« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Shaded Truths [OS]

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Winter L. Kenway
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Winter L. Kenway
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Grima
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Nimue
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MessageSujet: Shaded Truths [OS]   Shaded Truths [OS] EmptyLun 28 Mar 2016 - 3:22



Shaded Truths

Éclosion de Cassiopée

Ce n'est pas la première fois que Winter se trouve à devoir gérer une situation complexe lors d'un échange d'informations. En tant qu'informatrice, et même maintenant qu'elle a une clientèle suffisamment vaste et fiable pour avoir bien moins à craindre qu'il y a quelques années, elle va forcément aux devants de risques inévitables. Elle ne s'en formalise pas trop, ayant mis en place une sorte de système de sécurité qui assure qu'elle puisse s'en sortir à chaque fois. Mais elle ne peut tout de même s'empêcher d'être agacée et blasée lorsqu'elle voit un contact un peu trop belliqueux sortir un couteau ou s'apprêter à dégainer une armée à feu. Elle est très loin, l'époque où elle sentait son cœur rater un battement dès que la menace se présentait à ses yeux. En fait, maintenant qu'elle y pense, sûrement était-ce le fait d'une bien trop grande naïveté, une sorte d'inexpérience qui maintenant qu'elle avait disparu, la faisait ricaner et rire à grands éclats devant les absurdités dont elle pouvait témoigner. Au final, tout était devenu si drôle et si ridicule que plus rien ne pouvait la faire sortir de ses gonds, et rares, très rares étaient les choses qui la désarçonnaient suffisamment pour lui faire vraiment peur.
Considérant la femme qui la menace l'arme qu'elle tenait dans sa main sans oser la lever, les mains tremblantes, le visage livide et les yeux écarquillés par l'effroi, Nimue n'affiche rien en apparence. Critique, son regard rouge s'est porté sur la silhouette obscure dans l'ombre du dos de celle-ci, cherchant à décortiquer le moindre de ses mouvements avant qu'il ne soit réalisé. Ce n'est pas vraiment la peur palpable de la victime du jour qui l'intéresse.

« Baisse cette arme, Noctis. »

Le casqué ne lui répond pas. Prévisible. Les doigts serrés sans trop l'être sur la crosse, l'embout de son arme pointé sur la tempe de sa cible, l'index caressant presque la sécurité qu'il semble prêt à retirer à tout moment, il apparaît comme perdu dans sa propre réflexion. Sa respiration est lente, tranquille, mais ses épaules sont serrées, ses jambes fixes et presque contractées. Depuis plusieurs secondes, il est comme immobile, et Nimue serait incapable de dire si c'est purement volontaire ou non, mais la terreur que l'informatrice voit dans les yeux de la pauvre imprudente est bien réelle. Il ne baisse pas sa main contrairement à ce qu'elle lui a demandé. Pour tout dire, la jeune femme à la perruque blanche est presque sûre qu'il s'est rapproché, rien que pour le plaisir purement sadique d'épouvanter encore un peu plus celle qu'il tient en joue.
Ne le connaissant que trop bien, elle sait qu'il s'amuse. Qu'il joue avec sa proie, qu'il jubile de la voir ainsi à deux doigts de s'effondrer pour pleurer, seulement retenue par la crainte qu'il n'actionne la détente. Cela fait partie de ses mises en scènes et de ses techniques de manipulation habituelles, telles qu'il en fait si souvent usage. Tout chez lui est après tout destiné à cela. Il est après tout passé maître dans l'art de jouer avec les peurs et les impressions. À quel point ce casque, en plus d'être la défense parfaite quant au monde extérieur, était-il l'expression même de son désir de jouer avec les craintes les plus primaires ? Parfois, Nimue se le demandait, quand elle le voyait simuler et fausser tout ce qu'il pouvait pour parvenir à ses fins. C'est un menteur né, un acteur qui joue des rôles pour mieux guider le public. Et elle y est habituée, connaissant chacune de ses méthodes par cœur. Les opposés s'attirent, dira-t-on. Il faut bien une hypocrite pour aimer un menteur.
Mais il n'y a rien du voleur méthodique, manipulateur et rusé qu'il est en temps normal. Il n'impose pas non plus cette légèreté factice qu'il aime à mettre en place, plus absorbé dans sa tâche actuelle. Elle peut presque voir les rouages cliquer lentement dans son cerveau, les moments où il est à deux  doigts d'agir et ceux où sa colère reprend le dessus. Elle a très bien compris ce qui le motive, pourtant, et ça n'a rien de bien glorieux. Mais qui, hormis un imbécile, pourrait qualifier une quelconque justification de meurtre de 'glorieuse' ?

« Elle a tenté de te faire mal. »

Sa voix, froide et venimeuse, a faibli durant même un instant. Une seule petite seconde d'hésitation durant laquelle son ton s'est apaisé ne serait-ce qu'un peu, et que Nimue a remarqué. Les yeux plissés, la mâchoire contractée dans un agacement clair, elle se force pourtant à rester calme. Elle sait bien que perdre le contrôle de la situation, le laisser comme seule figure calme serait lui laisser le champ libre.

« Je te remercie de m'avoir secouru, moi, demoiselle en détresse, noble mâle alpha. Maintenant auriez-vous la décence de réfléchir juste deux secondes et de poser ça ? L'odeur d'urine est insupportable. Tu as eu ce que tu voulais. »

C'est métaphorique, évidemment, mais l'informatrice va finir par y croire, vu les tremblements qui agitent la cible de Noctis. Le résistant, à l'entente de ces propos, se décontracte un tout petit peu, comme si par miracle un tant soit peu de logique avait pu se faire entendre et à traverser l'épaisse couche casquée qui le sépare du reste du monde.

« Je vais me répéter. Baisse-la. »

Pendant un moment, elle croit qu'il va appuyer. Ce ne serait pas impossible. Mais pourtant il le fait, lentement mais sûrement, ramenant son arme à sa taille. Quelques secondes plus tard, il saisit le poignet de celle qu'il visait et le tord sans hésitation pour la désarmer. Nimue grimace en entendant le cri de douleur et le craquement répugnant des os, et s'apprête à intervenir lorsqu'elle le voit donner un coup de genou en plein abdomen. Mais il s'arrête, ne profite pas de la position recroquevillée de sa victime pour frapper une nouvelle fois. Ce n'est pas la première fois qu'elle le voit faire preuve de pitié : il a toujours eu tendance à se refréner quand il n'est pas seul, soit parce qu'il ne souhaite pas entendre de jérémiades, être arrêté ou simplement par souci de conserver son image. Néanmoins, elle qui sait ce qui anime sa brutalité sait que cela ne s'est joué qu'à un fil. Oh, qu'il aurait été fier, le gamin. Laisser la vie sauve à une ordure qu'en temps normal elle aurait pris plaisir à maltraiter au moins un peu, ne serait-ce que par une balle qu'elle aurait logé dans une jambe.

« Dégage. »

L'ordre est suivi à la lettre par la blessée qui se relève, tente de courir, trébuche, mais quitte la pièce avec précipitation sans demander son reste. Le casqué la suit du regard, la main serrée et crispée autour de son arme, comme si il résistait à chaque seconde à l'intense envie de changer de décision. Mais il ne le fait pas, conscient du lourd regard rouge posé sur lui et du silence tendu qui s'est installé. Il ne brise pas la silence, incapable de deviner si ou non cette décision aggraverait la situation.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

Si Noctis était précautionneux avant, la question eut le don de lui faire retourner son ton acide vers l'informatrice.

« À ton avis ? »

Nimue soupire lourdement, l'air lasse. Elle se retourna pour enlever lentement la perruque de longs cheveux blancs sur sa tête, et la poser sur la table basse de la petite salle. Sans rien dire, elle sortit une clé de sa poche qu'elle utilisa pour déverrouiller un tiroir solidement fermé. De là, elle tira une large quantité de papiers qu'elle laissa tomber sur la table, sans trop y faire attention.

« Tu es en retard. Si j'avais trouvé quelque chose, je t'aurais prévenu. »

Le résistant vient saisir quelques unes des feuilles pour les étudier, et fronce les sourcils sur son casque, confus quant à l'utilité de tous ces mots et de tous ces détails.

« J'ai tenté de lister, depuis le jour de sa disparition, tous les conflits qui ont éclaté, au cas où il aurait pu être pris dans ceux-ci. C'est impossible de lister tout, mais... »

Winter ne conclut pas sa phrase et grogne de frustration, agacée.

« Impossible de trouver quoi que ce soit. J'ai eu beau chercher, chercher et chercher mais... Rien. »

Noctis n'amorça pas un seul geste en direction de l'informatrice. Tout juste paraissait-il avoir compris ce qu'il avait entendu, immobile depuis plusieurs minutes déjà, comme perdu dans ses propres pensées. Puis, finalement, il finit par prendre la parole, la voix déconnectée et étrangement calme malgré la tension qui le parcourait.

« Tu peux me trouver tout ce que tu peux sur Nero ? »

La jeune femme aux cheveux bleus haussa les sourcils, surprise de la requête qu'elle entendait.

« Nero ? On parle bien de l'assassin ? »

Le résistant hocha de la tête.

« En prison depuis un mois. J'aimerais que tu me trouves tout ce que tu peux me trouver sur ça. Le lieu exact, si possible la sécurité autour... N'importe quelle info qui pourrait me permettre de le tirer de là. »

Winter écarquilla les yeux.

« Attends, tu es sérieux ?! Tu veux t'introduire dans une prison du régime ? Mais tu as perdu la tête ! »

C'est la première fois depuis longtemps que la championne perd son calme devant lui. Les yeux écarquillés, le visage marqué par la surprise et une petite part de peur, elle cherche à se rassurer sur ce qu'elle croit comprendre. Néanmoins, elle ne se fait pas d'illusions naïves.

« Peut-être. Tu peux faire ça, oui ou non ? »

La voix de Noctis balaie entièrement les inquiétudes de son interlocutrice. Il n'est pas d'humeur à s'inquiéter de ce qu'elle pense de ses projets, vu qu'il n'écoutera de toute façon pas. Sa décision est déjà prise, et il ne peut rien envisager d'autre. L'idée même d'abandonner le révulse et il ne reste calme que grâce à la connaissance qu'il va tenter de changer les choses. Il a conscience qu'il joue avec le feu, vu la manière qu'elle a de serrer les poings, retenant sûrement de peu l'envie d'exploser.

« Première fois que tu viens me voir en près d'un an, mais je n'aurais pas vraiment dû m'attendre à autre chose que de te voir ramper à mes pieds quand cela t'arrange, n'est-ce pas ? »

Noctis contracta sa mâchoire.

« Ce n'est pas le sujet. »

Winter poussa un soupir exaspéré, un rictus sardonique et mauvais aux lèvres.

« Tu parles, c'est jamais le sujet. »

Le résistant resta muet, comme frappé et incapable de répliquer face à une remarque pleinement justifiée, une attaque qu'il ne pouvait tout simplement pas balayer d'un revers. Jubilant presque du silence honteux et du malaise qu'elle provoqué chez lui, l'informatrice leva les yeux au ciel.

« J'essayerai. »

Ce n'est pas une promesse, Noctis en a conscience, mais c'est tout ce qu'il obtiendra d'elle sur ce sujet ce soir. Elle ne lui assurera jamais de lui donner quelque chose qui le mettrait en danger, mais elle n'avouerait en même temps jamais le contraire. C'est déjà plus que tout ce qu'il espérait : il ne se serait pas rendu chez elle si il n'était pas désespéré. Nimue, si elle était une informatrice au réseau largement étendu et aux méthodes plus qu'efficaces, restait une personne qu'il n'aimait pas vraiment fréquenter tant ce qu'elle réveillait en lui rouvrait de vieilles plaies encore ensanglantées.

« Si tu trouves quelque chose, pour le gamin... »

Noctis releva le regard, confus, et fixa Winter sans rien dire. La championne, dont le regard était devenu bien trop neutre et inexpressif pour que le voleur ne sache pas que cela cachait forcément quelque chose, semblait d'un seul coup bien plus calme.

« Préviens-moi. »

Elle se cache. Encore, comme elle le fait à chaque fois qu'elle se sent pencher vers une décision qui l'impliquerait ou mettrait en danger sa sacro-sainte paix. Un sourire sardonique sous son casque et retenant de toutes ses forces l'envie de commenter sarcastiquement ce foutu air hautain qu'elle aimait bien se donner, il hocha de la tête. Il n'a pas l'envie de mettre sur  la table des sujets de conversation qu'il sait de toute façon stériles et interminables.

« Ce que tu veux savoir, pour Nero... »

Noctis s'est tendu, et s’apprête à répliquer quoi que ce soit qui pourrait l'arrêter dans son questionnement, mais se tait en remarquant la curiosité et l'inquiétude dans la voix de la jeune femme.

« C'est important ? »

Le casqué expira, laissant pour la première fois depuis son arrivée ici une preuve de sa fatigue et de sa peine. La gorge enrouée, il abandonna l'idée de parler et fit un court signe de la tête, incapable d'en faire plus. Winter ferma les yeux et soupira lourdement.

« D'accord, je vois. C'est toujours comme ça quand il est concerné, hein ? »

Le voleur ne prend pas la peine d'essayer de corriger ses soupçons, ayant conscience que ce serait inutile. Elle en sait trop, devine bien trop facilement comme à chaque fois, et il n'a jamais pu l'empêcher de deviner ce qui lui passait par l'esprit, même si elle a toujours veillé à poser le moins de questions possibles. L'informatrice rigole jaune, sans même la force de faire du sarcasme. Il est clair qu'il n'est pas dans un état stable et pourtant elle n'a ni la force de lui claquer la porte au nez, ni celle de se rapprocher.
Fatiguée, et parce qu'elle a la nette impression qu'il faut ce qu'elle fasse, elle se rapproche lentement et passe avec douceur et sans le brusquer ses mains derrière la tête du résistant pour appuyer sur la sécurité qui retient son casque. Elle l'enlève sans se presser, pour s'assurer qu'il ne soit pas surpris ni effrayé par ce mur qu'elle abaisse entre eux, poussée par la seule sensation qu'il en a besoin. L'objet glisse entre ses doigts sans résistance, et elle ne peut empêcher son regard de perdre de sa froideur lorsqu'elle découvre son visage. Il n'est ni peinture de la peine, ni froideur même, mais un étrange mélange qui semble pourtant à l'antithèse des deux. Une expression indescriptible, et qui pourtant la heurte. Néanmoins, elle n'a que l'envie de rire tant ce qu'elle voit était prévisible.

« Dis-moi, tu as déjà vécu pour toi-même, un jour ? »

La question lui est venue sans qu'elle ne puisse la retenir. En se rendant compte de ce qu'elle a dit, sa gorge s'est nouée et son regard s'est abaissé, tout comme celui de conseiller.

« J'ai essayé. »

Faust a relevé le regard. Ses yeux bleus, remplis d'une étrange lueur douloureuse mais pleine d'affection à la fois, ont cessé de fixer le sol pour se poser sur le visage de la championne. Son sourire jaune fait écho à son rire lent et triste, un peu brisé, las.

« Mais ça n'a pas vraiment marché, hein ? »

Winter ouvre la bouche pour répliquer mais la ferme au final. L'insinuation la prend de court, mais elle ne peut nier le fait qu'elle a senti sa poitrine se comprimer, comme si il venait de lui infliger un uppercut. Étant donné qu'il étudiait chacune de ses réactions suite à ses propos, un rictus désabusé et amusé s'étira sur ses traits fatigués.

« Quoi, je croyais que c'était ce que tu voulais ? 
- Ce n'est pas le sujet, il me semble, que tu disais ? 
- Seulement si tu veux que ce soit le cas. »


Elle se rend compte par elle-même que l'acidité qu'elle a voulu mettre dans sa voix a faibli. Que durant un court instant, même une seconde, son hésitation a bien plus transparu qu'elle ne l'aurait voulu. Le résistant, maintenant dénudé de son déguisement, l'observe sans manquer un seul de ses mouvements. Agacée, la bleue se retourna brusquement, cherchant à tout prix à dissimuler l'inconfort qu'elle ressentait au plus profond de son estomac.

« Je t’appellerai quand j'en saurai plus. Fous-moi le camp.
- Winnie... !
- Arrête. »


Les dents serrées, la jeune femme lui adressa un regard assassin.

« C'est la même chose, à chaque fois. Tu viens, tu fous le bordel et tu te casses dès que tu peux parce que t'as jamais eu les couilles de résoudre tes putains de problèmes. »

Sans qu'elle n'ait pu s'en empêcher, son ton est monté, ses sourcils se sont froncés, sa voix est devenue impérieuse et agressive, pleine de rancune.

« Toujours. Tu ferais quoi là, tu me dirais des jolies phrases mièvres à l'oreille et tu claquerais la porte dès qu'on serait en désaccord et que ça blesserait ton petit ego, c'est ça ? 
- Et tu la fermerais à clé dès que j'aborderai un sujet qui t'effraie ? »


La réplique de Faust est totalement imprévue, mais particulièrement acide et mauvaise. Son regard qui était tout à l'heure vide est maintenant plus acéré. Néanmoins, cela ne suffit largement pas à faire taire l'informatrice qui leva les yeux au ciel.

« Regardez qui parle. REGARDEZ QUI PARLE. Putain d'hypocrite.
- Je ne veux pas qu'on se dispute.
- Sauf que ça arrive. Il va falloir que tu commences à l'accepter. »


Frustré, le conseiller ne put s'empêcher de répondre aussi rapidement .

« Il FAUT que tu rendes ça compliqué, hein ? En permanence ?
- Bien sûr. Je suis la méchante fille qui te brise ton petit cœur comme si tu avais encore dix-sept ans. Qui est parti comme un voleur, la dernière fois ? »


Faust baisse les yeux. Oui, il s'en souvient, et il ne peut pas nier tant ce qu'elle dit est vrai. Il s'en remémore comme aujourd'hui, à la regarder d'un œil alors qu'il se rhabillait. Alors même qu'il reboutonnait lentement sa chemise en souriant tristement, ses iris bleus fixés sur la silhouette endormie et paisible encore couchée, perdue dans des songes sûrement plus agréables que son réveil futur. Il avait replacé quelques mèches obstruant son visage, cherchant à se rassurer encore et encore en se disant que c'était la meilleure chose à faire. Qu'il ne faisait que faire ce qui était nécessaire pour leur bien-être commun, en sachant pertinemment qu'il ne faisait que se mentir à lui-même pour dissimuler la honte causée par son égoïsme. Même en fermant la porte derrière lui et durant la semaine qui avait suivie, il avait conservé cette boule de remords dans son estomac, surveillant régulièrement son téléphone en espérant y voir un message, même rempli d'insultes et de reproches. Mais rien.

« Tu n'as pas vraiment essayé de me retenir.
- Oh, pleure-moi une rivière, tu me tirerais presque une larme. J'étais supposée venir pleurer à tes pieds pour que tu juges que c'était satisfaisant ?
- J'aurai accepté n'importe quoi, juste... »


Faust s'est arrêté avant de terminer sa phrase, conscient qu'il ne peut pas la finir et qu'elle ne l'écoutera de toute façon pas. Cette conversation n'ira nulle part, comme toutes celles qu'ils ont eu avant et qu'ils continueront d'avoir, dans l'espoir naïf d'arriver à résorber le conflit. Pourtant, Faust sait. Il le sait à chaque fois qu'il vient ici, à chaque fois que le ton monte, qu'ils continuent d'insister sur ces plaies qui ne disparaîtront jamais. Frustré, il peste. Winter leva les yeux au ciel.

« Si tu veux m'insulter, aie le courage de parler à haute voix, au moins.
- Ce n'est pas... »


Il n'a même plus la force de répliquer, fatigué de toutes ces accusations, de cette impression insupportable de tourner en rond encore et encore. Son regard s'est porté sur Winter, qui n'amorce pas un geste mais semble tout aussi lasse malgré le venin qu'elle essaie de mettre dans son ton, comme une dernière défense qu'elle sait elle même pathétique.  
Le silence s'installe, lourd et pesant. Aucun d'eux n'ose bouger jusqu'à ce que Faust ne brise l'interdit tabou qu'ils suivaient sans vraiment le vouloir et ne fasse des pas lents vers elle, incapable de dire si il agissait par instinct ou non. La jeune femme releva les yeux, considérant durant un instant l'idée de l'arrêter en remarquant l'étincelle dans ses yeux, mais cette pensée disparut bien vite lorsque une des deux mains du conseiller passa près de sa nuque, comme une caresse légère qui n'était rien de plus que la demande de son autorisation. Elle n'est pas assez naïve pour ne pas comprendre, mais ne répond pas et ne fait pas un geste en sa direction.
Elle aurait dû l'arrêter à ce moment précis. Vraiment, elle n'aurait pas dû écouter les battements de son cœur qui s'emballaient ou même le sentiment désarçonnant d'attente qui l'empêcha de le repousser quand elle sentit son souffle chaud effleurer ses lèvres et son regard océan l'étudier, mais c'était déjà trop tard. L'idée même de réfléchir était partie en même temps que sa volonté de lui rappeler qu'ils n'étaient pas du tout en train d'agir de façon responsable. Peut-être essayait-elle de s'en persuader alors qu'elle passait ses bras autour de sa taille avec plus de force et de brusquerie que son partenaire, attirant ses lèvres contre les siennes dans un baiser ni tendre, ni agressif. Ils ne se regardent pas car ils savent très bien ce risque arriver dès lors qu'ils échangeront un regard. Winter n'a pas plus la force que Faust de le faire, et elle soupire d'aise en constatant qu'il s'est rapproché, ne pouvant qu'apprécier la chaleur collée contre la sienne.

Mais quelque chose cloche. Elle le sait, elle s'en est rendue compte et ne fait que retarder le moment où il faudra agir. Elle espère simplement ne pas avoir à le faire, naïvement, mais revient à la réalité lorsqu'elle sent une main glisser subtilement le long de sa colonne vertébrale, effleurant chaque vertèbre, avant de passer avec une lenteur calculée et préméditée sous son haut. Et elle réalise. Elle réalise que son baiser a quelque chose de trop vivace, qu'il s'accroche à elle comme à une encre, que tout dans son comportement indique une seule chose qu'elle a essayé d'oublier. Elle a tenté de faire comme si elle n'avait pas compris, comme si elle était le type de jeune femme naïve, sensible, gentille et douce qui l'aurait sûrement rendu heureux, mais elle ne peut pas se voiler la face. Elle sait ce qu'il tente de faire, en dehors de l'aspect physique ; elle le connaît mieux que quiconque, et sait très bien que sa façon de faire n'est pas normale. Il tente de se divertir. D'oublier ce qui le torture et lui dévore petit à petit sa santé mentale, chaque jour un peu plus. Et elle refuse de profiter de son état, de faire comme si elle ne savait pas pour satisfaire sa propre incapacité à régler le problème qu'ils ont, ou bien même d'accepter son égoïsme. Alors violemment, et sans considération, elle le repousse sans difficulté.

Il ne la regarde pas d'un air confus, ni triste. Il n'est pas idiot lui non plus, contrairement à ce qu'il fait croire sans se soucier de corriger la pensée des autres, mais le charme est rompu. Ce qui leur permettait d'ignorer la vérité vient d'être brisé en deux par le geste brusque. Ils n'osent pas parler au départ, mais c'est finalement Winter qui finit par reprendre la parole, le regard mauvais et blessé, comme un chat feulant.

« Je ne suis pas ton défouloir personnel. Règle tes problèmes par toi-même.
- Je ne voulais pas...
- Facile de se la jouer regrets maintenant, hein?


Faust grimaça et baissa les yeux. Winter pesta.

« Dégage. Je te rappellerai si j'ai du nouveau. 
- Je suis désolé, je...
- La ferme. »


Il ne protesta pas et ne tenta pas de faire entendre sa voix, conscient de son erreur et honteux de son acte digne d'un enfant. Il expira lourdement, avec une respiration fragile et tremblotante, et reprit son casqué posé sur la table pour le repasser sur sa tête. La jeune femme se retourna, saisissant entre ses doigts les papiers qu'elle avait sorti pour les lui tendre et se remettre aussitôt à ranger le reste. Un sourire triste et cassé sur son visage, le résistant prit tout de même le temps de lui murmurer quelques mots avant d'ordonner à son Natu de le téléporter.

« Fais attention à toi. »

Winter ne prend ni la peine de le regarder, ni de lui répondre. Il est parti depuis qu'il a remis son casque, après tout, et elle n'a jamais aimé chasser des fantômes. Il disparut comme il était arrivé, sans même faire un seul bruit, laissant la championne seule, à nouveau. Comme à chaque fois. Elle croyait s'être débarrassée de cette habitude de le voir partir comme une ombre, la laissant à chaque fois seule pour calmer ses craintes et ses peurs. Tant bien même elle le poussait vers la porte, elle ne pouvait pas chasser l'anxiété de la même manière.
D'une main, elle saisit le verre posé sur la table et l'envoya voler, hurlant sa colère par la même occasion. Frustrée, elle poussa un nouveau cri de rage et s'écroula à terre, les genoux plaqués au sol, les mains plongées dans ses cheveux qu'elle serrait désespérément, tentant de faire taire les sanglots qui commençaient à animer ses épaules de soubresauts. Mais trop tard, et déjà ils s'échappaient de sa gorge, en dépit de toutes ses tentatives pour les retenir. Même lorsque les grandes ailes de Cassiopée l'entourèrent d'une chaleur qui se voulait réconfortante, rien n'y fit. Devenue une Bruyverne pour tenter de protéger sa dresseuse d'une offensive qu'elle ne pourrait jamais soigner, la chauve-souris rapprocha la jeune femme d'elle. En serrant les dents, Winter tenta de le maudire encore et encore, sans succès, et entreprit de laisser court à des larmes que personne d'autre ne verrait. Jamais elle ne laisserait quiconque les voir, et jamais elle ne laisserait à quelqu'un d'autre le pouvoir de les faire couler. Une erreur lui avait déjà trop coûté.
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