Retour à la réalité

RP - Capture n°9

Le silence qui s’est installé entre Amalia et moi dure maintenant depuis une heure. Même Malik et Hendrix se sont couchés de mon côté en attendant qu’on puisse bouger. Enfin…que je puisse bouger. Car depuis mon réveil, si je bouge ne serait-ce qu’un doigt, des nausées viennent me prendre d’un coup. J’ai interrogé ma sauveuse sur le mal qui m’a prit en début de journée et dont les effets secondaires font effets à pleine puissance ; mais elle ne sait rien. Elle ne comprend même pas comment cela peut il être possible. Je la crois. Même si sa présence me pose un énorme doute. Elle habite à Baguin, a un job de bibliothécaire pour masquer son rôle dans la résistance et arrive, en même pas une journée, à se trouver au même moment et au même endroit que moi. Quelque chose cloche. Même un Ramoloss pourrait le sentir. Et Arceus sait que les Ramoloss ne sont pas les pokémons dotés d’une très grande intelligence. Mais bon, au point où j’en suis, je ne peux pas faire autrement.

-J’aimerai rentrer vite à l’hôtel pour me reposer.

Je brise le silence sans savoir à quoi m’attendre. Je ne sais même pas le fond de ses pensées. J’espère vraiment qu’elle va accepter. Je n’ai pas envie d’attendre encore toute la nuit pour pouvoir me sortir de ce merdier. J’aimerai juste prendre un cachet ou un truc dans ce genre. Pour, au moins, enlever les migraines. Le fait de rester coucher sur le sol avec comme coussin les genoux d’Amalia ne me fait pas sentir  à l’aise. Ce serait ma mère, au pire. Mais là, cette inconnue. Un peu comme Bastien et Coralie. Je ne les connaissais pas avant. Pourtant, eux, me connaissent. Et surtout, ils connaissaient ma mère aussi mieux que moi. Bof. Dans le fond, je ne la connaissais pas trop ma mère. Je pensais la connaitre, c’est tout.

-S’il te plait.

Encore une fois, je me prends un vent monumentale. Aucune réponse, même pas un mouvement. Mes deux pokémons présents roupillent un peu. Ils ont raison. Avec ce temps superbe et ce cadre, rien de mieux pour profiter. Ils ont de la chance. Moi je ne peux pas. Et je ne le pourrai peut être plus jamais. Qui sait ? Je vais peut être crever ici. Mais bon. C’est quand même un repos la mort. Il n’y a rien de mieux après une vie particulièrement merdique.

-Amalia ?

Je lève un peu la tête en même temps que mes yeux et aperçois la résistante en train de dormir. Mon dieu. Allez-y ! Foutez moi la mort je ne vous dirai rien ! Je soupire un peu fort pour qu’on m’entende mais rien. Pourquoi faut-il toujours que je sois dans des situations qui ne me sont jamais en ma faveur ?  

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J’attend depuis dix minutes maintenant. Dix minutes. Enfin, je crois car je n’ai ni montre ni téléphone. Mon corps semble être mou et je peine à bouger n’importe quel membre. Heureusement pour moi, j’ai de la patience. M’enfin bon, elle a tout de même des limites qui sont en train d’être franchis en ce moment même. Qu’ils dorment car ils sont fatigués de m’avoir sauvés, soit. Mais de là à dormir complètement en pleine forêt et aussi paisiblement qu’un gosse faut pas abuser. Enfaîte, je crois que je suis jalouse. Oui, jalouse. Car eux arrivent à se reposer tranquillement, sans qu’aucunes illusions ne viennent les gêner. Moi, je ne suis même plus capable de ne pas devenir folle. Alors bon, m’étonne que ça m’énerve. Et le pire dans tout ça, c’est que je suis fatiguée. Et pourtant, le sommeil ne vient pas à moi. J’ai dû sûrement trop l’utiliser. Faut que je laisse mon tour, c’est ça ? Ce n’est pas de l’égoïsme mais je n’en ai pas envie. Je suis trop faible pour ce genre de chose.

-Allez Amalia ; abuses-pas non plus !

Mais rien n’y fait. Elle continue de garder ses yeux complètement clos, la tête posée sur le tronc d’arbre. Je jette un œil sur Hendrix et Malik, couchés à quelques mètres de moi. Pourquoi ils dorment, hein ? Sérieusement, pas à ce point là. Une sieste ça dure pas des heures. J’hésite un instant à me mettre à crier et à bouger dans tous les sens. Mais ce n’est pas la peine. Je n’en serai pas capable vu mon état. J’entends alors une sorte de bruit. Pas artificiel mais bien naturel. Je tend l’oreille pour savoir ce que ça peut être. J’ai cru tout d’abord au vent sur les feuilles mais c’est plus mélodique que ça. Le son possède une mélodie bien cadrée qui a du sens. Non, c’est de la musique. Elle semble douce et m’apaise un instant. Je sourie un peu de bonheur. C’est agréable à écouter. Cela dure quelques instants puis les dernières notes se jouent lentement jusqu’à ce que je n’entende plus rien. J’aperçois ensuite quelque chose tomber doucement sur mon ventre. C’est un pokémon. Je m’en doutais. Un Crikzik ou quelque chose dans ce genre. Il a l’air gentil.

-Bonjour toi. Tu voudrai bien m’aider à réveiller mon amie s’il te plait ?

Alors que j’ai terminé ma phrase, le pokémon insecte comment à marcher dans l’autre direction. Il s’en va comme si de rien n’était. Je suis tout d’abord choquée puis je lève les yeux au ciel. Ba oui tient, comme si ce truc allait m’aider. Deuxième gros vent de la journée. J’vais peut être finir par un rhume moi. Je suis donc une nouvelle fois abandonnée à mon triste sort. Je vais pas m’en remettre.

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Mon mal de tête commence à s’en aller. Enfin quelque chose de positif dans cette histoire. Mes membres ne bougent toujours pas. Je vais devoir encore attendre un certain temps avant de pouvoir me lever. Je suis donc toujours au même endroit. Amalia et mes pokémons n’ont toujours pas donné signe de vie. Je regarde autour de moi. Ma vision est encore un peu flou. Je ne vois pas très bien ce qui m’entoure. C’est sombre. Le soleil doit être caché par des nuages sans doute. J’aperçois dans les arbres quelques pokémons qui ne font que passer. Ils courent tous dans la même direction. Ils sautent d’arbre en arbre et d’autre se mettent à voler entre les feuillages. J’adore ce monde qui m’entoure. Ces petites bêtes, autant intelligent que nous, qui nous aident dans toutes les tâches. Bon, la plupart son sauvage mais c’est ce que j’aime le plus. Les voir gambader librement où ils veulent, s’amuser ou survivre. Je me demande parfois si il restera toujours des pokémons pour tout le monde. J’ai entendu dire que nous étions un peu plus de sept milliards d’humains sur terre. Si ce chiffre continue de grandir, il y aura toujours nos compagnons ?

-Non, mais je rêve.

Voilà que maintenant je réfléchis au futur de ce monde alors que le présent est tout simplement ennuyeux. Surtout que je risque de rester à Anula plus longtemps que prévu. Avec tout ce qu’il s’est passé dans cette forêt, je vais devoir me reposer dans l’hôtel. Et j’ai ce match avec Weston qui m’attend. J’ai vraiment hâte d’y être. Hâte de le vaincre et de voir sa tête à ce moment là. Je suis quasiment sûre que son fils viendra faire un petit tour sur le terrain. Après tout, avec toute ces jeunes femmes qui regardent le match, il doit s’en servir pour en attirer un maximum. Enfin bref. Trêve de méchanceté. Pour l’instant, Weston n’est pas le problème. Il faut que je me casse d’ici. J’en ai tout simplement marre.

-Hey toi ! Tu pourrai les réveiller ?

Un Ceribou s’est arrêté sur une branche pour m’observer. Quand d’autres de ses compères approche, il les attaques et les fais fuir. Entre chaque pokémon attaqués, il ricane en me regardant. Ok, j’aurai jamais dû lui demander. Il commence à sauter sur mon Némélios et s’en va en courant dans les arbres. Saloperie de pokémon ! Je lui ferai bien la peau.

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Ou alors, j’en ferai bien mon repas. C’est peut être plein de vitamine ce truc. Peut être même que ça peut me guérir de suite. Ba oui, les pokémons peuvent manger des baies qui leurs permettent de guérir ou même de devenir résistant, pourquoi pas pour les Hommes ? Je ferai tout me sortir d’ici et enfin prendre ma revanche sur le champion des Insectes. Si vous voulez, je me coupe un bras ou alors je paye une somme que je ne pourrai jamais rembourser. Mais dans tous les cas, je veux me casser d’ici et enfin faire ce que j’étais censée faire. A chaque fois, je perds du temps. Il faut toujours qu’il y ait quelque chose qui ne va pas. J’en ai marre moi. Pourquoi faut-il que rien ne se passe comme prévue ? Pourquoi faut-il toujours que je me pose ce genre de questions ? Ah que j’aimerai avoir une vie plus tranquille sérieusement. Etre quelqu’un d’un peu plus normal, qui n’a pas la mort qui la suite derrière en attendant un léger coup de faiblesse. Sérieusement je porte la poisse. Et le pire dans tout ça c’est qu’elle ne pèse même pas un gramme. Je veux pouvoir bouger à nouveau et me relever. Ça commence à me faire paniquer. Je vais vraiment paniquer !

-Némé !

Je tourne la tête vers mon Malik d’amour avec une joie énorme. Je me ressaisi lorsque je me rend compte qu’il regarde en l’air. J’avais oublié que le Ceribou était venu lui sauter dessus. Mais j’ai l’impression que quelque chose d’autre le tracasse. En effet, j’entends des bourdonnements en l’air mais n’arrive pas à distinguer. Un groupe de Dardagnan passe calmement au dessus de notre tête. Après que la petite troupe d’insecte soit passée, Malik pose enfin ses yeux vers moi. Je  sens alors quelque chose tomber sur mon crâne puis se décaler sur le sol. Un Aspicot tout mignon fait de gros yeux puis s’enfui dans la forêt. Ce n’est pas la première fois que ce genre de pokémon tombe sur ma tête. J’envoi un sourire sur mon Némélios qui se rendort de suite. Je lâche un gros soupire puis sens Amalia bouger.

-Ah ba enfin ! C’est bon ? On peut partir maintenant ?

La jeune femme se relève puis prend un sac de couchage et le dispose à côté de moi avant de m’y insérer. Je lui demande plusieurs fois la même question avant qu’elle ne se positionne, elle aussi, dans un autre sac de couchage. Elle me regarde d’un air fatigué et lève les yeux aux ciel. Je lui redemande encore une fois de m’aider à sortir d’ici avant qu’elle ne se mette dos à moi.

-C’est trois heures du matin Aria. La nuit est tombée depuis longtemps et les pokémons sauvages grouillent à foison. Alors excuse moi, mais je trouve que c’est quand même mieux de prendre un peu de repos avant de pouvoir retrouver la sortie de cette foutue forêt.

Je suis surprise de sa réaction et décide de ne pas répondre. C’est la nuit. Je ne m’en étais même pas rendue compte. C’est pour ça que je voyais moins à certains moment. Comment c’est possible ça ? Au moins, c’est significatif d’une bonne chose. C’est que je suis de retour. De retour dans la vraie vie. De retour dans la réalité. Adieu les songes. Vous m’avez trop saoulé. Maintenant je dois faire les choses vite. Même si, pour l’instant, je ne peux absolument pas bouger. Au moins, le sac est assez confortable. C’est bien mieux qu’au sol. Cependant, je n’arrive pas à m’endormir. J’ai encore la peur de tomber dans le néant, de voir ceux que j’aime mourir et surtout, de me voir crever par une balle dans la tête. La réalité n’est pas si mal que ça n’empêche. Elle me permet d’aller de l’avant.

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