Cul sec en même temps, je plonge donc mon regard dans le sien le temps de trinquer. Une bonne petite chaleur dans la gorge qui fait du bien, on est chaud pour partir faire une tour. Le temps de rapporter les verres au bar je me remémore la route jusqu’à la plage.

« Ready to go ! »

Arrivée un peu plus au calme, la belle bleue sorti sa Bruyverne et immergé par temps d’élégance et de puissance face à ce monstre qu’est Cassiopée, un immense sourire se dessina sur mon visage quand Winter m’affirma que ce sera à moi de guider son Pokémon. Trépignant d’impatience je passe ma main au-dessus du visage de la Bruyverne pour voir si le courant passait ou non entre nous, et sachant qu’elle ne réagissait pas de façon méfiante, je prends mon temps pour la chevaucher, attrapant bien la selle et les rênes, m’installant confortablement.

« Et euh… hue ? On y va ? Go ! »

La dragonne s’élança alors dans les airs et je recherche donc du regard la plage, faisait signe de la direction d’un « Par là-bas. », nous partons donc vers la plage. Et arrivé presque au-dessus du lien de rendez-vous je m’aperçois d’une chose…

« Euh, Fuck. C’est pas par là en fait. Mais, hmm… Par là-bas ! »

J’espère que cette fois-ci je ne me trompe pas, on ne tardera pas à le savoir car quelques minutes plus tard, nous nous trouvons pile à l’endroit que j’avais cité lors de notre conversation. Cassiopée se pose alors sur le sol et je descends en remerciant la dragonne d’une révérence de la tête. Je me place alors comme à la télé face à mon adversaire, sortant la Pokéball de mon premier Pokémon. Puis j’attends que Winter soit prête et j'ouvre le bal avec Rush. Face à nous, une Zébibron, monstre à quatre pattes, comme celui que j’invoque à l’instant.

« Vas-y mon pote, on va lui montrer comment qu’on a la classe ! »
« Brioooo ! »

Rush sur le terrain, mon visage prit un air de compétition et je prends donc une pose fléchie, les bras en avant comme pour un combat de boxe. Le match pouvait commencer.

« On va commencer par placer le terrain mon pote, démarrons le folk. »

Je commençais à danser dans un rythme lent, dansant sur un pied, puis changeant sur l’autre, la danse est inspirée de mes autres styles musicaux, celui-là et plus basé sur du pagan folk, il faut commencer une communion avec la nature, alors que nous sommes nous-même debout sur du béton, proche du sable. Et quand Rush voit ma danse, il commença alors à prendre mon rythme, dansant lui aussi sur ses pattes, deux-à-deux, et tout en agitant ses feuilles sur sa fourrure, il envoie plusieurs graines allant se poser sur le béton tout autour de nous, créant alors un « terrain » naturel où il pourra se mouvoir librement. Graines ainsi plantées dans le sol, elles commencèrent à répandre de la mousse qui s’étendirent sur le béton, rendant le sol mou d’une légère épaisseur.

« De la terre de nos ancêtres nous danserons jusqu’au jour. »

Mes mouvements ainsi que ceux de Rush devenaient plus fluides, toujours dansant de droite à gauche, les mouvements de nos corps formaient comme le signe de l’infinité, reformant sans cesse les boucles du symbole, et plus la danse devenait frénétique, plus, sortant de son pelage, des lianes montaient dans le ciel pour atteindre au moins cinq mètres de long, les deux lianes se mêlent entres elles pour former comme une queue géante à l’arrière de Rush qu’il agite d’un mouvement lent, mouvement qui prend en vitesse dans la durée de la danse, et lorsque la transe arrive à son terme, les lianes jaillissent sur le zèbre en claquant en rythme.
Les mouvements que Rush faisait avec ses lianes je les reproduisais avec tout mon corps, me laissant aller à corps perdu dans cette transe qui était la nôtre, détachant mes dreadlocks pour les laisser virevolter dans les airs, nous avons ouvert la danse avec mon Cabriolaine, voyons comment nos adversaires se débrouilleront.

On a bien affaire à une championne là, et quelle contre-attaque en puissance qu’elle vient de faire, retourner nos propres plantes contre nous. Le pire c’est qu’elle laisse son Pokémon gérer seul le combat. Mais Rush et moi, et est plus uni que jamais dans cette danse, cette musique trottant dans notre tête nous fait garder le rythme.

« Odin est en colère mon frère, aidons-le à l’apaiser »

Je tourne sur moi-même en lançant mes bras en l’air comme implorant la grâce divine, et Rush, tout en se dandinant commença à mettre les choses en place pour s’apprêter à arrêter son opposant. L’avantage qu’il a, c’est qu’il supporte facilement la foudre, et cela se voit, les sphères de foudre verdoyantes tournaient autour des deux Pokémons. Des sphères venaient caresser le feuillage du Cabriolaine et comme par effet électrostatique, la mousse se colla à lui. Des racines commencèrent à prendre forme autour de ses pattes, il se trouve maintenant comme planté au sol.

« Yggdrasil nous appelle, ne le faisons pas attendre. »

De sous ses feuilles, d’autres commençaient à émerger, tombant au sol, comme poussées par les suivantes, un tas de feuilles se faisait autour du Pokémon. Les racines présentes prenaient de l’ampleur, elles gonflaient et s’élargissaient. Un cercle de racine de presque deux mètres de rayon se dessinait autour de Rush et je dansais derrière en poussant des sons graves d’incantation, comme un shaman tentant d’invoquer la pluie, et plus je chantais intensément, plus les racines prenaient en grosseur. La mousse, les feuilles et les racines submergeaient le Cabriolaine jusqu’à ce qu’on ne puisse plus le voir, et quand ce tas de verdures atteignirent les deux mètres, collés par électro statisme, quatre lianes sortirent du centre pour s’enrouler sur elle-même, tirant les feuilles et la mousse vers le haut pour former un tronc d’arbre, et comme un arbre touffu, les feuilles au sommet étaient taillées comme des lances, prête à recevoir le destrier à la lance.

Ce zèbre vint sur Rush, tout arme en avant. Et de son poids il vient s’écraser sur le tronc végétal, passant entre les branches tranchantes, Epona réussit à transpercer le corps de l’arbre si puissant en apparence. Le choc si intense fit exploser l’arbre et coupa mon souffle un instant. Se retournant sur son adversaire, le Cabriolaine se détacha de ses racines, fronçant ses sourcils et haletant.

Bien qu’au sol par l’attaque brutale du zèbre, je vois Rush se relever, claquant ses sabots pour marquer le fait qu’il tient encore debout. Epona est remontée à bloc est Rush le sent, d’ailleurs son sourire narquois qu’il lui adressa n’arrange pas les choses, cet idiot en redemande, comme-ci ce choc ne lui avait pas suffi.

« Eh mon pote, on est là entre amis, hein. »

Et revoilà que le destrier répond aux provocations du Pokémon plante, encerclé il tente de ne pas perdre son adversaire des yeux mais une chose inattendue transforme le regard du Cabriolaine, passant du provocateur à l’apeuré. De simples petites ombres ne lui font pas peur, il y a quelque chose d’autre… Et je comprends tout de suite sa peur quand comme sortant de ces flaques obscures, des flammes dévorantes font leur apparition. Depuis tout jeune, Rush avait une peur bleue des flammes, et maintenant il se trouve dans une tornade menée par un zèbre qui avait monté en puissance, tellement qu’il en avait même changé d’apparence.

« Rush ! Rush ! Je suis là ! Ne t’inquiète pas ! »

Bien sûr je pouvais hurler autant que je le souhaite, enfermé dans cette tornade de flammes noires, il n’a aucune vision sur ce qu’il se passe autour de lui. Désemparé je tente d’avancer rapidement vers la tempête mais je me fais rapidement arrêter en cours de route lorsque la Zeblitz, dans sa chute, m’emporte avec elle au sol.

« Ne perd pas espoir mon frère ! Tu peux combattre ce mal ! »

Dis-je en essayant de me relever tout en remettant la zèbre sur patte. La championne réagit vite en sortant la Bruyverne pour calmer cette tempête de son Vent Violent. Main sur la hanche en reprenant mon souffle, j’aperçois à travers les flammes qui se font souffler une lumière blanche qui grossit. Ne serait-ce pas ce que je pense ?

« …Rush ? »

La Zeblitz se lança dans les flammes à mesure qu’elles faiblissaient afin de sortir le Cabriolaine de ce danger, mais ce qui sort de ces flammes n’est pas mon Cabriolaine. Nous avons démarré un combat avec Winter avec des Pokémons de moins d’un mètre et ce qui en sort maintenant sont des bêtes de presque deux mètres. Et d’entre les flammes sortent à la fois une magnifique Zéblitz, mais aussi un destrier avec des cornes allongées et puissantes, une échine emplit d’une fourrure feuillue, un Chevroum puissant vient de surmonter une épreuve de feu.

« Bah ça alors. »

Avant que je ne puisse en dire plus, Winter s’approche de moi en s’excusant de ce qui venait de se passer. Et d’un sourire calme et tendre tout en me grattant l’arrière de la nuque, j’agite mon autre main de gauche à droite et rigolant un peu.

« Ce n’est rien, plus de peur que de mal ! Et puis, même les meilleurs peuvent faire des erreurs ! »

En parlant de mal, la douleur de la chute d’Epona se réveille dans ma hanche, me faisant courber un peu, et juste après la brûlure qui me gratte, décidément cette soirée nous a réservé pas mal de surprise. Le Chevroum s’approche du zèbre d’un air un peu honteux, comme-ci c’était lui qui venait s’excuser, s’excuser pour l’avoir provoqué, il tient tout de moi cette andouille, toujours à en vouloir plus même quand c’est mal barré. Je m’approche alors de lui pour l’admirer de plus près.

« Eh bah mon pote, t’as eu une poussée de croissance. »

Ouais, le Pokémon qui faisait avant la taille de ma jambe fait maintenant ma taille complète. Je parcoure tout son corps de sa tête, glissant sur l’échine jusqu’à la croupe, donnant un petit coup de point sur son épaule.

« Eh les entraînements ont payé ! »

Je me tourne alors sur la championne, d’un air plutôt content de ce qu’il venait de se passer, tous ces évènements, alors que je venais juste de sortir du plus gros concert de ma carrière. Je regarde mon portable qui m’indique qu’il est quand même plus de deux heures du matin, ah ouais quand même. Je m’approche du Bruyverne un peu comme-ci la confiance s’était instauré entre nous, donc totalement innocemment je viens poser ma main sur sa joue pour la caresser.

« Mademoiselle la championne, je crois qu’il est temps pour nous de s’arrêter là. C’était super productif de faire tout ça avec toi. Merci. »
« Tu me redépose à ma moto s’il te plaît ? »