Plus qu'un simple appel, plus qu'une simple demande de se revoir après une longue séparation, c'était un appel à l'aide. Ce n'avait pas été dit clairement, mais je l'avais senti, ou pressenti.. Enfin d'une manière ou d'une autre, j'en étais persuadée, j'avais senti comme une urgence dans cette requête. Voilà pourquoi je n'avais pas différé d'un seul instant. Prenant juste le temps de rentrer à la Pension prévenir tout le monde d'où je me rendais, de laisser les pokémons avec qui j'étais alors en train de m'entraîner pour qu'ils puissent se reposer. Je n'avais emporté que quatre de mes compagnons au final ; c'est-à-dire Louna bien évidemment, Cathy qui avait tenu à me suivre, Ryan du fond de sa pokéball puisqu'il ne me quittait jamais vraiment, & enfin Galia qui nous avait Téléportés jusqu'à la rue de Baguin où Mercedes avait un appartement. Je n'eus pas le temps de réfléchir un seul instant, ni même de me tourner vers le bâtiment où résidait mon amie ; car visiblement elle m'attendait de pied ferme, car à peine mes alliées & moi-même apparues elle se jeta dans mes bras. Son étreinte, je la lui rendis aussitôt, sans réfléchir ni hésiter. J'aurai pu voir sa détresse par moi-même, mais mon lien avec la Gardevoir chromatique me la renvoya avec une telle force.. Comme un coup en pleine poitrine. Je m'y attendais un peu en un sens, mais la découvrir en direct n'en était pas moins difficile. C'étaient peur & angoisse, alliées à un certain soulagement, & sans chercher plus loin je la serrais plus fort, ignorant les regards des passants intrigués, ignorant les secondes ou minutes qui s'écoulaient. De toute manière autour de nous, nos pokémons pourraient éloigner les curieux si jamais quelqu'un faisait le rapport entre la rouquine que j'étais, une Gardevoir bleue & une Lockpin. Mais personne ne sembla le faire, heureusement.

La rose s'écarta finalement, un vague sourire triste sur le visage, & puisqu'elle ne lâchait pas mes mains je pressais doucement les siennes. Quelle que soit la, ou les, cause de son tourment, j'étais là. Voilà tout. & je souriais aussi, légèrement, comme un encouragement silencieux. J'avais quelques hypothèses quand à la cause de son malaise bien sûr, mais nulles certitudes ; depuis un mois & demi elle était seule sur les routes, au moment où le Régime devenait plus virulent, où les articles d'Azmitia prenaient de l'ampleur & faisaient parler d'elle, où le danger commençait à se faire sentir réellement.. & puis il y avait la question floue de ses origines, & tant, & tant de choses. Elle avait bien des raisons d'être mal, & je le savais, & en un sens j'étais bien placée pour comprendre même si je n'avais que de vagues suppositions pour le moment. Voilà simplement, voilà pourquoi j'étais juste là, présente & prête à l'aider de mon mieux. Elle était juste de toutes les humaines que je connaisse mon amie la plus proche après tout. "Juste" cela. J'avais compris son éloignement, je comprendrais son appel, dans tous les cas je l'aiderai. Je m'en étais fait la promesse plusieurs mois plus tôt en la prenant sous mon aile à son arrivée sur l'île, j'avais renforcé cette même promesse à mesure que le temps avait fait d'elle ma meilleure amie. Voilà pourquoi lorsqu'elle me remercia d'être venue, je rejetais ces remerciements d'un hochement de tête négatif, de quelques simples mots ; même si effectivement être venue signifiait m'être éloignée de ma petite famille dont je dépendais tant. Car si la jeune femme avait besoin de moi j'étais là, point. Elle pourrait toujours compter sur moi, elle le savait, non?

- C'est rien voyons..

Je souriais un peu en coin, espérant peut-être la détendre. Près de nous, sa Luxray réclamait une attention qu'elle lui offrit bien vite ; & je saluais la lionne électrique d'un simple signe de tête. À mes côtés ou juste derrière moi se trouvaient toujours mes trois alliées, jusque là en retrait pour nous laisser nous retrouver. Sans un mot Louna restait à ma gauche sans se faire trop remarquer, alors que Cathy se tenait derrière, dos à moi comme pour couvrir mes arrières l'air de rien ; un vieux réflexe acquis de ces dernières années sous le joug du Régime. Galia gravitait simplement autour de nous, sourire doux sur le visage malgré sa tension due aux émotions qui coulaient de Mercy & qu'elle me retransmettait toujours sans vraiment s'en rendre compte ; vieille habitude là encore, d'un lien dresseuse-pokémon bien ancré. Me rappelant un instant après m'être tue que je n'avais pas répondu à tout ce que m'avait dit la jeune journaliste, j'hochais simplement la tête positivement.

- J'admets que je ne dirai pas non à une boisson chaude par cette fraicheur ; je te suis miss.

Oui, les enolians sont frileux, & alors? Vivre sur une île tropicale a ses défauts, dont ce fait agaçant d'être moins à l'aise par dix degrés, surtout quand une brise glaciale diminue encore la température ressentie. Puis c'était surtout prétexte au fond ; nous pourrions effectivement discuter plus librement dans son appartement, quitte à ruser pour améliorer l'isolation de ses murs au besoin.. Rien de plus simple avec un pokémon psychique pour nous y aider.

Le chemin jusqu'à l'appartement n'est pas bien long, & il passa comme un clin d'œil. Quelques questions sur ma famille à Zazambes, & nous étions déjà sur son palier, entrant dans la petite demeure où je ne trouvais plus nulle trace de son colocataire ; mais je n'eus guère le temps de m'interroger plus avant sur ce sujet. Saluant Kinu du regard lorsqu'il s'assura brièvement que nous n'étions pas des intrus, je suivais Mercedes vers sa cuisine où elle se fit un chocolat chaud & prépara un thé après m'avoir demandé ce que je préférais ; boisson que je partageais avec Louna qui s'était assise près de moi, tandis que Cathy ne buvait rien & que Galia partait au salon rejoindre l'Aligatueur & se reposer au calme dans un canapé, encore un peu affaiblie de sa convalescence achevée trois semaines plus tôt -mais elle ne l'aurait jamais admis-. Un long silence s'étira alors dans la pièce, durant lequel je ne disais rien, consciente que la jeune journaliste en avait peut-être autant besoin que de parler ou de voir une amie. Je laissais le temps courir sans rien dire, mes mains posées autour de ma tasse pour en absorber un peu la chaleur, sirotant sans mot dire le breuvage délicieux. Un soupir lui échappa, je souriais légèrement comme pour l'encourager, toujours silencieuse pour la laisser se rassembler un peu ; je savais bien, la connaissant, qu'elle ne laisserait pas bien longtemps cette ambiance muette se prolonger. Je ne me trompais pas. Je vis son regard vers Shadaya sans capter pour autant leur échange ; & l'instant d'après la voix de la jeune femme raisonnait dans la pièce. J'acceptais ses remarques avec un nouveau sourire, bien que malgré moi elles aient fait rosir légèrement mon visage, & balayais son "espoir de ne m'avoir pas inquiétée" d'un revers de main ; peu m'importait ce fait, voilà. Avant que je n'eus pu dire quoique ce soit cependant, elle avait disparu. Pour reparaître un instant plus tard, me fourrant une pokéball dans la main tout en parlant, parlant, comme essayant de noyer ses angoisses. J'écoutais attentivement ses moindres paroles qui m'interdisaient d'en placer une, tandis que ma curiosité finissait par me faire actionner le mécanisme de la sphère bicolore ; suite à quoi elle ne prononça plus un mot.

J'eus à peine le temps de distinguer la forme apparaissant dans le caractéristique rayon rougeoyant, que déjà son propriétaire se hissait sur mes épaules, s'enroulant autour d'elles comme une écharpe vivante qu'on aurait presque pu entendre ronronner. Une boule de poils bruns-pâles, en quête d'affection, qui ne sembla pas s'étonner plus que ça de se trouver face à une rouquine plutôt qu'une rose.. Je me souvins alors des mots exacts de mon amie, & compris qu'elle avait dû lui parler de moi, & envisager depuis longtemps ce don, si bien qu'en me voyant il n'a pas hésité un seul instant. Un peu gênée, une peu émue, je lève la main pour effleurer légèrement le crâne du pokémon qui, reposant sa tête sur mon épaule, a déjà fermé les yeux d'un air bienheureux, débordant d'une confiance presque absolue, comme si ce bref regard que nous avons eu le temps d'échanger avant qu'il ne vienne se nicher ainsi autour de mon cou tel une écharpe vivante avait suffit à lier un lien indéfectible entre lui & moi, comme si par ce si court échange il avait eu le temps de voir en moi la dresseuse qui lui conviendrait le mieux ou d'appréhender mon affinité si forte avec ceux de son type.. & comme si ce que lui avait vraisemblablement dit Mercedes auparavant me concernant avait déjà pratiquement (si ce n'est complètement) suffit à le convaincre d'une amitié inévitable entre lui & moi. Tant & tant d'hypothèses. En tous les cas, ce petit Parecool visiblement très affectueux semblait avoir trouvé la place qui lui convient. Un léger rire m'échappa, & je remarquais du coin de l'œil que Louna & Cathy se détendaient imperceptiblement après avoir vu le paresseux se jeter ainsi sur ma gorge aussitôt apparu, dans l'intention unique non pas de m'attaquer, mais de me câliner. Leur amusement égalait le mien, & je les savais deviner mon émotion. Je n'avais pas de mots pour remercier mon amie, ni même pour la traiter de folle, rien. De toute façon qu'aurai-je pu dire, après telle réaction du pokémon qu'elle voulait me confier? Je me contentais de serrer sa main, un pression simple, mais qui voulait tout dire. Mon autre main toujours sur la tête du petit Parecool glissa vers le menton du pokémon, m'assurant qui, était toujours éveillé, & il sembla ronronner un peu plus fort pour me le confirmer. Oui oui, j'ignorais aussi que ces pokémons pouvaient produire ce son.

- Puisque tu sembles bien parti pour rejoindre mon équipe, que dis-tu du nom de Mory?

Il ne protesta pas. Ne dit même rien du tout, hormis un sourire que je devinais grâce à celui de la Lockpin à mes côtés ; j'en déduisis donc que cela lui convenait. Mais ne pas s'y tromper, je n'avais pas pour autant oublié Mercedes & ses tourments, Mercedes qui tentait de me noyer sous un flot de paroles pour me faire oublier les vraies raisons de ce que je savais être un appel à l'aide. Dans un regard étincelant qui exprimait bien assez toute ma gratitude, je rangeais la pokéball du Parecool en me promettant de lui revaloir ce don inestimable un jour, d'une façon ou d'une autre, puis sur le même ton qu'elle, je répondais légèrement à un peu tout ce qu'elle avait pu dire.

- Du yoga? Oh non vraiment, c'est pas mon truc. Sinon, je n'ai pas fait d'études. Enfin, j'me suis arrêtée au Bac ; ensuite, j'ai juste pris les routes, & j'ai progressé, je me suis faite remarquer. C'est pas tous les jours qu'une jeune femme remporte la Compétition seule & enceinte puis avec son bébé sur les bras, semblerait que ça ait impressionné.. Perso j'ai juste vécu comme je l'entendais, & surtout rien lâché pour leurs beaux stéréotypes. Pas besoin de diplômes, juste d'en vouloir & de s'accrocher.

Pas trop mon genre de me vanter. Là n'était d'ailleurs pas l'idée. Ayant je ne sais trop quand récupéré mes mains, je portais ma tasse de thé à mes lèvres, dans un geste simple qui marquerait bien vite le tournant radical de mes paroles. Car je n'avais pas oublié, elle devait bien s'en douter ; même si je ne l'obligerai à rien, je savais qu'elle ne m'avait pas appelée dans un tel état de détresse juste pour évoquer la pluie & le beau temps, ou mon accession au poste de Maître dont elle pourrait avoir le récit en bien d'autres circonstances (bien que certains souvenirs restent douloureux). Simplement si je ne lui ouvrais pas une porte, une possibilité de se confier ou de le dire comment l'aider, parviendrait-elle seulement à finalement relâcher un petit peu de sa pression? Pour avoir été maintes fois dans des situations similaires à la sienne, je me doutais que non, probablement pas. Ce n'était pas si simple de demander de l'aide de soi-même, même face à quelqu'un en qui l'on a confiance, même après avoir lancé un SOS clair & net de loin -car en face tout est différent-.

- Maintenant plus sérieusement, Mercy. Je ne veux pas te forcer à me dire quoique ce soit, mais je vois bien que quelque chose te tracasse ; alors dans tous les cas, sache que tu peux tout me dire d'accord?

Sa main serrait la mienne désormais, à s'en blanchir les phalanges, à m'en faire mal ; mais je n'y prêtais pas grande attention. Je l'écoutais simplement, puisqu'au final elle avait décidé de parler. À mes côtés, Louna faisait silence, & même l'énergique Cathy restait paisible. Respectueuses. Mercedes avait juste peur. Un juste à prendre avec des pincettes, un peu ironique ; elle était en réalité terrifiée, & ô combien cela était compréhensible. Depuis son arrivée, depuis qu'elle avait commencé son œuvre en tant que journaliste de guerre -on pourrait la nommer ainsi, il me semble-, tout s'accélérait. Le monde commençait à savoir, d'autres journalistes s'y essayaient, bien moins doués qu'elle, bien moins bien conseillés & guidés. Les journaux qu'elle me montra, je n'eus pas besoin de les examiner. Je les connaissais. Je les avais vues, je m'en étais inquiétée aussi ; mais je restais confiante en un sens, car je connaissais sa prudence & sa discrétion, car je savais qu'elle était consciente du guêpier où elle avait mis les pieds puisque c'était moi-même qui le lui avais décrit, expliqué. Reprenant sa main, je la serrais en silence, alors qu'elle m'exposait sa requête, son besoin de protection. Elle ne se sentait plus en sécurité ; & si elle se sentait ainsi, alors elle finirait par faire un faux pas. Mais pourquoi doutait-elle de ma réaction, par contre? Pourquoi s'inquiéter alors qu'elle ne me demandait que de reprendre la route, de faire la seule chose que j'ai jamais su faire ; à savoir me battre, être dresseuse & protectrice. Je n'étais pas très sédentaire de nature, tout le monde le savait parmi les miens ; alors avec ou sans cette demande, j'aurai fini par reprendre les chemins assez tôt. Un léger sourire naquit sur mes lèvres & je me levais, abandonnant sa main pour simplement l'enlacer.

- Mercedes, crois-tu vraiment que je pourrais rester bien longtemps en un même endroit? Je suis dresseuse, & voyageuse, je ne fais que ça depuis plus de 5 ans ; & même avant, je n'étais pas très sédentaire de nature. Oui, oui je retournerai sans doute très souvent auprès de Damien, parce que c'est comme ça depuis toujours, qu'on n'a jamais beaucoup aimé être éloignés l'un de l'autre. Mais je ne peux pas cesser de voyager, Crystal non plus d'ailleurs. Il le sait aussi bien que moi. J'en ai besoin.

Autour de mon cou, Mory avait stabilisé sa prise pour glisser une de ses pattes dans les cheveux roses de la jeune femme ; geste se voulant apaisant, tout comme mon approche, tout comme Shadaya qui s'était aussi approchée de sa dresseuse. & tous les pokémons autour faisaient silence, me laissant seule à discourir. Ce n'était plus mon cerveau qui animait mes paroles, non, elles venaient droit de mon cœur. Je parlais avec toute ma sincérité, toute ma franchise. Qui ignorait cela, de ceux qui m'avaient vue grandir, de ceux qui m'avaient vu tout perdre & me renfermer, de ceux qui m'avaient vue atteindre des sommets, de ceux qui me voyaient m'épanouir de nouveau.. Qui ignorait, de tous ceux-là, ce trait commun à chaque période de ma vie ; ce côté voyageuse alimenté par ma passion pour le dressage & par ma soif de liberté? Aucun sans doute ; seulement Mercedes me connaissait encore peu n'est-ce pas, de fait, elle pouvait sans doute l'oublier parfois, je suppose.

- Alors, tu crois vraiment me demander l'impossible là? Puisque tu voyages & que je reprendrai vite la route, autant voyager ensemble si tu y es prête. Bien sûr que je veux bien qu'on reprenne notre lien précédent, bien sûr que je te protégerai. Ai-je vraiment cessé de le faire, de toute façon? Je vais mieux Mercy, la guérison sera longue oui, mais je vais tellement mieux déjà. Alors, on part quand tu veux, ça ne me pose aucun problème.

Je lui souris de nouveau, avec toute ma sincérité. C'était elle qui avait voulu partir seule, & comprenant ses raisons je l'avais laissée faire sans mot dire. J'étais restée tout ce temps au même endroit, à cause du traumatisme, parce que m'éloigner de Damien était compliqué. Désormais il recommençait à avancer. J'en faisais autant même si je n'avais pas encore repris la route ; j'avais repris l'entraînement, capturé de nouveaux compagnons. Les chemins & les arènes m'appelaient, mais je m'étais donné jusqu'à Noël pour profiter des miens -cela faisait bien des années que je n'étais pas restée au même endroit si longtemps, aha-. Même que j'avais hâte de reprendre la route, avec Crystal & mes pokémons, avec Mercedes puisqu'elle demandait qu'on voyage ensemble de nouveau. La seule chose serait que oui, j'irai parfois chercher du réconfort près de mon fiancé, car les traumatismes resteraient. Mais j'avais besoin de ces voyages, & je voulais que la journaliste le comprenne désormais. Je ne parcourais pas les routes que pour me distraire de mes douleurs ; cela faisait partie de moi.

Silencieusement, je me laissais choir sur la chaise à côté de la sienne. Ce ne fut que lorsque je soupirai discrètement, que je réalisais le tournis qui venait de me prendre, entraînant le vertige qui m'avait poussée à la lâcher pour me rassoir. Inconsciemment, j'avais porté une main à mon front ; & aussitôt que je m'en fus aperçue, je tendais la main par dessus la table pour récupérer ma tasse, que Louna poussa vers moi avec un sourire vaguement inquiet, & je la remerciais avec un clin d'œil apaisant tout en saisissant le récipient heureusement encore chaud pour calmer aussitôt les légers tremblements de mes doigts. Puis, tâchant de faire passer inaperçue cette brève faiblesse, de cacher mon léger malaise inexpliqué, je serrais légèrement la main de la rose pour la rassurer quand à ses propres inquiétudes.

Ça allait déjà mieux, heureusement. Mon sourire m'était revenu, s'étirant en coin, & les tremblements avaient disparu ; seulement, le mal était fait, & impossible de revenir en arrière. Serrant la tasse brûlante d'un côté, la main de Mercedes de l'autre, je ne captais pas l'échange de ma Lockpin avec la jeune femme. Un échange muet, tacite, un simple échange de regards. Je ne vis que les yeux de la lapine, s'illuminant soudain de compréhension & d'incrédulité à la fois, comme si les pièces d'un puzzle inconnu venaient de se mettre en place dans son esprit, comme si elle venait de saisir ce qui lui échappait & la tourmentait depuis un moment déjà. Sans qu'elle me le dise, je devinais que cela concernait les états de faiblesse trop réguliers, je me demandais quelle maladie elle avait bien pu penser. Ne voyant pas moi-même cet indéniable que la rose avait capté bien vite, que Louna venait de comprendre enfin ; comme si je me cachais encore de cette réalité que je n'étais pas encore prête à affronter, du moins pas en cet instant précis. Je n'allais pas avoir le choix, cependant. Ce n'étais pas une maladie, à quoi elles pensaient, loin de là. La question de la journaliste le prouva bien assez tôt, puisqu'elle parla de contraception & non de médicaments. Ma première réaction fut de rougir face au sous-entendu flagrant, & de rire un peu aussi, à la fois franchement amusée & inexplicablement un peu nerveuse. Je ne fis pas le lien sur l'instant, trop persuadée que j'étais du fait de n'avoir pas à m'inquiéter de ça. Ou du moins, je ne vis pas tout de suite à quel point la question était justifiée.

- Évidemment, c'pas trop le moment d'envisager d'agrandir la famille! J'utilise la pilule, alors normalement..

& soudain tout se mit en place dans mon esprit aussi, avec une clarté effarante, interrompant aussitôt mes paroles & coupant mon sourire. Ces douleurs dans ma poitrine, oppressantes, une pression souvent difficilement supportable comme si elle avait enflé. Ces malaises & ces vertiges, que je mettais bêtement sur le compte du stress accumulé pendant des années qui chute d'un coup. Ces faiblesses, cet appétit en dents de scie.. Tout. Tout est identique. Arceus.. Non, pas ça, pas maintenant! Je dus pâlir affreusement, car Louna ne s'embarrassa même pas de contourner la table ; elle bondit par dessus pour venir se saisir de mon poignet gauche, serrant l'emplacement de mon tatouage en sachant que ce rappel saurait me calmer. En face, Cathy nous observait d'un air perdu, le même air perdu qu'arborait probablement le Parecool toujours accroché à mon cou ; & je sentais la présence apaisante de Galia dans la pièce, mes émotions si vives l'ayant visiblement alertée. Inspirant à fond, je m'exhortais au calme, à la réflexion. Mais comment réfléchir lorsque la panique est là? J'étais Sunny, j'étais Soledad ; c'était différent, mais le Régime était toujours là lui. Être enceinte sous mes différents costumes.. C'était comme vendre mon identité à tous ceux qui commençaient à me penser de pêche avec la Résistance. Arceus.. & Damien? Avant même de penser danger, comment réagirait-il lui, hein? Lui qui peinait déjà à admettre qu'il avait un enfant, alors si cela était vrai.. Non, non, non. Ce n'était pas possible, hein? Pas possible, pas avec..

- Oh. Oh par Arceus.. Le Bloc R.

Voilà qui expliquerait tout, n'est-ce pas. Le comment du pourquoi la pilule n'aurait pas fonctionné ; quelques oublis malencontreux durant cette période de quelques jours où rien n'allait plus. J'étais blême désormais. Comme je l'avais été en découvrant l'existence de Crystal ; mais en pire sans doute. Cette fois il y avait le problème de mes identités désormais trop connues, rendant une grossesse dangereuse pour toute la famille. Il y avait le problème de mon amoureux qui se remettait à peine du temps écoulé durant son éloignement forcé de cinq ans & demis. J'avais toujours voulu des enfants, ce n'était pas un secret, & en d'autres circonstances un tel doute m'aurait peut-être rendue heureuse seulement ; mais là, inquiète voire paniquée, je ne parvenais pas à voir autre chose que les difficultés occasionnables de tout côté, que les dangers de cette guerre dans laquelle je m'étais engagée. Deux faits qui sur le coup, me paraissaient comme insurmontables. Sans rien ajouter, j'enfouis mon visage dans mes mains, tâchant en vain de réfléchir, de confronter mes peurs innombrables & cette envie lointaine que ma fille ne soit pas fille unique, & ce sentiment oppressant que ce n'est pas le moment. Inconsciemment, ma main gauche (dégagée de l'emprise de Louna qui avait entouré mes épaules de ses bras) était venue se poser sur mon ventre, comme pour tenter de deviner la réponse à cette question fondamentale entraînant toutes les autres, celle de la présence ou non d'un enfant. Question qui me semblait de plus en plus plausible à mesure que des détails de ces dernières semaines me revenaient. Arceus, bon sang.. Parfois, j'ai cette étrange impression que ma propre vie se fout allègrement de ma gueule.

- Oh merde.. & maintenant, hein?.

J'en aurai presque envie de rire, à voir mon amie crier & s'agiter ainsi, l'air aussi paniquée que moi-même en mon fort intérieur malgré les ordres qu'elle m'adressait ainsi. Cette chère Mercedes, toujours fidèle à elle-même.. Emportée & énergique, & franche comme pas deux même si visiblement cela était plus impulsion qu'autre chose. En tous les cas.. Elle avait bien raison, finalement. Rien ne servait de se paniquer sans certitude, autant commencer par confirmer l'hypothèse de cette grossesse ; même si au fond de moi-même, j'étais de plus en plus convaincue que cela ne serait guère utile, que ce ne pouvait être que ça, que j'avais même été sotte de ne pas comprendre toute seule plus tôt. Néanmoins j'obéis sans mot dire, me levant pour attraper ma veste puis rappeler Galia, Cathy & Mory à leurs pokéballs ; ce serait plus simple pour tout le monde, & ils n'émirent aucune objection, se contentant de laisser les rayons rouges les absorber en m'adressant un encouragement chacun à leur manière. Je souris vaguement, avant de me tourner vers Mercy qui me tendait la main en m'indiquant où trouver une pharmacie, & quelques autres détails pour lesquels je la remerciais d'un léger hochement de tête tandis que Louna posait mon béret bleu-marine sur ma tête. J'avais presque failli l'oublier, alors que ce n'était pas franchement le moment qu'un passant puisse me reconnaître d'un regard.. Imaginez, Sunny se rend acheter un test de grossesse ; voilà qui ferait la joie de notre merveilleuse presse à potins. Soupirant brièvement en mettant mon écharpe de manière à ce qu'elle couvre l'air de rien une partie de mon visage, je fis signe à mon amie aux cheveux roses, restant proche de ma Lockpin dont la présence m'aidait à garder mon calme. Quand il faut y aller, après tout..

- J'te suis Mercy. Allons déjà confirmer ou infirmer cette hypothèse ; sera toujours temps de penser après.

Le trajet fut trop court. Je ne le vis pas passer ; ni l'aller, ni le retour. Heureusement que Louna & Mercedes étaient à les côtés, je ne suis pas convaincue que j'aurai pu entrer chercher le test sinon. Ou du moins, pas aussi vite. Une petite quinzaine de minutes à peine, & déjà nous étions de retour à l'appartement de ma meilleure amie. & bientôt je rejoignais la jeune femme & nos pokémons présents à la cuisine, peut-être pâle & tremblante mais étonnamment calme. Le test que je posais sur la table en m'asseyant, ne tarda pas à livrer son résultat. Positif, évidemment. Aha. Je crois bien qu'un rire nerveux m'échappa, alors que je plongeais brièvement mon visage dans mes mains, incapable de dire un seul mot y compris à moi-même. Un long soupir, je sentis la patte réconfortante de ma Lockpin frottant mon dos, alors qu'une de mes mains glissait vers mon ventre encore plat. A vrai dire, je ne savais trop que penser de cette situation inattendue, & même parfaitement inimaginable quelques heures plus tôt. J'avais peur, non, j'étais terrorisée à l'idée de tout ce que cela impliquait. Un deuxième enfant, après que ce foutu Régime ait déjà tenté de s'en prendre à Crystal une fois. Une grossesse qui tomberait pile en période de Ligue, & qui me forcerait à lâcher du lest côté Résistance ; ce qui était impossible sans révéler cet état! Faire le lien entre mes différentes identités serait trop facile, & là, c'était toute ma famille qui se trouvait en danger, tous mes proches.. J'étais terrorisée par tout cela, & encore c'était sans compter le principal intéressé. Le père de cet enfant, mon fiancé, Damien.. Il sortait à peine de l'enfer, peinait à admettre sa paternité envers notre fille aînée même si je savais qu'il faisait pour cela beaucoup d'efforts. Alors un deuxième enfant? Arceus, ce n'était guère le moment..

Si j'avais été pâle en entrant dans la cuisine, je l'étais probablement plus encore désormais. Moi qui avais toujours été si régulière sur mes pilules contraceptives, ne serait-ce que pour le fait qu'elles me permettaient de contrôler un minimum la date de mes règles -fort utile parfois pour une résistante active, ne le nions pas..-, il avait fallu que j'oublie pour la première & seule fois au moment où je retrouvais mon amoureux perdu.. Un nouveau rire nerveux, bref & presque inaudible, me secoua à l'idée que c'était exactement le même genre d'oubli qui avait mené à la conception de Crystal. Quel beau duo de pas doués formions-nous, Damien & moi, parfois.. & je me savais incapable d'avorter, en plus, ce qui signifiait que la myriade de problèmes évoqués tantôt.. J'allais tous les subir, & probablement d'autres encore. Heureusement en un sens que je voulais des enfants, que ce n'était "juste" pas le moment pour bien des raisons.. Sinon, pauvre gosse. Je n'avais que trop bien pu voir autour de moi, dans mon enfance ou plus tard, les conséquences de l'attitude de parents n'ayant pas désiré leur enfant, pas désiré dans le sens où ils n'en voulaient pas & non dans celui où sa conception était accidentelle. Enfin, tout était dans le "juste".. Bon sang, mes pensées se brouillaient à un point fou. Je ne parvenais ni à démêler mes émotions, ni à tâcher de voir les solutions, ni même à me raisonner. Je ne voyais pour l'heure que les difficultés, bataillant toutes ensemble avec un amour naissant pour cette petite vie qui grandissait en moi & mon désir de la voir naître. J'étais juste troublée, tourmentée. & en plus il allait falloir que je le dise à Damien. Le soir-même d'ailleurs, puisque je ne pourrai guère lui cacher l'arrêt de ma pilule.. Car je n'avais guère le choix, hein, je ne pouvais plus continuer à prendre cette contraception désormais que je savais. Oh, mais comment lui dire?. Je tremblais vraiment désormais.

Aucun mot. Le silence s'étira longuement, & mes pensées remuaient sous mon crâne, me tourmentaient un peu plus chaque instant. Je sentis à peine la patte de Louna glisser dans ma main, serrant mes doigts, j'étais troublée ; mais l'intention silencieuse m'aida à m'apaiser un peu. Pas beaucoup. Pas bien longtemps, puisque la tension continuait de grimper, un peu moins vite cependant. Elle était impuissante devant mes sentiments à la découverte de ma grossesse, & je la sentais totalement désemparée ; ce n'était pas souvent après tout, qu'elle ne savait absolument pas comment m'aider. Mais qu'aurait-elle pu faire de plus après tout? Sa présence était déjà beaucoup. Muette, je serrais finalement ma main sur la sienne, moitié remerciement moitié demande, quêtant ce soutien qu'elle m'offrait déjà d'elle-même. Arceus, un bébé en pleine guerre. Une guerre dans laquelle j'étais bien plus connue & engagée que lorsque j'attendais ma fille aînée ; & de plus, une seconde de mes identités, hors de la guerre celle-ci, était désormais très connue, & me vendrait probablement si je ne trouvais pas de solution. & vendrait toute ma famille. Dans la panique, je n'arrivais pas à envisager autre chose que les situations les plus pessimistes, & cela aurait pu durer longtemps, s'aggraver encore & encore jusqu'à me désespérer, si Mercedes n'avait pas fini par se lever.

Un instant & elle était derrière moi, se penchant pour entourer mes épaules de ses bras dans une étreinte douce & apaisante. Rassurante même si, j'en étais persuadée, elle savait aussi bien que moi toutes ces difficultés qui se profilaient à l'avenir. Elle était là, juste là, m'insufflant force & calme par ce simple geste vers moi, par lequel elle semblait me dire sans paroles que quoiqu'il arrive elle serait encore là. Une amitié pure & sincère qui nous liait dans toutes les adversités, & malgré tout ce qu'on pourrait croire ce n'était pas à sens unique non, pas plus que la protection qu'on s'offrait mutuellement, chacune à notre façon. Je crois qu'un sanglot muet & léger secoua mes épaules lorsqu'elle parla finalement, brisant le long silence qui s'était installé après avoir glissé un baiser sur mes cheveux ; un murmure simple mais aussi apaisant que le reste de son attitude. Le plus beau des bébés, oui c'était évident, ça je n'en doutais pas un seul instant ; comment pourrait-il en être autrement, quand je portais l'enfant de l'homme que j'aimais tant, qui était lui-même tellement beau?

- Le plus beau de tous les bébés oui, comme Crystal.

Ce vague murmure, soufflé en relevant légèrement la tête, je ne l'avais pas réfléchi un seul instant. Aussi futile que cela puisse paraître, l'affirmation de Mercedes à laquelle il répondait, même si je n'avais pas de doutes sur ce fait, m'avait fait beaucoup de bien, m'avait apaisée. Peut-être était-ce de l'entendre d'une autre bouche que la mienne, peut-être était-ce juste le ton sur lequel elle avait dit ça, dans tous les cas, j'étais un peu mieux déjà. Pour autant l'inquiétude restait latente, mue par une question qui ne cessait de me hanter, qui malgré ma brève détente finit par m'échapper après quelques secondes de silence, dans un chuchotement presque inaudible mais bien réel.

- Comment j'vais dire ça à Damien?.

Passant une main sur mon visage, j'eus la surprise d'y trouver quelques larmes que j'effaçais au passage. Mes nerfs me lâchaient, visiblement. Ou les hormones me tourmentaient déjà, ajoutant une bonne couche à mes émotions déjà bien agitées ; après tout, déjà quand j'attendais Crystal, je m'étais révélée très sensible à mes hormones, plus lunatique & imprévisible encore qu'à l'accoutumée. En tous les cas à cet instant, je n'étais plus qu'une petite chose tremblante, nerveuse & effrayée. Les mots de Mercedes m'avaient fait beaucoup de bien, m'avaient un peu apaisée, oui, mais les difficultés à venir restaient bien présentes, bien réelles. & Damien.. Plus je pensais à ce moment où il faudrait lui dire, & plus je redoutais de devoir le faire ; pourtant je me savais forcée de le faire avant le soir. Je craignais sa réaction, là où il avait déjà du mal à se remettre, à accepter un premier enfant. C'était peut-être stupide, peut-être irrationnel vu ce qu'on s'aimait, mais j'avais peur tout de même, peur de perdre l'homme que j'aimais pour le petit être que je portais. Car comme pour notre fille aînée, je me savais incapable de renoncer à ce bébé. Malgré tout, je voulais le voir naître, & l'aimer. Même si nombre de difficultés se profilaient à l'horizon notamment à cause de mes divers visages & à cause de ce foutu Régime ; même si rien ne serait simple je l'aimais déjà, ce petit bout de nous. Je ne savais juste pas comment en parler à mon fiancé, j'avais peur de sa réaction même si je savais qu'il ne me ferait jamais de mal ni physiquement ni intentionnellement. Car il y avait bien pire que cela, pour un cœur amoureux.. Oh Solène, n'y pense pas ; depuis quand es-tu si pessimiste?

Mercedes est géniale. Une vraie amie, la meilleure qu'on puisse espérer même ; pourtant je savais que ce genre d'épanchements, ce n'était pas son truc. Mais elle le faisait, pour m'aider. Je savais sa perspicacité, je savais qu'elle, elle voit Damien tel qu'il est & qu'elle pouvait donc comprendre parfaitement mes inquiétudes quand au fait de lui dire qu'un deuxième enfant grandissait en moi. Qu'il allait être papa de nouveau, sans qu'on n'ait rien prévu ni vu venir de nouveau. Un beau duo de pas doués, oui. Désormais la jeune journaliste était assise sur la chaise près de moi, prenant la main que Louna ne tenait pas. Mal à l'aise sans doute, peu habituée à jouer les machines à câlins. Je comprenais. Ça me touchait déjà beaucoup qu'elle ait pris cette peine pour me rassurer, me consoler. Mais elle ne comptait pas s'arrêter là, & elle ne tarda pas à le démontrer, par une longue tirade qui me serra le cœur. D'émotion. Ses paroles eurent le don de m'apaiser un peu, petit à petit, de réchauffer mon cœur glacé par l'angoisse. Une larme perla à mon œil, sans jamais vouloir couler ; & à mesure que la rose parlait, cette petite larme retourna là d'où elle venait. Ses mots me calmèrent, mes muscles tendus se détendirent. Elle n'énonçait que des réalités pourtant, mais probablement que j'avais besoin de les entendre, en cet instant précis. Des réalités sur l'amour me liant à Damien, sur notre avenir. Le fait qu'il était un bon père, je le savais aussi, il n'avait simplement pas eu le choix, il n'avait encore pas le choix, & lui qui aimait tant sa liberté.. Comme moi? Comme moi, je n'avais jamais été foutue d'y renoncer, j'étais partie enceinte sur les chemins, j'avais couru les arènes avec ma fille, pourtant elle n'était pas malheureuse. & maintenant il était de retour, & nous avions le droit de vivre, d'être heureux. D'être une famille.. Je soupirais, alors que Mercedes me proposait de rester derrière quand je lui dirai, pour me rassurer & me soutenir. Mais elle avait déjà tant fait, pour m'apaiser. Je parvins même à sourire avec amusement de sa remarque sur mon allure, le jour du mariage, quand la grossesse commencerait à se voir. Quelques instants passèrent, & je levais vers elle un regard plus calme, un regard reconnaissant.

- Non, non.. C'est gentil de ta part, mais c'est quelque chose que je dois faire seule.

Je retenais tout de même le sous-entendu, comme quoi sa porte était ouverte s'il y avait un problème. & j'appréciais, sincèrement ; mais cela, c'était à moi seule de le faire. Je ne voulais pas me cacher derrière qui que ce soit pour annoncer que j'étais enceinte à Damien. C'était notre histoire, après tout. Un sourire aux lèvres, un peu calmée, je serrais la main de mon amie d'un côté, celle de Louna de l'autre. Je commençais à avoir des idées, envisager des solutions pour éviter le drame, ou du moins contourner une partie de ces difficultés qui me terrorisaient. Rien de bien réaliste pour le moment, mais déjà, j'étais moins pessimiste, moins paniquée, pour le moment.. Quelques temps plus tard, je pris congé, l'heure étant venue de rentrer, & affronter la réalité.. Ou du moins, la dévoiler à mon compagnon. Enfin. Je quittais Mercedes en la remerciant chaleureusement pour tout ce qu'elle avait fait, son soutien inestimable, en lui promettant de lui revenir bientôt & qu'on prendrait quand même bientôt la route ainsi que nous l'avions décidé au début de cette rencontre. &, souriant légèrement malgré mon angoisse, je pris le chemin de la Pension de Damien, suivie de près par Louna. A l'horizon, déjà, le soleil commençait à baisser. Il était temps.. Temps pour bien des choses. De vivre, entre autres.

FIN