BIOGRAPHIEQuand la vie se montre traîtresse.
Les deux adolescents courent. La jeune fille aux cheveux blancs n'en peut plus, elle est essoufflée et a l'impression que ses jambes ne sont plus que du béton. Elle a la bouche sèche, le visage trempé de sueur mais tant pis. Elle s'obstine juste à ne pas perdre de vue le garçon aux cheveux châtains qui court devant elle. Soudain, elle tombe. Le garçon s'arrête et viens jusqu'à elle. Il lui fait mal en la tirant brusquement par le bras pour la relever. Aiko plante alors son regard embué de larme dans les yeux bleus paniqués de son frère. Ce dernier serre la mâchoire et un éclat de détresse brille un court instant dans ses prunelles.
- Cours idiote, lui dit-il durement, il faut courir. Il le faut tu as compris?
Effrayée, Aiko ne peut que hocher la tête avant de reprendre sa course folle. La rue monte, étroite et sinueuse. Le silence règne, un silence oppressant, détestable. Cette rue est d’ailleurs déserte. Les dernières étoiles disparaissent, une à une, comme abattues par les fusils que sont les rayons du soleil. Derrière les deux adolescents en fuite, le bruit de la voiture se rapproche. Aiko ne pense plus qu'à une chose, mourir. Mourir pour ne plus sentir la douleur, mourir plutôt que de se faire attraper, mourir pour ne plus voir son frère si désemparé. Mais Aiko est à bout de force. Ses jambes ne la supportent plus et malgré les ordres de son frère, elle s'appuie un instant contre une maison pour reprendre son souffle. Il aurait été tellement facile de rester à Illumis avec sa mère. Elle aurait continué à tailler des vêtements, comme avant. Peut-être que sa carrière de mannequin aurait décollé qui sait? Elle aurait coulé des jours heureux en compagnie de l’Arcanin et du Chaglam de sa mère. Mais non. Il avait fallu suivre son père sur cette île paradisiaque. Maudite soif d'aventure ! Elle allait peut-être lui coûter la vie. Mais ce n'était pas le moment de se montrer nostalgique. Seule la libération de ce peuple compte, seul le renversement de ce régime libérera la population de la peur dans laquelle elle s'est emmurée.
- Alors imbécile, tu cours ou quoi? lui siffle Akio.
Et de nouveau ce fut la montée. Aiko sent son cœur battre dans ses oreilles et chaque inspiration est douloureuse. Enfin, les deux adolescents arrivent aux dernières maisons. Affolé, Akio cherche du regard une cachette qui les dissimulerait aux yeux des gardes. La voiture n'est plus très loin maintenant. Dans quelques secondes elle sera là, ainsi que les gens qui la conduisent. Aiko peut déjà voir la lumière des phares menaçants et elle se sent comme un Laporeille prit au piège alors que le Goupix n'est pas loin.
Hors d'haleine, son frère lui indique la maison en ruine, tout au fond de la rue. Aiko sent alors son cœur s'emballer et, lentement, elle fait non de la tête. Plutôt devoir affronter les gardes que d'entrer là. Pas ici. C'est trop horrible. Comment son frère peut-il lui demander d'aller là-bas? Alors que cet endroit est infesté de pokémons psy. Aiko ne peut tout simplement pas. Alors, le regard furieux, Akio s'approche d'elle et...
Clak! Le jeune homme vient de gifler sèchement sa sœur. Aiko n'ose pas bouger.
Clak! Clak! Le visage en feu, Aiko se fait trainer de force dans les ruines. Le sol est jonché de gravats dû aux effets du temps et de l’abandon.
La voiture fait alors irruption sur la place. Elle s’arrête non loin de la maison. La lumière de ses phares allume des ombres menaçantes sur les murs et rajoute un effet maudit au lieu déjà peu engageant. Les deux adolescents se précipitent à la cave encore intacte. Au moment où, tel des ombres ils se dissimulent derrière des barriques, deux soldats du régime entre. Les hommes peuvent arriver d'un moment à l'autre et alors...alors.... ce sera la fin. Mais en ce moment même, ce ne sont pas les soldats qui effraient Aiko, mais la présence de pokémons psy non loin d'elle. Malgré le fait qu'elle ne les voit pas, Aiko sent leur présence maléfique planer autour d'elle jusqu'à lui donner des sueurs froides. Des éclats de voix retentissent et Aiko devine alors que les hommes ne vont pas tarder à arriver. Le monde de l'adolescente s'écroule. Quand son frère lui a dit que tout se passerait bien, c'était un mensonge. Quand il a dit qu'ils s'en sortiraient indemnes comme à chaque fois, ça aussi c'était un mensonge. Elle qui le pensait si inébranlable. Quelle idiote elle avait été ! Rien n'est vrai. Tout est fini.
Alors que Aiko s'apprête à se lever et à se rendre, elle croise le regard rouge d'un Laporeille. D'un beau marron clair, de taille moyenne avec des yeux rouges éclatants aussi brillants que des rubis. Le Laporeille la regarde, et Aiko lui rend son regard. Attendrie devant la bête à l'air un peu effrayé, la fille aux cheveux blancs tend une main douce et amicale vers le pokémon. Elle s'accroupit pour paraître plus petite et lui murmure des mots gentils, assez doucement pour que les soldats ne l'entende pas.
Soudain, un aboiement déchire le silence des ruines. Un Démolosse est sorti de la voiture. Il tire furieusement sur la laisse et Aiko sent déjà ses crocs se refermer durement sur son cou.
Mais l'adolescente n'a pas le temps d'avoir peur. Du coin de l'œil, elle voit le Laporeille sauter dans une saillie juste à côté d'eux. Une cachette ! Assez grande pour elle et son frère, assez grande pour un Laporeille, mais trop petite pour un homme adulte et un Démolosse de cette taille. Le trou est presque invisible. Pas étonnant qu’Aiko ne l'ait pas vu avant. Sans réfléchir plus longtemps, la jeune fille saute dedans la tête la première suivie de près par Akio. Heureusement, elle tombe dans la boue ce qui amortit sa chute et la couvre de la substance froide et gluante. Elle arrive encore à distinguer les yeux du Laporeille dans la faible lumière qu'offre le souterrain. Puis, dès que les deux fuyards furent debout, le Laporeille aux yeux rouges s'éloigna en sautillant. Elle jette un regard à Aiko qui semble vouloir dire "Alors ? Tu viens oui ou non ?" Alors Aiko suis le Laporeille et son frère la suis. De l'autre côté du trou, les voix des gardes et du pokémon furieux se font entendre mais la présence du petit pokémon rassure Aiko. C'est comme si la petite créature dégage une aura de bien-être et de sérénité. Les deux adolescents trottinent derrière le Laporeille dans le souterrain rempli de boue et d'eau. Tant mieux. Cela masquera leur odeur aux nez de leurs poursuivants.
Le Laporeille emprunte des escaliers, s’enfonce de plus en plus profondément dans le labyrinthe. Un virage à droite, un autre à gauche. La marche n'en finit plus. Mais la peur d'Aiko semble s’être envolée. Seul ce petit Laporeille compte pour elle. S’il le lui disait, elle irait jusqu'au bout du monde. De temps en temps, le pokémon se retourne pour regarder Aiko et, comme s’il devinait ses pensées, un petit sourire se dessine sur son visage. Petit à petit, les aboiements furieux se font de plus en plus lointains. Un peu plus rassurée, Aiko se détend et sent son frère faire de même. En empruntant un couloir sombre, ils provoquent l'envol de quelques chauves-souris. Mais Aiko n'a pas peur. Elle semble plutôt émerveillée par les créatures volantes. Les galeries et les virages s’enchaînent indéfiniment jusqu’à ce que la lumière se fasse plus vive.
Ils sont sortis. Enfin dehors, sales, mais en un seul morceau. Trois silhouettes noires dans une forêt épaisse, à peine visible entre les arbres. En contrebas, une rivière paisible coule doucement, bordée de peupliers et de roseaux. A peine sortit du tunnel, Akio s'effondre sur les feuilles mortes jonchant le sol, épuisé. Aiko quant à elle ne pense qu'à une chose. Remercier ce petit Laporeille à qui elle doit la vie. Alors, elle s'assoit sur le sol et se met à parler au pokémon qui la regarde en penchant légèrement la tête sur le côté. Aiko sait qu'il la comprendra.
- Merci.
Tout simplement. Pas la peine de grand discours, un simple merci signifie beaucoup de chose lorsqu’on le prononce avec une voix vibrante d'émotion et les yeux remplis d'une profonde gratitude. Un instant, femme et pokémon se regardent dans les yeux, se dévoilant l'une à l'autre. Alors, le Laporeille s'approche timidement puis, face au sourire chaleureux d’Aiko, il se niche sur ses genoux où il se roule en boule en poussant un soupir de satisfaction. Tout doucement, la jeune fille caresse la douce fourrure du Laporeille. Son Laporeille.
- Je vais t’appeler Ambre. Murmure-t-elle. Tu es maintenant à moi comme je suis à toi.
Pour toute réponse, Ambre baille dévoilant de minuscules dents. Alors qu'elle était plongée dans son monde avec son pokémon, une lourde main s'abattit sur l'épaule d’Aiko. Un peu surprise, elle releva la tête et croisa le regard remplis de gratitude de son frère. Jamais elle ne l’avait vu si reconnaissant envers elle.
- Je n'aurais jamais songé à suivre ce Laporeille. Si nous ne sommes pas morts aujourd'hui, c'est grâce à toi. M-merci beaucoup.
Et, alors qu'il prononçait ces mots, un hurlement rageur se fit entendre. Un bruit sourd, un cri de douleur, le bruit d'un corps tombant sur le sol puis plus rien. Devant les yeux abasourdis d’Aiko, se tenait un officier accompagné d'un Grahyena. Le fusil fumant pointé vers son frère avait été efficace. Le corps d’Akio gisait sur le sol, mort. Stupéfaite, Aiko était paralysée. Son frère était mort devant ses yeux, elle n'avait rien vu venir. Les larmes perlèrent aux yeux d’Aiko avant de dévaler l'imposante pente qu'étaient ses joues. Horrifiée, la jeune fille poussa un cri de douleur avant de se redresser brusquement Ambre dans les bras. Se répercutant sur les falaises alentour, le cri d’Aiko aurait fait frémir les cœur les plus durs. Il contenait une tristesse infinie accompagnée d'une peur quasi animale et d'une rage sans borne. Tremblante, Ambre enfouit son visage dans les vêtements d’Aiko. La petite Laporeille était partagée entre la peur du soldat et de son terrible pokémon, et l'horreur terrifiante de l'état de sa dresseuse.
Sans un mot, l'homme pointa son fusil vers la jeune fille effrayée et s’apprêta à tirer quand un pokémon au pelage bleu et jaune surgit de nulle part se jeta sur lui. L'attaque surprise prit l'homme au dépourvut et le Dynavolt Shiny en profita pour utiliser une puissante attaque morsure. Aussi vif que l'éclair, il sauta hors de portée du Grahyena et l'attaqua presque aussitôt avec éclair. Avant qu’Aiko ait eu le temps de dire "Pikachu" le Dynavolt l'attrapa par la manche et la tira, la suppliant de le suivre du regard. Sans se faire prier, Aiko se mit alors à courir à toute vitesse accompagnée du fameux pokémon shiny. Ballotté dans tous les sens, Ambre se débattit un instant avant de finalement se laisser porter. La survie d’Aiko en dépendait, elle ne pouvait pas se permettre de se déconcentrer ou de ralentir. Le trio courut toute la journée pour enfin s’arrêter dans une clairière à la nuit tombée. Tous les trois épuisés, ils s'endormirent presque aussitôt. Le lendemain, Aiko tenta de se rappeler les événements qui lui était arrivé dans la journée d'hier. La course poursuite puis Ambre, la mort de son frère, l'arrivée du Dynavolt et enfin sa longue course dans la forêt. Une fois ses idées en ordre, la tristesse frappa Aiko comme les vagues se déchaînant sur les côtes. Pourquoi le Dunavolt l'avait-il sauvé ? Aucune idée. Mais curieusement, il lui rappelait beaucoup le pokémon qu’Akio avait tant de fois voulut capturer. Pendant trois jours, la jeune fille ne fut que l'ombre d'elle-même. Les deux pokémons tentèrent tant bien que mal de la consoler mais rien à faire. Après cet incident, Aiko décida qu'il fallait qu'elle se reprenne en main. Malgré la mort de son frère, malgré les hommes à ses trousses, malgré son père qui l'avait chassé de chez lui quand il avait appris qu'elle était une résistante il fallait qu'elle se relève. Faire face et se battre. Mais pour Aiko, finit la résistance. Cette satanée guerre qui avait pris la vie d'un être cher à ses yeux ne lui inspirait plus que dégout et pitié. Qu'ils se battent s’ils le voulaient! Aiko n'en avait que cure. Alors, la jeune fille recommença tout à zéro. Elle s'acheta un appartement en ville avec le peu d'argent qu'elle avait et décida de devenir une coordinatrice. Elle nomma le Dynavolt Akemi et le remercia pour l'avoir sauvée. Les année passèrent et Aiko voue toujours une haine féroce au régime et aux résistants, mais elle a maintenant d'autres Chaglam à fouetter. Son entrainement intensif lui prend presque tout son temps et son amour pour les pokémons grandit au fur et à mesure des concours. Le lien qu'elle entretenait avec Ambre et Akemi se resserra devenant plus fort chaque jour créant une certaine complicité entre elle et Akemi tandis qu’Ambre est comme son amie, sa camarade avec qui elle partage tout.