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Âge du personnage : 26 ans Métier / Études : Responsable d'une équipe des relations publiques du Régime Pseudonyme(s) : Gwen, surnom au sein du Régime Flow, surnom de Compétitrice
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Sujet: Icarus |PV Lucas| Lun 21 Mar 2016 - 2:00
Icarus
feat. Lucas J. Turnac
La robe noire ondule contre mon corps au rythme effréné d’une brise mordante. À mes pieds, Amanil s’agite, sa voix porte dans une cacophonie de sirènes et de klaxons. Elle pulse, mord et s’entraîne dans sa danse inexorable. J’en suis les mouvements, nonchalamment appuyée sur cette même rambarde où j’ai pensé l’impossible, l’esprit brouillé d’incertitudes pendues dans le vide. La cité, indifférente, poursuit sa course dans ses rugissements habituels. Le ciel nocturne s’est recouvert de nuages que seule la pollution extrême d’une ville toxique peut provoquer. Je le scrute dans l’ambition de calmer l’état de mes doutes, en sachant pertinemment qu’il ne s’éclaircira pas, pas ce soir. Je n’aurais jamais cru retomber aussi bas depuis les événements de juillet dernier, jamais cru que je pourrais douter à nouveau de cette façon, même si tout est différent. Si la voix d’une défunte amie s’est tue pour me laisser dans une paix approximative, le monde des vivants à présent m’aspire, me taraude et me tiraille entre plusieurs avenues aux issues impossibles à calculer. Mère Isolde m’a répété que je n’ai pas à me limiter à un seul chemin dans ma vie, que plusieurs possibilités s’offrent à moi et elle avait bien raison. Si bien qu’à présent j’en perds le fil, je ne sais plus très bien qui je suis ou ce à quoi j’aspire. Je pense à Alexander et à sa famille imparfaite, à la façon dont il jongle avec diverses identités et parts de lui-même pour correspondre à sa vie actuelle. Je pense à Clive, emprisonné dans les prisons du Régime, l’organisation pour laquelle il se dédie depuis toujours. Je pense à mon père, à la déception dans sa voix lorsqu’il s’adresse à moi, encore et toujours cette déception.
Je ne sais plus où j’en suis. Lorsque la sonnerie du téléphone a retentit cet après-midi et que son numéro s’est affiché, j’ai cru mourir de l’espoir d’avoir à nouveau une conversation saine avec lui, de l’entendre dire qu’il m’aime malgré tout ce que je puis être devenue à son insu. Mon cœur battait avec une frénésie indomptable, jusqu’à ce que j’entende l’accusation dans ma voix lorsqu’il m’a questionné sur les articles, parus dans le reste du monde, au sujet des ruines du Titak et la supposée puissance cachée que le Régime aurait obtenu. Je n’ai pas su lui répondre. Je ne détiens pas les réponses qu’il attend, qu’ils attendent tous. Pourtant j’ai la mission encore et toujours de dissimuler la vérité à une population qui, cette fois, pourrait bien être en véritable danger. Je n’ai pas su lui dire, à ce père désapprobateur, que moi aussi je crains ce qui va suivre, que je suis aussi estomaquée et inquiète par ce qui se trame. Que je n’ai plus aucun repères au sein d’une organisation en laquelle j’ai toujours cru jusqu’au plus profond de moi-même. Que j’ai peur, peur de douter car je me retrouve hésitante devant ce qui était une certitude dans mon existence, une si rare certitude. Que je suis en colère, que j’en ai marre des secrets et des paraboles de mon supérieur. Que moi aussi j’ai envie de hurler devant les mots de cette stupide journaliste, aussi illuminée soit-elle. Mais je me suis tue. Je lui ai servi le même baratin que je dis à tous les autres. Puis quand j’ai raccroché, je me suis demandée pourquoi je continue de les protéger.
Et me voilà juchée sur ce même balcon, récipient de mes tourments habituels, seule. Dans cette robe noire, celle qui plonge dans le dos, qui offre une vue assez intéressante de mes cuisses. Et mes cheveux, parfaitement rassemblés dans une queue de cheval sur le côté de ma tête, mes mèches ondulées et agrémentées d’une fleur artisanale aussi sombre que mon accoutrement. Les escarpins aussi, m’offrant quelques centimètres de plus pour mieux surplomber la cité. Aujourd’hui il fait un an jour pour jour depuis notre rencontre houleuse à lui et à moi. Notre parcours ne fut certes pas aisé, d’abord ennemis, puis amants. Nous nous sommes déchirés de nombreuses disputes depuis nos retrouvailles au mois de septembre dernier, tout un épisode auquel j’ai préféré ne pas penser jusqu’à ce que toute cette histoire ne prenne autant d’importance. Et j’ai tenté, désespérément même, de le repousser, de le déchirer et le meurtrir, j’ai souhaité, prié même pour l’éloigner de moi. Sans succès. Encore ce soir où les doutes m’étreignent, il est tout ce que je veux et encore plus, tout ce dont j’ai besoin. Il est aussi mon mouvement rebelle, ma petite traîtrise à un moment où les frustrations s’accumulent. Je lui ai préparé une surprise, mais plus rien de tout ceci n’a d’importance à présent. Je me languis déjà de sa présence, du sentiment de paix qui m’envahit aux moindres de ses regards. Lui aussi, il est source de doutes. Je mentirais d’affirmer que je n’ai pas pensé à lui bien plus qu’il ne le faudrait. Peut-être ai-je décidé de lâcher prise. Peut-être n’ai-je plus envie de me battre ce soir.
J’ai prévu cette soirée, je l’ai concoctée avec soin. J’en ai vécu le scénario encore et encore, jusqu’à ce que la perspective de ce moment ne suffise à illuminer ma journée. D’humeur un peu moins frivole aujourd’hui, je ne vis plus qu’une impatience sauvagement mesurée. Pour fêter notre rencontre, j’ai envoyé Musi lui réserver exactement le traitement qu’il m’a infligé lors de cette fameuse nuit où nos destinées se sont croisées pour la première fois. Je vais le kidnapper. En fait, j’ai dit au musicien que je passerais en soirée, sans lui préciser l’heure. La Natu vient de partir à l’instant, et une fois chez lui, elle le trouvera, se posera sur son épaule et le téléportera jusqu’à moi. Je me retourne, le visage sévère et encore troublé par mes pensées emmêlées, attentive à son arrivée.
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Lucas J. Turnac Débutant
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Sujet: Re: Icarus |PV Lucas| Mer 23 Mar 2016 - 22:48
Icarus
feat. Lucas J. Turnac
J’attends, scrutatrice, l’endroit où nous avions convenu de son arrivée. Fébrile, encore agitée des spasmes douloureux de doutes prenants, je m’avance de quelques pas en quittant la quiétude de la balustrade pour considérer l’intérieur de l’appartement. J’y ai mis un effort considérable cette semaine, à ranger l’endroit afin qu’il ressemble d’avantage au penthouse luxueux qu’il est qu’au dépotoir que j’en fais à mes heures. L’unité me semble presque étrangère ainsi éclatante de propreté. Son manque de vie, sa rigidité adéquate me déprime. On me reproche souvent mon désordre, sans réaliser qu’il s’agit pour moi d’une manière de m’exprimer. À l’instant où de si nombreuses réflexions me hantent, l’étendue désordonnée habituelle m’aurait quelque peu rassuré. J’attends un signe, une familiarité, qui se déclenche sitôt l’oiseau téléporteur revient avec sa prise du jour qui semble aussi surprise que ce je prévoyais au départ. Un élan de soulagement, de libération me traverse alors qu’il observe tout autour de lui en mettant quelques secondes salvatrices pour comprendre. Pour comprendre que je viens de l’enlever à une vie probablement plus calme sans moi, qu’encore une fois je m’obstine et je m’acharne auprès de lui alors que j’aurais dû lâcher prise il y a de cela si longtemps. Mon regard s’adoucit de rencontrer le sien. J’ai rapidement fait fi de son allure douteuse pour simplement profiter de sa présence qui, déjà, m’apaise. Je soupire d’un soulagement véritable alors qu’il s’approche. Ses prunelles sombres le trahissent si ardemment que j’en perds presque pied.
Lucas. Nous nous sommes jurés fidélité, peut-être un peu en blague. En sachant que nous aurions tôt fait de trahir notre promesse. Peut-être cherchions-nous une échappatoire à un sentiment grandissant, intense et grisant. Depuis toujours, nous testons nos propres limites, dans une danse complexe et épuisante. Jusqu’où pourrons-nous aller avant que cette histoire ne se brise entre nos doigts? J’ai pensé avec naïveté que cette émotion s’effriterait avec le temps. Que l’habitude et le temps me lasseraient de lui. Qu’au détour je trouverais quelqu’un de mieux, qui capterait mon attention. Que cette personne m’offrirait l’excuse pour quitter Lucas. Néanmoins elle n’est jamais venue, même plusieurs mois après, même si d’autres occasions se sont présentées. Sans jamais me satisfaire ou m’apporter le bien-être provoqué par cette tête brulée qui vient d’apparaître chez moi. Un sourire se peint sur mes traits alors qu’il me rejoint finalement. L’envie me brûle de le toucher, de sentir son cœur battre contre mes doigts, de goûter à ses lèvres. Une lourdeur dans la poitrine me retient. Ma main trouve la sienne cependant. Ses doigts pèsent une tonne entre les miens. Je soupire, me sentant lasse, fatiguée, vulnérable à ses côtés. Je déteste l’effet qu’il produit, ce bonheur imprononçable qui me traverse alors qu’il se tient à mes côtés.
«Tu croyais vraiment que j’oublierais l’anniversaire de notre rencontre? Comment oublier une rencontre pareille d’ailleurs? Aujourd’hui j’ai décidé de me venger et de te rendre la pareille. Tu es mon prisonnier pour la nuit! Par contre je n’ai pas pensé aux menottes. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois.»
Doucereuse, je m’approche de lui pour saisir son visage d’une main caressante, venant quêter contre ses lèvres un baiser tendre et rieur. Je me dégage à contre-courant, à contre-cœur, le regard rivé vers lui. Je remarque enfin son état déplorable et lève les yeux au ciel, amusée. J’ignore où il aura été traîner une fois de plus. À sa place, je passerais tout mon temps près des ruines du Titak, à tenter d’obtenir des bribes d’informations au sujet de ce qui se trame. À cette pensée, mon regard s’assombrit. Depuis quand je formule des plans pour les Résistants?
«Tu devrais prendre ta douche, mon pauvre, je t’ai surpris alors que tu n’es pas à ton meilleur. Je vais nous préparer de quoi boire un attendant.»
J’espère, probablement en vain, que la lourdeur qui m’habite ne l’alertera pas. Qu’il se fera aveugle à ce qui me ronge, ou du moins qu’il n’en parlera pas. D’un pas qui se veut assuré, je me dirige vers la cuisine pour y dénicher la bouteille que j’ai laissé reposer, ainsi que deux verres. Je ne me rends même pas compte que je vide la première coupe d’un seul trait.
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Lucas J. Turnac Débutant
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Sujet: Re: Icarus |PV Lucas| Ven 25 Mar 2016 - 13:35
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Le goût du vin envahit ma bouche, sans la moindre saveur. Il descend contre ma gorge indifférente, s’écoule en moi avide de la sensation qui accompagne sa consommation. Pas assez que mon instinct me crie au-dessus du tumulte qui gronde en moi. Ce soir, tout devait être facile, simple, une esquisse sur un canevas vierge. Pourtant je découvre des lignes déjà toutes tracées, des courbes et des détours non prévus que je dois contourner pour poursuivre mon œuvre. Dans quel but? L’inspiration qui m’avait pris quelques jours plus tôt semble s’être envolée au profit d’une foule de questionnements qui ne devraient pas être, d’interrogations qui me rongent à l’instant où je repose ma coupe contre le comptoir. Sa venue devait m’apporter la paix, et je constate qu’en quelque sorte, sa présence m’apaise. Pourtant je n’avais pas calculé à quel point la culpabilité m’alourdit à chaque nouveau coup d’œil que j’aventure en sa direction. Il est tout ce qu’il me faut, tout ce qu’il me suffit pour qu’à nouveau ce monde fasse du sens. Cette pensée m’est irrécupérable. Comment ai-je pu laisser notre relation évoluer ainsi? Devenir aussi significative, même significative tout court? Nous devions n’être que deux amants, deux oiseaux de nuit cherchant auprès de l’autre chaleur, satisfaction, une once d’oubli dans un océan de tracas. Pourtant j’ai perdu le contrôle sur ce que je croyais acquis, probablement depuis la première fois où je lui ai déclaré la haine. À l’instant où il me rejoint près du comptoir, qu’il prend délicatement le verre vide de mes mains, qu’il m’enlace avec une douceur incomparable, toute tension m’abandonne. Je sombre.
Mon souffle s’égalise à mesure que ses bras se referment sur ce petit corps frêle qui me constitue. Probablement ai-je perdu du poids depuis notre rencontre, probablement n’ai-je jamais semblé si fine, si menue, que contre lui dans sa chaleur envoûtante. Et ses mots rassurants, j’aurais aimé scander ne pas les attendre pourtant mon cœur s’emballe devant la tendresse qui constitue chaque syllabe prononcée. Sa voix si familière, trop probablement, coule en moi en mettant feu à chacune de mes cellules. Tout en moi s’éveille, rend les armes, frôle la démence. Mon cou s’étend contre son torse qui me retient, un soupir trop las m’échappe, un soupir fatigué. Lentement, je me retourne pour enfouir mon visage dans sa poitrine où bat un cœur farouche. Je l’enlace à mon tour, prise d’un vertige de réaliser à quel point je suis attachée à lui, à quel point il me manquera lorsque notre histoire volera en pièces. Inévitable. Nous n’allons pas aller plus loin que cette aventure qui s’éternise, nous ne pouvons pas. La fin de nous m’apparaît pourtant comme une hérésie. J’ai encore besoin de sa présence, je crois que quelque part il le réalise. Je déteste dépendre de lui. De le désirer autre part que dans mon lit.
«Je le sais.»
Mes lèvres viennent chercher les siennes avec tendresse, avec envie, avec détresse et désespoir peut-être. Ce sentiment me submerge, celui d’une paix délicieuse qui ne devrait pas être. Je ne me recule que lorsque les doutes disparaissent en ne laissant que cette culpabilité qui doit se lire dans mon regard attisé, ce regard de celle qui court à sa perte.
«Je le sais parce qu’à chaque fois que tu es là, tout va bien. C’est bien ce qui m’agace.»
Je soupire, en tentant un sourire amusé. N’est-ce pas là une semi-confession de mes sentiments pour lui? Ceux qui causent tant d’émoi, de détresse chez moi, ceux qui me terrorisent. Ceux qui ne devraient pas être pourtant mais qui rendent tout bien plus aisé et complexe tout à la fois.
«Je compte bien abuser de toi un peu, mon prisonnier, aussi difficile sois-tu.»
Oui, je profiter de la chaleur qu’il provoque chez moi, de l’apaisement qui l’accompagne à chaque visite. Même si je suis faible, si faible face à lui. Parfois, j’ai aussi envie de ne plus me battre.
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Lucas J. Turnac Débutant
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Probablement nous ai-je damnés au premier regard. En prenant une décision de trop, celle d’étendre mes heures de travail déjà surchargées à quelques détails aujourd’hui considérés futiles. L’erreur de rester encore quelques heures au bureau, pour oublier les spectres de la nuit, pour bien paraître aux yeux des supérieurs, de l’équipe, pour me satisfaire de ma propre performance peut-être. Maintenant, les raisons ayant éclairées mon jugement alors m’apparaissent confuses et lointaines alors que les souvenirs de notre rencontre me viennent avec une netteté insolite. Je peux revivre chaque moment, chaque battement de cœur ou respiration, chaque pensée ayant traversé mon esprit lorsqu’il a jaillit de la nuit pour prendre mon cœur en otage. Oui. S’il le demandait, je pourrais affirmer qu’il aurait été plus facile que nos destinées ne se croisent jamais, que nous en aurions tous les deux été plus heureux ou sereins. Maintenant que nous avons consommé le fruit de notre traitrise, impossible de faire marche arrière; je me raccroche à ce que nous avons au moment-même où je considère faire voler en éclats tout ce que nous avons bâti contre vents et marées, mais surtout contre nous-mêmes. Sa chaleur coule contre mon épiderme assoiffé de sa présence, je frissonne toute entière d’une vulnérabilité délicieuse, m’imaginant à tort que cette soirée, comme tout le reste, sera probablement plus aisée que ce qu’elle le devrait. Peut-être ai-je simplement envie d’y croire ce soir, d’effacer la honte provoquée par la conversation avec mon père, par la confusion occasionnée par la capture d’un ami fidèle, ou l’inquiétude quant aux intentions encore nébuleuses d’une organisation pour laquelle je me suis pourtant toujours battue sans poser de questions.
Mais il m’arrête. Il se crispe dans ma poigne pourtant légère, pourtant tendre. Son regard a changé, plus sombre encore, un rictus blessé étire son visage. Mystère. Les mots s’échappent de sa gueule sans que je ne puisse les retenir, il parle d’un poison, peut-être n’a-t-il pas tort. Je secoue la tête sans comprendre, sans la force même de me battre pour lui ou contre lui, ou contre moi. Je laisse couler, sa haine, sa peine, qu’il emmagasine semble-t-il et qui me parvient telle une gifle imprévisible. Une véritable tempête dans un verre d’eau, une vérité qui ainsi prononcée me paraît tellement incongrue, futile. Je n’ai pas besoin de mots pour comprendre ce que je ressens, peut-être ai-je décidé de lâcher prise il y a un moment. Dans tous les cas, il a raison sur bien des points, mais il a aussi tort, bien bien tort. Je n’ai pas le temps ou l’énergie de le contredire qu’il revient à la charge, chantage supposé m’emmener à réagir. Une pause? Ma main se referme sur son bras comme pour le retenir, un mouvement d’une intense vulnérabilité, me voilà déjà en train de le supplier de ne pas partir. Terminé? Mon sang se fige, ma respiration se coupe d’une douleur que je n’aurais pas pu soupçonner. Avant qu’il n’éclaircisse. Fini le mensonge, l’illusion. Il veut une relation, une vraie. Un rire nerveux m’échappe à mon tour alors que je le relâche, passant mes doigts dans ma chevelure à la recherche d’une échappatoire au piège qu’il vient de refermer sur moi.
«Arrête Lucas, tu paniques pour rien. Nous n’allons pas prendre de pause ou peu importe ce que tu proposes. Tu iras vivre tes aventures comme tu l’entends dans les ruines du Titak et je ferai semblant de ne pas m’inquiéter pour toi dans toute ma mauvaise foi et après on verra bien.»
Je me sais me contredire. Je me sais faussée, une image qui menace de s’effondrer à tout moment. Je me retourne pour ne plus lui faire face. Je n’ai pas envie qu’il m’avoue l’amour que je le sais ressentir pour moi, pas envie de lui appartenir tel qu’il le décrit. Pourtant il est tout ce que je souhaite et plus encore.
«Tu es trop sensible. Je suis heureuse avec toi, ça ne suffit pas? C’est difficile pour moi de l’accepter, de… dépendre de quelqu’un. À chaque rencontre je crois qu’il s’agit de notre dernière, que nous allons nous rendre à la raison une fois pour toutes. Mais je n’ai pas envie que ça se finisse.»
Le discours qui refuse de vivre dans un monde ou un autre, de trancher entre le blanc et le noir.
«Je veux seulement profiter ce soir, est-ce possible?»
Possible, je l’ignore. Mais terriblement égoïste, ça…
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Voilà exactement ce que je cherchais à tout prix à éviter. Les prises de têtes, celles qui vous entrechoquent dans la durée, celles qui malgré vous viennent vous changer. Qui réécrivent peu à peu vos habitudes, vos convictions les plus profondes. Je refuse. Refuse de me laisser changer, refuse même de voir le gouffre entre nos deux points de vue sur ce qui pourtant ne pourrait être plus simple. Deux personnes vivant une aventure, pour moi sans nom, pour lui si claire. Je me demande pourquoi il aura cédé à des sentiments qui n’auraient jamais dû voir le jour, pourquoi l’y ai-je encouragé probablement sans même le réaliser, pourquoi l’ai-je laissé faire nous entraîner sur cette pente houleuse? Je tente désespérément de me raccrocher à une réalité que j’ai fui sans aucun remords avec un ex qui n’a rien compris de ma définition, qui trop longtemps a tâché de réécrire mon histoire et qui aujourd’hui n’est plus que bribe d’un passé vers lequel j’ai juré ne plus jamais m’aventurer. Me voilà agrippée pourtant à son bras, raccrochée pour m’empêcher de sombrer à mon tour. Ou est-ce parce que je refuse de le laisser tout détruire à sa suite? J’ignore encore sur quel pied danser, l’impression désagréable de ne plus mener la valse depuis un moment déjà m’étreint dans un malaise imperceptible. Ce pouvoir qu’il possède sur moi dans son houleuse indécision, il me consume petit à petit et je réalise qu’au-delà de son affection, et des possibles promesses qui devront nous enchaîner, il s’agit de cet élément qui me terrifie, qui me fait reculer aujourd’hui et qui possiblement vient de provoquer cette brisure.
Ma tentative, aussi désespérée soit-elle, m’apparaît presque transparente, inconsistante, théorique. J’aimerais la retirer maintenant, effacer ce soubresaut pathétique pour lui rabattre entre les deux yeux à quel point je peux me ficher de notre idylle sans importance. Pourtant la date, d’elle-même, vient me contredire. Malgré le plaisir émanant de nos rencontres, il n’est pas suffisant pour expliquer la nature complexe et longitudinale de notre relation. Le pire est bien qu’elle fonctionne, car bientôt mon compagnon se calme, oublie son idée spontanée et horripilante de me quitter pour vaquer à ses actions illicites… je ne parviens plus à le suivre, il change d’idée si facile, je me demande si parfois il passe de l’amour à la haine avec autant de facilité. D’ailleurs ce mot lui échappe avec une aisance bouleversante, je me mets à trembler dans ses bas alors qu’il décrit la beauté de ce que nous sommes. Je peux presque sentir les attaches profondes qui me rattache à cet inconnu pourtant qui s’est décidé à entrer dans ma vie pour la révolutionner à jamais. Je me demande encore une fois pourquoi il cherche à nous mettre une étiquette, pourquoi il doit nous nommer ainsi. Amoureux. Comme si nous possédions un avenir. Je me demande ce qu’il s’imagine pour nous, à quel point je devrai me réinventer pour lui, à quel moment j’en aurai assez. Pourquoi je refuse encore de mettre fin à la malédiction.
«Tu es une impossible guimauve Lucas.»
Un sourire malicieux éclaire mes lèvres, même si mes yeux sont encore tristes, même si le poids du monde m’assaille toujours. Il parvient toujours à m’apaiser lui, j’aimerais bien connaître sa recette, celle de mon propre bonheur. Il embrasse mon front et c’est tout mon être qui en chavire, je viens poser mon front contre sa joue pour m’imprégner un peu plus de lui.
«Un romantique, même. Sous tes airs durs. Un véritable cœur d’artichaut. Tu as sorti tes grands mots ce soir. Comment ça se fait que ce mot te vienne si facilement?»
Ma voix est si douce, un murmure à peine, empreint d’une curiosité sans animosité. Je caresse son visage, j’essaie de savoir ce qu’il fait d’être lui.
«Il y a encore tellement de choses que j’ignore de toi, tu parviens toujours à me surprendre.»
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Sitôt les mots s’envolent que je réalise mon erreur. Une porte à ma suite laissée entrouverte, une invitation peut-être pour lui décidé de franchir ce pas impossible. L’anonymat m’a toujours plu au final, ma curiosité asséchée au sujet de son passé et l’envie de lui parler du mien tout aussi aride. Il est cette étincelle à laquelle j’aime goûter au quotidien, cet instant présent qu’on chérit pendant qu’il dure avant qu’il ne s’effrite. Nous n’avons aucun avenir, et ce qui est derrière soi n’importe plus. Mais lui, il fait un moment qu’il nous considère différemment. Je sais que lorsqu’il affirme m’aimer, il dit vrai. Je sais aussi que j’en pense tout autant. Mais que je ne peux véritablement m’autoriser à m’abandonner à lui. L’ambiance s’est changée alors qu’il affirme devoir me divulguer une information importante à son sujet. Je ferme les yeux, il est trop tard pour l’en dissuader. Il s’appuie contre le comptoir, m’échappe soudain et je sais, je sens, que nous nous disputerons. Lorsqu’il se met à parler du Régime, je ne peux réfréner un soupir légèrement irrité. J’oublie, à mes heures, à quelle espèce il appartient. Il est de ceux portant leurs histoires sur leurs épaules, tel un fusil. Leur arme. Je me demande s’il espère m’endoctriner, croise les bras sur ma poitrine comme pour me couper du récit qui devra s’en suivre et auquel je préférerais ne pas devoir participer.
Il me conte l’histoire de la famille Turnac. Si je connais bien sûr l’ex-présidente, je n’ai jamais véritablement porté attention au reste de sa famille, mais selon les dires de Lucas, ils auraient vécu tout autant de misère que leur mère. Je me laisse à peine atteindre par ce récit, aussi horrible soit-il, insensible depuis longtemps aux discours sensés me convaincre de l’impureté et de la cruauté de mon mouvement. Comme si je n’étais pas au courant. En tant qu’ennemie politique du Régime, il n’est guère surprenant le sort qu’on a réservé à la dame en question, même si ses enfants et son mari n’en méritaient certainement pas autant. Ce qui me trouble, ajoutant à mon malaise, est l’apparente émotion ayant saisi mon interlocuteur. Lorsque ses mots insistent, avec une souffrance palpable, sur le sort du fils de la présidente, je me crispe, prise d’un doute qui me fait reculer. Un doute bientôt confirmé par ses dires, et par réflexe, je me mets à ricaner nerveusement en le dévisageant. Personne sur cette île d’à peu près sensé ne viendrait affirmer telle chose. Et lui, il ne sait pas mentir.
«Et tu me dis ça pourquoi?»
Mon ton est si sec, si venimeux, qu’il me laisse un goût amer en bouche. Je tremble à présent, d’une frustration que je ne cherche pas même à dissimuler. Car il ne pouvait pas me laisser douter en paix. Il se devait d’ajouter une pierre à mon sac déjà bien lourd. En moi, s’embrase la colère, la colère qui me précipite à lui, après la froide indifférence vient la tempête.
«Pourquoi hein, Lucas? Pourquoi? Tu veux qu’ils me prennent, tu veux qu’ils me tuent? Ne sais-tu pas que le savoir est mortel sur cette île?»
N’est-il pas assez pour me torturer d’aimer celui portant l’étendard des meurtriers de ma meilleure amie? Pourquoi, aujourd’hui se permet-il d’ajouter à mes remords, pourquoi me persécute-t-il de ses histoires? Je frappe sans énergie contre son torse, épuisée du monde entier, épuisée de moi-même avant tout.
«Espèce d’imbécile, pourquoi faut-il que tu existes?»
Dans un autre monde, je m’engourdis à nouveau de ma doctrine. Dans un autre monde… dans un autre monde… Je parviens à peine à respirer, étourdie dans ses bras, sans être surprise pour autant. Peut-être même le savais-je déjà.
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Âge du personnage : 26 ans Métier / Études : Responsable d'une équipe des relations publiques du Régime Pseudonyme(s) : Gwen, surnom au sein du Régime Flow, surnom de Compétitrice
Ce soir, je l’ai désiré. Ce sentiment grisant accompagnant chaque rencontre. L’éclat de ses prunelles furtives m’embrasant de chaque contact inespéré. La lourdeur calculatrice de ses caresses. L’espérance qui vient tendre son cou, chaque fois un peu plus loin. Ce soir, perdue et jetée aux quatre vents, il devait former mon port d’encrage, celui dont je me défile pourtant sans cesse. Oscillant inlassablement entre deux intérêts, de me purger ou de me protéger. Il est à la fois l’exorciste et le démon, et moi je suis à court de prières. La soirée m’échappe, loin les rires légers et les baisers volés. Qui de lui ou de moi nous aura précipité contre cette pente humide, je ne saurais dire à présent. Néanmoins je nous sens chuter vers l’abysse, inexorablement, moi abandonnée à la rage, la désillusion et l’anxiété, et plus encore la culpabilité. Car Lucas ne pouvait être qu’une erreur de passage auprès d’un Résistant sans visage, il devait être cette part de moi dont je ne parviens plus à me détacher. Ce qui m’hérisse, plus encore que mes propres mots insensés… Cette vague de honte, de culpabilité cette fois non relative à mes principes, et l’envie grandissante de le protéger, lui. Il me semble à présent que ce secret éclaté aura tout changé d’une dynamique banale quoique laborieuse, vers une relation concrète, profonde et dangereuse. Et je l’aime, je l’aime, je l’aime, je le réalise aujourd’hui plus que tout, car plutôt que d’envisager les dangers, je panique à la perspective de le perdre, ou pire, le condamner.
Il glisse. Lui aussi. Son visage se décomposant, la colère éclatant au creux de son estomac, la blessure vive. Il n’a rien compris. Tout aussi réactif que la jeune femme lui faisant face, il explose. J’ai frappé, trop rapidement, trop profondément, à présent je devrai vivre avec les conséquences. Je me prépare, la lèvre retroussée par la méfiance, les traits crispés d’incertitude. Je suis si lasse. Les émotions me gagnent, indomptables, accentuées d’autant plus par la mention du nom sacré, celui qu’il n’a plus le droit de prononcer depuis notre première rencontre. Le nom maudit, celui qui m’a hanté au point de me perdre.
«Comment oses-tu prétendre la connaître? Tu ne sais rien, absolument rien d’Aimee alors je te défends de même prononcer son nom! Elle était ici, elle t’aurait tranché la gorge, si tu me crois endoctrinée alors tu n’as rien vu! Comment oses-tu la nommer quand enfin j’arrive à faire mon deuil, un jour à la fois? Ne sais-tu pas à quel point j’ai eu mal, espèce d’enfoiré? Que je l’entendais dans ma tête, que sa présence me tenait encore la main quand j’ai failli me jeter de ce balcon en août dernier?»
J’ai hurlé. Et dit beaucoup trop. Le silence retombe, pesant, ma voix brisée par mes cris aigus et stridents, par la violence de ces vérités crachées. Je titube, renverse mon verre en m’accrochant au comptoir, déglutis avec difficulté. Je viens de lui avouer avoir passé tout près de me suicider, ce que j’avais prévu garder pour moi à jamais. Ma colère se mute en nervosité, la nausée m’a pris, je lui fais dos en nettoyant le dégât, mes doigts se coupent contre le verre éclaté.
«Je ne t’ai jamais menti. Si je suis encore ici avec toi, c’est parce que tes sentiments sont réciproques. Que je me suis attachée à toi. Mais après tu peux croire ce que tu veux, ça m’est égal. Tu es venu surclasser tous mes projets, révolutionner mon existence. Tu veux la vérité? Je trouve tout cela difficile à avaler, mais ce serait encore pire de te laisser aller.»
Et je lui en veux encore. Terriblement. La colère grouille sous ma peau parcourue de spasmes. Je porte mon doigt coupé à ma bouche en tâchant de calmer les soubresauts de mon cœur.