Le monde qui est le mien

Samaël Enodril

Les douleurs recommencent. J'avance péniblement dans mon parcours. Zazambes est ma destination. J'ai pris un décision : obtenir mon tout premier badge d'arène. Je ne sais pas ce qui m'attend, mais je dois rattraper mon retard par rapport aux autres compétiteurs. Mais mon estomac me fait souffrir. J'ai un creux dans le ventre depuis que j'ai dépassé le Bloc R. Depuis que j'ai laissé la cellule de mon père derrière moi. Je n'avais aucune chance de le secourir, mais ça m'a fait quand même mal de devoir partir alors que j'étais tout prêt de lui. Si seulement j'avais été plus fort... Mais je suis encore un gamin, un débutant un petit dresseur qui n'a même pas de badge. Difficile de me prendre au sérieux dans ces conditions. Mes crampes disparaîtront, mais je suis quand même déçu. J'étais si proche... Mais je m'éloigne à présent. Tiens bon, Papa... Attends-moi...
Si au moins j'arrive à avoir mon premier badge, je suis sûr d'être plus motivé par la suite. Je n'ai aucun indice sur le Champion de Zazambes, mais je suis pourtant obligé de le vaincre. Et j'y arriverai. Avec l'aide de mes Pokémons, je réussirai.

Toujours accompagné de mon Carabaffe et de ma Caninos, je traverse la Région du Sud; lentement, mais sûrement. Je ne souffre plus trop, notamment grâce au soutien que mes amis me portent, mais je préfère garder ma cadence sans accélérer. Si j'arrive à la ville en étant K.O., je ne sais pas si ça va vraiment le faire...
Tout à coup, j'entends des grognements. Je m'approche de la provenance du bruit. Je dégage les feuilles qui me barrent le passage et écarquille les yeux lorsque je vois la source du grondement.
Un énorme Ursaring se tient debout face un petit Evoli qui tremble de peur devant l'énorme bête. Je vois l'ours lever une de ses pattes griffues sur le pauvre animal brun effrayé. Un seul de ces coups pouvaient sans mal décapiter un Pokémon innocent bien moins gros que lui.
Je n'ai plus le temps de réfléchir. D'instinct, j'attrape une pierre au hasard sur le sol et la lance sur le monstre terrifiant.

- Hé ! Laisse-le tranquille !

L'Ursaring se retourne enfin vers moi. Quand je croise son regard, je suis déjà mort.
Il émet un grognement terrible en montrant ses crocs en manque de sang et se rue vers moi, laissant tranquille l'Evoli. Au moins, il est hors de danger. Mais je ne peux pas en dire autant de mon cas.
Oups. Pas encore !...
Kame et Windie se tiennent prêts à me défendre. Mais nous n'avons plus le temps. Je me remémore les paroles de John. Il m'a conseillé de toujours m'enfuir dans des moments pareils. Je rappelle Caninos à l'intérieur de sa Pokéball et prends mon Pokémon Eau dans mes bras. Sans me préoccuper des branches qui me gênent, je cours aussi vite que je le peux. J'essaye de jouer sur l'imposante taille de la bête pour me faufiler dans des endroits trop petits pour lui. Mais par son impressionnante force, il arrive à défoncer tout sur son passage.
Après le gros serpent bleu qui bien faillit nous tuer, John et moi, j'ai le droit à un grizzli pas commode qui a l'air de m'en vouloir...
Pas de doute : pour ce qui est des arènes, je sais pas, mais pour m'attirer des ennuis, je suis le meilleur !

Le monde qui est le mien

Samaël Enodril

J'ai voulu suivre les conseils de John. Mais final, il s'est passé exactement la même chose qu'avec le Léviator. Mais je ne sais pas quel est le pire entre un Léviator et un Ursaring. Ils ont au moins un point commun : je me suis fait courser par les deux.
Si j'étais plus intelligent, j'aurais sûrement trouver un moyen de nous sortir de là. Mais trop paniqué par la situation actuelle, je n'arrive pas à réfléchir correctement. Je manque de trébucher, serrant si fort mon Carabaffe qu'il étouffe presque, sans savoir où aller. Que puis-je faire, maintenant ? Il n'y aura pas John pour venir m'aider. D'ailleurs il y a sans doute pas grand monde dans cette forêt. Courir; toujours plus vite, toujours plus loin; quitte à ne plus jamais revenir. Que faire ?... J'ai clairement besoin d'aide. Grimper dans un arbre, peut-être ?... Non, il le démolirait aussitôt. S'il arrive à me toucher, je me demande vraiment si je m'en sortirais. Sa blessure ne doit pas être mortelle, mais je ne doute pas de la souffrance qu'elle peut infliger. Mes brûlures d'estomac semblent loin, à présent. Je ne sais pas cependant si je préfère avoir mal physique, qu'intérieurement. Si j'ai une blessure, elle cicatrise, pas vrai ?.. Mais si je meurs sur le coup je n'aurai pas le temps de mesurer la douleur...

En pleine pensée, le pire se produit enfin : je trébuche véritablement et m'étale au sol. Mon Carabaffe m'aide à me relever mais j'entends déjà les cris de la bête qui s'approche. D'instinct, je prends Kame entre mes bras et me place au-dessus de lui, à l'abri de la vue du monstre. Peu importe ce qu'il peut m'arriver. Je veux juste qu'il évite de faire du mal à mon meilleur ami. Je pourrais le faire rentrer dans sa Pokéball, mais le connaissant, il en sortirait aussi sec pour rester avec moi. Mais là, je fais office de bouclier humain, contre son gré. Carabaffe veut se dégager. Il ne veut pas que je sois blessé. Mais si c'est la seule solution de le sauver à présent, je prends le risque. Je presse Kame contre moi et ferme les yeux, me préparant à recevoir la griffure que je mérite peut-être au final.

Mais après quelques secondes où j'aurais déjà dû avoir des traces ensanglantées dans le dos, je ne ressens rien. Car je sais que rien ne s'est produit. Étonné, j'ose lancer un regard en arrière lorsque j'entends une voix féminine. Je me redresse un petit peu pour mieux observer la scène. Ma tête tourne un peu, mais je distingue une jeune femme rousse aux cheveux courts, avec un Lokcpin, un Capidextre et... un Rapasdepic ? Je crois que c'en est un. Je n'en ai jamais vu en vrai, mais de près, c'est impressionnant. Est-ce lui, qui est impressionnant ? Ou la forme humaine qui dicte leurs mouvements tour à tour ? Je fais mine, avec Kame, de regarder. Je ne peux pas tellement faire grand chose. Mais, pour ne pas gêner les combattants, nous nous éloignons un peu de la clairière. La dernière chose que je voudrais faire, c'est déranger celle qui est probablement en train de me sauver la vie.

Alors, nous voyons. Quoi donc ? La lapine exécuter une attaque glace sur Ursaring, le singe violet envoyer des météores par un mouvement de ses deux queues, et l'oiseau, craint de tous, ravager l'ours par des coups ravageurs de son bec pointu.
Sous les attaques combinées, je vois bien que l'Ursaring a du mal à rester debout. Il chute au sol dans un bruit assourdissant. Puis, il grogne de plus belle. Il se rapproche de la rouquine. Puis, il crie. Et, enfin, s'en va. Comme une bataille mené depuis bien longtemps, la bête féroce s'inclinait finalement devant son adversaire.

C'est fini, le danger semble avoir été dissipé. Je sors de ma cachette et m'avance doucement au milieu de la clairière. Je scrute quelques secondes le passage par lequel l'Ursaring s'en est allé et me tourne ensuite vers la nouvelle venue.
Enfin, je reste sans mot dire, et me laisse choir à terre. Mes jambes ne veulent plus me porte, pour l'instant. Je relève la tête. L'inconnue qui se tient devant moi n'est pas une femme... C'est un ange...
A elle seule, elle semble éclairer la forêt entière. Aussi brûlante qu'un soleil, la lumière qui l'auréole invisiblement illumine la clairière. Les étoiles réalisées par son Capidextre ne sont en rien comparé à ce qu'elle dégage autour d'elle. Je suis admiratif de son courage, et de sa détermination. Contrairement à moi, elle n'a pas faillit. Elle a foncé, sûre d'elle, sans demander son reste, vers ce Pokémon enragé, et elle l'a combattu, de la façon la plus noble qui soit.
Kame me suit, et se sent également fasciné de la prestance de cette jeune personne. Ses yeux brillent d'admiration, presque autant que les miens.
Oserai-je un jour prononcer un mot pour lui témoigner ma gratitude ?

- M...merci...

Le monde qui est le mien

Samaël Enodril

Tout s'était déroulé assez rapidement, en fin de compte. Mais à entendre et à voir la jeune femme au combat, cette dernière avait déjà rencontré l'Ursaring par le passé. Cette fois, on est sûr qu'il ne reviendra pas. Ou du moins, pas avant très longtemps. Ma respiration est moins saccadé, et redevient peu à peu normal. Mais mon cœur continue de battre la chamade. Même s'il n'avait pas duré longtemps, ce match avait été... whoua ! Je reste encore époustouflé par l'entrée en scène de la rouquine quelques minutes plus tôt et sa manière de défier l'ours avec un courage exemplaire.
"C'est naturel", me dit-elle. Pas pour tout le monde malheureusement. Pas la peine de vous dire quelles seraient les personnes qui vous laisseraient dans une merde pas possible. Ils sont connus sous le nom de "Régimeux", désormais.
Alors que je m'apprête à lui rendre son sourire, croyant qu'elle allait rester sur sa dernière phrase jusqu'à ce que je parle, son ton change brutalement. Si, au début, elle s'est adressé à moi comme si elle compatissait, j'entends dans ses paroles un reproche. Ce contraste soudain me fait reculer vivement, ramenant mon Carabaffe près de moi. Mon air de petit animal apeuré se replace sur mon visage. Tel l'Evoli timide que j'ai sauvé tout à l'heure, je me recroqueville à moitié, comme si elle m'attaquait. Mais elle a raison sur tout la ligne. Cette rouquine doit certainement bien mieux connaître cette forêt que moi. Son discours me rappelle beaucoup celui de John. Il m'a sermonné à propos de ma réaction face au Léviator, en me demandant ce qui se passerait sur mes Pokémons me perdaient, ou si moi je perdais un de mes Pokémons par ma faute.
Ce que la nouvelle venue me dit, je le sais. Mais...

- Je...

J'ai l'air d'un bel idiot, à bégayer de la sorte. Mes mots se bousculent dans ma tête. Comme le Léviator quelques semaines avant, je me suis fait courser par l'Ursaring car je l'avais mis en colère. Mais le contexte n'était pas le même. Alors que j'avais volontairement provoqué l'énorme serpent bleu de mer, j'avais juste voulu aider un pauvre petit Pokémon sans défense.

- Je... je voulais juste...

Je me rends compte maintenant que cela fait deux fois que je me fais sauvé par quelqu'un en moins d'une semaine. Suis-je vraiment si faible ?... Je sais qu'il me reste encore des tas de choses à apprendre. Mais je veux aider, moi aussi. Sauver des vies; réduire l'oppression; instaurer la paix. Pas seul, évidemment, mais je veux croire que je peux faire quelque chose de bien, au moins une fois. J'ai essuyé pas mal d'échec. Mais ai-je vraiment accompli quoique ce soit ? Rien, au final. Si j'ai rencontré mon meilleur ami, c'est grâce à mon père. Si j'ai pu fuir face à un Léviator, c'est grâce à John. Si j'ai pu échapper de peu l'emprisonnement, c'est grâce Kirito. Et là, si je n'ai fait que frôler la mort sans l'atteindre, c'est grâce à l'intervention de cette mystérieuse inconnue. Je suis ridicule. Suis-je donc réduit à attirer les ennuis et à en faire bénéficier les autres contre leur gré ? Peut-être qu'un jour, quelqu'un mourra à cause de moi.
Je ne sais pas ce qu'il est advenu de l'Evoli que j'ai secouru, ou au moins, tenté de secourir. J'espère qu'il va bien. Je me rapproche lentement de la dresseuse. Je ne quitte pas le sol pour autant. Je préfère rester à terre. Car au fond, peut-être qu'il vaut que je m'y cache et que je n'en ressorte plus. Au moins, je ne pourrais plus faire courir de risque à qui que ce soit.
Je lève doucement mes yeux dorés vers la jeune femme. Enfin, je baisse la tête, honteux de ma conduite.

- Je sais...

Mon geste pour sauver la vie du petit Pokémon brun tout à l'heure n'était peut-être pas un argument assez convaincant pour justifier le pétrin dans lequel je m'étais fourré. Mais j'espère qu'un jour, je n'aurai plus à m'enfuir. Comme elle, je foncerai vers le danger et lancerai mes Pokémons dans la bataille pour sauver les plus faibles et les guider. Je veux y croire.

Le monde qui est le mien

Samaël Enodril

L'atmosphère se détend d'un seul coup. Mon visage toujours face au sol, j'attends la suite. Je suis prêt à entendre ses paroles qui sont censées me faire regretter mon geste. J'attends qu'elle casse le reste d'enthousiasme qu'il me reste encore. J'ai déjà pris conscience de la gravité de mon acte. Je l'avais déjà prit aussi face au Léviator. Mais le discours de John avait eu quand même un certain effet sur moi et j'avais essayé de me dire que je n'aurai pas pu mourir, qu'il me restait encore des choses à faire. Mais il faut que je devienne plus réaliste. Je peux mourir à n'importe lequel de mes mouvements déplacés et ce sont mes Pokémons et ma famille qui en pâtiront. Or, je ne veux pas laisser mon équipe livrée à elle-même. Ils ont besoin de moi, autant que j'ai besoin d'eux.
Tremblant un petit peu, je relève brusquement la tête lorsque la jeune femme pose gentiment ses mains sur mes épaules. Je reste muet devant son air qui était devenu beaucoup plus doux et peut-être un peu désolé. Elle s'était assise, suivie de sa Lockpin, pour qu'on soit au même niveau, et ma propre peur de tout à l'heure s'en va d'un seul coup. Je suis hypnotisé par l'expression qui se dégage de ses yeux couleur chocolat.
Alors que je m'attends à recevoir des reproche, ce qui suit me perturbe encore plus. Elle me rassure; s'excuse; compatit. Je ne sais comment réagir. Je me retiens de pleurer, en tout cas. Pourquoi je chialerais ? C'est ça, le pire. Je ne sais pas. Mais, là, ça à bien faillit me prendre. Y'a des fois, comme ça, où les larmes montent, peut-être à cause de mots rassurants qui me donnent envie de sortir la peine que je retiens pour ne pas me laisser décourager. J'arrive à me contenir, cependant. Je ne veux plus pleurer. Je n'ai pas de raison pour le faire. Je dois être fort, comme il me l'a demandé ce jour-là.
Le maigre sourire qu'elle me tend fait disparaître ce qui restait de panique en moi. Mon père aussi s'énervait contre moi quand je faisais une très grosse bêtise. Mais après il m'expliquait qu'il s'était emporté car il avait eu peur pour moi. Je suis plutôt frêle, comme garçon. Mais il me rassurait en mettant en avant ma générosité et mon sens du devoir.
Je sens que la rouquine s'est considérablement calmé. Elle me parle à présent d'une voix douce et rassurante que je ne peux qu'écouter.

- Tu as grand cœur petit, c'est une chose qu'il faut savoir garder. Mais la mesurer, cette chose, ça peut servir aussi parfois. S'exposer au danger ainsi, si bonnes soient tes intentions, relève souvent du suicide. Hélas. Un monstre de griffes & de crocs tu peux toujours espérer le fuir, avec beaucoup de chance ou une aide extérieure, mais parfois l'espoir est maigre voire inexistant.. & puis tous les monstres ne sont pas faits comme ça. Il y a des monstres plus dangereux que "Mordu", & crois-moi petit, ceux-là, il vaut mieux ne pas les provoquer.

Je ne peux définir l'ambiance qui règne à ce moment mais à ces mots, elle semble avoir une idée précise en tête lorsqu'elle me parle des monstres plus dangereux. Fait-elle allusion à un Pokémon en particulier ? J'en viens à me demander quel est le plus dangereux entre un Léviator et un Ursaring, si tous deux sont en colère. Et les soldats du Régime ? Peut-on vraiment les mettre sur un même pied d'égalité ? Les Pokémons, eux, ne pensent à t'enfermer pour mieux te faire souffrir et te menacer de t'en prendre aux tiens si tu ne parle pas. Leurs tortures sont-elles pires ?
J'écoute silencieusement la jeune adulte, ne pouvant m'empêcher de rougir un peu lorsqu'elle me dit que j'ai un grand cœur. J'ai effectivement un cœur pour vivre, mais je mets constamment la vie de mes Pokémons en danger, est-il si grand que ça ?
Je bois ses paroles et ne peux empêcher un sourire timide de se dessiner sur mon visage. Le premier de la journée. J'ai compris que Mordu devait être le nom de l'Ursaring. Cette appellation me fait croire de plus en plus que cette inconnue l'a déjà croisé auparavant. Si Papa était là, il me dirait sans doute que sa colère de tout à l'heure avait peut-être été, en fait, de l'inquiétude à mon égard.
Je n'ai pas guetté une seule fois la réaction de Kame. Mais celui-ci fait un grand sourire sincère à la dresseuse. Je ne me suis pas montré méfiant une seule seconde, depuis qu'elle m'a parlé. Mais je crois que de toute façon, ce n'est plus la peine. S'il y avait vraiment quelque chose à craindre, mon Carabaffe l'aurait senti. Lui, par contre, est devenu plus vigilent depuis son évolution. Mais s'il sourit, c'est très bon signe. Son humeur joyeuse de Carapuce lui revient petit à petit, pour mon plus grand plaisir de revoir à travers ce nouveau Pokémon Eau le frère de cœur que j'ai toujours connu.

Solène Weber. C'est le nom de la troisième personne qui me sauva la vie. Solène. Sol. Soleil. Cette lumière chaleureuse qui était venu me sauver au moment où j'en avais le plus besoin, comme si elle avait été envoyé par Arceus lui-même. Je m'en souviendrai sûrement toute ma vie. Je n'ai pas envie de l'oublier.
Je regarde les dénommés Louna, Cathy et Ryan, qui se démarquent lorsque leur dresseuse me les présente. Si les deux premiers Pokémons me sourient gentiment, je sais que le dernier ne doit pas être méchant, malgré son caractère plutôt réservé.
Je fais un signe de tête pour les saluer et Kame s'avance pour leur dire bonjour de bon entrain, heureux de rencontrer de nouveaux amis.
De nouveau enthousiaste et énergique, je souris en arquant les yeux. Ma joie est de retour et je suis content de me présenter face à ma sauveuse.

- Je m'appelle Samaël. Samaël Enodril. Et voici Kame, mon meilleur ami; mais il est comme un frère pour moi.

Le Carabaffe détourne un instant son regard vers moi. Pas besoin de mots entre nous pour ressentir la confiance que nous nous accordons en toute circonstance. Tous mes Pokémons sont mes amis, et Windie est sans doute une de mes plus grandes confidentes, mais aucun n'a ce lien particulier que j'entretiens avec lui.
J'ose enfin me lever. J'ai repris confiance en moi. Les paroles de Solène ont fait comme un baume revigorant.

- C'était impressionnant, en tout cas ! Vous êtes sacrément forts ! Vous êtes une championne ?

Si la question s'adresse à la dresseuse, je complimente son équipe entière. Je n'aurai jamais cru pouvoir être autant époustouflé par un Lockpin ou un Capidextre. Ce combat extraordinaire m'a fait reconsidérer mon jugement. Je suis sûr que tous les Pokémons peuvent devenir fort, mais à les voir comme ça, je ne les aurai jamais imaginé en combat face à un adversaire aussi puissant. J'ai l'impression que je pourrais apprendre des tas en compagnie de Solène !

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Samaël Enodril

Si la tension est nettement redescendu, je continue néanmoins de sentir jusqu'en moi la force des Pokémons de Solène. Bien que plus vieille que moi, elle n'en est pas moins jeune, et pourtant ses compagnons ont un niveau que je n'avais jamais vu jusqu'à présent. J'ai l'impression qu'un seul d'entre eux pour battre toute mon équipe entière en une attaque. Les muscles de son Rapasdepic, la précision de son Capidextre, la puissance de son Lockpin... Je la connais à peine, cette jeune femme, mais je sais qu'elle parcouru de nombreuses épreuves, que je n'ose même pas imaginer. Elle doit avoir à peine dix ans de plus que moi mais rien que ses trois Pokémons présents pourraient suffire à convaincre n'importe qui que ses amis ont obtenu de tels capacités grâce des entraînements longs et intensifs. Le courage de Solène m'impressionne peut-être plus que le reste. Son assurance, ce regard qu'elle avait sur l'Ursaring, comme si... comme si elle l'avait déjà croisé...
Mais la réponse qu'elle me donne face à ma précédente question réussit à me perturber. On est Champion, ou on ne l'est pas, non ? Sur le coup je ne comprends pas. Mais quelque chose me dit qu'un jour ou l'autre, je serais amener à me battre contre elle. Je m'empêche de déglutir. Je sais à ce moment-là qu'il me faudra beaucoup, beaucoup d'entraînement avant de pouvoir l'affronter; si jamais j'y songe.

- Vous aviez l'air de bien le connaître, cet Ursaring...

Je me demande si elle ne ferait pas partie, comme Kirito, de l'Elite "supérieur". Solène serait-elle une... Conseillère ?... Ou alors... Non... naaaaan... c'est impossible qu'elle soit le Maître. Elle est très forte, mais ça me paraîtrait irréalisable de savoir que celle qui se trouve tout au sommet se trouve devant moi. Je dois me faire des idées. Faut que j'arrête de rêver ! Allez, Sam. Reprends-toiiiii !
Et si elle était une Championne remplaçante ? Ça existait, ça, des dresseurs qui remplaçaient des Champions quand ils ne pouvaient pas livrer un match ?
J'en viens à me demander si Solène est plus forte que le Champion qui se trouve à Zazambes... Est-ce que je vais devoir affronter des Pokémons à la force aussi monstrueuse, là-bas ? Jusqu'à quel point l'"Elite" est-il si fort ? Et moi, jusqu'à quel point suis-je si faible ?...
Raaaah pourquoi je me rabaisse encore ?! Si ma mère me voyait, elle me donnerait sûrement un coup sur la tête pour me forcer à avancer. Et si Papa était là, il me dirait de m'accrocher, que tout allait s'arranger. Maintenant il ne peut plus. Pour l'instant, il ne peut plus. Je dois m'accrocher, mais seul. Ou presque. Mes Pokémons sont avec moi. C'est tout ce qui compte. Et il n'y a qu'avec mes amis que je pourrais avancer.
Mais j'ai peur de me perdre encore. J'ai trop souvent rêvé.

- Dites... vous pourriez... me donner quelques conseils... s'il vous plaît ?

Mais je rêverais encore, et sûrement pas seul. Je sais que j'ai besoin d'aide, et pas uniquement de la part de mes partenaires de toujours. Peut-être que Solène pourrait m'aider à m'améliorer ? Je sais que ses conseils pourraient servir. Dès le début j'entends que ses paroles sont précieuses. Et pas une fois j'ai cessé de l'écouter. Je me sens bien ridicule, face à elle. Elle m'a sauvé, mais malgré tout, elle a été obligé de s'excuser; parce que j'ai eu peur. On ne pourra sans doute pas peser le pour ou le contre, pour savoir si ce que j'ai fait valait la peine de le faire, mais grâce à ça, j'ai pu rencontrer Solène et maintenant, je me rends davantage compte de l'énorme fossé qui me sépare du reste des concurrents. Au milieu de cette foule de dresseur, je serais sans doute le garçon chétif, qui croit au rêve et qui n'abandonne pas espoir. Je ne peux rien faire moi-même. C'est pour ça que mes Pokémons m'aideront. Ils m'ont promit d'être fort pour moi, d'être fort pour lui; et je leur fait confiance. Si aujourd'hui Kame n'est encore qu'un Carabaffe, je sais déjà que son évolution va considérablement le changer. Mais j'espère que son attitude restera, car je suis habitué à ce petit camarade qui me suivait partout dans mes bras ou sur mon épaule. J'ai du mal à le porter depuis sa transformation, et la suite sera pire. J'avoue avoir regretté pendant quelques temps ma petite tortue joyeuse, mais je sais qu'il est plus fort, désormais, et que c'est avec lui que je vais atteindre le but que je me suis fixé.
Et Solène ? A-t-elle un rêve ? A quoi pense-t-on lorsqu'on est surpuissant ? Qui pourrait nous atteindre, alors que même le Régime nous craint ?...

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Samaël Enodril

Pendant que j'attends la réponse de Solène, j'enlève la poussière accumulée sur mes vêtements. Gêné de me montrer si peu présentable, je fais en sorte d'aller vite mais d'être efficace quand même.
Un ravissant sourire apparaît sur le visage de la jeune femme et je souris à mon tour. Je tâte en même temps ma chemise et m'assure que le numéro de Victoria est toujours à sa place. Je soupire de soulagement. J'avais inscrit le portable de la dresseuse à la chevelure rose sur mon bras mais garder le papier était toujours très utile.
Puis, surpris, je relève immédiatement mes yeux en direction de la rouquine. Cette dernière semble embarrassée de ma question. Aurai-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas?...
Enfin, elle m'explique sa mésaventure avec Mordu et comment elle et sa sœur ont pu échapper de justesse à une mort qui semblait certaine. Je me sens intérieurement soulagé de comprendre qu'il n'y avait pas eu de casses et qu'ils s'étaient sortis indemnes de cette histoire. Mais je sens, dans le long soupir qu'elle pousse, qu'il n'y a pas que ça. Il y a autre chose. Une information qu'elle ne me révèle pas. Je préfère ne pas en savoir davantage, même si mon ventre recommence un peu à se crispé, angoissé en imaginant les atrocités que Solène a dû enduré après la suite de ce malencontreux événement face à l'Ursaring. Je ne la questionne pas plus à ce sujet surtout pour elle. Je ne veux pas lui enfoncer un couteau sûrement déjà bien ancré dans une plaie que, j'espère, Solène réussira à fermer un jour.

Alors que je tortille mes mèches de cheveux, confus d'avoir peut-être fait rappeler de mauvais souvenirs à Solène, je laisse le silence s'installer religieusement; jusqu'à ce que la dresseuse me sourit une nouvelle fois et me prodigue ses conseils experts que j'écoute avec la plus grande attention du monde.
Je pourrais sortir l'espère de petit calepin que j'ai dans mon sac, mais je préfère retenir mentalement ce qu'elle me dit pour y réfléchir sérieusement sur le coup et ne pas la forcer à répéter mot par mot. La prudence. C'était bien l'une des vertus que je devais assimiler en premier. Car je dois bien admettre que j'ai connu plus patient. Mais c'est plus fort que moi. Le désir de devenir plus puissant, de pouvoir me rendre utile, je sais que cela ne viendra pas d'un claquement de doigt et que le temps et l'entraînement sont bien les seules clés de la réussite. Car ma force physique ne me servira jamais, je devais miser le tout sur les pouvoirs de mes Pokémons et le lien particulier que j'entretiens avec chacun d'entre eux. Quand elle évoque les défis impossibles et de folie, je me revois encore devant ce fameux Léviator qui restera sans doute l'une des pires bêtises que j'ai faites jusqu'alors. J'imagine bien ce gros serpent bleu et Mordu s'allier contre moi pour prendre leur revanche et me retient de déglutir à cette pensée. Donc patience, patience, mais surtout prudence. Car mon côté téméraire m'a apporté bien des ennuis et que je me suis promis de libérer Papa coûte que coûte et que je suis bien obligé de rester en vie pour ça.

Après la sur-estimation, elle parle de la sous-estimation. Car il est tout aussi vrai que j'ai tendance à beaucoup me sous-estimer. Seulement moi. Je ne permettrais jamais de critiquer mes Pokémons. Tout vient de moi, et uniquement moi. Je suis leur dresseur, leur guide, leur allié, leur ami. J'ai été touché lorsque chacun d'eux a décrété vouloir m'aider dans ma quête. Car chacun a le droit de savoir la raison première pour laquelle je veux être Maître, et que tous l'ont compris. Et une fois de plus, Solène a raison. Lorsque je vais mal, mes Pokémons le sentent aussi. Ils arrivent à décrypter la moindre de mes émotions, même si j'arrive à les cacher de temps à autre quand j'estime que cela est nécessaire. Je n'ai encore jamais été dans une arène, mais mon paternel m'a de nombreuses fois répété que la première fois qu'il a combattu un Champion, il avait pu entendre à de multiples reprises le public le huer de toute part; acclamant le dresseur qu'il pensait être le plus expérimenté, car plus populaire.

Le cri du Rapasdepic me sort de la tête l'image de mon père me racontant ses aventures à travers l'île en quête de badges et me fait me recentrer sur Solène. Je bois chacun de ses mots, chacune de ses paroles, comme un trésor; un héritage que je dois à tout prix garder en moi. Elle m'enseigne, m'apprend son savoir, et j'écoute, je mémorise, je réfléchis.
Le discours qu'elle me fait ensuite m'apaise considérablement. Quelques fois, j'avoue douter de moi. Je me dis que je ne suis peut-être pas assez bon pour entraîner mes Pokémons, et qu'ils méritent mieux. Que je suis trop jeune pour participer, et on m'a bien souvent dit que mes rêves allaient me briser, me détruire; car aujourd'hui, face au Régime, l'espoir, le courage et les rêves sont principalement les seules choses qu'il nous reste.
Il est vrai que je ne suis ni musclé, ni super intelligent et je ne sais même pas me battre. Heureusement, Pokémon, c'est ça aussi. Pas besoin d'être fort physiquement. Car l'amitié défit toutes les lois sur la puissance corporelle, si je peux avoir une confiance aveugle en mes amis, alors je sais que nous ne pourrons que aller de l'avant.
"Les apparences sont souvent trompeuses"
Lorsque je repense à cette phrase, je détaille légèrement Solène. Je ne suis pas porté sur les préjugés, mais j'avoue que si je la croisais dans la rue, je ne pourrais pas me dire qu'elle a une équipe surpuissante comme celle qui se trouve devant moi.
Je baisse un peu la tête, honteux en me rappelant ce qui s'est produit lorsque j'ai rencontré John, et ce que ce dernier m'a dit le soir même de l'incident du Léviator.

- Je comprends ce que vous voulez dire. J'ai fait preuve de beaucoup d'imprudence, pendant mon voyage, et pire encore, j'ai mis mes Pokémons en danger. Mais je n'oserais jamais leur reprocher quoique ce soit.

Puis, je comprends. Pas seulement ce qu'elle a voulut me dire, mais également le reste. Elle n'est pas Championne. Elle a vécu des épreuves bien pires et parcourut un chemin bien plus long que ce que j'avais pu m'imaginer. Son âge ne dépasse pas la trentaine, je le vois. Mais sa façon de parler en dit beaucoup. Ses compétences dépassent même celles des Champions. Je ne sais pas son grade. Elle a pourtant l'air d'avoir le niveau pour devenir Maître.

- Vous... vous avez déjà essayé d'affronter le Maître ? Je n'ai jamais vu de Pokémons aussi puissants que les vôtres. Je... je me disais que peut-être...

Je ne termine pas ma phrase, mais j'ose enfin poser la question. Peut-être qu'elle pourrait me donner d'autres conseils et m'aider un peu avant que je ne reparte pour affronter le Champion de Zazambes ?..
Je dois avouer stresser un petit peu. Je sais que le premier pas est souvent le plus dur à faire, mais la liberté de mon sang est en jeu, et je ne compte reculer devant personne.

Le monde qui est le mien

Samaël Enodril

Une nouvelle fois, la réponse de Solène m'interroge quelques instants où je réfléchis à ce qu'elle voulait dire par là. Puis, je déglutis. Elle n'a pas réussi, c'est ça ?... Elle a perdu face au Maître et n'a plus voulu réessayer. Je comprends. Elle ne voulait peut-être pas retenter après sa défaite... Pourtant, elle a des Pokémons vraiment balèzes. Alors... le Maître actuel aurait des Pokémons encore plus puissants ?! Manquant de déglutir je vais commencer à croire que je ne pourrais affronter la Ligue qu'après au moins dix ans d'entraînement. Mais je n'ai pas le temps d'attendre. Même si je dois rester calme et patient, cela ne dépend plus de moi. Pourtant je sais pertinemment que j'ai loin d'avoir le niveau. C'était cependant dans l'intention de combattre le Champion de Zazambes que j'étais venu dans les environs... avant de me faire attaquer par un grizzli et de me faire sauver par Solène. Mais, au final, je ne regrette pas du tout cette rencontre; même si une sorte de peur essaye de me rattraper peu à peu.
Solène reporte son attention sur mon cas. Au moment où j'allais lui demander d'autres conseils, elle me fait une proposition pour évaluer mon niveau. Si on était dans un animé, un gros point d'interrogation apparaîtrait sur ma tête. Une proposition ? Elle veut une démonstration ? Ou... un combat ?... Tout de suite, je me retiens de pousser un petit cri d'effroi. Elle ne veut quand même pas que j'affronte ses Pokémons... Jamais je ne pourrais en battre un seul ! Je suis même sûr que le plus faible de son équipe battrait toute la mienne à lui seul ! Je m'apprête à trouver une excuse pour éviter de devoir fuir vers le Centre Pokémon aussitôt qu'elle m'aurait affligé une courte et cuisante défaite, mais au lieu de cela, la dresseuse s'empare d'une Pokéball attaché à sa ceinture et la lance. Je me prépare mentalement à voir une nouvelle créature surpuissante se matérialiser devant moi.
Quelle ne fut pas ma surprise -et mon soulagement- lorsque j'aperçois un Métamorph me saluer aussitôt qu'il est sorti de sa boule. Nous le saluons à notre tour, Kame et moi, et j'écoute avec attention ce que la jeune femme rousse me propose.
Un combat, comme je m'y étais attendu. Mais c'est le dénommé Medhy que je vais devoir affronter et non une des "terreurs" qui accompagnent Solène depuis le début.
Ma tension redescend petit à petit et ce qu'elle me propose me convient.

- J'en pense que je suis partant !

Un sourire confiant se dessine de nouveau sur mon visage. Mon Carabaffe me regarde, mais il sait que ce n'est pas lui que je vais choisir. Entre nous deux, pas la peine de mots. Quelques fois, seuls les yeux suffisent. Je crois même qu'il sait quel Pokémon je vais utiliser contre Medhy. Je détache alors à mon tour de ma ceinture la fameuse balle bicolore qui contient l'alliée qui va me permettre de prouver ce que je vaux devant la puissante dresseuse.
Je réalise que cela commence à faire un petit bout de temps que je n'ai pas fait combattre face à un Pokémon. Avec mes captures et mon équipe qui s'agrandit de plus en plus, je l'ai sans doute un peu délaissé. Je m'en veux quelque part, mais je dois chaque fois faire un choix judicieux avant de lancer mes amis au cœur d'un combat. Mais cette fois, j'en suis persuadé. C'est sur elle que mon choix se portera.
Alors, je lance la Pokémon bien haut et cette dernière retombe sur le sol pour s'ouvrir et laisser sortir une lumière rouge, prenant la forme d'une de mes amies les plus proches.

- Voici Windie. Comme Kame, elle m'accompagne depuis le début. Et c'est elle que je choisis pour ce combat. Windie, je te présente Solène, Ryan, Louna et Cathy. Et pour le Pokémon... hm...un Insécateur, si possible.

La Caninos me regarde avec des yeux brillants. Elle a compris que je lui donne une chance de se venger contre Nakama; car je sais très bien qu'elle ne le porte pas dans son cœur, contrairement à tous les autres, qu'elle n'a pas pu le combattre la première fois que j'ai rencontré le Pokémon Insecte, et qu'elle meurt d'envie de l'affronter. Elle se retourne ensuite vers Solène et ses Pokémons pour les saluer, comme Medhy un peu plus tôt.
Windie, c'est ma meilleure amie. Je l'ai vu naître, je l'ai vu grandir... Et aujourd'hui, elle est là, à mes côtés, pour m'épauler et m'offrir son amitié et son soutien. Dès qu'elle est sorti de son œuf, déjà fière et belle, je savais que nous serons liés, tous les deux. Je suis content de pouvoir lui offrir la possibilité d'accomplir son rêve à elle, pendant qu'elle m'aide à atteindre le mien. Elle n'en a pas encore l'air, mais plus tard, je suis certain qu'elle deviendra une formidable Arcanin, comme sa mère, qui est également son modèle; comme moi avec mon père, en somme. C'est différent du lien que j'entretiens avec Kame. Mais que ça soit Windie, mon Carabaffe, ou n'importe lequel de mes Pokémons, l'affection que j'ai pour eux est partagé entre tous et j'essaye à chaque fois de ne pas faire de jaloux. Je suis persuadé que ma Caninos deviendra une véritable leader, plus tard. Et je l'imagine déjà en combat, ses attaques feu jasant de partout pour gagner contre son adversaire. Sa détermination est déjà forte, et plus tard, elle fera certainement de grandes choses. Mais pour l'heure, elle a compris que seul le Metamorph s'opposerait à elle.
Un léger petit silence s'installe. Un peu gêné, je ne sais par quoi commencer. Puis, les paroles de mon père me reviennent en mémoire. Celles qu'il m'a de nombreuses fois répétées, encore et encore, avec toute la fierté du monde.

- Euh... les... les dames d'abord..., finis-je par réussir à articuler.

Le monde qui est le mien

Samaël Enodril

Très vite, à ma demande, se dresse devant nous un impressionnant Insécateur. Je ne me suis peut-être jamais vraiment passionné pour les Pokémons de type Normal, mais ceux de Solène sont merveilleux, et je découvre Métamorph avec un nouveau regard. La transformation est directe, rapide, et précise. On aurait vraiment dit que c'était Nakama que j'allais combattre. Ces lames tranchantes, cette allure fière, ce regard perçant... Pas de doute : l'illusion était parfaite. Peut-être un peu trop, d'ailleurs... Car la réaction de Windie est immédiate. Des grognements s'échappe de sa gorge et ses yeux lancent des éclairs. Je me permets néanmoins de lui rappeler que nous ne sommes pas là pour un vrai combat, mais juste pour montrer nos capacités. Elle me sourit, me signifiant qu'elle est consciente de la situation, et je lui accorde toute ma confiance pour ne pas déchaîner sa fureur enfouie en elle sur le Pokémon adverse.
Cependant, mon estime de moi baisse progressivement lorsque Solène fait une légère grimace et me donne un nouveau conseil en m'avouant mon erreur de l'avoir laissé attaquer en première. Aïe... Moi qui voulais montrer que je pouvais être galant, c'est raté. Elle a raison, une fois de plus, si j'ai une chance de prendre mon adversaire de vitesse, je ne dois pas la manquer. Alors pourquoi est-ce que je n'ai pas réussi à appliquer cette règle, qui pourrait pourtant m'être fondamentale ?..
Je retiens ma gêne, et entends Solène donner ses ordres. Peu importe qui commence, maintenant. Je ressens jusqu'en moi la détermination qu'a Windie à se venger de celui qui avait osé s'en prendre à son amie. Même s'il ne s'agit pas du vrai Insécateur que j'avais fini par capturer, la ressemblance frappante prend le dessus. Mais je sais que ma Caninos n'irait pas jusqu'à mettre Medhy K.O.
Ce dernier s'élance, conformément aux paroles de sa dresseuse, et dès les premières secondes, je ne le vois déjà plus, tant il est rapide. Plus attentive que moi, Windie est aux aguets et se concentre un maximum pour sentir son adversaire. Avec son ouïe fine et son flair à toute épreuve, ma fidèle chienne de feu est motivé pour prouver ce qu'elle vaut. Je ne peux pas faire grand chose, étant donné que Medhy est invisible pour moi, mais je me lance moi aussi dans le combat.

- Windie, utilise Hâte et attaque avec Lance-Flamme !

A défaut de ne pas pouvoir baisser la vitesse du Pokémon de Solène, je fais augmenter celle du mien. Windie s'élance alors et tente d'esquiver les attaques de l'Insécateur en devenant de plus en plus rapide. Puis, elle bondit sur un rocher et s'élance dans les airs en crachant des flammes vives, mais néanmoins puissantes pour un Pokémon de sa taille.
En vérité, je suis peut-être un peu nerveux. Je ne veux pas décevoir Solène. Cette envie étrange de l'impressionner grimpe en moi. Elle m'a déjà vu contre un Ursaring, mais je veux montrer que je ne suis pas seulement doué pour m'attirer des ennuis.