Kirito regardait le jeune garçon. Il n’était pas vraiment prévu qu’il utilise cette route, et pourtant, il l’avait prise. La voie des cieux. C'est à ce moment qu'il réalisa qu'il avait plus que bien fait de passer par là. Dans un soupir de soulagement, il regarda les pokémons du garçon qui remerciaient à leur tour Kerle. Ce dernier devait actuellement être aux anges. Lui qui adorent les câlins. Le conseiller sourient franchement en voyant à quel point le dresseur qu'il venait de sauver était respectueux. Il n'était pas tombé sur un idiot voulant à tout prix être le meilleur. Même si on peut penser qu'il s'en fiche, au contraire, l'éleveur de dragon ne peut pas supporter que l'on se fasse passer avant ses pokémons. D'un mouvement de tête, il autorisa ses pokémons à s'élever dans les airs. Ces derniers étaient restés immobiles comme des ombres tant qu'aucun ordre n'avait été donné. Au moment Kerle, sous le regard bienveillant de Kirito, s'inclina légèrement devant le jeune garçon et ses pokémons avant de prendre son envol. Le conseiller savait que le Drattak estimait beaucoup le garçon. Certes, cela peut paraître rapide, mais Kirito connait bien ses pokémons, il les connait par coeur. Surtout les dragons. Il les déchiffre. Ils n'ont aucun secret pour lui. Le garçon lui répond qu'il va bien. Alors, le brun se sent soulagé. Il n'aura pas ce poids sur la conscience d'être arrivé en retard. Il offre un petit sourire rassurant au garçon, dont il ignore toujours le nom d'ailleurs.

Le garçon remercie Kirito. Mais il n'y a pas de quoi. Il n'aurait tout simplement pas pu continuer sa route de la sorte sans rien faire. Ce n'était pas du tout son style. Laisser ces lâches soldats s'attaquer tous ensembles contre un seul gamin. La lâcheté dont faisait preuve le régime était très impressionnante. Il n'y a pas à dire. Mais une question vint à son esprit tandis que son esprit vagabondait vers le régime. Comment se faisait il que ce jeune garçon se trouvait là en pleine course poursuite ? Il avait du entendre ou même voir quelque chose qu'il n'aurait pas du. Là-bas, se trouvait alors quelque chose d'important pour le régime ? Un moyen de pression pour les faire plier. L'esprit du brun était en train de réfléchir tandis que son instinct le ramena sur terre. Comme un bon grand frère, il rassura le garçon qui maintenant devait surement être totalement perdu.

- Ce n'est rien. Je n'allais pas te laisser à leur merci tout de même ! Je suis heureux que tu n'ai rien. Tu es en sécurité avec moi maintenant. Les soldats ne viendront pas jusque là.

Il s'arrêta de parler, et s'assit sur l'herbe humide. D'un geste de la main, il invita le garçon à faire de même. Il cueillit un brin et le porta à sa bouche. Tel Lucky Luke, il s'adossa à un tronc d'arbre et planta ses prunelles d'onyx dans celle du gamin en face de lui. Comme s'il tentait de trouver la vérité sans prononcer un seul mot. Comme s'il essayait de lire dans les yeux qu'il avait en face de lui. Même expérimenté le jeune homme n'avait rien à faire là bas, et ce n'était surement pas avec la discrétion dont il avait fait preuve qu'il aurait pu mettre en place un plan quelconque. Après tout, cet endroit était assez reculé pour ne pas être trouvé et il avait tout leur temps autant en profiter pour poser les bonnes questions.

- Mais dis moi. Que faisais tu là bas ? Et quel est ton nom ? Non pas que je n'aime pas t'appeler "gamin"...

Même s'il ne l'avait jamais dit distinctement, il le pensait toujours. Il attendit sa réponse, levant son regard d'onyx pour le poser sur le ciel ou volaient maintenant ses majestueux dragons, virevoltant dans les airs. Profitant de leur liberté, ils avaient totalement oublié ce qui se passait sur la terre ferme. Du moment qu'ils ne commençaient pas à lancer des attaques puissantes, il n'y avait pas de soucis pour le dresseur.

Il ne sait pas trop pourquoi, mais il a l’impression de se voir quand il était jeune. Enfin, en plus ouvert bien sur. Puisque bon, à part avec sa sœur, le collège et le lycée, et bien, on ne peut pas dire que c’était forcément, la meilleure période de sa vie. Tout seul dans un coin de la cour à regarder les autres qui parlaient en groupe et à  se chamailler gentiment. A ces moments là, il pensait à sa sœur et ses amis. D’ailleurs, est ce que petit jeune a beaucoup d’amis, hormis ses pokémons ? Après tout, c’est assez risqué de s’orienter vers une prison du régime seul. Même à deux, c’est assez risqué. De plus, il semble assez jeune, ce qui voudrait dire qu’il ne possède pas la même expérience que quelqu’un de plus vieux. Qui a « vécu » sa vie. Enfin, c’était tout de même un bon point d’oser se rendre là bas. Mais bon, si Kirito n’était pas venu, que serait devenu ce garçon à l’heure qu’il est ? Avec l’atrocité du régime, on est jamais sur de rien, et ils seraient bien capable de torturer un pauvre gamin juste pour le plaisir. C’est quelque chose que le conseiller ne pardonne pas, et ne pardonnera jamais. Après tout, si Yumi se trouvait un jour dans leur main, il leur ferait sentir de ne plus jamais toucher à un seul de ses cheveux.
La justification du gamin était assez amusante tout de même. Le voir tenter de se dépatouiller tout seul pour trouver une justification qui ne doit pas sembler idiote aux yeux de son sauveur. Kirito savait très bien qu’il ne lui disait pas tout mais bon, c’était compréhensible. Il ne le connaissait pratiquement et on n’accorde pas sa confiance en claquant des doigts. Pas sur cette île, c’est trop dangereux. Pris d’un élan d’affection pour rassurer le gamin et lui montrer qu’il comprenait, il passa une main dans les cheveux du brun en face de lui. Une fois sur qu’il était bien décoiffé, un sourire narquois pris place sur le visage du dragonnier et il coupa la justification du petit.
 
« - T’inquiète pas. Tout le monde veut découvrir un jour ce qu’il ne devrait pas voir. Mais dis-toi quand même que tu ne devrais pas aller là pour quelqu’un tout seul. Vas y avec de l’aide. »
 
Et hop, propos subtile lui indiquant qu’il n’est pas idiot et qu’il a très bien compris que le gamin cherchait quelque chose dans la prison. Au moins, il lui donne le conseil d’y aller à plusieurs pour être sur de revenir en vie. Comme ça, il ne lui interdit rien et le laisse vivre sa vie. Satisfait, le brun passe ses bras derrière sa tête tandis que le gamin se présente. Samaël. Samaël Enodril. Instinctivement, le conseiller fronça les sourcils. Il avait déjà entendu ce nom quelque part. Il en était certain, il raisonnait maintenant dans sa tête pour se souvenir d’où provenait ce souvenir. Comme une ampoule s’illumine, il comprit réellement qui le garçon était venu chercher. Son père était sur le point de s’enfuir, mais avait sauvé un camarade à sa place, et les portes du bloc s’étaient refermée sur lui. Pauvre Sam’. Le conseiller espère que l’adolescent ne le vit pas trop mal. Après tout, il doit surement avoir le soutien de sa mère, mais bon, rien ne remplace l’amour d’un père comme on dit. Evitant d’aller sur le terrain en pente, Kirito choisit de se présenter à son tour.
 
«  Kirito. Kirito Tokiro à ton service p’tit bonhomme. »

Il venait de lui donner son nom. Assez facilement. Il se demandait à cet instant s’il était connu parmi les compétiteurs. Parce qu’il fallait avouer qu’il avait pris ses fonctions depuis peu et qu’il n’avait pas encore réellement affronté de dresseur en tant que conseiller de la ligue. Surement était-il encore un parfait inconnu aux yeux des autres. Oui, c’était fort probable. Il serre la main que lui a offerte Sam’ avec un petit sourire en coin. Il n’est pas vraiment dans le genre si moqueur, mais aujourd’hui, ça lui prend comme ça. Et il n’a pas vraiment envie de lutter contre ses petites sautes d’humeur. C’est pas méchant après tout. Lorsque son Caninos pose sa tête sur les jambes de son dresseur, Kirito ne peut s’empêcher de se demander si un jour le sien sera aussi affectueux avec lui. Mais bon vu sa tête de cochon c’était peu probable, du moins pour le moment. La question de Sam’ surpris le conseiller. En fait, il n’y avait jamais vraiment réfléchi. Il adore les dragons et son équipe en est quasiment entièrement constituée, mais, il est possible qu’il attrape d’autre pokémon qu’il aime. Comme son Caninos et son Lixy.
 
« - Hm, je ne sais pas trop si je dois me considérer comme tel. J’adore les dragons comme tu peux le constater. C’est sur et certain que c’est mon type de prédilection… »
 
C’est vrai, il adore les dragons. Il sait comment mettre leur capacité en avant, et comment les pousser. Il sait se faire respecter parce qu’il a déjà fait ses preuves devant son équipe. Son équipe était complémentaire, et chaque pokémon était nécessaire pour former une harmonie parfaite. Il allait d’ailleurs devoir entrainer dur son Kraknoix pour que ce dernier devienne un fier Libegon. Ce ne sera pas de tout repos certes, mais après tout, c’est comme ça qu’on fait ses preuves. Strami aussi avait du potentiel. Mais bon, Kirito était plus porté sur les dragons, il ne savait pas vraiment comment l’aider à s’entrainer. Mais il savait qu’en faisant preuve de patience tout irait bien.
 
« - Mais il m’arrive parfois d’attraper d’autres pokémons. Je ne peux pas me reposer sur mes lauriers en restant sur des bases acquises. C’est pour ça que j’ai donc Strami et Keiron qui ont rejoints mon équipe. »
 
Joignant le geste à la parole, il libéra son Caninos et son Lixy. Si le dernier vient se rouler en boule confortablement contre son dresseur en observant Sam’, le Caninos lui ne trouva pas mieux que de se planter devant sa comparse avec une lueur de défi dans le regard. Décidément, ce dernier ne changera jamais. Tout ça pour une vengeance. Même si ce n’est pas très noble de vouloir devenir fort pour cela, Kirito sait pertinemment que le chien sera toujours à la pour lui lorsqu’il en aura besoin. Lâchant un soupir suite au comportement puéril de son pokémon, il leva les yeux au ciel pour voir Héphaïs redescendre vers eux. D’un coup de patte, il fit reculer Keiron pour le poster aux côtés du conseiller et lui-même se plaça en retrait après avoir éloigner le Caninos pour lui apprendre les bonnes manières. Satisfait le Dracaufeu noir croisa les bras, et laissa échapper une petite flamme avec un regard montrant bien au petit chien que c’était lui qui commandait. Quelle belle équipe ma parole…

Il est plutôt amusé par l’émerveillement que provoque son équipe chez le petit. Après tout, c’est normal, de grands dragons, qui n’a jamais été menacé par ses parents de finir croqué s’il ne mangeait pas sa soupe ? Cependant pour lui, ça ne sait pas vraiment passé comme ça. Le début de son voyage, il l’a fait en étant naïf, et il a plutôt sauté sur le premier dragon qu’il a put croiser. Depuis, il ne peut s’empêcher de tous vouloir les connaître. Keiron même après l’intervention du Dracaufeu s’avance pour se replacer devant la femelle de la même espèce que lui pour s’imposer d’un grognement. Le conseiller n’ajoute rien mais d’un signe de main empêche Héphaïs d’agir. Après tout, qu’il s’impose, quand il se ferra remballer par la femelle, il verra bien la suite. La femelle se met à tourner auteur de lui. Elle a simplement envi de jouer. Cependant, le dresseur a bien l’impression que le Caninos a plus envie de montrer sa supériorité qu’autre chose. Son air blasé est bien vite brisé par la Lixy qui le pousse par derrière. Ce dernier n’ayant pas du tout prévu la chose alla s’écraser contre la femelle avant de grogner contre le type foudre mécontent. Voilà maintenant que les deux femelles s’y mettent, génial. L’ambiance qui cependant était plutôt tranquille et amicale, se rafraichit d’un seul coup quand il entendit la question du garçon. Son regard se planta des les pupilles doré du petit sans flancher. Un regard vide et froid. Le regard de celui qui se rappelle de la torture mentale qu’il a dut subir.
 
« Oui. »
 
Le Kirito parlant peu était de retour. Il n’aimait pas ce souvenir de ce moment. Certes, lorsqu’il avait pénétré dans la prison en même temps que les autres résistants, ils avaient pu sauver beaucoup de gens. Malheureusement, beaucoup ne veut pas dire la totalité. Il avait dut laisser des gens dans cet enfer pour sortir à temps et sauver sa peau. Et après on ose dire qu’ils sont semblables à des héros. Plutôt égoïste. Arrachant rageusement une poignée d’herbe qu’il rejeta au loin il continua.
 
« C’est pas un endroit pour les gamins comme toi. Crois-moi,  c’est pire que tout ce que tu t’imagines. Là bas, on a pas de pitié, ni de considération pour toi. Tu n’es qu’une bête que l’on utilise pour tes informations, ou même parfois pour les envies et plaisir des psychopates qui y travaillent. »
 
Le Dracaufeu serra les poings et s’envola d’un battement d’ailes sec, sans rien dire. Il était énervé. Kirito savait que parler de cet épisode remuait le couteau dans la plaie. Le conseiller ne pouvait rien changer à ce qu’il s’était passé, mais tout ce que le pokémon retenait, c’est qu’il n’avait pas fait appel à lui. Son meilleur ami, son premier compagnon. Il l’avait très mal digéré. Décidant d’être tout à fait honnête avec le jeune homme, tout lui dire pouvait avoir peut être réussi à repousser un petit peu Sam’. Hors de question qu’il y retourne. Même si ces pokémons ont l’air fort, ce n’en est rien pour l’instant. Tout n’est qu’une apparence, ils se construisent en même temps que leur dresseur. Si ce dernier continue d’aller sur un terrain qui n’est pas pour lui, tout ira mal pour la suite.
 
« Je n’’ai pas à te donner d’ordre, mais je t’interdis d’y retourner. Je ne sais pas ce qui tu cherches, ni qui, mais tant que tu ne seras pas prêt psychologiquement, même ton équipe ne pourra rien pour toi. »
 
Faire la part des choses entre ses actions, ses sentiments, et ce qu’il se passe est quelque chose de difficile mais de nécessaire. Faire le vide, ne pas réfléchir trop à ce qu’il fait sur le moment. En quelque sorte se libérer. Même si c’est dur, il faut laisser ses sentiments à côté pour ne pas que tout se retourne contre nous. Dans cette prison, c’est comme si les cauchemars prenaient vie.