Ce qu’on s’emmerde, dans cette balade! Je traine des pieds et grogne comme une adolescente bien agaçante à l’encontre de mes deux cousins en train de me larguer en filant droit devant, dans la forêt. Pfff… Mais j’en ai marre de me tuer à leur dire que l’automne, c’est trop nul (bon pas trop ici, encore), et puis en plus, y’a toujours des crottes de trucs qui sont cachés sous les feuilles mortes. Mais, parce que les pluies sont régulières et s’enchainent avec des jours de soleil, les champignons, eux, sont assez contents, car ils peuvent pulluler d’un jour à l’autre! M’enfin… certains sont motivés pour aller jusqu’à Erode pour ces pauvre miasmes… Eww. Mais c’est même pas bon, ces machins en plus!

« On peut rentrer, j’en ai marre, c’est trop naaaaaze, la cueillette de champignons! »
« Barres-toi si tu veux mais laisse les autres s’amuser! »
« D’abord! »
« Non mais c’est trop pourri! Personne s'amuse! »
« T’as tes règles ou quoi? »

Gnagnagna… Oui, qu'est-ce que ça peut lui foutre à ce gros connard de macho? C'était facile. Causes toujours, pauvre débile, regardes comme t’as l’air con à balancer ton bâton dans les arbres morts pour tout péter comme un gros bourrin en poussant des cris d’australopithèque? Sérieux, c’est pas moi qui suis immature! Et puis, d’abord, qui cueille encore les champignons de notre temps, j’en ai marre de vivre avec des vieux gars. Pourquoi j’ai laissé Yui à la maison, déjà? Rah, zut, hein? Je finis par m’asseoir sur une souche en continuant de ruminer. Ludwig vient me rejoindre avec son entrain insupportable. Parfois, je préfère quand il joue dans son monde et qu’il se la ferme! Ouais, je préférais quand il parlait pas, en arrivant.

« Quand est-ce qu’on rentre?! »
« Quand on aura trouvé le roi des champignons, il a dit, Alex! »
« Ouais, bah, ça, c’est pas un problème, on la déjà trouvé, avec ta coupe au bol à la con, Ludwig! Sérieux, faut lui couper les cheveux, il a l’air d’un gros champignon blond débile, ton frangin! »
« …..Maiiiiiiiiis! T’es vilaine! »

Le gamin s’enfuit chouiner dans les pantalons Gabana de son frangin, et je dois dire que je me sentais carrément coupable. Mais à la place, je ronchonnais de plus belle, en commençant à faire des prouts soufflés dans mes mains. Je veux rentrer à la maison!

Apparition en FE - Clairière, s'il vous plaiiiit ° 3°

Font tous chier, sérieux. Peut-être que je suis de mauvais poil aujourd’hui, mais je n’ai vraiment envie de faire aucun effort. Qu’est-ce que je fais là, hein?! J’en sais rien, et je veux pas y être. Sortie en famille, tu parles. Les deux sont en train de ceuillir des champis, et ils ne se préoccupent à peine de moi. Ah, je leur ferais bien bouffer des hallucinogènes, pour la peine! Ce serait marrant ça… si ils ne risquaient pas d’en mourir. Quelle dégonflée je suis. Le regard blasé et désabusé je continue de regarder les deux blonds s’éloigner avec leurs petits paniers. Ridicules. Et ces champignons, on va encore les manger avec quoi, hein? De l’ail pour se refaire une haleine. Ah, formidable, je suis d’une humeur de chacal, il me fallait l’odeur buccale pour aller avec. J’ai jamais voté pour cette vie de famille horrible, moi! Bon… Je devrais peut-être me calmer. J’ai fait pleurer Ludwig, en plus… Mais en même temps, il pleure tout le temps, ce rantanplan. Maintenant que les gars se sont éloignés, je peux profiter d’un certain calme… Enfin, ça c’est ce que je croyais.

Un corbak débile descend des cimes et se plante devant moi pour danser et chanter comme une tourterelle asphyxiée. Alors, là par contre, il vient d’avoir raison de ma patience. Je me lève avec une mesure et un calme inquiétant pour attraper une branche morte visiblement un peu lourde, puis fais volte face vers mon « adversaire ».

« SALE PIAF, TU CROIS QUE J’AI ENVIE D’ENTENDRE TES HURLEMENTS DE PINTADE ESTROPIÉE?! »

Pardon aux pintades estropiées. Mais voila, je laisse exploser ma frustration et me dirige derrière le Cornèbre occupé à hurler de peur, qui lui-même se dirige vers les garçons en route vers une autre clairière. Ludwig hurle bien entendu en me voyant arriver, et se cacher derrière son grand frère. Je suis bien obligée de m’arrêtée, quand ce dernier me déssarme de mon arme en bois avec son propre bâton, et une facilité déconcertante.

« VAZY DONNES MOI TON TRUC JE DOIS BOUFFER CE CORBAK SAUCE SANG! »
« Je t’ai dit de pas toucher aux champignons rouges à pois blancs, Riku! »
« J’ai peuuuuuuuur! Les champignons vont s’enfuir si elle fait trop de bruit! »
« Les champignon ca court pas, ESPÈCE DE PETIT DÉBILE! »
« Aleeeeeeex…! »
« Va poursuivre ton piaf mais arrêtes de nous scier les noix! »

J’aurais bien aimé, mais on dirait que Ludwig m’a devancé. Le blondinet s’est rapproché du Cornèbre terrifié et lui tend un champignon pour l’attirer à lui. Déjà lassée de la scène d’amitié qui va se produire, je grogne et m’apprête à partir de l’autre côté. Boooring. Sauf que non, pas tant que ça, car le Cornèbre se perche sur la tête du blondin et commence à lui picorer la tête, et à lui bouffer quelques cheveux. Aussitôt, je commence à m’esclaffer.

« Ouaaaais, coupes lui les tifs à ce petit trouillard! »
« Bordel mais Riku tu veux pas fermer ta gueule?! »
« Non, TOI, tu fermes ta gueule! »

Mon cousin soupire et pose les paniers pour aller débarrasser son fragin de son assaillant… En lançant tout bêtement une balle bicolore sur lui pendant qu’il ne regardait pas. Le Cornèbre fut ainsi fait prisonnier, et Ludwig abrité de la pluie de becs. Il pleurait de plus belle en se frottant le crâne, et Alex faisait de son mieux pour consoler maladroitement son cadet, qui tenait tout de même à garder ce Cornèbre avec lui, apparemment, fuck la logique. En attendant, vu les regards noirs que je me reçois..

« Quoi, ça va être ma faute, en plus? »
« Tu veux pas rentrer au château, plutôt? Tu nous emmerdes, là. Et si tu fais encore une fois peur à Lulu, je te jures que tu vas bien m'entendre! »
« Well, excuuuuse me princess! »

Maman, j'ai peur! Pas envie d’arrêter. Alex roule des yeux et prend Ludwig sur ses épaules pour continuer son chemin. Monsieur se la joue mature, ça m’insupporte, quand il ne répond pas aux provocations!  

Finalement j’ai juste envie de les suivre pour voir combien de temps ils peuvent me résister encore. Oui, j’ai besoin de ça pour exister aujourd’hui, il semblerait. Bah, ça va, hein, pour une fois que c’est moi. Les deux autres continuent de me tuer du regard, surtout Ludwig que j’ai fini par vraiment mettre en rogne, à force. Mais toute façon le blondinet est tellement plus obnubilé par son grand frère qu’il change bien vite de cible en s’apercevant que je lui rend son regard « qui fait peur ».

« Euh, Euh, Aleeeex? Je peux garder Bébert à la maison? »
« Hein? Bébert? »
« Bah, le Cornèbre, c’est Bébert! »

Le plus agé explose de rire comme un débile et Ludwig fait la moue, sans trop comprendre.

« Parce qu’il s’appelle Bébert en plus?! »
« Baaaaah euh, oui, mais c’est rigolo, hein? »

Ha-ha-ha. C’est trop trop rigolo. J’émets un « gnagnagna » pour imiter la voix de Ludwig, et ce dernier se vexe de nouveau. Enfin, quand il a fini de rire, Alex l'autorise sans trop en avoir apparemment trop quelque chose à faire à garder Bébert le Cornèbre.

« Sérieux, pourquoi ça marche avec toi et pas avec moi, alors que je.. Sérieux! »
« Peut-être parce que tu es une grosse tête de cul aujourd’hui, Riku! »
« Oh, ça va, môssieur le raté… môssieur se la joue parfait, mature, père de famille! »
« Et voila, madame est repartie! »
« Quoi, « madame  est repartie » ?! Je me la joue pas daddy cool, moi… On a pas a s’abaisser à une putain de cueillette de champignons pour se donner bonne conscience, eh! »
« Tu t’entends parler, là? J’comprends pas ce que tu insinues, et tu commences vraiment à me chauffer, là, alors conseil : barres-toi avant que je t’en colles-une. Tu veux que je fasses ça devant Ludwig?! »
« Depuis quand tu me parles comme à une gamine? Qu’est-ce que ça peut foutre? T’arriveras jamais à prendre soin de quelqu’un, pauvre raté… Déjà que t’as pas réussi à entrer dans l’Elite… »
« Oooooooh, je comprends, madame l’Elite se pense trop fabuleuse pour trainer avec des gueux, c’est donc ça! Bordel, ça n’a aucun putain de rapport Riku, reviens de ta phase anale! »
« Ouais, mais moi au moins j’ai un but… et franchement tu crois que j’ai pas mieux à faire que trainer dans une cueillette de champignons?! J'ai pas envie de m'oublier dans une putain de vie de famille comme celle-là! J'ai rien demandé! »
« Eh... Waaaah… Madame a pris la grosse tête! Ludwig, viens, on va plus loin pour ne pas lui polluer l’air. »

Il a beau garder ce sourire de petit con sur la gueule, je sens bien que ma dernière phrase a laissé une ombre sur son visage et l'a probablement véxé. Pourquoi on ne me prend jamais au sérieux, bordel?! Probablement car je suis vraiment une pauvre conne quand je m’y met. Je sais pas… J’aimerais qu’on me félicite plus que ça, des fois, quand je rentre à la maison. Depuis quand je recherche de l’estime permanente pour ce que je fais, déjà? Bordel… Probablement que je suis déjà trop crevée pour réfléchir. Ces derniers temps j’ai juste la sale sensation de le voir s’éloigner, de devenir quelqu’un d’autre. Il joue à la petite famille, ce n’est pourtant pas son genre de faire semblant. Je déteste l’idée de ne plus voir à mes côtés qu’une sorte de bonheur familial de façade… Ne m’a-t-il pas dit qu’il détestait ça, lui aussi?! Je ne suis même plus sûre que l’on fait semblant ou non. Peut-être que je me suis tellement habituée aux montagnes russes en vivant à mon cousin que je ne supporte plus le calme. Bordel… Cet aprèm, j’ai tout gâché, non? Les deux ont fini par me semer et l’envie de pleurer me vient, je m’en retourne sur ma souche pour me maudire toute seule. Comment faire quand on n’est pas douée?! Je ne veux pas vivre invisible derrière une Riku-cousine-maman-grande-sœur de façade! Fuck off…

Ah, ma souche, ma petite souche. Seule entité sur terre qui accepte mes jérémiades d’adolescence capricieuse! Toi au moins je peux m’assoir sur ta face, tu ne diras jamais rien pour m’en empêcher. Mais bon, en même temps, ça ne se fait pas trop de s’asseoir sur la face du premier venu. Enfin, il parait que c’est malpoli. Mais, toi, tu est une souche tolérante et adorable, alors je me permets. C’est bien aimable de ta part d’accueillir mon glorieux postérieur. Bref… Pourquoi il a fallu que je dise tout ça, moi, qu’est-ce qui m’a pris? Bon, je veux pas me punir, mais peut-être que la prochaine fois faudrait que je réfléchisse un peu. En même temps, je ne regrette pas trop, mais je suis secouée. Fallait que je gueule un coup, que je manifeste le fait que je suis bien paumée et carrément indécise par rapport à toute cette histoire de petite famille. Enfin, peut-être que c’est aussi moi qui m’imagine cette histoire, qui ait parlé de famille la première, car ma propre famille est quelque peu bordélique, que je cherche à refaire quelque chose. Pas que je sois spécialement à plaindre, mais on manque forcément un peu tous de quelque chose, chez Nagel, non? Toute les familles ont leurs névroses et leurs merdes, on fait pas exception.

Je suis tirée de mon silence blasé et culpabilisé par un pas familier qui se rapproche. Je jette un œil furtif pour apercevoir mon cousin blond le plus âgé venir vers moi avec son sourire de gamin. Je fais mine de ne pas tourner la tête et de ne pas l’apercevoir, même quand il me pousse pour s’intaller sur la souche.

« T’es lourd, là, fous-moi la paix… Tu vas pas laisser Lulu tout seul. »
« T’inquiètes, il est avec ses loutres, Sophie et Irma, il risque pas de lui arriver quoi que ce soit. J’voulais te faire écouter un truc que j’ai reçu hier, tu vas t’poiler! »
« Hein? Nan, Alex, sérieux, j’ai pas envie de rire, là… »

Mais je suis curieuse quand même en le voyant sortir son portable et composer le numéro de son répondeur pour accéder à un message archivé. Et malgré moi, je finis par m’intéresser et prêter une oreille attentive lorsqu’il porte le phone jusqu’à mon oreille. Ce que j’entends m’horrifie et me donne envie de piquer un énorme fou rire tout à la fois. Bouche-bée, je plaque une main contre ma bouche et regarde mon cousin tout en écoutant le message interminable sans arriver à rire tant la chose est hallucinante.

« Weeeeesche Aleeeeeexandeur quand tu pètes tu me fais peuuur! Lol. Mort de rire. C’est Helmut, ton papounet… J’suis encore bourré, donc j’vais probablement dire des grosses conneries. Aussi grosses que moouaaah. Et grasses aussi, mouéhéhéhéhééééé! Rah, sérieux, je souffre, tu peux pas savoir à quel point! Martha est sortie de coma mais bordel, ce n’est pas facile de la voir se taper la rééducation, et moi… ça m’déprime de voir ma p’tite femme comme ça. Elle est si frêle avec ses petites béquilles, c’est trop choupi. C’est à cause de toi mon chaton, tes deux parents sont estropiés, z’espères que t’es content! Héhé. Héhéhéhé. Et moi, j’suis devenu un peu... mais un tout petit peu alcolo… Sérieux, c’est pôôôô bien. Rohlala. Méchant Mumutte. Mais j’ai trouvé ta réserve secrète de Jager, petit coquinou, j’ai tout pris le soir ou Martha s’est retrouvée à l’hosto, eeeh! EEEEEeeeeeEEEEeeeh! La penduuuule! Viens-là, ma pendule que je t’embrasses, que je t’épouses! C’est normaaaal, j’suis bourré! Tu vois, elle, elle accepte tout, tout, touuuuut, de moi! Toi aussi, d’ailleurs... Faut que tu te t-t-trouves une jolie ptite femme pour te marier et avoir des enfannnnnts »

Et boum, la voix le la dame du répondeur le coupe en pleine phrase en annonçant que le message prenait trop de place pour être enregistré plus longtemps. Ouais, même dans un téléphone il prend trop de place. Bordel, j’ai bien entendu mon tonton dictateur complètement bourré se marier avec une pendule, là? Rien que pour ça, ma vie aura vallu le coup d’être vécue… Je sais pas quoi dire d’autre à part…

« What the fuuuuuuck? »
« Depuis juillet j’en ai archivés 11 de ce genre en plus de celui-ci, tu voudras les écouter? »
« Fuck yeah, are you kidding?! pourquoi tu m’as pas dit avant, c’est de l’or en plaquette, ce délire! »

J’y crois pas, il a zappé de mes les faire écouter, cet enfoiré! Ou alors il a voulu les garder pour lui. Les barres qu’il a du se taper tout seul avec ces machins! Sérieux, j’suis presque jalouse, là! Il a intérêt à m’inviter au live du prochain, là, il a pas le choix! Je suis pliée de rire sur moi-même a présent, tout comme Alex qui a bien du mal à se contenir.

« Nan mais sérieux… elle va où cette famille de… Fucking shit, ce truc c’est du sérieux en plus! Unbelievable! »

Ouais, je sais, m’en parles pas! Je continue de rire à gorge déployée puis finis par me lever aux côtés de mon cousin qui m’a tendu la main, toujours hilare. Bordel, non, j’imagine que là, on fait pas semblant. On essaie juste comme on peut, car on est un peu cons, quand même, avec notre balais dans les fesses côté sentiments. Bon… n’empêche que j’ai toujours pas envie de cueillir de champignons en attendant, même après ce moment édifiant.