Partie 1:J’avance en trainant mes pieds sur cette longue route qui suit. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis partie. Un jour, deux jours, une semaine ? Je n’en sais rien. Seul mon corps le sait et pour le moment il est presque mort. Je tombe une nouvelle fois à terre. Je ne sais pas où je suis. Mes membres tremblent tous. Comment faire ? Je rampe, sacs à mon dos, et regarde au loin. Il n’y a rien. Juste la suite de mon calvaire. Je regarde derrière moi. Toujours rien. Juste le début de mon calvaire. Tout se répète dans ma tête. Chaque mots, chaque pensées. Saleté de vie.
Le soleil chauffe tout mon corps. Il fait trop chaud pour pouvoir avancer. Je transpire trop. La soif me prends soudain mais je l’oublie très vite. Je me sens comme un Volcaropod, trainant toute sa vie sur son dos. Sauf que lui est habitué à la chaleur. Il en a besoins. Moi je n’ai besoins de rien. Enfin, surtout pas de ça. J’aimerais appeler mes compagnons. Mais ils mourraient vite. Ils sont encore faible. Je ne suis qu’un vagabond. Je n’étais qu’un jeune vagabond. Me voilà presque mort dans ce désert. Il fait trop chaud. Beaucoup trop chaud. Saleté de vie.
J’ai de la chance. J’ai pu voir la nuit tomber. Je me sentais mieux les quatre premières heures. Mais voilà qu’il fait froid. Beaucoup trop froid. Le vent souffle fort. Le sable envahit presque mon corps. Il fait trop froid pour s’arrêter. Ma peau devient claire. Presque bleue. Je croise quelques bêtes que je vais fuir à coups de pieds et de mains. Mes gestes sont trop lents. Certains me dévorent presque. Je saigne. Le sable n’arrange pas tout. Je ne peux presque plus bouger mon visage. Il reste constant. Sourcils froncés, yeux mi-clos et bouche tendue. Saleté de vie.
Mon estomac gronde. Comme un tonnerre lors des nuits pluvieuses. Sauf que lui me fait mal. Il se noue et me force à vomir. Ca fait du bien. Je ne peux rien manger. Je ne peux plus manger. Mes vivres sont toutes parties. Pourquoi ? Je ne pensais pas arriver ici. Je pense à eux soudain. Sont-ils vivants ? Mes petits bébés. Et cet œuf ? Pourquoi a-t’il fallu avoir un œuf ? Je le mangerais bien. Mais cette idée me donne envie de mourir. Il ne faut surtout pas céder à la tentation. Ne pas manger. Ne pas boire. Ne rien faire. Juste avancer au loin. Saleté de vie.
***
Mes yeux sont fermés depuis trop longtemps déjà. Suis-je mort ? Mon corps ne bouge plus, il est beaucoup trop lourd. Le sable me sert de couverture. Je sens alors une main puis une autre. Mon lit douillet s’évade dans le vent. On me prends mes sacs. On me porte. Mes jambes tendent vers le bas. Mes bras tient un coup. Je tente d’ouvrir mes yeux. Je ne vois rien. C’est trop flou mais je distingue quelque chose. Un visage. Je le connais non ? Ses cheveux noirs. Comme les miens. Ces yeux. Comme les miens. Il a une petite barbe. Je le reconnais. C’est lui. Mais c’est impossible. Il est partie depuis trop longtemps. Il devrait être mort. Et pourtant il me porte. Il m’aide. Il sauve ma vie ainsi que celle de mes compagnons. J’aimerais pouvoir lui dire merci. Mais trop de questions tournent dans ma tête. J’aurais pu mourir. Il est là. Je suis heureux.
-Mer…-Non ne dis rien. Fait-il en regardant droit devant lui.
Sa voix a changé. Il est devenue grand. C’est un homme. Un vrai de vrai. Je ferme les yeux. Je suis fatigué. Je sens alors mon corps voler. Je sens la brise sur mon visage. Elle caresse mes bras et mes jambes. Je ressens des coups d’ailes frappant l’air. Nous nous envolons. Mais où ? Mon âme se brise en un instant. Mon esprit tombe dans le néant. L’obscurité envahit mon cerveau. Je vois des étoiles et un parc. Je suis couché par terre devant le saule pleureur. Nous sommes ensemble. Comme avant. Puis je me souviens. La carte se dessine dans ma tête. Il n’y a pas de désert ici. Pas là où je suis. Où suis-je depuis tout ce temps ? Où suis-je ?