Age : 31 Messages : 880 Date d'inscription : 07/07/2013
Âge du personnage : 26 ans, né un 2 février Métier / Études : Tortionnaire, Dresseur a ses heures, Débute une carrière d'acteur, Se tient actif mais ne sait pas quoi faire de sa vie. Pseudonyme(s) : ›› Dio Silvery, Officier Subalterne du Régime (principalement tortionnaire et combattant, ponctuellement homme de main).
Sujet: Retour à la routine, ou presque. (OS, Evolution) Jeu 20 Oct 2016 - 21:46
Retour à la routine, ou presque.
« Bordel, les mecs, mais vous croyez encore au Père Noël ou quoi?! »
Alex est en colère très souvent depuis quelques mois. J’ai du mal à lui parler. Je ne sais pas s’il s’est passé quelque chose de grave ou de méchant… Mais il est en colère. Je pensais qu’il serait aussi content que moi, depuis que Iris et Mikoto sont nés, et qu’il a un peu vu Riku et Soltan. Mais, il avait l’air très malheureux, ce jour-là. Je n’arrive pas à comprendre. Il parle souvent de « son film », quand il rouspète. Il m’aide à faire mes devoirs, mais il est ailleurs, et souvent pendu à son téléphone en criant sur des gens que je ne connais pas, parce qu’ils ne font rien, car ils ne peuvent pas abandonner alors qu’ils sont sur la fin… des histoires de grands avec de l’argent, aussi. Est-ce qu’on n’a plus d’argent? Est-ce que c’est ça, qui l’énerve? Je ne veux pas dormir dans une tente sur le trottoir, moi… Hm… Il continue de crier, il est sorti de la cuisine. Je crois que je vais encore terminer mes devoirs tout seul. Ah, non, finalement, il revient.
« Alex? C’est fini ton coup de téléphone? » « Hmph. Ouais. »
Ludwig s’adresse à moi d’une voix timide. Il n’ose pas s’imposer, après mon imitation de beuglante que j’ai fait avec brio au milieu du salon, et qui aurait presque pu faire trembler le toit de la maison. J’en ai marre de ces deux clampins qui se touchent la nouille depuis le début de la post-prod de cet espèce de… De navet avec des ninja compositeurs de musiques à Pétaouchnok, auquel j’ai participé. Y’avait de l’ambition, au départ, dans cette merde, et des idées, mais aucune persévérance, derrière. Pour être honnête, j’ai toujours rêvé de faire un film. Même pas un biopic mégalo narcissique comme ça me ressemblerait bien, hein, non, un vrai film, avec des bastons et du sang qui gicle, des scènes badass et des punchline qui crèvent l’écran. Et du beau jeu d’acteur, et de la passion. Bref, quelque chose de « vrai ». Y’a longtemps que je n’avais pas été aussi naïf. De penser que ces deux gosses de riches avaient les mêmes désirs d’aller aussi loin que moi, de créer quelque chose de « fini »... Quelle blague. Aussitôt que la première difficulté s’est dressée, ils sont partis rouler dans leur terrier comme des poltrons et il a fallu aller les chercher par la peau du cul. Si je n’avais pas en horreur le travail pas fini une fois qu’il est bien entamé, j’en aurais pas fait autant. Désolé d’avoir eu un projet me tenant un minimum en haleine une seule fois dans ma vie, hein.
Aussi, cela fait des mois que quand je ne suis pas en train de dérouiller des pauvres gens au fond du bloc R2, je me coltine les deux abrutis en post-prod, que j’enverrais bien en croisière de plaisance au fond d’un cachot pour leur montrer ce que c’est, d’en chier un peu. « Gnégnégnééé, c’est pas notre faute si on se chie encore dessus, M’sieur Nagel ». Oh, non, les collaborateurs, ce n’est pas mon truc, aussitôt ce nanar achevé en bonne et due forme, j’aurais pris ma part du succès et aurais enchaîné sur autre chose, sans eux. Sauf que, le résultat est tout juste montrable, est c’est extrêmement optimiste de me dire cela. Ah, et ma dernière entrevue avec Riku, dans tout ça? N’en parlons même pas.
« Dis...? Tu veux bien continuer de m’aider pour ma poésie? » « Ouais, ouais, vas-y, j’écoute. »
J’ai pas trop l’impression qu’il écoute, moi… Est-ce qu’il s’en fiche? Il a posé son coude sur la table, et regarde par la fenêtre sans rien dire. Son regard s’éclaire à peine quand son Passerouge vient tapoter avec son bec contre la vitre. Je pince les lèvres, l’air embêté, et me lève sans qu’il ne me dise quoique ce soit, pour aller ouvrir au petit oiseau rouge nommé Caligula. C’est qui, Caligula? Surement un monsieur sympa, avec un prénom aussi rigolo! Je souris de toutes mes forces, en espérant que Alex sourie lui aussi. Qu’il rie, qu’il me fasse un câlin, qu’il me dise qu’il m’adore, que je suis un garçon super… J’ai envie qu’il me donne de l’attention, et d’exister à ses yeux… Est-ce que j’abuse un peu? Moi, je pense pas.
« Caligula, tu viens écouter ma poésie? » « ’Fais pas entrer les Pokémon dans la maison, quand on fait les devoirs.» « Mais, il dérange pas… » « ...'Fais c’que tu veux. »
…C’est moi ou c’est Caligula, qui dérange..? Alex n’écoute pas. Je pensais que ça le ferait rire ou sourire… Mais j’y arrive pas. Si ça se trouve, il en a marre de moi, encore une fois. Si ça se trouve, il ne… m’aime plus? Est-ce qu’il va encore me mettre dans la voiture pour m’emmener dans un endroit avec d’autres enfants, et ne plus jamais revenir? Ça me donne envie de pleurer… J’ai peur.
« Ah, non. Bordel, tu vas pas pleurer… »
Suis-je seulement destiné à ne pas voir le moindre effort que je fais, réduit à néant par la révélation que je serais toujours la pire des saloperies pour mes proches, cela par ma seule existence?! Dès que j’espère que la situation évolue avec Ludwig, je le fais chialer à nouveau. Riku l’a bien dit, et avec raison, je détruits par ma simple présence. Quand je tente de faire ce que je peux pour que Riku soit certaine de vivre paisiblement dans son coin, je ne fais que la blesser encore plus. Bordel, ça me fait encore un mal de chien. Et quand je mets tout ce que je peux dans un projet de film que j’ai fini par financer pour probablement aucun retour, je me figure que c’est un échec. Échec, sur échec, sur échec. Même Helmut s’est abstenu de me faire ce discours cliché de paternel méchant-pas-beau, de me le dire d’une voix caverneuse : « Tu seras toujours un échec ». Je soupire lourdement. Tant pis si j’ai le potentiel d’être un peu plus qu’un échec, mais que je n’arriverais jamais à me prouver l’inverse. Si les gens avec un vrai potentiel étaient reconnus, alors le monde me donnerait certainement moins de motifs de zigouiller des gens régulièrement. Au moins, j’ai un job que j’adore. Ce sera ce tout ce que je n’aurais jamais eu pour être satisfait de moi-même, et donner un peu de sens à mon existence : gagner ma vie en faisant mumuse avec des humains. Et au minimum, je ne me prends pas pour une merde, on peut le dire. Enfin… En attendant, Ludwig chouine, et je soupire. Caligula lance un « piou piou » interrogateur, ne comprenant pas ce qui se passe.
« Arrêtes de pleurer, Lulu. »
Mais si j’arrête, ça va redevenir comme avant! Je ne sais pas comment lui faire comprendre que ces derniers temps, il ne s’occupe plus assez de moi… Si je pleure, il comprend que je ne vais pas très bien. Mais bon, il déjà dit que je pleure tout le temps, de toute manière.
« C’est pas juste! Tu t’occupes pas de moi! T’as tout le temps du travail, et ton film, là! » « Je m’occupe de toi. J’ai juste du boulot, j’y suis pour rien. Sois pas jaloux. » « J’suis pas jaloux, c’est toi qu’es nul! » « Eh, oh. »
Je grogne. Franchement, du boulot, j’aurais pu en avoir bien moins, si ce n’était pas à cause de ces deux incapables. Et consacrer plus de temps à Ludwig, dépenser moins d’argent en baby-sitter, en plus en « soirées glaces en regardant la compétition à la télé »… C’est vrai, j’y peux rien, ça m’est tombé dessus, et pour la première fois, ma bonne conscience s’est manifestée et m’a forcé à terminer quelque chose en bonne et dûe forme. Le résultat va être approximatif, boiteux, et au niveau d’un Trolls 2, mais au moins, il ne me reste plus qu’à organiser cette fichue avant-première/projection presse, pendant laquelle je pourrais passer deux heures ratatiné au fond de mon siège, en riant jaune. Je suis plutôt pessimiste, en effet. En fait, mon seul espoir, c’est que le public ait assez d’humour pour en rire, et consacrer ce truc au titre d’ « epic nanar raté à regardé entre copains et bourrés ».. Et que ça fasse plaisir aux enfants, et surtout à Ludwig.
« Enfin, tu as raison. Je te promets que c’est bientôt fini. » « …Hmph… Tu mens pas, hein, promis? » « Je mens pas, j’ai plus que quelques coups de téléphone à passer. Et… euh… bah… tu pourras voir mon film. » « Hein? » « Tu pourras voir mon film. »
Wah. Ouhla. Ouhlalala. Ça y est, son regard lance des attaques Météores sur ma pauvre petite gueule de jeune adulte complètement gêné à l’idée de montrer son film tout con. Si je me prends autant la tête, c’est bien que ce projet duquel je suis devenu un instigateur plus important qu’initialement, me tient à cœur, quelque part. C’est quelque chose que j’ai créé. Et il n’y a pas beaucoup de choses venant de moi que j’ai osé montrer à quiconque depuis… Depuis des décennies, en fait. Petit à petit, je sens mon front se dérider et mon visage reprendre une expression plus calme. Oui, si ça lui plaît à lui, alors, le reste, je m’en tape totalement. Même si je risque de nous mettre financièrement dans la merde, et de me faire engueuler par mon banquier dans deux semaines. Je vais bien lui faire ma tête blasée de petit con, à lui, encore. Comprenant que l’ambiance se réchauffe, le Passerouge perché sur l’étagère se réjouit lui aussi. « C’est génial! Ça raconte quoi?! » « Tu verras. » « J’veux savoir! » « Ok, mais seulement si tu me bats en combat! » « Maiiiis! C’est de la triche! T’es plus fort que moi! » « Bouges tes fesses, on va régler ça dehors! Caligula, viens t’battre! »
Le Passerouge descend de son perchoir avec un cri de guerre, alors que je courre en dehors de la cuisine, suivi par Ludwig qui se met à rire aux éclats. Une fois sur le pallier, il attire ses Pokémon à lui, puis s’arrête un moment, il semble hésiter. « Mais, euh… et la poésie?! C’est pour demain! »
Pfff! L’école c’est nul, toute manière! Puis il s’est toujours bien tenu, il pourra bien dire qu’on a oublié, pour une fois! S'il n'était pas un bon élève, j’aurais été plus pénible, mais le mini-blondinet n’est pas du tout dans ce cas-là. Il est même un peu trop appliqué. Ce qui est bien, hein, il dit que ça lui permet de se faire des amis. Et honnêtement, ça me rend assez fier de lui. Même si j'ai fugué avant la fin de ma Terminale, je pense que les études, c'est important. Et moi-même j'aimais étudier, j'imagine que c'est une chose que les parents nous ont transmis, la curiosité et le goût d'apprendre. Mais, trêve de nostalgie…
« Fuck demain, fuck la poésie! Viens faire un combat! » « Aleeeeeex, si j’fais pas mes devoirs, j’vais devenir bête comme toi! » « Répètes, pour voir?! »
Dis-je en faisant volte-face, et en dressant mon bras en l’air, pour que Caligula s’y pose. Ausitôt qu'il attérit, il se dresse fièrement, et son corps brille pour devenir plus robuste, se parer de plumes plus longues et de duvet plus étoffé. Sous cette nouvelle apparence, il a fière allure. Et encore, nous n'avons rien vu. Ludwig est bouche-bée devant la scène, mais ne se laisse pas démonter par l’évolution du Passerouge en Brasillon. « Iiiiih! Byby, protèges-moi de l’Empereur Maléfique Blondasse et de son aigle rabougri! » « En garde Chevalier de la Loutre Dorée! »
Je vais me battre de toutes mes forces, il va voir, que je suis devenu beaucoup plus fort, avec le temps! Je lance la Pokéball de Bobby en l’air, et mon Mangriff apparaît, fin prêt à me protéger et à écouter mes consignes. On va tout casser! Et en plus, j’l’ai pas dit exprès, mais Byby, même si il est jeune, il est super costaud, et capable d’être féroce! Il ne va faire qu’une bouchée de son Brasillon! Et on va en faire du poulet rôti! Car le poulet rôti, avec des frites, c’est trop bon! Surtout quand Alex fait de la bonne sauce! Enfin, euh... Je veux pas manger Caligula, en vrai... Ce serait pas gentil.
« Byby en avant! Vive-Attaque, et ensuite, Tranche! » « Caligula, Nitrocharge! »
Héhé! Bobby attaque toujours en premier, grâce à Vive-Attaque, c’est Alex qui me l’a expliqué! C’est super pratique, cette attaque! Le Mangriff se met à courir vers son adversaire, et fonce sur lui, toutes griffes dehors! Caligula n’arrive pas à esquiver et manque de se retrouver à terre, mais à la place, il se retourne gracieusement en pleine chute, pour repartir à tir d’ailes vers le ciel, puis redescendre en tournoyant, et en s’entourant d’une spirale de flammes. En bas, Byby est prêt à l’accueillir, ses griffes bien aiguisées. Mais Caligula est devenu très rapide, et attaque Bobby plusieurs fois, sans que le Mangriff puisse le rattraper! Je grogne et serre les poings… Grrr, ils ne vont pas nous avoir comme ça!
« Bobby, attention au prochain passage! »
Je suis probablement gaga et aucunement objectif, mais je pense que Ludwig est doué, avec ses Pokémon. Il a indéniablement un don social, et se lie d’amitié avec les enfants, quelques jeunes adultes, et les Pokémon avec une facilité déconcertante. C’est une chose qui l’avantage quand il s’entraine avec ses alliés. Ses Pokémon l’aiment et sont totalement dévoués à le protéger. C’est même impressionnant de voir comme ils se sont rapidement attachés à lui. Mais en un sens… comment ne pas s’attacher à ce gamin, sérieusement? Enfin, niaiserie à part, je fais signe à Caligula de repartir avec une troisième Nitrocharge, et j’ose espérer que nos adversaires auront compris comment nous contrer cette fois-ci. Le Mangriff qui est face à nous est fort, et surpasse mon jeune ami Brasillon en capacités offensives. Un coup de griffe bien placé, et Cali’ ira au tapis, je pense, avec ses défenses encore médiocres. Pourtant, il ne s’arrête, pas, et Ludwig et Bobby se concentrent de plus belle. L’attaque Tranche frappe de plein fouet, dans un timing parfait, qui me prend par surprise. Je pense que la chance a joué dans la précision de ce coup à la puissance accrue, néanmoins, je suis plutôt fier de mon jeune frère lorsque je vois Caligula battre en retraite sur mon épaule, et s’incliner poliment, donnant la victoire au blondin et à son ami. « Bravo Byby, on a gagné! Alex, je t’ai battu! Tu dois tenir ta promesse! » « Mouais, j’avoue, on a perdu cette fois-ci! » « Alleeeeez! Racontes-moi c’est quoi ton film! »
Je m’assois dans l’herbe, et je m’exécute, observé par deux yeux bleus toujours émerveillés, comme si tout ce que je racontais et faisais était de ressort divin. C’est probablement ça, l’admiration inconditionnelle qu’on voue normalement à nos proches, cette idéalisation censée nous tirer vers le haut. Ça me donnerait presque envie de retenter le coup, après cette avant première… Mais je crois qu’au niveau des thunes, ça risque de ne pas être bien raisonnable. Beh, on verra bien. Profitons que ma vie soit à peu près normale, pour le moment, puis on avisera quand le temps venu.