Pour l'ambiance:

Tous les ans avait lieu un festival assez particulier sur l'île, d'une musique qui n'était pas très appréciée de tous mais qui luttait pour sa survie au sein de la communauté des festivals, cette journée était destinée à une musique plus puissante que toutes les autres que l'on pouvait entendre au quotidien, une musique qui ne passe jamais aux radios locales car considérées comme sujette à la violence et à la haine, une musique beaucoup plus lourde que le Hard Rock, il s'agit bien là d'un festival dédié à la musique Métal, et oh putain qu'il fallait absolument pas rater ce festival, c'est le seul en une année, organisation de plusieurs groupes locaux en les mettant en avant sur la scène, pour qu'ils puissent avoir un peu de renommée, et mon groupe en faisait parti.

L'immense excitation que c'était lorsque j'ai reçu la lettre portant le timbre de Zazambes, on y était, sur une petite trentaine de groupe seuls cinq ont été retenus dont le notre, quelle fierté de pouvoir monter sur scène. Chaque groupe devait avoir un set d'une heure trente de musique, la journée se passe de neuf heures jusqu'à midi pour le matin, reprenant ensuite de quatorze heures jusqu'à dix-neuf heures, et on relance les groupes juste après pour un nouveau set. Le meilleur placement c'est bien à la fin du festival, et cette chance nous a été donné, c'est notre groupe qui clôturera la journée, autant la faire durer, et on va tout démonter.

La journée se passe sans grand imprévu, tout se passe pour le mieux, les autres groupes sont géniaux et le public est chaud bouillant, il est temps pour nous de passer, il est dix-sept heures et c'est le moment de faire nos marques, le public est prêt à en découdre avec notre musique, et le stress de notre côté et à son comble mais c'est du bon stress, celui qui donne envie de tout donner, de tout montrer et surtout, de prendre du plaisir et de faire aimer notre musique. La scène était devant nous et lorsque notre intro résonna dans toute la zone du festival, nous nous lançâmes à l'assaut du public.

Putain que cette première était bonne, un peu comme la bière que je suis en train de boire actuellement. On a envoyé du lourd et c'était cool car le public nous l'a bien rendu. Maintenant le deuxième tour des groupes est en train de passer, il est une heure du matin et c'est l'avant dernier groupe qui passe, je profite pour mater leur presta car ils envoient du pâté ces « Gardians of Arceus », leur jeux de scène est vachement cool. Mais alors que je commençait ma troisième bière de la soirée, mon Rush arrive en pleine catastrophe pour me voir, qu'est-ce qu'il voulait ? Quoi, l'heure de passage c'est déjà maintenant ?! Bon bah on y va alors !

Le stress monte à nouveau, me faisant trembler de toute part, pour cette soirée il y avait encore plus de monde que l'après-midi, je dirai au moins deux à trois fois plus, une dizaine de millier de personnes étaient présentes, l'Enola Rebellion Festival est maintenant à son paroxysme et c'est à nous de conclure. Je me met à genou devant mon Rush qui est toujours là avec moi, posant ma tête contre son crâne, je ferme les yeux en inspirant un bon coup. La musique de l'avant dernier groupe s'arrête, le publics est en furie à crier leur nom, ils quittent la scène et se dirige vers les backstages, là où on se trouve actuellement. Je me relève et je fais face à leur chanteur qui m'adresse un sourire des plus chaleureux, lui attrapant la main et l’amenant vers moi afin qu'il me claque un coup de main dans le dos, « Explosez tout maintenant, c'est votre heure de gloire. », qu'il me disait, et il a raison.

« Est-ce que Zazambes est chaud ce soir ? Faites-moi un maximum de bordel pour le prochain groupe qui arrive, faites-moi du bruit pour les Mawile's Fangs ! »

L'annonceur venait de parler, ça y est plus de marche arrière possible, il faut se lancer. Je me regroupe avec mon groupe en attendant le lancement de l'intro. Un son long de chant de moine tibétain se fait entendre, et un-à-un on monte sur scène, comme pour se faire un kiff et entendre le public nous acclamer chacun son tour, commençant par le batteur qui enflamme littéralement le public à sa simple vu, il était habillé simplement d'un T-shit de couleur orange avec une marque de jus de fruit dessus, mais ce qui est le plus caractéristique sur lui c'est son bermuda et son manque total de chaussure, et oui il adore jouer à chaussette. Ensuite venait le tour de notre bassiste, une sublime brune aux cheveux noir de jais, portant une basse presque aussi grande qu'elle, c'est-à-dire dans les alentours d'un mètre soixante. Puis vient le tour des deux guitaristes, les deux bruns aux cheveux longs, vêtu de noir et d'un jean déchiré avec des chaînes pendouillant le long de leur jambe, l'un avait une guitare blanche et les cheveux bouclés attaché en queue, l'autre avait une guitare noire et portait un masque qui couvrait sa mâchoire.

Lorsque les guitares commençaient à résonner, maintenu par le rythme de la batterie insistant sur la grosse caisse, je me lance alors à l'assaut de mon micro qui était au devant du public, le public était resté pour notre musique et je ne vais pas les décevoir.

« Brothers, my brothers. Is this all that we are
Sisters, my sisters. We’ve been crushed by the fists of god »

Riff d'intro bien claquant, le headbang bien puissant, je ne pouvais m'empêcher et de venir presque m'écraser au sol sous la puissance de la batterie. Puis d'un coup tout se calme, le guitariste lance son petit pont, c'était à moi de jouer, juste ma voix allait se faire entendre.

« Welcome to the free world
Where nothing’s as it seems
Tell me, can you find a cure
When you can’t see, and you can’t feel the disease
Can you seek a higher truth
When you’re living on your knees
Where freedom grows from blood soaked soil
In the lands of hypocrisy »

Ce passage a vide a pour impact de mettre le public en haleine pour le couplet qui vient juste après, prenant une voix screamo je commence avec un couplet rap à la sauce Rage Against the Machine.

« Because if you can’t see the chains tell me what use is a key
It’s cash, blood and oil, in the age of the refugee
They’re trying to buy our minds, we ain’t selling
Bang, bang, bang, hear they’re nailing down the coffins »

Je laisse ensuite le public faire les « bang » à ma place, renforçant de plus en plus l'impact du métal, comme pour le graver dans le sol. On avait un message à faire passer, et c'est maintenant.

« Cut the strings, feel your heart start
Cut the cord
Crack this code of silence
All our lives in the hands of tyrants »

Le moment est venu, celui que tout le monde attend avec impatience et moi aussi, le refrain est là et je le chante avec puissance et assurance.

« Crushed by the fists of god. Crushed
We’ve been crushed by the fists of god »

Je répète chaque vers deux fois pour bien encrer ce message, nous ne sommes pas seul sur terre et une puissance quasi infini plane au dessus de nous, Arceus est là et il nous écrase de part sa toute puissance, il nous a réduit à l'état d'être humain et mortel. La musique s'adoucit un peu et c'est encore un passage avec une simple ligne de guitare, afin de m'entendre et de faire calmement passer le message.

« To the left I see the rats and to the right I see the snakes
In my ear they’re whispering sweet sermons of cruel hate
So do you buy the fear, or do you buy the lies
Tell me, what will set us free
Do we kneel before the crooked few
Or do we bite the fucking hand that feeds »

Tout en serrant les mains du public en contre-bas, je commence à instaurer une envie d'un retour sur une ligne de champ de rap, me relevant rapidement en prenant une grande inspiration.

« When death casts no shadow and hope carries no weight
Rise into the light and feel the shackles fade away
They fear what we know, We know how they break
Bang, bang, bang, drop the hammer of conscience »

« Cut the strings, feel your heart start
Cut the cord. Crack this code of silence. All our lives »

Le public n'en pouvait plus, je leur envoie toutes mes ondes positives et ils me le rendent avec puissance, il est temps pour un nouveau coup droit dans les intenses coup de batterie, le refrain arrive.

« Crushed by the fists of god. Crushed
We’ve been crushed by the fists of god »

Des flammes sortent du devant de la scène, pour intensifier le pont à la guitare, festival pyrotechnique on a mit le paquet pour cette soirée, je profite pour boire un coup de m'asperger le visage d'eau car les spot lumineux brûlent à un point où je pourrai même avoir un coup de soleil.

« We’re just waiting for the sky to fall
Yeah I’m just waiting
Feels like all our lives we’ve been waiting for the sky to fall
Feels like all this time we’ve been »

Il est temps de faire participer une nouvelle fois le public, je lance le premier mot et en tendant mon micro à la foule, il complètent la fin de la phrase.

« Brothers, my brothers
Is this all that we are
Sisters, my sisters
We’ve been »

Un long silence se fait entendre, et d'un coup je finis la chanson par cette dernière phrase, me fermant sur moi-même en compressant mon diaphragme.

« Crushed by the fists of god »

Et ce n'était que la première, nous lançons rapidement la deuxième et toutes les autres, avec l'immense énergie que nous envoi le public, putain que c'est bon ce moment, un peu de liberté et ce moment de partage avec le public, quoi de mieux.

Notre set terminé, je me retrouve sans voix et le festival se clôture par notre dernière musique, mais ce n'est pas fini, la soirée ne fait que de commencer pour moi, les bars exceptionnellement ne sont pas fermé de toute la soirée et ce jusqu'au petit matin, m'éclipsant du groupe j'essaye tant bien que mal de me diriger vers le bar le plus proche, me posant contre la table du bar en discutant avec les fans qui me tournaient autour.

« Chef, une bière steuplaît ! »

Et une bière vidée, une. Qu'est-ce que ça fait du bien une bonne bière après un concert aussi chaud, je me suis donné pour mon public et ça te défonce la voix à un point. Dès que j’émets un son on entend un petit son rocailleux qui suit, comme-ci on traînait ma voix dans les cailloux à chaque fois que je parlais. J'allais commencer ma deuxième bière quand je sens un regard insister sur ma personne, des regards j'en sentais constamment mais là, il est comme plus insistant, plus émerveillé, ça fait bizarre de dire ça, on dirait que j'ai des super pouvoirs ! En attendant que ma bière soit servie je jette un regard autour de moi pour voir d'où vient ce fameux regard insistant.

Ce regard venait d'un petit garçon qui se tenait à l'entrée du bar, un gamin ici ? C'est pas l'heure justement de ne plus traîner dans les rues à son âge ? M'enfin il fait ce qu'il veut, j'suis pas sa nounou. Mais il est là à me regarder, on peut distinguer même des petites étoiles dans ses yeux, il avait ce regard en me regardant ? Je me sens bizarre, je fais autant d'effet que ça après un concert ? Tous les membres de mon groupe sont partis, il est l'heure pour moi de le rejoindre mais j'ai l'impression que ce gamin veut passer du temps avec moi, alors je lui fais signe de venir me rejoindre à dans un fauteuil plus loin, commandant au barman un cola. Il a des Pokémon avec lui, sans doute pour le surveiller et le protéger s'il y a des soucis. C'est vrai qu'au fond la situation peut s'avérer bizarre, un homme invitant un gamin à boire dans un fauteuil, on est là pour discuter, hein !

« Salut mon p'tit, ça va bien ? Qu'est-ce tu fais là tout seul ici ? T'étais au concert? »

Je lui donne son verre de cola en le posant sur la table basse en face de lui. M'installant dans le fauteuil en étendant mes bras le long du dossier, tout en restant à une certaine distance de l'enfant. Peu de temps après, si ce n'est même au moment où je lui ai donné son verre, voilà une femme débarquant en trombe dans le bar, elle n'est pas là pour boire mais plutôt pour chercher quelqu'un en particulier, je remarque rapidement que ce quelqu'un c'est le garçon à côté de moi, qui tourna la tête vers cette personne aux cheveux bleues, finalement le gamin n'était pas tout seul, il avait simplement faussé compagnie à cette demoiselle.

« Quitte à vouloir faire ton fanboy, préviens-moi au lieu de me donner des attaques. »

Fan boy hein ? C'est donc pour ça qu'il avait ses petites étoiles dans le regard, mais à part ça je remarque que cette magnifique demoiselle n'est pas du tout à l'aise avec le fait que ce p'tit se soit échappé de sa vigilance, et ça se comprend, il doit être sous sa responsabilité et ça lui fout mal.

« Dites, désolé de vous déranger mais le petit a un peu décidé avant moi, visiblement il a bien aimé le show... J'me trompe pas, c'était bien vous tout à l'heure ? »

M-mais je rêve pas, elle me vouvoie là ? J'ai l'air si vieux que ça ? Je suis jeune putain, en plus rien qu'à la voir elle doit avoir à peine le même âge que moi, je crois. Donc pour le jeune homme, il a aimé mon live, c'est cool que ça plaise. Et je dissipe rapidement les interrogations sur ma personne en répondant à sa question.

« Ouaip c'était moi ! Je m'appelle Herbert et j'fais parti des Mawile's Fangs. Enchanté ! »

D'ailleurs j'ai eu un moment de blanc en voyant le verre de cola et le garçon assit à côté de moi et en passant rapidement ma main sur le visage je lui répond alors, l'air quelque peu embarrassé.

« Euuuh au fait j'me suis permis de lui offrir un cola, ça dérange pas ? »

« C'est la première fois, ou... ? Ça avait pas l'air, en tous cas. »

Et non bien sûr que non, avec le groupe on s’est vachement fait connaître auparavant grâce à nos compositions, nos covers et surtout grâce au bouche-à-oreille et les réseaux sociaux. La scène en fait, ça va faire presque une dizaine d’année que j’en fait et l’excitation de se montrer au public est toujours de plus en plus intense au fur-et-à-mesure que j’acquis de l’expérience dans le milieu.

« Ooh non non, ce n’est pas la première fois que je monte sur scène, et heureusement, t’imagine le stress de monter pour la première fois face à tout ce public ? »

Ouais faut dire qu’un bon gros millier de personnes ça impressionne quand même. Enfin j’suis pas là pour me vanter, on a bien joué, on a donné tout ce qu’on avait, on a fait plaisir au public, c’est ce qu’il faut.

« D’ailleurs il me semble t’avoir vu quelque part… »

Tout en haussant un sourcil et approchant mon visage un peu plus près de celui de Winter, je me mets une grosse claque intérieure et reconnaissant le visage, putain Herby bien joué t’as pas reconnu Grima, la championne de Vanawi ? Mec, elle passe presque toutes les semaines à la télé quand ils présentent les champions de l’île, bien joué la reconnaissance faciale, tu vas passer pour quoi hein ?

Puis je sens une odeur de brûlé, mais pas comme un cocktail flambé raté, non, plutôt comme de l’alcool qui prend feu, et c’est ce qu’il se passe actuellement au bar, le garçon s’était échappé de la vigilance de sa tutrice pour aller au bar et poser son pote le Salamèche sur le bar, sauf que les deux sont jeunes, et les jeunes Salamèches n’ont pas encore le réflexe de garder leur queue constamment levée, et donc celle-ci traîne sur le bar, et bien sûr les poivrots ont renversé plus d’une dose d’alcool fort sur le bois, alcool qui s’enflamme quasi instantanément.

« Euuh, j’ai comme un mauvais pressentiment là… »

Et les personnes autour du bar se jettent dans tous les sens, s’enfuyant des flammes qui naissaient sur le bois, le barman lui est piégé derrière son meuble, allant courir dans sa réserve en panique pour chercher je-ne-sais-quoi, de quoi éteindre le feu peut-être. Mais bon je n’attends pas trop de regarder que quelqu’un fasse quoique ce soit, c’est le moment d’agir. J’ai l’habitude de traîner dans ce bar, et je sais où se trouve l’extincteur, mais avant ça faut dégager le Salamèche de la table avant qu’il ne fasse pire que mieux.

« Vous deux vous retournez avec votre maman, et sans traîner. »

Dis-je en attrapant le garçon d’un bras et la flamme vivante de l’autre, mais d’ailleurs dans la panique j’ai dû mal attraper le Pokémon puisqu’il a lâché un petit râle de douleur lorsque je l’ai empoigné à la taille, et… c’est chaud ces flammes ! En le tenant sous mon bras, mon triceps est directement exposé à sa flamme, et qu’Arceus m’en soit témoin, ça chauffe cette chose. Je contiens donc ma douleur en grimaçant et en serrant les dents. Posant alors les deux par terre proche de la bleutée, je me lance à l’assaut de l’extincteur à l’entrée pour dégager les flammes du bar. Feu éteint grâce à l’intervention du barman et de moi-même, la panique s’envole petit-à-petit alors que la douleur sous mon bras elle s’amplifie et pour faire échapper un peu de douleur, les jurons vont de bon train, attention les oreilles des enfants…

« Oh putain de sa mère la mangeuse d’Insolourdo ça nique ça ! »

C’est pas bien de faire ça mais je frotte frénétiquement mon bras pour faire s’enfuir la douleur, mais sans succès, cette brûlure va rester marquée un moment, et détruire mon tatouage à cet endroit, fuck.

Et un gamin qui pleure, j’ai pas demandé ça moi ! C’est qu’une brûlure ça va pas me tuer ça mon p’tit, t’inquiète pas, en plus c’est un bébé Salamèche qui m’a cramé le bras, c’est pas super intense ces flammes à cet âge. Face à sa réaction je passe juste ma main dans ses cheveux pour l’ébouriffer gentiment en lui souriant, suivit d’un clin d’œil.

« Roh, t’inquiète pas garçon, c’est des choses qui arrive ! »

Bon c’est pas que ça pique quand même cette brûlure mais quand même ! Je pars rapidement en direction des toilettes pour me passer un coup d’eau froide dessus, pendant un bon cinq minutes, tout en m’excusant de l’absence que je venais d’engendrer. J’essuie donc mon bras avec du papier et je me redirige vers le petit groupe. Le barman semblait avoir oublié ce qu’il venait de se passer, servant à nouveaux des verres aux clients, comme quoi il avait l’habitude de ce genre d’incident, faudrait pas perdre du chiffre, hein ?

« Je passerai un coup de crème quand je serai rentré, faudrait pas gâcher une soirée pour une petit brûlure ! »

Je m’installe tranquillement sur un banc, face au garçon, en lui lançant des regards comme pour dire « Ce n’est pas grave, j’ai déjà oublié ! », finissant tranquillement mon verre de bière et, comme pour changer subitement de conversation, je m’adresse à la championne.

« Et sinon de ton côté la scène, c’est pas trop difficile ? Comment tu te sens face au public ? »

La scène en tant que chanteur et en tant que coordinateur ça ne doit pas être la même chose, enfin je trouve que c’est un bon sujet de conversation pour oublier le petit incident qui vient de se passer.

« J'sais pas si c'est pareil, avec la musique, mais en performance, l'avis du public m'est un peu égal. Si ils apprécient, c'est un plus, c'est tout. »

Euh, elle est sérieuse à dire cela ? Elle est un des visages du pays, un symbole parmi d’autres et elle s’en moque ? Pourquoi être championne si ce n’est qu’elle s’en fou royalement de se montrer au public. Je boue intérieurement et je crois que ça se voit en extérieur, plus elle parlait qu’elle s’en fichait du regard du public, plus me visage se crispait d’une attitude à la fois énervée et blasée.

« Damn ! Mais tu te rends compte de ce que tu dis ?! T’es en train de me dire que tu te fiches royalement des sentiments de ton public ? M-mais, il faut se donner pour eux ! Sans quoi tu n’es rien sans quelqu’un qui te suis ! »

En même temps, être coordinatrice permet de faire du spectacle, de donner aux autres, de montrer ce dont on est capable, c’est de la scène quoi ! Maintenant je ne sais même plus quoi penser, la vache la claque que je viens de me prendre dans la tronche.

« Pour moi sans ton public tu peux pas être grand-chose, dis-toi que c’est eux qui te font vivre, c’est grâce à eux qu’on parle de toi ! Comment tu peux dire des choses pareilles ?! »

Bon Herbert, va penser à se calmer hein, apprend déjà à savoir pourquoi elle se désintéresse du public au lieu de l’engueuler comme un vulgaire enfant, elle sait ce qu’elle fait et elle a ses raisons que t’ignores, donc tu te poses et tu souffles. Et c’est ce que je fais, en passant la main sur mon visage, je bois juste après une gorgée de bière et souffle comme pour m’apaiser.

« Donc au final tu ignores ton public, pourquoi ? T’as des raisons pour faire cela ? »

« Peu importe à quel point tu es un bon dresseur ou un bon coordinateur ici, tu seras vite oublié et remplacé dès lors que quelqu'un de plus doué arrivera. Si tu t'accroches à cette gloire, tu vas juste chuter de très haut lorsque ce sera fini. »

Avoue que là Herbert, elle t'a bien démontré que la célébrité est éphémère, y'a plein de petits groupes qui montent en puissance, t'en faisais parti il y a quelques années de cela, et bientôt tu sombreras dans l'oubli, il ne te restera que tes CDs qui resteront, en croisant les doigts pour qu'ils soient encore achetés. Bon j'avoue que cette gloire je m'y accroche beaucoup, c'est grâce au public que je vis, et à mon métier qui est quand même là si jamais tout cela ne marcherai plus, je viens de me prendre une sacrée claque au visage de la part de Winter, et elle avait raison, quel puéril gamin je viens de faire là…

« Personnellement, je me fiche de ça. Je fais ce que je fais car j'aime ça, pas pour satisfaire un public. Si ce n'était pas le cas, je ne serais pas capable de faire ce que je fais correctement. Ça serait factice. »

Et c'est avec ses mots que je réalise qu'au fond j'ai oublié la chose la plus importante dans nos deux métiers : pour continuer de faire ce qu'on fait, c'est la passion qui anime et qui nous donne envie de continuer, pas la célébrité, bon Arceus que j'ai été stupide, et l'air énervé sur mon visage laisse court à un visage d'excuse, comme si je regrettais ce que j'avais dis auparavant, j'espère qu'elle ne s'est pas vexée à cause de mon énervement.

« Qu'ils aiment, c'est un plus. Et si ils aiment ce que je fais pour moi-même, je ne vais pas changer ma façon de faire, non ? »

«  Tu as tout à fait raison, et d'ailleurs je m'excuse de m'être un peu emporté, ce n'était pas mon intention, j'ai tendance à avoir le sang chaud, j'en suis désolé. »

Dis-je en souriant et me grattant nerveusement l'arrière du crâne.

« C'est peut-être grâce à eux qu'on parle de moi, mais je préfère rester dans l'anonymat que de devenir un clown qu'on agite pour faire plaisir. Ça ne veut pas dire que je les méprise, juste que je refuse d'aller contre mon intégrité et celle de mes pokémon : ce que mes compagnons veulent passe avant l'argent et la gloire. Tant mieux pour eux si ils apprécient, mais je ne vais pas vivre pour eux non plus. »

« Oh-oh tu as bien raison ma chère, toute cette popularité m'avait trop monté à la tête, c'est qu'en sortant de scène je me sentais comme un Dieu, adulé par la foule, mais tu as bien fais de me dire ça, ça m'a fait redescendre sur terre. Merci. »

Il est vrai qu'à mes tout débuts de musicien, je jouais simplement pour les plaisir avec mes amis dans un garage, on s’éclatait à inventer nos propres morceaux, revisiter des titres à notre sauce, c'était le bon temps. Et puis un jour des personnes nous ont entendu jouer, ils ont aimé, on a continuer de jouer mais cette fois-ci dans des bars, puis sur des scènes, et la popularité a commencé à naître…

Wouaaah, cette remise en question m'a foutu le cafard, léger certes, mais il était là, il se fait soif, il faut que je bois un autre verre.

« Chef ! Une autre pression steup' ! »

Flûte qu’elle est sèche dans ses réponses, moi qui souhaite faire la conversation, discuter de tout et de rien, prendre en compte les avis des autres, déblatérer sur presque tous les sujets, et là rien du tout, elle a beaucoup parlé mais apparemment ce n’est pas dans son habitude. Une autre pinte dans le gosier la femme me posa une question des plus intrigantes :

« Dis-moi, si tu veux, j'peux te montrer ce que je voulais dire. Tu crois qu'on trouverait de la place pour un combat rapide ? »

U-un combat ? Wow, une championne de coordination qui me propose un combat, c’est… pas commun, surtout pour le simple homme que je suis, je ne suis pas un compétiteur loin de là, mais la voilà qu’elle me propose de faire ça, et maintenant en plus. Je suis comme parcouru par un immense frisson d’envie et d’euphorie, un combat ? Bien évidemment, Herbert n’a jamais refusé une demande.

« Alors… Je crois que cette zone est encore sous l’euphorie du festival, on trouvera rien dans les alentours, faudra trouver un coin plus loin, là où on trouve ni bar, ni scène. Il y a bien un endroit à la plage où personne ne va, il s’y trouve une place en béton et à ma connaissance c’est vide là-bas. »

Mais ça fait une trotte jusqu’à là-bas, faudrait partir maintenant pour y arriver à temps, y’en a pour une petite heure de marche, si on se presse, j’ai bien ma moto moi, mais elle ?

Si ce n’est pas un truc qu’elle vient de me proposer, une virée dans les airs, à dos de Bruyverne en plus de ça ! Génial ! Moi qui adore la vitesse, et là ça se passera dans les airs, excité comme une puce je m’adresse à la douce bleue.

« Ooooh, mais c’en est une bonne idée que ça ! Je n’ai jamais peur ! En selle ! »

Sans plus attendre je me recoiffe tranquillement le temps qu’elle invoque son Pokémon, d’ailleurs le petit était tout aussi impatient que moi à l’idée de monter à dos de Pokémon. Un combat de coordination avec une championne, si ça ce n’est pas de la chance que j’ai, juste après ce qui est le plus gros concert de ma vie, j’espère que cette soirée gardera d’autres surprises, j’ai hâte !

« Par contre vas-y à fond lors de notre combat, je veux voir le plein potentiel d’une championne autre qu’à la télé, ce n’est pas tous les jours que tu vas pouvoir ratatiner une star telle que moi ! »

Herbert… tu recommences avec ton air modeste. T’as déjà eu une conversation avec elle au sujet de la popularité, j’espère qu’elle aura pris mes paroles avec humour, je n’aimerai pas qu’elle se monte et annule tout, m’enfin bref, on va mettre cela sur le dos de l’alcool. Et donc suite à cela je m’éclipse un moment dans le bar pour revenir quelques minutes après avec deux shooters de vodka, en tendant un à la jeune femme.

« Tchin ? »