La priorité numéro 1 du PDT et du secteur scientifique est devenue depuis 48h de protéger au mieux l’intégralité des fichiers informatiques du Régime. S’ils pensaient que la surveillance et la protection qu’ils assuraient à ce niveau était largement suffisante, un hacking de quelques secondes de la part de leurs adversaires avait trouvé une brèche et il y a de grandes chances qu’une partie des rapports de Mazinkaizer aient été découverts. Julianne n’est pas stupide au point de ne pas laisser ces informations sur un poste fixe, là où elles pourraient être trouvées de manière permanente. Non, l’attaque avait été opérée dans un timing presque parfait, dans le laps de temps où elle avait connecté ses données amovibles à son poste personnel du PDT. Certainement un coup de chance, ou alors la Resistance a plus d’espions dans les rangs du Régime que les supérieurs ne veulent bien le croire.  A vrai dire, si Julianne avait surpris l’intrusion dans le système de son ordinateur, son secteur n’a pas pu immédiatement constater l’étendue des dégâts, ni la quantité de données volées. Dans tous les cas, l’heure est grave, et le PDT s’affaire depuis des dizaines d’heures a reconfigurer toute la sécurité des données Régimeuses, laissant temporairement en plan leurs autres projets tout aussi urgents.

Comme d’habitude quand il s’agit de son travail (et même si elle sauterait au plafond de voir sa fille jouer avec un My Little Poney), la Générale ne s’était pas laissée démonter par la situation. Il lui fallut prendre le Frison par la perruque afro avec ses subordonnées (en train de pleurnicher pour certains, pour des motifs plus ou moins en décalage avec la situation du moment) qu’elle rappela à la réalité à tout va des discours de motivation un peu douteux. Après environ 48h de boulot de sauvegarde, de réinitialisation et de réorganisation, Mazinkaizer avait été bipée par ses collègues Généraux. Une réunion au sommet d’urgence. Si Julianne reste docile et engagée dans son travail (mine de rien, elle ne peut se compromettre avec une enfant de 3 mois sur les bras ; et donc encourager « son camp » est toujours la meilleure chose à faire), elle préfère ignorer le fait que depuis quelques semaines déjà, le chaos règne dans un certain nombre de secteurs de leur parfaite organisation. Elle se gardera bien d’en parler, car elle est elle-même visée par ces problèmes majeurs. Mais il y a tout de même un bordel monstre à Vanawi côté des assassins depuis que Nero est incarcéré ; chose qui commence à inquiéter la jeune femme. Néanmoins, elle est encore dans l’impossibilité de faire quelque chose pour son pote geek, vu les tâches qui l’incombent ces temps-ci. Sans parler des cette infiltration qui a eu lieu dans une prison régimeuse de la périphérie d’Amanil, et maintenant, ça. Par « ça », elle pense au  texte imprimé qui lui fut mis sous le nez sans préavis lorsqu’elle se fut assise autour de la table avec ses collègues.
Crotte de Vivaldaim. Azmitia! Encore elle... C’est bon, j’ai compris qu’elle m’aimait pas.

La scientifique ferma les yeux en prenant connaissance de l’article révélant une partie de son journal à elle ne sait combien de personne sur cette île. Non, tout de même, il y a en effet de quoi s’affoler. La communauté chercheuse d’Enola, y compris le PDT sera surveillée de plus près encore, et avec ça, ça n’allait pas s’améliorer. Mine de rien, tout ça n’est pas très bon pour la réputation des recherches Enoliannes, pourtant réputées à l’échelle internationale. Enfin. Sans compter que la peur d’être découverte derrière son masque prudent de Générale a réussi à saisir Julianne, ces derniers temps. Nerveuse, la Générale resta interdite devant la révélation de ce nouvel article. Le Régime n’est toujours pas parvenu a attraper Azmitia depuis toutes ces années. Il faut dire que ses articles n’étaient pas encore vu comme de potentiels dangers, à l’époque. Enfin, après tout, ce n’est pas son rôle d’attraper les Résistants, et par instinct de survie, elle ne fera aucune critique à ce sujet.
Quelle merde..

Ça, on peut le dire. Inutile de dire qu’au vu de sa place, la Générale craint également pour le sort de sa petite fille. Elle ne peut pas se permettre de sortir de ses planques, désormais. Serrant les dents, elle arriva à la simple conclusion qu’histoire d’éviter le retour de flamme, il lui faudra courber l’échine et obéir aveuglément. C’est ce qu’elle a choisi depuis longtemps, après tout. Julianne n’est plus seule et possède une très bonne raison de faire ce qu’elle fait : cette raison se nomme Makoto. Et plus que rester aveugle, cela lui donne un motif pour chercher le moyen de s’en sortir également, en cas de crise pire que celle qui guète le Régime actuellement. Chaque chose en son temps. De manière surprenante, elle parvient à garder la tête froide à travers cette situation d'urgence.

Pour le moment, la Générale attend les questions, la fin des discussions de ses collègues après avoir expliqué la situation du PDT, et le fait que les données seraient à nouveau sauvegardées et bien mieux sécurisées que tantôt. Ce qui est malheureux dans cette histoire, c’est que le risque d’une fuite, d’un infiltré, ou du progrès des capacités de la Resistance : toutes ces probabilités restent sur des chances de se produire trop imprévisibles. A ses dépends, Julianne a appris que le facteur humain peut triompher du facteur scientifique et anéantir son monde calculateur.

Enfin, ils décrètent qu’il faut agir au plus vite, et l’interrogation tombe : « Quand le projet sera-t-il prêt? ». Mazinkaizer, derrière le bandeau lui couvrant son œil invalide, cligne des yeux, calculant les heures, les jours, ce qu’il reste à faire. Tout reste toujours à faire, quand il s’agit de chercher et d’inventer, rien n’est jamais terminé. Mais ce n’est pas la réponse qu’ils attendent.

« Je vous demande 2 mois. »

Fit-elle, respectueuse et s’efforçant de ne par perdre son calme apparent. 2 mois lui paraissent peu, vraiment trop peu. Et ils marchanderont pour 1 mois et demi. Que va-t-elle encore créer, pendant ce temps-là? Peut-être bien que faire avancer tout cela est la meilleure chose qu’elle ait à faire ces temps-ci pour protéger Makoto du chaos régnant sur l’île. Il lui aura fallu mettre une gosse au monde et bien d’autre chose pour ouvrir les yeux. Même en restant docile aux ordre de ses supérieurs, elle n’est plus obligée d’être aveugle, tout en oubliant de se soucier de ses semblables. Ce qu’elle a vu lors du 10 juillet l’a suffisamment convaincue à ce sujet. Après tout, si elle a choisi cette vocation, n’est-ce pas au départ pour rendre la vie et le monde plus vivable pour certains? Elle le faisait au départ pour elle-même, mais maintenant qu’elle est entourée, elle a pu découvrir que tout garder pour soi n’est pas forcément le plus productif.

La réunion se termina dans la même tension qui l’avait faite commencer. C’est avec un soulagement réel que la Générale termina son travail au PDT tout en avertissant au passage ses subordonnés des mesures qui allaient être prises, aussi loin qu’elle pouvait leur en dire.

Si parfois Makoto passait la journée avec sa mère au chaud dans le labo et qu’elle commençait à pouvoir poser ses yeux un peu près sur toutes les choses curieuses de cet endroit, Julianne la confiait parfois à une baby-sitter ou à Aloïs quand ce dernier était disponible. Une fois sa mère rentrée, Makoto fit assez rapidement entendre qu’elle avait faim et Julianne se hâta d’aller préparer un biberon. La jeune mère est passée maître dans l’art de préparer le biberon d’une main tout en câlinant sa fille de l’autre.  Le bébé avala son repas très rapidement comme d’habitude, et lâcha son rot de satisfaction. Julianne soupira de soulagement, enfin au calme. Ces moments de quiétude avec Makoto ont le chic de lui faire oublier tout ce qui lui pèse et de penser à des projets plus lumineux, les lendemains qui chantent, et toutes ces conneries, quoi. Comme par envie de compléter et améliorer ce portrait de famille tranquille, Albator vint se poser sur le canapé en compagnie de la maman et de la fifille. En s’étirant, le Salamèche observa Julianne et sa silhouette changea alors qu’il brillait en évoluant, rependant une vague de chaleur agréable dans l’appartement, ce qui fit gazouiller Makoto de plaisir. L’ingénieure gratta la tête du Réptincel bienheureux et encore insouciant, souriant à sa fille en train de s’endormir au creux de ses bras.

« Tu sais Mako, ils veulent tout changer et je crois qu’ils vont y parvenir. Mais moi, je vais tout faire pour que ça amène un monde dans lequel tu seras heureuse. Le reste, je m'en tape. »

Car après tout, il a laissé le futur entre nos mains. Et il est grand temps que je porte ces mots en moi.