Après avoir passé plusieurs semaines en ma seule compagnie, j’ai fini par revenir à mes activités habituelles. Je suis passé outre les paroles rudes de mon cousin, et même si je ne suis pas encore parvenue à combler le vide qui m’habite maintenant que nous ne vivons plus ensembles, je ne m’empêche pas de vivre pour autant. Vivre seule m’est pénible, moi qui ait besoin de compagnie pour me sentir bien (à mon grand dam, j’aimerais me suffire à moi-même, des fois), mais je finis par m’y habituer petit à petit. Comme tout, ce n’est qu’une histoire de routine à installer, et de façons de s’occuper l’esprit pour oublier ce qui nous tourmente. J’ai passé un peu de temps chez Soltan et Shizune également. J’ai pu voir le ventre un peu arrondi de cette dernière et l’ait trouvée beaucoup plus détendue et avenante que les autres fois.  Bon, elle est toujours aussi chiante, mais on a pu discuter de choses et d’autres, sans qu’elle ne devienne possessive ou insistante par rapport à nos liens familiaux respectifs. Elle n’a plus l’air d’avoir l’intention de nuire à ma famille (comprenez Alex et Ludwig), mais je reste tout de même sur mes gardes. Je n’ai d’ailleurs des nouvelles de mes deux cousins que par Soltan qui s’applique à en prendre comme il le peut rien que pour me les rapporter. Ce fermier est trop gentil, au fond. Mine de rien, cet espèce de grand frère un peu vieux de substitution m’aide beaucoup. Sa présence rassurante et son implication me donnent envie d’aller de l’avant, et me rappelle à ce qui me plaît véritablement.

Aussi, après ces semaines de stagnation, j’ai recommencé à sortir, à accueillir les challengers, et j’ai recouvert l’amphithéâtre pour mettre en marche les projets que j’avais déjà amorcé une ou deux fois au début de cette année : des séries de concerts amateurs. J’aime vraiment la musique, et j’ai envie de voir les gens passionnés comme moi avoir l’occasion de se produire sur scène devant un public lui aussi passionné (j’ai vraiment trop de vocabulaire!). Mariana, qui est en charge de m’aider à gérer l’amphithéâtre n’hésite pas à me pousser dans cette initiative, elle est vraiment bien, cette nana, toujours motivante et d’une grande aide. Je pense que c’est une bonne façon pour ceux qui veulent progresser de faire parler d’eux, et également pour moi d’agrandir mes réseaux. La soirée va bientôt commencer, il est 19h, et je suis dans la coulisse en compagnie d’un Bob totalement surexcité de revoir enfin du monde peupler le parterre de l’amphithéâtre, devant la scène surélevée sur laquelle les groupes vont se produire. Après une inspiration censée me donner du courage, je sors d’un geste théâtral de derrière le rideau rouge déchiré dans le style grunge noir et écarlate aux côtés de mon Darumacho qui laisse éclater quelques flammes dans un rugissement sauvage. Une partie du public s’enflamme, et si d’autres sont peut-être perplexe en voyant mes cheveux rouges célèbres disparus sous le noir, je fais mon annonce pour leur donner la preuve que cette soirée sera aussi folle, que dis-je… encore plus folle que toutes les autres!

« Heeeeyyyy guys! Welcome all! Tonight, we're gonna rock that town!! La soirée commence maintenant, et pour débuter, let’s big up for… VAHLALLA! »

Bob rugit de nouveau et fait apparaitre d’autres flammes alors que les lumières de la salle d’éteignent pour se ruer sur la scène. Je grimpe sur le dos de mon compagnon et celui-ci bondit de la scène pour laisser la place aux artistes du groupe rock/métal Vahlalla. Pendant que tout le monde est en train d’encourager les musiciens, je me glisse en direction du bar provisoire installé pour l’occasion en recul du parterre bondé et de la scène histoire de consommer quelque chose. Rien de trop fort, de toute façon, Bob me surveille. Qu’est-ce que je ferais si je peux pas assurer le reste de la soirée, hein?! Je reste là pour le moment, en observant de temps à autre la scène, profitant de la musique. Ils se débrouillent bien! Je me sens pas mal, là, plutôt à ma place, et dans mon milieu presque « naturel ». Bob me lance un sourire de dents bien blanches, mon gros compagnon semble fier que j’ai pu en arriver là. Je lui rends, en coin et lui caresse la tête en guise de remerciement. Je reste là pour le moment à surveiller, de toute manière, avec des vigiles comme Marco l’Ursaring et Lemmy l’Elekable, on risque pas de rencontrer trop de problèmes!