Un bon chasseur se doit de chasser des proies régulièrement. Et il faut dire que j'avais besoin de me défouler, après l'échec du bloc R. Il était évident que j'avais une bande d'imbéciles à ma botte, et je devais à présent jongler entre la presse et les habitants de l'île, me forcer à sourire et les rassurer comme je pouvais. Mais au fond, je bouillais de rage. Des prisonniers avaient été libérés, et il était normal qu'ils parlent. Ils allaient dénoncer ce qu'ils avaient subis. Même si le régime n'était pas un ange, certains habitants étaient encore dans le flou, malgré nos agissements. Tout cela ne me disait rien qui vaille, et je détestais cette situation !

« Hannibal !  »

Mon cri fit sursauter la jungle autour de moi, mais j'eus la satisfaction d'entendre revenir à tire d'ailes mon oiseau favori. Il croassa autour de ma tête avant de se poser sur une branche basse. La jungle d'Anula valait le coup d'oeil, mais je n'étais pas ici pour admirer le panorama. J'étais ici pour me délecter d'une bonne chasse, et d'une mise à mort cruelle qui m'apaiserait un peu.

« Trouve nous quelque chose de sympathique à nous mettre sous les dents - ou le bec. »

Dans un piaillement aigu, il s'envola de nouveau, docile, partageant ma rage quant à mes subalternes. Dans un froufrou, un venipatte remonta le long de mon dos sur ma chemise de lin beige, et se posta sur mon avant-bras, confortablement, ses antennes bougeant au rythme de mes pas. Olaf aimait se poster là, digne d'envoyer un dard venimeux à quiconque embêtait son maître. Quant à Bathory, elle traînait elle aussi, invisible, mais aussi dangereuse que ses couperets de bras lui permettraient. Hannibal se fit soudain entendre, et curieux, moi et Olaf avançâmes, nous délectant d'avance d'une proie que nous aura trouvé l'oiseau sombre.

Apparition d'un pokémon, zone Jungle d'Anula, coeur de la jungle, merci.

J'avançais jusqu'à l'endroit où tournait Hannibal. Il nous avait déniché une espèce de rat violet, au regard insolent, que je détestais immédiatement. Sa façon de nous narguer, en faisant claquer ses mâchoires, prouvait qu'il ne comprenait pas du tout à quel point à qui il se frottait. Idiot de rongeur. Il allait apprendre que la vie ne se résumait pas à lui. Il avait peut-être l'habitude de combattre, par ici, mais nous étions d'un autre moule, un moule bien plus puissant que lui. Restait cette question : à qui allais-je donner cette proie insignifiante ? Hannibal semblait intéressé, et n'était-ce pas l'apanage des rapaces de dévorer les rats ? Ainsi fut prise ma décision.

« Il est pour toi, Hannibal. »

L'oiseau croassa de bonheur, et fondit sur le rat pour l'effrayer. Le rongeur immonde s'effraya, puis se remit sur ses pattes. Il aurait mieux fait de s'enfuir ; peut-être m'aurait-il paru assez ridicule pour que je lui octroie un peu d'avance. Hélas, c'était sans compter sur la faim de violence de l'oiseau.

Hannibal s'envola, puis fondit sur le rongeur et d'un coup d'aile bien placé, plaça une attaque cru'aile qui balaya le ratatta sauvage. J'eus un petit sourire. Si il se montrait assez fort pour le mettre KO rapidement et ne pas me ralentir dans ma chasse, je l'autoriserais à se délecter de la chair de sa victime.

« Continue comme ça »

Je l'encourageais. J'appréciais cet oiseau, à la manière d'un ami, d'un vieil ami. Nous étions ensemble depuis de nombreuses années, et nous partagions de nombreuses choses. Mais la chasse, la chasse ! C'était plus que l'amitié qui nous faisait partager ce sentiment carnassier. Je fusionnais presque avec lui, avec son corps ailé, avec ses attaques, avec l'émotion incroyablement palpitante de voir nos ennemis balayés.

Envoi de Cornèbre ♂ - Hannibal - Chanceux - Mauvais

Cornèbre utilise Cru'aile x 3

Merci /o/  

En deux temps trois mouvements, le rat fût balayé par les rafales des ailes de Hannibal. Il se démena, tenta de s'enfuir, de survivre. Mais l'oiseau était un rapace. Quand il se saisissait d'une proie, rien ne l'en faisait lâcher. Il l'attaqua d'une nouvelle cru'aile, et se fut fini. Quand le rat s'effondra, sans forces, ce fut la fin. Mes yeux de pierre observèrent avec un appétit féroce mon cher vieil ami fondre sur le rat ; son bec s'enfonça dans sa chair. Il avait le droit de se repaître de sa proie ; il l'avait mise KO, après tout.

« Rien ne résiste à ton bec, mon vieil ami. »

Un vague sourire apparut sur mes lèvres, presque affectueux. Presque. Me détournant de la scène, non pas dégoût mais par désintérêt - je l'avais vu un nombre incalculable de fois manger un cadavre de pokémon - je m'éloignais un peu, sans cependant le perdre de vue. Olaf, sur mon bras, continuait de balancer ses antennes ; peut-être cherchait-il lui aussi une proie ?

J'avançais encore un peu, écartant les rideaux de lianes, et Hannibal revint bientôt me rejoindre ; son bec et son poitrail étaient couverts de sang. Il frotta de son aile son bec et émit un petit bruit repu. Je lui glissais un regard puis repris mon chemin. Derrière nous, ne restait de notre adversaire pitoyable qu'un tas d'os et quelques viscères que Hannibal avait délaissé.

« Essayons de nous trouver une proie un peu plus coriace. Ce combat ne m'a même pas amusé, au vu de l'issue tellement évidente. »

A peine éraflé par les attaques du rattata, le cornèbre s'envola de nouveau, le ventre lourd mais son regard étincelant comme un rubis, rougeoyant d'une lueur qui ne disait rien qui vaille pour nos prochains ennemis. Je m'immobilisais, sur un chemin de terre retournée. Aux alentours, la jungle verdoyante renfermait des bruits étranges, qui aiguisaient ma curiosité scientifique. Soudain, dans un bruissement, Bathory apparut. Elle ne se laissait voir que quand elle le désirait ; la plupart du temps, c'était parce que quelque chose allait se passer. Avait-elle remarqué un ennemi que n'avait pas vu Hannibal ? Ses larges faux aiguisées luisantes, je plissais les paupières vers sa tête triangulaire ; ses yeux étincelaient comme les couperets de ses bras. Oui, quelque chose approchait.

Une nouvelle apparition siouplééé *_* coeur de la jungle, merci.

Bathory avait son museau en l'air, et j'entendis alors un bruissement, et vis jaillir deux oiseaux. L'un, sombre, n'était autre que mon Hannibal aux plumes noires bleutées ; il était accompagné d'un autre oiseau. Un étourmi. Le regard défiant qu'il nous lançait prouvait qu'il n'était pas aussi idiot que le rat ; hélas, il n'avait aucun intérêt pour moi. Je hochais la tête vers mon oiseau, qui croassa et s'approcha de moi. Bathory continuait de fixer notre adversaire, mais les types auraient été contre elle.

« Il est pour toi aussi, Hannibal. De toute façon, il semblerait que ce soit toi qu'il veuille comme adversaire. »

J'eus un sourire révélant mes dents de façon presque carnassière, et mon regard dur se posa sur le piaf aux couleurs pâles. Les deux oiseaux se gonflèrent, leurs plumages les faisant paraître plus gros, mais je n'étais pas venu ici pour voir des parades.

« Hannibal, attaque. »

Je commençais à être à court de patience. N'y avait-il ici aucun pokémon digne d'intérêt ? Je fulminais, incapable de garder ma rage pour moi. J'étais venu ici assister à une chasse, mais je ne voyais qu'une curée, un carnage sans intérêt. Cornèbre s'élança, fouettant l'oiseau de ses ailes. Il aimait montrer sa supériorité, et je comptais sur lui pour prouver que, même parmi les oiseaux, il était un roi parmi les rois.

Envoi de Cornèbre ♂ - Hannibal - Chanceux - Mauvais

Cornèbre utilise Cru'aile x 3

Merci /o/

Et, roi parmi les rois, Hannibal l'était. Son vol était majestueux, et il semblait aussi déterminé que moi à massacrer l'insolent qui s'était cru à notre niveau. Et bien que l'étourmi fût plus vif que mon cher cornèbre, il ne lui fallut pas longtemps pour tomber en flèche, réduit à l'inconscience par les ailes violentes de l'oiseau sombre comme la nuit. Les prunelles rougeoyantes, Hannibal se posta près de l'oiseau. Cependant, malgré les coups de becs vicieux qu'il donna au ventre mou de l'oiseau, c'était plus par méchanceté qu'autre chose. Il n'avait plus faim, venant de se repaître d'un rat sauvage.

« Bien. Rentrons. J'en ai plus qu'assez de cette jungle. »

En fait, je me rendais compte que ce que j'aurais voulu, c'est faire mal, de ma propre main. Prendre ce rat de tout à l'heure, le serrer dans mes grandes mains, broyer ses os, regarder dans ses yeux vitreux la souffrance ... Peut-être qu'en rentrant au QG, il y avait moyen que je me fasse le bourreau d'une torture. Je soupirais, repoussais mes cheveux d'un air agacé, et repartis sur le chemin pour rentrer, Bathory et Hannibal me suivant. Olaf, lui, n'avait pas bougé de sa place favorite. Il ne cessait de dandiner ses antennes, interceptant les moindres signaux olfactifs qui se promenaient dans l'air. J'eus un léger sourire à l'idée qu'une fois rentré, je pourrais demander à un bleu de m'entraîner, et que je pourrais lui faire mal. Très mal. Passant ma main sur mes habits, je défroissais d'un gestes mon pantalon, et sortis de la jungle pour retrouver ma voiture et mon chauffeur. Il me tardait de rentrer, à présent.

Merci pour la modoooo /o/