Quelle journée pourrie. Les lignes de l'autoroute défilaient pour disparaître sous la voiture qui fonçait sur l'asphalte, provoquant le mécontentement des autres automobilistes et des doublages en série. J'étais de très mauvaise humeur depuis une certaine entrevue avec le gros bonnet du Régime. Je ne l'aime pas. En plus de porter un nom de ville en guise de prénom -ce qui est totalement ridicule-, il me rappelle mon paternel adoré, dans son genre chef d'entreprise bien friqué et orateur. Donc, il m'avait convoqué pour me rabâcher à quel point l'échec cuisant du Régime au bloc R était en grande partie de la faute de mon incompétence, et j'avais du fermer ma gueule car le connaissant, je pense qu'il n'aurait pas hésité à me suspendre si il j'avais choisi de le contredire plutôt que de m'écraser. Et comme je déteste être dans ce genre de position de faiblesse...

Fraulein Cobra avait tout dit, cet énervement avait transparu et influencé mes actions quand je l'avais retrouvé dans une cellule. Certes, j'avais coupé son amusement et le mien, et bien conscient de cela, j'avais proposé de la raccompagner chez elle, et aussi parce que foncer à une telle vitesse sur la route parvenait à me calmer un peu. Je grognais en entendant ses mots qui faisaient mouche et me remettaient en face de mon manque de sérieux et d'application dans mon travail. Je n'étais pas vraiment fier de ma performance de tout à l'heure a vrai dire.  

« Nein. C'est vrai. Navré d'avoir avorté cette séance de la sorte. Ce jouet était prometteur, pourtant. »

Je marmonnais entre mes dents, grinçant. J'étais vraiment de mauvaise humeur et pour être honnête, la femme serpent ne me calma pas vraiment avec ses questions. J'appuyais encore sur l'accélérateur alors que le sang battait fort à mes tempes et mes doigts tapotaient nerveusement sur le volant. Un regard furtif à A Mulher Cobra me fit comprendre qu'elle ne posait pas ce genre de questions pour me provoquer, mais je ne la voyais pas inquiète non plus, ça m'aurait énormément étonné venant d'une mort-vivante. Et effectivement, elle n'était pas inquiète, simplement curieuse.

« Ce soir-là, mon jouet préféré s'est échappé du Bloc R avec d'autres. Je pense que tu peux comprendre dans quel genre d'état d'exaspération je suis depuis ce jour. Sans compter sur le gros qui m'a convoqué pour... »

Comme dire tout cela ne me soulageait absolument pas, je cognais le volant du poing, faisant valdinguer la voiture sur le côté et manquant de se rétamer sur les barrières du bas côté.

« Scheize! »

J'espère qu'au moins, elle n'était pas rayée. J'ouvrais et refermais ma main légèrement endolorie au niveau des phalanges et fixais de nouveau mon regard sur la route. Les panneaus indiquait la sortie vers Anula dans une centaine de mètre, je me rangeais sur le côté et fut forcé de ralentir pour prendre le virage et puis le rond point.

« J'aurais aimé que vous connaissiez le bloc R, fraulein, c'était un paradis pour les gens tels que nous! »

Je repensais, l'air presque rêveur, à ce que j'avais pu y faire. C'était le bon temps, maintenant, il n'y avait plus qu'à attendre qu'on s'en trouve un autre... Tch.

Je progressais un peu plus dans les rues de la ville du centre sous les indications soufflées par la voix doucereuse de ma collaboratrice, puis nous nous retrouvâmes devant l'amphithéâtre ou je stoppais le moteur de la Mercedes. La fraulein s’apprêtât à sortir puis me fit une proposition bien étrange, à laquelle je ne m'attendais pas. Ce n'était pas mon genre de m'attarder avec des collègues après le travail mais, en même temps, je l'avais reconduite ici, échange de bons procédés et... La coordination ne m’intéressait pas, à vrai dire, mais elle me proposait de visiter, ce qui laissait présager que le bâtiment devait être plus intéressant à l'intérieur que vue de l'extérieur. Son ton plus aimable qu'à l'accoutumée continua de me surprendre et je me tournais vers elle pour apercevoir son sourire engageant et tomber directement sur un panorama magnifique de sa poitrine. C'était fait exprès ou je m’imagine des choses? Quelques secondes passent et je sens que l'électricité et la chaleur présente dans la voiture vient de monter de quelques crans. Hmm... Se changer les idées, hein... Alors que mon regard demeure vaguement sur ses atouts plutôt attrayants que j'avais déjà vu d'assez près l'autre jour, par mégarde, parce qu'en fait, je voulais voir autre chose à ce moment-là. C'est vrai!

« Ach so... Comment refuser? Saches que je ne suis pas un invité des plus dociles, cependant. »

Simple avertissement oral avant de la voir sortir de la voiture et je lui emboîtais le pas, jouant l'invité docile pour le moment. Et un peu prudent aussi, car je ne m'attendais pas à ce qu'elle pouvait bien me réserver une fois à l’intérieur.  Non, mais faites pas genre que vous avez pas pensé qu'elle puisse utiliser un de ses poisons pour m'immobiliser, m'attacher et faire ce qu'elle veut avec mon corps. Donc, oui, je dois être assez vigilant pour être capable de la maîtriser physiquement. Et j'aurais l'air con de m'être fait des films pour rien si elle est vraiment là pour me faire visiter les lieux. J'entendis la clé tourner dans la serrure tandis que mon regard s'était distraitement attardée sur ses hanches. J'eus un sourire plutôt éloquent alors que je la rejoignais sous le porche. Léger sursaut d'hésitation quand le visage de Sky s'invita dans mon esprit... Dans un moment pareil... Tch. C'était fini. Je pouvais m'occuper autrement qu'avec lui dans des périodes d'agacement de ce genre. Aucune raison de culpabiliser. La femme Cobra avait raison, j'avais besoin de me changer les idées. Allez, schnell.


« Après toi, bitte shön. »

Je dis, dès que la porte fut ouverte, et l'observant avec mon sourire en coin révélateur.

Là c'était pas mon imagination, il faisait vraiment chaud là dedans. L'humidité mélangé à cette hausse de chaleur me coupa presque la respiration un moment, en fait, tous mes sens s'arrêtèrent de fonctionner quelques instants, car je n'y voyais goutte non plus. Je me demandais ou j'avais atterri mais en faisant silence il fut facile de détecter les odeurs et les bruits de ce qui semblait être... Une forêt? Une jungle plutôt. Et mes yeux s'habituant au peu de lumière vinrent confirmer mes hypothèses. Je balayais les lieux du regard, apercevant la scène de l'amphithéâtre, et les quelques bestioles qui traînaient ça et là dans la végétation luxuriante. Même si je m'apercevais alors que mes sens s'éveillaient encore mieux avec l'humidité ambiante, l'envie d'enlever ma veste se fit sentir et si j'avais bien deviné ce que la A Muhler Cobra m'emmenait faire ici, ce serait certainement nécessaire à un moment ou à un autre. Je m’exécutais donc alors que ma collègue, elle laissait aller gambader ses compagnons et se débarrassa bientôt de sa roba fantomatique, dévoilant ses forme et le reste de son corps à peine camouflé par le peu de vêtements qui lui restait alors. Bon... Il fait vraiment chaud ici. Je tirais doucement sur ma cravate et déboutonnais le premier bouton de ma chemise l'air de rien, vérifiant bien qu'elle ait tourné son regard vers moi tandis que je l'exécutais. Peut-être, encore un fois avais-je une imagination trop fertile et que mes ardeurs devraient se calmer si on en venait à seulement jardiner et boire un thé. Cette dernière pensée me refroidit assez.

« Ce que j'en pense? On s'y croirait vraiment. Surtout pour le climat, il fait vraiment chaud, ici... »

Se disant, je posais ma veste sur une branche qui se trouvais là, et appuyais mon bras sur cette dernière, me rapprochant sensiblement de la femme serpent, fixant ses yeux d'un peu plus près en gardant mon rictus un peu lubrique vissé sur les lèvres.

« Also, que proposez-vous pour me changer les idées? J'ai bien des idées, et comme nous sommes souvent sur la même longueur d'onde je me dis que ça ne sera pas déplaisant. Vous saisissez l'idée? Ja? »

Innocemment, je posais ma cravate avec ma veste. C'était à l'hôte d'annoncer la couleur, maintenant. Par contre, si elle avait fait ces sous entendu pour au final ignorer mes avances, je risquais de fort mal le prendre.

Si il y a bien un truc qui me blesse dans mon amour propre, c'est qu'on se refuse à moi, mais même si c'est ce que put me faire penser le comportement de la collègue pendant quelques secondes, il s’avéra qu'au final, elle semblait juste avoir envie de retarder la chose. Plus on attend plus c'est bon, non? Ce qu'elle fit alors ne me refroidit absolument pas. A la façon dont elle se glissa derrière moi et se colla à mon dos sensuellement, je déglutis et un frisson me parcourut lorsque ses mains gantées glissèrent sur mes clavicules vers la naissance de mes pectoraux. Et le moins qu'on puisse dire c'est que ce petit jeu ne me déplaisait pas, et j'avais bien envie de jouer moi aussi. Ma fougue et mon énervement n'étaient pas encore tout à fait dissipé et me pressaient de faire avancer les chose plus vite, mais le fait est que ce court massage me détendait pour de bon. Sans me ramollir pour autant, nuance, et c'est là toute la subtilité de la chose. Mon sourire s’élargit quand les mots d'A Mulher Cobra vinrent caresser mon oreille. J'eus un court rire pour montrer que j’approuvais ses paroles et ses mouvements sur ma peau et je lui lançais un regard joueur en observant brièvement par-dessus mon épaule.

Une de mes mains s'aventura en arrière, atterrissant sans empressement dans le creux de la taille du buste squelettique de ma vis-à-vis. Comme j'avais pu l'immaginer, sa peu était froide, comme son teint cadavérique me le laissait présager. Ma main descendit le long de sa taille et passa innocemment, mais d'un toucher plus ferme que le sien, sur son bassin pour se retrouver sur sa cuisse nue, pour s'arrêter à la limite de la naissance de ses fesses délimitée par son mini-short.

« Oh, Verzeihung, fraülein. Je me demandais si une peau si bleutée avait la même texture qu'un épiderme ordinaire. "No offenche", Ja? »

Je remontais ensuite avec plus de lenteur vers son ventre, me retournant peu à peu vers la fraülein et me trouver de nouveau face à elle, ma main s'arrêtant sur ses côtes, juste là ou j'aurais pu saisir l'occasion pour apprécier la sensation de sa poitrine généreuse sous mes doigts. Mais non. Pas tout de suite. Je retirais ma main et haussais les sourcils en apercevant une goutte qui s'était déposée dans son décolleté.

« Ah. Tiens. Tu permets? »

D'un sourire moqueur, j'allais chercher sur le dos de mon index la gouttelette intrusive et la montrais tel un gosse fier de sa « pêche » à ma vis-à-vis, comme pour justifier mon geste qui n'était absolument pas le présage d'autre chose à venir, évidemment que non. Je chassais la goutte d'un claquement de doigts brisant le silence et baissais les yeux sur A Mulher Cobra, pas que ce petit jeu me laissait, mais il fallait se remettre à l'esprit ce pourquoi elle m'avait invité ici, à l'évidence.

« So... wenn wir Ficken? Enfin, "letche feuke"? »