2 novembre 2015
Le match contre ce « Capitaine Barbossam » a décidément était plus qu’intéressant, & vraiment emportant. Qu’il se soit soldé par une défaite pour moi n’a aucun sens, ce challenger est définitivement de ceux à qui je suis toujours satisfaite de remettre son badge après avoir livré contre lui un bon combat, offert un spectacle mémorable aux occupants des gradins. Me laissant tomber dans mon fauteuil sitôt après avoir regagné ma loge, je laisse échapper un sourire satisfait & ferme les yeux un instant. Une toute petite seconde seulement, puisqu’une vive agitation autour de moi m’arrache bien vite un grand éclat de rire alors que mon œil non dissimulé se pose vers le petit Embrylex surexcité qui court partout autour de moi, suivie de près par une jeune Psystigri poussant de petits cris joyeux. Il semble que je ne sois pas seule à avoir apprécié ce match, d’autres ont beaucoup aimé le voir même de loin! Avant même que j’ai eu le temps de dire ouf, la jeune féline bondit sur mes genoux avec un regard déterminé & inquisiteur, comme pour demander le même entraînement que mes alliés présents dans l’arène quand je porte le costume de Hook ; mais en soit, c’est déjà le cas! Pas grand-chose de plus à lui promettre, c’est avec toute mon équipe que les pirates du groupe s’entraînent toujours. Alors je ris encore, & la petite femelle & le jeune pokémon roche toujours à terre me suivent vite, contaminés par ma bonne humeur comme je l’ai été de la leur. Lorsqu’enfin nos rires s’apaisent, que je rouvre les yeux pour les reposer sur eux deux, c’est avec amusement que je constate n’avoir plus avoir à faire à de si petits pokémons. Deux membres de mon équipe viennent, à leur tour, de grandir un peu plus.

1er décembre 2015
La vie a repris son cours normal après ce match contre « Barbossam », premier que je livrais depuis qu’on a tenté de me tuer à l’ouverture officielle de l’arène pour la nouvelle année de Compétition. Match après match, j’ai réinvesti le personnage de Hook avec joie & enthousiasme, en parallèle de ma vie de Ranger & de mon nouveau rôle de maman. Ce matin-là comme tant d’autres, alors que j’avais Eli au sein, j’ai reçu un message de Gloria m’annonçant la venue d’un challenger & demandant si j’étais disponible pour l’affronter ou si elle devait s’en occuper elle-même. Un petit sourire s’esquisse sur mes lèvres, que mon mari depuis quelques jours désormais ne manque pas d’interpréter avec un petit rire amusé, levant les yeux au ciel pour la forme. Le faire patienter une petite heure est ma requête, & comme bien d’autres avant le challenger du jour accepte sans rechigner. Alors je me prépare tranquillement, réunit mes alliés, confie le bébé à mon époux qui l’emmène avec lui au Centre Pokémon le temps de mon absence. Ce n’est qu’au retour de la Xatu d’Eugène que je prends la route de mon Arène, perchée sur le dos de Bambi & suivie de près par mes comparses champions, mon Ymphect installé en travers de la croupe de l’Haydaim juste devant moi & l’oiseau psychique de mon mari sans qui je n’ai plus « le droit » de me rendre à Vanawi ainsi costumée. Simple mesure de sûreté contre laquelle je n’ai pas rechigné, me sentant également plus rassurée ainsi malgré tout.

Comme ce fameux onze de septembre, arrivée devant le bâtiment où j’officie en tant que Hook vêtue de son accoutrement, je m’avance avec assurance & sourire déterminé aux lèvres. Pose les mains sur la porte pour l’ouvrir, suivie de mes alliés aussi calmes que moi, prête à aller rencontrer le challenger ; avec toujours ce moment d’angoisse lorsque j’effectue ce geste pourtant simple, mais au cours duquel j’ai un jour manqué de perdre à la fois la vie & mon bébé. Soulagée sans le montrer je m’avance vers le terrain de combat, prendre ma place pour attendre le challenger. Cinq minutes, puis dix, puis quinze. J’étais en avance, lui est en retard. Je ne m’inquiète pas cependant ; cela arrive régulièrement, & généralement ils finissent par entrer en courant tout essoufflés d’avoir couru, s’excusant pour telle ou telle raison avant que je ne balaye tout ça d’un grand éclat de rire, investissant pleinement mon rôle. Cependant ce jour-là, le challenger n’arrive pas en courant, il est tranquille & marque une froide assurance. C’est plus rare, mais cela arrive aussi. Peu importe, l’essentiel est de lui offrir le grand combat qu’il souhaitait en frappant une première fois à la porte de l’Arène le matin-même! Fidèle à Hook, je l’accueille en pirate, lance mon premier allié à l’abordage de l’équipage adverse sous le regard enthousiaste du jeune Ymphect sautillant presque à côté de moi. Dans un premier temps cela a tout d’un match normal, presque ennuyeux tant Gurri a de facilités à se débarrasser de l’adversaire. Je crois que j’en relâche un peu mon attention, comme souvent dans ces cas-là car mes matelots savent se débrouiller sans mal. C’est ainsi que m’échappe un petit mouvement du côté de l’autre dresseur. Je discerne le geste du coin de l’œil, sans pouvoir définir de quoi il s’agissait ni à quoi il a servi. Reportant mon attention sur lui, je ne vois que trop tard l’éclat étincelant des deux armes flambant neuves sur moi ; deux coups de feu partent presque simultanément au moment précis où retentit un puissant rugissement de rage. Figée, tétanisée de ce qu’il vient de se passer au sein même de l’Arène cette fois-ci tandis que la foule dans les gradins s’éparpille en hurlant, je pose mon unique œil visible sur la montagne de lumière qui s’est subitement dressée devant moi, perdue & effrayée.

Un autre rugissement menaçant alors que la lueur aveuglante s’estompe, laissant apparaître un puissant Tyranocif à l’air dangereux & le roc qu’il a fait surgir du sol pour intercepter le projectile mortel. Ce n’est que là que je comprends comment je suis encore en vie, encore consciente. & face à eux, un masque immaculé brandit toujours l’arme qui aurait pu me tuer pour de bon cette fois sans la formidable réactivité de Jim. & cette deuxième attaque en si peu de temps, de la même manière & portée cette fois clairement par un membre du Régime, ne peut être due au hasard. Ce n’est que là que je réalise ce qui se déroule, que je me ré-anime. D’un cri autoritaire, j’interpelle une Gurri figée par la peur qui revient alors vers nous au triple galop, se blottir contre son père au regard enflammé par la colère. Avec un autre cri dangereux le Tyranocif s’élance mais n’atteint jamais sa cible, déjà évaporée dans le Téléport d’un minuscule Natu terrorisé par l’arrivée du monstre qu’est devenu mon allié. Ce n’est que là que j’aperçois ce que la silhouette du géant nouvellement évolué me cachait jusqu’ici, source d’une partie de la haine palpable dont il a fait preuve. & aussitôt un hurlement presque inhumain résonne dans l’Arène entière, emprunt de souffrance, de colère, d’injustice. Il me faut un temps pour réaliser qu’il s’agit de ma propre voix alors que je tombe à genoux, mon unique œil apparent fixé sur le petit corps inerte & sanguinolent à quelques pas de moi. Il y avait deux balles. La défense de mon ami n’en a intercepté qu’une seule, celle qui s’est effectivement dirigée vers moi. Mais le démon qui a tiré n’a bien visé que d’une de ses armes.. L’autre balle s’est perdue. L’autre balle a perdu l’un de mes camarades, que mes bras étreignent désormais presque compulsivement, dont le sang vermeil me recouvre désormais.

11 mars 2016
La vie a repris son cours, mais ce cours ne sera jamais plus vraiment le même. Passant comme chaque matin devant la tombe de mon allié tombé en fier pirate dans ce qui fut mon Arène, je lâche un frêle soupir avant d’effleurer la pierre du bout des doigts, lui offrant comme chaque fois une tendre pensée. Aujourd’hui, Eli fête ses six mois. Je suis sûre qu’Arthur n’aurait pas voulu que je pleure en ce jour. Comme il aurait été fou en s’éveillant ce matin! Le premier peut-être à tournoyer autour du bébé, à lui faire la fête avec toute l’insouciance bienheureuse dont il pouvait faire preuve à ses heures. Un faible sourire m’échappe à cette pensée. M’en serais-je remise si aisément, sans ma fille pour qui vivre & me battre? Sans doute aurais-je eu bien plus de mal, oui. Il n’y a pas si longtemps, je ne m’imaginais pas pouvoir survivre à nouveau la perte d’un proche ; comme je me suis effondrée à l’annonce de la maladie de mon frère de coeur! Comme j’ai été heureuse & soulagée lorsque Maxwell a finalement annoncé sa rémission! Ma fille me rend plus forte, nulle doute. Après tout désormais, je ne vis plus seulement pour moi, & il est des gens qui ne supporteraient pas de me perdre. Mon mari. Ma petite puce, que deviendrait-elle après tout sans moi?

Pour elle, j’ai supporté. Je me suis battu, j’ai affronté ce deuil pour me relever. Après tout, je suis sûre qu’Arthur l’aurait voulu ainsi. La menace étant devenue claire & évidente après cet événement, je n’a plus remis les pieds à l’Arène, noyé le costume de Hook au fond du Lac d’Anula. Je ne pouvais me résoudre à le brûler, mais il était trop risqué de le conservé ; ç’a été le compromis. & j’ai renoncé aux combats enivrants auxquels j’avais fini par prendre goût. J’ai une petite fille à protéger, une petite fille que je ne puis abandonner en courant le risque de continuer jusqu’à ce que vienne, immanquablement sûrement, un troisième assassin. Ou pire cette fois peut-être, les soldats pour m’enfermer, tenter de m’arracher des secrets sur d’autres. Je ne pouvais pas courir ce risque. Pas sachant qu’Eliza compte sur sa maman.