevette, oui oui. Admets que c'était une mauvaise idée, quand même, tête de shota.
- Plutôt aller en enfer et me faire arracher les boyaux pendant toute l'éternité.
- De toute façon à ce rythme tu vas pas tarder à les recracher... Bon, on te laisse cinq minutes, sois gentil !
- Comme ta mè-
- NATSUME !
- Roooh... »


Un sourire un peu bêta sur le visage, le Shimomura fit un signe de la main aux deux adultes qui s'éloignèrent pour aller discuter avec quelques connaissances, l'air de rien. Ce fut toutefois quand il entendit un grand bruit de gifle que Faust tourna brusquement de la tête, surpris, avant d'entendre des cris féminins indignés en provenance d'une jeune femme qui s'était assise à côté de lui. En plus d'avoir laissé une trace de main sur sa joue, elle se paya en plus le luxe de lui jeter le contenu de son verre au visage, et ce sans que ça ne choque ou ne perturbe l'éleveur qui garda son expression neutre et insensible, comme si rien de tout cela ne venait d'arriver. En même temps hilare et un peu inquiet, le conseiller s'approcha, ne pouvant pas s'empêcher de glousser ; son hilarité ne fit qu'augmenter en remarquant qu'il avait entrepris d'entamer un cinquième verre. Okay, là il allait falloir l'arrêter en urgence. Isaac haussa les sourcils.

« Qu'est-ce que tu lui as fait, à cette pauvre fille ? »

Le japonais ricana.

« J'lui ai dit que même dans mes recherches, j'avais jamais vu autant de poudre que ce qu'il y a maintenant sur son visage. Ça m'a valu une gifle.
- Elle t'a jeté son verre à la face pour ça, sérieusement ?
- Je crois que ça, c'était parce que je lui ai en plus dit que même si son copain est plus occupé à tripoter sa pote de tout à l'heure et à revisiter l'intérieur de sa bouche qu'à faire attention à elle, c'était pas à moi de jouer les nounous parce qu'en plus si elle était majeure moi j'suis le lapin de pâques. Enfin y m'semble. »


Isaac, hésitant entre la mortification et l'amusement, finit par frapper son front avec la paume de sa main. Faust éclata de rire, tandis que l'éleveur ne montrait que des vagues signes de fierté, mais en général plus de l'indifférence qu'autre chose.

« Au moins personne prendra avantage de toi si t'es soul, on peut être rassuré...
- De quoi ?
- Rien, rien, reste dans ta petite bulle d'insouciance... Bref, on te lâche plus, parce que soit t'es le plus gros coincé du quartier, soit t'es le moins complexé du monde. Tu pourrais pas avoir un juste milieu, hein ?
- Hé ! Chuis pas coincé, d'abooooord !
- Mais oui, c'est ça... C'est pas parce que t'enchaîne les verres que tu ne l'es pas, choupinou.
- J'te dis que non !
- Ah ouais ? Prouve-moi donc que tu ne l'es pas, vas y, j'observe ! Va sur la piste de danse comme un grand garçon, j'ai hâte de voir ça ! » 


Le japonais le fusilla du regard, peu amusé, et jeta un coup d’œil hésitant vers l'endroit pointé du doigt, soudainement plus pensif. Quelques secondes passèrent, et Faust suivit son regard, intrigué par la petite lueur dans les yeux de son cousin qui ne lui disait vraiment, vraiment rien de bon.

« Hé, Faust?
- Quoi ?
- La salle de bains est occupée, ou pas ? »

Plus ce sourire s'élargissait, et plus l'aîné des hérissons se disait qu'il aurait peut-être été mieux que répondre que non, mais sa curiosité prit le pas sur sa logique et son instinct de survie.

« Non, pourquoi ?
- Alors ramenez vos fesses, on a à se préparer. »


Parfois, Faust se demandait si Natsume n'était pas juste un peu bipolaire. Mais il se rappelait que lui poser la question serait suicidaire, et se disait qu'au final, il valait encore mieux se contenter de profiter de ses moments de folie, tant ils étaient rares et loufoques. Aujourd'hui faisait partie de ces cas. De longues, longues minutes passèrent, accompagnées de gloussements et ricanements en provenance de la salle de bains.

Silence, soudainement, dans le salon. La musique s'arrête, la lumière se concentre sur le devant la piste de danse, où l'on entend encore à peine quelques chuchotements.

« Natsu, c'est une mauvaise idée.
- M'en fous.
- Je t'assure que-
- Je. M'en. Fous. Enfile ces talons hauts, princesse. Tu voulais jouer ? Joue jusqu'au bout, alors. »


Un air de guitare résonne. Sur la scène, Faust et Natsume sont dos à dos, chacun tenant une guitare dans la main, portant des escarpins à paillettes avec un visage tout particulièrement solennel, et cela même alors qu'ils sont peinturlurés de maquillage volontairement mal mis, plus de bleu pour Natsume que pour Faust d'ailleurs.

« Hi, barbie ! Wanna go for a ride ?
- Sure !
- Hop on it ! »


Glissant alors sur le sol avec ses genoux, en maillot de bains deux pièces rose, les poils à l'air, des faux seins sur le torse et les cheveux coiffés en deux couettes inégales, Isaac hurle à pleins poumons, la voix aiguë au possible. Son corset le fait souffrir, mais peu importe pour l'amour de l'art ; et même si quelques regards se posent sur ses jambes poilues, il chante à s'éclater les poumons.

« I'm a barbie girl, in a plastic woooooooooorld !
- Life in plastic...
- It's fantastic ! »


Sur la scène, le nugget se trémousse bêtement alors que l'adolescent peine à continuer de jouer, à moitié mort de rire, tout en vous rappelant qu'il est toujours peinturluré de maquillage. Tenir avec ces foutues chaussures tient du miracle, et si Faust se ramasse, il ne sait pas par quel miracle il tient de bout. Et c'est qu'il est fier de lui en plus, se permettant de tenter un riff alors qu'il n'a pas les idées très claires : c''est bien évidemment un ratage total, si bien que la chanson finit par devenir encore plus grotesque qu'elle ne l'était déjà. Mais pourtant ils persévèrent, fiers d'eux.

« You can brush my haiiiir, undress me everywheeeeere !
- Imaginatiooon, life is your creation ! »


Et, de sa voix aiguë la plus criade, nasillarde et insupportable possible, Isaac se mit à hurler de toute sa force. Plus loin, à une batterie, le Boguérisse de Natsume était en train de jouer ; pour il n'aurait jamais su quelle raison, il choisit ce moment-là pour évoluer, dominant maintenant l'instrument de tout son poids de Blindépique, un sourire débile sur le visage, quoique un peu inquiet pour la santé mentale de son dresseur.

« I'm a blond bimbo girl, in a fantasy woooorld
- Dress me up, make it ti- »


Baoum. Ca, c'est le son du Natsume qui se ramasse à terre après avoir fait un pas de trop, et qui éclate de rire comme un abruti en constatant que sa chemise vient de prendre un coup d'alcool dans la face. Mais le japonais ne paraît pas si dérangé que ça, et c'est lorsqu'il le voit commencer à déboutonner sa chemise que Faust réagit. Ah non. Il s'est juré de le ramener vivant, en seul morceau et habillé si possible, alors il n'allait pas le laisser se déshabiller comme ça, parce que môssieur n'aimait pas les taches.

« N-non non Natsu, remets-moi ça ! Natsume, lâche cette chemise !  Na-RAH MERDE PUTAINS DE CHAUSSURES ! »

Bah oui, les talons c'est chiant, et tenter de courir avec ces chaussures relevait du suicide. Après avoir chuté par manque d'équilibre, il se démena comme un fou pour enlever ces maudits habits de pied et filer récupérer l'éleveur. Le japonais l'observa d'un air un peu bête, comme si l n'avait pas l'air au moins un peu pathétique avec sa chemise complètement ouverte, son expression perdue de gosse qui a décidément trop d'alcool dans le cerveau, et cette espèce d'inconsciente complète qui émane de lui comme une puanteur insupportable. Ou de la stupidité. Mais très vite, il fit une moue capricieuse et sa voix s'éleva comme une plainte nasillarde dans la pièce.

« Mais y fait chaud-euuuh ! Fauuuust !
- Non, sale gosse ! Isaac, aide-moi à le porter ou il va finir à poil dans cinq minutes et j'ai PAS envie de voir ça ! 
- J'peux pas être à poil parce que j'en ai p-
- ISAAC AIDE MOI ! »


Transporter un lapin soul qui ne cesse de gigoter et cherche par tous les moyens du monde à se débarrasser de son haut, c'est vraiment, vraiment dur. Mais même si l'éleveur avait pris du muscle en un an (ou du moins Faust le sentait à la dose de force qu'il mettait dans ses coups en se débattant comme un diable), si les deux adultes s'y mettaient, ils pouvaient le traîner sans trop de soucis vers la salle de bains pour lui débarbouiller la face. Rappeler son Blindépique fut dur, mais ils y parvinrent tout de même.

« Arrête de gesticuler, par le cul scintillant de Cresselia ! Hé, Natsu, non, non ! »

Et le voilà qui, après avoir cherché de s'éloigner désespérément, venait de baisser le pantalon du plus âgé avant d'éclater de rire presque grassement.

« Faust il a des poissoooooooons sur le caleçoooon !
- NAT !
- Et bientôt on va voir la luuuuuuuune ~ »


Même le suédois ne put retenir un gloussement, suscitant un regard noir de la part de son meilleur ami qui dû faire toute son possible pour se débarrasser du lapin qui refusait de le laisser remettre son pantalon. Après lui avoir frappé le crâne suffisamment fort pour qu'il lâche l’affaire, il grommela des injures avant de fusiller Isaac du regard ; celui-ci riait toujours.

« Ils étaient en soldes, voilà, ils datent ! »

Nouveau raclement de gorge. Il expira profondément avant de prendre l'air le plus sérieux qu'il put.

« Bon, on ne le laisse plus sortir de notre champ de vision, c'est clair ? Pas une seule seconde loin de notre périmètre, constamment surveillé, et dans une heure on rentre le ramener pour pas faire croire qu'on sait pas gérer.
- Ouais, enfin, Faust...
- Nan mais je suis sérieux ! T'imagines qu'il fasse une grosse connerie genre foutre accidentellement le feu, o-ou qu'il...
- Qu'il cherche la merde avec un mec qui fait deux fois son gabarit ?
- Oui voilà, ça ! Nan mais ça serait la ca-
- ...
- ... Il est en train de le faire, c'est ça ?
- Eh bien pour être tout à fait honnête il fait plus trois fois son gabarit que deux, si tu veux mon avis...
- Oh bordel. »


Difficile de se demander si le lapin ne cherchait pas volontairement les emmerdes, en fait, vu la musculature de la personne qu'il toisait du regard d'un air condescendant et méprisant. Et n'oublions pas le rictus provocateur qui sentait le sarcasme à deux cent mètres ; à croire qu'il cherchait à rassembler tous les éléments pour être écrasé jusqu'à la pulpe.

« Merde mais il doit faire quatre-vingt dix kilos de muscle, celui-là.
- Yeeeeeeeep.
- Et il pourrait lui remonter le calcif suffisamment haut pour lui accrocher au dessus de la tête et que ça fasse effet string.
- Totalement.
- Et Nat est en train de prendre son plus bel air de petit prétentieux ?
- Oueeep.
- Il est mort.
- Si on ne se grouille pas, c'est effectivement ce qu'il sera dans l'heure qui suit. »


Faust tira le psychologue par la manche pour qu'ils se rapprochent du cercle qui s'était déjà formé autour des deux concernés, et qui par ailleurs n'attendaient que l'instant ou le plus grand finirait par craquer et découperait l'éleveur au moins un peu suicidaire en rondelles.

« Quand j'en aurais fini avec toi, y'en aura même plus assez pour remplir un sceau.
- Ç'pas dangereux d'utiliser tout ton vocabulaire en une phrase ?
- J'te pisse à la raie, connard ! »


Le conseiller grimaça alors qu'il cherchait  à se rapprocher pour attraper l'éleveur et fuir rapidement, conscient qu'il ne restait plus beaucoup de temps avant que les choses ne dégénèrent. Mais étrangement, il n'entendit pas le ton monter tout de suite.

« A l'arrêt ? Mais p-par définition ç'comme ça que ça marche, naaaaan ?
- Tu me prends pour un con ?!
- Ooooh mais j'oserais pas mon p'tit Hulk orange d'amouuur...
- Oui, bah on va remettre la lune de miel à une autre soirée ! »


Il aurait manqué de pleurer de soulagement en sentant qu'il avait enfin réussi à rattraper son retard et à saisir l'adolescent par le t-shirt, comme un chaton saisit par sa mère au cou. En remarquant la tête de l'autre individu, il fit son sourire le plus bancal possible.

« Isaac, grouille-toi avant qu'il fasse un Hulk smash ! »

Remerciant les dieux que la Gardevoir de son meilleur ami ne soit pas aussi lent mentalement que son dresseur, il sentit Thalie les saisir et les téléporter en urgence à l'extérieur de l'appartement, à plusieurs rues de là, dans un coin désert uniquement éclairé par la lumière blafarde et agressive d'une lampe halogène au sommet d'un poteau.

« Mais Fauuuust-euh ! J'allais lui refaire le visage j'te dis !
- La seule chose que tu allais te refaire, c'était le plancher avec ton sang ! Espèce de petit inconscient, tu ne te rends pas compte que-... Nat ? Natsume, qu'est-ce que tu...
- Il était un petiiit navireuh qui n'avait ja-ja-jamais navigué ohéohé ! »


Car bien sûr, il avait fallu qu'en remarquant la fontaine qui se trouvait tout près, il se mette à jouer dedans. Il n'avait pas pu s'en empêcher et s'amusait actuellement avec un petit bateau en plastique qui était resté à flotter par là.

« Ah non hé bateau, t'en va paaaaaas ! Reste avec m-blrfhgu... »

En se penchant un peu trop, cet abruti était tombé face la première dans l'eau froide, sûrement pas très propre et bien glacée. Faust poussa un geignement de fatigue, hésitant à le sortir de là par la force ou à l'y laisser en priant qu'il ne s'y noie pas trop vite. En remarquant qu'Isaac se contentait de filmer avec la caméra de son téléphone portable, il eut la décence d'avoir l'air au moins un peu indigné.

« T'es sérieux, là ? Depuis quand est-ce que tu filmes ?
- Depuis qu'il a commencé à chanter. Je sais pas pourquoi, je sens que ça pourra être marrant par le futur de la ressortir cette vidéo de temps en temps. Et puis notre folle aventure musicale est déjà sur youtube, si tu veux tout savoir...
- Même la partie où il essaie de se désaper après être tombé ?
- Ouep, même ça.
- Ça va le suivre des années...
- T'imagines sa tronche à un entretien d'embauche ?
- C'est ça la partie marrante... Purée, il fait des bulles.
- Quoi, au moins ça veut dire qu'il est en vie !
- Non, mais je veux dire qu'il souffle pour faire des bulles. Comme un gosse.
- Franchement, à ce niveau je me dis que c'est presque la meilleure chose qu'il puisse faire. Bon, on le sort de là ?
- On pourrait partir à la limite hein, y'a pas de témoins...
- T'as vraiment envie de dire demain à tout le monde que t'as laissé un adolescent de dix-sept ans soul tout seul dans une fontaine avec la chemise complètement ouverte, sans défense ?
- Je déteste quand t'as raison. »


Ils finirent donc par aller sortir le japonais de là, en grognant devant le fait qu'ils étaient maintenant tous deux trempés au niveau des pieds, et le traînèrent jusqu'à la sortie de la fontaine, en lui interdisant catégoriquement d'y retourner. Pourtant, Natsume continuait de geindre et de se plaindre, en levant un bras en direction de l'endroit d'où il venait de sortir.

« Mais mon bâteauuuuuuuuuu !
- On va te ramener, d'accord ? C'est fini maintenant, on a assez joué, tu vas faire un gros dodo et regretter cette journée pendant trois grosses semaines.
- Mais je veux paaaaaaaaaaaaaaaaas...
- Et pourquoi donc, dis-moi voir ?
- Comment tu arrives encore à faire des phrases aussi longues et claires, toi ?
- Hé, j'suis pas une tapette question résistance moi monsieur.
- Passke... Passke j'suis pas un coincé j'te dis.
- Natsu, t'es mignon, mais l'alcool invalide complètement toute tentatives de se défaire de cette image. Et surtout pour toi en fait j'ai l'impression, que plus personne ne te laisse jamais toucher à une goutte.
- Maiiiiiiiiiiiiiieuh... J'veux PAS être appelé comme ça.
- Écoute, lapinou. T'es pas juste coincé, t'es coincé du cul. Je suis quasiment sûr que si Alice n'avait pas cherché à vous rapprocher, ton affaire avec Sam aurait pris deux ou trois ans. Tu peux l'nier tant que tu veux, mais c'est comme ça
- ... Nan. Et j'-j'vais te le prouver.
- ... Hein ? »


Le sourire presque malsain de Natsume commençait sincèrement à l'inquiéter. À chaque fois qu'il apparaissait, cela voulait dire qu'il allait faire une belle connerie, et cette occasion-là était loin de faire transgression à la règle. Isaac vérifia que la batterie de son portable était bien pleine, pour être sûr de pouvoir filmer la suite.

« J'suis pas co-coincé. Et pis j'vais te le montrer SANS avoir à faire de saloperie.
- Natsu... ? Natsu qu'est-ce que tu fais... ? »


Dans la lignée des images mentales qu'il n'aurait jamais pu imaginer par lui-même, voir Natsume se diriger presque lascivement vers un poteau avec un rictus étrange sur son visage était probablement quelque chose qui illustrait bien le genre.
Avec un sourire trop malsain sur son visage pour que Faust puisse l'associer à son adorable petit cousin qu'il voyait encore comme un enfant, le japonais passa ses bras autour du poteau, l'air presque provocateur, avant d'approcher son visage du métal et de...

« … Oh jésus christ marie joseph par les couilles d'Arceus.
- ... Ouais, ç'que t'as dit. »


… D'embrasser le poteau avec beaucoup d'enthousiasme et de volonté, devant les regards effarés de ses compagnons de soirée, puis une fois d'être un peu éloigné, de marmonner des choses dans sa langue natale puis en français, parfois un mélange de deux, avant que les deux adultes ne finissent par entendre quelque chose. Enfin, ça, c'était après avoir témoigné du roulage de pelle offert par le lapin à sa cible, et Faust eut un geignement de dégoût en entrevoyant le langue de Natsume passer sur le métal. Comme la joueuse en fait.

« T'sais... Comment vais t'appeler toi... Marion, Marc... Boarf allez, Marc. Marc-ichou s'tu veux. T'sais qu-que t'as d'beaux yeux quand même ? Graouh... »


Sa main se mit à caresser le poteau comme si il faisait du gringue audit poteau en simulant des caresses rapides, son sourire dérangeant toujours sur les lèvres. Il se penchait d'ailleurs volontairement, sans faire attention au fait qu'il était trempé, ne voyait pas très droit et tanguait à moitié en même temps.

« Au moins toi tu m'traites pas de gosse ou de n-nerd... »

Voyant que le Shimomura allait recommencer à violer ce pauvre Marc et que les édifices publics avaient déjà assez souffert comme  ça, Faust finit par craquer et aller une nouvelle fois chercher son abruti de cousin, en le faisant à s'éloigner, tandis qu'Isaac persistait à filmer. Le japonais se mit alors à glousser et rire bêtement, partant dans un fou rire incontrôlable, un 'uehehehehe' alternant entre voix grave et sons plus ou moins aigus, sous les regards presque dépités des deux adultes. Au moins, quand il finit par ranger son portable après avoir bien pris soin d'enregistrer la vidéo en plusieurs exemplaires, Isaac eut la décence de grimacer d'un air gêné.

« Plus jamais, hein ?
- Plus jamais. Et maintenant ?
- Euh... Tu te sens de le raccompagner jusqu'à chez sa chambre, là ?
- Pour être honnête, pas trop non.
- Bon, bah alors on va prendre le plan de secours. On réveille son copain en plein milieu de la nuit pour lui lâcher... La chose.
- ... Tu veux sincèrement qu'à quatre heures et demie du matin, on aille le réveiller pour lui confier son petit-ami qu'on a emmené en soirée et donc dont l'état est partiellement si ce n'est en grande partie de notre faute ? Petit-ami qui est d'ailleurs dans un état déplorable, et qui rit bêtement sur le sol en faisant des bruits de voiture et de pets avec sa bouche ? Tu penses qu'un "on a pas fait exprès, bye-bye" suffira ?
- Ouais, plus ou moins.
- Il va pas être content.
- Après avoir été en talons aiguilles et en corset avec des faux seins, je dois t'avouer que c'est pas ma préoccupation principale. Et puis c'est ça ou le supporter jusqu'à demain matin, parce que je sais pas pour toi mais moi j'ai pas des masses envie.
- T'as un point, Peterson. Aide-moi à le porter. »


L'éleveur fit un bruit mélangeant couinement et son de confusion, en regardant les deux autres d'un air perdu qui aurait été presque mignon si l'adjectif 'mignon' n'était pas pour l'instant complètement éloigné de lui pour au moins vingt-quatre heures.

« On va t'emmener dodo, Natsu, d'accord ?
- Mais nooooooooon...
- Mais si mais si, tu vas même voir ton copain. C'est bien ça non, les câlins avant de dodo, nan ? Tu vas voir, ça va être cool.
- Oh, n'oreiller... Pis l'est tout mignon quand il fait dodo, après j'peux jouer avec ses cheveux ou le sniffer quand il dort... L'est confortable aussi et pis-
- Content de voir que tout va bien entre vous, mais les détails j'men passe bien. Tu vas être gentil donc ?
- Des fois je fais des couettes avec ses c-chveux quand il dort pour rigoler...
- Tu sais que le micro de mon phone n'est toujours pas éteint, hein... ?
- Yep, j'essaie de sauver sa dignité là, le sournois.
- Va pas être conteeeeeeent....
- Ça ouais, on va p'têt en entendre parler pendant un petit bout de temps. Allez, accroche-toi, on rentre. Et plus jamais, c'est compris ?
- Jamais on n'a vu, un si beau cul que celui de la boiteuuuuuuse...
- T'inquiètes, quand il se réveillera demain il comprendra vite. »


Et bon sang, il n'avait même pas idée d'à quel point.
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