« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Still looking for a definition |Tristan|

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Adélia G. Turnac
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MessageSujet: Re: Still looking for a definition |Tristan|   Still looking for a definition |Tristan| - Page 2 EmptyDim 26 Juil 2015 - 15:07


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feat. Tristan Weber
J’aurais cru que le moindre contact physique qui impliquerait Tristan me couvrirait d’une grande gêne au fur et à mesure que mes émotions s’emballeraient dans une cacophonie sauvage que rien ne saurait arrêter. Et pourtant, j’avais tort. Si mes sentiments ont effectivement emprunté le chemin de la dérive, leur effet me parvient de façon diffuse et lointaine, emporté par le flot continu et délicieux de ce bien-être que je ressens à me trouver si près, dans une position non pas suggestive, bien que probablement un peu trop intime pour la définition de notre relation présente. Je tâche de ne pas trop y penser, à ce dernier sujet. J’observe plutôt ma gêne face à mes mots, on ne peut plus sincères, s’estomper lentement et disparaître comme si elle n’avait jamais existé, moi qui y suis pourtant bien propice à cette timidité qui me caractérise habituellement. En compagnie du jeune homme, j’ai l’impression de ne plus avoir à craindre au sujet de qui je suis, bien que je ne suis pas exactement prête à me dévoiler toute entière. Bien des secrets subsistent toujours entre nous, de larges pans de mon histoire que j’ai décidé de taire en partie car ils sont bien douloureux à avancer, même auprès de lui, d’autres restent tus par embarras, par exemple mon affection passée pour Faust Donovan. Après mon passage à l’hôpital j’ai cru comprendre que les deux hommes se connaissaient, et je préfère éviter que l’éleveur soit mis au courant de mon idylle d’adolescence… Oui non parce que c’est gênant hein. Je me souviens de la petite chanson qu’il a chantée lorsque Tristan m’a visitée à l’hôpital, cet air suggestif que j’ai alors décidé d’ignorer. Je me demande ce qu’il dirait en nous surprenant ainsi blottis l’un contre l’autre comme deux chatons.

Je n’ai plus aucun doute à présent, je sais mon ami aussi confortable que moi ainsi car je l’entends soupirer de bien-être. J’enfouis un peu plus mon visage dans son torse pour dissimuler un sourire satisfait presque coupable. J’ai envie à présent de m’étendre complètement contre lui, de sentir ses bras autour de moi alors que je me glisse dans le sommeil. Je suis tellement fatiguée… La fatigue m’appelle dans un grand écho qui n’allège en rien mes paupières lourdes d’un bien-être presque impossible. J’ai beau combattre, je me sens progressivement glisser vers les ténèbres salvatrices, vers un repos bien mérité après une telle journée. Rien ne me retient plus que les paroles de mon invité, qui se dit touché par les miennes. Encore une fois, je ressens cette complicité entre nous deux, plus entachée par cette timidité maladive de part et d’autres et certainement, j’espère que nous n’y retournerons plus, plus jamais. J’ai l’ambition depuis un bon moment de briser les barrières entre nous et je crois qu’à présent nous pouvons nous féliciter d’y être parvenus.

Moi, idéaliser Tristan Weber? Oh j’en suis parfaitement consciente. Même que c’est bien ce qui m’effraie le plus dans notre relation. Dans mon esprit, le jeune homme se trouve sur un piédestal et il faudra tout un effort pour l’en déloger. Or, mon expérience des hommes devrait me rendre méfiante envers ce genre de pensée. Mes derniers amoureux n’ont jamais été spécialement gentils avec moi et mes relations se sont toutes terminées par Dédé en pleurs sur le plancher de la salle de bain dans l’idéal d’y crever le plus tôt possible. Mon premier amoureux m’a laissée quelques jours après avoir obtenu de moi ce qu’il souhaitait : ma virginité. Puis j’ai surpris un autre en pleine action avec une professeure de japonais (la nôtre hein, plutôt gênant par la suite). Sincèrement, je n’ai jamais eu de chance, mais je ne me suis jamais vraiment méfiée jusqu’à prendre cette décision de rester célibataire jusqu’au moment où je serais prête à considérer les autres d’un œil réaliste. Avec Tristan, j’y parviens, je m’en rends compte. Mon affection pour lui évolue, s’approfondit et se nuance, même si ma vision restera toujours très positive. Bien sûr, nous ne sommes pas amoureux… Il n’est pas mon petit-ami bien sûr hein… Enfin… Tout ceci pour dire que dans tous les cas, il a raison de me dire que je ne devrais pas l’idéaliser, mais lui, me décevoir? Inconcevable pour moi. Après tout, il est mon sauveur. Je retiens néanmoins ce qu’il a dit au sujet de ses joues. J’adore le scruter alors qu’il rougit, c’est véritablement adorable. Je n’en ai plus le loisir ainsi vautrée contre lui, mais je ne m’en plains pas, le câlin en vaut largement le coup, d’autant plus qu’il dure et dure. Au sujet de ma conception de lui cependant, je décide de répondre.

«Je ne serais jamais déçue de toi, Tristan, je ne pourrais même pas l’imaginer.»

Pression, pression. Je ne tente pas de lui mettre bien sûr, mais même sa maladresse et sa gênent me plaisent. De lui découvrir des défauts m’apaiserait même, personne n’en est exempt bien sûr et ces bien à ceux-ci qu’on s’attache en plus de toutes les qualités. Par exemple, j’adore le côté obstiné et frivole de ma cousine, qui m’est tel un contraire. Je ne changerais jamais ces parts d’elle, même si je me retrouve souvent gênée par son absence totale de tact. Je me repose à nouveau contre lui après cette réponse brève mais pas moins sincère, bien décidée à finalement me laisser aller au sommeil qui, de toute façon, me gagne rapidement. Je crois que j’y suis finalement alors que je le sens se redresser, car le mouvement provoque ma confusion. Je rouvre les yeux en cherchant autour de moi une explication à ce qui vient de se produire, observant le garçon se retirer à contre-cœur. Probablement qu’il a décidé que cette étreinte avait assez duré et qu’au final, elle pourrait être mal interprétée. Oui, j’imagine que deux amis ne se blottissent pas ainsi l’un contre l’autre pendant aussi longtemps… Mais… mais… Je lui affiche une expression carrément triste. Pourquoi? Fufufu!

Contre toute attente, il me tend plutôt la main en m’invitant pour une danse avec un sourire à croquer. Oh bon sang, Tristan ne me fais pas des sourires pareils! Par automatisme, je joins es doigts au sien, acceptant de me relever avec quelque difficulté malgré tout. Au lecteur, une chanson d’un de mes artistes préférés joue. Stay With Me de Sam Smith, son plus grand succès. Je me rapproche de Tristan, un peu intimidée malgré tout, malgré cette proximité échangée à l’instant. Je pose ma main gauche dans la sienne et entoure sa taille de mon bras droit, venant poser ma tête contre son épaule pour ce slow intime, au beau milieu de mon salon sous l’œil attentif de… Un instant… Où sont passés mes Pokémon? Je n’entends plus un bruit dans l’appartement et pendant un instant, je cherche à savoir ce qu’ils sont devenus, quelque peu confuse, avant de réaliser qu’Anika a probablement téléporté tout le monde pour nous laisser un peu d’intimité. De l’intimité… entre Tristan et moi…

«On dirait que nous sommes seuls.»

Plutôt que d’affronter son regard, je repose ma tête contre son épaule, me laissant bercer par la musique. Cette fois, pas d’alcool, pas de rose, personne pour nous regarder, simplement un jeune homme et une jeune femme dansant tous les deux. J’en frissonne tout entière, préférant cet instant au sommeil qui m’appelait un instant plus tôt. Je chante doucement la chanson, presque au creux de son oreille vu ma position.

«Oh won’t you stay with me?
‘Cause you’re all I need
This ain’t love it’s clear to see
But darling stay with me»


Combien je peux aimer cette chanson! De la partager avec l’éleveur rend cet instant encore plus parfait. J’ondule au même rythme que lui, touchée par cette proposition de danser qui sort un peu de nulle part, sans toutefois me déplaire, bien au contraire. Alors que la chanson s’arrête, la liste semble avoir touché à sa fin et c’est le silence total qui s’abat dans l’appartement. Je continue cependant à danser, sur un air fantôme qui n’existe qu’à mon esprit. Tous ces instants en sa compagnie, je n’ai pas envie qu’il s’arrête. Bordel je n’ai même pas envie qu’il s’en aille. Je me sens telle une enfant pleine de caprices, même si je n’oserais jamais demander bien sûr, me contentant de danser avec lui, malgré l’absence de musique.

«La musique s’est arrêtée.»

Simple constatation. Je relève la tête pour lui offrir mon plus beau sourire qui signifie à quel point je suis heureuse de me trouver en sa compagnie. Oui, je suis heureuse.

(c)Golden
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Tristan T. Weber
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MessageSujet: Re: Still looking for a definition |Tristan|   Still looking for a definition |Tristan| - Page 2 EmptyMar 28 Juil 2015 - 1:18



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feat Adé

Tristan Weber



Jamais déçue ? C'est presque un défi lancé à la malchance du jeune homme, ça. Croit-elle vraiment qu'il ne pourrait jamais rien faire qui pourrait la dégoûter ou changer la vision qu'elle a de lui ? Que dirait-elle en effet si elle apprenait qu'il n'a pas toujours été un ange, qu'il y a eu des moments qui ont été si difficiles à supporter pour lui qu'il en a été égoïste et isolé ? Pour rien au monde il ne voudrait qu'elle le voie négativement, c'est certain, mais il arrivera bien un moment où elle s'apercevra qu'il n'est pas l'ange qu'elle espérait. Il essayera, cependant, d'être ce parfait gentleman dont elle rêve. Si c'est pour lui faire plaisir, il veut bien tenter le coup, ne jamais laisser transparaître la part d'ombre qui a grandi en prison ; car c'est celle qu'il ne voudra jamais montrer à ses proches, et en particulier à Adélia, qu'il veut préserver de quelconque sorte de mal.

Lorsqu'elle prend ses doigts dans les siens, c'est avec délicatesse qu'il la soulève du canapé, pour la rapprocher de lui, une main dans la sienne et un bras autour de son corps. La musique retentit, inconnue aux oreilles de Tristan, mais qui ne passe pas inaperçue à ceux de son amie, ce qui est logique, étant donné qu'il s'agit de sa chaîne et donc de ses musiques. Elle pose ensuite sa tête contre son épaule, ce qui attire sur les lèvres du jeune homme un sourire attendri. Il regrette presque le câlin, mais il mentirait s'il disait qu'il n'est pas aussi bien que tout à l'heure, dans cette situation rapprochée. Ils sont en mouvement, mais l'un contre l'autre, et la musique qui les berce tous deux, sans toutefois les endormir, les guidant dans leurs pas, jusqu'à ce que l'attention de la Turnac soit détournée. Adélia relève la tête, semblant chercher quelque chose du regard dans la pièce, alors qu'ils sont... seuls ? N'y avait-il pas un Coatox, un Roigada, une Gardevoir et une Spectrum, quelques instants plus tôt ? C'est vraisemblablement la remarque de son amie qui le fait constater cela, et cette précision le fait de nouveau rougir, plus faiblement. Oui, ils sont seuls ; juste tous les deux, dansant un slow. Mais ça effraie l'éleveur autant que ça l'apaise. Personne pour les interrompre, personne pour les déranger, personne même pour les regarder. Il semble loin, d'un coup, le bal de décembre. Plus de convives, plus d'ourson perturbateur et mesquin. Plus rien. Juste eux, et la musique qui retentit dans la pièce. Seul Sam Smith est présent, de par sa voix qui les entraîne et rend leur instant plus magique encore ; car oui, il l'a reconnu, le chanteur, il devient de plus en plus célèbre, et il a le souvenir d'un matin où il l'avait distraitement écouté à la radio. Une Drattak qu'on lui a confié est particulièrement fan de lui, d'ailleurs, et heureusement, car sinon Tristan aurait bien du mal à la calmer, sinon en lui passant en boucle des musiques de l'artiste.

Et pendant un instant, il considère les paroles, y prête attention. Pourquoi cela lui fait-il tant d'effet ? « Stay with me »... Oui, il voudrait rester. Une voix chante par-dessus le disque. Cristalline, douce, belle, il sait très bien à qui elle appartient. Adélia a reposé la tête contre son épaule, mais il l'entend avec délice, se rappelant cette fois encore, où sa voix lui est parvenu, pareille à celle d'une sirène. Elle s'était endormi la dernière fois, mais l'air qu'elle entonnait a bien failli le faire plonger dans le sommeil, lui aussi. Pas question de se laisser aller cette fois-ci aux bras de Morphée, si tentant soient-ils. Et contrairement à la dernière fois, il devra partir. S'il le veut secrètement, et il en a honte, il ne peut pas. Il devra rentrer quitter la chaleur d'Adélia, et rentrer chez lui. Certes, il s'endormira sans doute l'esprit léger, en espérant rêver à des choses merveilleuses, comme la merveilleuse femme à qui il tient compagnie pour la soirée, mais il voudra encore recommencer une soirée comme celle-ci. N'y a-t-il pas moyen qu'il lui sauve une nouvelle fois la vie, qu'elle l'invite une nouvelle fois à dîner, et qu'ils puissent de nouveau avoir une telle proximité ? Pas une seule fois il ne s'est demandé si c'était d'ailleurs normal que deux amis se comportent ainsi, mais il vient d'y penser. Peut-être que c'est un peu précipité de sa part, mais elle ne lui a jamais refusé le moindre contact qu'il tentait vers elle, et en rajoutait même une couche. Si elle ne fait rien qui puisse mettre une frontière en eux, alors c'est qu'elle accepte qu'il soit si prêt d'elle. Mais à quoi pense-t-elle réellement ? Craint-elle qu'il ne devienne comme Enric, un peu trop insistant ?
Le Weber aime cette complicité, mais peut-être que son amie n'est pas de cet avis ? Est-il le seul à désirer que leur relation continue dans cette voie, qu'elle demeure simple, mais qu'elle signifie quand même quelque chose d'important ? C'est en ça qu'il jalouse quelques fois les pouvoirs psychiques de certains Pokémons. Il sait que c'est malpolie d'être intrusif comme ça et que ce serait une violation de l'intimité de la Turnac ; mais ça le soulagerait tellement de temps à autre. Il est loin cependant de se douter que l'autre ne demande pas mieux que de rester ainsi, elle aussi. Mais comment pourrait-il le savoir, incertain qu'il est ? Il a déjà du mal à accepter tous les compliments qu'elle lui fait...

Enfin, la musique s'arrête. Aucun des deux ne semble s'en apercevoir, jusqu'à ce qu'Adélia le lui fasse constater, d'une phrase des plus banales, mais accompagnée d'un sourire qui fait hoqueter très discrètement Tristan en le voyant, sorti de sa rêverie il y a peu. A la simple vue de ce ravissant sourire, son cœur fait un bond, et il se fige. Un si beau visage, c'est inhumain ; cela ne peut exister en vrai, il en est certain. La dernière fois qu'il a été charmé ainsi, c'était il y a bien longtemps, par sa propre jumelle. Aujourd'hui, il est lui-même surpris de trouver un regard qui égale celui de Maelys à ses yeux. Mais avec Adélia, c'est différent, et c'est ce qui fait peur à Tristan. Quelque chose est en train de changer, il le sent. Et ça le fait sourire à son tour. Elle est heureuse, il l'est également. Que faire, maintenant ? Leurs mains l'une dans l'autre, le deuxième bras de l'Hôte toujours autour de la taille élégante de son amie, et ses prunelles marrons plongés dans les siens, qui le détend immédiatement. Toutefois, sa respiration s'est brutalement accélérée, sa tête commence à tourner. Il pourrait rester des heures ainsi, cela dit. Pas moyen de stopper le temps ? Vraiment ? Dommage. L'heure est venue de se séparer d'elle, physiquement du moins. Il ne peut pas risquer de donner des crampes à Adélia parce qu'il apprécie un peu trop ce contact qu'ils partagent.

Alors qu'il fait un pas pour commencer à s'éloigner, il ne réfléchit pas trop et, le cerveau transformé en confiture alors qu'il regardait la Turnac avec un sourire niais et bête, son pied trébuche, et le fait tomber sur le canapé. Il en aurait ri, si seulement il avait pensé à lâcher les mains de la jolie brune au lieu de l'entraîner avec lui sur le sofa, la faisant chuter à son tour. Tristan pousse un petit « Woooh ! » avant de tomber sur les coussins. En reprenant peu à peu ses esprits, ce n'est qu'après qu'il se rend compte qu'Adélia est située juste au-dessus de lui, et qu'il doit avoir l'air sacrément stupide, à être allongé ainsi sur son canapé. Intensément, très intensément, le feu le prend encore une fois au visage, rendant ses joues de la couleur de la sauce tomate qu'il avait ajouté dans ses pâtes tout à l'heure, le brûlant tout entier, lui donnant l'impression qu'il est sur le point d'exploser à tout moment. Mais lorsque ses rougeurs se calme et que la Voltorbisation est passée, il essaye tant bien que mal de faire cesser les battements de son cœur qui tambourine à présent, sûrement dû à... la poitrine féminine collée contre la sienne, qui est 'légèrement' plus plate.
C'est étrangement qu'il n'arrive plus à se défaire de l'emprise qu'il a involontairement imposé à son amie sur lui, ne voulant même pas de toute façon bouger de là où il est. Il ne l'écrase nullement, et rirait même de leur situation, si seulement il avait la moindre idée de ce qui est en train d'arriver. Le sourire du Weber a disparu, laissant place à un regard indécis, mystérieux, troublé, et plus que tout, hypnotisé. Comme s'il était sous l'emprise d'une sorcellerie quelconque, son visage se rapproche, lentement, très lentement, de celui de la Turnac. Perdu, déconnecté de la réalité, comme si son cerveau s'était brutalement éteint, il ne contrôle plus aucun de ses mouvements, mais aurait l'air sacrément paniqué et mal à l'aise s'il était conscient de ce qu'il est sur le point de faire.

Ce n'est seulement à quelques centimètres de ses lèvres, leurs souffles s'entremêlant, qu'il cligne des yeux et reprend contenance avant de sursauter, horrifié de ce qu'il comptait faire à celle qui l'a pourtant aimablement accueilli chez elle. Il se racle la gorge en riant nerveusement, soudain extrêmement gêné, ne sachant plus ou se mettre, effrayé de la réaction d'Adélia par rapport à la catastrophe qu'il a réussi à éviter de justesse et qui aurait pu compromettre et sa confiance, et son amitié, espérant qu'elle ne s'est pas rendu compte de l'immense bourde qu'il a bien failli faire.

- Wou... wouah ! Dé-dé-décidément ! A peine deux verres d'alcool et je fais déjà n'importe quoi, haha ! Calme-toi, Tristan, je sais qu'on ne résiste pas à une si belle fille, mais qu-quand même ! Si-Sinon, tu-tu vas devoir affronter Enric ! Héhé !... Héhé...

Embarrassé, il détourne le regard, n'osant plus scruter ces si beaux yeux qui semblent pourtant l'appeler.

- Dé... Dé... Désolé. J'crois bien que... que je tiens vraiment mal le vin.

C'est bon, je peux mourir, maintenant ?

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Adélia G. Turnac
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MessageSujet: Re: Still looking for a definition |Tristan|   Still looking for a definition |Tristan| - Page 2 EmptyMar 28 Juil 2015 - 3:00


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feat. Tristan Weber
Cet instant peut durer. Aussi longtemps qu’il le souhaite même. Cette danse suffit à éloigner toutes les pensées lourdes et sombres qui m’ont agitée dernièrement, plus particulièrement depuis l’attaque. J’ai bien désigné mon invité en le choisissant. Tout avec lui me paraît parfaitement naturel, si bien que ma réserve habituelle s’est envolée. Je m’abandonne dans ses bras, le visage enfoui contre son épaule comme si je l’avais réalisé des dizaines, voire des centaines de fois. Et souvent j’ai imaginé un instant pareil, dans mes instants de faiblesse, et jamais au monde mon imagination n’atteignait le niveau de bien-être ressenti à cet instant. J’ai toujours cru que le moindre de ses touchers me paralyserait d’embarras, probablement car je l’ai senti gêné et timide depuis le tout début de nos rapports. Je ne saurais expliquer ce qui nous a permis de nous rapprocher ce soir, ce qui fait en sorte que nos barrières habituelles se sont progressivement retirées vers cet instant de pur bonheur. J’aimerais tellement lui dire à quel point je puis être bien en sa compagnie, mais je sens que ce soir j’ai déjà beaucoup trop parlé. Déjà exprimé ce que je tais depuis un moment. Puis le reste, de mes gestes, il sait le deviner non? Ce sourire que je lui adresse de pur contentement suffira amplement à lui partager ce que je puis ressentir à l’instant je crois.

Le sourire qui prend place contre ses lèvres à lui aussi me témoigne qu’il partage, au moins en partie, les émotions qui m’agitent. Je me sens fondre, incapable de me détacher de ma contemplation sereine de ses prunelles, de son visage, de ses lèvres. Cette fois, je m’autorise pleinement à le dévorer des yeux, complètement obnubilée par la beauté de ses traits, par la bonté de ses prunelles. Sous leur garde intime, je me sens à la fois protégée et respectée, appréciée aussi sans détours aucun. Encore une fois, je suis happée par la sincérité du garçon au point d’en frémir, l’envie de l’embrasser me revient une nouvelle fois cette fois de façon timide et hésitante, alors que je sens son souffle s’accélérer. Hésitante car cette fois, je formule l’hypothèse qu’il partage peut-être mon désir, d’une façon consciente ou non. Ce baiser me paraît la suite logique de cet épisode mais je n’ose plus tout de même de par la possibilité que non, Tristan ne veuille plus de moi de cette façon, que j’ai interprété de travers tous ces signes qui ressurgissent à mes yeux à l’instant même, des signes qui ne devraient pas mentir mais qui provoquent d’autant plus ma confusion. Un ange passe, le moment s’effrite et s’écroule. Je le sens s’éloigner en me maudissant de mon manque de courage, me reprochant toutes ces peurs qui n’ont jamais cessé de me hanter. Mon regard est rivé vers le sol si bien que lorsqu’une pression me tire brusquement vers l’avant, je n’ai pas le temps d’esquisser un geste pour me retenir.

Une chute? Je réalise qu’il est celui qui m’a entraînée à sa suite, probablement en se prenant les pieds dans la table basse. Un grand désavantage de mon salon est bien le manque de place pour circuler et il n’est pas rare que… Bref, on s’en fout. On s’en fout même totalement puisqu’alors que je me redresse quelque peu, je réalise que j’ai atterrit directement contre sa poitrine, mes minuscules petites choses me servant de seins contre lui, mes jambes autour de sa taille… et nos visages plus qu’à quelques micromètres l’un de l’autre. Et si la tentation de l’embrasser se faisait timide il y a quelques instants, elle se déchaîne à présent. Je chasse mes cheveux ayant envahi mon visage, sans le quitter un instant des yeux. Ses rougeurs caractéristiques d’embarras s’estompent peu à peu, je sens son cœur battre de façon frénétique contre ma poitrine, quelque chose a changé, quelque chose va changer. Tristan n’est plus le même, il n’est plus ce garçon embarrassé et gêné qui a franchi ma porte. De façon presque imperceptible, si bien que je crois d’abord avoir halluciné, son visage franchit lentement cette distance entre nous. Vers moi. Il va m’embrasser. Cette idée me transperce, réduit mon cerveau en bouillie, me paralyse dans l’attente interminable de ce moment. Oh Tristan, j’ai tenté très fort de pas me laisser tomber amoureuse de toi, mais à présent, à présent… Je n’ai plus rien à promettre.

Son souffle frôle le mien, une sensation délicieuse envahit mes lèvres vierges d’affection depuis bien trop longtemps. Tout en moi hurle d’envie, on m’entend presque penser Fais-le, fais-le. Si je n’ose pas formuler cette pensée, mon regard attisé en témoigne tout autant. Ma poitrine n’est plus que la cage d’un oiseau affolé qui tenterait de s’en échapper sans trouver d’issue; pourtant cette fois, je veux bien qu’il s’envole s’il est celui qui doit en prendre soin après l’avoir gardé jalousement pour moi pendant tout ce temps. Notre proximité provoque un grand vertige, nous marchons sur cette fine ligne qui sépare deux chemins bien distincts. Je suis prête à franchir la ligne, j’aurai l’occasion plus tard d’angoisser, de culpabiliser ou de me confondre dans des scénarios impossible, toutes sortes imbécillités auxquelles je m’adonne sitôt on m’offre un peu d’attention. À l’instant, je ne ressens rien d’autre qu’une extase totale qui résonne en moi dans un grand «oui». Or, toute bonne chose a une fin. Plutôt que de conclure cet instant qui s’annonçait magique, Tristan se retire en riant nerveusement, comme si tout ce que je ressens depuis tout à l’heure n’était qu’une mauvaise blague. Je voudrais tellement me joindre à lui, repousser mes sentiments dans un cachot de l’oubli et en rire, mais je n’y arrive pas.

Car il est trop tard. Beaucoup trop tard à présent. J’ai senti, pendant un bref instant certes, que mon désir était partagé, que Tristan avait autant envie de ce baiser que moi, et rien au monde ne saurait retirer cette idée, ses gestes parlent d’eux-mêmes. Sauf qu’il a décidé d’y mettre fin. Un choix conscient cette fois, qui est venu briser l’instinct le poussant à mes côtés. Consciemment il me repousse, consciemment il décide de brider ce qui l’a mené vers moi, si près, si près de m’embrasser. Et de savoir qu’il le désire, même un peu, m’offre un espoir dévastateur. À présent je m’y raccrocherai sans cesse, je me languirai de cet instant, j’en souffrirai. J’en souffre déjà, même. Ses mots, pâles explications, me font d’autant plus mal, me jettent même dans la frustration la plus totale. Est-ce vraiment ce qui l’a retenu? La possibilité de devoir affronter Enric? Si jamais le rouquin s’interposait entre moi et Tristan, je lui arracherais la tête volontiers avant de jouer au football avec. J’aime bien le garçon bien sûr, il m’est plutôt sympathique, mais je n’ai aucun intérêt amoureux envers lui, et si son insistance était bien mignonne jusqu’à présent, je refuse qu’elle aille plus loin si elle signifie d’éloigner des prétendants possibles. Oh mon dieu est-ce que je viens de mettre Tristan dans la case «prétendants possibles»? Je suis complètement cinglée, j’ai envie de m’arracher les cheveux.

Non, son excuse est le vin, et je crois que c’est encore pire que s’il admettait simplement s’être dégonflé. Comme si de m’embrasser représentait une hérésie, un truc que seuls les gens complètement souls pourraient envisager. Je suis donc si dégoûtante Tristan? Non, je n’arrive même pas à le croire tant son explication est mince. Deux verres de vin, pour un garçon de sa taille et avec toute la nourriture ingérée, aussi peu habitué puisse-t-il être, ce n’est guère suffisant pour causer quelconque perte de contrôle. Alors qu’est-ce qui le retient? En a-t-il envie réellement mais s’est arrêté par peur ou timidité? A-t-il regretté les élans de son corps envers moi? N’est-il juste sous le charme peut-être que pour mes formes pourtant totalement inexistantes? Je ne sais plus qu’en penser, et un certain silence s’est abattu contre nous alors que je réfléchis. Probablement un peu par sadisme, je me plais à penser que mon silence doit l’affoler quelque peu.

«Tu n’affronteras jamais Enric. Il n’est pas mon copain et ne le sera jamais, même si je suis à peu près certaine qu’il aurait perdu les pédales à l’instant.»

Quand nous avons failli nous embrasser. Je n’ose pas le nommer, mais mon regard rivé dans le sien le signifie. Je soupire en ne relâchant cependant pas mon emprise visuelle sur lui. Je tente de déchiffrer ce qui l’a poussé à s’arrêter, je ne me contente pas de cette explication offerte et qui ne tient nullement la route. Je n’ose pas non plus me retirer de sur lui, même si je me suis un peu reculée. J’ai envie de jouer le tout pour le tout sans me griller les ailes. Sans le quitter du regard, j’esquisse un léger sourire.

«C’est vrai que ça aurait vraiment été terrible de m’embrasser pas vrai?»

Oui, je suis légèrement sarcastique, oui, je suis même un peu provocatrice de ma façon adorable-Adélia-est-un-chaton, mais on s’en fiche. Si je le rends mal à l’aise, alors il se retirera et alors nous resterons sages. Mais s’il décide de nier… Encore une fois cet espoir se pointe avec sa promesse de déceptions.

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MessageSujet: Re: Still looking for a definition |Tristan|   Still looking for a definition |Tristan| - Page 2 EmptyDim 30 Aoû 2015 - 2:21



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feat Adé

Tristan Weber



De plates excuses, il en est conscient. A l'instant même où il les a sorti, il a su qu'il ne serait pas crédible, même aux yeux d'Adélia. Il espérait seulement qu'elle fasse comme si elle acceptait cette idée afin qu'il puisse continuer la soirée comme si de rien n'était. Comme s'il n'avait pas interrompu le fil de l'amitié qu'il entretenait avec elle, pour, sans s'en rendre compte, le briser totalement. Infranchissable jusqu'alors, en une seconde, Tristan a détruit un mur invisible qui a provoqué une explosion en lui, jusqu'à remettre en cause ce qu'il ressentait. Qu'il est difficile en même temps de se concentrer alors que le parfum de la jeune femme l'enivre avec délice et fait l'effet d'une drogue qui l'apaise totalement. Ce doit être pour ça qu'il panique de moins en moins ; il est détendu, et le regard de la Fr-... Turnac posé sur lui n'arrange rien. Il sourirait presque comme un idiot s'il ne se posait pas milles questions à l'instant présent, sur ce qui se passe, et sur son propre comportement qu'il a de plus en plus de mal à expliquer.
Au dernier moment, il s'est retiré de justesse. Mais il éprouve... du regret ? Rêvait-il au plus profond de lui, secrètement, l'irréparable qu'il a failli déclencher inconsciemment ? Leurs lèvres étaient pourtant seulement à quelques centimètres de se toucher, de s'unir ; et rien qu'imaginer cette idée fait rougir le Weber, autant de honte pour avoir conçu cette image mentale à l'égard d'Adélia qu'il respecte, que de gêne en se disant qu'il aurait peut-être préféré se rapprocher davantage pour faire taire cette envie soudaine. Mais qu'aurait pensé son amie ? Elle qui l'a si gentiment invité chez elle n'espérait peut-être pas que cette soirée se termine ainsi... L'hôte de pension trouve qu'il a déjà trop abusé de sa présence et de sa chaleur, et pense qu'elle n'aimerait sans doute pas qu'il profite autant d'elle de la sorte, ne serait-ce que sous la forme d'un baiser dont il ignore la réciprocité du désir. Naïf comme il est, c'est bien le dernier a avoir remarqué que son hôtesse brûlait encore plus que lui de ce contact.

Enric. Même Enric était une piètre excuse, et sans doute la pire de toutes. Lui, avoir peur d'Enric ? Balivernes. Si Tristan se vante d'être pacifique, ne servant la Résistance que pour assurer les arrières de sa famille dans le besoin, l'idée d'affronter ce Enric le fait juste rire intérieurement. Si ce n'est sa voix et ses intentions, le Weber ne sait rien de lui. Et pourtant... Pourtant il serait prêt à l'affronter sans problème.
S'il croit qu'il peut prendre Adélia comme ça !
Tristan est grand, intelligent, mais pas plus fort qu'un autre. Il pourrait très bien se faire ratatiner par ce Enric en combat singulier. La différence, c'est qu'il ne combattrait pas pour lui, mais pour son amie. C'est peut-être ça qui le motive. C'est peut-être de là que vient son envie subite de faire rabattre le caquet de ce Enric pour lui faire comprendre qu'il est un peu trop insistant au goût du Weber ; et pas seulement parce que Tristan ne supporterait pas qu'on oppresse une de ses proches ainsi. Il se pourrait en effet qu'un sentiment de jalousie en soit également la cause.
Mais qu'est-ce que je raconte... Je n'ai aucun droit. Je ne suis même pas son... son...
Pour une raison qui lui échappe de moins en moins, le mot n'arrive pas à sortir, même dans son esprit. Après tout, comment pourrait-il imaginer une chose pareille ; il n'y aurait jamais de trou assez grand pour qu'il puisse s'y cacher. Nul doute que, en effet, l'inconnu qui veut tant sortir avec la coordinatrice n'apprécierait vraiment pas ce moment et se jetterait sur l'éleveur pour lui arracher quelques boyaux. Peut-être veut-il d'ailleurs déjà le faire, étant donné que, bien qu'Adélia lui ait fait croire qu'elle avait un petit-ami, ce n'est pas ça qui l'a empêché d'insister et de vouloir affronter ledit copain presque imaginaire de la brune.

Ce qui a étonné le plus Tristan depuis le début, c'est qu'elle ne semblait pas vouloir plus rompre le contact que lui. Il s'est approché, certes, mais même s'il s'attendait à une gifle ou à un quelconque signe de repoussement de sa part, il n'a pas entendu une seule plainte d'Adélia, et n'a pas senti non plus qu'elle lui en voulait pour ce qu'il a failli faire. S'il était un peu plus connaisseur dans ce genre de choses et si vraiment il n'était pas attiré par elle, alors possible qu'il aurait remarqué toute la détresse de la jeune femme. A partir de l'instant où il s'était approché, il savait que ça allait changer la situation encore plus qu'il ne l'aurait imaginé. Soit elle aurait mal pris son approche, soit elle en aurait ri et aurait rassuré Tristan. Telles étaient les seules hypothèses qui sont venus à lui quand il a tout de suite regretté d'avoir failli causé l'inévitable. Jamais il n'aurait pensé de sa part qu'elle aurait, au contraire, encouragé le contact qui était à deux doigts de se créer ; et surtout pas avec ce qui semble être une sorte de provocation à son égard, en voyant son léger sourire et entendant bien le ton qu'elle emploie.
Terrible, oui, ça aurait été le mot. Tristan ignore en revanche dans quel sens, et encore moins si ça aurait été un bien ou un mal. Mais ce que le Weber comprend enfin à l'instant, c'est qu'elle le voulait, ce baiser, depuis il-ne-sait combien de temps ; et cette réalisation le fait virer au rouge pivoine, autant que lorsqu'elle a énoncé clairement ce qu'il s'apprêtait à faire quelques instants plus tôt. Lui, embrasser Adélia. C'est un moment qu'il n'a jamais osé imaginer, et pourtant qu'il n'aurait pas hésité à reproduire s'il n'avait pas retrouvé la raison au dernier moment. Si c'est son subconscient qui l'a guidé, alors est-ce qu'il voulait vraiment l'embrasser ? Rompre l'amitié qu'il a avec elle pour... pour quoi ? Il ne sait même pas ce qui l'attendra après, mais il n'est pas assez fier pour nier la vérité et se convaincre à lui-même qu'il n'a jamais voulu être aussi proche de la brune. Tristan a toujours espéré devenir l'ami d'Adélia, et peut-être même un proche, mais jamais au-delà. Ou du moins, c'est toujours ce qu'il s'est ouvertement imaginé. Quelque part, dans ses pensées les plus secrètes, un désir de se rapprocher encore plus intimement de la belle était né sans qu'il en ait conscience. Quand Sam le taquinait sur sa relation avec la Turnac, l'éleveur n'a jamais pris la peine de comprendre pourquoi le compétiteur pensait tant que son ami allait développer quelque chose de plus fort qu'une simple amitié à l'égard de la fille d'Eliza.
N'importe quoi. Je ne peux pas être... être... Non, c'est complètement absurde.
Ne trouvant pour l'instant pas d'autres solutions que la parole et désemparé par rapport à ce qu'il devrait faire, c'est avec un petit sourire qu'il se met à parler.

- C'est ce que tu veux.

Paroles inutiles, qui sont plus une constatation qu'autre chose, il manque de temps pour réfléchir. Mais les anges ne peuvent arrêter le cours du temps, et c'est bien ce qui embête dorénavant le Weber qui a autant de mal à penser qu'à répondre de nouveau. C'était une question rhétorique, une simple provocation de la part de son hôtesse mais qui voulait tout dire de ses intentions. Obéir ou refuser ce baiser qu'elle quémande indirectement, il n'a que ces deux choix-là, et nul doute qu'il aurait largement préféré se retrouver devant un Rhinocorne en furie plutôt que d'avoir un tel dilemme en face de lui. Un problème se pose toujours à lui cependant. Ce n'est pas qu'il n'a pas confiance en Adélia, mais il veut être sûr de savoir ce qu'elle fait. Retrouvant un air sérieux, il laisse planer sur son regard une incertitude palpable, reflet d'une légère part de lui qui a peur de ce qui arrive.

- Mais... ensuite ?

On ne sait pas si on peut dire que Tristan est un romantique dans l'âme, mais s'il a une chose auquel il croit, c'est qu'un baiser est synonyme d'amour. Il n'est pas naïf au point de croire que certaines personnes s'embrassent par manque d'affection ou juste pour le geste, mais pour lui, cela n'a d'intérêt qu'avec une personne qu'on aime. Malgré ses nombreux défauts, il n'espère qu'à aimer et à être aimé. Cependant, s'il ne s'est jamais intéressé vraiment à l'amour, ce n'est pas faute d'avoir déjà jalousé les autres et de s'imaginer à leurs places, même s'il a toujours chassé ses fantasmes de sa tête et que son métier et sa famille sont toujours passé avant. Il ne veut pas croire qu'Adélia voudrait l'embrasser par manque d'affection, autant qu'il n'arriverait pas à croire qu'elle puisse être amoureuse de lui. Il ne veut pas qu'ils soient déçus chacun de leur côté, car peut-être qu'ils attendent tous deux quelque chose de différent ; c'est pourquoi il préfère en avoir le cœur net.

- Si je recommence et que je t'embrasse... Qu'est-ce qui se passera ensuite ?

Enric te tuera n'est pas la réponse qu'il attend. Ce n'est pas une question facile, il s'en rend compte ; à moins qu'elle ait une idée précise de ce qu'elle veut et auquel cas il saura si oui ou non il y a des sentiments qui l'attendent en retour. Il se redresse un peu et prend appuie sur ses coudes, prêt à l'entendre, sans pouvoir empêcher un léger sourire amusé de se dessiner.

- Adélia... Serais-tu amoureuse de moi ?

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MessageSujet: Re: Still looking for a definition |Tristan|   Still looking for a definition |Tristan| - Page 2 EmptyDim 30 Aoû 2015 - 16:31


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feat. Tristan Weber
Si seulement j’avais pu imaginer cette issue pour cette soirée. Au départ, j’ai prévu simplement une rencontre amicale, une distraction à mon conflit avec Mercedes, quelque chose pour me détacher de la douleur physique occasionnée par ma blessure. Un prétexte aussi pour revoir mon sauveur, pour partager avec lui une part de mon existence, mais aussi de le remercier de façon concrète pour tout ce qu’il a pu faire pour moi, à commencer par me sauver la vie. Une prémisse plutôt simple pour une soirée agréable et en bonne compagnie, un repas pour nous réunir et échanger depuis notre rencontre à l’hôpital. Et croyez-moi, je n’ai jamais, même un peu, espéré l’issue qui se présente en ce moment devant moi, qui me plonge dans une grande confusion. Une confusion absorbée en partie par l’influence de mes sens, éveillés et affutés par l’urgence d’une situation à laquelle nous n’étions nullement préparés. Cette réponse fournie à ses piètres excuses pour le geste qu’il a failli poser n’aide en rien l’agitation qui règne en moi sous le couvert de ce léger sourire provocateur. Je peine à croire en ma propre attitude sereine, presque confiante. Probablement que la proximité de nos deux corps m’offre la confiance nécessaire pour forcer légèrement le destin, probablement que mon désir, que les sentiments depuis longtemps enfouis en moi parlent pour moi là où j’aurais probablement dû me taire. Dans tous les cas, je ne me parviens plus à me détacher de son regard marron, à scruter sa réaction alors qu'un silence pesant s’installe entre nous.

Je peux mesurer le poids du choix qui se présente à lui et que j’ai remis entre ses mains, probablement pour me débarrasser moi-même de cette tension insoutenable. Après tout, il est l’instigateur de ce mouvement qui est venu tout changer, pour une fois je peux affirmer mon innocence, si ce n’est de cette provocation. À lui donc de décider l’avancement de notre relation, car déjà cette possibilité d’un baiser a probablement changé à jamais nos rapports, alors que dire de geste non brimé? Ma poitrine se soulève d’envie, mais je n’ose plus esquisser un geste. Je sais qu’à présent il verra clair dans mon jeu, je sais qu’à présent je m’expose à la douleur, ce que j’ai tenté maintes dois d’éviter dans les derniers mois en décourageant tous mes prétendants, en restant solidement ancrée dans mon célibat qui me protégeait, en quelque sorte, de moi-même. Je n’y pense plus à présent, je me laisse bercer par l'instant, obnubilée par la danse dangereuse à laquelle nous nous adonnons sous la lame qui menace à tout moment de s’abattre et de trancher. Mon estomac se tord de nervosité autant que d’appréhension, j’ai envie de savoir, j’ai besoin de savoir, il faut que je sache ou je vais devenir folle. Mais les premières paroles qu’il prononce me parviennent comme une évidence. Si j’en ai envie? Il était temps que tu t’en rendes compte, Tristan, vraiment. Je l’observe alors qu’un léger sourire anime ses lèvres si invitantes, je me demande s’il le veut vraiment lui aussi, je me demande s’il le fera. Ou plutôt j’espère que ce sera le cas. Je rougis, comme une enfant qu’on aurait pris la main dans le sac. Coupable, je déclare coupable à vos accusations, monsieur Weber. Je suis totalement coupable d’avoir envie de t’embrasser.

Son visage s’assombrit néanmoins et je sens ma confiance me glisser entre les doigts et la panique s’installer graduellement. Qu’il m’embrasse ou me rejette, cet avenir immédiat m’inquiète, m’effraie même. Dans un premier cas, je devrais faire face à de nombreuses décisions et remises en question auxquelles je ne suis pas préparée. Dans l’autre, je risquerais de perdre un ami, un pilier tout neuf dans ma vie, un élément important que je refuse de laisser partir. Le poids de mes sentiments m’alourdit et je prends de plus en plus conscience que, sans leur implication subtile ce soir, cet instant de se serait peut-être jamais dessiné. Il aurait été si simple de continuer sur cette route d’apparence paisible. J’aurais réussi à me détacher de ces émotions un jour ou l’autre sans encouragement particulier. Mais maintenant… Maintenant Tristan reprend la parole et me demande sérieusement ce qui se passera ensuite, s’il prend les devants et m’embrasse, ce que tout ceci signifiera pour nous. J’en reste parfaitement bouche bée, à chercher une réponse qui ne me vient nullement, d’autant plus que je réalise que ce moment pourra effectivement se dérouler selon ma réponse. Sans m’en rendre compte, je recule contre ses genoux, une distance appréciable qui me permet de réfléchir un peu plus adéquatement. Malheureusement pour moi, rien ne me parvient, je n’ai aucune réponse à lui fournir, car je ne sais pas. J’ai presque envie d’affirmer que je l’embrasserai en retour, mais j’imagine qu’il cherche une autre réponse, quelque chose de profond et d’intime que je doute d’être en mesure de fournir. Car j’ai peur. Peur de me tromper, peur de ce qu’il ressent, peur de souffrir, peur de tomber.

Tomber. Il fallait que je tombe. Car sitôt Tristan comble de nouveau le silence avec une phrase qui me prend totalement au dépourvu que je saute légèrement sur place sous l’effet de la surprise. Un mouvement qui cause ma chute des genoux du jeune homme pour venir m’écraser contre le sol, à quelques millimètres du coin de table qui aurait pu m’ouvrir le crâne. Je me redresse en toute hâte, le cœur affolé, les yeux ronds devant son expression amusée. Il vient de me demander si je suis amoureuse de lui et je recule après m’être redressée, ne le quittant pas des yeux, comme si j’attendais qu’il vienne en rire et affirmer qu’il s’agit d’une mauvaise blague. Une belle blague que celle-ci, n’est-ce pas? Car au moment où il prononce ces paroles, je me souviens brusquement des plusieurs années qu’il a passé dans les prisons du Régime, suivies par un célibat qu’il m’a avoué lors de notre première rencontre. Tristan est encore tout nouveau devant les relations de ce genre, et probablement qu’avant de se lancer dans l’une d’entre elles, qu’il préfère s’assurer de mes sentiments. Mais est-ce bien ce qui est en train de se produire? Est-ce que nous nous apprêtons à nous mettre ensemble? Non, c’est trop tôt. La réponse à sa question me parvient, claire comme de l’eau de roche. Non, je ne suis pas amoureuse de Tristan. Pas encore du moins. Car j’ai brimé trop longtemps l’attachement que je lui portais pour vraiment en être arrivé à ce stade, mais il m’apparaît tout aussi évident qu’il ne s’agit que d’une question de temps, qu’il ne me suffirait que de bien peu pour finalement succomber à ce que je combats en moi depuis longtemps.

Son sourire amusé. Ça l’amuse ce que je ressens à son endroit? C’est bien drôle n’est-ce pas, la petite Adélia a avec un béguin, comme c’est mignon. Je me sens blessée par cette attitude, et plutôt que d’affronter ses mots, je me retourne brusquement, une main contre mon côté qui m’élance méchamment, me dirigeant vers la cuisine pour calmer mes nerfs qui sont sur le point de céder. J’ouvre le réfrigérateur en grande pompe, et sort un gâteau, le seul que j’aille préparé faute de temps, une mousse chocolat avec un biscuit choco et un coulis de framboises glacé sur le dessus, le tout agrémenté de toutes sortes de petits fruits. J’en coupe deux parts en tâchant de faire taire les tremblements qui agitent mes mains, m’achetant du temps là où je n’ai toujours pas trouvé les mots pour m’expliquer auprès de Tristan. Est-ce qu’il me considère vraiment ainsi? Comme une pauvre gamine bien amusante, comme je le fus pour Faust à l’époque? Qu’est-ce qu’une jeune femme doit faire pour qu’on la prenne au sérieux? J’imagine que de fuir comme une lâche n’arrange nullement mon cas. Je reviens donc dans le salon en servant sa part à Tristan, la posant contre la table devant lui pour éviter de le toucher. Je m’assieds à ses côtés, à une distance qui frise l’insolence, le plus loin possible de lui sans être carrément impolie. J’ai besoin de prendre mes distances, ne serait-ce qu’un instant.

«J’allais presque oublié le dessert, imagine-toi! Dis-moi si tu veux du café avec tout ceci.»

Je prends une bouchée du gâteau, délicieux et riche, sans grand appétit. Mon estomac s’est tordu depuis tout à l’heure et un énième silence nous enfonce tous les deux dans un embarras palpable. Je dois parler.

«Je…»

Je ferme la bouche aussitôt, mes joues s’enflamment. Je prends une grande inspiration. Si je veux qu’il me prenne au sérieux, alors je devrai être honnête. Je laisse encore planer le silence quelques instants, cherchant les mots justes, mots qui ne viennent jamais. Alors je me fie à mon instinct.

«Depuis notre toute première rencontre, tu m’attires, Tristan, ça ne fait aucun doute. Mais j’ai décidé de taire ce que je ressentais, parce que je me suis dit que je n’aurais aucune chance avec un garçon comme toi. Donc… non, je ne suis pas amoureuse de toi Tristan, mais il est évident que je t’aime plus qu’un ami.»

Je baisse les yeux, honteuse.

«Si tu décides de m’embrasser, alors… alors je ne sais pas. Seul l’avenir nous le dira j’imagine. Mais je ne veux pas que tu te sentes… obligé. Je suis désolée si je t’ai mis de la pression sans le vouloir, je… tu dois penser bien pauvrement de moi maintenant.»

Évidemment. Évidemment que j’ai des sentiments pour lui. Évidemment qu’il a pris une place toute spéciale dans ma vie. Évidemment. Je lui ai confié mon secret le plus intime en abordant le sujet de mes véritables origines, et à présent, je risque de tout gâcher. Mes doigts se crispent les uns contre les autres dans un jeu nerveux, je fixe le sol pour ne plus croiser son regard.

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MessageSujet: Re: Still looking for a definition |Tristan|   Still looking for a definition |Tristan| - Page 2 EmptyVen 11 Sep 2015 - 19:27



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feat Adé

Tristan Weber



Jamais ô grand jamais il n'aurait cru que cette soirée se passerait comme ça. Le dîner, l'appel, les aveux, le câlin, la danse, leur position gênante sur le canapé... Il aurait eu presque peur que ça fasse trop pour aujourd'hui. S'il n'a pas envie de partir, il sait qu'il va devoir tout de même rentrer chez lui. Mais il veut profiter du temps qu'il a avec Adélia pour se rapprocher d'elle, en apprendre plus, et la découvrir comme peu de gens ont pu le faire avant lui. Qui d'autre est au courant pour son identité ? Si la confiance qu'elle place en lui l'honore, il sait que ce n'est pas aisé de l'accorder à n'importe qui ces temps-ci, en particulier si on fait partie de la famille Turnac. Tristan s'en veut un peu de la coincer avec une question aussi peu certaine, d'autant plus qu'elle n'a certainement pas mérité ça. Ce n'est pas un mal pour lui de savoir quel genre de sentiments son amie éprouver à son égard ; son désir ardent de l'embrasser l'a fait quelque peu douter, et n'étant pas habitué à ce qu'on attende ça de lui, c'est léger de dire que le Weber était un peu paumé. Reprenant du cran, il devait, selon lui, poser directement la question à la concernée, en sachant que ça ne serait pas aisé de lui répondre, mais en ignorant en même temps la réaction qu'elle pourrait bien avoir. C'était un quitte ou double, sans trop aller dans la provocation, il demandait sincèrement, avec une curiosité non dissimulée. Maintenant qu'il y pense, le jeune homme se rend compte qu'il ne sait pas tellement ce qui se passerait si elle lui disait « oui ». Pour lui, Adélia allait nier. Ce n'est pas qu'il pensait la Turnac amoureuse de lui, mais c'était une possibilité qu'il ne pouvait de toute évidence pas écarter. Il est peut-être médiocre en ce qui concerne les relations humaines, mais il sait que deux amis ne s'embrassent pas comme ça.

Si Adélia était en parfaite situation pour le provoquer, il a su prendre de l'avantage. Ces questions, brusques, attirent sa réflexion. Elle recule, semble chercher quelque chose à dire face à ça. Apparemment, elle ne sait pas plus que lui. Sans doute n'y a-t-elle pas pensé avant non plus. Ce qu'elle voulait surtout, c'était qu'il l'embrasse. Une volonté qui était, elle l'avait deviné, réciproque, malgré tous les efforts de Tristan et son embarras. D'où était-elle venue, cela restait un mystère pour le Weber qui était étranger à tout ce qui était en train de lui arriver. Pauvre éleveur qui avait bien du mal à se faire à l'idée que la présence d'Adélia lui était bien plus agréable qu'il ne l'aurait imaginé au départ. Il était sûr déjà que leur relation dépassait le stade de l'amitié mais que c'était encore trop flou pour qu'il puisse lui donner un nom. Il était désireux de savoir ce que elle pensait de leur histoire, mais la surprise qu'il lit dans ses yeux est telle qu'il la frappe également et n'a pas le temps de réagir face au sursaut de son amie qui tombe de ses genoux pour se retrouver au sol, la question l'ayant apparemment beaucoup prise au dépourvu.
Alors qu'il s'apprête à lui demander si elle va bien, c'est avec des yeux ronds qu'elle le fixe, stupéfaite, comme s'il venait de lui annoncer qu'il préférait les hommes, ou qu'il s'était véritablement transformé en labrador. Sur le coup, il regrette. Il a peur d'avoir dit une bêtise. Mais il ne comprend pas pourquoi ça serait une erreur. Si elle veut un baiser, c'est qu'il... l'attire, il présume. Malgré ça, Adélia ne serait pas amoureuse de lui ? Pourquoi cherche-t-elle tant ses lèvres, alors ? Naïf, Tristan ne voulait pas la choquer, juste en savoir plus sur ce qui l'animait.

Au lieu de répondre, Adélia lui tourne le dos et se dirige vers la cuisine. Est-ce qu'il l'a vexé ? La panique le prend. C'est bien la dernière chose qu'il aurait aimé. En a-t-elle marre d'attendre et de ne pas avoir ce qu'elle veut ?.. Non, elle n'est pas aussi puérile. Gêné, l'hôte de pension se gratte la tête, mal à l'aise de savoir qu'il a pu la contrarier. Ce n'était peut-être pas une question qu'il devait poser. Après tout, il s'agit là de la vie privée de la jeune femme, et il n'aurait sûrement pas su où se mettre si on lui avait demandé la même chose. Elle a ses raisons pour le snober, mais Tristan ne compte pas la laisser le 'bouder' bien longtemps. Il reste toutefois curieux de savoir ce que son amie est parti chercher dans la cuisine. Lorsqu'elle revient, elle porte dans ses mains un plat sur lequel trône une belle mousse au chocolat accompagné de fruits.
Elle va me le jeter à la tête?
Non, Titi, ça serait du gâchis. Un si merveilleux dessert, quand même ! Et quel dessert, en effet, l'invité en a l'eau à la bouche rien qu'en dévorant des yeux le gâteau qu'Adélia a soigneusement préparé pour leur soirée. Mais la Turnac est loin de vouloir fracasser la mousse sur l'hôte de pension, même s'il l'aurait peut-être mérité pour ses questions idiotes. Au contraire, elle le pose sur la table et en sert deux parts, comme si de rien n'était. Loin d'être stupide, le Weber constate bien l'espèce de tension qui a commencé à s'installer, et l'éloignement volontaire -il en est sûr- de la brune n'aide pas. Il n'est pas triste, ni même frustré. S'il n'en montre rien, l'éleveur est amusé ; non pas par ce qu'essaye de cacher Adélia, mais par sa réaction et son désir de vouloir mettre un peu de distance entre eux. Pas besoin d'être un génie pour savoir qu'elle se serait sûrement mise à côté de lui en temps normal, dans des conditions qui auraient été différentes. Soit elle lui fait la tête, soit... les pensées de Tristan se seraient-elles révélé exactes, à la surprise de ce dernier qui ne savait pas à quoi s'attendre en réalité ? Mais elle fait comme lui ; elle évite le sujet et porte son attention en balançant un commentaire des plus banals sur le dessert. Pour toute réponse à sa demande, il secoue légèrement la tête et l'imite lorsqu'elle commence à entamer sa part. Aussi bon à voir qu'à manger, le palet de l'ancien détenu est plus que ravi de ce délice qui fond dans sa bouche et émerveille ses papilles. En silence, ils dégustent la dernière partie du dîner, le ventre de Tristan pas noué le moins du monde comparé à celui de son amie.

Son attention se porte sur la cuisinière lorsqu'il voit cette dernière ouvrir la bouche pour se mettre à parler, avant de se raviser aussi sec. Pleinement concentré sur elle, le chiot attend ; car il sait. Il sait qu'elle est sur le point de dire quelque chose qui ne sera en rien comparable à la remarque qu'elle a faite précédemment. Les mots semblent lui manquer, il l'aperçoit rougir, réfléchir. Il n'oserait pas l'interrompre, alors il patiente, conscient que ça risque d'être important pour elle et qu'il doit la laisser s'exprimer.
La première phrase le surprend, et il se sent rougir jusqu'aux oreilles, ne s'étant pas aperçu qu'il faisait un tel effet depuis le tout début. L'image du sauveur doit pas mal jouer, en même temps. Mais il aurait quand même pu être quelqu'un de malhonnête. Elle a eu de la chance d'être tombé sur lui ce soir-là, mais jamais il n'aurait imaginé que les choses en arriverait jusqu'ici. Se laissant un peu distraire par les arômes voluptueux et délicats en bouche, Tristan ne dit mot, se contentant de la laisser poursuivre, essayant comme il peut de ne rien laisser paraître, alors qu'il est de plus en plus étonné par ce qu'elle raconte, ne s'étant pas attendu à une telle confession de sa part, mais plutôt un semblant de déni comme il l'aurait lui-même fait dans le même cas, car jamais il n'aurait eu le courage de faire des aveux comme elle les éclate au grand jour de son côté. Faisant taire les expressions de son visage au possible, il ne voudrait certainement pas la déconcentrer s'il laisse évoquer la moindre émotion qui la ferait subitement s'arrêter en plein élan.

Naïf et indécis comme il est, des questions se posent à lui toutefois, et bien qu'il soit touché par la façon dont elle le voit, il ne peut qu'intérieurement être en désaccord avec elle, se sachant loin d'être aussi idéal qu'elle semble le penser, ne voyant aucunement en quoi il serait différent de d'autres garçons qui seraient tout aussi biens pour elle, et surtout, ce qu'elle se reproche à elle-même pour croire qu'elle n'est pas assez bien pour être aussi proche de lui. Si Tristan est un ange, voilà bien longtemps qu'on lui a arraché les ailes, et si elles s'acharnent à repousser en même temps que son ouverture au monde, elles demeurent fragiles et peuvent brûler à tout moment, bien qu'il tente au maximum de les préserver, pour qu'elles soient aussi grandes et belles que celles de la Turnac. Dès le moment où ils se sont rapprochés, où ils sont devenus amis, Tristan savait qu'il pourrait avancer avec son aide aussi, car elle dégage une joie de vivre qu'il admire et une bravoure qu'il discerne sans mal, conscient qu'elle a dû traverser de biens rudes épreuves pour arriver jusqu'ici, et qu'elle est peut-être encore en danger, comme chacun d'entre eux, ou même plus que les autres.

De honte, il la voit baisser les yeux, comme une enfant qui aurait fait une bêtise. C'est bien ce qu'il pensait alors, il ne s'est pas trompé. Elle veut qu'il l'embrasse ; seulement, c'est apparemment à lui de faire le premier pas. Elle le provoque, lui lance des regards emplis de sous-entendus, espère qu'il comprendra son message, mais au fond, elle n'ose pas se lancer la première dans ce mouvement. Elle ne veut pas le forcer, c'est bien normal. Laisse-t-elle le choix à tous les hommes qu'elle attire ? Ou est-ce que c'est parce qu'ils sont proches et qu'elle a peur de le choquer d'une quelconque manière ? Car c'est évident que ça ne serait pas sa première fois, contrairement au jeune homme qui ne sait nullement l'effet que feraient ses lèvres collées à d'autres, et pourtant Arceus sait -et potentiellement son amie- que c'est bien ce qu'il a failli faire et qu'il en aurait même... envie ? Idée autrefois inconcevable pour Tristan, qui n'avait jamais osé même l'imaginer, faisant passer ses propres histoires amoureuses pour des futilités comparé à son travail dans lequel il s'acharnait parce qu'il en a toujours été passionné, préférant rester jaloux des petits-amis de ses sœurs et être le frère bienveillant et protecteur qu'il n'a jamais cesser de prétendre être. Mais que diraient-elles, ses sœurs, si elles le voyaient ainsi ? Sans doute souriraient-elles, amusées de le voir si maladroit avec ce genre de chose, et elles auraient bien raison, car lui-même sait à quel point il doit avoir l'air ridicule. Il a décidé cependant d'arrêter de l'être à cet instant précis, quand elle a fini de parler, et qu'il a compris alors qu'il ne lui restait plus beaucoup de choix quant à ce qu'il devait faire désormais.

Le silence retentit dans la pièce, mettant sans doute la jeune brune mal à l'aise, alors qu'elle n'ose plus relever le visage vers lui, de peur de voir sa réaction, peut-être, ou attendant probablement quelque chose de négatif à son égard. Pourtant, c'est avec un grand calme qu'il laisse un blanc s'installer entre eux pendant quelques secondes. Il termine la dernière bouchée de sa part, l'avale, et ferme les yeux, pas seulement pour apprécier le goût de la mousse onctueuse et raffinée, mais également afin de se concentrer, et de faire le vide dans son esprit, réfléchissant à ce qu'il pourrait dire ou même faire. Dénuée d'une once d'expression, il rouvre les paupières pour poser ses prunelles sur Adélia, et esquisser un sourire léger, mais tendre. Enfin, il se met à parler, d'une voix posée qui le surprend lui-même.

- Ton honnêteté me touche. Encore une fois, tu n'as pas peur d'avouer ce que tu ressens.

Mise à part sa véritable identité qu'elle se devait de préserver jusqu'à aujourd'hui, elle lui a caché vraisemblablement peu de choses. Il ignore évidemment qu'elle est coordinatrice et et le fait qu'elle lui a un peu menti en ce qui concernait son rapport avec Mascarade, mais pour lui, chacune de ses questions a eu droit à une réponse sincère, et s'il a senti parfois des hésitations qui lui ont semblé compréhensibles, Adélia n'a jamais évité ses interrogations d'une quelconque manière que ce soit, et bien que ce qu'elle vient de lui avouer n'a pas été quelque chose d'évident à sortir, il en est conscient, elle a tout de même répondu avec franchise et ne lui a rien dissimulé.

- Ne bouge pas.

Ne t'éloigne pas aurait-il voulu dire. Elle a déjà mis une petite distance entre eux, mais il a besoin d'être proche d'elle, et de se sentir comme tel. Ce n'est pas parce qu'il a abordé un sujet délicat qu'ils doivent faire comme s'il s'était passé quelque chose qui aurait vraiment pu les distancer, car elle n'a aucune honte à avoir, ni de soucis à se faire, et elle a tout à fait le droit de penser ce qu'elle veut, quand bien même cela pourrait gêner Tristan.
Doucement, il pose l'assiette vide sur la table basse, avant de se lever du canapé. Il ne sait pas si Adélia le voit, mais peu importe. Il fera en sorte qu'elle le voie, tôt ou tard, car il en aura besoin, et il sait que elle aussi. L'éleveur s'approche de la jeune femme, puis s'assoie à ses côtés, les bras aux aguets pour la retenir si elle essayerait de s'échapper, devant absolument la garder près de lui.

- Peu importe ce qui va se passer, tu es libre de faire ce que bon te semble. J'ignore ce que l'avenir réserve, mais puisqu'il en est ainsi, alors peut-être vaut-il mieux que je profite du moment présent.

Il pose une main sur la joue de son amie, l'obligeant ainsi à le regarder, espérant qu'elle n'opposera aucune résistance, alors qu'elle a évité de croiser ses yeux durant les derniers instants. Il faut qu'elle le regarde, pas pour qu'il plonge dans ses yeux comme il aime pourtant le faire, trouvant dans ces derniers quelque chose de doux et réconfortant qui l'apaise aussitôt, mais pour la rassurer. Car enfin... enfin il va lui donner ce qu'elle veut. Ce qu'il veut peut-être aussi tout au fond de lui, et ce qui semblait si prévisible au bout d'un moment.
Lentement, il approche son visage du sien, encore plus près que tout à l'heure, et sans s'arrêter cette fois-ci. Il n'a plus peur, et c'est confiant et sûr de ce qu'il fait dorénavant qu'il ferme progressivement les yeux, alors que la distance qui sépare leurs visages diminue vite, très vite, au point qu'il ne reste plus rien.
Enfin, les lèvres de Tristan se posent sur celle d'Adélia, comme une caresse tendre, pendant que sa main glisse derrière son cou, de peur qu'elle ne veuille se détacher de lui au dernier moment, au cas où, et véritablement, comme elle l'attendait depuis le début, il l'embrasse, et lui donne ce baiser qu'elle recherchait désespérément auprès de lui. L'effet est immédiat, et foudroie le Weber sur place, surpris de l'agréable sensation qui le parcoure et l'électrise, faisant passer un courant de bien-être dans son corps tout entier, et lui procurant une chaleur intense en lui, alors que son cœur bat tellement fort qu'il peut le sentir tambouriner dans sa poitrine, tandis que tous ses doutes et ses frayeurs fondent comme neige au soleil. Son cerveau, comme vidé complètement, se déconnecte brusquement pour laisser sa bouche happer celle de la brune et s'en emparer complètement, n'osant plus rompre ce contact. Il n'aurait jamais imaginer de telles sensations, quand bien même il aurait imaginer ce moment. Il se sent léger, sur un petit nuage, comme s'il pouvait s'envoler dans les cieux pour toucher les cumulus avec une paire d'ailes qu'il aurait gagné par magie, ressemblant vraiment à l'ange dont on lui attribue le nom. Un premier baiser féerique qu'il est rassuré de partager avec Adélia et pas avec quelqu'un d'autre.
Mais il doit bien briser cet instant, sachant qu'il ne pourrait durer éternellement, et se détache finalement de la Turnac, les sens tous retournés. Si le gâteau était délicieux, ses lèvres avaient meilleur goût encore.

- Je ne sais pas si tu as aucune chance avec moi, mais tu en as déjà eu bien plus que n'importe qui d'autre, murmure-t-il au creux de son oreille.

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Adélia G. Turnac
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MessageSujet: Re: Still looking for a definition |Tristan|   Still looking for a definition |Tristan| - Page 2 EmptySam 12 Sep 2015 - 20:56


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feat. Tristan Weber
Je n’aurais jamais cru que ce serait difficile, aussi complexe. Par le passé, j’ai eu tendance à m’attacher aux garçons me portant intérêt, ceux qui d’eux-mêmes m’approchaient et dont les intentions ne pouvaient se trouver plus claires. Dans ma timidité naïve, cette façon de procéder me permettait de vivre des expériences amoureuses telles que j’en rêvais, sans m’exposer aux dangers d’une déception que je finissais toujours par vivre. Mon aventure décevante auprès de mon premier amour, Faust Donovan, a laissé des marques chez la jeune fille que j’étais alors, subtiles mais indélébiles et qui m’ont rendu craintive et prudente, bien que jamais assez il me semble dans ce domaine où je n’accumule que des erreurs. J’ai compris rapidement que d’attendre le prince charmant s’avérait inutile et même puéril, qu’au final la rencontre se produirait d’elle-même dans un avenir que je ne pouvais pas m’empêcher d’espérer prochain. Jusqu’à ce que je décide de me couper tout entière à l’amour, non pas par résignation mais probablement plus pour m’en préserver moi-même, parce que j’ai cru et je crois encore qu’il s’agissait alors de la meilleure solution pour me permettre de grandir ainsi que de m’ajuster à ma nouvelle vie adulte sans mon oncle, dans un monde hostile où il aurait été si facile de m’abandonner aux bras du mauvais garçon une fois de plus simplement pour éviter de devoir confronter mes problèmes. Puis l’idée d’un baiser s’est présentée, à deux reprises. Tout d’abord au bal de Noël, une erreur dans un jugement biaisé par l’alcool. Puis aujourd’hui, à l’instant, alors que de lui-même, Tristan est venu briser mes convictions, mes résolutions, tout ce que j’ai mis en place depuis notre toute première rencontre afin d’oublier qu’il me plaît.

Sincèrement, est-ce possible? J’imagine que oui, comme je l’ai réalisé avec mon bon ami Faust. Seul le temps et la bonne volonté permettent d’abandonner des sentiments qu’on a, à une époque, cru éternels. Dans mon monde certes naïf, ainsi doit être considéré l’amour. Je préfère croire à mes relations et à m’y appliquer que de laisser le bon filer et pourtant… Pourtant je suis terrorisée à l’idée de ce qui va se produire maintenant, laissée à la dérive dans un flot de sentiments plus grand que moi. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine libérée de cet aveu qui n’en est qu’une moitié somme toute. Je me demande à quoi tout ceci rime, vers où cette discussion nous mène, vers où notre relation se dirige. Car en croyant que Tristan ne voudrait jamais de moi, j’ai réussi à me convaincre de ne pas me donner la peine d’essayer, et maintenant qu’une possibilité s’offre à moi, servie même sur un plateau d’argent, je crains de m’attacher de cette façon et de me trouver déçue une fois de plus. Je tente de reprendre mon souffle, de mettre de l’ordre dans ce qui m’apparaît clair et ce qui m’est insupportablement complexe, et pour le moment, tout ce que je sais (et même encore après tout ce qui vient de se passer, je n’en suis plus aussi certaine) est que je veux me rapprocher de lui, j’ai l’envie physique mais aussi émotionnelle de l’embrasser. Mais après? Oui, la question du Weber se pose assurément, mais elle me foudroie, me paralyse de peur alors que je prends conscience qu’il s’agit maintenant d’une possibilité bien réelle que je pourrais saisir selon sa réponse.

Mais je ne perçois rien de lui alors que je lui ouvre mon cœur, un cœur contre lequel j’ai resserré le poing, pour m’en protéger. Car je ne le laisserai pas me faire du mal, pas maintenant, je ne l’aime probablement pas encore assez, je n’ai pas encore posé les pieds en terres hostiles, celle de l’amour. Alors qu’il s’amuse à mes dépends maintenant, même si je ne l’en crois pas capable. J’y survivrai, j’en suis certaine. Dans ces longs mois de solitude, j’ai au moins appris une part de ma valeur et je sais que je ne perdrai plus mon temps sur quelqu’un qui me considère comme une grosse blague à exploiter jusqu’à la toute fin. Malgré tout, malgré cette attitude réservée, la distance que j’ai mis entre nous et la résolution de ne jamais me laisser à la peine, du moins pas dans ce cas-ci, je ne peux m’empêcher pleinement de m’inquiéter de la suite. Tristan a pris une place importante dans mon petit univers, il comble une part que ma famille a laissé derrière elle en m’étant arrachée. Il possède maintenant une part de mon secret, de moi-même semble-t-il, mais il est aussi une sorte de gardien, une présence rassurante sur laquelle j’ai pu m’appuyer ces derniers mois, même de loin. Je serais déçue de le voir changer de visage aujourd’hui non pas pour l’intérêt amoureux si on peut le qualifier ainsi, mais pour l’amitié que nous avons développé, pour ce personnage que je me plais à connaître et qui s’est avéré essentiel à deux reprises à des moments où ma vie se trouvait en jeu. Je relève le regard, comme pour chercher un sourire, un fragment de ce garçon qui m’a secouru, contre ce visage d’ange que je connais désormais par cœur.

Tout ceci me paraît brutalement réel, et je réalise que ce que j’ai formulé comme des hypothèses discrètes et coupables dans mon subconscient prend soudain forme sous mes yeux. C’était simple que d’espérer un baiser. De chercher ce contact charnel et pourtant, maintenant, j’ai le trac. Comme à la veille d’un Concours important, à cet instant où on franchit les portes, où on réalise l’étendue de la foule, sous les flashs et les projecteurs, alors que le Champion se dessine de l’autre côté du terrain et qu’on n’entend plus que les élans frénétiques de son propre cœur. Chaque seconde s’écoule dans un ralenti insurmontable, le temps s’étire et le silence l’imite, faisant teinter chaque bruit commun de l’appartement comme les élans de tuyauterie, les craquements des murs, l’eau du robinet qui s’écoule là où je l’ai mal refermé. Je baisse les yeux à nouveau, incapable de croiser son regard. Car lui aussi ne m’a jamais semblé aussi réel, loin de l’apparition presque diaphane qui m’a visitée sur mon lit d’hôpital. Ces aveux viennent de briser, peut-être, l’idée idéalisée que j’avais de lui pour ne laisser qu’une crainte de ce qu’il représente désormais à mes yeux. Une attirance possiblement nocive pour moi. Ou une infinité de possibilités. Comment savoir, comment percer à jour l’équation? J’ai confiance en lui mais tout ceci m’effraie, même quand il se remet à parler comme pour me féliciter de mon honnêteté. Je laisse m’échapper un son, comme un soupir amusé. Je sais bien ce qui suivra, on m’a déjà fait le coup. Tant pis.

Sauf que plutôt que de recevoir les mots qui me tiendraient à distance, Tristan m’intime de ne pas bouger, ce qui aussitôt me tire de me contemplation du sol pour le scruter avec curiosité. Dans tous les cas, j’obéis inconsciemment à ses ordres, me contentant de l’observer en me demandant ce qu’il prépare dans une naïveté qui me frappe de plein fouet alors que je le sens se rapprocher contre le canapé, réduire la distance que j’ai si soigneusement placée entre nous. Son attitude prudente me surprend et m’amuse, comme s’il craignait que je ne défile, que je le fuis. Probablement que cette idée a trouvé fondement dans mon attitude récente, or cette fois je me contente de suivre son mouvement, attentive à la suite, tâchant de réprimer les élans pleins d’espérances de ma poitrine, mais sereine, bien plus sereine qu’un instant plus tôt. Sa chaleur contre mes cuisses et mon flanc m’apaisent, et je ne trouve bientôt plus aucune raison de le fuir véritablement, indépendamment de ses simagrées pour me préserver auprès de lui. Je ne puis non plus que de m’abandonner à ses mots, qui me tirent un sourire malgré moi, qui marque comme une sorte de soulagement en moi. J’ai compris ce qui va se produire ensuite, j’ai compris aussi que Tristan a prononcé exactement ce que je voulais entendre. Le moment présent. Aujourd’hui, je puis encore me laisser découvrir, expérimenter, probablement m’ouvrir même, ne serait-ce qu’un peu. Demain… Demain un autre jour, une autre angoisse, un autre contexte. Qui sait? Il n’y a qu’une façon de découvrir, en se laissant aller. Je ne résiste nullement alors que Tristan pose une main contre mon visage, lui accordant simplement un regard ému.

J’abandonne même légèrement mon visage contre sa main, comme pour lui signifier, de façon concrète, mon acceptation tout entière de ce qui se dessine. J’esquisse même un mouvement semblable au sien alors qu’il penche son visage vers le mien, chaque sensation décuplée par l’appréhension de cet instant. Je retrouve enfin la simplicité à laquelle j’aspirais depuis le tout début, là où je n’ai qu’à poursuivre les élans de mes envies. Se départir de ses craintes n’a rien d’aisé, et rien n’est dit qu’au moment où ce moment d’apparence magique se brisera, qu’elles ne reviendront pas m’assaillir. Mais à cet instant, rien ne m’apparaît plus naturel que le contact de nos lèvres l’une contre l’autres alors qu’elles viennent s’unir dans ce silence qui couvre l’appartement, un silence devenu intime, complice de baiser échangé, le tout premier. Premier pour Tristan, notre premier et j’espère non pas le dernier. Car sitôt le baiser scellé que je comprends tout ce qu’il implique, pour moi dans tous les cas. Doux, serein, empreint d’une confiance mutuelle et d’un intérêt partagé qui ne demande qu’à se développer, une petite flamme dansante dans un océan de doute. Je sens toutes mes réticences s’envoler, mon corps se détendre, se réchauffer et s’électriser de par ce contact intime qui m’engourdit l’esprit et fait courir contre ma peau une cascade de frissons que je goûte avec délice. J’ai l’impression de partager, partager quelque chose de vrai et prenant, répondant avec tendresse alors qu’il prend de l’assurance pour venir m’embrasser véritablement. Je me laisse emporter par la frénésie de cet instant, le laissant se détacher de moi en souriant probablement de façon très bête, dans un bonheur tout à fait intact.

J’ai posé mes mains contre ses épaules, n’ose plus vraiment détacher nos corps électrisés par ce contact. Je dois prendre une grande respiration pour recouvrer mes esprits, un défi de taille après un tel baiser, le plus délicieux et sincère auquel j’ai eu droit jusqu’à présent. Je sursaute alors qu’il me murmure quelques mots à l’oreille, mots qui me tirent un sourire. Je soupire d’aise en venant poser ma tête contre son épaule en rougissant quelque peu, maintenant que la magie agissant sur ma timidité jusqu’à présent me quitte progressivement.

«C’est vrai que je suis chanceuse, n’est-ce pas?»

Je le taquine bien sûr, j’ai conscience pleinement qu’il n’a pas voulu le dire de cette façon, mais je frissonne tout de même en repensant au murmure posé contre mon oreille. Une chance avec lui. Lui-même ignore s’il s’agit vraiment d’une possibilité… L… Lui et moi je veux dire. Ma gorge se serre rien qu’à y réfléchir dans l’intimité de ma boître crânienne agitée d’une multitude de questions que je préférerai probablement sans réponse pour l’instant.

«Tu as raison, Tristan. Profiter du moment présent c’est un bon plan. Tu sais? P-pour… euh… Je veux dire que… C’est pas la peine de… se casser la tête et… Surtout ce que je veux dire c’est que…»

Quelle éloquence Adélia, décidément. Je ferme les yeux et soupire, avant de me retirer de son épaule pour lui faire face et le regarder dans les yeux. J’ai du mal à croire que nous venons tout juste de nous embrasser.

«Ce que je veux dire c’est qu’on n’a pas besoin de se poser des questions non plus.»

Plutôt que de sourire, je me penche de nouveau vers lui pour cueillir ses lèvres, incapable de réprimer mon envie de retrouver les sensations découvertes à ses côtés. Vraiment je ne crois pas pouvoir m’en passer à présent. Je mets fin à ce deuxième baiser avec un sourire embarrassé et coupable. Mais heureux.

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Tristan T. Weber
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feat Adé

Tristan Weber



Le temps défile à une vitesse insoupçonnée. La soirée va devoir toucher à sa fin, qu'ils le veuillent ou non. Mais comment la terminer, après ce qui vient de se passer ? Pourra-t-il vraiment faire comme s'il ne l'avait pas embrassé ? Est-ce que ça ne lui fera pas étrange de la revoir après ? Tristan croyait tellement dur comme fer aux baisers concluants qui n'avait jamais imaginé que ça se passerait ainsi pour lui. Au fond, malgré ce qu'il a pu pensé, ce n'est pas si terrible. Qu'il a été naïf de croire qu'il était différent d'elle alors qu'il est pareil. S'il s'est déjà qu'il est attiré par la jeune femme, c'est un fait, il ne peut pas pour autant dire qu'il l'aime de la même façon que Damien aime Solène. Il est évident pourtant que leur relation dépasse la simple amitié ; en aucun cas cela ne dérange le Weber, toutefois, qui fait avec, et n'attend rien d'Adélia en retour. Le monde entier semble pourtant croire que leur liaison est tracée d'avance. L'éleveur veut assurer que non, qu'ils sont libres de faire ce que bon leur semble, et qu'ils ont bien le droit quand même de chercher un contact aussi intime mais simple que celui d'un baiser. Même si pour Tristan il s'agit de son premier, d'aussi loin que sa mémoire se souvienne encore. Que ce soit un moment qu'il doit considéré important ou non, il est bien content d'avoir partagé cet instant avec Adélia. Celle-ci a enfin obtenu ce qu'elle attendait. Peut-être ce qu'il attendait lui-même aussi ; ou du moins, dont une part au fond de lui s'était mis à rêver. C'est presque étrange, la notion d'un baiser entre eux. Etait-ce devenu si prévisible ? Prévisible mais agréable. Le Weber rougit légèrement, en repensant à la façon maladroite dont il a détaché ses lèvres des siennes, comme si le contact l'envoûtait tellement qu'il n'arrivait plus à s'en défaire.

Dans un soupir d'aise plus discret que celui de son amie, l'éleveur offre le creux de son épaule afin qu'elle puisse y reposer sa tête, et l'accueille avec douceur en plaçant son bras sur sa taille pour la rapprocher légèrement plus près de lui. Amusé, il rit. C'est à se demander qui est le plus chanceux des deux. Il est évident que Tristan se trouve tellement de défauts... A force de rester en prison, il doit bien avoir quelques démons cachés en lui ; ou si ce n'est pas ça, des points négatifs qu'on pourrait lui attribuer et dont il a conscience. Mais Tristan est avant tout, comme la majorité des Enoliens aujourd'hui, une âme blessée qui se reconstruit peu à peu, et qui a besoin des autres, d'être entourée. Adélia fait désormais partie de cet entourage qui lui permet de se relever. A partir de cette soirée il ne saurait, cependant, où la placer exactement. Il n'y a pas de catégorie entre « amie » et « amoureuse ». Peut-être serait-il le temps d'en faire une...
Sa tête vient se poser sur celle de la Turnac, tandis que ses yeux se ferment, appréciant leur moment à tous les deux, le savourant comme s'il s'agissait d'un privilège. Il imagine qu'ils peuvent se voir autant que leurs fonctions respectives le leur permettent, mais il n'est en fait pas si évident de se retrouver seul à seule avec elle. Maintenant qu'il sait qu'ils ont des amis en commun, les occasions pour eux de se voir seront probablement en compagnie des autres. Quoique, si le Weber appréciera toujours la compagnie de ses proches, ce qu'il partage avec la fille d'Eliza est tout autre chose. Qu'on dise que c'est niais, mais c'est presque magique, ce qu'il vit avec elle. Si seulement il n'y avait pas ces guerres, cette tension qui règne sur l'île, et maintenant la perspective que son amie puisse être un peu plus recherchée que les autres. Il a bon espoir de la voir plutôt s'affairer autour des malades et des blessés en cas de crises violentes, mais il n'est pas complètement assuré de la trouver absente sur le champs de bataille. N'importe qui, même les médecins, pourraient avoir la volonté de se battre aux côtés de leurs frères d'armes et de défendre ce en quoi ils croient. Pourquoi pense-t-il même à ça maintenant. Voir Adélia combattre, c'est ridicule. Il n'a aucune raison de s'en faire de toute façon, pas vrai ?

Sa façon de parler et sa drôle de manière de bégayer le font sourire. On dirait bien que ce baiser l'a rendu toute chose, ou est-ce qu'il rêve ? C'est d'ailleurs surprenant que leur échange intime ne lui ait pas fait un effet similaire. Ce n'est pourtant pas comme s'il avait l'habitude, et encore, Adélia a déjà dû embrasser plus de fois que lui. Mais... combien exactement ?... Ah non, Titi, ne pense pas à ça ! Après tout, c'est pas très important le nombre d'hommes à qui elle a offert ses si douces lèvres, pas vrai ?... Non, non, peu importe qui l'a touché, caressé, embrassé, enlacé avant lui. Car même Machine, là, celui qui lui a laissé un message vocal, oui, même lui n'a pas la chance de pouvoir être à la place de Tristan et de profiter de l'odeur et de la chaleur de la jeune femme. Jeune femme qui en plus a avoué être attirée par le Weber, oui monsieur, vous avez bien lu ! C'est pas... c'est pas comme s'il embrassait en même temps tous les prétendants qui sont passé par cette bouche magnifiquement dessinée, hein... (et par Arceus si de telles idées lui viennent en tête alors pour lui il aurait déjà embrassé Faust, vous imaginez le comble).
Il s'éclaircit la gorge, s'efforçant d'éloigner ces pensées bizarres loin, très loin de lui. Heureusement, son hôtesse se décroche de lui et il rouvre les yeux avant de plonger dans les siens et de se détendre immédiatement par la même occasion, rougissant un peu au passage. Lui qui était si sûr de lui quand il l'a embrassé, il ignore pourquoi un sentiment de gêne vient de nouveau de s'emparer de lui. Cela lui fait en effet tout drôle de la scruter ainsi, mais il mentirait s'il disait que ce visage qu'il contemple n'est pas l'un des plus beaux et des plus doux qu'il n'ait jamais vu. A ces paroles, il hoche simplement de la tête, un sourire des plus stupides au visage, l'air niais et simplet.
Puis, par surprise, elle s'élance vers lui pour l'embrasser une nouvelle fois. Le temps qu'il réalise, il panique légèrement, de peur de bien faire, pour finalement laisser son instinct le guider et répondre pour lui à ce baiser. C'est dans ces moments qu'il peut sentir son cœur battre la chamade, comme une bombe sur le point d'exploser ; une explosion qui n'arrive jamais, et qui est de plus en plus agréable quand il y pense. S'il n'en aurait pas eu le courage d'ordinaire, malgré leur proximité et ce qu'ils viennent tous deux de faire d'un commun accord silencieux, ses mains parcourent et dessinent les courbes du corps féminin en face de lui, découvrant avec surprise à quel point la Turnac semble légère comme une plume et à quel point ses cheveux sont soyeux et lisses.

Lui aussi pourrait très mal s'en passer, de ce toucher désirable et tendre qui les lie pour quelques secondes. Mais est-ce un problème, par rapport à ce qu'ils ont déjà dit précédemment ? Ils ne sont pas en couple, pourtant ils sont plus que des amis. Le désir de vouloir l'embrasser fait-il de lui un amoureux ? Où est-ce simplement le contact de ses lèvres sur les siennes qu'il apprécie ? Adélia semble en tout cas aussi friande de leurs baisers que le Weber, ce qui rassure ce dernier. Mais peut-être était-ce un moment privilégié ?.. Aura-t-il encore le droit de l'embrasser, un autre jour ?
Il ne devrait pas avoir de doute ; le visage d'Adélia lui en dit bien assez. Il mettra du temps par contre avant de réaliser qu'il a vraiment embrassé une fille, et que cette soirée avec la brunette n'était pas une de ses inventions, aussi doux aurait-il été un songe pareil s'il l'avait rêvé.
Si Tristan n'est pas amoureux d'elle, ou du moins pas encore, il s'interroge, se demande ce que les autres n'avaient pas que lui a, ou plutôt ce qu'il n'a pas par rapport aux autres. Adélia a déjà vécu des relations amoureuses, il en est sûr. Il ne comprend pas en revanche comment on pourrait décevoir une telle femme, au point de la quitter, ou de faire en sorte qu'on se prenne un rejet un de ces jours.

Il fallait attendre ce moment pour que l'éleveur se sente totalement bien, confortable, avec beaucoup moins de gêne que tout à l'heure. Et dire que ce dîner s'est fini comme ça... Il ne l'aurait vraiment pas cru, même si on le lui avait dit. Lui, le chiot si facilement embarrassé, embrasser une fille... Une histoire qui n'est pas pour lui, quand il osait même la considérer pour son compte. Il se mettrait à se tortiller comme un enfant timide, s'il n'avait pas gagné en calme et maturité. Un peu de confiance en lui peut-être aussi. Il arrive à ne pas détourner le regard quand les jolies prunelles de la jeune femme le regardent affectueusement. Tristan ose même enrouler une mèche de cheveux de son amie pour enrouler son index autour et jouer mollement avec, en souriant tendrement. Il a beau être un gentil toutou, s'il le pouvait, il ronronnerait. Oui, il est bien, là.
Peut-être trop bien, même, si on tient compte de ses yeux qui se ferment d'eux-mêmes et la fatigue qui commence à lui prendre. Curieux de l'heure qu'il peut être, il écarquille les orbites en constatant qu'il est déjà si tard, et qu'il n'a tout simplement pas vu le temps passer, ne voulant pas non plus tellement imaginer le moment où il devrait partir, s'inquiétant quand même dans quelle ambiance il partirait. Mais que comptait-il faire, après tout ? Pensait-il qu'il allait même rester ici pour la nuit ? Jamais il ne se le permettrait, quand bien même il avait offert lui-même l'hospitalité à Adélia la dernière fois qu'elle était venue. L'appartement de la médecin semble trop petit pour l'accueillir, de toute façon ; et il ne saurait pas où se mettre, maintenant qu'ils se sont... embrassés. Le cerveau de Tristan a encore du mal à le concevoir, mais chaque rappel de cet instant inespéré est un réchauffement en plus dans son cœur de chiot maladroit. Le Weber pose son front contre celui de l'aînée.

- Je vais devoir rentrer. Il commence à se faire tard, mine de rien.

Sa voix, calme et délicate, cache néanmoins une pointe de tristesse qu'il savait inévitable. Lentement, il se détache d'elle. Oh, évidemment qu'il ne voulait pas la quitter, quand bien même il saurait enfin qui ils sont l'un pour l'autre. Toute bonne chose a une fin, cependant ; et tout comme ce matin-là où elle a dû s'en aller, le lendemain de leur rencontre, il doit s'en séparer, avec cette fois, un peu plus de regrets. C'est néanmoins avec un lien qui s'est renforcé que l'Hôte de Pension s'en va, en sachant aussi qu'ils se reverront assez vite, il en est sûr.
Enfin, le jeune homme se lève du canapé, et défait ses mains de celles de l'autre, pourtant si chaudes. Il a encore des choses à dire à Adélia, mais il décide d'appliquer le protocole qu'il a déjà vu dans des films, ne sachant pas trop comment remercier la Turnac de son fabuleux dîner. Arrivé sur le paillasson, déjà à l'extérieur des quartiers de la fille de l'ex-présidente, Tristan se retourne vers Adélia avant de poser gauchement son coude sur l'encadrement de la porte, essayant d'imiter plus ou moins bien les adolescents romantiques dans les rares films à l'eau qu'il a déjà pu voir en compagnie de ses sœurs.

- Aheum. Euh... Je-je... Je voulais te dire que... j'ai b-beaucoup apprécié cette soirée avec toi et... hm...

Allez, mon vieux, t'y es presque !
Malgré tous ses encouragements mentaux, impossible de trouver les mots pour terminer cette soirée convenablement sans risquer de dire une énormité. Car il est évident, de son point de vue, qu'un simple 'merci' serait trop... plat ? Après ce qu'ils ont partagé, devrait-il faire plus ?...
Abandonnant l'idée de réfléchir pour s'exprimer clairement, il préfère privilégier le geste à la parole. Après quelques secondes d'hésitation, la main de Tristan vient entourer la taille de sa confidente pour la rapprocher graduellement de lui, sans aucune brutalité, et lui donner un baiser avec exactement la même douceur que leur premier, la différence étant que celui-ci est légèrement plus court.

- Merci pour le dîner. Et... pour tout le reste.

Pour son honnêteté, ses explications, sa confession, leur danse, le rapprochement qui l'a suivi... Et pour lui avoir offert un premier baiser des plus réussis.
Merci pour exister, Adélia. Pour ne pas avoir laisser cette balle t'emporter loin de nous, loin de ce que nous avons vécu ce soir.
Ses pieds se tournent en direction de l'opposé du couloir, où les escaliers l'attendent déjà.

- Fais de beaux rêves, Adé.

Un murmure, pas comme s'il avait peur de déranger les gens de l'immeuble, mais peut-être plus pour imaginer ses paroles venir jusqu'au cerveau de la jeune femme pour l'accompagner dans son sommeil et ainsi faire en sorte que ses mots aient un petit quelque chose de magique qui permettrait effectivement à la Turnac de bien dormir cette nuit, même si on douterait sincèrement qu'elle puisse faire même l'ombre d'un cauchemar après tout ça.
A contre-cœur, ses mains glissent sur celle d'Adélia pour les désunir, et le frère du Maître de la Ligue s'éloigne pour quitter, finalement, la résidence. Avec un sourire bienheureux, il lève les yeux au ciel, se mettant à observer les étoiles ; revoyant dans chacune d'elle un éclat semblable à celui qu'il a retrouvé dans deux belles prunelles noisette dont il a dû se défaire. Mais ce regard profond et scintillant continuera de la hanter, dans un souvenir tendre et passionné, alors que dans son lit, il repensera encore à ces lèvres sucrées, ces cheveux doux au toucher, ces envoûtantes pupilles, et cette odeur de vanille.

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Dernière édition par Tristan T. Weber le Lun 28 Sep 2015 - 0:16, édité 1 fois
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Adélia G. Turnac
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MessageSujet: Re: Still looking for a definition |Tristan|   Still looking for a definition |Tristan| - Page 2 EmptySam 26 Sep 2015 - 2:38


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feat. Tristan Weber
L’idée encore hésitante se forme à peine dans mon esprit houleux, désarçonné par cet instant partagé. Alors comment espérer répondre aux questions que je devine, nombreuses et parfois profondes, au creux de son regard? Pour lui que je jette dans l’inconnu, je comprends aisément sa crainte, son appréhension, et la multitude de questionnements qui peuvent l’assaillir après un moment marqué de sa primauté qui en fera à jamais un moment dont il se souviendra. Je souris probablement un peu égoïstement en réalisant que cet instant m’appartient à moi, son tout premier baiser, que si même il le souhaite il ne pourra jamais vraiment m’oublier. Une pensée aussi futile qu’éphémère, mais qui m’offre la satisfaction nécessaire pour éviter de me perdre dans les mêmes interrogations qui animent Tristan. S’il ne les formule nullement, j’arrive pleinement à les deviner sous son crâne, une véritable tempête qui m’a moi-même assaillie lors de ma première fois aussi. Normal de se poser des questions devant l’inconnu. Tout dans cette relation s’avère flouté, indécis, indéfini pour le moment. Dans un autre monde, j’aurais cherché à savoir, à connaître par nécessité absolue la définition exacte de notre relation après ce baiser qui, je le sens bien, est venu tout changer entre nous, pour le meilleur et pour le pire. Seul l’avenir nous le dira bien sûr, mais dans ses bras j’ai cessé en partie d’avoir peur. Toute l’angoisse que je peux ressentir envers moi-même a quelque chose de sain, quelque chose qui me préserve et me pousse à la prudence. Je ne lui céderai pas mon cœur aussi facilement, j’aurai l’occasion de le connaître en long et en large avant ce ne soit le cas.

Quelque part, ma propre attitude me rassure. J’ai la certitude à présent d’avoir mûri assez du point de vue relationnel pour faire la part des choses, pour cesser de rêvasser telle la gamine éperdue que j’ai trop longtemps été. Pour la première fois de ma vie, je considère ce qui m’unit à Tristan comme un sentiment adulte, dans toute sa complexité et aussi sa profondeur. Une émotion encore naissante, comme une courte flamme qu’un simple coup de vent saurait balayer. Oui, nous vivons quelque chose de fragile, surtout dans un contexte comme celui d’Enola, mais au final il me plaît bien de laisser les événements me porter pour une fois plutôt que de constamment me demander si l’homme qui me fait face sera le père de mes enfants et celui me menant à l’autel. Mêmes les questions et autres raisonnements sont tout bonnement ignorés. Je l’accueille alors qu’il pose son front contre le mien, goûtant pleinement au bien-être qui m’envahit à ses côté, laissant un sourire se faner contre mon visage alors qu’il annonce son départ. Ô combien j’aimerais le garder auprès de moi, profiter plus longuement de sa présence rassurante, de ses lèvres, de ses paroles, de sa gentillesse, de son regard si doux. J’ai conscience cependant que lancer l’invitation à rester serait simplement de jeter un plus grand doute encore sur notre relation, et je doute que Tristan ne soit prêt à dormir à mes côtés. Moi non plus d’ailleurs. Parfois il est tout simplement plus agréable de prendre son temps.

«Tu as raison.»

Ses mots provoquent chez moi un élan de fatigue que je retiens depuis des heures. Je souris, exténuée, considérant mon appartement impeccable, sachant le frigo rempli pour au moins une semaine. Tout ce travail. Je soupire un peu en sachant le repos bien mérité après une soirée aussi pleine en rebondissements. Je note mentalement de remercier mes Pokémon pour l’intimité qu’ils nous ont offert, ainsi que pour toute leur aide apportée, de parler à Enric au plus vite pour mettre fin à ses appels aussi. Mais plus tard. Pour l’instant je raccompagne le merveilleux jeune homme avec qui j’ai partagé bien plus qu’une simple conversation ce soir, regrettant le contact de ses mains dans les miennes, prise de l’envie de me réfugier dans ses bras pour m’y oublier encore quelque temps. Cette période de ma vie est néanmoins révolue. Je n’ai plus l’intention d’utiliser les autres pour me distraire de mon fardeau. Je lui souris donc, témoignage silencieux de toute l’affection que je lui porte. Il s’appuie contre le cadre de la porte et me remercie maladroitement avant de se pencher une nouvelle fois pour poser contre mes lèvres un baiser si tendre qu’il me fait tourner la tête.

Il me remercie alors que je devrais être celle avançant ces mêmes mots. Merci de briser ma solitude, de me soutenir, de respecter mon secret et mes émotions, d’avoir partagé une soirée avec moi au moment où j’ai cru que je gérais parfaitement la situation alors qu’il n’en était rien. Merci pour les tendres baisers aussi, pour m’avoir sauvé la vie, pour m’apprécier, pour être mon ami. Combien je regrette son départ, je me languis déjà du moment où nous nous retrouverons, tout en sachant que ce sera bientôt.

«Merci à toi, Tristan… sincèrement.»

À lui de trouver les raisons expliquant cette gratitude. Sur cette île de faux visages et de mensonges, j’ai au moins la certitude d’avoir trouvé un ami, peut-être même d’avantage… une personne pour m’épauler du moins. Et c’est tout ce dont j’ai besoin, bien avant un amoureux, un mari ou un père de famille. Alors qu’il se retourne, je le suis du regard, saisissant ces quelques mots qui résonnent dans le couloir. Fais de beaux rêves. Je murmure, pour moi-même, alors qu’il disparaît :

«Toi aussi, mon ange.»

Ne sachant nullement où ce chemin nous mènera, je referme la porte sur un pan ancien de ma vie, me lançant avec fébrilité en cette nouvelle ère. Aller de l’avant.

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