Me voilà de retour. Après de long mois à parcourir l’île d’Enola en long en large et en travers, je suis enfin chez moi. Dans ma propre maison. Me voici en possession des cinq badges qui me permettent maintenant d’aller à la ligue et de pouvoir combattre les conseillers puis la maîtresse de l’île si j’arrive jusque là. Je me sens…différente. Peut-être plus forte. Après tout ce qu’il s’est passé durant ces derniers mois, je pense que je peux me le permettre. Je sais que le championnat n’est pas terminé mais je n’arrive pas à penser à tout ce qu’ils s’est passé jusqu’à présent. Ces rencontres, ces blessures, ces pertes, ces pleurs et ces haines. Tout ce que j’ai pu ressentir dans cette aventure fut beaucoup plus qu’intense. Je sais que je ne vais jamais revivre ça et, d’une certaine manière, j’aimerai jamais revivre certains passages mais je sais que tout ça va me manquer. Cette adrénaline, cette joie d’être bien entourée même dans les mauvais moment (surtout face à Bastien ou Amalia) et surtout, toute cette dose de défi qui m’est venu violemment en pleine tête. J’ai vécu des choses tristes ou même horrible mais d’un autre côté, je peux dire que ça m’a changé. J’étais déjà quelqu’un de méfiant comme aujourd’hui mais je baissais souvent les armes. Maintenant, me voici à toujours vouloir agir en guerrière comme si un seul instant je le pouvais.
-Evoli ?Marie me regarde d’un air suspicieux. Elle se demande pourquoi je reste devant la porte d’entrée, clefs à la main calé dans la serrure. En sortant d’ici, je n’étais qu’une fille apeurée par son passé. Je reviens en une fille qui, certes n’en a pas terminée, mais qui sait maintenant tout ce qu’elle va pouvoir faire pour y remédier. Ce que je veux faire après la ligue parait insensé voire même impossible. Pourtant, je suis sûre de moi. Je veux tuer Bastien de mes propres mains. Ma vengeance est muette depuis plusieurs semaines mais elle reste là. Et je ne me sentirai jamais bien si elle est encore là. Je sais que l’impression d’avoir changé me donne une vision d’une jeune fille qui tourne la page de ce qui s’est passé. Mais je veux tout simplement pouvoir regarder les yeux de cet homme lorsqu’il mourra comme j’ai vu ceux ma mère à sa mort. Et même si cette folle d’Amalia veut sauver son père, je sais que Coralie est à mes côtés. Même si je ne sais toujours pas qui elle est.
-Reposons-nous quelques jours ici.Je tourne la clef d’un geste long et imprécis. La porte se débloque et je l’ouvre tout doucement. Rien n’a changé ici. Ma voisine qui m’a aidé pendant plusieurs années a fait le ménage en son absence et je l’en remercierai. Le carrelage resplendi même toute sa blancheur qu’elle n’a jamais eu. Un léger sourire se laisse paraitre sur mon visage. Oui, je suis heureuse d’être de retour. Je ferme la porte et poses les clefs sur le petit socle prévu à cet effet. Je poses mon sac à dos sur la table de la cuisine et prend une boisson dans le frigo. Je ne sais pas de quand elle date mais j’ai trop soif pour être difficile à ce point. Il faudra que je fasse les courses d’ici demain si je ne veux pas crever de faim. Et grâce à l’argent obtenu dans les arènes, je pourrais survivre encore quelques temps. Je bois quelques gorgées avant de me rendre compte de la pile de lettres reçus sur la table basse de mon salon. Je m’y approche et commence à trier le contenu. Encore des pubs pour entrer dans le régime, de la propagande pour arrêter les résistants et des journaux parlants de la compétition et des premiers combats qui ont commencé dans le stadium de Nuva Eja. Une lettre d’un ami que je n’ais pas vu depuis longtemps puis d’autres sans nom. Je prends une d’entre elles et coupe le bout pour faire sortir le contenu. Un papier blanc à carreaux sûrement déchirés d’un cahier d’école dans lequel est inscrit : « Tu en sais moins que tu ne le penses ». Signé d’un B à l’encore rouge. Je déchire la lettre ainsi que toutes les autres sans même voir les messages pour y foutre à la poubelle. Je viens de revenir et voilà que l’autre en remet une couche. Il devra se montrer patient. J’ai écrit un plan de A à Z. Encore un long mois voire deux avant qu’un face à face ne revienne entre le salopard et moi.
-Marie, peux-tu faire sortir tous le reste de la famille de leur pokéball s’il te plait ?Mon Evoli ne se fait pas prier et commence à faire rouler une à une les pokéballs ou rapide balls qui ornent mon sac à dos. Lewis, Alice, Dièse, Bonnie, Rêve, Elvis et Clyde apparaissent tour à tout dans le salon. Vient ensuite Hendrix, Malik et Blanche qui se dirigent vers le jardin. Trésor et Océan resteront dans leur pokéball dans que je n’aurais pas construit d’aquarium assez grand pour comporter ces énormes bêtes. Eux aussi, ils ont changés. Tous mes pokémons prennent congés dans la maison. Vu le nombre qu’ils sont maintenant, je n’ais plus trop besoins de garder un œil omniprésent sur eux comme je le faisais auparavant. Et puis, vu la puissance de certains d’entre eux, je sais qu’en cas de besoins ils sauront s’y faire. J’ai besoins d’un peu de repos. Un bon bain me ferait du bien. Enfaite, je crois que c’est la seule chose que j’ai gardée de l’ancienne Aria qui a quitté ces lieux. Celle-ci est sûrement morte pendant les songes désastreux que je vivais à Anula en compagnie de cette chère Amalia. La nouvelle Aria est enfin présente parmi nous. Ouvrons le champagnes.
***
J’ouvre les yeux difficilement. Voilà que maintenant je me réveille dans la baignoire dans laquelle je suis depuis maintenant deux heures. Je prends le temps de revenir à moi avant de me rendre compte que Malik est couché dans l’ouverture de la porte entre la salle de bain et le couloir qui mène jusqu’à celle-ci. Il semble dormir à point fermé. Il a voulu veiller sur moi pendant que je dormais, c’est si mignon. Mais voilà qu’il dort lui aussi. Le combat contre le champion d’Anula fut très éprouvants pour lui. Il s’en remettra, c’est sûr.
-Tu en mets du temps.Je sursaute dans l’eau chaude qui se met à déborder sur tous les côtés pour diriger mon regard sur ma droite. Un homme encapuchonné se tient juste à côté du lavabo. Très imposant, il semble aussi mystérieux que Coralie car je peux à peine percevoir son visage. Je replis mes jambes sur moi-même et cache ma poitrine à l’aide mes bras.
-Oh, ne t’inquiète pas. Je ne te veux aucun mal. Il se dirige vers moi mais je ne sais pas quoi faire. Pourquoi mes pokémons ne viennent-ils pas ? Je regarde encore une fois mon Némélios et remarque une fléchette sur son dos. Et merde, ils ont été endormis ? Je regarde encore l’homme puis me décidé enfin de me relever pour me défendre jusqu’à ce qu’ils reçoivent plusieurs coups sur sa nuque. Alice est là, tabassant le nouvel inconnu avec sa main située sur sa queue. Je fronce les sourcils car je ne reconnais pas cette attaque. C’est lorsque le mec tombe raide KO sur le sol que je comprends enfin.
-Alice…Le corps de ma Capumain se met à briller de milles feux puis à grandir en taille. Sa queue se divise en deux et laisse paraitre deux mains encore plus énormes que celle qu’elle avait dans son ancienne forme. Deux poils jaillissent sur sa tête. Elle est devenue plus forte, elle a évoluée. C’est maintenant une Capidextre qui fait face à moi.
-Je suis désolée, je suis confuse. Que c’est-il vraiment passé ?Elle retourne la tête de la personne toujours évanoui sur le sol. C’est un jeune homme bronzé que je n’ais jamais vu. Il a un nez fin et une barbe châtain. Ses cheveux sont attachés mais j’imagine la place qu’ils doivent prendre autour de sa tête. Je sors de suite de la baignoire pour courir vers ma chambre et prendre une longue corde. Je retourne vers le corps inanimé pour attacher les jambes et les poignets. Je fouille les poches et récupèrent deux pokéballs que j’éloigne de leur possesseur. Je ne comprends absolument rien à ce qui s’est passé. Qui est cet homme ? Pourquoi vient-il m’interrompre dans mon repos avant la ligue ? Encore des questions qui s’ajoutent aux anciennes. Encore des incertitudes qui s’empilent une à une dans ma tête. Je crois que ma vie n’est faite que pour rencontrer de parfaits inconnus qui finissent par dévoiler être des psychopathes qui veulent ma peau. J’espère que celui-là n’est pas de ce camp là. Sinon je le tuerai direct. Je n’ais pas peur. Je prends une serviette et l’enroule autour de mon corps avant de repartit vers l’étage du bas. Je récupère un couteau de ma cuisine puis fais le tour du propriétaire. Tous mes pokémons dorment à point fermés sur le sol. J’en conclus donc que seule Alice a échappé aux fléchettes.
-Je vais dans le bureau de ma mère, appelle moi s’il se réveille.Ma Capidextre répond brièvement. Je rentre dans la pièce mystérieuse qui me faisait mourir de curiosité auparavant pour allumer l’ordinateur. J’ouvres plusieurs fichiers sans trouver quoi que ce soit puis tombe sur une merveille. Une photo de ma mère lors de la résistance accompagné de ses collègues. Elle est au milieu à moitié assise sur une table. Elle sourit. A sa gauche se trouve une Amalia plus jeune et en bonne santé mentale et à sa droite un homme aux cheveux courts qui ressemblent comme deux goûtes d’eaux (avec quelques années en moins) à l’homme gisant dans ma salle de bain. Je soupire un long moment puis m’exclame sans me retenir :
-Pitié Maman, pourquoi faut-il toujours que je découvre tes secrets aux mauvais moments ? Dans une semaine, je dois combattre contre l’une des conseillères de la ligue. Si jamais je gagne le premier match, je devrai rester quelques jours de plus puis une autre si j’arrive jusqu’au combat finale. Je devrais laisser un inconnu prisonnier chez moi pendant tout ce temps. Je réfléchis une seconde. Je devrais constituer une équipe de six pokémons. C'est-à-dire que sept d’entre eux resteront ici. Bon, je l’enfermerai dans la cave. C’est la seule solution.