« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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Adélia G. Turnac
Administratrice Fondatrice
Adélia G. Turnac
Féminin Messages : 510
Date d'inscription : 10/07/2014

Âge du personnage : 23 ans
Métier / Études : Médecine, en stage dans une clinique privée
Pseudonyme(s) : Adélia Frey, sa fausse identité, le nom sous lequel elle se présente
Mascarade, surnom de Compétitrice

Niveau : 65
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♣️ MAJESTA ♣️
Ectoplasma ♀, Lévitation, naïve

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♣️ PUMPKIN ♣️
Emolga ♀, Statik, fofolle

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Bruyverne ♂, Infiltration, hardi

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♣️ BENTLEY ♣️
Tengalice* ♂, Chlorophylle, pressé

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♣️ MOZART ♣️
Noctunoir ♂, Pression, calme



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MessageSujet: Collapse |OS| (Avertissement Violence)   Collapse |OS| (Avertissement Violence) EmptySam 31 Jan 2015 - 16:01


Collapse

is this the way you have to fall?
Collapse.
The story that ends.
You'll tell me every story has to end in a way or another.
But never in this way.

Never in this way.
Collapse in the end of both a physical a moral self. When the cracks finally break and everything comes down with it. And the only thing you can hear is the silence. Not even a beating heart. You are the dead that will never arise from its ashes. You are condemned.
No one will hear you scream tonight.


Rien ne me mena à Anula cette nuit-là. Une simple envie passagère, qui s'évapora sitôt mes pieds errant dans la ville. Je ne trouvais pas la paix. Quelque chose, au plus profond de moi, me dérangeait profondément, rendait toute progression difficile. J'avais promis à quelques collègues de les rejoindre dans un bar du coin, à quelques pas d'ici. Or, j'étais fatiguée, épuisée par une semaine très intensive autant à la clinique que lors de mes entraînement réguliers. Je m'imposais un rythme de vie pénible à suivre et qui pourtant, me comblait. Je m'éveillais parfois en pleine nuit, tout mon corps vibrant d'une douleur presque physique et palpable, qui se répandait dans mes membres. L'inactivité, je le sentais, cherchait à m'asphyxier. Alors je me levais d'un pas pressé et attrapais le premier bouquin de médecine qui me tombait sous la main, ou réveillais un ou l'autre de mes alliés afin de revoir avec lui ou elle les derniers enchaînements pratiqués de la journée. Je ne trouvais pas la paix, jamais, sauf peut-être à quelques perdues passées en compagnie de Lucas, ces rares instants paisibles où j'avais l'impression pourtant lointaine de reprendre une part de moi. Je ne savais expliquer ce phénomène. Il ne durait pas assez encore pour inquiéter mes proches, or... Je me sentais dépérir, sans savoir expliquer pourquoi, ni comment. Je me sentais si lasse ce soir que je faillis adresser ces quelques mots à Anika, qui m'accompagnait. Ces quelques mots qui m'auraient sauvée et condamnée tout à la fois. Parfois, je continue à croire que je devais passer par cet instant, ce tournant sombre de mon existence pour m'égarer dans la lumière à nouveau.

Beaucoup ne partagent pas cet avis.

L'ambiance chaleureuse du bar en question, nommé presque au hasard par une collègue stagiaire la veille, du me redonner de l'aplomb. Je discutais avec ces deux jeunes femmes, beaucoup plus frivoles que je ne pouvais l'être. Je les écoutais, dans leurs déboires amoureux, les récits presque rocambolesques de leurs tristes aventures. Je souriais, plus détendue que je ne l'avais jamais été depuis près d'une semaine, sirotant presque à contre-coeur une boisson qu'on m'avait presque fait commander de force. Depuis la fin du mois de décembre, je supportais encore moins l'alcool qu'à l'ordinaire. Je ne prévoyais aucun excès, envie que ne partageait pas, visiblement, la plus jeune de mes collègues. Déjà très éméchée, elle tenait à peine hissée sur ses escarpins, et ne déblatérait plus qu'une longue liste de bêtises. Je l'observais avec une certaine inquiétude, à peine dissimulée. La jeune femme, Rebecca de son nom, avait récemment subit une rupture difficile. Si elle tentait de dissimuler sa peine, elle ne nous paraissait jamais plus évidente que ce soir. Lorsque Émilie proposa de la ramener, j'approuvai. Il se faisait tard de toute façon. J'avais hâte de retrouver mon lit, de tâcher de trouver le sommeil. Malgré tout, lorsqu'elles me laissèrent seuls dans le bar, je restai un peu, à tout simplement observer les gens.

Je remarquais le moindre détail, malgré ma grande fatigue. Comme si cet état de lassitude exacerbait tous mes sens. Je soupirai, en caressant la tête de Majesta. Comme à son habitude, elle ne me quittait pas d'une semelle, heureuse de se retrouver ainsi entourée d'une foule joyeuse et animée. Je la laissais faire alors qu'elle effectuait un va et vient tout autour de la table, s'emplissant des merveilles de ce monde humain. Sa curiosité dévorante me fascinait encore toujours. Je continuais de me demander comment on pouvait hériter d'autant de gentillesse, de naïveté et de bonté. J'adressais une autre prière à destination inconnue, remerciement silencieux d'avoir mené sur mon chemin un petit spectre unique. Ma plus vieille alliée, ma meilleure amie. Si je partageais le moindre de mes secrets avec Anika, le lien qui m'unissait à la Fantominus se trouvait plus fort encore. Elle m'adressa un nouveau sourire qui me fit fondre. Son regard était voilé d'une sorte de tristesse, de nostalgie, qui prenait écho en moi. En ces rares moments sérieux, il me semblait entrevoir tout un monde dans ses prunelles sombres, comme si elle cachait un terrible secret. Peut-être le poids d'une autre vie, semé d'embûches. Je tentais encore de la comprendre, cette mystérieuse créature au coeur aimant. Parfois, j'avais l'impression étrange de m'observer dans un miroir lorsque je la scrutais ainsi. Ou du moins d'être parfaitement moi-même à ses côtés.

Je n'attirais pas l'attention à moi, simplement posée dans un coin du bar, auprès d'une table reculée. Invisible. J'aimais bien cette sensation. D'épier l'autre sans retour. L'invisibilité, ma meilleure amie pendant si longtemps. Disparais, m'avait-on dit de façon implicite, mais si clairement et farouchement que ces mots s'étaient ancrés en moi. Fais semblant de ne pas être Adélia. Souris pour une caméra qui ne t'est pas destinée, ne deviens plus qu'une ombre. Survis, sois une que tu n'es pas, mens et cache-toi comme une lâche. Oui, l'invisibilité m'avait fait beaucoup de mal dans mon existence. Mais ainsi calée dans mon banc privilégié, je me sentais presque puissante. Ou du moins, confortable. Le malaise que je ressentais depuis sept jours me laissait enfin en paix. Telle une douce prémonition. Allait-on enfin me laisser dormir? Peut-être aurais-je du dire à Lucas que je passerais par chez lui ce soir. Peut-être m'aurait-il attendu. Il n'y avait que lorsque je dormais contre mon frère que tous mes cauchemars m'abandonnaient. Je secouai la tête intérieurement. Mon aîné s'occupait probablement autrement ce soir, et je le respectais. Il avait besoin de mener son existence comme il l'entendait, même si j'en venais vraiment à espérer le jour où il trouverait une femme pour l'aimer, pour briser cette vie de loup solitaire à laquelle il s'adonnait. Je craignais pour lui. Depuis nos retrouvailles, j'avais tendance à croire que nous avions inversé les rôles.

Mon breuvage terminé, je me décidais enfin à me lever. Tant pis, je verrais bien Lucas demain s'il avait un peu de temps à me consacrer. Ou alors, je prendrais quelques heures pour pratiquer notre prochain Concours. Peu m'importait, au final. J'étais pressée, soudainement, de me trouver loin d'Anula. Je n'aurais su expliquer. Je me laissais dominer par un instinct si affuté en cette soirée tardive que je peinais à y croire. Je ne pouvais qu'obéir à mes sens. Je payai mon dû, souriant au barman, un homme d'expérience qui ne nous avait témoigné que gentillesse depuis le début de la soirée. Je glissai contre mes épaule un léger manteau noir et rabattis le capuchon. Au-dehors, une fine pluie triste s'abattait sur les rues carrelées de la ville. Majesta se pressait contre moi tandis que la Gardevoir auprès de nous utilisait habilement ses pouvoirs psychiques pour nous protéger de la pluie. Je la remerciai humblement avant de m'avancer dans la rue, déserte à cette heure.

Clapotaient les gouttes de pluie, les unes après les autres contre les dalles grises et parfaitement de la rue. Incapables, elles étaient, de couvrir le cri désespéré d'une voix dissimulée dans la ruelle adjacente à l'établissement que je venais de quitter. Je n'hésitai pas, pas même une fraction de seconde. Je n'allais plus être invisible. Plus maintenant, jamais plus. Je le sentais, peut-être. Que cette fois, pour ne bon, je ne pouvais plus me cacher derrière mes peurs. Qu'un jour ou l'autre, il me faudrait me battre. Je sentis une main me retenir, celle d'Anika, alors que je me glissais dans les ténèbres. Je lui résistai, me défis de son emprise. Le cri retentit encore, douloureux. Celui d'une enfant.

Elle se tenait là, le visage pressé contre le mur de brique, la jupe déchirée à ses pieds exposant ses fesses. D'entre ses mèches rousses s'échappaient quelques larmes arrachées. Elle n'avait pas seize ans. Je sentais sa peur. Elle se débattait avec furie, même si ce qui la retenait là, les jambes écartées, pressée là comme un vulgaire objet, était bien plus fort qu'elle. Une silhouette noire où on ne pouvait distinguer, dans la pénombre de la ruelle, qu'un masque blanc, à moitié tombé dans la lutte qu'il menait. Le cri de la jeune fille déchira une fois de plus le silence de la nuit or, il n'y avait personne pour l'entendre. L'homme auprès d'elle, un garçon d'environ dix-neuf ou vingt ans, au visage rude et aux cheveux de paille, s'activait à la fois à la retenir de force et à détacher sa ceinture. Mon sang ne fit qu'un tour. Ses intentions n'étaient qu'on ne peut plus claires. L'adolescente s'époumona à se déchirer les tripes. Je fis un pas en avant, résolu.

«Lâche-la tout de suite!»

On ne m'avait pas encore aperçue. Deux regards, l'un plein d'espoir, deux entités bleutées baignées de larmes, l'autre noir, dur, et surtout effrayé. Il avait peur, probablement tout autant que la jeune fille qu'il retenait contre son gré. Il grogna et vociféra, peinant à retenir l'adolescente désormais qui se débattait d'avantage.

«Vas t'en petite pute!»

Je restai de marbre. Mon ton était calme, presque dénué d'émotion. Impressionnant même, pour une femme aussi fragile que je pouvais l'être. La main d'Anika se pressait dans la mienne. Elle voulait partir. Elle n'aimait pas que je m'expose à un danger éminent. La dernière fois... Sans Tristan j'aurais bien pu y passer. Sauf que Tristan n'était pas là ce soir. Aujourd'hui j'étais celle qui viendrait en l'aide à un autre, plutôt qu'à être un poids. Voyant que je ne démordais pas, il jura. En silence, je déballais mon plan à la Gardevoir, qui le percevait via mes pensées. Plus je parlais intérieurement, plus elle s'insurgeait. Or, elle n'avait pas le choix. Pas maintenant.

«Tu n'as pas le droit tu le sais? Cette jeune fille n'est pas consentante. Ce que tu fais porte le nom de viol. Ce ne serait qu'un crime de plus ajouté à tous ceux que toi et tes frères avez commis.»

Il m'écoutait. Il avait peur. Visiblement, il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait. Il était instable, probablement sous l'influence d'alcool ou de drogues.

«Relâche la maintenant. Tu peux encore stopper cette violence. Tu n'as pas l'air méchant. Je sais que tu ne l'es pas. Tu es jeune, tu as la vie devant toi. Ça ne doit pas se passer ainsi.»

Son regard se voila de doute. Quelque part, je pense qu'il attendait ces mots. Qu'on lui dise qu'il valait mieux que ce à quoi il s'abaissait à présent. Croyait-on en lui, au Régime? À lui en tant qu'être humain et non comme machine à user dans leurs plans de domination? Je comprenais. Si ma nature ne m'avait pas autant porté vers le bien, peut-être me serais-je écartée du droit chemin, moi aussi. Il n'avait pas à se laisser tomber. Moi, je n'allais pas l'abandonner.

«Lâche cette jeune fille. Tu peux tout arrêter maintenant. Je sais que tu peux le faire. Tu peux te tourner vers la lumière.»

Il resta silencieux. Toujours plaquée contre le mur, l'adolescente avait le regard rivé vers moi. Ses lèvres articulèrent «sauve-moi». Une larme solitaire coula contre l'arête de son nez, se perdit dans son épaisse chevelure rousse. Alors enfin, la main d'Anika se détacha de la mienne. Toutes ses réticences venaient de s'envoler. Elle avait enfin compris. Qu'à sa place, il y aurait pu y avoir moi. Qu'elle aussi était une victime de ce gouvernement et de ses aveuglements qui ne semaient que la mort, la violence, la folie. Que nous n'étions pas si différentes, et pour cette raison, il fallait la sauver. Elle était une autre humaine. Elle méritait de vivre sans subir tout ceci. Je me raffermis dans ma position. Le jeune soldat semblait en proie d'un débat intérieur. Puis tout se passa si vite. Une main quitta son emprise sur la jeune fille à la chevelure rousse, se posa contre son arme, un pistolet accroché à sa ceinture. La victime en profita pour se dégager d'un bon coup d'épaule et se mit à courir dans la ruelle, dans la direction opposée à moi. La fidèle Gardevoir à mes côtés disparu. L'instant d'après, l'adolescente aussi. Menée en sécurité par ma belle amie. Mise hors de portée du soldat qui avait retiré son arme trop tardivement pour espérer la pointer vers elle.

Sauf que moi, je me trouvais toujours là. Je le compris en sentant le regard de l'autre s'embraser dans une rage destructrice. Une colère si intense qu'elle voila en lui toute forme de rationalité. Dans un cri il pivota vers moi, leva son pistolet et tira. Je n'aperçus qu'un vague éclair de lumière, une forme diaphane foncer tout droit vers son visage aux traits déformés par son emportement furieux. Plus rien que Majesta qui, dans un éclat de bravoure, se ruait vers lui pour me sauver. Je ne compris que plus tard, lorsqu'une tache rouge se formait contre mon abdomen, un peu sur la droite. Un sourire m'échappait alors qu'un d'un coup, mes jambes cédaient sous mon poids et que je m'effondrais dans la ruelle, sous la pluie désormais battante. Je n'entendis pas les cris désespérés de la Spectrum. Je n'entendis pas ceux, beaucoup plus lointains, d'une Gardevoir désormais incapable de bouger et encore moins de se téléporter à mes côtés. Envahie par ma propre douleur, que je ne comprenais pas encore, qui me parvenait de façon si diffuse, comme dans un rêve. Je le vis, sa bouche ouverte dans un cri, son visage envahi de larmes alors qu'il jetait l'arme derrière le container de poubelle et s'enfuyait sans demander son reste.

Je ne vis plus qu'une tache rouge s'étendre contre le sol, s'imbiber de pluie. Je ne ressentais rien, plus rien du tout qu'un froid glacial, ainsi qu'une immense paix. Je tremblais, je crois. Je tachais de respirer contre l'étau qui m'enserrait la poitrine, contre cette ouverture contre mon ventre. Alors que je glissais mes mains vers la plaie, je réalisais enfin que j'avais été touché, que tout ce sang m'appartenait à moi, à moi seule. Que le garçon m'avait tiré dessus, qu'il avait laissé les ténèbres gagner sur lui. L'adrénaline s'amenuisa rapidement, répandant une douleur sans nom dans mon corps. Je tentai de gémir. Je n'en avais plus la force. Je sombrai rapidement dans l'inconscience, douce inconscience. Des doigts froids venaient de se refermer contre mon poignet poisseux de sang.

Collapse.
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