Dearly Beloved

Évolution de Ventus

Depuis la disparition d'Isaac, Katya s'entraîne.
Toujours toujours plus fort, toujours plus long. Des séances d'entraînement qui prennent la forme de nuits blanches et de longues heures passées à réviser encore et toujours les erreurs qu'elle jugeait peu importantes auparavant. Elle veut devenir forte. Elle ne peut plus se permettre d'être la petite chose fragile que Faust et Isaac protègent, elle ne peut plus oser baisser les yeux face aux horreurs qu'elle entend et aux cris des réprimés. Elle ne s'engagera pas dans la résistance, non, loin de là. Elle veut grandir, elle veut que Faust la regarde comme l'adulte qu'elle est et non comme l'adulte qu'il voit, elle veut qu'Isaac la découvre plus forte et solide qu'avant, elle veut tant de choses mais elle ne sait pas si elle a ne serait-ce qu'une chance d'y arriver. Elle ne sait plus vraiment ce qu'elle veut, maintenant que son monde est réduit à un tas de poudre qui s'envole au gré du vent et des caprices du destin. Elle n'est ni pion ni maîtresse du jeu, et dans cet échiquier géant, elle se demande quelle est sa place.
Ventus comprend. Il était son cadeau, après tout. C'est le pokémon qu'Isaac lui a offert pour la persuader que la vie valait le coup d'être vécue, pour lui monter qu'il y a toujours un peu d'espoir, que la lumière peut briller même dans les plus profondes ténèbres. Qu'il y a un peu de bien dans tout, même quand on croit s'embourber dans l'ombre et oublier jusqu'à son identité. Katya n'est pas sotte. Elle a comprit ce qui lui est arrivé, mais elle n'est pas comme Faust : elle refuse de se laisser se noyer dans sa peine, oh non ; un jour peut-être, mais pas aujourd'hui. Elle deviendra plus forte. Elle l'arrachera des griffes du Régime par elle-même s'il le faut, et elle sait qu'elle n'est pas seule.
Emrys, derrière elle, est un soutient constant. Le regard fixe du pokémon psy la soutient, l'observant sans un mot et sans jugement, n'apportant qu'une légère pression dans son esprit. Il est là, lui aussi. Ce petit chat détaché du monde qui lui est dévoué, corps et âme. Il avait toujours été là, quel que soit la douleur et le risque, peu importe les conséquences. Un ami qui s'était toujours montré si fort et si tenace, brillant par sa douceur presque innée.

Lorsqu'elle sent ses jambes flageller, il poussa sa tête contre la sienne avec tendresse pour l'inciter à se relever. Le petit Nosferapti qui l'accompagne depuis toutes ces années, malgré sa faiblesse, lui permet de tenir le coup. Ven' a pris la forme de la volonté d'Isaac, et Katya ne peut que la respecter. Mais il se distingue. Ventus couine un peu lorsque la jeune fille reste couchée dans l'herbe, trop fatiguée pour se relever. Sa respiration est erratique, sa poitrine se soulève rapidement, irrégulièrement. Courir est nécessaire. Elle doit apprendre à fuir, à pouvoir se mettre en sécurité pour ne plus être un fardeau. Pour pouvoir en sauver quelques uns, rien que ça. Elle n'a ni le temps, ni la volonté de continuer à fuir la vérité. Elle ne sera ni résistante, ni régimeuse : elle fera ce qui lui semble juste.
Les chemins disponibles ne sont pas uniquement celui de la lumière et celui de l'ombre. Elle prendra celui de l'aube, s'extirpera des ténèbres pour chercher la douce lumière du matin. La douce lumière de l’espoir qui naît même dans la nuit la plus sombre.

« Ventus. Tu me suis  ? » demande-t-elle, patiente et calme à son Nosferapti.

Comme seule réponse, la chauve-souris posa sa tête contre elle alors qu'une lumière blanche l'entoure. Ses ailes grandissent, son corps s'élargit, des pattes se dessinent, ses dents s'aiguisent encore un peu plus. Un magnifique Nosferalto étend ses ailes devant elle, et elle sourit.

« Que tes ailes soient les miennes, mon ami. »

Et peut-être y avait-il plus en cette promesse qu'en tous les mots qu'elle avait pu lui dire avant.